Vos désirs sont des ordres, Maitresse... (mdr !) [PV : Quetzalcoatl]

Plusieurs années s'étaient écoulées depuis que le Djinn libre n'avait plus eu de "Maitre" ou de "Maitresse" à entourlouper. Akinator s'ennuyait fermement : le dernier était un natif d'un autre monde qui l'avait ramené sur Terra. Mais depuis qu'il avait exaucé ses trois voeux (et accessoirement lui avoir fait trois blagues), le Génie était maintenant seul et n'avait pas trouver d'autres naïfs à embobiner et à qui jouer des tours biscornus. Il fallait dire que le peu de spécimens qu'il avait croisé étaient bien spéciaux... Entre les créatures bizarres sans conscience qui n'agissaient qu'à l'instinct, les Terranides trop primitifs pour pouvoir avoir des souhaits et les Humaines psycho-rigides accrocs de technologies de Tekhos, la liste des pigeons potentiels était bien trop minces. Mais voila ! Si la Terre lui manquait, Akinator ne savait pas comment y retourner. Et là, pour la première fois de son existence, aussi loin que pouvait remonter sa mémoire, son pouvoir avait atteint une limite, une seule, mais non des moindres : il ne pouvait pas voyager entre les mondes...

Il se trouvait à l'orée d'une forêt, en quête d'une éventuelle victime quand il vit une  jeune femme aux cheveux verts au loin, tournée de dos. Il se transforma alors en abeille, gardant toutefois sa couleur bleue, et s'approcha d'elle discrètement pour aller la regarder. Elle était d'une grande beauté ! Il se dissimula derrière un arbre situé derrière elle et reprit sa véritable apparence, esquissant un sourire de garnement préparant un mauvais coup puis changea son visage sévère en un visage plus sympatique.

Une fois changé ainsi, il fit apparaitre son tapis volant et sa lampe. Il prit une poignée de terre pour la déposer sur des inscriptions gravées en arabe dessus, afin de les rendre illisibles (c'était un piège qui marchait presque à tout les coups), puis la posa sur le tapis et se dissimula dedans. Le tapis s'envola alors en silence et s'élèva au dessus des arbres, pour aller se mettre presque au dessus de la jeune femme avant de faire une vrille, faisant ainsi tomber la lampe à un mètre à peine d'elle. Le tapis disparut, mais la lampe en tombant heurta un arbre et nul doute que le bruit attirerai la demoiselle. Dans sa lampe, Akinator riait déjà intérieurement en posant sa main sur sa bouche, afin de ne pas faire de bruit, en pensant à toutes les blagues idiotes qu'il pourrait lui faire...

Terra et ses contrées boisées…Rien de tel pour se mettre un peu à l’écart de tout le monde. Seule, errante dans la forêt verdoyante, et sous sa forme de déesse bien sûr. Elle s’était éloignée de la populasse afin de reprendre des forces. Restée sous sa forme de rouquine lui demandait pas mal de pouvoir et comme il ne lui en restait peu…Je vous fais un dessin ?

Elle cherchait un endroit dans la forêt pour prendre un bain improvisé. Un point d’eau quelconque, un lac, un étang, une cascade…Qu’importe, du moment qu’elle pouvait y tremper son corps. Il faisait chaud et pesant, et se sentant suante, elle voulait se rafraîchir. Aucun bruit. Enfin si. On entendait les animaux et les bruits de la nature. Un petit courant d’air frais venait faire voler la chevelure plumeuse de Quetz’.

Mais sur son chemin, elle aperçut quelque chose tomber du ciel. Elle bondit d’un pas en arrière sur le coup de la surprise. Qu’est-ce que cela pouvait être. Prudente, elle s’avança doucement, tout en regardant autour d’elle et y compris au ciel. Elle ne voulait pas qu’un truc plus gros tombe sur sa trombine et l’assomme !

Arrivée enfin au lieu de chute, elle regarda au-dessus d’elle. Rien. Mais en posant son regard au sol, elle trouva un objet scintillant dans les hautes herbes. Pas très rassurée mais curieuse, elle attrapa l’objet en question : il s’agissait là d’une lampe à huile pas très propre. On pouvait y entrevoir sous la crasse des inscriptions en arabe mais que la jeune femme ne savait lire. De son avant-bras duveteux, elle frotta sur la lampe afin d’y déchiffrer l’origine de ce objet, ou quelque soit d’autre.

Alors que la futur victime des farces de notre Génie facétieux frottait la lampe, un petit tintement aux oreilles d'Akinator lui fit signe qu'il était donc temps d'apparaître. Une légère fumée bleue commençait à sortir du bec de la lampe, tandis que celle-ci se mit à briller d'un jaune doré intense et à vibrer, comme si elle allait exploser. La fumée bleue sortit alors très épaisse, tourbillonnant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, accompagné d'un cri de "douleur", avant de prendre la forme d'un être à l'allure débonnaire.

-- Whaaaaaaaaaaaaaaouh !!! Dix millénaires !!! Ca vous flanque un de ses torticolis...

Dit-le Génie en se frottant le cou. Puis son regard se posa sur la jeune femme -enfin, la Déesse, mais ça il ne pouvait le deviner, puisque la nature de leurs pouvoirs était trop différente pour qu'il puisse ressentir sa puissance- et il prit la "queue" de fumée remplaçant ses jambes dont le bout était transformé en jumelles de théâtre, transformant alors sa tête en parodie de dandy londonien.

-- Que vois-je ?

Dit-il, avec un accent imitant les nobles. Il reprit alors son aspect "normal" et s'agenouilla devant la demoiselle.

-- Merci de m'avoir libéré, Maitresse. Formulez trois souhaits et je les exaucerai pour vous.

Continua-t-il sur un ton très solennel. Il attendit alors de connaitre les souhaits de la demoiselle.

En frottant ainsi la lampe à huile, Quetzalcóatl pouvait lire les inscriptions arabes, mais ne savait pas les déchiffrer. Mais il ne fallut pas longtemps à la demoiselle verte pour découvrir le mystère de cette lampe. En effet, une épaisse fumée bleue sortit de la lampe, tournoyante, accompagnée d’un cri de douleur. La déesse laissa tomber la lampe au sol de surprise. Sur quoi était-elle encore tombée ?

-- Whaaaaaaaaaaaaaaouh !!! Dix millénaires !!! Ca vous flanque un de ses torticolis... Que vois-je ?

La créature bleue ne possédait pas de jambe, seulement une fumée épaisse en guise de membres inférieurs. Il regardait la femme de bas en haut, sans réellement se soucier qui il avait en face de lui. Terra était peuplée de biens drôles créatures, et ainsi sous sa forme divine, Quetz’ passait en quelque sorte « inaperçue ».

-- Merci de m'avoir libéré, Maitresse. Formulez trois souhaits et je les exaucerai pour vous.

La jeune femme, surprise par la réaction de la créature, gesticulait. Affolée, elle lui faisait signe de se relever. Elle n’aimait pas que l’on s’incline devant elle, ne le méritant plus depuis des siècles. Un peu calmée, elle s’abaissa pour ramasser la lampe qu’elle avait fait tomber quelques minutes auparavant. Se redressant doucement, elle questionna cet homme sans jambe.

- Qui êtes-vous ? Ou plutôt, qu’êtes-vous ?

Elle n’avait jamais vu un génie dans sa vie d’immortelle, alors elle ne pouvait deviner qu’elle en avait un joli spécimen devant elle.

- Je ne suis pas votre maîtresse. Vous vous trompez de personne.

Et puis, c’était quoi aussi cette histoire de vœux ? C’est quoi ce bordel ?

La jeune femme gesticulait, faisant sourire intérieurement Akinator. Le Djinn se disait en son for intérieur que cette nouvelle victime était très prometteuse, et lui garantirait de bons éclats de rire. Il se releva donc lentement, l'observant en train de ramasser la lampe.

-- Qui êtes-vous ? Ou plutôt, qu’êtes-vous ?
-- Je me nomme Akinator et je suis le Génie de la Lampe Magique que vous tenez dans vos mains, Maitresse.
-- Je ne suis pas votre maîtresse. Vous vous trompez de personne.

Dans un bref éclat de fumée bleue sa tête se transforma en oreille gigantesque pourvue d'une bouche.

-- Pardon, je n'ai pas bien entendu...

Nouvel éclat de fumée et le Génie avait fait apparaître un guichet entre elle et lui, et avait dans le même temps prit l'apparence caricaturale d'un employé dépressif d'administration.

-- Vous avez pourtant bien frottée la lampe ? Donc selon l'article 714, chapitre 17, paragraphe 40, alinéa petit b stipulé dans le contrat signé en triple exemplaires...

Un autre éclat de fumée bleue et le Génie parodiait maintenant un présentateur de jeux télévisé, montrant un piédestal sur lequel était posées trois copies de sa lampe, numérotées de 1 à 3.

-- ... vous êtes l'heureuse gagnante d'un magnifique lot de trois souhaits à réaliser !!!

Un panneau lumineux buzzant et clignotant marqué "Winner" flottait dans l'air au dessus de la Déesse. Puis le Génie imita cette fois un vendeur de voitures d'occasion.

-- Toutefois, les voeux ne sont ni repris, ni échangés, ni remboursés.

Un nouvel éclat de fumée bleue et tout ce qu'il avait fait apparaître avait disparu, il ne restait plus que son air débonnaire sous lequel il s'était montré et la lampe d'origine que la demoiselle tenait encore dans ses mains.

-- Alors vos désirs sont des ordres, Maitresse...

Il inclina alors la tête en signe de soumission.

-- Je me nomme Akinator et je suis le Génie de la Lampe Magique que vous tenez dans vos mains, Maîtresse.

Maîtresse, encore une fois…Elle venait pourtant de lui dire qu’elle n’était en aucun sa maîtresse. Elle ne l’avait jamais rencontré auparavant. C’est d’ailleurs le premier génie que la déesse voit de toute son existence.  Par magie et dans un ‘pouf’ de fumée, une oreille géante s’approcha de la déesse.

-- Pardon, je n’ai pas bien entendu…Vous avez pourtant bien frottée la lampe ? Donc selon l'article 714, chapitre 17, paragraphe 40, alinéa petit b stipulé dans le contrat signé en triple exemplaires...

Akinator venait de prendre l’apparence d’un employé de bureau sans vie, le visage terne, repoussant un peu de surprise Quetz’. Et puis ‘POUF !’, une autre fumée s’était formée, laissant apparaître le Génie dans un drôle de costume, comme un présentateur télé avec trois répliques exactes de la Lampe Magique.

-- ... Vous êtes l'heureuse gagnante d'un magnifique lot de trois souhaits à réaliser !!!

Un panneau ‘Winner’ clignotant survolait au-dessus de la déesse, encore surprise, qui se retira de là justement. Ca lui faisait trop en un coup. Maîtresse, Génie, Lampe Magique, souhaits à réaliser…

-- Toutefois, les voeux ne sont ni repris, ni échangés, ni remboursés. Alors vos désirs sont des ordres, Maitresse...

Le Génie venait de reprendre sa forme originelle, celle qu’il avait en sortant de sa lampe. Il s’inclina devant la jeune femme comme pour montrer son appartenance à Quetz’. Elle n’aimait pas du tout cela. À l’époque où ses fidèles étaient encore là, cela ne la dérangeait pas plus que cela. C’est depuis que le drame s’était passé qu’elle ne voulait plus qu’on la considère comme divinité ou comme quelqu’un d’important.

- Non…Relèves-toi. Je ne ferais aucun vœu. Tout simplement car je ne le mérite pas. Au revoir.

Oui, elle s’en retournait dans les bois, tournant le dos à Akinator. Des souhaits pour sa propre personne? Elle n’avait absolument pas le droit d’en faire. Elle se l’interdisait. Elle se sentirait égoïste, après tout ce qu’elle avait fait…ou plutôt, ce qu’elle n’avait pas fait, au moment voulu…