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L'errance de trop. [PV Law]

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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 30 jeudi 09 décembre 2010, 11:17:41

A vrai dire, Andrea ne s’attendait pas à bon accueil. Dans sa tête, c’était plutôt un énervement vif qui l’attendait. Au moins cela aurait témoigné de la récupération de Law, de son état mental de retour à la normale. Enfin, sa normalité à lui. C’était prévisible, c’était habituel et Andy pensait réellement que c’était la seule réponse qu’elle allait pouvoir obtenir. Et pourtant, c’est en toute connaissance de cause qu’elle avait amorcé avec volonté ce simple pas en avant, cette simple recherche de compréhension. La jeune femme aurait aussi bien pu s’arrêter là, et connaitre la frustration. La frustration implique une envie, un désir. La frustration est un état mental d'insatisfaction caractérisé par un déséquilibre entre un désir ou une attente et sa réalisation du fait qu'il n'est pas (encore) réalisé. Dans certains cas positifs, cette frustration s'accroit jusqu'à un niveau durant lequel la personne ne la supporte plus et tente rapidement de trouver une solution aux problèmes qui causent cette frustration. Dans certains cas négatifs, cependant, l'individu peut percevoir la source de sa frustration au-dessus de ses moyens, et ainsi la frustration grandit, causant éventuellement des comportements problématiques. Dans le cas présent, Andrea avait quelques idées de solutions au problème qui se posait. Mais elle n’était pas seule dans leur réalisation et il était inconcevable de s’aventurer plus avant tant que Law ne lui dirait pas de continuer. Ou de tout arrêter.

Sans se douter une seule seconde de tout ce que cette situation enclenche dans l’esprit du maître des lieux, Andy se contente de le fixer, cherchant une approbation, cherchant une piste de réponse. Elle ne voyait pas la souffrance, trop occupée qu’elle était à tenter de faire taire son esprit. Celui-ci la bombardait d’ordres paradoxaux. Fuir très loin, se jeter à son coup. Préserver l’équilibre vide de sens qu’elle avait jusque-là adopté avec fidélité ou plonger du haut de la falaise en priant pour trouver un matelas accueillant en dernier rempart contre le sol. Parce que si Andrea n’avait pas envie de se priver de la multitude de signaux annonciateurs d’une émotion, la jeune femme ne voulait pas non plus trop risquer. Etrangement, elle était prête à jouer sa vie et bien d’autres choses. Mais mettre sur le tapis et miser des sentiments qui venaient tout juste de vouloir renaitre, c’était quelque chose qu’elle ne supporterait pas de perdre. Law n’avait pas intérêt à marcher là-dessus, c’était la seule chose qu’elle tremblait de réveiller, peur consécutive à l’importance de cet enjeu.

Mais ce dernier n’avait apparemment pas volonté de détruire quoi que ce fut pour l’instant. Son dernier mot se perdit presque sur d’autres lèvres, celles-là même qui venaient à sa rencontre avec une précipitation incontrôlée. Désordonnée union qui ne savait comment naître entre deux êtres diamétralement opposés et pourtant si proches, parfois, dans leurs raisonnement. Il semblait non pas se précipiter pour lui arracher quelque chose comme la plupart des personnes ayant amorcé ce geste sur elle. Non, en fait il l’abreuvait plutôt. Pas non plus le feu d’artifice et les petits anges qui jouent du trombone, non. Quelque chose de bien plus vrai. Un battement de cœur qui s’accélère, des paupières qui se ferment par automatisme simplement pour apprécier la tendresse parsemée d’impatience et de spontanéité qu’il lui offrait. Apparemment, Law non plus n’avait pu éviter cela. C’était une simple logique qui ne s’expliquait pas, tout comme le visage d’Andrea qui se faisait doucement cueillir par des mains bien plus légères qu’auparavant. Un contact à la fois rude et prévenant, qui l’entourait simplement et efficacement et permettait à la jeune fille de s’abandonner quelques infimes instants. Un carcan protecteur, presque possessif et pourtant synonyme de tant de liberté. Law était tout simplement quelqu’un d’autre tout en restant lui-même, et c’était juste une nouvelle porte qui s’ouvrait sur lui. Dont la clé avait été habilement cachée, si bien qu’Andy ne sut pas à quel moment exactement elle s’en était emparée.

Bien évidemment, tout début a une fin et celle-ci arriva bien vite. Profitant encore un instant du rêve qu’elle pensait voir s’évanouir si elle le brisait, Andrea lutta contre la rupture, si délicate et pourtant tellement brutale en tentant de conserver le souvenir de quelque chose contre elle. Durant ce contact inattendu et merveilleusement irréel, la jeune femme n’avait pas bougé. De peur de ramener Law trop rapidement à quelque chose dont il n’avait pas une totale conscience. Et quand à son tour, elle rouvrit les yeux, ce fut pour voir l’exacte réplique de ce qu’il se passait dans son esprit. Perdu, le trentenaire était manifestement prit du même doute qu’elle. Merveilleux, comme parfois l’être humain peut se perdre en considérations et douter de l’inébranlable vérité que leur corps a déjà découverte. Hésitants comme des enfants ou tout simplement comme deux êtres ne sachant pas réellement ce que l’autre pense de tout cela, Andrea et Law se contentaient de dévisager leurs traits pour y voir une promesse, même muette. Et après la fin du baiser, ce fut le contact tout entier qui se rompit. Un simple retrait, et il manquait un monde sur le visage d’Andy. Il la regarde, elle le regarde.

Il ne sait pas quoi faire. Est-ce qu’elle le sait ? Pas plus. Mais son esprit à elle semble moins perdu. Ou alors s’est-elle d’avantage préparée à cette éventualité. Même si en définitive elle n’aurait jamais pu imaginer ça. Ça, c’est un déferlement incompréhensible de diverses manifestations se répercutant avec force dans le moindre recoin de son corps. Des tempes qui pulsent, des poignets qui tremblent légèrement, une gorge qui se serre par l’angoisse et l’émotion, des jambes qui peinent à porter un corps trop lourd, une goutte de sueur qui roule le long de l’échine. Autant de preuves impossibles à enregistrer d’un trop plein de mots qui ne peuvent plus rien dire.

Alors ils sont perdus tous les deux, et c’est sans doute de là que nait la magie. Nul ne saurait dire combien de temps dure cet instant. Nul ne saurait dire ce qui va se passer par la suite. Même Andrea ne le sait pas, et pourtant ce sont bien ses bras qui viennent se glisser contre la taille de Law. Ce sont ses yeux qui dévorent le regard d’un homme bien plus âgé qu’elle et qui semble à cet instant redécouvrir les premiers émois adolescents. Ce sont ses jambes qui se rapprochent, de manière à ce qu’elle puisse frôler de son corps le sien. Sa concentration qui se fixe sur la bouche qu’elle rêve de saisir à nouveau, comme pour se prouver à elle-même qu’elle ne rêve pas. Le reste ne compte pas. Il ne sait sans doute pas ce qu’il déclenche ainsi, même en la regardant très simplement. La mémoire de son baiser demeure, tout comme celle de la passion imprévue et impulsive. Et ce sont également ses lèvres à elle qui s’entrouvrent. Et articulent difficilement, d’une voix un peu plus rauque qu’à l’ordinaire et au risque de briser l’instant. Même si parler lui coutait, même si elle aurait préféré autre chose.

- Et maintenant ?

Elle ne savait pas. Enfin, tout ce qu’elle savait c’était qu’elle voulait recommencer. Mais aussi lui laisser la possibilité de fuir. Parce que Law est ainsi fait et qu’Andrea sait bien que dans une telle situation il peut tout aussi bien réitérer leur courte union que la laisser là et fuir très loin. Retourner dans son monde. Car à cet instant, aucun des deux n’est en terrain connu. Andy veut simplement que cela ne s’arrête pas. Toujours découvrir, toujours ressentir. Ce n’est le cas que depuis qu’il est venu la chercher au fond d’une ruelle, et le point culminant pourrait demeurer là. C’est sans doute sa dernière décision importante, parce qu’il peut encore prétexter un acte inconsidéré même si Andrea sait bien qu’il était trop plein de sincérité pour être crédible. Mais il peut le faire, il peut se défiler. S’ils recommencent, Law n’aura plus aucune échappatoire. Et Andy ne veut pas le contenir et le priver. Elle se retient de ne pas s’approcher plus, restant à une limite physique qui revient à de la frustration mal placée. Il lui suffirait d’avancer et de recommencer. Elle en meurt d’envie. Elle qui a connu plusieurs expériences infructueuses, elle qui ne ressent rien en plein ébat vient de connaitre plus de choses d’un simple baiser que dans des dizaines de parties de jambes en l’air. Et c'est un petit miracle en soi. Et c'est déjà une dépendance.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
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Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 31 jeudi 09 décembre 2010, 13:54:32

"Et maintenant ?"... Qu'est ce que c'était que cette question ? Absurde ! Elle relève de l'ordre de l'iréel. Demander à un aveugle de quelle couleur se sont parées les feuilles en cette saison, voilà ce qu'elle venait de faire. Oui, il aurait pu savoir si il s'était préparé à une telle eventualité, ou quand bien même, si il avait eu une expérience du genre avant. Mais pas du tout. Law n'a jamais aimé et ne pensait pas aimer. Law n'en a jamais ressenti le besoin, et c'est maintenant que le fruit est accessible qu'il comprend pourquoi les hommes veulent tant mordre dedans. Est-ce une faiblesse ? C'est ce qu'il aurait prétexté pour s'éloigner si il avait eu les idées en place. Peu d'humains ont pu vivre ce qu'il vit maintenant. Car cette pomme n'a jamais été aussi belle, aussi prometteuse de tant de bonheur.

Au fond, ils ne sont pas si différents. Après une négation de sentiments, de ressentis, tant l'un que l'autre, le barrage a cédé et plus aucune digue ne peut contenir le flot monstrueux de ce qui tiraillent à tout les deux leur coeur. Fut-il naïf de croire que tout était en son pouvoir, alors que devant cet inattendu formidable, il ne pouvait même pas raisonner correctement, avec tout le discernement et la logique qu'Andy attend de lui. Là, tout lui échappait. Et il se haïssait quand la situation glisse entre ses doigts. Il aurait voulu que tout soit plus clair, mais rien ne consentait à l'être. Alors, parmi le trouble de son esprit, jouissant de l'étreinte divine de cette petite autour de ses hanches, il balbutiera ce qu'il arrivait à penser.


Je ne sais pas.. Je ne sais pas. Peut-être qu'on ne se connaît pas depuis assez longtemps.. Et puis.. Je ne suis pas spécialement ce dont tu aurais besoin...

La prime raison à toujours devoir se tenir loin de lui, pensait-il, c'est que ses méthodes carnassières et propices au renoncement des attaches et des liens l'obligeait à sacrifier ce qui devait l'être. Ainsi, il avait désormais pour grande peur de faire souffrir Andrea par sa conduite désinvolte envers les sentiments. Paradoxe : c'est ce qu'il était en train de faire.

Ecoute, Andrea.. Je ne sais rien de tout ça. Je n'ai pas été formaté pour.

Et pourquoi pas se tirer une balle dans la tête, pendant qu'on y est ? Le suicide aurait été une solution sans doute plus profitable à Law que ce qu'il était en train d'effectuer : La lâcher, ou tenter de faire en sorte qu'elle le lâche, pour abandonner la paix, et retrouver sa situation dangereuse, en équilibre sur le fil d'une lame, comme il l'a toujours vécu. En sa présence, il vivait la quiétude de l'esprit malgré les secousses que subissait ses pensées : Jamais il ne fut aussi apaisé qu'en cet instant, au moins depuis sa naissance.

Et j'aimerais tellement.

Du renoncement dans sa voix, de la peine, la fatalité. Le couperet qui tombe, sèchement, sans signal avant-coureur. Oui, malgré tout ce qu'il pourrait avancer pour dissuader la jeune fille de trop s'attacher à lui, il reconnaît qu'il n'attend que ça : Qu'elle se serre contre lui, qu'ils s'embrassent, et qu'ils restent comme ça des heures durant, jusqu'à ce que, peut-être, ses instincts exterminateurs ne viennent matraquer son bonheur, et lui demander de retourner à sa nature annihilatrice, où il prônerait de nouveau la destruction pour l'amélioration, et la satisfaction dans la souffrance. Mais il la veut ; il n'a jamais rien voulu de plus qu'elle. Et comme un second aveu, et pour éviter de supporter plus longtemps le regard de quelqu'un qu'il était en train de décevoir, il la prend contre lui, entoure ses épaules de ses propres bras, et la serre, comme pour qu'elle devienne lui, qu'ils fusionnent dans cet instant, au summum du comble du paroxysme de son bien-être.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 32 jeudi 09 décembre 2010, 15:37:37

Les pensées d’un vrai drogué en plein bad trip. C’était à peu près ça, ce sentiment qui vous serre le cœur et vous fait faire un peu n’importe quoi. La tendresse, simple overdose. L’espoir, une nouvelle drogue. Le baiser, une goutte d’acide dans une veine qui n’attend que ça. Parce que, comme le toxicomane, le sentimental vit quelque chose qu’il est seul à partager. Éventuellement, avec un collègue l’accompagnant, mais pas toujours. Parce que la première clope un peu modifiée, c’est une explosion de sensations qui se répercutent jusque dans vos muscles, jusque dans vos os. Le corps vit chaque bouffée, en quémande encore plus et tire sur la corde jusqu’à ce que celle-ci se déchire et laisse tout tomber. Jusqu’à l’overdose de bien être qui vous rend totalement apathique, dans un état incertain entre la vie et la mort. Parce que la première piqure, c’est l’excitation de l’interdit et la joie de sentir un feu se déverser dans des veines à la fois accueillantes et ennemies. Le toxico est quelqu’un qui aime répéter ses erreurs, se perde en terrain connu ou pas, essayer toujours plus de chose et laisser son corps le mener jusqu’au point de non-retour, celui qui brisera le lien qui le rattache à la vie.

Et l’émotion, c’est une drogue. Source de dépendance, un jeu qui se perd à deux. Il n’y a ni triche ni dérivation, et les effets sont ceux des drogues, mais sur l’esprit plus que sur le corps. Le cœur s’y allie avec plaisir et s’amuse à vous faire découvrir de nouvelles sensations grisantes et prometteuses qui peuvent tout faire retomber d’un coup. L’amour, c’est dangereux. Le degré en dessous également. Il n’y a pas d’aggravation du moment que l’on tombe dans ce cercle infernal qui vous emporte dans une tornade écrasante de force et d’autorité. On ne vous laisse plus le choix d’être vous ou de ne pas l’être, on ne vous permet pas de protester ou de lutter. Le sentiment s’impose et la seule solution est de le suivre et de s’y plier. Il vous brûle de l’intérieur, ne se calme pas tant que son but n’aura pas été assouvi. Le seul moyen de le fuir est de l’accepter totalement ou de briser tous les autres avec violence. Andrea avait connu la seconde méthode et elle était en train de se diriger vers la première sans toutefois la soupçonner. C’était naturellement, ses épaules alourdie du poids de ses ressentis, que la jeune femme trouvait là-bas un réconfort, un moyen de se soulager un instant. Il fallait pourtant accepter beaucoup d’autres choses pour y parvenir. Comme le fait que Law et Andrea, ce n’était pas logique. Encore.

D’un point de vue extérieur, la situation en fera d’ailleurs rire plus d’un. Mais qu’ils se demandent alors comment réagir dans un tel spectacle, si c’était eux ? Les sentiments sautent à la gorge, tels des prédateurs assoiffés, ne vous laissant d’autre choix que de les suivre. Et même le plus résistant des hommes n’est qu’une proie facile quand c’est le lieu, le moment, la personne. Il ne s'empêche pourtant pas de vous laisser, une fois qu’on s’y plie, désespérément seul. Il s’impose, fait sa place et la garde mais ne vous accompagne pas dans sa compréhension ou dans une quelconque manière de l’apprivoiser. Aussi les deux jeunes gens dans cette pièce, pourtant peu propice à de telles démonstrations de tendresse purement exprimée, se trouvaient sans réussir à voir plus loin. Comme si jusqu’alors leurs chemins étaient magnifiquement tracés en parallèle, les obstacles délimités et les bifurcations indiquées et que le simple fait de les avoir accolés l’un à l’autre perturbait trop le cours du destin, qui rendait sa plume et les laissait se débrouiller. Une épreuve de plus, comme s’il n’était déjà pas assez difficile d’accepter de se trouver vulnérable, sensible à l’autre et sous l’emprise de mots et de gestes qui étaient tous interprétés et compris d’une manière bien différente. Alors oui, Law ne savait pas. Bien sûr qu’il ne savait pas. Cependant, Andrea tentait de se montrer plus sûre et aguerrie sans pour autant l’être réellement. D’une voix plus calme que les hésitations de son hôte, elle lui répondit.

- Ne cherche pas d’excuses. Surtout que ce dont j’ai besoin c’est précisément de ça, maintenant. Toi.

Parce qu’il la faisait se sentir vivante, parce que jamais personne ne lui avait donné cette angoisse de ne pas dire ou faire ce qu’il fallait, parce qu’elle était d’habitude si sûre d’elle. Andy ne voulait plus se forger un masque dur et inatteignable tout en jouant la fille facile à atteindre. Elle préférait encore se sentir fragile mais se savoir sur le fil de l’émotion, dans le registre de la vie plutôt que celui du faux-semblant. En tous les cas, si Law avait tenté et essayait encore de la faire fuir loin de lui avec ses hésitations, c’est bien qu’il se voilait la face. D’autant plus alors qu’il semblait renoncer à se battre avant même d’avoir commencé, comme pour l’enjoindre à ne pas se jeter dans un monde trop inconnu. Comme s’il n’osait pas retourner vers celui qu’il était sans que ce soit elle qui l’y repousse avec véhémence. Mais Andrea ne comptait pas le lâcher, et elle raffermit sa prise sur lui alors qu’il la regardait d’un air presque peiné et désolé. Se coulant dans l’étreinte qu’il amorçait de ses bras, pour l’enlacer aussi fort qu’il était possible, la jeune femme resta tout d’abord muette. Elle ne voulait pas parler à la légère et surtout, sa voix était bloquée par la chaleur du torse contre lequel sa tête reposait. Jamais personne ne démontrait en sa présence autant de tendresse et de prévenance. Même celui qu’Andrea croyait être l’homme qui l’aimait le plus au monde.

Et c’est dans des moments comme celui-ci qu’on se rend compte que le mot aimer revêt bien des sens mais qu’il ne s’applique en aucun cas dans le cadre de la relation qu’Andy entretient avec son frère. Venant glisser son visage à la naissance du cou de Law, la jeune femme hésitait encore à parler. Mais tant qu’il ne la lâchait pas, elle pouvait bien tout oser.

- Moi non plus, tu sais. Je n’ai pas l’habitude de sentir autant de choses se mettre en place et se créer en moi. Il suffit peut être d’apprendre ?

Et elle avait parlé. Elle avait posé des mots sur ce que sa raison ne pouvait réfréner. Raison, mais où se cachait-elle ? D’où guettait-elle le faux-pas, l’impardonnable, depuis quelles hauteurs ? Était-il envisageable de deviner une quelconque logique dans ses errements, était-il sain de jurer logique l’enchainement des pages du livre de leur vie ? Autant de questions qui ne trouvaient pas leurs réponses mais qui amenèrent quelque chose d’autre.

- La vraie et seule question, c’est de savoir si tu préfères t’en retourner là-bas et que je m’en aille. Ou si tu es prêt à me laisser pénétrer là-dedans.

Aux derniers mots, sa main vint de nouveau se figer sur la poitrine de Law, dessinant quelques cercles incertains à la surface avant de venir y poser un baiser, les lèvres de son interlocuteur n’étant pour le moment pas accessibles. Mais cet obstacle n’en était pas un, et Andrea se dégagea doucement et à regrets, juste assez pour pouvoir de nouveau le regarder lui, suivre ses réflexions à la surface de ses prunelles, y chercher un peu d’espoir et de certitude qu’il ne regretterait pas. Puis elle vint chercher de nouveau ses lèvres, montant ses poignets autour de son cou, le tout dans une précaution extrême pour ne pas le brusquer, malgré l’insistance qu’elle véhiculait dans ce baiser. Comme pour réitérer la magie, qui arriva bien et irradiait le corps de la jeune femme d’une douce chaleur. Elle avait trouvé, enfin, la plus belle satisfaction qui soit.
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Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 33 dimanche 12 décembre 2010, 22:28:47

Elle peut lui arracher tout les baisers qu'elle veut. Il ne fait que répliquer à cette offre, à la communion de leurs coeurs par la collision de leurs lèvres, sachant se faire tigre quand elle demande de la passion dans le geste, chat quand le mouvement doit se faire plus délicat, amoureux. Alors, finissant par rompre ce simple rituel de couple, assimilé d'habitude pour Law à l'acte sexuel pur, et aujourd'hui différé dans la définition par cette situation singulière, suscitant dans sa source de pensées une masse de supplices propre à désordonner ses raisonnements, il assène, avec un regard fuyant vers le sol, sur le côté, un pesant silence de plusieurs secondes, en guise en réponse.
Long. Enfin, long.. Tout est relatif. Disons que dans ces conditions peu propices à l'attente, à une perception claire du temps et de l'espace, à tant d'hésitation, tant d'ignorances, la moindre seconde passée arrive à se déguiser en une éternité.
Il faut pourtant tout pour arriver à réfléchir correctement. Mais impossible de s'y retrouver, dans tout ce fatras mental que cette petite a su créer en lui.


.. Reste ici.

Voilà, oui. Il ne prononcera que ces deux mots-là pour l'instant : Reste ici. Ce n'est pourtant pas le style de Law de devoir s'attacher, bien au contraire. Mais il a décidé de faire l'essai. Voilà. De se risquer à une période, plus ou moins courte, pendant laquelle tout deux pourraient voir si ils savent s'y prendre, et si la jeune fille pense arriver à se frayer une place dans le chaos de Terra, et pourquoi pas, si les deux aimants s'attirent plus qu'ils ne se repoussent, statuer sur une position définitive, qui scellerait à jamais leur destin dans des voies différentes de ce qu'ils ont toujours pu imaginer.
Faisant preuve de tout le calme qui s'impose dans ce genre de contexte, l'homme d'affaire respire. Il se détachera un peu du corps de celle qu'il a, pour ainsi dire, élu, sans toutefois la lâcher de ses bras. Et avec le sérieux dont il se sait détenteur et maître dans l'exécution, il parlera un peu plus.


Reste ici, rien qu'un peu. Et si cette vie te plaît, alors jamais plus on ne se quittera. Mais tu devras te plier à quelques exigences. Tout le temps que tu seras ici, demain ou dans 10 ans, jamais tu ne devras sortir si tu n'es pas accompagnée. À partir du moment où tu m'es proche, ta vie est en danger. Et quand je dis en danger, je ne plaisante pas.

D'ailleurs, il n'avait pas l'air de plaisanter du tout. Oublié l'insouçiant qui n'hésite pas à hurler et frapper des mastodontes de sécurité, avec un semblant de chorégraphie de combat comme divertissement pour la foule. D'ailleurs, sa première "condition" aurait déjà rebuté nombre de demoiselles désireuses de devoir être en couple avec lui. Ce n'est pas fini.

Ensuite, tu devras accepter tout ce que je fais. Peut-être déciderais-je un jour de changer. Mais.. Tu sais, j'suis un pourri. Je vis de la misère, de la souffrance des autres. Je n'ai pas de sens moral dans les affaires et je ne laisserais pas tomber de si tôt. Alors, tu ne devras jamais rien en redire.

Qu'on ne s'y trompe pas : Il ne lui demande pas de devenir une bonne à tout faire, soumise qui n'aura pas le droit de faire des reproches. Il lui ordonne juste de séparer avec attention le travail et le privé. Ce qu'il sera dans ses commerces, jamais il ne le sera avec elle. Jamais. Il pourra lui jurer sur sa vie.

Et pour finir, tu devras te débarasser de tout tes maux. Tout ce qui peux te miner. Tout ce qui te traînes vers le bas. Tu devras accepter que je te prennes la main et te tire de ton trou, pour te débarasser de tout ce qui te fait pleurer ou te met en colère. Tu devras accepter que je ne te laisserais jamais abattue, jamais souffrante. Je tenterais tout pour que tu puisses marcher à mes côtés et que personne ne puisse plus te faire sentir mal.

Et là, c'en était presque une menaçe. Law accepterais Andrea telle qu'elle est, bien entendu. Mais il voudra d'abord qu'elle puisse lui dire si quoique ce soit altère à sa santé, mentale ou physique, pour qu'il puisse s'en débarasser illico. Et là, pour le coup, il pense à cette dette. Ce qu'ils ont évoqués dès le début de leur rencontre, et dont Law ne cesse de chercher à découvrir la véritable teneur. Puisse-t-il la balayer de la vie de son Amour, et définitivement.

Je sais que ce n'est pas facile.. Mais.. Si tu es d'accord avec tout ça.. Considère Nexus comme ton nouveau chez-toi.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 34 lundi 13 décembre 2010, 15:39:16

Amusant, alors qu’Andrea pensait avoir gardé un semblant de logique et de capacité de concentration dans cette situation, de voir qu’il n’en était rien. Aveuglée, brutalement enivrée d’une émotion sur laquelle la jeune femme ne parvenait pas à mettre un mot assez réaliste sans que celui-ci ne lui fasse peur, Andy était la moins perspicace. Ridiculement perdue dans un monde de contes de fée, elle profitait simplement du moment actuel. Là, maintenant, avec lui. Cela paraissait suffisant. Et c’est paradoxalement quand elle grandissait enfin sentimentalement parlant qu’elle se retrouvait comme une petite fille. Incapable de voir plus loin que le bout de ses lèvres, sans se soucier du lendemain et en savourant simplement l’espoir de promesse qu’elle n’osait mettre en mots. Telle une enfant qui découvre enfin la vie, après avoir poussé timidement une porte jusque là interdite. Est-ce que Law avait l’habitude ? Il n’en avait pas l’air. Et pourtant, après la stupéfaction première quant à une situation quelque peu inhabituelle, c’est lui qui régissait rapidement. L’expérience, sans doute, de rebondir en toute situation et ce même si l’on touchait un point sensible.

Andrea, elle, était encore sous le choc d’une découverte pareille. Alors les mythes qui l’entouraient dans son quotidien morose qui n’avait de coloré et joyeux que l’apparence n’étaient pas irréels. Alors ce sentiment existait. Pour combien de temps ? Etait-ce une émotion que l’on laisse filer rapidement, si bien qu’on ne peut la rattraper qu’en essayant avec quelqu’un d’autre ? La jeune femme coulait sous le poids d’une découverte merveilleuse qu’elle craignait de voir s’éteindre. Et si c’était plutôt ce qu’on appelait la passion qu’autre chose ? Pourtant Andrea n’y croyait pas, ne voulait pas l’envisager. Quand son regard se posait sur Law, elle y voyait bien plus de choses qu’une impulsion passagère, qui n’aurait de toute façon pas pu réveiller en elle ce qui était enfoui depuis bien longtemps. Lorsque celui-ci détourna une fois de plus les yeux avant de lui demander de rester, chassant l’autre proposition qu’Andrea avait osé émettre, la jeune femme ne put s’empêcher de soupirer de soulagement. A vrai dire, peu confiante encore qu’elle était en elle-même et à l’encontre de cette nouveauté toute fraiche et fragile, elle avait envisagé presque sérieusement son retour chez elle. Mais s’entendre dire que quelqu’un voulait la voir demeurer auprès de lui était chose nouvelle depuis Seiji. Chose bien plus agréable, d’ailleurs.

Si jusque-là l’atmosphère avait été rêveuse, un peu enveloppante et presque lointaine suite à l’expérience surprenante d’un objet magique à présent bien à l’abri dans la chemise d’Andrea, qui l’y avait oublié, celle-ci se fit plus réelle, pragmatique. Sérieuse. Mais pas pour autant oppressante ou anxiogène, loin d’être source d’inquiétude pour le duo étrange qui prenait vie dans cette pièce et dont l’un des acteurs participa à son instauration en reprenant la parole d’un ton plus assuré. Andrea l’écouta calmement lui expliquer ce qui allait se passer à présent. Pas une seule fois elle ne le coupa, et se contenta de scruter un visage plus sûr et fermé, qui lui offrait autant de promesses que de conditions.

La première, ne pas sortir seule. Andy n’y voyait pas d’inconvénient. Parce qu’avant, son corps était aussi libre que son esprit enfermé dans une cage dorée. Et que là, le contraire se profilait et elle préférait largement cette alternative. S’il fallait se plier à cette contrainte qui n’en était presque pas une, ce n’était pas un problème. D’autant plus que la jeune femme n’avait pour l’instant pas grand-chose qui la rattachait ici, si ce n’était Law. D’ailleurs, cela éveilla une autre question. Celle de savoir ce qu’elle ferait de ses journées à Nexus. Accompagnée toujours l’obligeait à ne plus penser à une quelconque activité productive. Et si elle était auparavant habituée à ne strictement rien faire de son temps, cela allait devenir compliqué maintenant qu’Andrea s’était éveillée un peu au monde l’entourant. Son cerveau n’était plus plongé dans un brouillard atone et épais qui l’empêchait de concevoir, de prévoir, et maintenant qu’elle s’en souciait la concrétisation serait peut-être difficile. Toutefois, Andy ne répliqua pas et ne fit qu’hocher discrètement la tête pour l’encourager à continuer.

Lorsqu’il le fit, ce fut sans doute un peu plus dur. L’accepter lui, avec ses paradoxes, son caractère et ses réactions c’était avec plaisir. Andrea se passionnait déjà pour la douceur qu’elle lisait parfois dans le regard pourtant aiguisé et impitoyable qu’elle devinait chez Law et dont elle avait eu un aperçu auparavant. Accepter le reste, son monde ... La jeune femme était arrivée jusqu’ici dans le but de le découvrir, d’y plonger une nuit ou deux. Mais serait-elle en capacité d’y vivre, de s’y immerger sans s’interposer, sans réagir, sans tenter de s’opposer ? Pourrait-elle lui faire confiance et le laisser évoluer dans son univers à lui tout en restant loin de ce qu’elle pouvait deviner sous ces mots ? Un instant de réflexion fut nécessaire à Andy pour parvenir à la conclusion que c’était possible. Elle savait qu’il y avait ceux qui se trainent et souffrent dans la boue, et les autres. Elle savait que c’était dans le cycle de la vie, d’autant plus apparemment sur Nexus. Et elle se sentait prête à y dire oui. Quand cela deviendrait trop dur, elle fermerait les yeux, mais Andrea tenait à ne pas laisser de zones d’ombres, à assumer en toute connaissance de cause son choix de rester, avec les conséquences que cela impliquait.

Dernière condition, enfin. Qui la fit fondre, et lui arracha un sourire attendri. C’était adorable de sa part de penser et de dire cela, de lui montrer qu’il prêtait attention, qu’il se souciait d’elle et de son bien être. Qu’elle était importante. C’était tellement rare dans l’esprit de la jeune fille que les mots de Law la remplirent, alors que sa voix à lui était sans appel, d’une douce chaleur. Andy savait que même de manière radicale, elle n’aurait plus besoin de retomber dans l’état qu’elle avait connu ces dernières années. Elle avait trouvé quelqu’un qui était prêt à endosser ça à sa place et l’en débarrasser, quelqu’un qui sans même rien savoir, lui promettait d’accepter et de résoudre ses angoisses, ses ennuis. Difficile de se dire qu’une telle personne peut être celle qu’on n’attendait pas, et que c’est au final une évidence triviale. A la fois ferme et tendre, Law aurait presque fait battre une seconde fois le cœur d’Andy, rassurée par ses conditions et sa proposition finale. Elle pouvait rester, vraiment. Continuer ici, recommencer quelque chose. Loin de tout, près de lui. Aussi prit-elle enfin la parole pour lui répondre d’un ton un peu fébrile et pourtant inébranlable.

- Ça ne me semble pas être très compliqué à accepter. Me protéger et te rassurer par la même occasion n’est pas une contrainte, je pense. Te prendre comme tu es non plus. Si je suis ici, dans tes bras, ce n’est pas simplement parce que je suis simple d’esprit, mais aussi parce que tu fais ce que tu veux.

Elle marqua une petite pause. Les mots se bousculaient sous son crâne et il était devenu difficile de les ordonner, de leur donner un sens qui percute et qui soit celui dont elle voulait donner l’expression. Tentant d’être claire et de ne pas se perdre dans ses explications, encore un peu chamboulée à l’idée d’avoir le droit de demeurer dans des bras si protecteurs et confiants, Andrea reprit.

- La seule chose que je te demanderai en échange c’est de faire attention à toi. Tu as quelqu’un pour qui rentrer, et tu n’as pas intérêt à y faillir. Le reste, je ne m’en soucierai pas. Il serait stupide d’essayer de te changer alors que c’est comme ça que tu as réussi à faire fondre quelque chose chez moi. De plus, il est hors de question que je sois une contrainte. D’ailleurs, si cela en arrivait là j’attends que tu me le dises clairement. Ce sont mes deux conditions à moi.

Et même si cela lui faisait un peu peur de ne pas savoir, de simplement imaginer, de ne pas vouloir le faire vraiment, c’était quelque chose qu’elle cédait sans hésiter. Il lui suffisait de le savoir lui, de ne pas se sentir de trop et de ne pas susciter de pitié protectrice pour être satisfaite. Puis Andrea conclut, enfin, avec sans doute le point le plus difficile.

- Pour le dernier point, je te promets au moins d’essayer. De te parler. De me laisser enrober, d’essayer d’être aussi heureuse que maintenant. De te raconter pourquoi j’ai atterri ici et de cette manière, si tu le veux.

Regard chargé de sens qui s’ouvrait tout à coup sur des mots encore vierges du moindre sens, puisqu’Andy ne les avait jamais prononcés. Tant de caps franchis ce soir, était-elle vraiment assez déterminée pour ne pas fléchir et ouvrir une des portes les mieux gardées de son cœur ? Affaire à suivre.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 35 mardi 14 décembre 2010, 10:37:37

Et une nouvelle fois, il avait envie de sauter au plafond tant la joie l'envahissait. Elle acceptait. La seule véritable condition qu'elle posa, celle concernant sa propre vie, il n'eut aucun mal à s'y faire. Quoique, cela était tout de même nouveau. Qu'on fasse preuve d'attention à lui pour ce qu'il est en tant qu'homme. Habituellement, ce sont des employés qui craignent pour leur salaire qui s'inquiètent pour sa santé. En dehors de cela, il y a le classique "Tu aimes ce que je te fais ?" et "j'espère que ce contrat vous sera aussi profitable pour vous qu'il ne l'est pour nous". Et c'est tout. Alors là aussi, c'est quelque chose de nouveau. Sans doute devra-t-il s'y faire. Oui, c'est un coup à prendre, avec le temps, avec la pratique.
Il ne compte pas pour autant remettre ses petites bagarres urbaines de côté. Mais si il pouvait éviter de se laisser dans quelques opérations militaires au futur, il tentera de déléguer son rôle à autrui. Pas Isaac. Isaac n'est pas un combattant, loin de là. Law a déjà les esprits plus clairs : il pense à l'avenir, pense à l'organisation, pense à ce qu'il devra faire désormais et ne plus faire. Rien n'apparaît comme un fardeau, ni comme un possible regret futur. Il ne voit pas Andrea comme une charge, mais plutôt comme l'aboutissement d'une longue route avec énormément d'obstacles, et des récompenses assimilée plus souvent à des petites friandises qu'à un trophée ou un gros lot. Là, en l'occurence, il a réussi à soulever la plus belle des coupes. Mais ce n'était pas une compétition, juste le cheminement classique d'une vie. Un guerre, comme il aime à le faire savoir. Pour une fois, il a arraché la victoire à son opposant. Qui ? Lui-même.


D'accord.. D'accord. Je te promet que je serais attentif à moi.


Mine de rien il prend soin de sa personne le Law. En effet ça ne transparaît pas. Mais il a l'air bien plus jeune que ce qu'il a vraiment.. C'est peut-être pour ça que la flagrante jeunesse d'Andrea ne le gêne pas. Parce qu'il se sent jeune, parce qu'il fait jeune. Et parce qu'il pense que l'âge n'a pas d'incidence sur l'homme. Rien que les épreuves qu'une personne a dû traverser. Cela n'a aucun rapport avec le nombre d'années d'existence.
Il la soulève. Euphorique. L'embrasse vivement, avant de la reposer au sol. Comme fou.


Tu verras.. Tu ne regretteras rien. Jamais. Tu auras tout ce que tu veux ici. Et si tu ne veux rien, tu finiras par vouloir. Nexus ressemble peut-être à ton monde, mais crois-moi, tant de choses sont différentes.. Viens !

Parce qu'on ne va pas rester dans une salle des coffres toute la journée. Il l'attrape par la main et l'emmène vers le couloir, fermant à peine la porte derrière lui. Une fois dans le couloir, il.. hurle.

-Isaac ! ISAAAAAC !!

C'est une sorte de larbin qui se ramène, le genre un peu fier, avec un port bien plus altier que Law, malgré une condition fort basse par rapport à celui qui l'interpellait. Il se penchait vers Andrea, et lui demandait si elle aimait le thé. Devant son affirmative surprise, il regardait ensuite son subordonné.

-Où est Isaac ?
-"Sire Isaac s'est absenté."
-Absenté ? Où ?
-"Il n'a rien dit. Il a emmené Sibrand, et Stilleto, et.."
-Ha, oui, oui, oui oui oui c'est bon j'me souviens, c'est moi qui l'ait envoyé.


Comment avoir l'air con devant un employé.


-Tu vas m'apporter un thé.
-"Lequel ?"
-Comment ça lequel ? Un thé quoi. Un thé au thé. Avec du thé d'dans. Dans mon bureau, dans 5 minutes pas plus. En dehors de ça, mes quartiers seront barricadés. Par une seule personne ne rentre. Pas même la Reine, pas même Sparshong. Si l'établissement brûle, peu m'importe, je ne veux rien savoir. Celui qui tapera à ma porte sera égorgé. Clair ?
-"Très clair.. Mais.. J'amène le thé quand même du coup ?"
-Mais bien sûr. J'parle pas assez bien ?


Et Law s'éloignait, laissant un incrédule de plus sur son chemin qui commençait à se demande si, en apportant le breuvage demandé, il ne risque pas de se faire battre à mort ou défenestré par son patron. Epineuse question. Balayant ses doutes, il filait vers le quartier des cuisines pour faire la préparation qui risque d'être hasardeuse.
Le propriétaire gromellait, maugréant envers ses employés qu'il estimait parfois vraiment à la limite de l'incompétence. En même temps, avec un leader comme Mr Raine, il faut avoir l'esprit bien accroché.. Ou au contraire, complètement détaché, pour pouvoir regarder tout ce qu'il fait d'un oeil complètement neutre, et laisser glisser sur soi toute les folies d'un supérieur bien barré.
Ce dernier, d'ailleurs, passait une porte gardée par un molosse à 4 bras. Oui, ce fameux Magnus, l'immortel et imbattable, rebut d'expériences ou produit d'une magie foireuse, peu de gens savent vraiment pourquoi cet homme torse nu au teint hâlé, aux nombreuses peintures de guerre et aux muscles ayant de quoi faire pisser dans son froc Mister T avait terminé avec une physionomie si particulière. L'ignorant, comme à son habitude, Law faisait rentrer Andrea, et fermait la porte lentement derrière elle.

Son espace de travail personnel. Il en avait plusieurs, mais celui-ci était le plus privé. Sur le mur de gauche, des traces de contours formés par une fine poussière illustrait ce qui était apparemment autrefois la place de tableaux. Sur cet espace vide de toute décoration, quelques minuscules projections de sang, éparses, étaient visibles pour l'oeil avisé.
En face de l'entrée, un bureau donc, large, en bois solide, avec un tas de dossiers rangés, consciensieusement classés, ordonnés avec discipline, avec des tas de couleurs. On se demande si c'est Law qui a fait ça.. ou bien, quelqu'un de bien plus méthodique que lui, habitué à la paperasse ? Oui, bien plus plausible. Derrière ce bureau, faisant dos au siège unique de Law, une très large fenêtre qui donnait sur Nexus. La vue n'était pas exceptionnelle le jour, mais la nuit, les quelques lumières qui brillaient dans les différentes rues, le peu de mouvement, la lune qui luisait majestueusement à l'apec de sa trajectoire céleste, c'était plutôt agréable.
Quant au mur de droite, une porte à demie-ouverte, d'où l'on peut apercevoir un lit, entouré par des tas de bougies. Ce même lit est propre, dressé, fait. Et là encore, on se doute que ce n'est pas Law qui a amoureusement plié les draps, s'est fait un joli bordage, et tapé les oreillers pour les rendre plus moelleux.

Dans l'allégresse, le polyglotte monte d'une large enjambée sur son propre bureau, esquivant du pied les dossiers que son Administrateur a disposé pour lui. Il tend la main pour demander à Andrea de faire de même, et l'aidera à grimper. De là, il montre la fenêtre, et plus généralement, l'étendue de la Cité-Etat qui s'étendait derrière les carreaux.


Tout ça, c'est à toi. Tu es en la Reine comme j'en suis un Roi.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



Je suis pour la réhabilitation des Userbars.
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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 36 mardi 14 décembre 2010, 18:57:18

On imagine assez mal comment cela fait quand on se retrouve derrière les barreaux. L’oppression de l’autorité, la promiscuité des autres, les règles très strictes qui vous bardent d’injonctions et de limites. Aucune échappatoire, l’obligation de vivre collé à des étrangers sans pouvoir s’en détacher. Comme si on vous plongeait dans une fosse glaciale où il faudrait vous frayer un passage vers les meilleures places, celles où suffisamment de chaleur humaine irradie pour vous protéger, laissant les autres crever. Sauf que là-bas, ce n’est pas forcément l’humanité que l’on cherche. C’est le pouvoir, celui de corrompre, celui de plaire, celui de menacer. Pour tirer son épingle du jeu et avoir ne serait-ce que l’illusion de dominer un monde en modèle réduit, on ferait parfois n’importe quoi. Et puis il y a ceux qui subissent sans rien dire les assauts de leurs congénères, ceux qui se font arnaquer sans pitié, ceux qui sont incapable de dire non ou de chercher à prendre, à leur tour, une parcelle de pouvoir. Ce lieu est un endroit dans lequel il faut abandonner encore plus d’humanité que lorsqu’on y est entré. Car ce n’est que chose pour faire plaisir aux gardiens, inutile pour s’imposer ou se préserver. Mettre sa vie entre parenthèse, oublier quelques mois ou années qui l’on est et peut-être passer de brebis malchanceuse au loup le plus féroce. Ou passer de la brute sanguinaire à l’impitoyable terreur de cet huis-clos dévastateur.

On y trouve de tout, et pourtant chacun d’eux a un point commun qu’ils ne s’avouent pas et dont il n’est pas possible de parler sans en subir les représailles violentes des autres pauvres hères. On ne parle pas de liberté. On ne la pense pas, on ne met aucun mot dessus. Parce que c’est leur seul point faible, de savoir que leur monde dominé -certes par eux- n’est que factice. Que cette société où ils ont de la force et de l’autorité est soumise à toutes les autres, qu’elle est en marge de tout. Plus bas que terre, ils sont ramenés à l’état de faits divers ou de titres de journaux. Dehors, ils n’ont plus rien. Alors il faut jouir de cette impression de vivre, de ce mirage confortable, sans le briser par un simple terme trop douloureux. Ce serait comme leur rappeler les liens imaginaires qui les attachent à ces murs infranchissables, les assommer de l’horrible vérité que tout ce qu’ils construisent tant bien que mal pour ne pas se perdre ne représente rien. Que ceux qu’ils haïssent et descendent constamment sont les seuls êtres humains qui leur parleront. Que leur commerce est plus surveillé et ridicule que celui de leurs enfants, dehors, en cour de récréation. Ils n’ont aucune liberté, et seuls les barreaux à leurs fenêtres le leur rappellent tous les soirs. Triste vérité.

Et il y a plusieurs formes d’aliénation, d’enfermement. Andrea avait pris pour un temps indéterminé, mais sa peine semblait se limiter in facto à deux ans. Un peu plus de dix-huit mille heures, sans doute, à se sentir constamment limitée, réduite à une simple envie, à un simple ordre muet. Et bien que la jeune femme ait pu aller où bon lui semblait, quelque chose enfermait en elle la seule volonté d’être libre. Ou comment se lier les mains avant d’avaler la clé. Sans savoir qu’il y avait un double quelque part, et que quelqu’un l’avait en sa possession. Un homme un peu étrange, pas toujours équilibré, aux impulsions sidérantes de spontanéité. Un sourire qui avait l’air de celui qui vient de découvrir son existence, sans jamais avoir pu auparavant naitre sur un visage. Ou bien un élan qui la fit décoller du sol, de la réalité, du monde. Comme s’il était absolument évident que cette situation aurait dû être depuis toujours, Andy reçu avec plaisir la énième marque d’affection de Law, se laissant valser dans les airs avec un ravissement non contenu. Elle ne se lassait pas de se faire entrainer toujours un peu plus, que ce soit dans ses promesses de ne pas se reprocher de l’avoir choisi, lui et tout le reste en cadeau bonus, ou dans ses brusques mises en mouvement. Quand il la prenait par le poignet pour la presser de fuir ailleurs, sans prendre le temps de regarder en arrière. Alors qu’Andrea examinait toujours le chemin sur lequel elle s’aventurait, voilà que la jeune fille laissait à Law le soin de la guider.

Entièrement à lui.

Ou presque, en cet instant où un tiers débarqua de nulle part pour prendre note des ordres du maître des lieux. Après que ce dernier se soit enquis de quelques précisions sur les goûts d’Andy, il tenta tant bien que mal d’arriver à ce qu’il voulait : du thé. Manifestement, ce n’était pas une mince affaire pour Law d’organiser ses pensées en cet instant, tant il semblait à la fois fébrile et impatient, allant tantôt trop vite tantôt trop lentement pour son pauvre subordonné qui semblait craindre un retour de bâton des plus tonitruant s’il manquait à son devoir de le satisfaire. D’ailleurs, Andrea ne put s’empêcher de se mordre les lèvres pour étouffer un léger rire qui naissait dans sa gorge, tout en lançant un regard désolé vers le pauvre exécutant qui ne savait plus bien sur quel pied danser. Sans doute un de ceux qui ne devaient pas être habitués à Law et ses particularités. Oh, la jeune femme ne se targuait pas de tout avoir deviné, loin de là. Et elle le craignait plutôt, avide qu’elle était de toujours en découvrir plus sur celui pour qui son cœur avait recommencé à battre. Mais cette inconstance pressée, cette désinvolture hâtive et presque colérique ne lui était pas étrangère. Aussi dur et sérieux qu’il pouvait être, Law se montrait parfois absorbé par tant d’autres choses que les basses questions existentielles semblaient lui paraitre lointaines.

Heureusement pour Andy, son visage n’affichait pas tout ce que son esprit avançait. Parce qu’elle doutait que Law appréciât l’idée de le trouver à la fois touchant et drôle, dans ses réactions évidentes et imposées à lui comme naturelles. Tout ce qu’elle ne connaissait pas, toute la facilité dont elle n’avait aucune idée, bref la complétude parfaite avec son rationnel, ses questions, sa réserve. Qu’elle tentait de laisser tomber devant lui, essayant tant bien que mal de paraître elle, Andrea, sans le mur de protection et de retrait qu’elle avait érigé devant elle. Pierre par pierre, il tomberait. Aussi sûrement que pas à pas, ils avançaient de nouveau. La jeune femme glissa ses doigts entre ceux de Law alors qu’ils passaient devant la surveillance paisible mais efficace d’un garde des plus étranges, sur lequel le regard d’Andy n’eut pas le temps de s’attarder pour satisfaire une curiosité et ce qu’elle croyait être une aberration, voire un effet d’optique. Franchissant une autre porte, la jeune femme soupira d’aise en jetant un coup d’œil circulaire. Pas de coffre étrange, pas d’autre objet mystique devant lequel elle serait désemparée. Juste une pièce classique, calme. Il devint alors évident qu’en effet, personne ne pourrait les déranger ici. Que c’était juste eux, au milieu des quatre murs qui les entouraient. Plus, en fait, mais Andrea ne remarqua pas tout de suite la pièce adjacente sur laquelle deux portes se découvraient, laissant paraitre un endroit propice à bien d’autres choses que le travail. Le repos, par exemple. Non, ce qu’elle put admirer tout d’abord fut pourtant la dernière chose qui faisait de ce bureau un bureau. Andy ne regarda ni les meubles ni la paperasse entassée, pas plus qu’elle ne s’appesantit sur le décor de la pièce. La seule vision des lucioles prenant vie au milieu du néant suffisait à rendre l’endroit des plus attrayants.

Des lumières tremblotantes, de toutes tailles et de toutes intensités vacillaient au travers d’une large fenêtre laissant la nuit les englober, eux aussi, dans son tableau. Image complétée par ce qu’Andrea ne pouvait pas prévoir, trop peu habituée à tant de franchise et d’honnêteté dans les gestes, si peu familière avec les décisions branlantes et impulsives. Un Law qui, dans la joie éclatante que la simple présence de l’autre leur apportait ce soir, jaillit en avant et se dressa fièrement sur son objet de travail pour dominer la pièce et la ville d’un regard conquérant qu’il l’invita bien vite à venir partager. S’exécutant avec plaisir, Andrea saisit la main tendue pour se hisser jusqu’à lui et enlacer sa taille de derrière, posant sa tête sur le côté de son omoplate afin de pouvoir encore admirer Nexus de nuit. Ainsi, elle se blottissait dans son dos et se laissa introniser en silence, tout d’abord. Elle passait du rang de larve dans la boue de la ville à Reine attitrée en quelques heures à peine, et réalisait doucement le changement de condition. Elle, posséder tout cela ? C’était trop, et pourtant à ses côtés cela devenait possible. Et si pour Andrea mettre la main mise, même indirectement, sur une ville n’était pas dans ses priorités, elle ne pouvait nier une certaine sensation de pouvoir incontrôlable et irrépressible. Comme les prisonniers à la tête de leur petit monde, la liberté en plus. Parcourant encore le paysage d’un œil admiratif et comme fasciné, Andy lui répondit finalement.

- Je pourrai presque les attraper. C’est drôle, c’est la première fois depuis longtemps que je me fascine pour quelque chose.

Puis elle se tourna vers lui et, cherchant tant bien que mal son regard malgré sa position qui n’était pas destinée à cela, corrigea tout en lui souriant avec simplicité.

- Deuxième.

Et ce fut là-dessus qu’un bruit se fit entendre à la porte. Soit les tourtereaux voyaient le temps filer plus vite, soit les employés de Law étaient particulièrement efficaces sous la peur des remontrances. La jeune femme quitta Law, défaisant son étreinte et sautant à bas du bureau pour se diriger vers la porte. A vrai dire, elle ne voulait même pas attendre de laisser le maître des lieux faire entrer le thé avant de lui dire de repartir. Il y avait plus rapide pour se trouver enfin tranquille, dans un environnement déjà plus logique qu’une salle étrange meublée de coffres tout aussi inappropriés. Ouvrant la porte, elle adressa un petit sourire à l’homme de tout à l’heure, le remercia sans attendre et le débarrassa de son plateau, histoire de lui faire comprendre qu’ils n’avaient plus besoin de lui. Finalement, elle s’y faisait, à se considérer d’ores et déjà comme intégrée dans le décor, tout naturellement. Puis, revenant sur ses pas, elle leva les yeux vers Law et lui proposa, avec nonchalance :

- Du thé ?

Ou comment juste le plaisir d'être ensemble et de partager.
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Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 37 mardi 14 décembre 2010, 22:49:45

Les caïds de prison sont rôdés. Ce n'est pas qu'une simple occasion qu'ils saisissent : C'est tout un travail de préparation, de psychologie, c'est minutieux et calculé. On ne devient pas maître d'un lieu en distribuant deux trois pains et en faisant de l'esbrouffe. Là, Andrea n'avait qu'à tendre la main pour tenir entre sa volonté un pouvoir sans nul égal dans sa vie précédente. Mais attention avec le jeu du pouvoir. Ce qui fait que les gros bras arrivent à s'en sortir avec leurs manipulations et leurs démonstrations de force, c'est qu'ils savent s'y prendre. Nouer des alliances, savoir se faire des ennemis. Contrôler des troupes, ce n'est pas comme une simple partie d'échec : Il faut savoir connaître chacun de ses subordonnées pour que toutes les parties puissent se dérouler comme prévu. Un bon général sait les noms de tout ses hommes. Andrea aura à apprendre ce genre d'attentions, et quand elle y sera rôdé, la science du commandement n'aura plus aucun secret pour elle, tout comme Law a su gravir la hiérarchie en se faisant, à chaque échelon, à ces nouvelles règles obscures, ces arcanes que même certains hauts-placés ne connaissent pas, car ils n'en voient pas l'utilité. Ces mêmes hommes finissent immanquablement par se faire détrôner par un adversaire plus intelligent, ou même trahir par leurs propres hommes qu'ils n'auront pas su déplacer efficacement sur un champ de bataille.

Après le compliment, Law se sentira plutôt flatté. Même si ce n'était pas un secret qu'elle s'était intéressée à lui, la surprise vient du fait qu'il est "la première chose". Peut-être pas la prime dans sa vie, mais au moins depuis longtemps. Il compte bien lui faire découvrir tout un tas de choses. Jusqu'à ce qu'elle soit rassasiée de trop d'intérêt.
Pas le temps de lui répondre, qu'ils sont perturbés par une intrusion. N'avait-il pas formellement demandé à ce qu'on lui fiche la paix ? Alors, aussitôt, elle se prend à ce "jeu du commandement". Elle n'en est pas encore une experte, mais cela ne saurait tarder. Tout bient d'abord de l'intéressement qu'elle y met... Et apparemment, elle ressent une sorte d'excitation un peu nouvelle à devoir se trouver au-dessus de quelqu'un. Law y ressent une nouvelle fierté, déjà un peu exprimée quelques minutes auparavant, dans une autre situation.
Il descendait du bureau, retrouvant le sol.


Avec plaisir. À ras bord pour moi.

Classique plateau qu'elle portait, avec une théière fumante et deux tasses. Il s'écartait d'un pas grâcieux pour bloquer le chemin qu'elle avait sans doute entrepris vers son plan de travail : Non, il ne voulait pas qu'elle aille ici.


Le luxe.. C'est de pouvoir se nourrir allongé. Viens.

Sans plus la toucher, il allait pousser la porte de ses appartements plus privés. Traversant toute la pièce sobre sans attarder son attention sur la décoration, il laissait tomber son manteau au sol sur le chemin, négligemment, et s'affalait sur ses draps. La tête du lit étant contre un mur, les oreillers font légion, pour permettre une position assise tranquille.

C'est une vie de château. C'est ma liberté à moi. Je suis libre de faire ce que je veux parce que ce que je DOIS faire, d'autres s'en chargent pour moi.

Tandis qu'elle s'installe, lui se redressera un peu, la nuque abandonnée sur le dossier improvisé.

Tu devras tout retenir. Isaac pourra te donner des cours si tu le souhaites. Il faudra que tu te montres polie, mais ferme. Jamais rien lâcher, comme un chien. Tu devras punir sauvagement, mais récompenser généreusement. Doser parfaitement entre le respect et la crainte. Quand tu auras réussi ce tour de force, tu t'apercevras bien vite que tout Nexus pourrait t'appartenir. Il faut du temps.

Il se tourne alors vers elle. Fronçant les sourcils, inquiet.


Andrea... Qu'attends-tu de ta vie ici ?

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 38 mercredi 15 décembre 2010, 20:00:27

Dans les faits, Andrea était une jeune femme assez calme et plutôt pacifiste. De celles qui sont prêtes à soutenir les bonnes causes parce que ça fait bien dans un profil, sans jamais réellement s’impliquer dans quoi que ce soit. Une charge émotionnelle, elle ? Ah. Comme si c’était possible. Mais lors des discussions, quand on lui demandait son avis, elle sortait de ces phrases toutes faites qui calment les esprits et permettent de se faire oublier. Comme les autres, sans réfléchir ni aller plus loin dans ce qu’elle ne soutenait pas -même en façade seulement. C'est-à-dire qu’Andy n’avait jamais pensé qu’il y a toujours un noir dans le blanc et inversement. Que les idées toutes faites de ces crétins de camarades de classe sur la lutte contre le système ou l’injustice n’avaient rien de fondé. Les idiots ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, le crâne bourré d’idées leur venant tout droit dans le bec par leurs chers parents. Voilà comment la bêtise et l’incapacité à réfléchir nait chez une génération qui mettra bien du temps pour éventuellement commencer une réflexion personnelle. Affligeante situation et pourtant pleine d’une vérité criante dont elle était également la cible. Ouvrir les yeux et commencer à réfléchir par soi-même est toujours effrayant, dévalorisant au début lorsque l’on se rend compte que rien d’intéressant ne nait sur nos lèvres. Puis au fur et à mesure, personne ne peut plus déceler la méthode même la plus au point de plagiat de grandes idées. Pour la simple et excellente raison que seul son esprit est responsable de cette genèse fulgurante, parfois brillante, d’autres fois décalée. Peu importe, le simple fait d’avoir utilisé ses ressources personnelles vaut tous les applaudissements du monde.

Si on lui avait dit, donc, ce que Law faisait ici avant ce soir et dans un autre contexte ... Andrea aurait fait la moue, désapprouvant fortement une telle situation. Sans doute en rajoutant un sermon ou deux sur les répercussions d’une telle domination, sur la souffrance endurée et sur les conséquences désastreuses sur des dizaines d’individus. Voire centaines. Et sa diatribe moralisatrice serait tombée à plat puisque dans le cas présent, celui qui dirigeait avait parfaitement connaissance de tout cela. Et s’en fichait, pire, s’en délectait. Allez essayer d’expliquer au loup que la chair de brebis, c’est mauvais pour son cholestérol. Et que la pauvre bête victime ... elle a mal. En même temps, certains vous répondront qu’avec le ventre ouvert et les intestins pendants, c’était quelque chose de plutôt inévitable. Le lui expliquer alors qu’il agit en toute connaissance de cause est une des choses des plus stupides. Il vaut mieux accepter la notion de chaine alimentaire et le laisser égorger ses moutons en paix. Histoire que ce ne soit pas vous qui y passiez. Mieux valait encore le laisser gérer sa faim en toute tranquillité sans surtout essayer quelque chose qui vous inclurait dans le menu de la journée. Ce serait quand même bête de se faire voir pour une langue bien pendue qui raconte ce qu’on entend partout, sans se préoccuper du revers de la médaille.

Alors oui, Andrea avait bien changé. En apprenant à connaitre le loup, on découvre aussi qu’il a un cœur et que tout n’est pas aussi simple. Lui en vouloir ? Difficile. Si ce n’était lui, quelqu’un d’autre le ferait. Si ce n’était lui, il jouerait le rôle du dominé. Battre ou se faire battre, il suffit d’avoir suffisamment de force morale et de résignation pour choisir le meilleur côté du bâton. Sans s’orienter en espérant une réduction de peine ou une quelconque pitié. Etre sans aucun regret, c’était le seul moyen sans doute de ne pas devenir fou. L’être un peu, l’unique manière de ne pas sombrer complètement. On n’acquiert tout pouvoir sur les autres qu’en renonçant à tout pouvoir sur soi-même [Francis Bacon], et la jeune femme était persuadée que ce n’était pas parole en l’air. Car il y avait cette faiblesse imperceptible et très certainement non avouée, cachée et protégée le plus soigneusement du monde. Cela s’était bien vu lorsque les yeux de Law s’étaient posés sur l’objet magique précédemment cité, touché puis oublié. Il y avait quelque chose, sans quoi le maitre des lieux ne pouvait prétendre à la douceur qu’il dégageait en la présence d’Andrea. Sa douce folie l’envahissait, le rendant aussi changeant que sans pitié, mais avec une humanité encore perceptible au regard attentif d’une femme qui n’a pour but que d’en découvrir plus. Et ça, il allait avoir du mal à s’en détacher. D’autant plus que c’était uniquement ce détail, cette dimension qui le rendait capable de l’avoir amenée ici, elle. Elle qui n’avait rien d’exceptionnel ni de magistral, elle qui n’avait peut-être rien à faire là. Mais qu’est ce qu’on se fout de la logique !

Et alors qu’Andrea se dirigeait tout naturellement vers le meuble duquel Law venait de sauter à bas, celui-ci lui indiqua une toute autre voie. Ce fut alors seulement là qu’elle remarqua la chambre, pas plus surprise que cela d’en trouver une ici. Après tout, il fallait bien que les possibilités soient optimales, sans qu’il ait besoin d’arpenter constamment son royaume de long en large. Se nourrir allongé, hein ? Pourquoi pas après tout, bien que franchir cette porte battante provoqua un frisson qui se glissa dans le dos d’Andy. Manque d’habitude, sans doute. Ou vision qui rappelle trop de souvenirs pas encore vraiment attachés à Nexus. La jeune femme remarqua du coin de l’œil que son hôte se mettait à l’aise, tandis qu’elle-même se concentrait pour ne pas renverser le plateau qu’elle tenait fébrilement dans les mains. La théière pesait dangereusement lourd par rapport aux deux tasses, et bien que celle-ci soit placée au centre des paumes d’Andrea, elle ne sentait que précaire l’équilibre qu’elle maintenait tant bien que mal. Parvenant tout de même sans encombre sur le lit, elle y posa le plateau et s’assit après seulement, avec précaution. Pas bien pratique, m’enfin si c’était ça le luxe, elle n’allait pas refuser. S’installant en croisant les jambes, histoire de tenir une position à peu près assise, la jeune femme se saisit du breuvage et le versa dans les récipients prévus à son attention. L’un à ras le bord, comme demandé, l’autre laissant un certain espace. Pour un usage qu’elle ne tarda pas à mettre en œuvre. Reposant son attention sur le plateau, elle aperçut un petit coffret, qu’elle ouvrit pour y découvrir l’objet de son désir. Du sucre. Parce que le thé sans sucre, c’était comme un repas sans sel, une fête sans invités, un cocktail sans alcool, une vie sans amour.

Une fois la poudre blanche -l’inoffensive- ajoutée au breuvage, Andy le remua tout en attendant que cela refroidisse. En imaginant bien d’autres journées comme ça, à simplement être avec lui. Lui qui expliquait que son palace n’était pas que d’apparence et que son quotidien s’y prêtait aussi. Enfin, quand il ne trainait pas dans une rue, le soir. Puis il retourna sur ce qui l’attendrait. Tout apprendre. Le quotidien de Law, l’assimiler. Le faire sien, le décortiquer et s’y plonger pour y vivre. En serait-elle capable ? D’un coup, le doute se faisait. Elle qui avait grandi loin de tout ça, qui n’avait pas le parcours le plus méritant. Ce qu’elle avait fait ? S’imposer dans le cœur du prédateur de Nexus. Alors certes, ce n’était sans doute pas chose facile. Mais Andy ne l’avait fait qu’en restant elle-même, ni plus ni moins. Alors devoir d’un coup faire un pas en avant et entrer enfin dans le monde qu’elle brûlait de découvrir ... Oui, mais ça faisait peur. Ce n’est pas que la jeune femme s’en estime incapable ou peu intéressée, elle était prête à beaucoup pour y parvenir. Mais la flamme qui habitait Law n’était pas la sienne, elle n’avait aucun moteur à cela, aucune progression ni aucune connaissance de la chose. Pouvait-elle réellement s’imposer ainsi et piétiner de son passage maladroit et innocent, qui deviendrait sûrement professionnel et assuré, des gens qu’elle ne connaissait pas ? La motivation de rester ici serait-elle suffisante pour endosser ce rôle ? Autant d’interrogations qui se perdaient dans les méandres de son esprit. Autant de doutes qu’elle tentait de calmer en observant le visage confiant de Law.

Parce qu’elle était d’accord, parce que pénétrer au cœur de cette mécanique bien huilée réveillait en elle une peur excitante qui germait peu à peu, faisant sa place avec discrétion. Elle acquiesça donc de la nuque, pour montrer son assentiment éclairé. Elle apprendrait. Vite. Bien. Laisser les sentiments et la morale de côté n’était après tout pas un problème pour elle, dont les habitudes piétinaient les valeurs des bonnes gentes de la Terre. Il lui faudrait devenir comme lui ? Elle signait. D’office, sans réfléchir. Pas pour tenir la ville dans le creux de sa main, non. Pas pour la jouissance de la domination et du pouvoir, non plus. Simplement pour la satisfaction de faire quelque chose, de montrer à elle-même et à Law qu’Andrea n’était pas qu’une gosse trainant dans une artère sombre d’un monde inconnu. Que la résumer, la réduire n’était pas envisageable. Et puis, elle voulait également lui faire part de toutes les dimensions qu’elle abritait à présent que la brèche dans ses émotions s’était faite. Les capacités qu’elle avait, celles qu’elles obtiendraient. Mais à sa question, ses certitudes retombèrent quelque peu. Il semblait soucieux, comme si sa réponse avait une soudaine importance s’imposant à lui.

- Autre chose que ma vie là-bas. Je veux retrouver dans ton univers ce que j’ai perdu dans le mien. Que tu m’apprennes ce que toi seul peut me faire découvrir, ouvrir les yeux. Arrêter de me complaire dans un monde factice où tout n’est qu’illusions et mirages cachant une vérité que personne n’avoue. Voir la vie telle qu’elle est.

Elle se tut un instant, portant enfin sa tasse à ses lèvres. Convenablement sucré, et très bon de surcroît. Le fameux thé au thé commandé par Law. Cela lui permit de se donner une certaine constance après sa répartie où la passion et l’intérêt pointaient. Et s’il pensait que c’était trop, qu’il ne pouvait répondre aux attentes qu’elle avait l’audace d’étaler ? Eh bien tant pis. Elle rajouta tout de même, hésitante et inquiète à son tour :

- Ça te semble possible ?
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 39 mercredi 15 décembre 2010, 21:18:14

La grande différence entre un accident et une préméditation, c'est l'occasion. La préméditation n'est pas le résultat d'un hasard, c'est le fruit d'une longue réflexion sur pourquoi, comment, quand. Quand on prévoit de faire quelque chose de bien précis, et d'important, on organise notre temps en fonction de ce qui doit arriver. Tel jour, à telle heure, je vais devoir rencontrer telle personne à tel endroit. Il faut que je partes plus tôt pour y être. Je vais devoir amener ceci, cela. Le plan est dressé, minuté. Tout doit se passer comme prévu. Ainsi, on pourra ensuite organiser sur d'autres plages horaires d'autres actions à prévoir. S'échapper. Après un évènement dont l'intérêt est considérable, on a tendance à vouloir se détendre. Surtout si tout s'est déroulé comme selon les prévisions. Tandis que l'accident, lui, subi la règle de l'occasion. C'est arrivé, par hasard. L'arithmétique de l'anticipation composée lors de l'élaboration d'une tactique a été faite par le destin. On se trouvait effectivement à tel endroit, à telle heure, avec telle personne, tout comme si l'on y avait mûrement pensé avant. Sauf qu'on a pensé à rien. Une puissance supérieure s'est chargée de le faire pour nous. Attentionnée. Ou intentionnée. Peu importe : le fin mot de l'histoire est que, positif ou négatif, l'accumulation des coïncidence a fait que cette vicissitude n'était rien de plus qu'un produit de la fatalité.

Accident et Préméditation sont-ils pour autant toujours sur deux routes parallèles, parcourant le monde entier sans jamais que leurs voies ne se croisent ? Faux. Il est des moments où les deux itinéraires finissent par se croiser. L'intervalle méticuleusement respecté est rompu, et alors, il y a collision. Choc mutuel ? Jamais ! Tandis que l'anticipation est lente, la chance file à toute allure, vive, insaisissable. La divergence de rythme temporel explique alors qu'il n'y a jamais une rencontre spontanée à dommages égaux. Comme une locomotive lancée dans son allure malgré la flagrante apparition d'un véhicule sur la voie, c'est systématiquement le hasard qui percute de plein fouet la prévision. Elle chamboule alors son itinéraire. Tandis que, grisée par son impressionnante célérité, et dédaigneuse de tout dommage collatéral, Fortuna continue sa route, filant de vies en vies, insaisissable, jusqu'à heurter de nouveau une innocente préméditation.

La préméditation de Law, c'est plus ou moins sa vie. Sa vie qu'il contrôle et qu'il mène comme un infaillible chef de bataille peut faire traverser le monde à son armée en décimant quiconque voudrait se dresser sur son chemin. Il est implacable. Grandiose.
Mais là, il vient de se prendre une claque sévère de la part d'un produit de la Chance. Voilà, collision. C'est tout simplement une révélation qu'il vient d'avoir. L'illumination, telle qu'il vient de l'avoir, ce n'est jamais prévu. C'est donc bien un produit d'une série de coïncidences. Orchestré, sans le vouloir, par Andrea.
Et voilà, la trajectoire change du tout au tout.

Peu sûr de lui, il se saisit de sa tasse, et ses deux mains se referment dessus, se redressant pour adopter une position semblable à la jeune fille, lorgnant un bref instant sur les chocolats reposant à côté du coffret qu'elle venait d'ouvrir, semblable à une boîte de Pandore au vu du soudain chamboulement de son esprit déclenché un peu après son ouverture.


Tu as raison. Je dérive.

Raison ? Mais raison sur quoi ? Il va s'expliquer. C'est ça qui est pesant, avec lui, parfois : Après avoir dit quelque chose, il attend toujours que la ou les phrases fassent leur petit effet. Le temps que ça germe dans l'esprit de l'autre, que ça grandisse, et qu'il puisse, quand il reprend la parole, démontrer que l'arbre qui a commencé à fleurir dans les pensées de celui qui l'écoute aurait dû donner des poires, plutôt que des pommes.
Observant Andrea, critique, il s'explique enfin.


Ce qu'il s'est passé avec les deux gros bourgeois. Je leur ai léché le cul. Et ça c'est pas bien. Je me ramollis ces temps-ci. C'est pour ça que j'me sens moins dans mes affaires. Je m'affaiblis en fait ! Ecoute, je vais me reprendre. Je vais durcir un peu la poigne, resserrer les rangs. Je dois redevenir plus impitoyable. Merci toi.

Et en guise de petit présent pour signifier sa reconnaissance, il lui offre un vif baiser sur le front, avant d'aussitôt tremper ses lèvres dans le thé bien chaud, et surtout, nature.

Oui c'est possible, Andrea. Je ne suis pas un homme d'apparence. Je vis pour ce que je suis. Je révèle les autres sous ce qu'ils sont. Et je vais te le montrer. Dès demain j'envoie chier le vieux et sa radasse. Et je lui dis que si sa fille ne vient plus ici, ce n'est pas parce qu'elle s'est prise une branlée au poker, c'est juste parce qu'elle m'a fait du charme et qu'elle a fini par me demander de s'allonger sur elle. Hm. Opportuniste. Elle pensait que je lui rembourserais ses pertes. Vicieuse petite vénale.

Il a de nouveau la niak. Il ne l'avait pas perdue, simplement, elle s'était effritée. Il est le roc qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être. Sa mâchoire est encore puissante, et ses doigts aussi. Il va mordre pour ne plus jamais lâcher, déchirer de ses crocs et de ses griffes, jusqu'à ce que le destin agonise, lui supplie une grâce inespérée, et ainsi, que Law devienne totalement maître de son futur.

T'es la meilleure. Bouge pas.

Poussant sur le côté le plateau pour se frayer un chemin glissé jusqu'au sol, il retire bottes et laines au pieds pour se retrouver pieds nus, et fera filer sa chemise au sol. Ainsi donc, il ne lui reste qu'un simple haut léger en plus du pantalon serré et de sa ceinture. Les bougies qui donnent chaud, sûrement. Déposant la tasse sur le plancher, il file ensuite vers son bureau mitoyen. Par la porte, Andrea pourra le voir s'agiter, se saisissant d'un papier à l'intérieur d'un dossier en cuir, qu'il referme pour s'en servir comme support. Une plume, à l'ancienne, il tente d'écrire debout à côté de son plan de travail. Il peste, comme à son habitude. Quelques secondes de grattage, et son texte terminé, il souffle sur son message, le plie, et laisse le tout sur le reste du foutoir bien ordonné, ayant marqué le prénom d'Isaac par-dessus, pour signifier que c'était à son intention.
De retour dans l'annexe de repos, il reprend son thé au vol.


Je ne sais pas comment il fait. Il arrive à écrire des tartines de trente pieds de long, toujours debout, avec sa petite écriture toute parfaite. Il m'énerve ! J'arrive pas à aligner trois mots droit dans cette position. Pfeuh. Bon. Excuse-moi.


Il se frotter le visage, et s'approche du lit, posant rien qu'un genou dessus en prenant soin de préserver l'équilibre du plateau.

Andrea. Ici, tu trouveras peut-être que c'est un meilleur monde que sur terre. Mais sache qu'il est bien plus dangereux. Ici, c'est impitoyable. Tout n'est pas toujours clair non plus. Il faudra te faire à des choses similaires, mais différentes. Mais je serais là pour te montrer. Il faudra que tu t'habitues à la souffrance de la nouveauté. C'est long avant de s'habituer. D'accord ?


Un sourire. Bienveillant. Et il prenait une nouvelle gorgée de son thé.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



Je suis pour la réhabilitation des Userbars.
Les userbars sont VOS amies. Elles sont gentilles.
Utilisez des userbars. <3

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 40 jeudi 16 décembre 2010, 13:49:48

D’autant diront que l’éducation, ça se prend au berceau. Si l’on veut façonner la personnalité, l’avenir et même le destin de quelqu’un il faut s’y prendre très tôt. D’ores et déjà, les premiers mots appris refléteront un peu l’évolution que ce bambin criard et rougeaud aura. Si c’est « papa » ou « maman », bam, un complexe d’Œdipe sur le coin de la figure. Si c’est « manger », je vous laisse imaginer la priorité dans la vie. Les études, même si vous ne vous en doutiez pas. Parce que la bouffe, c’est la compensation du travail et le moteur de la réflexion. Si c’est « jouer », il faudra parier sur un homme restant très infantile, avec toujours cette idée de se gausser des autres tout en se pliant devant ses supérieures. Quelqu’un qui rentre dans le moule, quelqu’un qui se conforme à la hiérarchie et aux règles durement apprises dans son enfance. Et si c’est « tété », là encore je vous laisserai imaginer ... sans pièges. Y’a-t-il un moyen d’influencer ce premier son, de le maitriser pour en faire le premier d’une longue suite de réussites ou de déception ? Sans doute. Par la frustration, par l’envie et le désir d’une chose. Ce qui sort de la bouche d’un enfant est souvent l’expression la plus brute, la plus simple d’un besoin inconditionnel. Alors la meilleure façon de le lui faire dire, c’est de l’en priver avec délice et, disons-le, une certaine dose de perversion. Mais n’est-ce déjà pas au départ un comportement déviant que de vouloir manipuler un poupon du premier âge et en faire avec plaisir ce que l’on n’a pas réussi à être ?

Plus grand, c’est déjà plus facile. Parce que les enfants boivent les paroles des adultes savants, il n’y a qu’à voir comment certains arrivent à leur faire faire ce qu’ils veulent. Nombres de drames naissent de là, de l’envie de s’approprier l’enfant au lieu de le laisser partir. L’orienter à sa manière, parfois l’obliger à certains actes qu’un innocent ne devrait même pas connaitre. Le détruire, peu à peu, prendre possession de son âme et de sa pureté d’enfant. Le souiller. C’est parfois avec les meilleurs intentions du monde que l’on influence un esprit en incapacité de réfléchir, de s’ouvrir suffisamment sur le monde pour découvrir, émettre un avis propre, faire murir une idée. Parce que ces gosses s’amusent de peu et changent tout le temps de centre d’intérêt, parce qu’un gamin est fait pour l’instabilité, le risque, l’apprentissage par l’expérience et l’inconstance. Personne n’a le droit ni -normalement- le pouvoir humain de leur voler tout cela en les construisant dans un but égoïste. Comme ces mères qui enfantent pour combler un trou dans leur existence et pas seulement pour créer la vie, simplement, et accepter qu’elle se développe différemment de ce que l’on prévoit. Seule l’amoralité peut conduire à une telle déviance de l’enfance. Seule la haine de ce qui est différent peut amener au désir de contrôle d’une autre vie que la sienne. Seul le complexe d’infériorité profond peut aboutir à la volonté de faire sien, l’autre. En mieux.

Mais pour forger quelqu’un, il y a pléthores de facteurs extérieurs que l’on ne peut contrôler. L’influence des autres, de l’éducation extérieure. Les amis, les ennemis, les amours. Les sentiments de l’enfant le construisent bien plus que les idées qu’on peut lui mettre dans la tête, et seule l’interaction entre lui et l’extérieur pourra servir de base à ce qu’il va devenir et rester. Parce que les règles de la petite enfance, l’admiration d’un jeune âge, tout cela s’oublie et s’efface avec le temps pour ne plus rester que vagues souvenirs remplis de nostalgie. Ce qui laisse vraiment son empreinte, c’est soi-même. Les expériences que l’on fait, la force que l’on se découvre pour résister aux épreuves et aux déceptions. Celles-ci, tout comme les trahisons que nous réserve la vie, sont autant de conditions pour apprendre et évoluer. Il n’y a sans doute rien de mieux que les larmes douloureuses et le cœur serré pour barricader ses faiblesses et en faire des forces. Les déceptions rendent les bonnes surprises encore plus belles, les pleurs font d’un sourire ce qu’il y a de plus agréable à ressentir. Alors qu’un esprit heureux et comblé s’effondrera à la première difficulté une fois venu le terrible âge adulte, qui ne fait plus aucun cadeau sous prétexte de l’âge ou de la pitié que l’on accorde volontiers aux jeunes un peu capricieux. Bienvenue dans le monde réel, en somme. Celui qui révèle beaucoup de choses, celui qui en détruit d’autres.

Eh bien, pour se pencher deux minutes sur le cas d’Andrea, il se trouve que celle-ci avait eu une enfance heureuse, malgré son départ au Japon. Et que donc le premier véritable choc fit très mal. Si mal qu’elle n’en pleura pas. Si mal qu’elle préféra tout laisser passer et se laisser aller à d’autres réflexions bien plus superficielles, bien plus vides de sens. Mais ça, on le sait déjà. Que Seiji la prend pour une poupée depuis l’âge de dix ans, qu’il se fait un plaisir d’avoir la main mise sur elle sachant très bien que son environnement ne lui apportait rien de suffisamment fort pour combattre son emprise. Mais la roue tourne, et Andy ouvrait peu à peu les yeux sur sa condition, depuis qu’elle était aux côtés de Law, en somme. La jeune femme pensant l’affection comme un conte de fée se limitant au domaine de l’irréel et du mythe, elle ne faisait pas cas de son absence de sentiments envers son demi-frère. La normalité ? Ce qu’elle connaissait. Parce que l’on se base toujours sur soi pour comprendre les autres, et se remettre en question est difficile sans le déclic, sans le grain de sable qui vient rouiller la mécanique parfaite, et pourtant sans existence légitime. Et c’est seulement en imposant à son cœur la tendresse qu’Andrea apercevait vaguement la rancœur qu’elle devait porter à Seiji. La haine, les reproches qu’elles devraient lui incomber à l’avenir.

Pendant ce temps, ledit grain de sable la rejoignit en position assise et lui donna raison. Sous quel prétexte, dans quel but ? Seul le temps pouvait combler les illogismes de Law, et si même cela ne suffisait pas alors aucun artifice n’éclairerait sa lanterne. Aussi Andy se contenta-t-elle d’attendre la suite, pourtant contente d’avoir eu raison sur un obscur point dont elle n’avait pas connaissance. Mais la suite y remédia vite, et les mots se déversèrent avec ardeur, comme si le fleuve s’était tari trop longtemps avant de pouvoir à nouveau reprendre son cours tumultueux. Il se contenta en fait de la remercier pour une prise de conscience qu’elle n’estimait pas de son fait, pourtant heureuse de lui avoir rendu ce service inconscient. Lui s’affaiblir ? Andrea avait hâte de le voir au sommet de sa forme. Juste pour observer de son moindre rang le roi se délecter de ses sujets. Et pas sur un pied d’égalité comme il l’avait dit. Certes, Andy tenterait de se hisser vers lui pour ne pas être à la traîne et devenir d’office un regret découlant d’un simple mauvais choix. La faute à pas de chance, ou à l’aveuglement d’un instant ? Dans ce cas, la jeune femme priait pour qu’il n’ouvrit pas trop rapidement les yeux. Lui, impitoyable ? Andrea savait qu’elle ne devait pas en avoir peur, et ce n’était d’ailleurs pas le cas. Rien ne venant de lui ne semblait pouvoir dans son imagination la réduire à fermer les yeux, à craindre de les rouvrir sur une scène déplaisante.

Rien. Et pourtant, après une démonstration aussi spontanée qu’un effleurement de son front, ce fut autant de surenchérissement brut de décoffrage, qui aurait pu changer son opinion. Nues, sans aucune fioriture, les phrases s’enchainèrent dans les oreilles de la jeune femme qui, si elle avait été totalement banale et prévisible, se serait renfermée. Après tout, il venait tout de même de parler d’un être humain en des mots pour le moins peu attentionnés, sous entendant clairement quelques détails dont une femme amoureuse se serait bien passé. Et Andrea, dans tout ça ? Elle afficha un sourire. Pas des plus grands, certes. Mais pas par dégoût ou répréhension, non. Plutôt parce que la jeune femme n’était pas encore habituée à ces mots, à ces sons lancés dans la plus grande vivacité, sans y penser plus que cela. Ils venaient, se couchaient entre eux et prenaient un sens terre à terre et évident pour Andy. Surtout que cela ne faisait que renforcer ses convictions encore un peu trop ancrées, comme quoi le sexe n’a qu’une valeur très limitée. Que rien ne passe, que rien ne perdure. Ce n’est que poussière, et sans doute que cette idée-là lui permit de passer avec une extrême facilité outre les paroles de Law. Si apprendre ce genre de choses la dérangeait ? Pas le moins du monde. Aussi répondit-elle avec autant de détachement qu’il l’avait fait lui-même :

- Je trouve déjà plus logique de les envoyer voir ailleurs, en leur crachant la vérité à la figure en prime, plutôt que de faire des pieds et des mains de politesse devant eux.

Mais ses propres mots ne trouvèrent pas d’écho, tant Law ne tenait plus en place d’une révélation qu’il avait apparemment compris quelques instants plus tôt. Laquelle, exactement, bien malin celui qui pourrait le dire. Toujours est-il que cela lui donna comme une décharge électrique, le faisant descendre de son siège moelleux pour se mettre à l’aise et s’éloigner. Andrea le regardait du coin de l’œil s’affairer dans son bureau tandis qu’elle reprenait une gorgée de thé, venant également casser un morceau de chocolat pour le porter à ses lèvres avec gourmandise. Pêché mignon, il en faut bien un. Puis, reposant sa tasse à son tour bien que ce ne fut pas par terre, Andy étala ses jambes pour les détendre un peu de cette crispation croisée, avant de finalement les ramener contre sa poitrine, entourant ses genoux de ses bras. Elle se balançait d’avant en arrière sans lâcher Law du regard, alors qu’à lui seul il jouait un théâtre d’émotions et d’expressions passant sur ses traits aiguisés. Il était facile d’y lire sa fébrilité, son impatience, ses manies, son agacement, ses impulsions. Qui le ramenèrent finalement dans la seconde pièce de cette partie de l’établissement, le font commenter tout haut ce qu’il se passe à la seconde dans son esprit. Andy ne pouvait qu’admirer cette capacité à parler aussi librement, livrant les mots à qui voulaient bien les entendre. Elle, tellement incapable de faire de même, buvait les cadeaux inconscients qui découlaient des lèvres qui lui manquaient déjà.

Comme encore prêt à repartir, la tension demeurant dans chacun de ses muscles, Law ne reprit pas sa position initiale, si bien qu’Andy devait légèrement lever la tête pour rencontrer son regard, et ainsi répondre à ce qui suivit.

- Est-ce que j’ai l’air d’une petite chose fragile ? Si oui, ne te fie pas aux apparences, Law. Est-ce que parce que tu viens de t’attacher, tu es plus faible ? J’en doute, il en va de même pour moi. Et même si j’ai des milliers de choses à savoir avant de pouvoir vivre ici sans t’alourdir, je compte bien y arriver. Juste parce qu’il est hors de question que je croise les bras en te regardant faire.

Sourire bienveillant, de son côté aussi. Elle demeurait là, les genoux prisonniers de ses mains, fragile d’apparence. Et pourtant les mots qu’elle avait laissés s’échapper sans plus y réfléchir étaient assurés, prometteurs. Bien plus durs que son apparence, bien plus affirmés que son attitude. Qu’on ne s’y trompe pas.

- D’accord, donc. Je patienterai en acceptant de t’être inutile jusqu’à ce que je trouve ma place.

Et, alors qu’il reprenait du thé, elle reprit la dépouille du morceau de chocolat qu’elle avait mutilé pour lui permettre de rejoindre son autre moitié. Quoi de plus normal qu’une discussion sérieuse autour d’une collation qui n’avait rien à faire à une heure pareille, sur un lit. Mais encore une fois, quelle logique peut enfermer deux êtres aussi atypiques que Law et Andrea ?
« Modifié: jeudi 16 décembre 2010, 13:59:28 par Andrea Leevi »
Tomorrow comes to take me away
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>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
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Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 41 jeudi 16 décembre 2010, 19:22:22

Être humble, ça ne veut pas dire se considérer comme égal à ce que l'on est. C'est tout simplement se réduire. On cherche à rendre inférieur son rôle véritable, ses responsabilités, ses qualités, alors que dans notre conscience, l'on veut juste se mettre au niveau qui nous est propre. L'humain n'a jamais de demi-mesure. Jamais d'estimation exacte de lui. Il faut toujours qu'il glisse, quelque part, un trop ou un pas assez. À propos de lui, évidemment, mais aussi à propos des autres. Alors, qui est habilité à juger la personnalité et le caractère de quelqu'un ? Lui-même, ou ceux qui l'entourent, ou le connaissent ? Personne. Personne ne peut prétendre juger à sa juste valeur la profondeur de qui que ce soit. Entre ce qu'il paraît, ce qu'il est consciemment, inconsciemment, ce qu'il a été, ce qu'il cherche à devenir, et ce qu'il sera effectivement, qui pourrait prétendre estimer quelqu'un au prix dont il a la réelle valeur ?

Mais peu importe. Peu importe, car tout ce qui compte au fond, c'est la somme à laquelle se vend réellement une personne et non à laquelle elle cherche à se monnayer. Quel intérêt que quelqu'un soit modeste, pourvu qu'il soit quelqu'un d'efficace, d'exagérément plus compétent que ce qu'il veut bien admettre ? En revanche, le contraire est assez gênant : Du simple type qui en rajoute un peu, jusqu'au vantard, présomptueux fanfaron bravache et prétentieux qui se pare de qualités qu'il n'a pas, tout ce petit monde devient vite énormément gênant.

Andrea est le premier cas.
Law le deuxième.

Car lui pense pouvoir offrir le monde à n'importe qui pourvu qu'il puisse le payer. Il aligne quantités de garanties qu'il respecte plus ou moins, à sa convenance. Le secret, c'est que ça finisse par lui devenir profitable. Rien ne se perd, rien ne se crée : Tout se transforme en quelque chose qui, un jour, servira les précieux intérêts d'un certain Law sans scrupule à briser un ami si celui-ci commence seulement à manifester le moindre signe d'agressivité, d'adversité. Oubliant les anciennes alliances, brisant de sa hache vengeresse les pactes scellés par son sang pur, et celui de son camarade, quitte à infliger les inévitables dommages collatéraux. Car la confiance, c'est sacré. Et qui trahit Law s'expose à la plus grave des sanctions. Non, ce n'est la mort. La mort n'est que l'aboutissement de toute la punition.

Quant à elle, elle pense être "inutile". Ne se rend-elle pas compte de ce qu'elle a déjà fait pour lui ? Briser un peu son irréductible blindage pour s'y faufiler, et lui montrer que ne devenir rien d'autre qu'une forteresse imprenable n'est pas forcément la solution. Oui, elle a profité d'une faiblesse, dont le seul aboutissement -pour l'instant- a été l'acceptation de ce qu'il s'était refusé à accepter depuis longtemps. Un attachement qui ne conduise pas à une manipulation, une destruction.


Tu n'es pas inutile.


Appuyant l'affirmation, il lève un sourcil. Comme si il se demandait pourquoi elle pensait ce genre de chose.

Tu es tout sauf inutile, et tu ne m'alourdis pas. Chaque personne possède quelque chose qui pourrait intéresser quelqu'un d'autre. Mais peu de gens s'en rendent compte. Même les milliers de cloportes qui vivent péniblement, et galèrent dans la rue, qui ne connaissent pas mon nom ni même mon existence. Ils ne savent pas à quel point ils peuvent m'être utile.. Ils ne se rendent pas compte. Alors non, tu m'es utile, et toi plus qu'un autre. Ce n'est pas parce que tu ne sais pas porter une arme ou que tu n'es pas une génie des chiffres que tu ne me sers à rien.


Après des bruits de pas d'une troupe peu grâcieuse et assez lourdement équipée, de l'autre coté d'un mur pourtant bien isolé, une main toque à la porte. Quatre coups dans un rythme bien particulier que Law reconnaît tout de suite.


-Pas maintenant !!
-"C'est important."
-J'ai demandé à ce qu'on ne me dérange sous aucun prétexte, T'as pas eu le message ?
-"Si. Et je suis là quand même."


Là, ça sentait le brûlé. Finissant son thé d'une traite, il pose de nouveau à terre sa tasse et s'éloigne pour ouvrir la porte.

-Important comment ?
-"Assez important pour que je vienne vous déranger alors que vous avez demandé à être tranquille et que je sais pertinemment que vous êtes dans votre chambre avec une jeune fille."


Après un bref regard vers Andrea, il se penchait vers Isaac pour lui demander de murmurer ce qu'il a à lui dire. Tout au long de ses confessions, Law ne réagira pas le moins du monde. Ce qui est peut-être pire que si il avait grimacé ou sourit.
Il ferme la porte, mais pas complètement. Revenant un peu contrit, plongeant sa main sous l'un des nombreux oreillers. Il en sort une dague, qu'il plante au mur.


Fais gaffe, j'ai plus ou moins de quoi te défendre dans cette chambre. Prend garde de ne pas te blesser. L'orbe rouge incrusté dans le mur règle la température selon ta volonté, et si tu t'ennuies, tu peux descendre dans le casino. Je.. Hm.. enfin, je m'absente souvent.. Je pense que c'est ce qui t'embêtera le plus. Je hais les imprévus. Enfin, non, j'aime les imprévus car ils mouvementent une vie. Mais je déteste quand ils doivent déranger mes instants de bonheur. Je ne peux pas te promettre que je ne serais pas long. D'ailleurs, je pense justement devoir être dehors longtemps. M'enfin. Fais ce que tu veux, tu es chez toi. À mon retour, tu feras tes premières armes.

Surprise, il l'embrasse. Il prendra tout son temps pour savourer un peu ce baiser qu'il sait malheureusement être le dernier avant plusieurs heures. Son front s'appuie alors sur celui d'Andrea, puis il s'éloigne.

Et tu as le droit de martyriser le personnel, ils sont là pour ça.

Disparition, en emportant son manteau.


***


Un lendemain. Où il fait froid dehors, où le soleil poind faiblement, mais où la vie semble un peu plus belle. Andrea ayant fini par s'endormir, elle sera réveillée par une main sur son épaule. Devant elle, le visage d'un Law accroupi un peu ébouriffé, torse et pieds nus, avec un large sourire.


Au risque de faire cliché.. T'es trop mignonne quand tu dors.

Nous sommes le matin. Et après cette difficile nuit, Law semble dans une forme olympique.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 42 vendredi 17 décembre 2010, 14:48:02

Pas inutile, oui. Ou si peu. Evidemment, Andrea savait bien que Law ne se risquerait pas à lui dire quelque chose qu’il ne pensait pas pour le simple plaisir de charmer ou de rassurer. Il y avait toujours une certaine sincérité dans ses paroles, et même dans son hypocrisie affichée il y avait un détail relevant de ses véritables impressions. Et là, rien. Puisqu’il le pensait. Alors comme ça, elle lui apporterait quelque chose de précieux qu’elle seule pourrait lui offrir ? C’était sans doute trop espérer de sa part que d’accepter cette constatation. Dans une telle situation, on aurait pu croire que le poids de la responsabilité de compter pour quelqu’un était trop lourd et qu’elle se défilait comme elle pouvait ... Erreur. Certes, cela l’effrayait un peu de ne pas satisfaire ses attentes, mais c’était plus la peur de paraitre meilleure qu’elle n’est. Le souci de remettre de la vérité et de l’ordre dans la vision d’un autre que soi. Savoir s’estimer n’est pas facile, et se laisser jauger par d’autres encore moins. Est-ce que la subjectivité vient d’avantage de l’extérieur et du regard lointain, ou bien de soi-même et de la préoccupation toute narcissique que l’on se prête ? Avoir un rôle n’était pas dans les habitudes d’Andy, qui connaissait la liberté ultime, qui était tout autant une entrave terrible, de ne rien devoir à personne, de ne décevoir aucune attente pour la simple et bonne raison que la jeune femme n’en créait aucune. L’utilité qu’elle avait en tant que personne était une chose inconnue, et elle cherchait encore en quoi elle servait Law.

Ceci-dit, elle aurait pu quelques instants renverser la situation et se demander ce que lui, spécialement, lui apportait. Parce que la liberté, les sensations, la peur auraient pu naître dans bien d’autres circonstances. Mais à un moment de la soirée, la balance avait basculée et Andrea savait que cela n’aurait pas été le cas avec le premier passant venu. Il y avait le contexte, certes, mais également la personnalité de l’homme qui s’était dressé en face d’elle. Les détails qu’elle remarquait sur lui, ses manies, les variations de son humeur qui se lisait sur ses traits. Un tas de petites choses passant presque inaperçues et prenant pourtant un sens tout particulier. Etait-ce la même chose dans l’autre sens ? Andy peinait à s’imaginer particulière, intéressante, avec son visage un peu fermé et rarement sympathique, son allure curieuse mais sans prises d’initiatives. Certainement. La jeune femme porta une main à son visage, comme pour essayer de percevoir à travers sa peau froide ce qu’il y avait de si intéressant pour l’avoir, lui, interpellé. Les deux jeunes gens, l’un comme l’autre, n’étaient ainsi pas du genre à passionner au premier abord, l’un effrayant ou déstabilisant par ses comportements instables, l’autre ennuyant dès le premier coup d’œil, avec son regard vide et terne. Et les voilà à discuter tous les deux, le premier rassurant sa belle avec ses mots à lui, avec la simplicité qui le caractérisait dans ces moments-là. Et ce fut seulement là qu’Andrea prit conscience du caractère stupide de sa remarque. Qu’attendait-elle ? C’était ridicule d’avancer une telle chose en présence Law.

On l’aura compris, Andy n’est pas femme à se mettre en avant. Elle reconnait bien volontiers ses qualités, admets sans rechigner les capacités qu’elle a et ne reprend que peu de gens lorsqu’on lui adresse un compliment. En temps normal, c’est tout le temps ainsi que cela se passe. Mais quand on commence à s’attacher à quelqu’un, l’image qu’on lui donne devient importante. On cherche à faire attention, on veut plaire, sans décevoir. Andy, si elle restait on ne peut plus elle-même, encore bien loin d’expositions si lointaines du sentiment de tendresse, agissait inconsciemment en ce sens, et sa dernière remarque l’appuyait. C’était un bête mécanisme non désiré qui l’avait poussée à se rassurer par un intermédiaire inutile, puisqu’elle savait très bien la réponse qui allait suivre. Et de toute façon, même si c’était quelque chose de complexe qui aveuglait la perception de Law -ce à quoi elle aurait pu répondre affirmativement dans la salle des coffres, mais plus maintenant-, Andy ne le laisserait jamais se rendre compte de son rôle assez limité. Elle ferait tout pour qu’il n’ait jamais à se poser la question du pourquoi l’avoir emmenée ici. Utile ? Elle le deviendrait, s’il le fallait vraiment. Ce n’était qu’une étape de plus.

Si elle hocha la tête comme pour admettre l’incontournable logique des paroles de Law, la jeune femme n’eut pas le temps d’y répondre que quelques coups sourds se firent entendre à la porte. Manifestement, l’ordre de ne pas être dérangé avait été détourné. Un instant, Andrea se demandait ce qui allait pouvoir arriver à l’imprudent qui n’aurait pas été averti de l’injonction sans appel du maître des lieux ... Mais c’était quelqu’un de bien averti qui pressa Law de venir s’enquérir de ce qu’il se passait. Manifestement, ce n’était pas pour une banale histoire de bagarre ou de fraude. Assez important pour que l’homme au regard redevenu acéré et alerte se déplace, expédiant la boisson qui pourtant se prenait avec une patience infinie, et doive laisser Andy à se demander ce qu’il se tramait. Sans entendre ce qui se disait, Andrea fit mine d’ignorer le coup d’œil que les interlocuteurs à la porte lui lancèrent, concentrée qu’elle était sur les ondulations du thé dans sa tasse. Passionnantes propagations de forces physiques inexplicables. Véritable spectacle de cercles et d’amplitude qui se mêlaient une à une dans la porcelaine fragile du contenant. Puis, attendant que la conversation se termine, Andrea reposa l’objet de son attention feinte et leva un regard interrogateur vers Law qui revenait, semblant soucieux. Ce dernier ne lui répondit pas avant de dégager une lame, tranchante juste ce qu’il faut, de sous les draps et, de la planter avec dextérité dans un pan de mur, posa à nouveau son attention sur elle.

Tandis qu’il parlait, Andrea suivit des yeux ce qu’il lui exposait au fur et à mesure. La dague, au mur, pour se défendre. Ça, elle avait bien compris. Se défendre de quoi, de qui, elle n’en savait que trop rien. Mais s’il fallait le faire, ce ne serait sans doute pas un problème. Du moins le pensait-elle, grâce au trou que laissait dans son cœur des sentiments, même les plus humains comme la pitié ou l’hésitation. Le thermostat façon améliorée, ça aussi elle comprenait sans trop de problème. Le casino ... aussi. Ce qui la retint le plus fut toutefois la suite, quand Law lui exposa avec la plus grande honnêteté possible que son absence était inévitable et pouvait être longue. Eh bien, elle attendrait. Recueillant son baiser avec un plaisir tout particulier, celui de la dernière fois, la jeune femme le regarda se préparer à partir avant de lancer, simplement.

- Je me vengerai bien en pourrissant ton ... absence de décoration. Mais je serais sage, ne t’en fais pas pour moi. Le bonheur sera encore là au retour, il suffit que tu reviennes le trouver.

Et c’est là-dessus qu’il se quittèrent, lui enfilant sa veste et lançant une dernière recommandation qui appuyait son statut de reine en ces lieux, elle savourant encore le goût de ses lèvres qui s’éloignaient, ainsi que le contact de son visage contre le sien. Une saveur âcre habitait à cet instant le palais d’Andrea, la triste constatation qu’il lui fallait se résoudre à le voir partir. Cela avait beau être la première fois, ça ne serait très certainement pas la dernière et elle s’y habiterait tant bien que mal. Après tout, bientôt elle aurait sans doute trop de choses à faire et trop de savoirs dans la tête pour n’avoir ne serait-ce que le temps de se morfondre, mais ce soir il laissait un grand vide. Enfin, elle pouvait néanmoins faire un retour sur ce qu’il venait de se passer. Mais avant cela, elle récupéra le plateau, encore posé sur les draps confortables pour se lever et aller le poser sur ce qui semblait être un chevet, à quelques pas du lit. N’ayant aucune envie d’aller se perdre dans les couloirs pour trouver quelqu’un à qui demander de le renvoyer en cuisine, elle préférait pour l’instant le laisser là. Se resservant la moitié d’une tasse, la précédente ayant été d’ores et déjà vidée, Andy la porta à ses lèvres et en profita encore un peu avant de la faire rejoindre le reste du service.

Se retournant vers le matelas qui semblait lui tendre les bras, elle s’y laissa tomber avec un grand soupir, expulsant la tension des dernières heures, l’impression de rêver et de devoir profiter de tout. Andrea resta ainsi de longues minutes, respirant à plein poumons les effluves qui se dégageaient de l’édredon. Puis, sans prévenir, elle se retourna sous le dos et blottit son cou contre un oreiller tout en fixant le plafond avec insistance. Recroquevillant ses genoux contre elle, la jeune femme se repassait les grands moments de la soirée. Peinant à imaginer que tout cela s’était réellement passé, Andrea souriait en se souvenant de leur rencontre atypique, de la montée d’adrénaline qui l’avait amenée à ne pas fuir, dans ce bar. Avec le recul, la jeune femme se rendait bien compte que cela avait été folie de ne pas déguerpir et de porter un semblant de secours maladroit à quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Elle avait trouvé le goût du risque, qui s’était pourtant rapidement effacé devant quelque chose de bien plus doux, tout en agissant avec autant de force sur son cœur. Son regard s’était posé différemment sur Law, et depuis le coup de la vision qu’il avait eu, un déclic s’était fait. Quoi, pourquoi, comment ? On s’en fiche. Tout ce qui comptait c’était cet actuel serrement quelque part dans la poitrine, une petite voix qui lui disait qu’il lui manquait après avoir tant été là pour elle ce soir. Prévenant, tendre, et à la fois lui-même, il avait réveillé chez Andrea quelque chose de profondément caché. Et elle avait sans doute fait de même, au moins un peu, de son côté.

Elle songeait à présent à ce qu’il lui restait comme temps jusqu’à son retour. Elle n’en savait strictement rien, lui non plus apparemment. Et l’heure était déjà fortement avancée, aussi Andy hésitait. Descendre au casino comme il le lui avait suggéré ? La jeune femme n’avait pas encore suffisamment de marques ici pour se permettre de s’y aventurer seule, tard, à l’aveuglette. De plus, le silence était encore son meilleur allié alors qu’elle se plongeait dans des images déjà passées et piétinées sans cesse par de nouveaux clichés. Au fur et à mesure que le temps passait, Andrea s’enfonçait dans le matelas et ses pensées se faisaient plus floues. Elle confondait déjà rêve et réalité, si bien que tout ce qui l’entourait n’apparaissait plus que comme un doux mirage dont elle devrait se séparer au réveil. Persuadée de sombrer dans son lit, la jeune femme oublia simplement que Law lui avait parlé de se défendre. Elle qui aurait voulu l’attendre, le veiller et en profiter pour admirer sans cesse la vue splendide de Nexus de nuit, s’effondrait. Le sommeil était impitoyable, et il la capturait sans pitié aucune, rendant ses paupières trop lourdes et le décor trop lointain. Puis, alors que plus rien ne la retenait à la réalité, Andy céda à l’envie d’abandonner la partie et Morphée l’accueillit en son sein avec une célérité qu’elle ne connaissait plus, à cause de ses insomnies, depuis bien longtemps. Voilà qu’il lui fallait un autre monde pour se guérir de troubles importants du sommeil ...


***

Quelques heures plus tard, le matin. Les rayons du soleil percent à travers la porte communiquant entre le bureau et la chambre, celle-ci étant restée ouverte. Ils réchauffaient doucement la joue d’une jeune fille endormie qui protesta dans son sommeil et se retourna par automatisme, pour tenter vainement de fuir le réveil qui pointait, la nuit étant passée depuis longtemps. Ce fut pourtant une autre chaleur qui la tira complètement de l’inconscience, celle d’une paume se posant sur son bras, doucement. Ouvrant difficilement les yeux, Andrea dut se frotter les paupières d’une main négligente pour accommoder sa vision, un peu aveuglée par le sommeil et la clarté qui baignait la pièce. Puis, découvrant un visage connu, la jeune femme cligna les paupières à plusieurs reprises, afin d’être sûre de ne pas rêver encore. Elle était là, les yeux un peu hagards encore, les cheveux emmêlés par la nuit et l’air un peu perdu qu’ont ceux qui se réveillent à peine, admirant une copie presque exacte de son allure ébouriffée, le sourire en plus. Alors Andrea lui répondit, d’autant plus lorsqu’il lui lança un compliment de bon matin. Que cette journée était belle, lui permettant de s’assurer que tout ce qu’il s’était passé n’était pas qu’illusion. Ce n’était pas Seiji mais Law. Andy ne s’embarrassa même pas de la tenue débraillée de celui qui lui faisait face, se redressa et le tira par le bras afin de l’attirer contre elle et de le faire basculer sur le lit. Si bien que, lui presque allongé et elle relevée au moyen d’un de ses coudes, elle le regardait avec amusement. Ravie de le retrouver, elle nota cependant qu’il n’avait pas l’air fatigué le moins du monde, bien au contraire.

- Comment ça se fait que tu sois en pleine forme, alors que tu n’as manifestement pas dormi sur quelque chose d’aussi confortable que moi ?

Andy marqua une pause, le détailla de haut en bas et corrigea, notamment au vu de la matinée qui pointait, détail qu’elle venait juste de remarquer.

- Voire pas dormi du tout ?

Puis les questions fusèrent, impatiente qu’elle était d’entendre sa voix autant qu’elle l’était de savoir s’il allait bien. Sa main, pendant ce temps, passa dans ses cheveux à lui pour les éparpiller encore plus. Simplement heureuse, elle passait du coq à l’âne sans aucune réflexion ni retenue. Spontanéité, quand tu nous tiens ...

- Tu vas bien ? Quelle heure est-il, j’ai dormi longtemps ? Je n’aurai pas du ?
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 43 vendredi 17 décembre 2010, 16:58:32

Le mystère. Tant de questions qui se posaient, les unes après les autres, à son propos. Law aimait qu'on s'intéresse à lui dans la seule optique de pouvoir confesser ce qu'il veut de sa vie. Il a un contrôle total sur les informations qui filtrent quant à son histoire, sa personnalité, ses secrets.. Mais pour Andrea, il n'a pas besoin de faire le tri entre ce qu'il peut dire, ou doit garder entièrement pour lui. Disons qu'il joue cash, quitte à l'être trop. La jeune femme devra composer désormais avec un homme des plus honnêtes, qui préférera souffrir l'enfer plutôt que de devoir, une seule fois, proférer un mensonge pour se sauver. Il n'est pas dit qu'il tentera d'éviter qu'elle sache deux trois petites choses, du moins pour l'instant. En dehors de cela, il le jure sur sa propre vie, jamais il ne lui fera ce qu'il fait à tout les autres vivants sur ce plan.

Il se laisse entraîner, presque enfantin, contemplant sa belle à peine remise de son entrée dans le monde de Terra et encore peu réveillée, alors que lui, comme elle a si bien pu lui faire remarquer, n'avait pas dormi.


Tu a dormi autant qu'il te fallait. J'aurais bien voulu te laisser un peu plus dans tes songes mais je me suis rendu compte d'une grosse boulette que j'ai faite hier. Je ne t'ai pas nourrie.

Excellent timing, puisque derrière se pointait un esclave, avec un collier en cuir et un anneau accroché, mais celui-ci ne semblait pas faible, ne montrait signe d'aucune maltraitance. Il n'avait pas l'air particulièrement triste non plus. Un peu effeminé, et ses vêtements étaient d'une élégante simplicité. Il portait avec lui un très large plateau en métal forgé, qui semblait plutôt lourd pour ses petits bras. Surtout quand on voit le contenu dudit plateau.
Deux assiettes de viandes en petit morceaux, découpés assez vulgairement. Un grand saladier de divers fruits, dont Andrea n'en connaissait que la moitié. Du pain, du beurre, de la confiture dans des pots à l'aspect bien artisanal.  Deux tasses, dont l'une respirait un breuvage sombre, dont l'odeur rappelait immédiatement le café, tandis que l'autre était rempli de ce qui était manifestement, sans aucune erreur possible, un chocolat chaud très fumant. Divers couverts qui devaient tous avoir leur utilité. Dans un équilibre parfait - la surface des deux boissons ne souffrit d'aucune tangeance, c'est pour dire -, l'esclave posait un genou à terre et présentait l'imposante préparation devant Law. Celui-ci reposait ses deux pieds à terre, marchant jusqu'à l'imper qu'il avait accroché au coin de la porte (Quelle idée u_u) et fouillait dans les poches intérieures. Il en sortit une pièce d'argent, et le tendra à l'adolescent quand il aura les mains libres.


Pose-ça sur le lit. Et... Tiens. Tu fais chauffer l'eau. Deux serviettes prêtes. Et après tu vas te prendre un petit déjeuner dehors si tu le souhaites. File.

Avec une étonnante bienveillance pour ce serviteur à qui il n'avait normalement aucun compte à rendre, celui-ci acceptait sans réagir plus que ça, sinon un remerciement de la tête, apparemment c'était une habitude. Et donc, le plateau sur les draps, à côté d'Andrea, il s'éloignait.

Tu veux la vérité sur ma forme ? Y a aucun secret. Bon, écoute bien.

Il s'accroupit sur le sol, les fesses sur les genoux, plongeant sa main dans la viande pour se servir d'un petit morceau.


Je ne dors qu'une nuit sur deux, et quelques heures seulement. Donc, là, c'est tombé sur la nuit où je ne dormais pas. C'est une habitude que j'ai pris. C'est mieux pour les.. comment dire.. les petites affaires nocturnes et discrètes. Bon, je t'avoue que parfois j'accuse un peu le coup, auquel cas je me prends un repos en plus. Pour tenir le coup, j'ai rien d'exceptionnel. Alimentation saine, régulière. Jamais trop, mais jamais trop peu. Par exemple, ça. Ça c'est mon petit-déjeuner habituel. Bon, je ne mange pas tout tout. Mais je mange un peu de chaque, j'essaye de me caler histoire de pouvoir fonctionner sans problème malgré mon sommeil manquant. Ensuite, du sport. Souvent. C'est pas en végétant dans un lit que j'arriverais à surpasser les Dieux. Il faut que mon corps puisse suivre mon rythme. Et l'esprit, évidemment. Toujours focalisé sur quelque chose. Toujours en action. Se concentrer sur quelque chose. Si ma tête et mes jambes sont habituées à tenir le coup, j'ai un coup d'avance sur les autres. Parce que pendant que tout le monde dort, moi j'économise du temps. J'ai l'impression que ma vie passe moins vite. Je profites plus. Et je peux faire plus de choses. Plus que n'importe qui avec un rythme normal. Mais ce n'est pas une critique, hm ? Et je ne vais pas t'obliger à faire comme moi. Vas-y, mange à ta faim.

Visiblement le café était pour lui. Quant au chocolat..

Oh, j'ai demandé ça, mais si tu préfères un thé ou quoi que ce soit, tu n'hésites pas. Il est fait avec des épices, du miel, et deux ou trois chocolats différents. Et du lait évidemment. J'espère qu'il te plaira, c'est comme ça que je le bois habituellement. Enfin. Bon, après douche, parce que prendre soin de soi c'est important. Si tu veux tu y iras après moi. Ou.. En même temps, si tu ne te sens pas gênée.

Lui, pas du tout, en tout cas. Se mettre nu devant tout le monde ne lui pose aucun problème, habituellement.

Bon, et ensuite on fera un tour dans Nexus si tu te sens en forme. Tu t'achèteras des habits un peu plus locaux si tu en as envie, et j'essaierais de t'apprendre deux ou trois choses. La société, la religion. Par exemple, je crois en un panthéon de Dieux, mais je n'en vénère qu'un seul. Celui de la Juste Violence. Il me pardonne quand je me laisse aller à la guerre et aux combats ainsi qu'à la souffrance des autres car il sait que mon coeur n'est pas qu'un amas de cendres. Je lui adresse une prière avant chaque bataille que j'aurais à livrer, même la plus minime. Et de temps en temps, je sacrifie un traître selon ses rites.

Law religieux. Elle est drôle celle-ci. Il mange calmement, mordant parfois dans cette poire qu'il a extraite du lot, buvant son café pour, il l'espère, recharger un peu ses batteries. Encore une fois, il ne ressent aucune honte à se livrer comme il le fait.

Je ne te demande pas de croire en lui, et je respecterais toutes tes croyances. Sache tout de même que les Dieux d'ici ne sont pas les mêmes que chez toi. Ici.. Les Dieux s'adressent vraiment à nous. Ils nous écoutent, et parfois nous répondent. On dit que certains ont pu les rencontrer. Je n'ai vu le mien qu'en songe. Pendant un sacrifice. Si tu veux penser que c'était qu'une hallucination onirique, fais-le, ça ne me dérange pas.


Une brève pause. Il a beaucoup parlé. Il souhaite qu'elle parle un peu d'elle, maintenant. Alors il la regarde, attentif.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 44 jeudi 23 décembre 2010, 15:28:08

Café, thé, chocolat. Trois incontournables, auxquels on pourrait rajouter quelque sirop ou autre mixture moins essentielle, moins évidente. Ce sont généralement ces trois mots là que l’on entend le plus souvent lorsqu’on se rend chez quelqu’un qui ne connait pas vos goûts. Parce que le café, c’est un classique. Apprécié de beaucoup, ceux qui ne l’aiment pas ne peuvent toutefois bien souvent pas le supporter. Le goût âpre et amer peut primer sur la force tonique et ensorcelante de ce mélange noir, plein de profondeur et d’essences. Il peut se faire rafraichissant, léger et désaltérant, clair comme de l’eau de roche et au goût très pur. On peut également le rendre doux, à l’acidité à peine prononcée sans la moindre marque d’amertume, où la satisfaction et le soulagement de la boisson priment. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il est parfois fort, agressif, plein d’une passion que peu se targuent de supporter. Un apport trop important en goût fera naitre une certaine aversion de la pourtant si bonne odeur d’une tasse fumante de café. Les ridules à la surface, la mousse mordorée qui s’efface peu à peu devant l’océan sombre, relevé parfois d’un nuage blanchâtre en ternissant la perfection de sa robe. Le goût passe avant tout par les yeux. Bref, il se décline à l’infini, avec autant de provenances que de destinations, avec tant de variations que bien malin celui qui pourra affirmer connaitre cette boisson et son goût si lunatique, au gré des saisons, des préparations et du lieu d’extraction. Véritable boisson de société, le café s’impose comme l’incontournable, l’inégalable. On le prépare, de fait, sans réellement penser que certains palais ne s’y retrouvent pas. On le croise sur toutes les tables, sur toutes les lèvres, et pourtant Andrea, si elle est passionnée par son fumet grisant, ne peut supporter la boisson.

Le thé, boisson mondaine. Plus raffiné, plus recherché, son arôme est préservé dans certains cercles privés, dans des communautés tournées vers les plaisirs d’une culture passée, vers le respect des traditions. C’est du moins l’image qu’on lui donne, à tort parfois. C’est avant tout le parfum idéal, ni trop fort ni trop pauvre, pour alimenter une pause, une discussion comme celle que Law et Andrea avaient eu la veille au soir. Convivial et à la fois discret au palais, le thé sait se faire oublier tout comme il parvient à se faire apprécier à sa juste valeur, tout en mettant les buveurs au centre des attentions. Pas facile, pourtant, de lui faire trouver sa place en termes de caractère et de passion, cette boisson étant d’avantage celle d’une ambiance posée, tranquille, à l’univers propice au calme. On l’associe alors toujours au temps, qu’il faut prendre, qu’il faut céder pour en profiter comme il convient. C’est alors avant tout une mission rafraichissante dont il est doté, accompagnant certains plats à merveille et se mariant pertinemment, encore une fois, aux moments de la journée qui n’acceptent pas une autre boisson. On peut y lire à travers, le rendre aussi opaque et fort que son conjoint l’admet. Lui aussi souffre de tant de déclinaisons, essentiellement basées sur le dosage, qu’il est difficile d’en parler au singulier et d’en admettre une seule sorte. Toujours est-il qu’il permet aux corps de se délasser, aux langues de se délier ; c’est la boisson de la rencontre, du temps que l’on sacrifie à connaitre, des minutes que l’on prend pour soi et pour l’autre, dans un échange mutuel et équitable d’appréciations.

Le chocolat, ah le chocolat ! Aphrodisiaque incontournable, c’est avant tout la boisson de l’enfance, les saveurs des souvenirs, le goût de la nostalgie. Savant mélanges de différents ingrédients, il peut s’accompagner et se créer de tout, le rendant aussi amer que possible ou au contraire étouffant de sucre. On le décline en trois couleurs, toutes souffrant d’une base différente de mélanges et de mariages, tous plus réussis les uns que les autres. C’est l’invité principal de la fête, et en boisson il s’impose comme l’ami chaleureux qui vous prend de l’intérieur, vous impose sa douceur et le brûlant de son parfum pour vous envelopper d’un écrin réconfortant. C’est ce liquide épais qui coule dans la gorge, délaissant toute notion du bon pour la supplanter. Clair, foncé, doucereux ou relevé, il n’y a rien de plus efficace pour calmer un enfant ou faire vivre à quelqu’un des moments qu’il a inévitablement passé. En y faisant flotter des icebergs colorés souvent remplis de sucre, en le buvant, fasciné par un écran captivant toute l’attention avec ses rires et ses mouvements remplis du dynamisme de l’enfance. Ou tout simplement en le savourant quand il sort du feu, le plus vite possible quitte à se brûler, simplement pour ne pas laisser fuir la moindre délicieuse odeur qui flotte dans l’air d’une cuisine. Andrea, c’était surtout ça. Les souvenirs de Finlande avec sa mère, dans leur petit appartement transpirant le froid en hiver. Tous les jours, cette douceur ramenait en son cœur de petite fille un peu d’espoir et de réconfort. Moment partagé uniquement entre elles, la gamine devenue grande gardait une affection toute particulière pour cette boisson onirique que peu s’avouaient boire une fois devenus adultes.

Café, thé, chocolat. Trois incontournables, qui naissaient souvent de la bouche d’un presque inconnu, au réveil d’Andrea. Combien de fois elle s’était entendue proposer ces trois mots, alors dépourvus de saveurs et de promesses, quand elle s’éveillait tant bien que mal dans un environnement inconnu ? Cela résumait bien ses nuits passées dehors, quand elle acceptait de s’offrir aux envies d’un autre en échange d’un peu de gentillesse et surtout d’un toit où tenter de s’endormir. Comme elle ne réitérait que rarement les expériences, pour le plus grand soulagement de ses hôtes d’un soir, souvent dépassés par l’affection inutiles de précédentes donzelles, Andrea s’entendait toujours proposer la même chose. Simple phrase qui la rappelait à la réalité de l’inconnu, celui se trouvant alors en face d’elle, la cafetière à la main, ne sachant strictement rien d’elle. Ce simple détail l’agaçait, la rendait folle de remontrances à son égard d’avoir encore plongé dans un univers de charité et de simple plaisir pour l’autre. Alors, souvent, sa réponse restait évasive et elle repartait sans rien avoir bu. Hors de question qu’elle se délecte de quelque chose cher à son cœur dans un environnement pesant et embêté, en compagnie d’un homme qui n’attendait qu’une chose : qu’elle lui dise qu’il n’y aurait pas de lendemain. Et la jeune fille le lui promettait. Il était beau, le prince sur son cheval blanc, si attentionné dans un seul but. Ce qui n’était apparemment pas le cas de Law.

Presque inquiétant, d’ailleurs. Lui, respectueux et prévenant ? Cela ne semblait plus si impossible, pourtant Andrea en venait à douter légèrement sur la nature de ses envies à lui. Il aurait pu avoir l’occasion. Il le pouvait encore, et pourtant ce ne fut absolument pas le cas ici. L’homme d’une trentaine d’années se contentait de s’inquiéter pour elle et son appétit, qui d’ailleurs commençait à se réveiller au fur et à mesure que sa conscience émergeait. Toujours un peu lente le matin, bien que cette fois-ci ce fut d’avoir si bien dormi, Andrea ne remarqua pas immédiatement le statut de l’homme qui entrait dans la pièce. Ce ne fut le cas que lorsqu’il s’agenouilla, présentant aux deux personnes encore installées sur le lit un plateau lourdement chargée. Il y avait de tout, et plus encore. Andy laissait ses yeux découvrir des formes qu’elle reconnaissait sans mal, et d’autres qui lui étaient parfaitement inconnues. De tout, pour tous les goûts, même ce qu’il y aurait pu être saugrenu pour un petit déjeuner, à savoir de la viande. C’est là qu’elle remarqua le collier, mais alors qu’Andy s’apprêtait à grimacer de surprise, Law la quitta et récompensa son serviteur, qui du reste ne semblait pas peureux ou surpris, ni même angoissé d’être là. Normal, donc. Voilà qui rentrait bien dans les notions qu’Andrea se faisait des valeurs. Servir, sans toutefois faire souffrir pour le simple plaisir. Après tout, un royaume qui tient debout commence avant tout par la satisfaction des plus basses classes, tandis que le pouvoir absolu et tyrannique ne fait que rendre l’ensemble plus instable.

- Tout ça ...

Andrea ouvrait des yeux ronds sur le gigantesque paysage gustatif qui s’offrait à ses yeux, et duquel elle ne savait pas bien quoi extraire. Lorsque Law commença à manger tout en prenant la parole, toutefois, Andy suivit son exemple. Elle se saisit du pain et d’une confiture violette qui avait l’air d’êtres aux fruits rouges, valeur sûre. Croquant avec appétit, la jeune femme écoutait Law tout en tentant de ne pas afficher sa surprise avec trop de véhémence. Effectivement, il n’y avait pas grand secret là-dedans. Une vie saine lui permettait de rester ainsi, de narguer le sommeil et de l’éviter sans peine tout en y cédant le lendemain. Logique. Pourtant, Andrea s’imaginait mal suivre un tel rythme avec autant d’efficacité sans s’effondrer. Et d’ailleurs, il était évident qu’elle ne le ferait pas. Ceci-dit, le repas lui plaisait largement. Après un regard curieux vers les fruits qu’elle ne connaissait pas, Andy en saisit un aux couleurs criardes et à la peau lisse et ferme pour croquer dedans, découvrant alors un doux mélange de sucré et d’acide, qui laissa sur ses lèvres un léger picotement pas vraiment désagréable. Intéressante, comme découverte. Grignotant bout par bout le reste du fruit, elle reporta son attention sur une des deux tasses que son interlocuteur désigna comme étant pour elle, remplie de simples mots qui la firent frémir. Du chocolat. Sans lui demander. Il avait tout bon, bien évidemment, et la jeune femme y plongea avec plaisir ses lèvres, savourant le goût extrêmement riche qu’elle découvrait dans un simple récipient.

Là encore, elle le laissa parler de lui. De ce qu’il lui montrerait, de ce que lui avait découvert, dans la religion, notamment. Et, bien qu’Andy n’ait encore en tête que la référence de son dieu à elle, vaguement celle des anciennes divinités japonaises qu’elle connaissait mal, elle avait du mal à imaginer un tel concept dans la vie de Law. Oui, ici ce n’était pas la même chose. Bien sûr qu’il pouvait se dérober à ses aprioris à elle qui n’étaient pas les bienvenus, briser une image pour en reconstruire une autre. Mais cela restait inattendu et presque surprenant, d’imaginer cet homme qui se détachait de tout relié à une croyance qui prendrait une place tout de même importante ... Puis il se tut, enfin. Andy s’amusait de le voir ainsi tout déballer d’une traite, ne lui laissant pas même le temps de répondre avant qu’il n’estime avoir terminé. Et il la fixait seulement maintenant, tandis qu’elle buvait une gorgée de plus, assise au bord du lit, les pieds croisés l’un devant l’autre, son visage respirant la satisfaction. Alors seulement elle prit la parole, gardant sa tasse entre ses mains, se réchauffant ainsi le corps tout entier.

- En ce qui concerne le sommeil, je suis d’avantage habituée aux insomnies forcées, ça doit être pour ça que je me montre si surprise devant quelqu’un qui a besoin de si peu. Se tourner des heures dans un lit sans pouvoir arrêter de penser, ne serait-ce qu’un instant, c’est épuisant. Je dors très peu, mais je consacre beaucoup de temps à essayer de croire que je peux le faire. Ceci-dit, cette nuit je me suis effondrée comme une masse. Peut-être la très étonnante sensation de sécurité qu’il y a à être ici, finalement.

Et c’était vrai, aussi étonnant que cela puisse paraitre. Se sentir protégée par des murs ou des hommes n’était rien, puisqu’Andy ne craignait pas grand-chose chez elle, sur Terre. Mais il lui fallait fuir ses peurs, ses angoisses, qui ne se réveillaient que dans ses cauchemars. Elle crut bon également d’ajouter quelques mots sur sa conception à elle de la religion.

- Sinon ... Je ne crois en pas grand-chose, à peine en l’être humain et depuis peu seulement. Comme tu as sans doute pu le remarquer je suis peu optimiste, et imaginer que l’on peut compter sur quelque chose en quoi il faudrait placer sa confiance, ça ne m’a jamais convaincu. Que ce soit pour les dieux ou pour les hommes.

Mais cela pouvait changer, et était d’ailleurs en passe de se faire. La jeune femme ne releva pas l’idée d’aller à Nexus, mais elle avait hoché la tête lorsqu’il l’avait évoqué, donnant d’ores et déjà son consentement. Puis, ce fut la gourmandise qui la rattrapa et elle but une nouvelle gorgée avant de s’aventurer en précisions.

- Et ... Je trouve tout cela délicieux. Parfaitement choisi, pour la boisson. Pour ce qui est de mes autres habitudes ou quelque détail que tu trouverais important, je te laisserai me demander.

Après tout, c’était un peu nouveau de se sentir intéressante et Andrea n’avait pas spécialement envie de parler à tort et à travers, préférant de loin répondre aux interrogations qu’on lui adressait. Et c’est seulement après, laissant le silence s’installer quelques instants, qu’elle se leva, reposa à terre sa tasse et fit allusion à la suite des évènements. En effet, une bonne douche n’allait pas être de refus. Loin de là. Seulement ...

- Vas-y d’abord.

D’ordinaire, ça ne la dérangeait pas. Mais ici, maintenant, Andy s’était sentie obligée de préciser cela. Parce que la désinvolture de Law semblait cacher son inquiétude de tout à l’heure, parce qu’elle ne voulait pas banaliser tout et n’importe quoi comme elle le faisait d’ordinaire. Donner un sens aux choses devenait important, depuis quelques heures. Aussi le regarda-t-elle acquiescer et se diriger vers la porte. Elle le suivit des yeux, et avant de refermer la porte sur lui, elle le vit tourner un peu plus loin dans le couloir, à peine à quelques mètres de là. Puis, claquant doucement le battant, la jeune fille se laissa glisser le long du bois dur et s’assit par terre, un peu soufflée de son attitude. Que lui prenait-il, à hésiter, à se comporter comme une gamine ? Ce n’était pas vraiment son genre, d’autant plus qu’Andy était venue ici guidée par l’envie d’essayer, de vivre les choses pour en ressentir les conséquences. Et ici, un challenge intéressant se présentait qu’elle déclinait aussitôt, par simple peur ? Hors de questions qu’une simple petite appréhension lui impose des remords et une image d’elle-même que la jeune femme n’aimait pas. Aussi se releva-t-elle promptement, saisissant avec détermination la poignée. Il était temps d’essayer quelque chose de nouveau. De totalement inédit.

Avançant dans le couloir, Andrea ouvrit sans bruit la porte de la salle de bain, la refermant derrière elle avec autant de discrétion, du moins l’espérait-elle. Law y était déjà depuis de longues minutes, aussi le bruit de l’eau couvrit-il son entrée maladroite. Andy inspira avec force et, prestement avant de changer d’avis, se débarrassa de son pantalon et de sa chemise, se trouvant ainsi largement dévêtue mais encore protégée de deux bandes de tissu noir, assez simples au demeurant. Seuls quelques passages plus fins étaient accompagnés d’un liseré nacré, le reste étant simple, fonctionnel, efficace. Andrea ferma les yeux comme pour faire fuir les pensées qui virevoltaient sous son crâne et, les rouvrant, se dirigea d’un pas décidé sous le jet d’eau qui l’attendait. Il allait peut être se trouver surpris de son inconstance, mais c’était important pour la jeune femme que de sentir ainsi son cœur pulser sous l’ampleur que prenait une simple petite chose, pourtant assez bénigne, ici et maintenant. Et même si ça n’était rien pour lui, Andrea faisait un grand pas en avant en cet instant. Et même si elle semblait ridicule ainsi à moitié habillée, ce n’était pas si grave. Peu importait qu’il la suive. En rentrant sous la douche, Andy ne put toutefois masquer totalement sa gêne, en parlant dans un moment qui n’était sans doute pas propice à cela.

- Finalement ...
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]



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