Naoya avait l'impression que Tatsumi semblait être habitué à ce genre de journée. Sortir des cours, passer dans une ruelle et bam, se frotter à des types pas nets. En ressortir avec des blessures, plus ou moins graves, et repartir, comme si de rien n'était. C'était ... courageux ... Et stupide à la fois. Courageux parce que fallait bien débarrasser les ruelles des gens qui étaient dangereux et dont leur place serait en prison, ou dans un centre de redressement. Et stupide parce que ... bin, parce que à tout moment, on risquait sa vie, on risquait de tomber sur plus fort que soit et se retrouver, par la suite, à l'hosto, bloqué dans un lit pendant des jours, si on était chanceux, ou repartir de l'hosto entre quatre planches. Les bons samaritains ... ils se faisaient parfois avoir. Cela lui rappelait la fois où elle avait soigné un homme qui avait sauvé un gamin qui se faisait battre par les membres d'un gang. Le gars s'était interposé, pour sauver l'enfant, et finalement, les deux s'étaient retrouvés à l'hôpital. Le gamin avait eu le droit à une belle intervention pour le sauver, tandis que le bon samaritain s'était retrouvé avec un tube dans la gorge, et quadraplégique par la même occasion. Il ne ressentait plus rien au dessous de son cou. Comme quoi, hein, c'est parfois dangereux.
"Vous êtes jeune. On fait tous des erreurs, et on apprend de celles-ci."
Quel enseignement il pouvait en tirer ? Et bin, que les motards, c'était dangereux et qu'il fallait éviter de se frotter de trop près à eux, sauf si on voulait se retrouver à l'hôpital. M'enfin, à chacun ses trucs. Parfois, on ne pouvait pas s'empêcher d'aller aux devants des problèmes. La preuve avec Naoya qui faisait souvent des rondes de nuit dès que le soleil laissait place à la lune. Bon, fallait aussi dire qu'elle avait ses raisons et qu'elle voulait retrouver quelqu'un mais bon, c'était dangereux et elle tombait souvent sur des délinquants qui avaient envie de jouer avec elle. Seulement, la dame était armée. Et sans oublier que s'ils s'approchaient de trop près, elle leur grillait le cerveau, du moins, elle leur effaçait la mémoire à l'aide de son pouvoir et hop, elle pouvait retourner à ses occupations. Enfin passons.
"Si, c'est risqué je trouve. Imaginez qu'un morceau de visière soit resté planté dans votre front. Il aurait pu s'enfoncer plus loin et toucher le cerveau. M'enfin, c'est pas à moi non plus de vous faire la morale."
Après tout, Naoya n'était pas sa mère. Elle-même faisait des trucs super dangereux, donc hein, mieux valait-il qu'elle se taise. Ce qui était dommage, c'était qu'il était encore jeune et qu'il avait toute la vie devant lui. L'infirmière passa une nouvelle compresse sur ses blessures. Tout avait été nettoyé, du moins, selon elle. Et là, hop, sans crier gare, voilà qu'il lui "volait" ses mains pour les secouer dans tous les sens. Il avait retrouvé sa vivacité et sa voix était plus gaie, plus enjouée qu'auparavant. Apparemment, l'idée qu'elle avait eu l'enchantait. Il en était même ravi si bien que si elle avait besoin d'un coup de main, il n'hésiterait à venir l'aider. Naoya avait toujours eu des idées tordues, surtout pour les soirées d'Halloween, et les déguisements qui allaient avec. C'était pas la première fois qu'elle faisait ce coup d'ailleurs mais souvent, on s'était moqué d'elle du fait que ses idées étaient farfelues. Ouais, et bin, n'empêche que, c'était efficace !
"Je devrais avoir assez de bandages pour vous faire ressembler à une momie. Seulement, il faudra que j'aille chercher un fauteuil roulant."
Ouais, ça, Naoya n'en avait pas sous la main. Donc, il faudrait qu'elle s'absente un moment. Mais mieux valait-il, d'abord, qu'elle le fasse ressembler à une momie. Car si elle sortait, sûrement qu'elle croiserait un ou deux policiers qui lui demanderaient qui elle était en train de soigner. Et là, si Tatsumi n'était pas momifié, et bon, sûrement que les flics se poseraient des questions. Ah moins que ... Ah moins qu'elle n'appelle directement l'accueil pour qu'on lui envoie ledit fauteuil ... Ouais, elle pouvait toujours faire ça. Naoya n'aimait pas trop aller à l'encontre de la loi, mais parfois, fallait savoir les trangresser pour le bien être d'autrui. Et là, elle se devait de le faire. Elle ne pouvait pas non plus le laisser se faire arrêter.
"Pour vos écorchures, j'ai l'impression que c'est bon. Mais si jamais vous ressentez une quelconque douleur, faudra revenir nous voir."
D'ailleurs, ça serait peut-être mieux qu'elle s'occupe à nouveau de lui la prochaine fois ... Mouais. Le problème, c'était que Naoya ne connaissait jamais son emploi du temps à l'avance. Elle connaissait son emploi du temps de la semaine, voire éventuellement celui de la semaine d'après mais jamais plus. Difficile pour faire un suivi des patients dans ce cas-là !