Le glas du Démon [Pv Salomée]

Souffle-Mort était en effervescence ! L’immense montagne creuse, repaire d’un mal sans cesse grandissant, était animée d’une agitation qu’on lui avait rarement connue. L’immensité de cette antre en faisait un reposoir idéal pour les centaines de démon survivant de l’armée du seigneur pourpre.
Celui-ci pensait lentement ses blessures, son affrontement avec les anges à Lacruze avait été douloureux, et sa capacité de régénération était bien inférieure à des démons de son envergure. Sa force et son pouvoir lui provenait de son incroyable force physique et d’une lourde constitution. Mais venait contre balancer à cela un manque sérieux de compétence magique, il était assez limité en la matière, délaissant volontairement cet usage qu’il jugeait inutile. Mais du coup, si sa régénération n’était pas aidé, il lui fallait de longue journée, voir presque des semaines pour se remettre de blessure de cet ordre.

Heureusement, Quenäl, sa ravissante démone aux talents aussi diverses que prodigieux, c’était goulument appliquée à le remettre en forme. Sa récente défaite à Lacruze avait démontré au seigneur pourpre que Terra savait se montrer résistante et que la puissance des anges n’était pas à prendre à la légère. L’arrivé de sa petite démone avait donc été de bonne augure, elle qui était l’une des filles de Snema’Lorak Torkemada. Ce dernier n’étant autre que le gardien de la frontière entre leur dimension et les plans intermédiaires.
Afin de faire passer l’avant-garde de son immense armée, Arsl’ath Malk avait dû se prêter à un rituel complexe et couteux, avec bien sur l’impossibilité de retourner dans chez lui ou de faire affluer d’autre troupe. C’était un pari risqué qu’il avait fait. En effet les démons anciens de sa dimension étaient heureux de voir leur tyran partir, et il n’était pas étonnant que ceux-ci ne fassent que peu d’effort pour l’assister. Préférant le voir mourir seul sur Terra, créant une guerre entre ses différents lieutenants, plutôt que de le voir étendre son pouvoir et son royaume.

C’est là que Quenäl intervenait… son lien de parenté incestueux et malsain lui conférait le droit de passage illimité entre les diverses passerelles entre leur dimension et les plans intermédiaires. Aussi, elle avait plaidé chaleureusement la cause d’Arsl’ath Malk, réussissant à lui obtenir une sorte d’audience pour plaider en personne sa cause devant le conseil des anciens. Afin de voir si oui ou non, le démon majeur Arsl’ath Malk serait soutenu par ceux-ci. Mais pour se faire, le démon ancien exigea qu’on lui offre un de ces cadeaux de Terra qui faisaient tant fantasmer les leurs. Il avait exigé une humaine au cœur aussi noir que le sien, exigée qu’elle lui soit offerte et soumise, avec tout droit sur son corps, son esprit et son âme. Et seulement après cela, le seigneur pourpre aurait droit à son audience. Audience que tous savait illusoire et inutile… la position des anciens ne bougerait pas, et le vicieux Snema’Lorak Torkemada souhaitait juste pouvoir se vider dans une créature exotique.

Mais comme de bon démon qu’ils étaient, tous joueraient faussement naïvement le jeu. Cherchant tout de même tirer leur épingle du jeu, s’attendant au tournant et guettant la moindre faille pour se nuire. Et le seigneur pourpre n’était pas à plaindre dans ce registre-là. En effet, il disposait de Quenäl dans son camp, même si son père devait la soupçonner. Et surtout… il avait découvert une humaine au cœur particulièrement noir et douée d’une puissance non négligeable. Un cadeau empoisonné, comme il s’en faisait si souvent. Mais allié de Quenäl qui surveillerait qu’elle ne se fasse pas dévorer et pourvu d’un briefing détaillé et précis, elle serait parfaite afin de jouer un mauvais toujours au gardien de son monde.

Si ce plan fonctionnait, il aurait des conséquences terrible pour Terra et pour sa dimension… et un flux important de démon permettrait aux rangs du seigneur pourpre de gonflé considérablement. Voilà pourquoi tant d’agitation dans la montagne creuse. Il fallait faire de la place, et la fosse n’était pas capable d’accueillir ce qu’espérait le démon majeur. Aussi, avait il fait creuser de nombreuse autres grottes profondément enfoncé dans la terre ou dans les parois encore inexploitée. Ses démons restant étaient mis à la tâche, mais également de nombreuse esclave, femme et enfant confondu. Jusqu’à épuisement, enfermant ensuite les cadavres dans une autre grotte pour en faire des golems réanimés. Pas de gaspillage dans l’armée du puissant seigneur démoniaque.

Ses méphites avaient localisé l’emplacement exacte de la fameuse humaine… accompagnée de quelques démons, Quenäl s’en était allé la chercher. Usant d’abord de charme, puis éventuellement de force si la bougresse ne souhaitait pas la suivre de son plein gré.
Arsl’ath Malk l’attendait donc, assit sur son trône démoniaque… observant d’un œil fier et amusé le reste de son armée s'afférer à terminer l’aménagement des grottes. Bientôt, des milliers de démons enteraient ces lieux… et les nuits bien trop calmes se changeraient en récital de lamentation et d’horreur. Il lui faudrait plus d’esclave, car ses démons les usaient vite et ceux-ci périssaient de leur blessure. Plus d’esclave, plus de viande, plus d’arme… pour plus de destruction. Un frisson lui traversa l’échine.

« Le prochain sabbat est dans un mois, Salomée. La lune sera pleine. » grogne la louve géante, au pelage sombre. « Il te manque encore huit innocents à sacrifier. Je t'ai connu plus.... »

Nouveau grognement. L'immense canidé a broyé les derniers mots dans un bruit d’insatisfaction. La belle sorcière trône sur un siège en marbre fêlé, au centre de la plus grande pièce d'une forteresse abandonnée dont elle s'est faite la propriétaire. A ses pieds repose Yavana, esprit vengeur et démone.  Celle qui l'aura recueilli depuis sa fuite, enfant, l'aura nourri, vêtu et introduit aux vieilles sorcières égarées des landes dont les talents obscurs ont parfait l'éducation de la jeune fille.

«Cette foutue marque du dieu Vehk ne me laisse pas en paix, et je n'ai pas la tête à ces sacrifices ! Je suis esclave paraît-il ! » feule Salomée, furieuse.

L'animal-démon montre des dents, retrousse ses babines.

«Si les dieux se mêlent de nos plans... »

« Ils ne le feront pas. » tranche brusquement l'ensorceleuse. « Au prochain Sabbat, le sang de neuf innocent aura coulé. Je ne me désisterai pas. »

Rassurée par ce regain de détermination, la louve noire se redresse sur ses quatre gigantesques pattes et se hâte de quitter la citadelle creusée à même la montagne, pour aller délivrer le message aux communiantes de la prochaine messe noire.

Enfin seule, Salomée en profite pour soupirer son désarroi, réfugiant son front au creux de sa paume. Elle se sent terriblement isolée. Malgré les nombreuses soirées et journées qu'elle s'efforce de passer en compagnie de Vehk, à l'Oasis Viveci, elle passe la majeure partie de son temps dans ces landes dévastées ou à courir Nexus pour sélectionner les âmes innocentes. Toute sorcière qu'elle est, du sang humain coule dans ses veines et participe activement à révéler ses faiblesses : fatigue récurrente, maux de tête, limites physiologiques. La vieille Rose lui avait rendu visite l'autre jour, avec un panier de provisions, lui intimant de se nourrir. Tu n'es pas complètement démone, ma chérie, lui avait-elle dit maternelle, il te faut donc manger.

Soudain, dans ce palais lugubre aux nombreux courants d'air, elle distingue du bruit inhabituel. Alarmée, elle quitte son fauteuil pour parcourir l'ancienne salle des fêtes à la splendeur révolu. Au plafond, quelques vestiges d'une fresque aux couleurs jadis chatoyantes, et sur les murs des toiles de peintures déchirées qui représentaient -en une autre époque, des portraits royaux. Le talon de ses bottines résonne entre les colonnes de marbres à moitié effondrées.

C'est aux portes de l'ancienne armurerie, jouxtant la pièce des réjouissances, que Salomée croise Quenäl et son escorte. Figée de stupeur en les découvrant, la belle tarde à se ressaisir et souhaite tergiverser : Qui sont-ils ? Qu'ils sortent immédiatement. Non, elle n'est pas intéressée. Hélas, la démone, sachant le temps précieux et cette sorcière nécessaire, ordonne à ses sbires de l'attraper. Les questions seraient pour plus tard.

Ainsi débute le chemin vers Souffle-Mort. Périlleux certes, contraint également. La toute brune les accompagne sans un mot, encadrée de part et autre. On a lié ses poignets dans son dos avant de les attacher à l'aide d'une fine chaîne d'argent, au contact terriblement douloureux. C'est Quenäl qui tient la chaîne et impose le rythme, épuisant l'objet de sa mission.

Introduits dans le repaire de Malk, après une ascension vertigineuse et accablante (Quenäl n'a pas hésité à faire jeter les démons-soldats du haut de la falaise s'ils n'étaient pas promptes à libérer le passage). La belle est présentée au seigneur démoniaque encore dotée de ses liens. Décoiffée, mais conservant une tenue bien droite.

Une robe légère, au brocard léger et à la soie immaculée couvre délicatement son corps, libérant ses épaules menues et dessinant le haut de sa poitrine bien proportionné. La coupe de cet habit lui confère des airs angéliques, ainsi que sa chevelure charbonneuse traversée d'un diadème  modeste aux perles brillantes.

En tous les cas, Malk le Puissant était bien mal parti pour s'arroger les faveurs de l'enchanteresse. Kidnappée au sein de sa forteresse, traînée dans les landes dévastées sous les yeux de créatures qui la respectaient et la craignaient ! L'outrage est important et la fureur de la magicienne tenace à l'égard de celui qui dirige Souffle-Mort.

« Que me veux-tu, inconnu ? » demande-t-elle sur un ton exigeant, mettant l'emphase sur l'inconnu, espérant également frapper l'orgueil du démon soi-disant puissant, mais dont elle ignore le nom.

La rancoeur est perceptible. Quenäl tire sèchement sur les attaches argentées, pour lui remémorer sa place. Geignant de douleur, la brunette se mord la lèvre inférieure, brûlée par le métal sacré.

Un démon ne dispose pas de cœur, pas de poumon. Ou du moins pas anatomiquement similaire à l'homme. Ses organes fonctionnent différemment. De part sa nature éthéré et sa condition d'avatar.
Son souffle n'était dû qu'à une imitation grotesque du genre humain, afin de paraître plus détestable, plus cauchemardesque. Rapprochez vous de ceux que vous martyrisez et soyez le reflet le plus horrible de leur personne. C'est comme cela que naissait les monstres et les démons des histoires populaires. Ils se cachaient bien souvent dans les faits d'un homme. Ce n'était pas pour rien d'ailleurs que le démon pactisait bien souvent avec ce dernier, bien informé de ce mauvais fond si aisément exploitable. La jeune femme au regard plein de rancœur en face de lui en était un exemple frappant.
Salomée, sorcière impressionnante qui se révélait être bien plus démone qu'il n'y paraissait. Arsl'ath Malk avait passé de longue heure à l'observer par le biais de ses méphites. Estimant ses capacités, analysant ses réactions, estimant de son intérêt dans le plan qu'il tissait. En un mot : Parfaite !

Le seigneur pourpre respirait lentement, de façon sinistre. Une inspiration lourde et raque, un souffle évoquant le sifflement d'un reptile gigantesque. Sa cage thoracique imposante se soulevait lentement.
Un large sourire carnassier ornait son visage diabolique. Il était accoudé sur son siège et reposait son menton sur son poing.
Mais son visage amusé se transforma vite en une grimace désagréable. Il releva son autre main, lançant un regard autoritaire vers Quenäl. Ses yeux dorées auraient craché des flammes tant ils semblaient luire dans cette obscurité.

- Doucement... ne me l'abime pas ! Pas encore...

Il releva sa tête et la cala dans le fond de son siège, écartant un peu plus les jambes, allongeant ses bras sur les accoudoir de pierre.
Il fit un petit signe à Quenäl qui se recula immédiatement, lâchant la chaîne pour marcher d'un pas chaloupé vers son maître. Arrivé à sa hauteur elle se tourna vers la prisonnière et lui fit un petit clin d’œil avant de s'assoir entre ses jambes comme une bimbo d'héroic-fantasy des années 80.
Arsl'ath Malk gonfla son torse, remplissant ses poumons d'air avant de souffler dans la direction de la sorcière. Un souffle chaud, à la limite du brulant, glissa sur la peau de la jeune femme. Ce souffle n'était que comme un fort courrant d'air, faisant envoler sa robe et ses cheveux mais ne causant aucun autre désagrément sur son corps ou ce qu'elle portait. Mises à part ses chaines et ses liens qui s'embrassèrent et disparurent instantanément.
Il lui sourit alors qu'une épaisse fumée finissait de s'échapper d'entre ses crocs.

-Moi je te connais Salomée ! Je connais ton pouvoir, je connais ton ambition... j'ai besoin de l'un et peu t'apporter l'autre !

Il se tut pour tendre sa main dans la vide, paume vers le ciel. Un petit pouf caractéristique et un nuage de fumé précédèrent un petit diablotin gris, un méphite. La petite créature se mit à sautiller, glissant avec une habilité déconcertante le long du bras de son maître pour sauter sur son genoux puis au sol. Il se rapprocha timidement jusqu'à ce que leur regard se croisèrent. A cet instant précis, le méphite se laissa tomber sur ses fesses et une étonnante magie envahie l'esprit de Salomée. L'esprit de la créature et de la sorcière communiait, elle pouvait voir en lui comme dans un livre ouvert, apercevant des images, écoutant des sons, ressentant des atmosphère minutieusement choisi par le petit démon.
Elle pu apercevoir la neuvième dimension du deuxième écho universel, plan infernal du seigneur pourpre et de nombreux autres démon qu'il finit par abattre ou à soumettre à son autorité. Elle pu dont observer de longue secondes ces landes de braises, de cendre et de mort. Rempli de démon plus horrible les uns que les autres. Se disputant ou copulant sans vergogne... puis la vision se stoppa. Bref et très ciblé, elle permit juste de remette les choses en place, de placé un contexte pour la présentation.

- Je suis Arsl'ath Malk, puissant seigneur pourpre de la neuvième dimension du deuxième écho universel ! Ces légions que tu as pu apercevoir son mienne et ce plan est mon royaume. Je suis venu sur Terra avec l'intention de conquérir, de détruire... mais pour cela, j'ai besoin de toi !

Il se pencha vers l'avant, posant une main sur un accoudoir et un avant bras sur son genou... lui souriant de toute ses dents.

- Serais tu enclin à pactiser avec un démon majeur ? Faisant fit de ta rancœur ou de la haine que tu peux me porter... je ne te demande pas de m'aimer ou de me servir ! Juste d'échanger certain de tes dons, contre une puissance que nul autre ne t'offrira...

La balle était dans le camp de la sorcière qui avait toute les options envisageables dans son camp... seule, face au seigneur pourpre et de Quenäl qui enroulait mollement ses bras autour du mollet de son maître.

La vision de Quënal rampant jusqu'aux pieds de son maître fit naître un profond dégoût chez Salomée. N'y avait-il rien de plus laid que la servitude, bien qu'elle soit inévitable pour les plus faibles. Face à Malk, la belle brune ne comptait néanmoins pas appartenir à cette catégorie : preuve étant qu'il quémandait son aide, son pouvoir pour conquérir Terra. Rien que ça, raille-t-elle en silence, un petit sourire en coin.

Cette assurance fut bientôt ébranlée par le souffle chaud du démon. Par réflexe, elle avait levé ses avant-bras en espérant épargner à son visage délicat la caresse rustre de ce soupire ardent. Elle sentait ses jupons battre autour de ses jambes galbées et sa coiffure se défaire à la merci de ce torrent venteux. Les yeux clos, la sorcière pouvait sentir ses poignets être libérés du joug des chaînes argentés. Stupéfaite, il fallait le reconnaître, par la puissance de la rafale, elle daigna lui accorder une pleine attention – le jaugeant d'un air assez méprisant.

Et pendant qu'il épiloguait, elle jugeait discrètement de l'endroit et de ses moindres recoins. Elle n'aurait jamais cru un instant que les landes dévastées pouvaient abriter une citadelle si vaste. Pourtant, cela ne l'étonnait pas : ces contrées étaient caractérisés par leur immensité, impossible à contrôler d'une seule main. Si Salomée avait connaissance de la Montagne et de la forêt avoisinante, elle ne s'était jamais aventurée au-delà, par inintérêt.

L'apparition du méphite bouleversa davantage ses esprits. La créature s'était montrée hésitante, approchant à pas timorés avant de réussir à croiser son regard lumineux. Toute une série d'images explosèrent dans la psyché de l'ensorceleuse qui découvrait avec horreur cette autre dimension, à l'animosité insoupçonnée. Des cohortes de démons répugnants, parés pour une guerre sanglante. Elle aurait apprécié se soustraire à ces visions imposées : du coït le plus brutal à la dispute létale, en passant par un brasier qui ne s'éteignait jamais. Mais le tout s'imposa encore quelques secondes devant ses yeux avant de disparaître. Immédiatement, elle braqua ses prunelles claires sur la silhouette démoniaque.

Après un long instant à l'admirer, aussi figée qu'une Vénus de marbre, la sorcière sourit

« J'accepte ton Pacte démon. A vrai dire, je désespérais de trouver un jour...un démon aussi  pertinent dans le choix de ses contrats. Tu sers le chaos et la désolation. Le vrai Mal. Aussi, ne puis-je qu'accepter d'appuyer tes desseins. » souffla-t-elle avec douceur et mélodie.

Elle vivait dans l'unique espoir de mettre un terme à Nexus, et l'armée Infernale ferait parfaitement l'affaire.

« J'ai cependant deux conditions de plus. Si tu les respectes, mes pouvoirs seront tiens tout de suite. Tu devras épargner la dictature d'Ashnard et toutes les sorcières que tes soldats rencontreront devront également être épargnées. »

Le clan avant tout. Nonobstant que le sorcières auraient tendance à servir Malk plutôt que le combattre, elle préférait que le tout soit clair. Les guerriers infernaux étaient si bêtes parfois, venant à s'entretuer pour un oui ou un non. Elle devait préserver l'intégrité de sa communauté malgré le péril qui s'annonçait aux portes de Terra. Quant à Ashnard, il y avait là-bas assez de guerres et de désolation pour que le seigneur de la Neuvième dimension daigne y perde son temps. Avec prudence, elle rajoute doucement :

« Mais tout le reste sera à toi. Tu pourras le sacrifier aux tranchants des armes de ton armée. J'y veillerai. »

C'était comme une promesse ou mieux une prophétie qu'elle avait prononcé avec sensualité afin de mieux marquer l'esprit de Malk d'une probable victoire. Puis, elle se mit à arpenter lentement la grande salle, s'arrêtant de temps à autre pour détailler un objet ou mirer par une étroite fenêtre.

« Dis-moi ce que je dois faire. Révèle-moi ton plan. Il n'ait rien de mauvais en ce monde que je ne puisse accomplir. »

Sans doute était-elle trop sûre d'elle ? Mais depuis son enfance, elle avait déjà tant et tant sacrifié au chaos et aux Enfers qu'elle se voyait mal démunie. Tous ces sacrifices, ignobles pour la plupart, qu'ils eût concerné son corps, son âme ou d'innocentes et moins innocentes victimes, avaient accru ses capacités.