Une reporter à Seikusu [PV Typhen]

Ses pas dépassèrent rapidement l'immense statue, lents et calmes, mais sans hésitation. Pourtant son regard, lui, s'attarda, comme toujours.

L'entrée du Cheval Ailé était spacieuse, démontrant la richesse du lieu et les opportunités qu'il offrait. La statue d'un immense cheval trônait, près à s'envoler, toutes ailes blanches déployées, regardant vers le ciel comme les malheureux joueurs qui venaient tenter leur chance dans l'établissement, toutes les nuits.

Mais Ales n'était pas là pour ça. Lui travaillait bel et bien ici, dans un job typique et légèrement stéréotypé : bar-man à mi-temps, affreusement mal payé mais qui lui laissait ses journées libres. Même si il fallait avouer qu'il n'avait rien à faire de ce temps.

Il passa devant l'entrée. C'était encore vide à cette heure, en toute fin d'après-midi. Une énorme affiche de néon, en lettre élégantes, surplombait l'entrée et la statue. Ales dépassa  l'entrée pompeuse et fringante, contournant l'établissement pour accéder à l'entrée arrière par où passaient le personnel.

Il salua les premiers arrivants en entrant. Le personnel s'activait. On installait les jeux, les cartes, vérifiait les mécanismes des roulettes et des machines à sous ; des immenses hommes en noirs gardaient déjà l'entrée, tendis que d'autres habillés de costumes présideraient les jeux ; des serveurs arrivaient pour distribuer les boissons. Et l'autre bar-man avec qui il servirait ce soir, dans un bar plus éloigné. D'autres membres du personnel s'activait encore, rapide, toujours occupé, et Ales se dépêcha paresseusement vers son bar. Il sortit les clefs, s'installa, vérifia d'un œil les bouteilles qu'il n'avaient pas rangées la dernière fois, entassées dans les étagères qui lui feraient dos.

En prenant son temps, il commença à s'installer avant que les clients n'arrivent. Il fallait remplir les stocks de pressions, agencer les alcools derrière lui en se servant dans les caisses ; nettoyer les verres, nettoyer le bar, afficher un beau sourire et attendre les arrivants.

Une longue soirée s'annonçait, comme tous les jours depuis quelques semaines pour Ales.

Même si il semblait relativement las de son travail ici, il aimait la position que lui procurait ce rôle, debout derrière les bars. D'ici, il avait une vue en 180° sur tout le casino. Il pouvait observer à sa guise, comme il aimait souvent le faire ; voir ceux qui repartiraient riches et ceux qui repartiraient soûls et fauchés ; mais aussi les quatre adolescents qui resteraient une demi-heure dehors derrière la statue, avant de se décider à aborder les hommes baraqués qui gardait l'entrée. Ils finissaient toujours par se faire recaler, trop jeunes, et ils partaient alors la queue entre les jambes, s'esclaffant de leur déception.

Oui, c'était une place d'observation imprenable qu'il possédait ici, passant inaperçu, comme caché par les alcools qui s'empilaient derrière lui et le bar au-devant.

Attrapant un verre parfaitement propre, il commença à servir.

Typhen étudiait soigneusement, mais suspicieusement, le dossier qu'elle avait en main. Affalée dans le siège d'une bureau de la chaîne pour laquelle elle travaillait, les pieds négligemment posés sur le meuble de travail, elle ne pouvait que constater l'imagination débordante de la plupart des gens. En effet, cette histoire de type tombé de nulle part qui ne se souvient plus de rien avait fait les gros titres pendant un bon moment. Désormais, tous voulaient savoir quelle était son histoire, comment il était arrivé là. Certains parlaient d'un ange tombé du ciel, d'autres d'un extraterrestre, ou plus simplement d'un homme incroyablement mystérieux. Typhen, elle, pensait surtout que ce gars-là avait des choses à cacher, et qu'elle avait bien envie de lui tirer les vers du nez. Un article, et mieux que cela, une interview, pourrait être un vrai tremplin pour sa carrière. Mais restait à approcher l'individu et le faire parler. Lui sauter dessus avec des caméras était une très mauvaise idée, il risquait de se braquer. Mieux valait tenter une approche plus discrète et diplomate.

Elle avait mené sa petite enquête et apprit que l'homme travaillait aujourd'hui comme barman au casino de la ville. Un travail de nuit très pénible, qui qui permettrait à la jeune femme de se fondre dans la masse. Ce n'était pas plus mal. Elle avait hésité à attendre qu'ils termine son travail, mais opta plutôt pour une approche direct, pendant son travail. Elle allait devoir jouer un rôle, mais ça, ça la connaissait.

Le soir-même, elle du faire un gros effort pour paraître la plus féminine possible. Il fallait attirer son attention. Elle décida donc de se maquiller, un peu, mais pas trop non plus, et d'enfiler une superbe robe de soirée noire. Autant mettre ses atouts en valeur, pas vrai ? Les hommes étaient si prévisibles !
Une fois prête, elle embarqua quelques affaires dans un petit sac à main, et se rendit au casino. Elle rentra sans problème, bien sûr, et une fois dans l'entrée, chercha le bar du regard. Elle n'eut pas à chercher longtemps, et avec un sourire léger au lèvre, s'approcha d'un pas assuré. Ayant pu obtenir une photo de l'individu en question, elle n'eut aucun mal à le reconnaître.

Typhen s'installa sur un tabouret et plongea son regard dans celui du jeune homme. Elle lui offrit son plus beau sourire, et lui fit signe d'approcher. Ce genre de boulot était plutôt confortable finalement. Boire un petit verre dans un luxueux casino tout en bossant, que demander de plus ? Lorsque l'homme fut en face d'elle, elle commanda d'une voix chaleureuse et chaude :

- Sex on the beach, je vous prie.

Elle avait prononcé le mot "sexe" avec le plus de sensualité possible, sans le lâcher de son regard brûlant. L'observant s'atteler à la tâche, elle resta silencieuse, se demandant à son tour d'où il pouvait venir, ce qu'il avait vécu. Peut-être serait-elle surprise. Où alors se rendrait-elle compte qu'il ne s'agissait que d'un petit malin voulant faire parler de lui... Mystère.

L'endroit commençait petit à petit à s'agiter. Les stands étaient ouverts, plusieurs clients commençaient déjà à parier ; mais Ales le savait, les grosses sommes viendraient plus bien plus tard dans la soirée. Une expression détendue habitait ses traits, bien plus qu'il ne l'avait été depuis plusieurs semaines. Ses ailes avaient alors recommencé à pousser, une énième fois, alors qu'elles atteignaient déjà le plafond de son miteux HLM. Mais la douleur était partie le temps de cette soirée, ses ailes bien rangées dans un espace inconnu jusqu'alors situé dans l'encre de son tatouage étrange. Il avait décidé de repousser toutes les questions qui l'empêchaient de dormir habituellement, fatigué de ne pas trouver les réponses qu'il cherchait. Oui, cette soirée s'annonçait tranquille.

Alors lorsqu'il vit une belle jeune femme s'avancer vers son bar d'un air déterminé -comme beaucoup de monde ici-, il ne put qu'arborer un sourire avenant tout en la questionnant sur la boisson qu'elle désirait. Ici, les lois semblaient à la fois très conventionnelles et étrangères au monde extérieur : une fois que l'on était entré, on ne posait plus de questions sinon savoir si un-tel avais triché ou non. Il ne se priva donc pas pour observer sans vergogne la jeune femme alors qu'il attrapait une bouteille bien entamée de vodka, commençant à verser dans un shaker les différents éléments du cocktail qu'elle avait commandé.

D'ici, il la devinait grande, fine, athlétique certainement. Elle portait une élégante robe noire, coupée ni trop courte de ce qu'il pouvait en voir, mais pas non plus plongée et large dans une coupe qui ne l'aurait pas saillit. Ses cheveux étaient négligemment noués dans une tresse un peu défaite, et ses yeux de couleur froide l'observait en retour, comme si ils cherchaient quelque chose dans son visage à lui. Des questions... ?

Elle affichait une attitude légèrement hautaine, presque ironique. Mais ici, c'était monnaie courante, le peu de femme qui s'aventuraient par ici aimaient se donner un air inaccessible pour mieux se protéger des tricheurs et des voleurs. Ales lui rendit son regard brûlant, accompagné de tout le calme qui semblait l'habiter ce soir-là. Dans ses yeux se noyaient l'infini et les millénaires, les étoiles et le calme d'un immense ours qui hiberne, ronflant. Qui était cette femme ? Se demanda-t-il. Il se posait toujours la même question, et il aimait déterminer toutes les réponses possibles. Peut-être accompagnait-elle un ami trop entreprenant, à moins qu'elle ne soit venue ici pour une quelconque réunion qui se déroulait habituellement autour des tables de billard, non-loin ? Ou bien était-elle ici de son plein grès, car elle s'ennuyait chez elle, décidant de tenter sa chance aux machines à sous qui tapissaient l'entrée lumineuse du casino ? A moins que ce ne soit autre chose encore ?

De ses puissants bras, il secoua le mélange, le versant sans plus tarder dans un grand verre déjà rempli de glaçon. Avec dextérité, il coupa un citron en rondelles dont il déposa une lamelle sur le rebord du verre, y glissant deux glaçons pour finaliser la boisson qu'il déposa face à la jeune arrivante.

Il releva les yeux vers elle, eut un sourire amical et débuta la conversation avec un question qu'il attrapa dans le courent de ses pensées :

-Et bien, vous venez tenter votre chance parmi nous ? Vous êtes nouvelle ici, à ce qu'il me semble.

Tout en prononçant ses mots purement conventionnels, presque insignifiants, il continuait de s'activer avec lenteur et calme, les mains prises dans le mécanisme de la pression alors que la grande chope de bière blonde se remplissait doucement. Puis il déposa le verre sur un plateau, accompagné d'un cocktail et de glaçons, qu'un serveur s'empressa de récupérer, pressé.

Typhen avait l'habitude d'observer les gens, de les analyser, et cela lui permettait aujourd'hui d'en comprendre un bon nombre, et de deviner certaines choses les concernant. Mais elle devait bien avouer que cet homme là, ce simple barman qui n'avait l'air de rien vu comme ça, la troublait. Elle avait beau ne pas le quitter des yeux et tenter de décrypter ses gestes, ses regards, elle devait admettre qu'il avait quelque chose de particulier. Comme s'il était d'un autre temps, d'un autre lieux. Elle cligna des yeux et sourit lorsqu'il lui présenta sa commande. Ainsi, elle reprit ses esprits en se disant qu'elle était idiote. Elle se laissait simplement manipuler par les rumeurs lancées à son sujet. Et ça, il en était hors de question. Elle devait se faire sa propre idée et pour ça, elle devait le questionner. Mais il n'était pas encore l'heure. Il ne fallait pas se précipiter, elle avait tout son temps.
Elle devinait néanmoins que lui aussi se posait des questions à son sujet. C'était toujours ainsi lorsque deux individus se rencontrent après tout. Ils se jaugent, se sondent, et se questionnent. Et justement, tandis qu'il préparait une autre commande, le jeune homme lui posa la première question qui lui passait par la tête. La conversation était lancée. Typhen esquissa un autre sourire et prit une gorgée de son cocktail avant de répondre :

- Vous avez raison, c'est le première fois que je viens ici. Je suis venue tuer le temps plutôt que de rester seule chez moi à boire un mauvais whisky.

Elle s’accouda d'un bras sur le bar et posa délicatement son menton sur le dos de sa main en le regardant de nouveau avec intérêt. Il était décidément bien difficile de sonder le personnage. Mais la soirée ne faisait que commencer.

- J'ai toujours admiré les personnes sachant se servir de leurs mains. Moi je suis une intellectuelle... les travaux manuels me dépassent. Et vous faîtes cela avec tant de grâce...

Elle prit un air de rêveuse sans jamais le quitter des yeux, reprenant délicatement une gorgée de ce fameux cocktail. Elle profitait de la chaleur de la vodka, de la douceur du sirop, du goût sucré du jus de fruit qui coulaient dans sa gorge. Aussi surprenant que cela puisse paraître, elle était persuadée d'une chose en le regardant : il n'était pas du genre à vouloir attirer les regards. Ce qui, sans doute, repoussait la théorie de s'attirer la gloire. Ce n'était donc pas un petit malin voulant faire le buzz. Alors ? D'où venait-il ? Quelle était son histoire ? Voilà ce qu'elle aurait aimé savoir. Mais Typhen allait devoir faire preuve de patience. Heureusement, elle en était capable. Surtout qu'il était plutôt agréable à regarder... elle ne pouvait le nier.

La jeune femme le regardait encore, toujours, son poing fermé soutenant son menton en avant, dans une position songeuse. Ales l'écoutait d'une oreille, étrangement paisible, les mains toujours prises dans diverses commandes. Pourtant ses gestes étaient automatiques, habitués, et ses pensées étaient plus concentrées sur les paroles de la jeune femme que sur les cocktails qu'il préparait. Une autre partie de son esprit, majoritaire, semblait quant-à-elle dériver, absente, différente au plan humain. Il n'avait pas de mal à être à plusieurs endroits en même temps.

-C'est une meilleure perceptive, effectivement. Mais faite attention à votre argent, ça part très vite dans ces cas là...

Il en savait quelque chose, pour avoir écumé à pratiquement tous les casinos et autres bars de Seikusu.

Il eut un sourire chaleureux à son compliment, prenant son temps pour y répondre. Enfin il cessa son manège et s'arrêta un peu, un torchon sale entre les mains qu'il laissa pendre le long de son corps. Il s'accouda un instant au bar, plantant son regard dans celui de la jeune femme typée à l'européenne. Lui paraissait plus venir d'une côte Américaine. Enfin, il répondit, s'insinuant dans le brouhaha festif du lieu.

-Due à de longues années d’expérience, sûrement. souffla-t-il, masquant une ironie qu'il devait être le seul à percevoir. Un petit sourire étrange se glissa sur ses lèvres mais il n'insista pas.   

Cela ne devait pas faire plus d'un an qu'il travaillait ici, pourtant il avait acquis une maîtrise particulièrement bonne des boissons et de leurs mathématiques mélanges. Mais ses paroles laissaient insinuer qu'il avait peut-être été plongé dans ce métier toute sa vie, ce qui était bien évidemment loin d'être le cas. Seulement il y avait peu de chance pour que cette femme le sache, alors autant digresser légèrement.

Il déporta son regard plus loin, le déployant sur l'ensemble du lieu qui lui faisait face. Ici il était bien, et il pouvait observer son monde sans gêne. Il laissa l'esquisse de leur échange se suspendre un instant, se demandant si ils allaient en finir là, si il allait la voir partir sans la connaître plus, à moins qu'elle ne veuille rebondir et continuer.

L'homme avait l'air de bien connaître son métier et pouvait tout autant l'écouter et le regarder que travailler en même temps. Comme si ces gestes étaient devenus mécaniques. Etait-il un robot ? Peu probable. Il lui aurait sans doute fallut le tâter pour le savoir. Qui sait, peut-être en aurait-elle l'occasion. Cette idée l'amusa. Voilà qu'elle devenait folle. Après seulement deux gorgées, il y avait de quoi s'inquiéter. Heureusement, tout ceci n'était qu'une plaisanterie pour elle-même.
Elle lui avait confié être là pour passer le temps, ce à quoi il répondit qu'il lui conseillait de faire tout de même attention à ses dépenses. Typhen laissa échapper un rire doux accompagné d'un large sourire. Il avait tout à fait raison. Cependant, elle n'imaginait pas pouvoir vider son portefeuille, elle était bien trop attentive pour ça. Les jeux d'argents, déjà, n'étaient pas du tout sa tasse de thé. Et quant à vider son compte en banque pour des verres d'alcool, ça ne lui ressemblait pas non plus.

- Ne vous en faîtes pas pour moi. Je suis une grande fille.

Elle lui lança un clin d’œil et reprit de nouveau une gorgée. L'homme commença à freiner son rythme pour finalement s'accouder au bar. Les clients lui offraient à priori une trêve. Ce qui n'était pas pour déplaire à la jeune reporter. Elle n'en sourit d'ailleurs que davantage.
Alors comme ça il avait de longues années d'expérience derrière lui ? Quel page avait-il ? N'exagérait-il pas un peu ? Ou étais-ce un indice à prendre en compte... ? Incertaine, Typhen préféra se contenter d'arquer un sourcil.
Pendant un instant, il sembla perdu dans ses pensées, observant les alentours. La jeune femme l'imita. Il y avait de plus en plus de monde, tous aussi bien apprêtés les uns que les autres.

Elle se détourna de la foule pour terminer son verre, puis posa une main délicate sur l'avant bras du jeune et énigmatique barman.

- Il est rare de trouver une oreille attentive de nos jours. J'espère au moins que je ne vous ennuie pas. C'est que... j'ai bien envie de vous accaparer un peu. Vous me plaisez bien...

Elle esquissa un sourire légèrement charmeur, penchant légèrement la tête sur le côté, et effleurant son bras d'une caresse. Non, elle n'allait pas le lâcher.

La jeune femme se para d'un grand sourire de circonstance, mais qui lui allait à ravir. Il y avait quelque chose d'indéfinissable en elle, comme elle s'amusait plus que de raison de la situation, comme si tout cela ne la concernait pas. Toujours perdu dans sa contemplation de la scène qui se déroulait devant lui, il avait cependant délicatement conscience de la femme qui se tenait à ses côtés et posait sur lui un regard brûlant. Elle lui plaisait bien, intrigante.

Pourtant, il ne savait pas si les mots qu'elle avait prononcés étaient de simples mensonges ou la vérité. Mais si elle lui mentait d'une quelconque manière, il savait très bien qu'il ne pouvait pas lui en vouloir, sa propre vie sur Terre n'étant qu'un éternel mensonge. Alors il continuait à jouer gentiment son jeu, dans un mélange de vivacité et de rêverie absente, d'un autre âge.

Ses mots et sa main qui lui effleurait le bras le sortit néanmoins partiellement de sa torpeur. Il ne réagit pourtant pas extérieurement, mais son esprit arriva à se concentrer plus spécialement sur elle. Quelques secondes plus tard, il tourna enfin le regard vers elle, qui lui adressait un sourire presque complice. Des femmes – et même des hommes – avaient bien l'habitude de venir à son bar pour entamer une conversation pour le moins... houleuse... Mais elle semblait différente. La renommée des barmans en terme de drague semblait pratiquement universelle, avait remarqué Ales, et il en avait fait de nombreuses fois l’expérience, loin de lui déplaire.

Il eut donc un sourire entendu à ses mots, amusé, et lui lança un regard chaleureux.

-Vous ne m'ennuyez absolument pas. Au contraire, passer toute la soirée à servir à boire devient rapidement lassant.

C'était plutôt vrai, pour une fois ; même si il pouvait passer plusieurs heures à simplement observer les allées et venues des clients, ou à se concentrer sur une action particulière dans un endroit du casino, où une scène intéressante pouvait se dérouler.

Alors qu'elle continuait sa délicate caresse, il retira lentement son bras, suivant dans son mouvement le bout de ses doigts, comme si il ne voulait pas la quitter. Il planta son regard profond dans le sien et demanda d'une voix chaude, désignant son verre :

-Je m'oublie presque. Vous voulez que je vous resserve quelque chose, miss... ?

Il lui demandait son nom de manière détournée, un peu guindée, certes, mais c'était sa manière à lui de s'exprimer. Il attendit qu'elle réponde, toujours près du comptoir et d'elle, la regardant sans un mot.