Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Lorsqu'on est gentilhomme [Libre]

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Ozvello Di Luccio

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    Description
    Jeune homme de haute extraction (Castelquisianni), élégant dans ses manières. Richesse manifeste et étiquette respectée, malgré des habitudes de plus en plus mercenaires. Taille et carrure moyennes, souple.
    
    Bretteur et poète, gentilhomme en herbe, en perpétuelle quête de gloire.
    
    Porte une rapière en argent enchantée qui absorbe la magie, Caracole. La dite rapière est également douée de parole. Bottes de sept lieux aux pieds.

Lorsqu'on est gentilhomme [Libre]

vendredi 01 novembre 2013, 02:09:05

L'argent n'avait jamais été un problème pour Ozvello, et s'il avait été obligé de céder quelques uns de ses bijoux pour se constituer une bourse sûre, il ne le serait sans doute pas avant plusieurs années. Le bracelet qu'il portait au bras droit, seul, aurait suffi à le faire manger à la meilleure des auberges populaires pendant six bons mois. Pour autant, le spadassin ne se complaisait pas dans le luxe. Celui-ci avait déjà, de son point de vue, pris une bonne partie de sa vie, et s'il s'était extrait du cocon familial, ça n'était pas pour retomber dans la même oisiveté opulente. Caracole, du reste, ne l'aurait pas permis. L'intrépide rapière n'aurait jamais supporté de rester plus de quelques jours sans être dégainée, et le bretteur ne savait pas exactement dans quel état elle aurait été alors.

L'endroit qu'il avait choisi pour prendre son repas était ainsi une taverne assez modeste, nommée l'Ad Veniat. C'était une bâtisse assez imposante, mais à l'architecture simple et dépouillée, en bois brut. L'enseigne, peinte au-dessus d'une lourde porte en chêne alors entrouverte, consistait en une croix blanche surmontée d'un toit. Il se dégageait de l'unique salle à manger une odeur de bouillon qui constituait le menu principal. Pour un petit supplément, les clients avec les moyens pouvaient également ajouter à leur pitance quelques morceaux de porc d'une qualité convenable. De part son statut d'auberge intermédiaire, les gens fréquentant l'endroit étaient d'une grande diversité. Comme on pouvait s'y attendre, la plupart étaient cependant des voyageurs : marchands, mercenaires, coursiers y soupaient, le plus souvent dans le calme.

Le plus souvent seulement. Car à peine Ozvello fut-il entré, s'était-il assis sur un des gros tabourets jouxtant le comptoir, et avait-il reçu son assiette que la perspective d'un repas serein s'éloigna aussitôt. Le problème s'incarna en un homme assez corpulent, le corps recouvert d'une armure de cuir à l'air solide. L'homme d'armes, une pinte à la main, commença à détailler le castelquisian de haut en bas, fronçant plusieurs fois le nez. Son dégoût était manifeste, et peu subtil, il était de plus décidé à le manifester d'une manière évidente. En effet, après quelques secondes, il lança avec un air moqueur et d'une voix forte :

« Alors, comme ça les gosses prennent des armes ! Feraient-ils pas mieux de rester à téter le sein de leur mère ? »

Le regard du bretteur, sentant venir la pique, s'était déjà assombri. Les remarques concernant le style qu'il se donnait, malgré son jeune âge, n'étaient à vrai dire pas très rares, et à première vue, il n'était pas très impressionnant. Il était facile de songer qu'il n'était qu'un môme gâté sur lequel on pouvait faire passer sa mauvaise humeur sans grand frais, d'autant que son fleuret ressemblait davantage à une arme de parade qu'à un véritable outil de guerre. Il ne se démonta pas pour autant, et répondit sur le vif.

« Il y a des remarques qu'il n'est pas bon de faire lorsqu'on est gentilhomme. Votre mesquinerie ne vous fait pas honneur.
–Le sein de leur putain de mère. Les affaires doivent bien marcher, vu comme le marmot est sapé. »


D'un revers de main, Ozvello repoussa son dîner. Il en avait, de toute façon, bien trop envie. C'est tout juste s'il ne sentait pas Caracole vibrer d'impatience à son flanc. S'il restait coi, il était certain que l'épée allait prendre le relais, et ce serait alors une toute autre paires de manches. Heureusement, il n'avait pas à beaucoup se forcer. Il pivota sur son tabouret, et à son tour, observa un instant le provocateur.

« Considérez qu'ils craignent peut-être d'engraisser de trop de lait, et de devenir bouffis. Si bouffis que leur panse dépasse de leur cuirasse. Si bouffis que leur gros ventre leur impose de se redresser sur leurs jambes dodues pour que leur bras tout aussi obèse et maladroit parvienne seulement à saisir leur grog au comptoir. »

Le mercenaire grogna, et se leva. S'il était assurément presque aussi lourd que décrit, il était également très grand, devant atteindre sans mal les deux mètres. L'escrimeur eut le temps de glisser quelques mots avant que celui-ci s'emporte.

« J'ai le déplaisir de vous demander réparation. La courtoisie veut que je vous laisse le choix de la discipline… mais il me semble fort improbable que vous maîtrisiez la rixme. Un duel au premier sang, alors ? »

La main gantée du Castelquisian était à présent portée sur sa rapière. De fait, il n'y avait guère que deux manières élégantes de régler un conflit dans la principauté d'où il était originaire. Les duels à l'arme blanche étaient les plus communs, et les plus ressemblant à ce qu'on pouvait trouver ailleurs sur Terra, encore que leur issue soit rarement aussi sanglante que dans d'autres provinces. Une seconde discipline existait cependant : la rixme, une subtile joute verbale versifiée, où les deux adversaires s'infligent tour à tour des quatrains, jusqu'à ce que l'un tombe à court d'inspiration, ou s'avoue vaincu. Autant dire qu'il était vain d'espérer concourir d'une telle façon avec une telle brute.

« C'est pas comme ça que ça se passe chez-moi, le chiard » répondit le gros homme en attrapant la hache d'arme suspendue dans son dos.

Il n'en fallut pas plus pour qu'Ozvello, à son tour, se mette en garde.
« Modifié: vendredi 10 janvier 2014, 14:49:18 par Ozvello Di Luccio »
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Lucy

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Re : Lorsqu'on est gentilhomme [Libre]

Réponse 1 dimanche 23 février 2014, 01:34:26

Dans une auberge, Nexus.

Elle ne savait pas trop ce qu'elle faisait ici. Amélie, si. Elle avait senti quelqu'un comme elle. Ou quelque chose. Elle ne savait pas vraiment. En tout cas, cette personne ou cette chose attirait à elle la magie. Elle l'avait senti. Lucy n'y comprenait pas grand chose à la magie, et elle s'en satisfaisait bien. Elle savait juste qu'Amélie pouvait lancer des sorts qu'elle avait déjà vu. En effet, Amélie est une ESPer de la réplication. ESPer qui, après un accident magique, a perdu toute la magie de son corps, et était devenu un gouffre magique. Elle pouvait par simple contact transférer la magie d'une personne à elle-même et donc lancer des sorts à travers elle. De plus, depuis peu, elle avait créé de toutes pièces un bijoux qui stockait un peu de magie et était capable de régénérer celle-ci. Il s'agissait d'une sorte de diamant placé dans un pendentif en argent.

Les deux jeunes femmes avaient alors suivi un garçon certainement pas plus vieux qu'elles sur une cinquantaine de mètres, avant qu'il ne rentre dans une taverne massive. Pendant ce temps, Amélie avait déterminé qu'il ne s'agissait pas du garçon en lui-même qui disposait de ce pouvoir, mais d'un objet qu'il portait sur lui. Mais lequel ? La question restait entière. Elles le suivirent dans la taverne, et s'assirent à une table. Lorsqu'une serveuse vint pour demander si elles avaient besoin de quelque chose, Amélie demanda une limonade, tandis que Lucy commandait une bière. La Neko la fixa et lui dit d'un ton sans appel :

Non.
Quoi ?
Non.
Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
Non.

Le ton de la Neko était constant. Lucy savait bien qu'elle ne supportait pas l'alcool mais, d'habitude, elle ne disait rien. Ici cependant, elle ne voulait peut-être pas que cela finisse mal, et refusait catégoriquement qu'elle ingurgite le moindre centilitre de bière. La diconius soupira, puis se retourna vers la serveuse.

Deux limonades alors... 'chier ! finit-elle à l'attention d'Amélie qui s'était retournée vers le garçon.

Elle n'arrivait pas vraiment à savoir lequel de ses objets créait cette attirance magique. Elle avait vu que les bottes étaient chargées en magie, mais il ne s'agissait pas de ce qu'elle recherchait. Non, c'était... autre-chose.

Alors, comme ça les gosses prennent des armes ! Feraient-ils pas mieux de rester à téter le sein de leur mère ?

La réplique avait fusé, et elle était à l'attention du jeune homme qui captait déjà le regard d'Amélie. Celle-ci vit du coin de l’œil la personne qui l'avait provoqué. Il s'agissait d'un homme grand et gras, certainement un soldat ou un mercenaire au vu de l'impressionnante hache qu'il portait dans son dos. Un de ceux qui ne faisait pas dans la finesse, préférant la force brute à la dextérité.

Tiens, y'a de l'animation apparemment... fit Lucy pour elle-même, bien qu'Amélie entendit ce qu'elle avait marmonné. En effet, une dispute, voire un combat, semblaient inévitable. Le soldat possédait une hache, et l'homme une épée. Une épée... Attend voir... Oui, c'est ça ! Elle posa ses deux coudes sur la table, mis sa tête entre ses deux mains, doigts sur ses tempes, et se concentra. La diclonius jeta un regard dans sa direction, et elle reconnut la posture qu'elle utilisait lorsqu'elle se concentrait sur quelque chose ou quelqu'un. Elle avait trouvé sa cible ?

En tout cas, le jeune homme ne se laissait pas faire, et elle apprécia sa réponse, pleine de finesse. L'autre cependant était beaucoup plus gras, et voulait tout simplement le provoquer, chose qu'il réussit à faire puisque le jeune homme se retourna sur son tabouret et fixa le guerrier, tout en le provoquant à son tour :

Considérez qu'ils craignent peut-être d'engraisser de trop de lait, et de devenir bouffis. Si bouffis que leur panse dépasse de leur cuirasse. Si bouffis que leur gros ventre leur impose de se redresser sur leurs jambes dodues pour que leur bras tout aussi obèse et maladroit parvienne seulement à saisir leur grog au comptoir.

La mutante laissa échapper un discret sifflement qui ne fit entendu que d'Amélie, qui semblait sortir de sa transe.

Son épée.
Hein ? De quoi son épée ?
C'est son épée qui créé cette attraction magique. Il faut absolument que je parle à cet homme !
Ben... Là, pour l'instant, ça risque d'être compliqué.
Ce n'est pas un problème... répondit-elle en tenant son bijou devant elle.
C'est pas comme ça que ça se passe chez-moi, le chiard !

Les deux femmes se retournèrent vers les belligérants. Lucy était franc énervée contre cet homme qui provoquait sans raisons apparente le premier adolescent qui passait par là.

Oh, je vais me le faire ! fit-elle d'un ton agacé.
Attend Lucy, ne fais...

Mais il était trop tard. Au beau milieu de sa phrase, Lucy avait disparu.

...pas de bêtises... finit Amélie pour elle-même, dépitée.

Utilisant ses vecteurs, Lucy s'était lancée à très grande vitesse vers cet homme qui sortait sa hache de combat. Elle avait rebondi contre le plafond et avait atterri juste derrière lui, si rapidement qu'on aurait pu croire qu'elle s'était téléportée. L'homme en question la dominait de deux têtes et d'une centaine de kilos, mais elle ne se sentait pas en danger. Avec un de ses bras invisible, elle tapota son épaule tout en lâchant un Eh, gros tas ! assez fort.
Hein ? fit-il en se retournant. Il se prit alors un coup de poing invisible dans le nez, cassant celui-ci dans un bruit immonde de cartilage. Déstabilisé, l'homme recula. Voulu reculer. Tomba à cause d'un obstacle invisible entravant ses mouvements. Il fit un bruit sec lorsqu'il toucha le sol. Ses vecteurs empêchant l'homme de bouger ses membres, Lucy avança au niveau de sa tête et s'accroupit. Elle le regarda sans une once de pitié, prenant plaisir à voir son incompréhension se muer en fureur, puis en terreur lorsqu'il aperçut sa hache flotter à moins de trente centimètres de son cou, prête à le décapiter.

La prochaine fois que tu feras chier ton monde, assure-toi que je suis pas là. Compris ?

Sa voix était sèche et sans appel. L'homme n'y comprenait rien. D'où est-ce qu'elle sortait celle-là ? Et pourquoi elle en avait après lui ? Et comment elle faisait ça ? Il n'en savait rien, mais son instinct de préservation lui hurlait de ne surtout pas la provoquer, et de se barrer d'ici le plus vite possible. Il hocha la tête, et vit alors la hache fuser vers son cou. Il savait sa dernière seconde venue...

...lorsqu'il entendit un bruit de bois. La hache s'était plantée juste à coté de sa tête. Il regarda sa lame pendant une seconde, muet de terreur, avant de lâcher un cri de fillette, se lever précipitamment et courir vers la sortie, abandonnant son arme. Lucy n'essaya pas de le rattraper. Il avait eu son compte pour les dix prochaines années. Elle se releva et se retourna vers le jeune homme qui avait été témoin de la scène sans pouvoir en placer une.

Mon amie aimerait vous parler. Je vous paye un verre ? fit-elle en désignant Amélie de la tête. Cette dernière avait vu la scène de loin sans intervenir, l'air consternée.

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Ozvello Di Luccio

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Re : Lorsqu'on est gentilhomme [Libre]

Réponse 2 dimanche 23 février 2014, 14:11:32

Ce ne serait certainement pas la première fois qu'Ozvello aurait à mener un duel. Depuis ses plus jeunes années, comme tout fils de notable de Castelquisianni, il avait été formé à l'escrime. La pratique du combat singulier lui était particulièrement familière, et Caracole était une rapière d'exception, capable de corriger les défauts qui pouvaient demeurer dans son style déjà très technique. Bien sûr, les adversaires contre lesquels ils s'étaient entraînés n'étaient en général pas aussi massifs que celui qui se tenait en face de lui, et surtout, ils combattaient avec des armes plus homologuées que des outils de bûcheron revisités pour la guerre. Pourtant, le jeune homme se sentait très confiant : s'il ne lui serait sans doute pas possible de parer la hache, les mouvements de celle-ci seraient sans doute assez lents pour qu'il puisse s'y dérober. Du reste, il semblait entre plus difficile de contre un estoc avec son gros morceau d'acier que le contraire. Il allait pouvoir porter des assauts directs, potentiellement mortels dès les premières secondes.

Son épée à la main, il se préparait à cette perspective, analysant la posture de son opposant. Il n'avait en général pas pour devise d'attendre qu'on le frappe pour riposter, mais s'il attaquait le premier, il pourrait être accusé dans le cas où les choses tourneraient mal (par exemple si elles conduisaient au décès inopiné du colosse). Aussi avait-il décidé de laisser l'initiative. Le mercenaire semblait d'ailleurs décidé à la prendre, lorsqu'un appel, derrière lui, le fit brièvement se retourner. Ozvello, surpris par une manœuvre soudaine, dont il ne comprenait ni la finalité, ni n'en voyait l'initiateur, n'eut pour seule réaction que de se placer dans une position plus défensive, prêt à se protéger contre la menace invisible. L'adolescent se rendit cependant rapidement compte que la furie n'était pas dirigé contre lui. Non, la chose était bien pire que cela : on était en train de lui voler son duel.

« Hé ! » tenta-t-il te protester alors que le gros homme s'étalait sur le sol, sans que personne ne saisisse exactement pourquoi.

Hébété, et sans savoir vraiment comment réagir, il dut néanmoins laisser faire, spectateur passif de la violence qui se déchaînait devant lui.  Prendre le parti de son ancien adversaire lui traversa l'esprit, mais la fuite de ce dernier intervint trop vite pour qu'il ait le temps d'analyser la viabilité, et surtout l'honorabilité de l'action. Ce ne fut que lorsque tout fut terminé qu'il parvint à se représenter la responsable de tout cela. Ce n'était qu'une femme, pas très impressionnante, qui n'aurait peut-être pas attiré son regard sans ses cheveux rouges et surtout...

« Pourquoi le destin met-il toujours cette sorte de démon sur mon chemin ? » chuchota-t-il à l'adresse de Caracole.

Car en effet, la mystérieuse combattante portait deux cornes au sommet de son crâne, et ce n'était pas la première fois qu'Ozvello rencontrait un tel être. Sa route avait déjà croisé celle d'un fils de démon, en apparence inoffensif, qui était affligé des mêmes attributs impies. Caracole, à son égard, s'était montrée particulièrement hostile, comportement que l'escrimeur avait attribué à de vieilles guerres passées contre des légions démoniaques. Néanmoins, le jeune homme, lui, n'était pas particulièrement méfiant à ce sujet. Ce n'était pas la chose qui le dérangeait le plus.

Adoptant une expression plutôt vexée, il rengaina la rapière avec un geste ample. L'inconnue manifestait le désir de vouloir lui parler... et en conséquence, il accepta dans un premier temps de faire quelques pas pour rejoindre la table qu'elle lui indiquait. Il ne s'assit pas toutefois, et, plaçant une de ses mains gantées sur le bois, certain que son interlocutrice lui portait attention, il lança :

« Je ne saurais vous être reconnaissant de ce que vous avez fait là. Si l'évidence est que je lui réservais un sort analogue à celui que vous lui avez fait subir, la manière en cette matière est plus importante que l'objectif. Enfin ! Vous ne l'avez pas défait de manière honorable ! Que peut-il aller crier à présent ? Qu'Ozvello Di Luccio possède des complices qui frappent par derrière ! Si l'on peut se contenter d'une réputation de terreur, elle ne vaut rien à mes yeux si elle est entachée d'un soupçon de lâcheté ! »

Le bretteur soupira, et son visage se détendit, jusqu'à afficher un sourire légèrement contrarié. Ce n'est pas un procès qu'il aimait tenir, car il songea que l'intention initiale pouvait être bonne. Après tout, en apparence, il n'était jamais qu'un adolescent trop bien habillé, et tout juste armé.

« Je suppose que je ne peux pas davantage vous en tenir rigueur, cependant... Mais bon sang, m'avez-vous pris pour un faible ? C'est une erreur de me croire sans défense ! Une chance qu'elle n'ait pas tourné au tragique. »

La discussion pourrait peut-être passer à autre chose. Le jeune homme détailla la deuxième personne qui était attablée. C'était manifestement une terranide, de cette race qui, chez-lui, était presque toujours esclave, et assez méprisée. S'il n'était pas particulièrement défavorable à entretenir une conversation avec l'un d'entre-eux, la certitude enseignée, ancrée depuis l'enfance, que ceux-ci étaient inférieurs par nature aux humains planaient toujours sur son jugement.

« Pourrais-je savoir à qui j'ai le plaisir de m'adresser, et la raison pour laquelle vous souhaitiez m'entretenir ? »

Une démone et une hybride, deux femmes, plutôt jolies l'une et l'autre, dans leur genre particulier... un auditoire pareil n'aurait pas mis à l'aise beaucoup de castelquisians. Heureusement, Ozvello, lui, l'était facilement lorsqu'il s'agissait de discuter, et attendit patiemment sa réponse.
« Modifié: dimanche 23 février 2014, 16:51:48 par Ozvello Di Luccio »
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Lucy

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Re : Lorsqu'on est gentilhomme [Libre]

Réponse 3 dimanche 23 février 2014, 16:14:00

Lorsqu'il sortit l'arme de son fourreau, Amélie en avait eu le cœur net. C'était bien l'arme dont il s'agissait. Elle était entourée d'une aura très particulière et indétectable. Elle l'avait senti uniquement parce qu'elle était similaire à celle qui entourait l'ESPer. L'aura aspirant la magie. Elle regarda Lucy humilier le soldat qui avait défié le garçon, et le vit courir vers la sortie sans demander son reste, et sans même prendre le temps de ramasser son arme. Il avait certainement eu la peur de sa vie, et la Neko le comprenait bien. La mutante était effrayante lorsqu'on la voyait à l’œuvre. Et surtout, certainement le plus inquiétant, on ne la voyait pas venir. Elle était trop rapide, et ne sentait pas la magie.

Lucy entendit le jeune homme qui lui faisait face marmonner dans sa barbe, sans toutefois comprendre ce qu'il disait. Il semblait dépassé par les évènements. Mais son expression changea bien vite, et la diclonius le sentit vexé. Comme si on lui avait coupé l'herbe sous le pied. Il rengaina son épée, signe qu'il ne voulait pas continuer à se battre, même s'il semblait prêt à se défendre. La mutante n'avait strictement aucun a-priori sur une quelconque relation force/age, car la personne la plus dangereuse qu'elle ait jamais rencontré était une diclonius âgée d'à peine 8 ans, voire moins. Et elle n'avait strictement rien pu faire. Elle le guida donc vers la table où était Amélie, toujours assise regardant le duo s'approcher. Elle s'assit et invita le jeune homme à faire de même. Mais, préférant rester debout pour appuyer ses propos, il lança à Lucy :

Je ne saurais vous être reconnaissant de ce que vous avez fait là. Si l'évidence est que je lui réservais un sort analogue à celui que vous lui avait fait subir, la manière en cette matière est plus importante que l'objectif. Enfin ! Vous ne l'avez pas défait de manière honorable ! Que peut-il aller crier à présent ? Qu'Ozvello Di Luccio possède des complices qui frappent par derrière ! Si l'on peut se contenter d'une réputation de terreur, elle ne vaut rien à mes yeux si elle est entachée d'un soupçon de lâcheté !

Lucy la regarda, sans avoir tout compris, pendant bien deux secondes avant de lâcher un Quoi ? un peu contrarié. Qui était cet homme qui lui parlait d'honneur et de lâcheté ? Et de réputation ? Qui était-il ? Si Amélie n'avait pas eu besoin de lui parler, elle lui aurait déjà asséné ses quatre vérités à la gueule de cet homme qui croyait tout savoir et qui plaçait l'honneur avant la vie. Elle était un peu énervée contre celui qui pensait pouvoir lui apprendre les valeurs de la vie, et l'expression sur son visage le faisait bien sentir. D'ailleurs, il le remarqua certainement car l'expression de son visage se détendit ostensiblement. Il ajouta d'ailleurs :

Je suppose que je ne peux pas davantage vous en tenir rigueur, cependant... Mais bon sang, m'avez-vous pris pour un faible ? C'est une erreur de me croire sans défense ! Une chance qu'elle n'ait pas tourné au tragique.

Le... Prendre pour un faible ? Alors là, c'était la goutte qui faisait déborder le vase ! La diclonius faisait de gros efforts pour éviter de déverser sa bile sur cet homme suffisant. Sa respiration s'était faite plus lourde, plus bruyante. Ses yeux rouges crachaient la colère.

Amélie jeta un œil rapide du coté de son amie et vit qu'elle était sur le point d'exploser. Elle posa sa main sur celle de la mutante dans l'espoir de la calmer un peu, chose qui réussit à moitié. Au moins, elle la laisserait parler un peu avant. L'homme lui demanda son identité et la raison de cet entretient. Elle avait réfléchi un peu à l'approche qu'elle allait mettre en place, et s'était convaincue qu'une approche directe et franche serait certainement la plus productive et la plus honnête. C'est pourquoi elle se présenta :

Je m'appelle Amélie, et voici Lucy. En fait, il s'agit d'un sujet assez délicat à aborder, car il concerne des secrets que nous deux préférerions ne pas révéler, et j'aimerais que nous restions honnêtes les uns envers les autres...
Honnête ? la coupa Lucy. Ok, soyons honnête. Qui es-tu pour parler d'honneur ? Tu crois que la mort frappe à ta porte avant de te prendre ? Sous le coup de la colère, le vouvoiement qui était de mise était automatiquement passé au tutoiement. Tu aurais préféré qu'il sorte un flingue, ou alors qu'il te brûle sur place, sans même que tu puisses réagir ?
Lucy...
Et pourquoi tu parles de réputation ? Tu penses vraiment que c'est elle qui te sauvera la vie quand tu feras face à des personnes qui veulent ta mort ou, peut-être pire, te capturer et te torturer ? Non, c'est elle qui attirera tous les charognards de cette putain de terre à toi pour venir bouffer tes restes !

Lucy parlait de plus en plus fort et martelait ses mots, sans pitié. La Neko la regardait, un peu paniquée.

Lucy...

La concernée ignora les paroles de son amie, se levant pour donner plus de poids à ses paroles et pour se mettre au même niveau que son interlocuteur.

Et qui est-tu pour parler de lâcheté ? Tu crois vraiment que c'est le plus lâche qui perd un combat ? Que ceux qui m'ont enfermée pendant dix ans, sans que je puisse voir autre chose qu'un putain de fusil me tirer dessus toute la journée n'étaient pas des lâches ? Que j'aie été enchaînée à des tonnes de métal blindé était honorable ?
Lucy !

La Neko s'était levée à son tour, faisant crisser sa chaise sur les lattes du plancher. Elle serrait désormais la main de son amie assez fort, pour qu'elle n'ignore plus sa présence. Tous les regards étaient tournées vers eux trois. Il est vrai que l'une comme l'autre n'avaient pas été discrètes. Le silence était total dans la taverne. La diclonius resta ainsi quelques secondes, dévisageant l'homme, avant de brusquement dégager sa main de l'emprise de l'ESPer et se rasseoir. Les conversations reprirent dans la taverne. Amélie se rassit à son tour et lui dit calmement :

Comme je vous le disait, il s'agit d'un sujet délicat...

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Ozvello Di Luccio

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Re : Lorsqu'on est gentilhomme [Libre]

Réponse 4 dimanche 23 février 2014, 18:05:36

Si la conversation eut été plus posée, il aurait été probable qu'Ozvello s'assoie à la table de ses interlocuteurs pour la continuer, ainsi qu'il s'apprêtait à le faire. Cependant, les deux femmes semblaient d'humeur inégale. L'une souhaitait vraisemblablement renvoyer une impression de calme, même si sa tension était perceptible, encore qu'elle se confortait parfaitement aux usages. La seconde, en revanche, et c'était celle qui s'était battue, était visiblement d'un tempérament plus explosif, prompte à s'emporter. À moins que ce ne furent les paroles de l'adolescent qui, pour une raison qu'il ignorait, attisèrent une colère tonitruante.

Hélas, là où un homme plus avisé et plus serein que le bretteur aurait entendu la dimension personnelle qui pouvait se cacher derrière une telle réaction, lui n'était pas un fin psychologue. Plus encore, son caractère était tout aussi fougueux, et s'il n'avait pas la même agressivité, si sa volonté n'était souvent pas de briser ses adversaires, il réagissait toujours vivement à ce qu'il percevait comme étant des provocations. Les mots que venaient d'insulter celle que sa compère avait appelé Lucy étaient d'une importance capitale pour le castelquisian, comme d'ailleurs pour la plupart des castelquisians d’ascendance noble. En cela, ils constituaient un point tout aussi sensible que ceux qu'il avait pu heurter.

« Serais-je mesquin de relever qu'en plus des autres valeurs que vous méprisez, vous ignorez aussi celle de la politesse ? » fit-il sur un ton d'abord lent.

Ses sourcils se relevèrent à l'écoute du monologue de la fille rousse. Évidemment, il n'était guère habitué à ce qu'on le sermonne sur un ton aussi familier, et les éléments critiques qu'il aurait pu tenter de comprendre se transformèrent en une joute verbale aveugle. De son point de vue de gentilhomme bien élevé, il s'agissait là d'une agression en ordre, même si elle n'appelait pas à croiser le fer.

« Il ne me coûte rien d'affirmer de nouveau, si la chose doit vous paraître plus claire, qu'agresser un homme seul, de dos, au profit de la surprise et alors qu'il s'apprête à un autre affrontement est une vicissitude qui ne trouve comme seule justification que la protection des faibles. Faibles dont je ne suis pas, et quand bien même cet homme aurait été mage, ce dont je doute de tout mon être, il aurait encore été bien désavantagé face à moi. J'étais encore prêt à vous faire crédit pour la mauvaise estimation que vous auriez pu faire de mes aptitudes à assurer ma propre sécurité. Toutefois, je crois comprendre que la cause de ce méfait se trouve à un autre endroit de votre âme. »

La voix d'Ozvello s'était faite plus forte. Son phrasé était rapide, mais extrêmement travaillé ; il ne doublait ni n'accrochait sur aucune syllabe, car sa langue avait été tout aussi affûtée que sa lame par l'éducation qu'il avait reçu. Il était d'usage, à Castelquisianni, de s'affronter par les mots, et les nombreux cours de rhétoriques qui lui avaient été dispensés par les précepteurs engagés par sa famille avaient porté ses fruits. Peu nombreux étaient les rhéteur qui, même en le surpassant dans leur oraison, se trouvaient en mesure de l’impressionner suffisamment pour qu'il ne fasse pas usage d'un droit de réponse.

« Sachez mademoiselle qu'honneur et triomphe ne sont pas liés comme vous l'entendez. Bien souvent, la préservation de son honneur rend le triomphe moins aisé. Il existe mille façons, poisons et ruses pour se défaire d'un adversaire plus fort, et pourtant ! L'on ne devient pas héros en usant de ces artifices. L'héroïsme ne s'illustre pas ailleurs que dans la difficulté. Si respecter les règles est loin de garantir une victoire, le méfait de les enfreindre ne sera conséquent, et ce quelle que soit l'issue, qu'à l’opprobre et la honte. Sachez ainsi que je tiens plus à mon honneur qu'à ma vie : qu'à choisir entre une vie de couard et une mort honnête, même obscure, je ne souffrirai d'aucune hésitation. »

Il y avait d'autre part que Lucy utilisait des mots dont le bretteur n'avait jamais entendu jusqu'alors. Un tel vocabulaire n'existait pas dans les régions de Terra d'où il était originaire, et où les armes à feu, fonctionnant seulement grâce à une magie, étaient trop peu répandues pour qu'on leur ait trouvé des noms d'argot. Cela ne faisait qu'ajouter à la confusion qu'il pensait détecter dans le discours de son interlocutrice, et le confortait dans l'idée que son argumentaire était d'une clarté bien plus cinglante.

« L'existence, regrettable, sur cette terre, d'êtres sans honneur, ne dispense en rien de se comporter avec moins de respectabilité. Une turpitude ne saurait en justifier une autre, et, a fortiori, la mienne ou la votre. Quant à la réputation, elle suit presque toujours l'honneur, à l'exception des fois où règnent la fallace, la calomnie des trompeurs et des trompés. Une calomnie que vous n'avez hélas fait qu'alimenter. Je ne m'en inquiète pas cependant ! L'homme d'honneur finit toujours reconnu, car ses fautes imaginaires ne résistent pas aux épreuves de noblesse qu'il ne manquera jamais de rencontrer. Car l'honneur, mademoiselle, est le meilleur des chemins vers la vertu, et c'est là sans doute son plus grand mérite. »

L'adolescent était dans une position d'orateur inspiré, les bras décrivant parfois quelques courbes devant lui, sans trop d'excès, et finissant sur ses hanches. Il s'adressa enfin à la jeune terranide, qu'il avait jusque si bien ignoré qu'on aurait pu croire qu'il ne l'avait pas entendu.

« Recevez mes excuses de n'avoir aucun scrupule à m'avancer sur un terrain de vous considérez sensible. Cependant, si votre amie a du souffrir de crapuleries, alors elle devrait se réjouir qu'il subsiste encore des individus dont les actes sont dictés, autant qu'il leur est possible, par leur morale. Je renonce à lui demander réparation : en reniant les valeurs qui font les honnêtes hommes, son affront s'est porté bien davantage contre elle-même que contre moi. Je crains malheureusement de devoir prendre congé. La destinée vous soit favorable, et corrige les travers de son inexpérience. »

Il s'inclina respectueusement devant la jeune femme, puis tourna les talons. À sa taille, une voix métallique, plus basse et plus discrète ne prononça que quelques mots :

« Voilà un démon qui ne dissimule pas sa nature perverse sous des mièvreries comme celui avec lequel tu t'es lié d'amitié. Je les préfère ainsi, lorsqu'il n'y a plus aucun doute sur leur ignominie. »

Ozvello, dont l'avis différait en plusieurs points, se garda bien de répondre à son arme enchantée.
« Modifié: dimanche 23 février 2014, 18:32:08 par Ozvello Di Luccio »
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Lucy

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Re : Lorsqu'on est gentilhomme [Libre]

Réponse 5 dimanche 23 février 2014, 20:40:10

En sa qualité de diclonius, Lucy est une jeune femme très dangereuse. Elle peut tuer quelqu'un avant même qu'il s'aperçoive qu'il va mourir. Et elle l'a déjà fait à plusieurs reprises, lorsqu'elle était petite, pour pouvoir assurer sa survie. Enfin, sa pseudo-survie. En réalité, l'être au fond d'elle la manipulait déjà, essayait de la plier à ses quatre volontés, et y arrivait plutôt bien, jusqu'à ce qu'elle se fasse arrêter. Sans l'esprit de la diclonius, avertir quelqu'un de sa présence est la seule mise en garde dont il a besoin et, de toute manière, cela ne changerait strictement rien de le prévenir qu'un combat aura lieu, combat auquel il n'aura même pas la capacité de répliquer. Il suffisait d'à peine un centième de secondes à un des vecteurs de Lucy pour décapiter une personne, sans que celle-ci ne voit quoi que ce soit arriver, puisque ses vecteurs ne sont pas visibles, ou rien sentir puisqu'il n'y a pas de magie en elle. Il s'agit d'une extension psychique de son corps, rien d'autre.

L'homme parla de politesse. A vrai dire ni Amélie, ni Lucy, ne virent à quel endroit cette dernière avait pu manquer de politesse. Mais après tout, il semblait être un enfant de la noblesse aux codes stricts. Elle avait peut-être pu transgresser une de ses règles bien particulière et totalement inutile. Il continua :

Il ne me coûte rien d'affirmer de nouveau, si la chose doit vous paraître plus claire, qu'agresser un homme seul, de dos, au profit de la surprise et alors qu'il s'apprête à un autre affrontement est une vicissitude qui ne trouve comme seule justification que la protection des faibles.

S'ensuivit un long monologue qu'elles trouvèrent toutes les deux contre-productif. Amélie espérait juste qu'il accepte de partager des expériences très personnelles, et Lucy voulait simplement qu'il se taise. Mais, au lieu de cela, il enfonça encore le clou, allant jusqu'à lui demander d'être contente qu'il existe. Et puis quoi encore ? Les poules peuvent voler en criant "Maman" ? Quoi que, sur ce monde, c'était bien possible... La Neko avait seulement peur pour la vie de l'adolescent, qu'elle sentait se raccourcir au fil de ses répliques, toutes les plus venimeuses les unes que les autres, placées pour piquer la mutante aux endroits les plus sensibles de son cœur. En effet, Lucy avait bien envie de décapiter l'insolent sur-le-champ, mais elle ne le faisait pas. Par respect pour une ancienne promesse qu'elle avait déjà enfreint par nécessité. "Plus de bains de sang." En tout cas, plus de bains de sang inutiles. Et celui de cet homme n'était pas voulu.

Lorsqu'il eut fini son monologue, il se retourna vers l'ESPer.

Recevez mes excuses de n'avoir aucun scrupule à m'avancer sur un terrain de vous considérez sensible. Cependant, si votre amie a du souffrir de crapuleries, alors elle devrait se réjouir qu'il subsiste encore des individus dont les actes sont dictés, autant qu'il leur est possible, par leur morale. Je renonce à lui demander réparation : en reniant les valeurs qui font les honnêtes hommes, son affront s'est porté bien davantage contre elle-même que contre moi. Je crains malheureusement de devoir prendre congé. La destinée vous soit favorable, et corrige les travers de son inexpérience.

Il exécuta une pirouette avant de se retourner et de commencer à partir. Alors que Lucy écumait de rage, se disant qu'il avait franchement dépassé toutes les bornes possibles en parlant d'honnêtes hommes et d'inexpérience, Amélie sentait l'énergie magique autour de son arme frétiller. Il semblait que l'arme utilisait de la magie toute seule ! En analysant rapidement cette magie, elle s'aperçut qu'en réalité, l'arme parlait ! Elle parlait à son possesseur !!

Voilà un démon qui ne dissimule pas sa nature perverse sous des mièvreries comme celui avec lequel tu t'es lié d'amitié. Je les préfère ainsi, lorsqu'il n'y a plus aucun doute sur leur ignominie.

Un démon ? L'arme voyait Lucy comme un démon ? Non, elle n'en était pas un, même si elle venait d'élever dans les airs l'homme... Hein ? La diclonius était passée à l'action, agrippant le beau parleur par le col, le força à se retourner, et l'avait sur-élevé d'un bon mètre au-dessus du sol. Il ne pouvait plus bouger ses mains, ses pieds semblaient liés l'un à l'autre, et son épée était maintenue à son fourreau pour qu'elle ne bouge pas. Amélie lui avait dit qu'il s'agissait d'une arme magique. Elle se méfiait donc, préférant qu'elle reste en place au lieu qu'elle le décapite. L'épée aurait beau essayer de sortir, elle ne pourrait pas. Le quatrième vecteur de Lucy s'était entouré à lui au niveau de ses hanches pour le maintenir dans les airs. Elle le regardait méchamment. Sa colère s'était transformée en haine farouche, et il fallait qu'elle l'extériorise d'une manière ou d'une autre.

Expérience !?

Sa voix était forte. Elle lui hurlait presque dessus. Une nouvelle fois, le silence se fit dans la taverne, écoutant cet éclat de fureur.

Tu crois avoir plus d'expérience que moi parce que tu as plus de... D'"honneur" que moi ? Parce que tu es resté dans ton école puant la propreté et le savoir-vivre, à apprendre des principes à la con, alors que moi, on m'étudiait, on me torturait, sans que je puisse dormir tranquillement ? Sans que je puisse même rêver avoir une vie normale ?

Lucy n'en démordrait pas. Elle était résolue à montrer à cet insolent que son petit idéal ne fonctionnait pas dans la vie réelle. Et elle le secouait au fil de ses répliques, presque inconsciemment. Le pauvre homme était ballotté dans tous les sens.

Tu crois vraiment que tu es meilleur que moi tout simplement parce que tu suis des codes que je ne peux pas suivre ? Si j'avais juste voulu lui foutre une raclée, je... Je... Hein ?

Sa colère s'était dissipée d'un seul coup. Et pour cause ! une seconde plus tôt, elle se trouvait dans une taverne, en face d'un verre de limonade, à coté d'Amélie et en train de s'énerver contre cet adolescent, et soudainement, elle se trouvait dans une forêt ? De surprise, elle arrêta de le bousculer, et regarda tout autour d'elle, oubliant totalement sa présence. Ses pensées se tournèrent directement vers une personne.

Amélie ? Si c'est une blague, elle est pas drôle...

Mais non. Elle avait beau se tourner et regarder tout autour d'elle, aucune trace d'Amélie. Elle croisa à nouveau le regard du jeune homme qu'elle reposa à terre, murmurant un Désolée... discret. Elle ne savait pas du tout où elle se trouvait, et elle n'aimait pas du tout cette situation.

Tu... Tu saurais pas où on est par hasard ? lui demanda-t-elle à mi-voix, avant de se faire interrompre par un hurlement. La diclonius avait déjà entendu un pareil cri. Dans un documentaire animalier sur les loups.

Merde, on est pas seuls. Je crois que c'est le moment de prouver ta valeur.

Elle se mit dos à lui. Ainsi, ils pourraient couvrir des yeux la majorité du terrain. Elle ne savait pas si ils les avaient repérés, ni combien ils étaient, ni à quelle distance. Elle était juste prudente. Ce monde regorge de surprises pour les non-initiés comme elle.




l'aurais pas averti que j'étais juste derrière ! Et de toute façon, ça aurait strictement RIEN changé ! Là, tu es bien de face contre moi. Si je te décapitais maintenant, avant même que tu t'en rendes compte, ce serait une mort honorable pour toi ?

Amélie était horrifiée. Elle n'allait tout de même pas... D'une main, elle saisit son pendentif, regarda une nouvelle fois Lucy, et suspendit le sort qu'elle allait lui lancer. Même si son ton n'avait pas changé, les yeux de la diclonius s'étaient, durant cette dernière réplique, embués de larmes, et la tristesse prenait une part de plus en plus importante dans son visage, auparavant rongé par sa colère sans bornes. L'ESPer posa sa main sur le bras de son amie, qui la regarda dans les yeux avant de fondre en larmes. Elle posa son autre bras sur la table, mis sa tête au niveau de l'intérieur de son coude, et laissa couler ces larmes qui coulaient souvent lorsqu'elle repensait à ces années de torture et de conditionnement mental.

Encore maintenant, on me voit comme un monstre...

Amélie se leva et encercla la pleureuse de ses bras avant de lui chuchoter d'un ton qui se voulait rassurant :

Chut... Calme-toi... Tout va bien maintenant...

Cette dernière était très sensible à la douleur de son amie. Relevant les yeux, elle vit que le jeune homme était toujours maintenu dans les airs. Depuis la fin de la réplique de Lucy, il était immobile, forcé de regarder la scène. Amélie le regarda d'un air désolé avant de faire à son amie :

Par contre, si tu pouvais le lâcher, ce serait mieux...

Immédiatement, il tomba à terre, de nouveau libre de ses mouvements. Pour épargner la diclonius, et aussi pour éviter une autre engueulade qui pourrait cette fois-ci mal finir, Amélie l'envoya doucement au pays des songes tout en lui caressant les épaules. Elle fit alors le tour de la table et tendit la main au jeune homme qui était tombé à la renverse.

Je vous interdit de juger Lucy avant d'avoir vu ce qu'elle a vécu, lui fit-elle une fois relevé. Mais on verra ça plus tard, si vous le voulez bien. Elle dort là. Si vous voulez bien prendre place, j'aimerais maintenant vous parler de la raison pourquoi je voulais vous voir.

Ses yeux se fixèrent à nouveau sur l'épée qu'il portait.

J'ai des raisons de croire que votre épée et moi avons beaucoup de points en communs.

Elle lui laissa le temps d'assimiler ces informations en retournant s'asseoir.
« Modifié: lundi 24 février 2014, 22:42:28 par Lucy / Nyu »

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