Dans l'ombre de Nexus... [pv : conrad hell]

Voilà qu'une nouvelle éreintante journée de marche prenait fin. Mais aujourd'hui était une journée particulière. Lorsque Kohana et son fils s'arrêtèrent pour la nuit, la cité-état de Nexus était en vue. Le lendemain, ils pourraient rentrés dans ses murs.

* Vers le milieu de journée, ce qui nous laissera le temps de trouver un logis*

Plutôt que d'épuiser leurs dernière forces, les deux voyageurs s'arrêtèrent à l'orée d'une forêt. Le ciel était dégagé, mais les étoiles perçaient difficilement le noir-encre de la nuit. Que cela n'importe, le territoire de Thekos et les landes dévastées étaient bien loin d'eux, alors pourquoi se refuser d'allumer un petit feu ? Ainsi Kohana pourrait faire revenir les quelques bouts de viandes séchées qu'ils leur restait avec quelques baies amassée sur la route.
Depuis 5 ans, Kohana et Yûto vivaient à l'écart de toute civilisation dans le territoire Thekos. La jeune femme avait bien pris garde à ce que personne ne puisse soupçonner l'existence d'un être masculin sur de telles terres. Durant les premières années de la vie, il n'est pas difficile de cacher le sexe d'un enfant. Pourtant, ne voulant pas tenter le diable, Kohana n'était jamais allée fréquenter les peuples du territoire Thekos.

Maintenant que l'enfant avait grandi, la jeune mère avait décidé de retourner à Nexus. Cette ville... qui lui avait tant pris et tant donné. En effet, lorsqu'elle avait atterri à Terra, ses pas l'avaient conduite auprès de Don, un esclavagiste réputé de Nexus qui lui avait totalement retourné le cerveau. Puis, au fil des rencontres, Kohana avait développé des "amitiés" très particulières avec différentes "personnes".
Et elle avait rencontré Bélial... un démon qui l'avait pris sous son aile. Esclave à Terra, Kohana était devenue mère entre les bras de Bélial. Mais tout ceci lui semblait si loin à présent... après son accouchement, elle s'était enfuie loin de tout. Elle restait néanmoins profondément marquée et attachée à ses anciens maîtres. Les reverrait-elle un jour ? La question n'est pas là, ce n'était pas l'intention qu'elle avait en revenant à Nexus.

Son fils grandissait et il lui fallait faire face au monde et aux êtres qui le peuplaient le plus rapidement possible s'il voulait pouvoir survivre et se faire une place. Kohana n'avait pas d'ambition particulière au sujet de Yûto mais elle voulait qu'il soit heureux et qu'il ne vive pas au crochet de quelqu'un. Depuis longtemps elle lui avait appris à se débrouiller seul.
Dès son plus jeune âge, elle avait dû le laisser seul à de nombreuses reprises pendant de longues périodes. Il avait appris à chasser dès qu'il avait su marcher et courir. Son vocabulaire était correct bien que loin d'être recherché, mais ses connaissances en matière de plantes et d'animaux était déjà bien avancées.

Kohana leva les yeux au ciel. Le crépuscule s'était installé. Elle envoya Yûto ramassé quelques branches pour alimenter le feu.

"Mais ne t'éloigne pas" le prévint-elle.

Le conseil était inutile. L'enfant n'avait pas envie de s'éloigner de sa mère avec qui il partageait un lien affectif très fort. De plus, ses petites jambes n'étaient plus capables de l'envoyer vagabonder dans la forêt, et la fatigue s'emparait déjà de ses membres.
Pendant qu'il cherchait du bois, Kohana rassembla quelques pierres pour fabriquer un foyer, puis elle alluma le feu. Ses doigts fouillèrent dans le sac qu'elle transportait et en retirèrent deux morceaux de viande séchée. Il en resterait encore un pour le lendemain qu'elle laisserait à Yûto. Elle se contentera de racines et de baies.
Habituée à se sacrifier durant ses longues années, Kohana avait perdue la gracieuse formes qui l'enrobait si joliment autrefois. Toutefois, son jeune âge lui avait permis de garder un corps ferme, même après son accouchement. Sa poitrine, bien qu'un peu plus petite, se haussait toujours fièrement sous sa gorge. Et ses hanches, bien que les os apparaissent, dévoilaient une courbure agréable au regard. Son visage avait toutefois vieillit plus que d'ordinaire, ses traits étaient tirés et de larges poches se développaient sous ses yeux. C'était le visage émincié d'une femme prête à tout pour son enfant et qu'un apport de nourriture plus régulier et plus abondant permettrait de remettre d'aplomb ! En effet, tout le corps de Kohana respirait encore la jeunesse.

Cela faisait plusieurs mois que Conrad avait prit en filature la mère et le fils, les suivant et les observant tout en restant en retrait; leur comportement l’avait intrigué et il s’était laissé emporté par son habituelle curiosité. Leur vie n’avait rien de facile, les deux êtres luttaient sans cesse pour survivre dans les landes devastées, se nourrissant de peu et sans cesse en déplacement; à plusieures reprises il avait du intervenir et éliminer une des horreures rôdant en ces lieux pour eviter que celles ci ne les tuent.

Cette expérience etait fascinante, il ne put s’empêcher d’intervenir ici et la en leur amenant des proies faciles, en laissant du bois en evidence; juste de quoi les aider à survivre pour ne pas perturber ses cobayes. Mais desormais la mère et l’enfant se dirigeaient vers la cité de Nexus et cela allait mettre fin à son experience, chose qu’il n’accepta pas.

Ils firent une pause à quelques heures de Nexus  et ce fut ce moment qu’il choisit pour venir saluer ses deux petits cobayes; comme à son habitude le petit être s’eloigna pour aller chercher du bois, il trouva le tas de bois que Conrad avait laissé pour lui et celui ci profita de son inatention pour l’attraper. Ce fut aisé pour lui, le petit être ne sentit par le tentacule se glisser jusqu’a sa nuque et lorsque le contact ce fit, il fut plongé dans un sommeil tandis que Conrad usa de ses dons pour stopper l’activité de son corps.

Il ne lui fit aucun mal, cela n’en etait pas son intention pour le moment; il parcourut le peu de chemin qui le separait de Kohana, trainant avec lui la depouille d’un animal sauvage qui servirait peut être de repas selon les reactions de la femelle. Son arrivée fut discrète mais contrairement à son habitude il devoila sa présence à la jeune femme sans la surprendre, lui laissant le temps de voir et comprendre la situation

«bonsoir»

Conrad balança l’animal à ses pieds et ne fit rien pour dissimuler l’enfant qu’il tenait delicatement entre ses doigts tentaculaires.

«nous avons à parler»

Yûto, comme à son habitude, entra avec prudence dans la forêt et observa les arbres autour de lui, à l'affût du moindre bruit suspect. Rien. Ou plutôt, énormément de petits bruits de rongeurs, d'insectes et de parasites... des bruits on ne peut plus ordinaires pour une forêt vivante qui ne comportait pas l'once d'une menace.
Après quelques pas, l'enfant buta contre des branches de bois qu'il ramassa. Cela ne l'étonna pas ; il était accoutumé à ces petits tas de bois qu'il trouvait facilement. Son jeune âge l'incitait à penser qu'il s'agissait de ses formidables aptitudes à la vie forestière qui lui permettait de trouver si facilement les ressources dont il avait besoin.

Il ne sentit pas le tentacule s'insinuer dans son dos... et lorsqu'il s'en rendit compte, le mal était fait. Ses muscles se raidirent, sa respiration se ralentie, et ses paupières s'alourdirent. Pourtant il ne perdit pas conscience. Il sombra dans une sorte de sommeil apparemment léthargique... mais sa nature démoniaque, qu'il n'avait pas encore découverte ni apprise à maîtriser, lui permit de conserver une certaine conscience des sons. Il put ainsi entendre la voix glaciale de l'être qui le ramenait, captif, auprès de sa mère.

*******

Kohana réprima un frisson. Quelques étincelles bien placées avaient mordu aux brindilles éparpillées dans le foyer et grignotaient avec des craquements de plaisir le bois sec qui s'offrait à elles sans résistance. Ce maigre rougeoiement n'éclairait pas bien loin et ne réchauffait pas assez l'air pour que la jeune femme ne commence pas à ressentir les premières fraîcheurs du soir. Pourtant, le frisson qui lui parcourut l'échine était tout autre.
Elle regarda frénétiquement autour d'elle jusqu'à apercevoir une forme sombre qui grandissait lentement. Ses contours étaient flous mais semblaient appartenir à un être humain... du moins, au premier abord, car lorsque le regard poursuivait sa course le long de la silhouette, il rencontrait ensuite un appendice qui prolongeait le corps jusqu'à une autre masse obscure, recroquevillée sur elle même. Un homme traînerait-il un lourd boulet derrière lui en pleine campagne ? Cela n'était pas impossible. Nexus était une ville où l'esclavage faisait parti des mœurs. Il était envisageable qu'un terranide à qui on aurait attaché un boulet à la queue, se soit enfui... Mais quelque chose soufflait à Kohana de rester sur ses gardes.

La forme s'approchait doucement. Un terranide, timide par nature, aurait pu agir ainsi, mais ceux-ci étaient rarement aussi grand que la silhouette avançant vers Kohana. Puis celle-ci s'arrêta, juste avant que la lumière du feu puisse l'atteindre. Mais les yeux de la jeune femme comprirent tout de même qu'ils avaient affaire à une créature humanoïde dotée de tentacules...
Bien que la jeune mère fut habituée à rencontrer des monstres de toute espèce, lorsqu'elle vit que son jeune enfant était prisonnier d'un des tentacules de l'énergumène, la peur se saisit d'elle. Une boule commençait à se former dans sa gorge et elle fut bien incapable de répondre au salut poli de l'étranger.

L'étranger continua à s'exprimer. Une réaction de la part de Kohana était attendue. Elle déglutit et se leva pour faire face à la menace (?) qui s'adressait à elle. Elle fit un pas en avant. Pas un de plus. Ses yeux glissèrent sur le corps inanimé de Yûto avant de remonter vers le regard sombre et profond de l'humanoïde. D'une voix glaciale et le visage fermé, elle prit la parole :

"Soit. Dois-je vous inviter à prendre place ?"

Se faisant, elle fit signe de la main à Conrad. Elle lui indiqua une place autour du feu. Son geste fut ample, ce qui indiquait qu'elle souhaitait conserver une distance raisonnable et réglementaire entre elle et son interlocuteur.

"Nous avons quelques morceaux de viande séchée. Mais vous n'avez pas l'air dépourvu de nourriture."

Le regard de Kohana loucha quelques secondes sur la bête sauvage entravée elle aussi par les tentacules du... monstre. La jeune femme n'arrivait pas à poser une autre étiquette que celle-ci sur la tête de l'étranger.

Conrad relacha la carcasse de l’animal, ses doigts se retractant jusqu’a reprendre une taille et une forme normale mais il ne fit pas de même avec l’enfant, le maintenant entre les doigts tentaculaires et puissants de sa main gauche; l’activité vitale de l’enfant etait etrange, le contact prolongé avec le corps du petit être lui avait permit de l’analyser et de percevoir les etonnantes particularités génétique de celui ci.

Les gestes de la jeune femme, l’expression de son visage ainsi que l’odeur qui emanait d’elle, tout indiquait la peur et cette peur etait dirigé vers l’enfant; la peur de ce qui pouvait lui arriver offrait à Conrad un large moyen de pression néanmoins Kohana lui fit signe de s’approcher en faisant un grand effort pour ne pas montrer sa peur.

Il avança un peu plus et prit place au tour du feu, déposant l’enfant au sol tout en maintenant sa prise sur lui; il ne quittait pas Kohana des yeux et lui faisait bien comprendre avec qu’elle facilité il pourrait briser le corps du petit être. Conrad designa la carcasse du doigt

«ceci est pour vous, de quoi vous... nourrir suffisement pour plusieurs jours si vous.. conservez bien la viande»

Il observait la moindre de ses reactions avec une grande attention; bien qu’il avait besoin d’un contact physique pour pouvoir «lire» une personne il pouvait sentir et percevoir enormement de choses par ses autres sens.

« je peux vous apporter d’autres reserve de proteines si...si... le besoin s’en fait sentir.»

Il parlait lentement, reflechissant à chaque mot plusieurs fois avant d’ouvrir la bouche, maintenir une pensée cohérente et stable lui etait difficile tant de nombreuses choses traversaient son esprit en même temps.

« je peux... subvenir à vos besoins en cas de neccessité...mais il y a ...une condition..»

Il pointa du doigt dans la direction de Nexus

« n’allez pas la bas...restez sur ces terres..»

Conrad fixa avec attention la jeune femme, attendant sa réponse tandis que ses plus noires pulsions commençaient à lui chuchoter de profiter de la situation

Il ne pouvait voir sa mère, mais il sentait sa présence. Le feu réchauffait son corps engourdit sans parvenir toutefois à le libérer de l'emprise des tentacules. Bien qu'impuissant, la peur n'envahissait pas Yûto. Il saura agir lorsque le moment sera plus propice.
Au contraire, cette paralysie prolongée et forcée lui permit de découvrir de nouvelles sensations en lui, de nouvelles aptitudes qu'il ne soupçonnait pas. Il avait l'impression que son ouïe c'était accrue et qu'il pouvait entendre les sentiments des autres... entendre ? Plutôt sentir. Bien qu'il ne puisse la toucher, il ressentait la peur de sa mère. Et il n'avait qu'une seule envie : la rassurer. Toutes ses pensées étaient concentrées dans cet unique but.

*******

Kohana regarda Conrad s'approcher nonchalamment et s'installer à la place qu'elle lui avait indiqué. Il ne semblait pas menaçant, pourtant la jeune femme ne pouvait s'empêcher d'être méfiante. La gentillesse cache toujours de mauvaises intentions. La jeune mère en a déjà plus d'une fois fait les frais.

L'animal sauvage fut libéré des tentacules, mais sa vie s'était échappée depuis longtemps des organes de la bête. Le monstrueux étranger était un chasseur redoutable, et comme tout bon chasseur il devait savoir attirer ses proies.
On n'aborde jamais une proie de front sans l'avoir longuement méditer. Kohana était-elle l'une de ses proies ? Finirait-elle de la même manière ?

Le cadeau que Conrad faisait lui permettait d'amadouer son interlocutrice, tout en démontrant ce dont il était capable. La jeune femme le comprenait bien et elle se résolut à ne pas contrarier son hôte. Tout du moins, tant que son enfant était prisonnier.
Elle s'empara donc du don de nourriture que faisait l'étranger et entreprit de dépecer la viande. En signe de respect et de gratitude, elle offrit le cœur de la bête sauvage à celui qui l'avait tuée. Étrangement, l'organe était encore chaud, presque palpitant, comme s'il n'avait jamais réellement cessé de battre... [/i]

"Nous ne sommes pas à la recherche de nourriture."

Kohana se garda bien de préciser que leurs réserves s'épuisaient. Toutefois, ils ne manquaient de rien puisque dans deux jours au grand maximum, ils pourraient se restaurer dans une auberge. A condition de pouvoir échapper à ce prédateur inopportun...

Alors qu'elle préparait la viande, l'esprit de la jeune femme cogitait. Elle faisait attention à ses paroles. Parler à tort et à travers était toujours une mauvaise chose, mais il ne fallait pas faire prolonger le silence trop longtemps si l'on ne voulait pas être impoli. Du coin de l'œil, elle surveillait l'étranger et son fils.
Ce qu'elle avait prit au départ pour des tentacules s'était finalement rétracté pour devenir des doigts... des doigts totalement humains. L'étranger serait-il le résultat d'une expérience scientifique qui aurait mal tourné ? Pourquoi cherchait-il à éviter la ville ? Il semblait tout à fait capable de se défendre, ce n'était donc pas la peur de tomber en esclavage qui le retenait... Elle devait tenter d'en savoir plus... mais le temps pressait. Son fils ne resterait pas longtemps en vie si elle ne faisait rien.

"Je vous concède que Nexus ne fait pas partie des villes les plus accueillantes. Pourtant, je ne suis pas sûre qu'il faille en avoir peur..."

La peur n'était sans doute pas ce qui justifiait les propos de son hôte. Mais quelles étaient ses intentions ? Pourquoi vouloir que la mère et son enfant s'écartent des murailles de la cité-état ? Alors qu'elle tentait de percer le mystère des yeux sombres de l'étranger, une déflagration retentit.
Au loin, un nuage de fumée s'éleva dans les airs, juste au-dessus de Nexus. Le ciel se mit à rougeoyer comme si un incendie venait d'éclater au milieu du port de la ville. L'étranger essayait-il de préserver Kohana et son fils de mauvaises rencontres, ou de désastres plus grands ? La jeune femme en doutait sérieusement. Bien que la cité-état semblait être en ébullition, elle lui paraissait encore plus accueillante que le masque de gentillesse derrière lequel se cachait Conrad.

« vous  ne mangez pas suffisament, vos reserves sont minces et vous n’avez pas assez de proteines dans votre organisme; les racines ne suffisent pas à maintenir un humanoide de votre espèce en bon etat, il se peux que vous souffriez  de problèmes biologiques graves»

Dit il alors que Kohona prit la carcasse et commença à la dépecer; il fut satisfait que la jeune femme accepte ce cadeau, ayant craint un moment que la peur ne l'emporte sur la logique. Conrad etait embeté de devoir ainsi s'exposer et fournir de quoi survivre à ses cobayes mais l'etat de santé de la femelle se degradait trop vite, il en avait conclu qu'il devait subvenir à leurs besoins alimentaires si il comptait les garder en vie dans les terres sauvages.

« il n’est pas question de peur, vous êtes un.... projet que j’etudie depuis....longtemps et je ne souhaite pas que l’experience soit alterée par de nouveaux....facteurs. Je veux que vous restiez ici, que l'enfant grandisse ici»

IL perçut une deflagration en provenance de Nexus,  la cité devait être à nouveau secouée par une quelconque bataille auquel il n’accorda que peu d’interet tant son attention etait totalement tournée vers la jeune femme et son enfant; celui ci continuait d’étonner Conrad, la situation ainsi que la lethargie dans laqu’elle il etait plongé semblaient lui faire reveiller des capacités en sommeil.

« le petit être est...très special..son anatomie est changeante...il....evolue je crois. Il n'est pas totalement de la même espèce que vous c'est un......hybride je crois que c'est le mot pour cela»

Bien que sa prise etait ferme, les appendices parcouraient le corps du jeune homme plus comme une caresse qu’une menace

« je ne veux pas nuir à son developpement ni ecourter sa durée de fonctionnement, je souhaite juste qu’il grandisse en dehors de ça»

Il designa Nexus mais sa remarque concernait la civilisation en général; il voulait garder l’enfant «pur» de tout contact avec cette chose qu’il ne comprenait ni n’appreçiait.

Kohana avait surestimé ses forces. L'affrontement avec l'étranger lui soutirait beaucoup d'énergie. Toute cette énergie qu'elle employait à surveiller, à épier, à réfléchir, à comprendre, à prévoir... c'était de l'énergie qu'elle ne gardait pas pour elle. La peur qui s'était emparée d'elle avait décuplé ses sensations. Et de surcroît, elle n'avait toujours rien mangé. La viande qu'elle avait finie de couper en morceaux était loin d'être cuite. Son ventre la tiraillait.
Elle sentit alors chaleur diffuse. Ce n'était pas celle du feu. C'était comme un sentiment rassurant qui cherchait à s'emparer d'elle. Plutôt que de s'y laisser tomber, elle lutta de toutes les forces qui lui restait pour ne pas laisser son esprit plonger dans une sorte d'éther. Un souvenir lui revint alors vivement. Bélial se métamorphosa devant ses yeux. Elle tendit la main devant elle, comme pour le toucher. Mais il était si loin...

L'étranger, assis de l'autre côté du feu, avait disparu aux yeux de Kohana. Il était toujours là, mais la jeune femme ne le voyait plus. Son hallucination s'était emparée de tout son champ de vision. Elle n'entendait même plus vraiment ce que celui-ci lui disait... ou plutôt elle en percevait certains mots, mais comme prononcés de la bouche de Bélial.

"être... spécial... je crois... vous... je crois..."

Ainsi il était toujours là. Il veillait toujours sur elle, ou plutôt sur eux. Ils n'avaient donc rien à craindre. Tout irait pour le mieux. Il était temps de se retrouver... en famille... tous les trois. Présenter à Bélial son fils.
Elle vit l'étranger, sous les traits de Bélial, indiquer la ville de Nexus.

"je souhaite qu'il grandisse..."

Alors la jeune femme se leva. Esquissa un pas en direction de Nexus... et s'effondra à côté du feu. On pouvait voir le blanc de ses yeux, elle avait sombré dans l'inconscience.

*******

Un son rauque s'échappa des lèvres de Yûto. Le grognement d'un être qui vient de se faire mal. Pourtant il n'avait pas bougé, son corps était toujours paralysé. Mais son esprit tentant de venir en aide à sa mère, n'avait fait qu'aggraver la situation car l'enfant ne maîtrisait pas encore ses dons.
Il s'était beaucoup trop rapproché d'elle, mentalement. Il avait nimbé leurs esprits d'une onde rassurante et léthargique. C'est ce qui avait provoqué l'effondrement de Kohana qui, déjà bien affaiblie, n'avait pu supporter un environnement psychique si... mou. L'esprit imbriqué dans celui de sa mère, il avait ressenti la douleur qu'elle avait ressentie en tombant sur le sol dur. Sauf qu'elle n'avait pu l'exprimer puisqu'elle s'était évanouie. Cette douleur, même si elle n'était pas importante, brisa la relation mentale qui s'était établie entre le fils et la mère. Le côté démoniaque de Yûto s'estompa et les tentacules entièrement possession de son corps, sous leurs douces caresses.

La physionomie du petit être continuait de subir des changements, une evolution selon les points de vue de Conrad; il pouvait sentir l’activité cérébrale se modifier et se lier à celui de sa génitrice, un lien psychique  se forma entre les deux êtres mais il etait clair que ni l’un ni l’autre n’en etait conscient.

Les propos et les actes de la jeune femme devinrent étranges, Conrad pouvait ressentir ce qui se passait sans le comprendre parfaitement; le petit être faisait quelque chose que la mère ne pouvait supporter et pouvait nuir à l’expérience.

La femelle se leva et s’ecroula au sol, Conrad ne reagissant pas assez vite pour la rattraper il allongea ses doigts et usa de ses appendices pour la ramener près de lui ainsi que pour compredre mieux ce qui venait de se passer; la mère et l’enfant se retrouvèrent ainsi à sa disposition. L’enfant etait en bonne santé et subissait des changements internes avec lesquels il ne voulait pas interferer pour le moment; la mère d’un autre côté etait dans un bien mauvais etat, se privant de trop nombreuses sources de vitamines depuis trop longtemps.

il relacha l’enfant qui semblait plongé en lethargie et s’eloigna un peu avec  la femelle, ses tentacules redevinrent des doigts et il decoupa les vêtements un usant de griffes; profitant de son inconscience pour la soigner des malfonctions de son organisme. Plongeant ses doigts dans les bouts de viandes fraichement découpés, il en assimila les composants avant de plonger sa main directement dans l’estomac de Kohana pour y diffuser proteines, vitamines et graisses qui devrait lui redonner des forces.

« n’ai crainte petit être, je ne nuis pas à ta génitrice»

lança t’il tandis qu’il continuait son opération, gardant un oeil sur l’enfant qu’il savait partiellement conscient

Kohana ne savait plus trop où elle était quand elle retrouva un semblant de conscience. Elle sentit ses forces revenir en elle. Une chaleur se diffusait au niveau de son ventre, comme si une main venait de le masser. Cette chaleur n'était pas réconfortante, mais plutôt tonifiante et agréable. La faim qui la tenaillait depuis des jours sans même qu'elle s'en aperçoive, c'était enfin effacée.
Elle n'ouvrit pas les yeux. D'ailleurs l'aurait-elle pu ? Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. C'était comme si elle était dans un rêve : elle se sentait tellement éveillée et en même temps profondément endormie, elle ne bougeait pas et n'avait aucune sensation réelle de son environnement, ce qu'elle percevait semblait plutôt sorti de son imagination. Ses vertiges avaient disparus et la pensée de Bélial s'était écartée. Yûto restait profondément gravé dans sa chair et ses pensées ne cessaient de revenir à lui, mais il n'y avait pas d'inquiétude puisqu'elle ne savait plus ce qui se tramait autour d'elle. Elle ne pensait qu'à l'amour qu'elle lui portait.

*******

Yûto était lui aussi inconscient. Libéré de la prise des tentacules, il retrouva petit à petit ses esprits. Le nuage de fumée qui lui embrouillait les sens se dissipait. Pourtant il ne bougeait et ne semblait pas prêt à sortir de sa léthargie. Mais, bien qu'inconscient, son pouvoir démoniaque refaisait surface. Maintenant qu'il s'était libéré une fois, il comptait bien se manifester plus souvent. C'est donc grâce à ce pouvoir extraordinaire que l'enfant reprit conscience bien plus vite que la normale, guidé par une magie qu'il avait en lui et dont il ne soupçonnait même pas l'existence.
Son apprentissage des méthodes de survie lui indiqua que la situation ne lui était pas favorable. Il décida d'être plus prudent qu'il ne l'avait été jusqu'alors. Plutôt que de signaler qu'il était éveillé, il ne bougea pas. N'entrouvrit même pas les paupières. Mais son cœur et son esprit étaient entrés en action. Il sentit que sa mère n'était pas dans une position confortable elle non plus. L'étranger le lui confirma en s'adressant à lui. Yûto prit bien garde de ne pas montrer qu'il était complètement conscient à présent.
Que faire ?
Ne sachant répondre à cette question dans l'immédiat, il choisit d'attendre un peu plus longtemps dans cette position immobile. Il agirait selon la tournure que prendra les événements.

*******

Kohana poussa un léger gémissement qui sortit de ses lèvres dans un soupir d'agrément. Elle ne pouvait s'empêcher d'apprécier les traitements qu'on lui donnait sans qu'elle le sache. Comme s'il était endormi et en plein rêve, son corps s'alourdit et elle adopta une position plus confortable, sans reprendre conscience toutefois. [/i]

L’opération dura un certain temps, il n’etait pas aisé d’interfer sans risque avec un organisme autre que le sien; Conrad redoubla de prudence et de precision, il avait fait de nombreux efforts pour que son experience perdure et il ne voulait pas que son intervention puisse laisser des séquelles à la femme. Il pouvait sentir l’activité cérébrale de l’enfant, sentant qu’il etait conscient sans toutefois pouvoir percevoir pleinement ce qui se passait à l’intérieur du petit être tant qu’il n’avait pas un contact physique avec lui; il porta toute son attention à Kohana jusqu’a ce qu’il soit satisfait de l’etat de santé de la jeune femme, il retira sa main de son corps et s’asseya à côté d’elle avec un regard pour l’enfant.

«fascinante petite creature..»

Il etait clair que l’enfant ne pouvait comprendre ses paroles, ses fonctions cognitives et cérébrales ne lui permettait pas de saisir pleinement les paroles ou actes de Conrad; Il attendit que la jeune femme se soit reposée et adaptée aux changements dans son organisme avant de la réveiller, diffusant un léger flot d’adrenaline pour qu’elle reprenne conscience.

« comment te sens tu...femelle ? j’ai nettoyé ton organisme...j’ai injecté...le neccessaire pour que ton corps fonctionne à son plein potentiel...tu...devrais te ...sentir... mieux ? est ce ainsi que vous dites...aller mieux, non ? je ne sais plus...étrange...fonctionnement de l'organisme adequat...taux retablis de lymphocites et de monoclytes...la question est elle posée..est elle correct ?»

il se gratta le menton, pensant à voix haute en même temps qu’il s’adressait à elle, ce qui rendait le dialogue peu cohérent

« alors, ta réponse ?»

Kohana ouvrit la bouche et aspira un grand bol d'air. Des larmes mouillaient le coin de ses yeux. Joie ou tristesse ? Un mélange des deux sans doute. Son corps se sentait agréablement mieux et son esprit aussi par la même occasion, cessant d'être tiraillé par des douleurs et des souffrances. Cependant, une gêne qu'elle ressentait comme une violation d'elle-même c'était installée en elle : elle n'avait pas senti les tentacules s'insinuer en elle mais son inconscient s'en souvenait et laissait dans sa bouche comme un arrière goût.
L'adrénaline injectée l'éveilla complètement. Elle ouvrit les yeux et observa le feu quelques instants tout en écoutant la voix de l'étranger. Mais ses propos étaient étranges... cohérents mais... inhabituels... Sa diction était saccadée et entrecoupée d'instants de réflexion faits à haute voix. Cet humanoïde ne semblait pas connaître les bons usages de la civilisation. Pourtant, il tentait de ne pas froisser Kohana et s'occupait d'elle comme tout être humain le ferait d'un de ses proches.

Dans cette situation paradoxale, Kohana ne savait comment réagir, que dire, ni comment se sentir. Son corps retrouva une certaine tension, plongée entre la confiance que lui inspirait l'étranger et son instinct de survie qui lui dictait la méfiance.
Le langage employé par l'humanoïde était digne d'un scientifique et Kohana ne comprenait pas vraiment ce qu'il racontait. Son éducation s'était arrêtée plus ou moins à son entrée au lycée, ce qui correspondait à son arrivée à Terra. Et la vie lui avait appris bien plus que sa scolarité... des notions que l'on n'aborde pas en classe...

Une réponse lui était demandée. Kohana sortit de sa réflexion. Mais que répondre ? Oui, elle se sentait mieux, c'était évident. Du moins, c'était le cas de son corps, et cela influençait l'état de son esprit. Mais la situation dans laquelle elle se trouvait était si étrange que la jeune mère, éloignée de son enfant, ne pouvait pas dire qu'elle allait bien.
Elle se retourna pour faire face à son interlocuteur et en profita pour se reculer légèrement de lui. Le feu lui réchauffait alors le dos.

"Merci. Je vous suis reconnaissante."

Elle n'osa pas s'appesantir sur les difficultés d'élocution de l'étranger. Cela pouvait le blesser si elle le reprenait et le critiquait. Mieux valait éviter toute complication.
Elle sentit l'odeur de la viande cuite derrière elle. Mais elle ne pouvait voir son fils dans cette position. Elle ne pouvait pas non plus se retourner et se retrouver dos à son hôte. Alors regarda l'étranger et aperçut que les tentacules avaient disparus. Son fils était donc hors de danger pour l'instant. Elle proposa alors :

"Puis-je vous proposer un peu de viande cuite à point pour vous remercier ? Nous pourrons ainsi partager un copieux repas avant de nous séparer et de reprendre chacun notre route. Qu'en dites-vous ?"

Par sa question, Kohana voulait mesurer les intentions de son hôte qui semblait bien plus maîtriser la situation qu'elle malgré ses difficultés de langage. Pourrait-elle repartir saine et sauve avec son enfant ? Ou devrait-elle à nouveau faire des sacrifices ?

Conrad restait froid et distant, son éternel sourire toujours aux lèvres; son regard curieux se posait partout, il ne fixait jamais le même endroit bien longtemps mais gardait son attention sur Kohana alors que celle ci se redressait. La jeune femme resta silencieuse un moment, Conrad put percevoir un conflit dans ses pensées et ses emotions; Kohana le remerçia, ce qui ne manqua pas de l’étonner tant ce qu’il avait fait ne lui paraissait pas important, à ses yeux il n’avait rien fait de particulier.

Il etait perdu dans ses pensées lorsqu’elle l’invita à partager son repas; cette offre le surprit tandis que la fin de la phrase se révéla bien moins plaisante, la jeune femme ne semblait pas avoir comprit qu’il ne voulait pas qu’ils aillent dans la cité. Il voulait que cette experimentation continue et qu’elle ne soit pas affecté par un contact avec la civilisation.

«vous n’avez pas compris...ma...question...interrogation..demande en attente de réponse.»

ils’apprêta à enchaine une nouvelle phras mais prefera finalement rester silencieux le temps de reflechir à la manière de formuler ce qui lui venait à l’esprit; il en profita pour jeter un coup d’oeil curieux à la viande, assez étranger au concept de nourriture tel que le concevait la majorité des mammiphères.

« je ne veux pas que vous alliez dans la cité..je..demande à ce que vous restiez dans les terres sauvages»

Il fut satisfait de sa phrase et observa la jeune femme attentivement en attendant sa réponse, il ressemblait totalement à un être humain désormais, appendices et pointes osseuses s’etaient retractées à mesure que le calme s’instaurait; il se révéla finalement être un homme d’une grande carrure et au physique des plus plaisant, bien loin de la créature qu’il etait il y a encore quelques instants.

Décidément la situation n'avait pas l'air de vouloir s'éclaircir. L'individu semblait toujours aussi étrange et ses propos restaient incompréhensibles. Yûto toujours hors de vue, Kohana risqua le tout pour le tout. Elle tourna le dos à son interlocuteur et se rapprocha de son fils. Celui-ci ne bougea pas, il paraissait inconscient. La jeune mère posa une main chaleureuse sur le dos de l'enfant.

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Yûto pu sentir le réconfort porté par sa mère. Pourtant il ne bougea pas et ne montra pas à Kohana qu'il était éveillé. Le moment était mal choisit, il fallait rester prudent.

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C'est alors que l'étranger énonça la phrase la plus compréhensible qu'il n'avait jamais dit. Mais cela ne rassura pas la jeune femme pour autant. Pour elle, ce n'était pas une bonne chose de rester prisonnière d'une créature a priori amicale. Il fallait résoudre ce problème coute que coute.

"C'est impossible. L'un de nos proches est gravement malade. Nous le rejoignons pour son dernier voyage. Vous pouvez comprendre n'est-ce pas ?"

L'humanoïde qu'elle avait en face d'elle avait plus que jamais l'apparence d'un homme. Plutôt que de rassurer la jeune mère, celle-ci commença à se raidir. Les agréables sensations qu'elle avait connues récemment s'étaient envolées. La chaleur du feu ne pu l'empêcher de frissonner.

«non»

ce fut le seul mot à franchir ses lèvres après un long moment de silence, moment utilisé pour essayer de comprendre les propos de la jeune femme

« il n’y a aucune entité proche de nous en ce moment...je ne perçois aucun être sain ou malade à proximité...»

Ses sens etaient en eveil, il ne comprenait pas l’argument de la jeune femme quand à ce «dernier voyage» dont elle parlait; il sentait l’humeur de la jeune femme changer et cela l’etonna quelque peu, il ne pensait pas avoir fait quoi que ce soit de mal

« si vous, vous partez...le petit être lui restera ici..»

Le regard de Conrad etit posé sur Kohana, fixé sur elle même mais cela ne l’empêchait en rien de sentir tout ce qui se passait autour de lui; sa manière de parler se faisait plus fluide, ses pensées plus ordonnées. Il se concentrait et evoluait durant cette discussion, prenant note de la moindre information récupérée pour se faire comprendre plus aisèment

« le petit être est différent de vous, différent des 87 sujets expérimentés jusqu’a maintenant. Il est eveillé malgré ce que j’ai fais à son organisme, il etablit un lien d’ordre psychique avec vous et vous n’en avez pas conscience....eux non plus n’en auront pas conscience....il sera tué la bas....vous ne comprenez pas ce qu'il est»