La Bele et la Bête [PV Evengélya]

Minuit. Nuit chaude et calme. Auberge ouverte et parfaitement vivante. Clients, habitués, nouveaux venus, étrangers, corsaires, mercenaires, hommes d'affaires, combattants, l'Auberge du Coucher de Lune était véritablement le portrait le plus parlant qu'on pouvait se faire du Plan de Terra. Et c'était précisément pour ca que Louis était là. Connais tes clients. S'il arrivait à atteindre ne serait-ce qu'un petit bout de son objectif ce soir là, il aurait payé son repas et sa nuit. Même si, de son point de vue, ceux-ci ne lui avaient rien coutés. Il restait là, assis à sa table, un verre de vin à la main, l'assiette à demi entamée devant lui, bras croisés, et il laissait ses yeux violer l'intimité du monde qui l'entourrait. La moindre conversation, le moindre sujet sensible, le moindre murmure pseudo-discret. Rien ne lui échappait. Et il ne laissait rien lui échapper. Ses yeux vairons balayaient la salle avec méthode et rapidité comme une caméra de surveillance de site militaire high-tech.

Il but une gorgée de vin. Hommes, femmes et enfants défilaient sous ses yeux tandis que peu à peu, la taverne se vidait au fil des minutes. Les gens rentraient, fatigués, ivres, ou tout simplement foutus dehors les uns à la suite des autres. Rapidement ils ne furent plus qu'une vingtaine à cet étage de l'auberge. D'ici une ou deux heures, la jeunesse ratée du pays ou les gothiques en mal d'inspiration pointeraient le bout de leur nez et offrirait un nouveau spectacle tout aussi exquis et inspirant que le premier au blondinet.

Il planta sa fourchette dans un petit pois et le macha plus longtemps que nécessaire avant de poser ses couverts, s'essuyer les lèvres, et se pencher de nouveau en avant en poussant un soupir de satisfaction. Il ne voulait rien manquer. Car si la journée et la soirée avaient leur lots de spécimens fascinants, et que la nuit en ammenait de nouveaux, les plus rares et les plus uniques d'entre eux étaient ceux à assister aux deux moments. Il en faisait partie. Plus en spectateur qu'autre chose. Mais il profita goulument de ce moment d'accalmie dans la pièce pour focaliser son attention sur les quelques individus qui étaient là. Etudiant leurs propos, leurs mensonges, leurs pensées. Oui. Leur pensées. Même ceux qui étaient seuls griffonnaient, écrivaient, mangeaient et gesticulaient d'une façon qui en disait plus long sur ce qu'ils avaient en tête que tous les discours du monde.

L'étude des micro expressions était décidément une de ses passions.

Une soirée comme il les aimait!

Hop, une carotte engloutie.

La nuit, moment préféré de la journée pour toute personne cherchant à ne pas trop se faire remarquer et cette nuit était parfaite, la chaleur engourdissait les quelques personnes qui osaient rester dehors et cette nuit promettait d’être calme. Les habituels voleurs et brigands avait mis en suspend leurs traditionnelles activités, les ivrognes criaient moins fort qu’à l’accoutumer. Cette nuit était placée sous le signe du calme et tout le monde semblaient s’être mis d’accord pour que cette nuit soit reposante pour tous.

C’est cette atmosphère qui avait poussé Evengélya à  sortir de chez elle et profiter de la nuit, même quand on aime la solitude, cela fait toujours du bien de voir du monde, rien que le fait de voir des gens discuter, s’amuser, donne un peu de plaisir. Cela fait sourire et on se sent moins seul. Et c’est pour voir des gens s’amusaient qu’Eva rentrât dans la taverne. Il y avait peu de personnes, une vingtaine à l‘étage où elle se trouvait, mais cela était déjà beaucoup pour la  jeune femme.

Après la traditionnelle fouille visuelle des lieux, la demi-vampire alla s’installer à une table vide, le dos posait contre le mur, même si tout paraissait tranquille, pas d’ennemie dans la pièce ne veut pas dire qu’il n’en viendra pas dans la nuit et donc prudence oblige, Eva s’était placée de façon à observer presque toute la pièce. Retirant sa cape, la garder aurait attirée l’attention, restait sous cape quand il y a qu’une vingtaine de personne n’est pas très discret. Certes cela permet de garder son identité caché mais cela attire forcément les regards.

Prenante commande auprès de la serveuse, Eva pris un repas simple accompagné d’une chope de bière, glissant la somme due directement dans la main de la fille. Buvant modérément et mangent en prenant tout son temps, Evengélya observa les gens, un groupe jouait au dés et pariait de l‘argent, d’autres prenaient simplement un repas comme elle. Un jeune humain lui fit un sourire au qu’elle répondit de la même manière, dévoilant au passage ces deux canines, ces dernières provoquèrent la surprise et la peur du jeune homme qui retourna  à son repas en tremblant de tous ces membres. Eva poussa un profond soupir, encore une personne à qui elle avait fait peur sans le vouloir. L’humeur de la jeune fille s’était assombris et c’est donc sans plus aucun intérêt pour les autres personnes qu’elle continua de déguster son repas.     

Une jeune femme était entrée dans la pièce. D'abord, elle n'attira pas l'attention de Louis qui reprit son analyse de la pièce. Des joueurs, des parieurs, des beaux parleurs. Un des individus de la pièce lanca un grand sourire bête à quelqu'un d'autre. Le regard du blond qui s'était posé sur lui fusa à travers l'auberge, comme suivant le faisceau imaginaire qui se dirigeait vers la cible de ce sourire. En l'occurrence, la nouvelle venue. Comment allait-elle réagir? Un sourire rendu. Le regard du jeune homme reprit sa route dans l'autre sens comme s'il suivait une balle lors d'un match de tenis, et se rendit compte avec surprise de l'effroi du premier protagoniste. Il eut un haussement de sourcil et revint rapidement à la belle inconnue pour noter dans ce sourire un détail qu'il avait un peu vite occulté: ses dents. La belle était donc un vampire. Oui. Avec la cape c'était plutôt logique en même temps.

Le regard du gentleman changea du tout au tout. Avoir une vampire sous les yeux, c'était un peu plus original que tous les péquenauds du monde. Pas que les vampires soient des entités rares à Terra, au contraire même. Mais en général Louis les préféraient. Ils n'avaient pas de Dieu, pas de Diable. Ils n'avaient foi qu'en des divinités soient originales soit égocentriques. Par conséquents, ils étaient soit très simples, soit impossibles à conquérir. Ce soir, Louis Cyphre n'était pas d'humeur au challenge. Mais il se demandait néanmoins ce que pourrait lui réserver cette rencontre. Son habituel sourire sur son visage, le faciès légèrement baissé, et donnant à ses yeux un regard sinistre de par l'inclinaison de son arcade sourcilière, il se mit à fixer la jeune femme. Pas d'un sourire dragueur comme celui dont l'autre idiot l'avait affublé. Il la fixait. Vraiment. Comme un vautour qui regarde son futur repas mourir sous ses yeux.

Il resta immobile et attendait. Qu'elle le remarque ou non, qu'elle lui montre les crocs ou non, il resterait de marbre et continuerait de l'observer avec ce même oeil insolent et ce même sourire narquois. Posé en avant, son coude était posé sur la table et sa main tenait à bout de doigts son verre de vin en le faisant tournoyer sur lui-même. La lueur rouge qui en émanait attirerait surement l'attention de la belle. Et d'une façon ou d'une autre, elle remarquerait l'étrangeté de la scène : la texture du liquide contenu dans ce verre lui serait familier.

D'une manière inexplicable, Louis avait changé le vin en sang.

 Un malaise, alors qu’elle avait bientôt finit son repas, Eva se sentit mal à l’aise, certaines personnes quant elles sont fixée pendant un long moment, sente qu’elles sont regardées et Eva faisait partie de ces personnes. Relevant la tête, la jeune elfe commença à balayer la pièce du regard et finie par croiser le regard de l’homme qui la fixait. Eva soutient ce regard pendant un moment, mais il était trop pénétrant, trop fixe, la couleur de ses yeux, la façon dont l’homme avait de la regarder là gênait trop.
Revenant au fait de finir son repas, la demi-vampire essaya d’ignorer ce regard pénétrant, mais cela lui fut impossible, à chaque fois son regard recroisait celui de l’homme pour le quittait aussitôt. Ce petit jeu dura le moment qui fallut à Evengélya pour finir complètement son repas. Enfin, elle se décida à regarder plus attentivement son observateur, cela lui fut difficile, son regard  était toujours attiré par les yeux de ce dernier. Eva finit par poser son regard sur le verre, son contenue semblait s’être transformée, au lieux du vin qui si trouvait à l’origine, il y avait du sang, la demi-vampire en avait vu suffisamment dans sa vie pour en reconnaitre même à cette distance.

Il a dû voir mes canines quant j’ai souri au jeune homme tout à l’heure et maintenant il me prend pour une vampire de purs sangs. Mais que me veut-il ? Je n’ai vraiment pas de chance, il faut qu’il y ait un pratiquant de la magie dans la taverne et il faut en plus que j’attire sont attention, bfff, moi qui pensait passer une agréable nuit, me voilà avec un magicien sur le dos. 

Evengélya se demandait en effet ce que lui voulait l’homme, ce dernier continuait à la fixer, imperturbable. Au bout d’un moment, La jeune fille ne put plus supportait ce regard et prenant son courage à deux mains, elle se dirigea vers la table de ce qu’elle prenait pour un magicien et lui dit :

-Pouvez-vous arrêter de me fixait ainsi, je suis là pour passer un moment agréable et votre regard me gène.
 
S’asseyant en face de son interlocuteur, elle reprit:

-Si vous me voulez quelque chose, dite le moi au lieu de me fixer comme ça. En passant, vous pouvez remettre sa contenance normale à votre verre, je suis plus attirée par le vin que par le sang.

Le ton de la demi-vampire était sec et à la limite de l’agressif, comme toujours quand elle parlait à des inconnues et qu’elle voulait que sa voix ne tremble pas.

Venir à la table de son observateur avait été fait sous le coup du ras le bol et Evengélya commençait à regretter son action.

J’aurais mieux fait de partir, enfin maintenant c’est fait, je suis devant lui, voyons ce qu’il me veut.
 
La main posait sur le pommeau de son épée par prudence, Eva attentait patiemment la réponse de son interlocuteur.

La réaction de la jeune femme surprit agréablement le blondinet. Elle aurait pu se montrer agressive, violente, menacante. Au lieu de cela elle se montrait juste tendue et exaspérée. C'était rarement l'attitude qu'abordaient les vampires. Par ailleurs cette réaction surprenante face au sang contenu dans son vers acheva Louis de se convaincre qu'elle n'était pas totalement vampire. C'était à la fois gênant et plus intéressant. Gênant car d'un point de vue psychologique, même s'ils étaient à 50% vampires, ces individus obéissaient d'avantage aux pulsions humaines qu'à celles du monde de la nuit. Plus intéressant car c'était justement cette combinaison qui les rendait plus unique que leurs congénères pure souche. Louis but le contenu de son verre en silence. Lorsqu'il le reposa sur la table, le vin était revenu à sa texture première.

"Je me suis mépris, gente dame. Et je vous présente mes excuses. Ce n'était nullement dans mon intention que de vous gêner."

Toutefois attirer son attention, voire même l'amener à lui, ca, c'était dans ses projets. Aussi il n'eut pas le moindre remord à sa petite erreur.

"Je vous avoue être quelque peu fasciné par les vampires ou autres créatures de la nuit. Pour en avoir rencontré un certain nombre durant mon existence, je sais qu'ils sont souvent porteur de plus de Beauté que de Laideur pour la plupart."

Il se décala, comme laissant une place à la jeune femme.

"Mais je vous en prie, joignez-vous à moi, et permettez-moi de rattraper mon impolitesse. En tant que partiellement vampire j'ai tout de même un grand intérêt envers votre peuple."

Utiliser le terme de peuple en lieu et place de celui de race était volontaire. Si la forme ne changeait pas grand chose, inconsciemment, ca brossait Evengelya dans le sens du poil. En parlant d'Evengelya, le blondinet s'aperçut qu'il ne lui avait toujours pas demandé son nom. Peu importe. Il le ferait si elle acceptait de le rejoindre. Ce qui n'était pas encore dit. Néanmoins le don d'empathie naturel du gentleman était de ces aimants qui n'attire que rarement les ondes négatives. Il espérait que la Belle soit aussi sensible que le reste du monde à cette aura qui émanait naturellement de lui.

-Fixait une personne comme un prédateur fixe une proie gène forcément, mais bon, comme je le disais précédemment, je suis là pour passer un agréable moment, j’accepte donc vos excuses. Sinon je me ferais un plaisir de me joindre à vous.

Le ton d’Eva s’était radoucis, même si l’homme lui avait fait une première mauvaise impression, il s’était déjà largement rattraper et puis ne pas avoir de « je suis là pour te tuer, monstre » était un soulagement, au moins la nuit ne serait pas gâchée par la perspective d’un combat pour sa survie. Se relevant et contournant la table, Evengélya alla s’asseoir à coter de Louis. Surmontant avec une faciliter qui l’étonna elle-même sa timidité, il faut dire qu’Eva se trouvait à l’aise avec cette personne, déjà il n’avait pas peur d’elle et rien que ça valait le fait de lui parler et de partager sa compagnie. La jeune femme reprit:

-Alors comme ça, vous êtes fasciné par les vampires, c’est une fascination qui peut être dangereuse. Pour ma par, hormis mon géniteur, je n’ai rencontré que peu de vampire et croyait moi, ils étaient certes très beau, mais leurs manières de vivre et d’être étaient des plus laides.

Hélant la serveuse, Eva commanda un pichet de vin pour elle et pour son compagnon de table, s’ils allaient discuter toute la nuit comme elle le pensait, elle préférait le faire en dégustant un bon vin.   
   
-Mais vous monsieur, d’où vous est venue cette fascination pour mon peuple ?

Prenant et payant avec ces dernières économies le pichet de vin que la serveuse venait de ramener, Evengélya  remplit un verre de vin pour elle et pour son interlocuteur.

En voyant la jeune femme commencer à sortir ses dernières économies, Louis l'arrêta d'un geste de main et sortit suffisamment d'argent pour l'inviter. Il la faisait s'attabler à ses côtés, c'était la moindre des choses que de contribuer à ce que la conversation se déroule bien. Et puis c'était sa façon à lui de s'excuser d'une manière plus concrète qu'un simple "pardon". Il écoutant la jeune femme en rangeant son argent et releva les yeux vers elle. Ce qu'elle disait, il le savait déjà. Ou plutôt il en avait conscience. Peut-être n'était-il pas parfaitement objectif vu combien ces créatures de la nuit ne représentaient aucune menace contre lui, contrairement à la majeure partie des individus. Il rétorqua:

"A dire vrai je ne suis pas à proprement parlé "fasciné" par votre peuple. Je pense qu'il serait plus juste de dire que je suis fasciné par tout ce qui sort un tant soit peu de l'ordinaire. Et en l'occurrence, les vampires ne font pas exception."

Remerciant d'un mouvement de tête le service de son invitée, Louis porta le verre de vin à son nez et en huma le parfum. Elle avait bien choisi.  Il tendit le verre à son attention comme pour lui souhaiter un bon appétit, but une gorgée, reposa le réceptacle sur la table, et reprit, toujours souriant:

"Il n'est pas rare de voir des sangs mêlés mépriser une partie de leurs origines. Mais ce qui m'intéresse c'est pourquoi l'une plus que l'autre. Si ce n'est pas indiscret, très chère, pourquoi avez-vous décidé de vous éloigner du seuil vampire plutôt que du seuil humain?"

La belle ne lui avait pas dit explicitement qu'elle était demi-vampire. Mais son mépris pour le sang et son attitude plutôt pacifiste contrastait suffisamment avec l'idée qu'on pouvait se faire de cette race pour que le blondinet n'ait aucun mal à mettre un nom sur ce curieux spécimen. D'ailleurs...

"Oh, veuillez m'excuser. Je n'ai pas eu l'occasion de me présenter. Je me prénomme Louis. Louis Cyphre."

Il marqua une courte pause.

"Et à qui ai-je l'honneur?"

Alors qu’elle sortait ces dernières pièces, son charmant compagnon de table l’arrêta d’un geste et se fut lui qui paya la commande de vin. La jeune fille le laissa faire, elle manquait cruellement d’argent et profita donc de cette occasion d’en garder. Ecoutant la réponse à la question qu’elle lui avait posé, Eva prit elle aussi son verre qu’elle porta directement à ses lèvres, pour elle, du vin était du vin et elle n’en buvait pas suffisamment souvent pour se permettre de les classer. Elle avait cependant suffisamment de tenue pour ne pas boire du vin comme l’on boit une bière, même si ce n’était pas une connaisseuse, elle savait apprécier cette boisson à sa juste valeur et c’est donc après avoir bu une petite gorgé qu’elle reposa de la même manière que son voisin le verre.

La question de Louis, car ce charmant monsieur s’appelait Louis Cyphre, prit l’elfe demi-vampire au dépourvue, cette dernière ne pensée pas qu’elle délaissée un de ces héritages.

Je ne méprise pas mon coter vampirique, aux contraires même, il me permet de faire des choses qui ne sont pas à la porter de simples humains, bon, il m‘attire quant même pas mal d’ennuis, mais cela est dû au fait que les gens ont peur des vampires, c’est tout. Pourquoi dit-il que je m’éloigne du seuil vampire ? Répondons déjà à sa dernière question, ça me laissera le temps de comprendre ce qu’il veut dire.

-Je me prénomme Evengélya: lui répondit-elle tout en prenant son verre qu’elle porta une nouvelle fois à ses lèvres dans le but de se laissait un plus grand temps de réflexion. Prenant une très longue gorgé, Eva continuait à réfléchir et quand elle reposa son verre, elle répondit enfin à la question.

-Je ne pense pas délaisser, ni même mépriser  un de mes héritages, j’ai reçu une éducation elfique de par ma mère et je pense que cela doit se voir dans mes manières. Ensuite, je suis fière d’être à moitié vampire, même si cela m’apporte plein de problèmes que je ne vous rapporterai pas pour ne pas vous ennuyer, le fait d’avoir du sang de vampire me permet d’effectuer des actions qui me placent au-dessus de la majorité des personnes. Il me permet aussi de pouvoir garder ma liberté, vous avez dû remarquer que dans ces lieux, une jeune fille qui n’a pas d’attache reste rarement libre et finie esclave. Se frotter à un vampire n’est pas dans les habitudes des esclavagistes et ils détalent souvent à la seule vu de mes canines.

Faisant une pause pour reprendre une gorgée de vin, Evengélya reprit :

-J’espère avoir répondu correctement à votre question.

Effectivement, la jeune femme espérait que sa réponse convienne à Louis et qu’il ne lui demande pas quels sont ces problèmes, elle n’avait pas envie de passer cette soirée à parler de l’Ordre Immaculée et de la chasse qui lui donnait.   

Louis joignit les mains, comme prêt à applaudir, et déclara dans un sourire hilare:

"Hé! Diable! Comment ne pas être satisfait de pareille réponse. Vraiment mademoiselle, la précision et la concision de vos propos vous fait honneur. Et je serais bien mal avisé désormais de vous considérer comme l'un plus que comme l'autre."

Il but une rasade de vin et conclut en pointant le verre vers Evengelya:

"A la vérité, les gens comme vous, qui savent prendre ce qu'il y a de meilleure dans chacune de leurs origines, sont ce qui font la fierté de ces dernières. Il est dommage que la plupart ne soient pas aussi... "lucides" dirons-nous  "

Il se permit d'achever l'un des petits pois qui le narguait dans son assiette, en plantant une fourchette agressive dedans et en le dévorant dans une longue mastication que pareil ingrédient n'aurait pas mérité. Il sembla avoir la bouche pleine un long moment. Il regarda autour de lui, les autres individus du bar, et finit par avoir un léger froncement de sourcil et se retourna vers la jeune femme après avoir finalement avalé sa proie. Son regard semblait aussi interrogateur que celui du Dr. House envers un de ses patients lorsqu'il ne comprend pas leur façon de penser.

"Mais une autre question me taraude, très chère. Les bars et tavernes, même les plus prestigieuses comme celle-ci, sont fréquemment en proie à la dispute, au conflit, à l'ivresse, au jeu, et tout du moins au bruit. Si c'est encore calme pour le moment, pareille manifestation ne saurait tarder dans les minutes à venir."

SHLAK! Un second petit pois périt de la dent acharnée de la fourchette en argent de Louis Cyphre.

"Alors pourquoi choisir ce genre d'endroit pour passer une soirée tranquille? N'êtes vous pas, à  l'image de vos congénères, une adepte des belles nuits en solitaire?"

Oui, c'était du cliché. Le vampire qui reste dans son caveau et se ballade à la pleine lune au bord d'un fleuve reflétant son image et en chantant du Nigthwish, c'était plus vraiment d'actualité. Et Louis le savait pertinemment. Tout ce qu'il désirait était en savoir plus sur les intentions de la jeune femme. Et si celle-ci avait été réticente à lui en parler, nul doute que cette petite pique caricaturale lui donnerait envie de remettre les choses à leur place. Peut-être même s'emporterait-elle et aurait-elle un acte manqué des plus significatifs. Ou alors elle aurait l'habitude et n'aurait rien à cacher et répondrait honnêtement la vérité. En fait, comme la plupart du temps, Louis n'avait à peu près rien à perdre dans ce genre de rencontres. C'était aussi ca qui lui permettait de les apprécier pleinement.

Le sourire, l’attitude et les premières paroles de Louis provoquèrent une gêne chez la jeune fille qui se mit à rougir, en effet Eva n’était pas habituée aux compliments et en recevoir de si élogieux ne pouvait que provoquer une telle réaction chez elle. Détournant les yeux de son partenaire de table, Eva observa son manège avec le petit poids tout en murmurant un tout petit merci. Sa timidité venait de remonter en flèche et elle se sentait ridicule. C’est donc sans regarder son interlocuteur et d’une voie qui était presque inaudible qu’elle répondit à la deuxième question de Louis.

-Il est vrai que je suis, comme mes congénères, solitaire. Je le suis déjà de nature, mais cette tendance c’est renforcé à cause de mes soucis avec l’Ordre immaculée.

Evengélya marqua une pause.

Et voilà, je reviens toujours à mes problèmes avec l’ordre. Bffff

Après un long soupir, elle reprit :

-L’ordre me pourchasse et je ne peux donc pas vivre avec les autres personnes, avoir de véritables amis, etc. J’ai beau aimer être seule, la solitude, parfois, me pèse et voir d’autres personnes s’amusaient ou même se battre me fait sourire et cela me fait du bien.

La jeune demi-vampire reprit son verre pour boire à nouveau une gorgée et Louis put voir que ses yeux exprimaient de la tristesse. Eva n’avait pas tous dit, voir les gens s’amusaient, se disputaient, en bref menaient une vie normale lui faisait certes du bien, mais cela la rendait aussi mélancolique. En effet la jeune fille aurait aimé les rejoindre mais cela lui était impossible, les gens du commun avaient peur d’elle et soit la fuyez, soit appelés des gardes ou autres autorités pour qu’elle se fasse tuer. Sans parler que pour les rares qui acceptaient sa présence, elle devenait un danger pour eux, l’Ordre immaculée n’appréciant pas les personnes qui aident ou même qui côtoient une vampire. 

Reposant son verre qui était maintenant presque vide, Eva laissa son regard se balader sur les gens de la taverne, oh oui, elle aurait aimé pouvoir se rendre à la table du groupe qui jouait aux dés et rire sans crainte avec eux.

-Oui, voir les autres personnes se distraire me fait du bien: murmurât-elle plus pour elle-même que pour Louis.

Hmm. Pas besoin d'être psy pour comprendre ce qui se passait en elle. Non seulement son discours était des plus éloquents, et réunissait à lui seul près de 80% des raisons de sa présence, mais son regard remplit en une fraction de seconde les 20% restant. Une pointe de jalousie, une dose monumentale d'envie, un amas colossal de frustration, et une sage pincée de résignation. Deux coups d'oeil, quatre clignements de paupière, un soubresaut de sourire. En tout, plusieurs dizaines de muscles faciaux qui venaient de s'activer en deux secondes cinquante et de donner à Louis plus d'information qu'il n'en demandait. L'Ordre. Ahahah, quelle blague. Elle était immortelle mais pas invulnérable. Lui était les deux. Il fallait croire qu'il pouvait, contrairement à d'habitude, devenir ami avec un vampire ce soir. D'ordinaire ces créatures de la nuit fuient la compagnie. Des étrangers comme des leurs. A moins d'avoir grandis ensemble. De vrais vautours. Sans doute étaient-ils trop jaloux des vivants et trop méprisants des leurs. Cette nuit, ce serait sa nuit.

Il s'essuya les lèvres, posa sa serviette, but une dernière gorgée de son brevage, et regarda Evengelya avec un sourire qui sembla cette fois des plus paternels. Il lui demanda.

"Si je vous disais que l'Ordre ne peut rien contre moi, que je suis un immortel également et que je n'ai pas de problèmes avec les vampires... accepteriez-vous que je vous invite à vous distraire ce soir?"

Sincère, direct, sans sous entendu. La jeune femme pouvait avoir ce divertissement qu'elle semblait tant envier, et sans rien avoir à donner en échange. D'ailleurs, Louis se dépêcha de le préciser avant qu'il n'y ait méprise:

"En tout bien tout honneur, bien sûr!"

Au cas où, on savait jamais. Sortir, rire, se détendre,se battre, coucher, boire, voir un film; peu importe ce qu'elle voulait, Louis serait en mesure de le lui apporter. Il serait bête qu'elle loupe l'occasion. Par ailleurs elle ne tarderait pas à se décider. Autour d'eux un groupe de jeunes gens hilares venait de rejoindre la taverne. Une autre pique pour lui rappeler que, oui, ce soir, c'était possible.

Comme on dit sur meetic, "à deux, c'est mieux" o//

L’ordre ne peut rien contre lui, c’est impossible, sur ces terres, l’ordre est tout puissant.

-Vous êtes sur de vous, sachez que si un membre de l’ordre nous voit trop longtemps ensemble, vous aurez de gros ennuis, L’ordre n’aura jamais fini de vous pourchasser, tuant vos proches, vos amis, détruisant votre vie.

Evengélya voulait bien qu’il comprenne le risque qu’il y avait à la fréquenter, comme elle lui avait déjà dit, l’ordre ne supporte pas que l’on fréquente ces adversaires et si Eva n’était pas leur ennemie numéro un, elle était quand même sur le palmarès des personnes qu’il recherchait.

-Ensuite, si vous me confirmez que vous voulez vraiment passer cette soirée avec moi cela sera avec grand plaisir que j’accepterais, je tiens juste à ce que vous comprenez bien le risque que vous prenez.

On a beau être immortel, l’ordre peut quand même nous faire du mal.

La demi-vampire ne remettait pas en question les paroles de Louis, il disait faire partie des Immortels, elle pensait que c’était vrai et cela pour plusieurs raisons. En premier, à cause de la façon dont il l’avait abordé, défiait un vampire du regard n’ai pas une bonne idée quand on veut rester en vie, en deuxième, il disait avoir rencontré plusieurs vampires et survivre à une rencontre avec un vampire sous-entendait avoir des pouvoirs hors normes. Pour finir, Eva s’était bien sûr aperçu que Louis n’était pas un idiot et si il lui avait proposé de passer cette soirée en sa compagnie, c’était qu’il était presque sur de ne rien craindre. Ce que craignait Evengélya, c’est qu’il ne comprenne pas à quel point l’ordre voulait la tuer. 
     
-Juste une question, si vous persistez dans votre idée quels divertissement vous êtes près à m’offrir ?

La jeune fille espérait vraiment qu’il ne rétracte pas, mais il était de son devoir de le prévenir des risques qu’il prenait.

-Vous êtes sur de vous, sachez que si un membre de l’ordre nous voit trop longtemps ensemble, vous aurez de gros ennuis, L’ordre n’aura jamais fini de vous pourchasser, tuant vos proches, vos amis, détruisant votre vie.

Louis réfléchit. Il se massa la machoire comme si cela pouvait l'aider à se concentrer d'une quelque façon que ce soit, froncant les sourcils et fixant la jeune femme d'un air gêné. Il eut une petite moue puis, finalement, retrouva son immense sourire en acquiescant et répondit:

"Hmmmoui? Oui, je pense pouvoir vivre avec sans trop de problèmes "

Louis connaissait l'ordre. Mieux que ca, il l'avait déjà affronté sous plusieurs formes, et à plusieurs époques. Le problème des immortels qui affrontaient l'Ordre était qu'ils regrettaient bien vite leur immortalité. Le problème de l'ordre lorsqu'ils avaient à faire à l'insaisissable était qu'il regrettait de ne pouvoir l'attraper. Huhu. CQFD. Louis ne se faisait aucun soucis. Si cet ordre se montrait d'une façon ou d'une autre lors de sa ballade avec Evengélya, non seulement il leur échapperait, mais il permettrait à la jeune femme de leur échapper également. Par conséquent, il décida délibérément d'occulter la confirmation que la Belle lui demandait. En revanche à sa seconde question il haussa les épaules.

"Peu m'importe. Vous qui n'avez pu sortir beaucoup, à ce que j'ai compris, vous devez avoir des envies, des tentations, voire même des rêves, non? Choisissez, je vous invite. Proposez-moi même des événements publics. A deux nous passerons d'avantage inaperçu dans une foule qu'en essayant d'être discret."

La serveuse arriva. Louis demanda un café noir. La nuit promettait d'être longue.

"Je n'ai pas à me cacher moi. Et de par ma situation, vous comprendrez que j'ai eu plus de temps pour vaguer à mes activités que nécessaire  Aussi, cette nuit, je suis votre obligé. Et peu importe ce que vous me demanderez, je serai ravi de l'éxecuter."

Le café arriva. Louis remercia la serveuse avant de souffler sur le liquide brûlant qui lui avait été servi, attendant la réponse de son homologue.

Il ne se désiste pas, enfin quelqu’un qui n’a pas peur et que je pense capable de s’en sortir en cas de problème.

Eva était contente, pour la première fois de sa vie, quelqu’un lui proposait de passer une véritable soirée, une soirée à s’amuser et se divertir. Mais voilà, maintenant que l’on lui proposait de faire tout ce dont elle avait envie, Evengélya ne savait que faire. Trop de possibilité s’offrait à elle et elle ne savait que choisir, jouer aux cartes, danser, participer à une bonne bagarre.

La jeune fille n’arrivait pas à se décider, elle allait parler de son impossibilité de choisir quant de la musique se fit attendre depuis les niveaux supérieurs de l’auberge, les bardes venaient de commencer leurs chants et musiques. Evengélya prit cela pour un signe et au lieu de demander à son compagnon de la conseiller, elle lui demanda:

-Puisque vous semblez près à vous satisfaire à mes moindres envies, je vous demanderais de bien vouloir me suivre jusqu’aux étages supérieurs, les bardes ont commencé leurs représentations musicales et j’aimerais bien danser avec vous. Bien sûr, cela n’est pas trop urgent, vous avez le temps de finir votre café.

Voilà, c’était décidé, pour la première fois de sa vie, Evengélya allait danser. Plus Eva y pensait, plus elle était excité, elle se voyait déjà sur la piste avec Louis, au milieu de  personnes qui feraient que danser, sans faire attention à eux car ils ressembleraient à un couple tout à fait normal. Oui la jeune fille pensait à danser et plus elle y pensait, plus son visage s’éclairait, cependant il s’assombrit d’un coup et apriori sans raison apparente. Evengélya venait de penser à un détail des plus gênant, en effet, elle ne savait pas danser.   

-Euh dit-elle avec un air gêné. Je viens de me rappeler un petit problème. J’espère que vous êtes un bon danseur car moi, je ne sais pas danser, si cela vous gène, ce n’est pas grave, on peut aussi aller jouer aux cartes.

Louis ouvrit de grands yeux surpris, resta un instant bouche bée, puis éclata de rire. Pas un rire gras ou moqueur, mais un rire sincère comme s'il était en train de passer un excellent moment. Après s'être esclaffé pendant de longues secondes il sécha une larme et tendit la main vers Evengélya. Il avait beau essayer d'articuler, l'hilarité se sentait toujours dans le timbre de sa voix pendant la moitié de ses propos. Dur.

"Haha!ha.... ha... fuuu! Excusez-moi très chère! Huhu... ne le prenez pas mal, vraiment. Ce n'est pas votre révélation... qui m'a fait rire. Hu... C'est que pour la première fois de ma vie, et sans doute la dernière, je vais dire ces mots à un vampire. Ne m'en voulez pas mais..."

Il sécha de nouveau ses yeux embués de larme euphoriques avant de regarder la Belle avec un air presque plein de compassion:

"...mais vous êtes vraiment adorable, Evengélya."

Il espérait que la femme ne se sente pas ridiculisée, moquée ou infantilisée de sa remarque. Même si, pour lui, elle était bien jeune, il n'y avait pas de raison qu'elle se vexe pour ca. Retrouver un côté si "enfantin" si plein d'impatience au point d'en oublier des choses basiques, chez quelqu'un qui avait plusieurs siècles de plus que la moyenne humaine, c'était juste trop paradoxal, trop hilarant. Et étrangement, trop intéressant. En ne disant rien de spécial ou de très original, Evengélya venait de conquérir l'intérêt du blondinet. Ce dernier se leva, tendit le bras vers elle et ajouta:

"Vous êtes grande, belle et élancée. Votre danse sera nécessairement grâcieuse. Ne vous en faites pas pour la technique. Je vous apprendrai en direct live "

Il attendit qu'elle réponde à son invitation et qu'elle l'accompagne aux étages supérieurs. Mais oui, nécessairement, ce serait un plaisir que de danser avec elle. D'autant que, en tant que demi vampire, elle pouvait s'avérer très intéressante pour lui... sur bien des plans.