« Mesdames, nous espérons que vous avez fait un bon voyage. Vous pouvez apercevoir Caelestis, et nous arriverons dans moins de cinq minutes aux Quais aériens. La compagnie vous remercie de lui avoir accordé votre confiance pour ce vol, et nous espérons que vous passerez un agréable séjour à Caelestis. Pour éviter d’être trop secouées, nous vous invitons à rester assises dans vos sièges. C’était votre commandante de bord. »
L’arrogance des humains, du point de vue d’Ivy, ne connaissait aucune limite. C’était encore plus vrai sur certaines parties de Terra, notamment sur cette partie de Terra qui s’appelait Tekhos. Une immense ville futuriste, sombre et noire, polluante et affreuse, où tout sonnait faux. Les parcs de Tekhos, les arbres plantées le long des avenues, tout était une sinistre aberration envers la Nature, une provocation intolérable, qui rappelait à Ivy de quel monde elle venait. Poison Ivy continuait en effet à explorer Terra, soit par curiosité scientifique, soit pour y rechercher de quoi améliorer ses potions et ses bébés. Elle s’était naturellement rendue à Tekhos, haut lieu technologique, bien plus en avance que la Terre sur bien des points. Une forte discrimination y régnait à l’égard des hommes, ce qui laissait Ivy assez ironique. Malgré tous ses efforts pour rejeter la Nature, pour se prétendre supérieurs, pour la détruire, les humains restaient encore de stupides animaux, qui, comme tels, voyaient en les différences sexuelles des inégalités sociologiques. Les inégalités entre sexes existaient au sein de la Nature, du moins, si on voyait la faune. S’agissant de la flore, difficile de dire s’il existait des inégalités sexuelles entre un chêne et un pin, vu que la flore était asexuée. N’était-ce pas, en soi, le plus bel exemple de la supériorité intrinsèque de la flore sur les autres espèces ? Une création si parfaite de la Nature qu’elle n’attendait rien, et se contentait de s’épanouir.
Elle sortit de ses réflexions quand une hôtesse vint la voir. Un vol vers Caelestis, même pour une simple touriste, ce n’était pas donné, et Ivy ne courait pas sur l’or. Heureusement, elle disposait d’un pouvoir terrifiant, qui lui permettait aisément d’obtenir ce qu’elle voulait. Ses lèvres aphrodisiaques, et ses spores naturelles, qui répandaient ses phéromones dans l’air. L’hôtesse lui adressa un petit sourire poli. Ivy avait couché avec tout l’équipage, de la commandante jusqu’aux hôtesses, et avait obtenu un billet pour Caelestis. Voir un archipel volant, ce n’était pas donné à tout le monde !
Le vaisseau de transport, au design élégant, commença à décélérer en approchant de l’espèce de spatioport, dont les quais flottaient dans le vide. Ses moteurs arrières laissèrent place à des réacteurs dorsaux, provoquant des secousses, alors qu’il descendait dans un vrombissement étouffé par les épais murs de la navette.
« Vous verrez, lui confia la femme assise à côté d’elle, Caelestis est un endroit formidable…
- Je l’espère bien », répliqua Ivy.
La femme était assise à côté d’elle depuis le départ de Tekhos, et subissait l’influence des spores naturelles d’Ivy, influant progressivement sur son système nerveux. Écarlate, elle avait plusieurs fois du se rendre aux toilettes, probablement pour se caresser, et, à plusieurs reprises, ses mains manucurées s’étaient négligemment posées sur les jambes d’Ivy, s’approchant de son entre-jambes, mais elle n’avait pas cédé. Pas cette fois. Voir cette pauvre femme se démener était un petit plaisir.
Le vaisseau se posa en flottant dans les airs, le long d’un long quai, et une porte latérale s’ouvrit en coulissant. Un escalier s’était formé, menant sur le quai, une longue passerelle avec des garde-fous constitués d’une espèce de barrière magnétique. Ivy s’arrêta sur le quai, observant le vide. D’autres vaisseaux venaient et partaient, et des femmes marchaient. Il n’y avait que des femmes ici. Les femmes mariées avaient du laisser leurs maris, et même leurs progénitures masculines, n’emmenant que des filles émerveillées. Une telle discrimination laissait Ivy froide. Elle avait l’impression de voir des babouins jouer entre eux, mais elle devait reconnaître que Caelestis semblait ressembler à une espèce de paradis artificiel. Elle n’y voyait qu’une aberration humaine de plus, preuve du suprême orgueil de cette espèce, qui se prenait maintenant pour des Dieux en construisant des bâtiments dans le ciel.
Poison Ivy avança tranquillement, avec son déhanché sexy. Plusieurs gardes et femmes la regardèrent, tant pour son corps gracieux que pour ses spores, qui attiraient généralement l’attention. Elle aimait que ces larves l’observent, qu’ils voient ce qu’elle était vraiment, une femme supérieure. Elle remonta le quai vers des espèces de portiques où on contrôlait l’identité de chacun, tout en subissant un scanner. Ivy s’en approcha assez rapidement, n’aimant pas la queue, et présenta son billet devant une femme.
« Bienvenue à Caelestis, le Paradis de Terra ! » s’exclama, enjouée, la femme.
Elle tamponna le billet, et le lui rendit. Ivy le prit, et s’avança dans le portique, probablement pour vérifier qu’elle n’avait aucune arme. Elle imaginait des individus dans une obscure salle de sécurité, détaillant son corps, son ADN si unique, mais, fort heureusement, la porte de sortie s’ouvrit. Elle s’aventura sur une espèce de grande place refermée, avec des escaliers et des portes permettant de sortir, des hauts-parleurs, des affiches publicitaires holographiques, et des voix ici et là. Ivy tourna la tête, et c’est à ce moment que la situation se compliqua. Devant le portique de sécurité qu’elle venait de passer, une femme avec des cheveux sombres tendit sa main vers l’hôtesse, et envoya une langue de feu sur la femme.
« Mort à Tekhos ! Mort à Caelestis ! rugit la femme. Vos esclaves sont à Ashnard ! »
Se retournant, Ivy vit un groupe de plusieurs femmes, apparemment des ESPers, attaquer la foule.