Il y eut un cri…
Il y eut un plongeon…
Puis il y eut un rire.
Le cri, c’était celui d’un pauvre homme, qui n’avait rien demandé à personne, mais qui avait eu le malheur de rencontrer un personnage des plus fourbes. Le plongeon, c’était celui de ce pauvre homme qui disparaissait dans un fleuve aux eaux tumultueuses. Le rire, c’était celui du fourbe personnage, tout heureux de son mauvais coup à la tournure fatale.
-Ha, ha, ha ! Je vous avez prévenu que le pont était glissent ! fit Belgrif, impassible devant la détresse de sa victime en train de se noyer.
Bon, d’accord, la chute n’était pas dut à une quelconque maladresse, le monstrueux félin avait bel et bien poussé le malheureux humain. Mais bon, si on commence à chipoter sur pareil détail…
-A l’aide ! Par pitié !
-Comment ça à l’aide ? Vous ne savez pas nager ? Mais c’est le moment d’apprendre ! N’est-ce pas là une fabuleuse occasion ? Ha non, pas comme ça, là vous coulez très cher !
Encore quelques minutes de spectacle et voilà Belgrif assuré que jamais plus on entendrait parlé de cet humain assez stupide pour lui faire confiance. Se frottant les mains, l’air de dire « bon débarras », il remonta sur la charrette et, d’un coup de fouet, fit s’ébranler le cheval.
Trois heures plus tard, la nuit tombait sur les Terres Sauvages. Le Terranide décida de faire halte. Il s’écarta quelque peu du sentier qu’il suivait puis il descendit de la charrette. Celle-ci était remplie de tonneaux de vin. Le légitime et défunt propriétaire de cette cargaison désirait se rendre en ville pour aller la vendre. A présent, le chat avait de quoi boire sans compter pendant des jours et des jours.
Belgrif, qui commençait à avoir l’habitude de voyager et qui en plus se trouvait ici en sa terre natale, installa le campement rapidement. Bientôt, un feu vigoureux brulait joyeusement, illuminant la charrette et le félin. Ce dernier, assis juste à côté des flammes, portait comme à son habitude, un large chapeau rouge assorti d’une veste démesurée de la même couleur. On ne pouvait apercevoir de son corps animal que son visage de chat au regard d’émeraude, ses mains velus émergeant à peine de ses amples manches, et ses pieds tout aussi poilus. Repensant à ce qui s’était passé la journée durant, il était en train de faire griller un morceau de viande planté au bout d’une broche.
Il prévoyait de s’endormir bientôt pour partir tôt le lendemain. Il était loin de se douter du tour qu’allait prendre la soirée…