Entretiens avec l'empereur.[Mordret]

Les couinement et les gémissement de l'abomination s'évanouirent bien vite dans le bruit du vent qui balayait cet espèce de plaine aride, presque un désert. Des étendues à priori infinie de terres infertiles, désolées, où la seule trace qu'avait laissé Mère Nature était des souches d'arbres mort.

Plus loin, un espèce d'amas mouvant pouvait se voir. A travers cet espèce de brouillard de terre et de poussière, des ombres, des silhouettes se formaient. Mais Minawa apprendrait bien vite qu'elle devrait courir au plus vite, car elle reconnut une voix de femme bien familière...

" La voilà ! La laissez pas s'enfuir ! "

Aussitôt, trois silhouettes massives s'étaient mises à galoper, étrangement semblable à des... Loups-garous. Trois de ces monstres s'étaient mis a poursuivre la diplomate, tandis que plus loin derrière, une petite troupe suivait leur traces en courant, le bruit de l'entrechoquement des plaques de métal était autant plus stressant que celui du galop des abominations à quatre pattes. En étais-ce déjà fini pour elle ?

Il y a des fois ou on doit reconnaître qu'on a de la chance, une chance incroyable même insolente. Et que les astres vous sourient d'une façon insolente ces derniers temps. Mais quand on se rendait compte que toute cette chance n'avait servi a rien et que plutôt qu'un arrivaient trois loup garous suivits par une troupe de gardes d'Ashnard. On finissait rapidement par perdre tout espoir. Minawa lança des regards hagards autour d'elle dans le but de trouver un moyen de s'échapper. Bien sur pour l'instant les loups n'étaient que des nuages de poussière a l'horizon, mais aucun doute là dessus...Ils n'allaient pas tarder a arriver vers elle...Mais il n'y avait rien a l'horizon mis a part des dunes arides et des souches d'arbre mort...

La voix de la garde qui l'avait aidée retentit dans ses oreilles et les dernières convictions de la petite volèrent en éclat alors que les troupes se rapprochaient d'elle...Elle n'arrivait pas a croire qu'elle l'aie trahie...N'était t'elle pas une femme elle aussi?N'aurait t'elle pas craint pour sa vie et son honneur a sa place?Au lieu de ça elle l'avait manipulée, et vendue a ses camarades ainsi qu'aux loups garous...C'était sa naïvetée qui l'avait conduit dans ce piege. C'était sa naïvetée qui l'avait conduit a mener cette mission diplomatique tout en pensant qu'elle serait reçue avec égard. Sa naïvetée qui l'avait faite violer par ce général repoussant...

Les jambes de la jeune fille tremblèrent mais se rafermirent d'un coup...Sur ses joues des larmes coulaient devant l'évidence de la futilité de sa fuite...Elle se sentait sangloter alors que les loups arrivaient vers elle...Dans sa main se trouvait encore l'épée pleine de sang. Elle la prit a deux mains et la brandit devant elle, serrant les dents...Un nouveau souffle se mit a résonner en elle...Un souffle de violence et de colère devant sa faiblesse, son impuissance...Elle ne voulait plus fuir...Elle allait se battre. Elle n'avait aucune chance de gagner...Mais tout plutôt que d'être prise sans aucune résistance.

Aux hurlement des loups garous elle répondit par un grand cri et a la surprise de tous chargea les monstres pour tenter d'aplatir le tranchant de sa lame dans le crâne d'un des loups

Ce furent les gardes les premiers surpris. Elle osait encore se débattre, alors que c'était totalement inutile ? Si cela pouvait soulager sa conscience, lorsqu'elle serait offerte comme jouet aux loups-garous...

Sortant alors leurs armes, les gardes se mirent aussi a charger, se précipitant vers la diplomate. Les loups-garous, eux, continuèrent leur charge, mais l'un d'eux la finit la tête fracassée, s'abattant sur le côté.

Aboyant, les monstres bondirent sur elle, en même temps. Toutes griffes dehors, prêts a s'en emparer.

Les gardes, tout derrière, sortaient déjà leurs filets. Ils voulaient la capturer vivante, car les vainqueurs de ce genre de chasse étaient souvent bien recompensés. Le dernier vainqueur était un paysan, et aujourd'hui c'était un riche noble. Comme quoi, le malheur des uns fait le bonheur des autres...

Minawa ne se serait jamais crue capable de faire du mal a une mouche. Mais quand le désespoir est grand on se sent pousser des ailes. Là, devant les gardes qui ne s'en rendaient surement pas compte, se trouvait l'ennemi le plus redoutable et le plus acharné qu'un gouvernement puisse rencontrer dans toute son histoire. Un ennemi qui renversait des trones et jettait a bas des siècles de dictature : Un humain qui n'avait plus rien a perdre. Bien sur, un seul et isolé était facilement maitrisable. Mais devant eux se trouvait le problème auquel Ashnard devrait faire face lorsqu'un jour le peuple en aura assez et se précipitera lui même sur les canons et les épées pour tuer le plus de gens possibles...Parce que quand on a touché le fond on a plus rien a perdre. Ce n'était pas grand chose, une épée de service de militaire, mais dans les mains de la jeune fille elle se transformait en hache de puissance, une arme dans laquelle on a une foi indestructrible et qui ne peut que s'abattre dans la chair de ses ennemis.

Minawa était l'incarnation même de ce désespoir plein de rage et de fougue en ce moment, chargeant les hordes de Mordret, seule, a moitiée nue couverte de boue et de sang, ses grands yeux bleux laissant couler de longues larmes qui néttoyaient ses joues de la crasse, sa bouche laissant passer un cri de guerre ressemblant plus a celui de la folie. Elle les chargeait sans peur. Elle avait déjà peur, elle savait déjà ce qui lui arriverait, ce qui allait être inéluctable pour elle. Minawa avait son arme en main et fonçait. Elle savait qu'elle n'avait aucune chance. Mais elle était prête a vendre chèrement son corps.

Arrivé a proximité elle abbatit son épée maladroitement sur le crâne d'un loup garou comme on abbat un maillet sur un pillon, le coup bien qu'il n'eut de force que l'élan que la jeune fille ait mis en frappant réussit son coup et éclata le loup a sa grande surprise. Elle n'eut malheureusement rien le temps de faire de plus, car un sur trois c'était bien, mais insuffisant, un coup de patte bien placée envoya l'épée voler loin d'elle et la fit tomber sur son arrière train.

Tout était fini.

Quelqu'un qui n'as rien à perdre... L'ennemi le plus dangereux du monde.

Frappés de stupeur, même la chef de troupe s'arrêta quelque secondes devant cela. Mais pas les loups-garous.

A leur grande suprise, la tête de l'un d'eux se fendit. La femme faisait preuve d'une force étonnante, et venait d'éliminer une de leur bête, alors qu'elle ne semblait être qu'une fragile jeune femme. Cette chasse l'avait mise à bout de nerfs, et il fallait s'y attendre. De toute manière, son destin était scellé dès le moment où elle avait pénétré dans les terres d'Ashnard.

Les gardes approchaient, alors qu'une des bêtes tombait lourdement au sol, répandant l'intérieur de son crâne sur la terre maudite. Un autre des loups-garous, lui, ne rata pas sa cible, et envoya Minawa valser directement au sol. Mais alors que celui-ci s'apprêtait déjà à en profiter, un des gardes se mit a souffler dans un sifflet, créant un bruit strident et insupportable. Les loups-garous, effrayés, s'enfuirent en courant. Une fois ceux-ci partis, deux membres de la garde se saisirent des bras de Minawa, et l'attachèrent comme une vulgaire charcuterie, avant de la prendre, la mettre sur leurs épaules et s'en aller.

" Et voilà, encore une affaire rondement menée. J'espère qu'on nous paiera bien cette fois. "

La voix féminine d'une traîtresse que Minawa ne pourrait probablement pas oublier se fit entendre...

La fin était proche...Minawa le savait, elle le savait depuis le début...Depuis son agression dans le chateau elle savait qu'elle était finie. Prise soudainement d'un éclair de lucidité elle s'apperçut que ses parents la considereraient comme morte, et que jamais, au grand jamais, elle ne pourra se marier...Cette fois c'était bien la fin... La fin de cette vie pour une vie d'esclavagisme au service du roi d'Ashnard...LEs loups garous bondissaient sur elle et celle ci poussa un hurlement de dépit en tentant de se recroqueviller

"Non!"

Mais ils furent alors repoussés par les siflements des gardes qui les éloignèrent...Pour eux c'était clair. La chasse était gardée, la chasse était finie. Et a Minawa d'être attrapée par la garde. Elle se débatit ocmme lele put, mais n'ayant plus que ses ongles et sa bouche pour lutter contre les armures en fer des deux hommes, elle fut rapidement saucisonnée et placée sur une épaule.

Minawa se mit a sanglotter...Elle avait causé beaucoup de trouble a Ashnard...Il était temps de payer...La voix de sa bienfaitrice résonna dans sa tête, elle leva les yeux vers elle et lui lança avec un regard mélé de colère et de chagrin

"Comment avez vous pu...Je croyais que vous étiez de mon coté!"

Cria t'elle, révélant "l'entente" qu'elle avait eu avec celle ci un peu plus tôt

Aucun des gardes ne réagissait, traînant bêtement Minawa, rigolant parfois, s'échangeant quelques commentaires sur leur traque. La femme garde, elle, rigola encore plus fort.

" Tu croyais ? Mais, ma pauvre chérie, si je t'avais attrapée directement, ca n'aurait pas été amusant du tout ! Mais on doit bien reconnaître quelque chose: tu as tenu beaucoup plus longtemps que ceux d'habitude. En moyenne, ils tiennent une heure ou deux... "

Elle sourit, mains dans le dos. Le voyage sembla durer une heure, avec pour seule distraction les blagues grivoises des deux gardes et leur rire gras, contrastant avec le silence de statue de la garde.

Retourné aux châteaux, ils arrivèrent dans la salle du trône, où le garde envoya aux pieds du roi d'Ashnard la jeune fille, encore ligotée.

[Garde]: " Seigneur, nous avons remporté la chasse. "

Silencieux, Mordret se leva, alors qu'un valet chargé d'un lourd sac le remit dans les mains du garde, et déjà les trois compère s'étaient mis à compter l'or à l'intérieur. Ils sortirent de la pièce, et l'histoire ne dit pas si les trois gardes se sont entretués pour récupérer tout l'or...

Quant à Minawa, son destin ne serait pas mieux. Soulevant sa future esclave par les cordes, il sourit d'un air carnassier en la tournant vers lui, et se passer la langue sur les lèvres.

" Parfait, parfait. Allez donc la préparer avec les autres, qu'elle se fasse déjà quelques amies... "

Il la jeta vers le valet qui tomba avec, et aussitôt deux gardes vinrent la prendre, laissant le valet se relever et descendre vers les caves. Là, elle pouvait dès à présent faire la connaissance de son nouvel habit de travail qu'elle avait déjà pu observer bien plus tôt lors du dîner, mais aussi celle de ses "congénères": beaucoups de femmes enfermées dans des cages, nourrie et blanchies certes, mais à quel prix...

Je regardais avec des yeux éfarés la femme, la complice qui m'avait vendue au détriment de mon propre honneur et de la solidaritée féminine aux crocs des loups garous.  Je sentit les larmes me monter aux yeux alors que je serrais les dents, mon regard se remplissant de râge et de colère...Mais il n'y avait plus d'alternative. Il n'y en avait plus, j'avais perdu, perdu contre Ashnard malgré ma volonté de m'en sortir et de survivre. J'avais fait de mon mieux, mais ça n'avais pas été assez...Et a présent j'était condamnée a ne plus jamais revoir Nexus libre. Car je savais que dès a présent j'allais devenir l'objet de Mordret et que je n'aurais alors plus aucune volonté propre...Quel montre pouvait faire ça a un être humain. Je pleurais en silence, les dents serrées et je ne tentait rien, je ne pouvais rien tenter. Car prise comme je l'était, même si par miracle j'arrivais a me défaire du premier garde, les deux autres me sauteraient dessus sans tarder. Car c'était ça la dictature d'Ashnard, c'était un endroit où les interêts valent plus que la mort d'un camarade au combat.

Je fus trainée devant le roi a nouveau et envoyée a ses pieds comme un vulgaire gibier de chasse, trophée de cette longue course poursuite. Je vis la récompense de mes raviseurs en argent que paya Mordret rubis sur l'ongle, Je fus alors soulevée au niveau de l'empereur maléfique et détournais le regard pour ne pas avoir a me plonger dans son visage lugubre et livide. Il me lança un regard lubrique avant de m'envoyer a des gardes, me déférant aux cuisines a présent que j'avais été prise. Là où les lambeaux éparses de mon innocence seraient déchiquetés par les chiens. Je fut trainée vers les profondeurs du chateau là où je ne pus que constater avec stupeur un affreux spectacle. Bien des jeunes filles étaient enfermées dans des cages, comme des oiseaux que l'empereur s'amenait a sortir de temps en temps. Des esclaves aux services des bonnes grâces d'Ashnard et aux quatres volontés de son empereur...C'était ce qui allait m'attendre. Rapidement je me retrouvais isolée avec un costume qui n'attendais que moi, comme taillé sur mesure, comme si on savait que j'allais être prise...Une de ces robes que portaient les domestiques dans les palais et qu'a présent j'allais devoir porter a mon tour. Et dire que j'avais toujours pris en pitié ces filles quand elle avait été noble et qu'a présent j'allais en devenir une...Ca servait a quoi d'avoir été aussi gentilles avec elles?

Je passais les seuls vetements qu'on me donna, toujours préférables a ma petite tenue...la piece était vide et souteraine, je pouvais m'y enfermer mais combien de temps y resterais je?Bien peu...

je finis par sortir timidement de la porte et avancer vers mon destin

Mise en cage avec toutes les autres esclaves, elle pouvait dès à présent constater le désespoir et la colère marqué sur leurs visages. Toutes habillées de la même manières, un collier de métal rouge autour du cou, chacune était différente, chacune avait sa fonction, mais chacune n'étaient plus que des objets soumises aux volontés du roi d'Ashnard.

Mais visiblement, elles n'étaient pas que vouées au roi: certaines portaient les stigmates de violence des gardes, comme des coups ou des bleus, ou alors des créatures: certaines étaient même borgne, voire même unijambiste pour l'une des esclaves.

D'ailleurs, l'une d'elle, ayant un patch sur l'oeil droit, dévisagea fixement la nouvelle arrivée. Assise sur ses mollet sur la pierre froide, elle semblait être la plus solide et la moins démoralisée de toute, ses cheveux noirs de jais tombant dans son dos, et son visage reflétant une serenité imperturbable.

" C'est toi qui as provoqué tout ce raffut ? Ils ont pas arrêtés de s'agiter aujourd'hui, c'était intenable dans les cuisines avec leurs allées et venues en trombe. Enfin, je suis triste de te voir parmi nous. Ne le prends pas mal, mais je sais que tu comprendras de quoi je parle. Vu que tu es nouvelle, autant te le dire: la solidarité n'est pas vraiment de mise chez nous, n'importe qui vendrait sa collègue pour être un peu mieux traitée. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde, bien sûr, il suffit de trouver la bonne personne. Je me nomme Tibura. "

Je fut conduite alors a ma cage où j'allais surement croupir le reste de ma vie, la plupart des servantes ici étaient mutilées, estropiées, et celles qui n'étaient plus bonnes a rien étaient livrées en pature a des monstres...Je descendait de ma petite cage dorée pour contempler pour la première fois la dure réalité de la vie. Fini les cacahuettes épluchées. A présent seul le travail a la dure m'attendait. Persuadée que je n'arriverais pas a m'adapter je m'accrochait a ma volonté de pouvoir peut être un jour m'en sortir, bien que je n'aurais surement pas la tête haute, mais pas les pieds devant. Les gardes me conduirent a celle qui allait être reponsable de ma tenue pour les jours a venir...Une servante encore dans la fleur de l'âge et qui semblait rester un roc de stabilité dans ce chaos total. Elle se présenta et j'hochait la tête simplement pour ne pas lui manquer de respect. Persuadée que chacun voulait ma mort dans ce chateau...Mais l'acceuil fut finalement beaucoup plus bon que ce que je pensas et regardant la jeune femme je me demandais tout un tas de question sur elle que je n'osait pas poser.

Quand elle me demanda si j'était la cause de tout ce raffut je détournais le regard. Encore humiliée par cet accoutrement, je fut néanmoins ravie de voir qu'elle me soutenais et d'avoir eu la chance de trouver peut être une amie dans cette solitude me remonta légèrement le moral

"Minawa, Minawa Shoji...Ravie de vous rencontrer Tibura."

Ma voix avait encore l'empreinte d'une éducation de celle donnée a la noblesse et celà se sentait clairement...Calme toi Minawa, tu n'a pas encore été prise a nouveau...Pas encore...Ce n'est pas le moment de paniquer

"J'espère que nous pourrons être amies, alors."

Demandais je du bout des lèvres...Relevant les yeux vers Tibura. Qui était t'elle?Comment avait t'elle atteri là?Comment son oeil avait t'il été crevé?Tant de question se précipitaient dans ma tête...Mais une seule restait pour le moment

"Q...Que vais je devenir?"

Fis je en tremblant, essayant de demeurer forte malgré la pression

A la question de Minawa, elle dirigea son unique oeil sur le visage encore traumatisé de la jeune femme. Toujours aussi stoïque et insondable, elle prit une inspiration, avant de parler, en fixant droit devant elle cette fois.

" Tu connais déjà la réponse. La seule chose que tu ne connais pas, c'est l'enfer que tu vivras ici et ta future assignation. La seule chose que je te souhaite, c'est de ne pas être dans le service des soins des créatures. Celles qui ne sont pas mortes... Et bien... Tu peux voir le résultat par toi même. "

Elle leva mollement le bras en direction de la femme unijambiste, ayant pour seule consolation un bâton fixé a son moignon.

" Avec de la chance, tu sera au service d'entretien ou aux cuisines. On n'y vit pas trop mal. Enfin, moins pire que certaines autres besognes. "

Elle joignit les mains sur ses genoux, comme une prêtresse, et elle se mit à réciter des prières tout bas. Elle avait appris à présent une nouvelle chose sur Tibura: cette dernière était croyante, probablement une prêtresse ou une nonne qui s'est faite capturer.

" Dans tous les cas, surveille toujours tes arrières. Ne laisses pas les autres trop s'approcher de toi, elles risquent de retourner tout ça contre toi. "

Dans les couloirs, au milieu des plaintes et des gémissements, des pas de gardes résonnaient.

Je baissait les yeux vers les journées d'horreurs interminables qui allait m'attendre ici...Mais que pouvais je faire pour y échapper?J'avais eu ma chance, comme toutes ces filles, j'allais être condamnée par la loi d'Ashnard a servir ce roi dégoutant jusqu'a ma mort, aussi horrible soit t'elle, au moins j'avais la consolation qu'elle viendrais me prendre vite et ne me ferais pas attendre...Le désespoir avait déjà gagné du terrain dans mon coeur, en fait...Depuis ce moment où j'avais senti le corps du général de Mordret entrer dans le mien, j'avais su que rien ne serais jamais pareil...Je regardais la jeune femme estropiée et sentit un haut le coeur venir...Elle m'annonça que c'était là qu'était le pire endroit, je demandais

"C'est là que vous avez..."

Commençais je avant de m'interrompre, la question était venue toute seule, a propos de son oeil, je la retint, il eut été inconvenable de la poser...Elle se mit alors a prier. Je m'accroupis et demandait a la jeune femme

"Puis je prier avec vous?"

Je m'asseyait a coté d'elle et joignait les mains...Mes yeux laissant tomber de longs flots de larmes, je repensais a mon ancienne vie, le chateau de nexus, mes parents que je ne reverais jamais. Je me mit a sanglotter, prise de spasmes de tristesse alors que mes pensées étaient orientées vers les dieux...Pourquoi, pourquoi un sort aussi cruel pour votre servante qui n'a fait que vous honnorer?Alors que je continuait a prier les gardes finirent par faire irruption dans la salle...

Elle continua de prier, imperturbable, yeux fermés, sa bouche bougeant en fonction des prières adressées à l'égard des dieux. Celles-ci terminées, elle ouvrit son unique oeil valide, et fixa Minawa sans bouger de la tête.

" Prier ici ne te servira à rien, les dieux ont abandonné cet endroit. Moi, je ne fais que simplement leur rendre hommage car c'est un devoir dans lequel je m'y suis entreprise d'accomplir toute ma vie. Je ne fais que sauver mon âme lorsque je serai enfin libérée. "

Elle avait bien compris l'intention de la question inachevée de Minawa, et n'y pas répondu: elle avait préféré faire semblant de ne pas avoir compris.

Entendant les gardes arriver, elle resta là, imperturbable, et elle s'exclama:

" C'est déjà l'heure ? "

[Garde]: "Bouges toi."

" Vous ne perdez pas votre temps. Ils sont si énervés que ça ? "

[Garde]: "Ta gueule et suis moi."

Elle se leva, toujours aussi stoïque, et adressa ces dernières paroles à Minawa, avant qu'un espèce de laser rouge relie le poignet du garde au collier autour du cou de Tibura:

" Au revoir. Tu ne me verras probablement pas ici ce soir, je finirai sûrement aux hachoirs, ou je reviendrai, mais ce sera pire. J'espère que ta souffrance sera courte, Minawa. Car c'est le début qui est toujours le pire. "

Elle s'avança, suivant le garde, tandis que le deuxième s'avança plutôt vers Minawa.

" Toi, tu va me suivre. "

Il flanqua un collier identique à celui de Tibura autour du cou de Minawa, et aussitôt le laser rouge apparut, lié au poignet du garde. Il tira avec son bras, comme une corde, et fit avancer de force la nouvelle esclave, la conduisant vers un espèce de salon, situé dans les étages supérieurs du palais. Assez petit, il présentait quelques divans et fauteuils, probablement réservé aux réceptions.

" Pour l'instant, tu sera assignée à l'accueil des invités d'Ashnard, si notre Roi n'en décide pas autrement. Il sera bientôt là. "

Et le garde s'en alla, fermant à clef la porte, comme toute les autres.

A peine trouvée déjà perdue. je ne pouvais que regarder avec impuissance partir la seule amie que j'avais eu et que je n'aurais peut être jamais. La seule assez bonne pour me prodiguer quelques conseils de part son experience. Mais les coeurs intacts, forts ou purs ne demeurent pas longtemps dans cette prison de folie et ça Ashnard l'avait bien compris. Les gardes l'emportèrent, et peut être ne la reverais je jamais, dans ce cas là jamais je ne saurais la vérité a propos des traitements des esclaves...Car je suspectait déjà les autres filles de m'utiliser....Candide comme je suis, j'allais sans nulle doute finir comme une cible pour celles ci...

Je la regardait partir et me prodiguer ses derniers conseils, j'essayait de tendre la main dans un geste inespéré pour la retenir, mais déjà des dizaines de mètres nous séparaient l'une de l'autre, et je regardait Tibura marcher tranquillement vers la mort, comme une délivrance...Se joignit a nouveau les mains et me mit a prier, cette fois pas pour moi en égoiste que j'était, mais pour le salut de Tibura et pour, si jamais elle venait a mourir, que son âme rejoigne le paradis. Je n'eut pas l'occasion de finir ma prière que je fut trainée sur le sol par un soldat qui me traina sans vergogne.

On me mit un collier autour du cou et on me traina a travers les couloirs comme on traine un vulgaire chien en laisse avant que le garde ne m'abandonne dans une piece plutôt, luxueuse, un salon...Peut être allais je servir le thé, peut être serais ce mon seul usage. On m'annonça que mon rôle serait d'acceuillir les invités de roi et je soupirais d'aise. Ils n'avaient pas oublié mes talents de diplomate, et peut être est celà qui allait prévaloir, me dis je naïvement...Encore trop naïve...

Je me tournais vers le garde pour lui demander quelque chose mais il avait déjà refermé la clef...Me retrouvant seule dans la piece et ne sachant pas quoi faire...Je restait debout, ayant trop peur de m'asseoir et de me voir réprimender pour mon audace...Mes jambes me faisaient mal et flechissaient un peu, il fallait avouer qu'il y a une heure je marchait seule dans les landes, poursuivit par un pays entier et qu'il y a deux heures de ça un homme imposant volait mon innocence dans la salle des tortures du chateau...

Quelles horreurs m'attendaient après ça?

Un long moment passa, sans qu'elle n'ose se reposer. Elle aurait dû, car ce qui l'attendait serait éprouvant.

Ouvrant la porte doucement après avoir ouvert la serrure, le fameux Roi entra, sa carrure imposante remplissant l'encadrure de la porte, il la ferma et s'assit dans un divan, en fixant Minawa.

" M-mh. Comme c'est ironique: une diplomate de Nexus qui finit à présent comme mon objet. Je me tâte vraiment: que dirait Nexus si ils verraient leur diplomate finir comme jouet aux loups-garous ? Ce serait amusant, vous ne pensez pas ? "

Il éclata de rire, et fixa alors une grosse epée fixée au mur, avant de reporter son attention sur Minawa.

" Bon, nous n'allons pas perdre plus de temps. Vous allez me montrer ce que vous valez, comme vous l'avez montré à mon très cher général... "

Restant assis, jambes ouvertes, il dit d'un ton plus brutal

" J'attends. "