Un nouvel étudiant (PV: TERMINÉ)

< Bah au moins, ça garde occupé, et de toute façon, avec les hopitaux, on a pas vraiment la possibilité de chômer^^>

Il connaissait bien cette situation, pour l’avoir souvent entendu, le nombre de médecins insuffisants, les infirmières travaillant comme des malades pour pouvoir en soigner… Ce genre de travail n’était pas pour lui, il aimait avoir des choses à faire, mais avoir à courir pendant des heures de temps sans jamais pouvoir ralentir… Ah non! Mik était actif, mais aimait, de temps en temps, avoir son petit moment à lui.

< Sérieusement, vous êtes très courageuse de faire ce genre de métier, je n’en serais pas capable^^ Surtout si on prend en compte le fait que vous travaillez au plus deux jours par semaine au bahut, devez pas avoir grand temps pour la peinture^^>

Une autre raison pourquoi Mik ne devrait pas aller en médecine, c’est qu’il déteste avoir tord, et ne l’admet qu’une fois trop tard, lorsqu’il ne peut rien changer. Or, il faut savoir changer d’idée rapidement pour pouvoir sauver un patient lorsqu’on n’est pas engagé sur une bonne pente.

"C'est bien vrai."

Quand elle travaillait aux urgences, Naoya devait toujours courir à droite à gauche, à voir différents patients, à s'occuper d'eux s'ils n'avaient que des blessures minimes, à leur donner des médicaments, et à les emmener en radiologie, orthopédie, ou chirurgie. Bref, pas le temps de s'ennuyer, surtout quand y'avait des accidents de la route à tout bout de champ, ce qui n'arrangeait pas forcément les choses. Mais Naoya passait aussi beaucoup de temps en chirurgie. Parfois, elle tenait des pinces, ou des trucs dans le genre. Parfois même la sonde d'aspiration qui permettait de faire évacuer le sang qui pouvait remplir une cavité lors d'une hémorragie. Et y'avait les jours où elle devait jongler entre les deux et une tonne de patients. Pas de quoi s'ennuyer en somme. Et surtout, pas de place à l'erreur où celle-ci pourrait être fatale à un patient. Être toujours sur la qui-vive, c'était le plus important, ainsi que rester concentrée.

Heureusement qu'elle aimait bien son boulot, et soigner les gens. Sinon, elle aurait fini par démissionner et arrêter complètement cette activité depuis un bail. Mais y'avait comme quelque chose qui, irrémédiablement, finissait toujours par la retenir. Une fois, elle avait voulu tout plaquer. Mais elle avait fini par revenir dans ledit hôpital le jour suivant, après une bonne nuit de sommeil. Comme quoi, y'avait souvent des jours sans, et d'autres jours qui étaient bien meilleurs que les précédents.

"Je pense pas que ce soit du courage, mais plutôt de la folie."

Pourquoi ? Parce qu'elle passait le plus clair de son temps à soigner les autres plutôt que de prendre soin d'elle. D'ailleurs, comment pourrait-elle le faire ? Naoya poussa un léger soupir et eut un léger sourire quand il lui parla de la peinture et du fait qu'elle ne devait plus avoir beaucoup de temps pour en faire.

"Oui, malheureusement ... Mais soit je reste debout toute la nuit pour effectivement faire un peu de peinture, soit je dors un peu avant de prendre mes gardes."

Fallait pas non plus qu'elle risque de tuer des patients simplement parce qu'elle n'avait pas dormi.

<Folie? Vous parlez de folie alors que vous sauvez des gens?^^ Bah je ne suis pas d'accord sur ça^^>

Mik savait très bien ce qu'étais la folie, il avait vécu dedans lorsqu'il avait commencé à faire ce qu'il souhaitait; combats, alcool, drogues... Il avait même fréquenté quelques mecs de la Yakuza et d'autres gangs, dans le temps, ce qui lui avait valu la marque dans son dos d'ailleurs...  Mik, sans le dire à personne, avait toujours eut l'impression qu'il finirait dans ce genre de Gang, un jour, mais espérait de tout coeur que non. De toute façon, un Gaijing (étranger) ne serait jamais accepté dans un gang Japonnais...

<Vous avez bien raison de troquer le temps de peinture pour du sommeil. Par contre les hobbies nous permettent de décompresser un peu, surtout avec votre genre de job, c'est important d'évacuer le stress et la pression une fois de temps en temps.>

Mik avait prononcé sa dernière phrase sur un ton léger, presque plaisantain. C'était son ton trop sérieux qui avait fait débouler la conversation au point critique la dernière fois, et ne vouslais pas refaire la même erreur.

Sauver des gens ... Oui, jour après jour, elle faisait cela, depuis qu'elle avait fini ses études et qu'elle avait eu son premier poste d'infirmière. Cela faisait quoi ? Un peu plus de cinq ans qu'elle exerçait ce métier. Et à bien y compter, elle devait sauver, au minimum, une vie par garde, voire plus, mais disons au moins une. Ce qui faisait, au moins 1800 personnes. Mais sur ces personnes, toutes n'avaient pas eu la flamme, ou l'envie de vie bien plus longtemps. Certains, à cause d'une maladie grave, comme le cancer ou autre chose dans ce genre, avaient baissé les bras et ne pensaient pas que c'était d'un bon oeil d'essayer de les sauver. Certains, par exemple, refusaient les soins, et signaient des papiers pour qu'on ne les réanime pas s'ils étaient près de l'article de la mort. Quelques uns finissaient par se raviser, ayant peur de la mort et de ce qu'ils pourraient trouver après celle-ci. Et d'autres continuaient à faire la sourde oreille. Oui, Naoya sauvait des vies, mais parfois, cela ne faisait qu'aggraver une situation déjà bien compliquée.

"Je pense que c'est un peu de la folie de sauver des gens qui ne veulent pas l'être. Mais à chacun ses opinions."

Pour Mik, c'était du courage ? Soite, c'était son opinion et n'irait pas se fâcher parce qu'il ne pensait pas pareil qu'elle. Il enchaîna ensuite sur le fait que les loisirs nous permettaient d'évacuer la pression, de partir dans un autre monde et d'oublier tous les ennuis qui pouvaient nous tomber sur le coin de la gueule. Mouais, les loisirs, c'était pas mal. Mais encore fallait-il qu'elle ait le temps. Et quand elle était à l'hôpital, c'était hors de question d'en avoir. A l'infirmerie, c'était plus calme.

"Peut-être que je devrais amener des mots croisés, histoire de me distraire."

Ou des Sudoku, ou d'autres trucs dans le genre. De cette manière, ça lui éviterai de rester les bras croisés à ne rien faire toute la journée.

<Oui, il est vrai que ça serait mieux que de faire un petit somme  pendant le travail^^>

Mik lui sourit. Avec un emploi du temps comme le sien, il est vrai qu’elle n’aurait pas le temps de faire de la peinture, et apporter un tableau avec l’équipement de peinture pour en faire pendant le travail à l’infirmerie du Lycée serait disons inapproprié, mais la solution que Naoya avait trouvé était très bonne, car ça lui permettrais de décompresser. Du moins, si elle apprécie le faire évidemment.

Comme elle  le disait si bien, chacun ses  opinions, et Mik n’était pas d’avis qu’ils étaient tenus de sauver ceux qui ne le voulaient pas, c’était leur choix après tout. Qui de toute façon a un droit de veto sur la vie ou la mort d’un homme excepté le-les Dieu(x)? De toute façon, essayer de sauver quelqu’un qui ne le veut pas était, selon le jeune homme, un manque flagrant à l’intégrité de celui-ci, comme si on lui disait qu’on savait mieux ce qui était le mieux pour lui, mais ce qui est le mieux pour quelqu’un n’est pas nécessairement ce que cette personne veut.

<Appelez ça folie, j’appelle ça courage, et de toute façon, la ligne est mince entre les deux!^^>

Naoya savait que, niveau distraction, elle n'en avait pas besoin lorsqu'elle travaillait à l'hôpital. Elle était sans cesse sur la qui-vive, à courir entre les différents services. D'ailleurs, heureusement qu'elle n'avait pas de chaussures à talon sinon, elle finirait, un de ses jours, par se casser la figure dans un escalier, ou bien même glisser et tomber par terre. Non pas qu'elle était maladroite mais un mauvais geste était si vite arrivé. Surtout dans l'excitation du moment ou si elle était pressée. Voilà pourquoi elle avait toujours des chaussures plates, et non pas des trucs immondes avec des talons. De toute manière, elle n'aimait pas vraiment ses trucs, comme elle aimait à le dire. Pourquoi ? Petite, les parents de la miss lui avaient acheté des bottes avec un talons. Elle avait voulu les mettre pour une journée d'école, alors qu'il faisait froid dehors et que ça finirait forcément par neiger. Seulement, le soir, en quittant l'arrêt de son bus, la petite Naoya avait préféré par quitter ses chaussures et avec fini le peu de chemin qu'il lui restait à faire en chaussettes. Et depuis, elle avait évité tout net les ballerines, les bottes ou autres chaussures à talons. On l'avait eu une fois mais pas deux !

Enfin, revenons à nos moutons. Une distraction. Oui, il lui en faudrait peut-être une lorsqu'elle passait sa journée à l'infirmerie. Parce que c'était pas comme si les lycéens venaient toutes les cinq minutes dans le local afin de se faire soigner. C'était, pour ainsi dire, plutôt calme. Amener des mots croisés ? A dire vrai, Naoya n'aimait pas trop faire ça. Les Sudoku non plus d'ailleurs. Les mots fléchés, encore moins ... Boaf, le plus simple, ce serait très certainement de trouver un bon bouquin, qui faisait plus de trois cent pas au moins. Ouais ... Bonne idée. Parce que se distraire autrement, comme elle était toute seule ...

"Au fait, cela fait longtemps que vous vivez à Seikusu ?"

Naoya se souvenait qu'il lui avait dit qu'il avait quitté l'ambassade après la mort de ses parents mais il ne lui avait pas dit s'il venait tout juste arriver dans la ville ou bien si cela faisait un moment qu'il était dans les parages.

Arf, combien de temps cela faisait il? Une semaine tout au plus, il avait tellement voyagé depuis son départ de Kamakura…
 
<Environ une semaine, mais je suis déjà passé ici lorsque j’étais plus jeune, j’ai fait le tour du pays avant de revenir m’installer ici, la campagne m’a toujours plu, à comparé aux grandes villes comme Tokyo. J’ai eu le temps de visiter sommairement Seikusu, mais pas en détail, faudrait bien que je prenne un week-end pour faire ça bientôt.>
Sur son passage, beaucoup de villes avaient laissés une belle trace dans son cœur, certaines moins à cause des ennuis avec des hommes, certains n’aiment pas avoir de nouveaux poissons arrivant dans leurs ville/quartier, et Mik n’était pas du genre à se laisser bousculer, encore moins impressionner par un quelconque homme voulant jouer aux durs devant ses potes ou sa copine. Il arrivait, pas très souvent, que Mik n’était pas l’instigateur des combats qu’il faisait, il ne faisait que répondre et l’autre lui disait de se battre s’il était un homme, alors il répondait dans les règles de l’art.

< À ce propos, vous n’auriez pas des magasins à me conseiller? Suis un gros fan de musique et je me cherche souvent des CDs ou vinyls, alors je me demandais si y’en avait un dans le coin^^>

Il lui sembla que Mik avait réfléchi avant de répondre à sa question. Peut-être qu'il avait perdu la notion du temps. Peut-être qu'à force de voyager, il ne savait plus vraiment où il en était. Finalement, au bout de quelques instants, il lui répondit que cela faisait une semaine qu'il était de retour à Seikusu. Oui, de retour, parce que ce n'était pas la première fois qu'il passait dans le coin. C'était un peu comme Naoya. Elle avait vécu pendant toute son enfance à Seikusu, était partie pour ses études, et pour d'autres raisons un peu plus obscures, et finalement, il y avait moins d'un moins, elle avait repointé le bout de son nez à Seikusu. Et avait trouvé deux postes, histoire d'occuper ses journées.

"Croyez-moi, y'a pas grand chose à visiter à Seikusu. J'y ai passé toute mon enfance et j'ai jamais trouvé de lieux somptueux à visiter."

Tiens, un bout de son passé. Comme quoi, sans la pousser à bout, Naoya finissait toujours par se révéler un peu. Mais pas beaucoup non plus. Il était vrai que, niveau tourisme, Seikusu, c'était pas génial. Mais bon, y'avait sûrement pire comme ville. Oui, elle avait déjà vu pire. De ce qu'elle avait vu de Nexus, ce n'était pas génial non plus. Mais là-bas, mieux valait-il éviter d'y aller en tourisme sous peine de se faire dépouiller, agresser voire même devenir esclave bien malgré soi. Une perspective pas très géniale en somme. A ce moment là, Mik lui demanda si elle ne connaissait pas des boutiques qui vendaient de la musique.

"Je sais qu'au centre commercial, il y a un disquaire mais il a beaucoup de trucs vieillots. Quel genre de musique vous recherchez ?"

Si elle cherchait au fond de sa mémoire et de toutes les cartes de la ville qu'elle avait vu, peut-être qu'elle se souviendrait si y'avait d'autres magasins de musique spécialisés ou pas.

< Oh pas mal de tout,  j’adore la musique et découvrir de nouveaux styles et groupes, mais je suis pas trop fort sur le Rap et Hip-Hop, quoique le Deathcore non plus^^>

Dès de sa jeune enfance, on lui avait toujours appris à se tenir loin lorsqu’il entendait ce dernier genre de musique, car elle était l’emblème, disait-on, d’un gang qui s’amusait à torturer leurs malheureuses victimes comme ça, sans raison…  De toute façon, Mik doutait que Naoya connaisse ce genre musical particulièrement agressif et sadique.  Mais voilà peut-être où il pourrait  apprendre à la connaître, en posant des questions plus précises, laissant moins la place à des suppositions qui s’avérerait probablement fausses.

<Et vous, vous aimez quel genre de musique? Je parie que vous êtes très conventionnelle, genre pop^^>

Mik avait dit ça sans l’ombre d’une méchanceté, juste pour la faire réagir, au pire elle ne rirait pas à sa blague, au mieux elle lui demanderait comment il avait fait pour  deviner aussi facilement. Quoiqu’il fallait dire qu’elle n’avait pas du tout le style à écouter du Punk  ou du Rap américains^^.


Il marqua une pause, il y avait un truc qui lui faisait grincher des dents depuis le tout début. Il ne lui avait pas dit à ce moment là un peu trop tôt pour ça, mais là, il en pouvait carrément plus.

<Je peux vous demander une faveur? Arrêtez de me vouvoyer, je vous prie. Je déteste ça^^>

Mik était du genre à aimer tout et n'importe quoi. Ses goûts musicaux étaient vastes et étendus, ce qui avait fait légèrement sourire Naoya. Celle-ci était plutôt traditionnelle, mais il ne tarderait pas à le savoir. D'ailleurs, après lui avoir exposé ses goûts musicaux, il posa la question à l'infirmière. Il n'avait pas parié mais il se doutait que la jeune femme était plutôt genre conventionnelle, comme le pop.

"Oui, un peu de pop, mais pas trop non plus. Je suis plutôt du genre musiques douces et calmes, comme, par exemple, les musiques de film."

Là, d'ailleurs, elle avait une bonne petite liste de musiques qu'elle écoutait encore et toujours, sans se lasser. D'ailleurs, si elle avait le temps, elle pourrait passer ses journées à les écouter, et à ne rien faire d'autre. Disons que, ça lui permettait de se détendre un peu. Le mieux encore, c'était quand elle prenait un bon bain bien chaud avec tout plein de mousse. Elle gardait son MP4 non loin du rebord de la baignoire et hop, elle mettait ses écouteurs sur les oreilles et restait là, un bon moment, à ne penser à rien d'autre que les musiques qu'elle écoutait, se décontractant en somme. Sauf que, à bien y repenser, ça faisait un moment qu'elle n'avait pas fait cela.

Naoya lui expliqua alors un peu le genre de musique qu'elle aimait. Niveau pop japonais, Ayumi Hamasaki et Yui étaient en haut de sa liste. Bon, y'avait aussi quelques autres groupes qu'elle écoutait, comme Flow, Seamo, et d'autres. Et après, y'avait toutes les musiques de film qui vous faisait penser au film, rien qu'en fermant les yeux, comme, par exemple, le Seigneur des Anneaux. Ou bien même Pirates des Caraïbes. C'était peut-être pas des goûts communs mais elle s'en fichait bien.

"Pour en revenir aux disquaires, à part celui qui est au centre commercial, j'en vois pas d'autre ailleurs."

Eventuellement, faudrait faire une recherche, histoire de vérifier si y'avait pas de meilleur disquaire. Après un moment de silence, Mik reprit la parole, lui demandant, sans détour, même une faveur. Ah bon ? Une faveur de quel genre ? Apparemment, le lycéen préférait, de loin, que Naoya le tutoie. Ah ...

"Je peux essayer mais je ne promets rien."

Naoya n'était pas du genre à tutoyer les gens facilement.

<Bah un essai, c’est déjà pas mal^^>

Mik avait rarement eu droit à ce genre de politesse d’une femme, puisque celles qu’il fréquentait étaient souvent des jeunes, qui, certes étaient très polies, mais qui avaient oublié, grâce à la nouvelle société moderne, le vouvoiement. Mik ne savait trop comment agir face à ce genre de femmes, puisqu’il trouvait que le vouvoiement laissait une certaine distance entre les interlocuteurs. Le tutoiement amenait une convivialité et une complicité qui n’existait que très rarement lorsqu’on vouvoie quelqu’un.

<Alors, j’ai cru comprendre que vous étiez une cinéphile? Quels films appréciez vous particulièrement?>

Naoya commençait à se dévoiler peu à peu à Mik, ce qui était une bonne nouvelle. Le jeune homme avait pris place sur un petit tabouret en fer, regardant son interlocutrice dans les yeux, mais sans fixer… Il avait déjà fait une bourde mais ne referait pas la même erreur deux fois, il ne se fourvoierait pas à essayer de la bousculer, seulement écouter ce qu’elle dira par elle même, il avait été trop pressé. Cette fois, il prendrait bien son temps…. [/i]

Tutoiement ou vouvoiement ? Il était vrai que Naoya préférait, de loin, la deuxième solution. Pourquoi ? Et bin, c'était toujours mieux de vouvoyer les gens, surtout quand on ne les connaissait pas vraiment. Bon, il était vrai que là, Mik et Naoya essayaient de faire connaissance, mais ce n'était pas pour autant qu'elle passerait directement au tutoiement. Elle aurait sûrement du mal mais bon, elle essayerait quand même. Ca lui faisait penser que, d'une certaine manière, du moment où on entrait au lycée, les professeurs préféraient vouvoyer leurs élèves, histoire d'instaurer un certain respect entre élève et prof. C'était pas plus mal d'une certaine manière. C'était même plutôt plaisant, parce qu'on se disait qu'on sortait de l'enfance et qu'on devenait un peu plus responsable. Du moins, c'était ce que Naoya avait pensé quand elle était à leur place. Peut-être, qu'aujourd'hui, les jeunes pensaient différemment, du moins, c'était ce qu'elle pouvait croire.

Mik lui posa une nouvelle question, mais il n'était pas pour autant passé au tutoiement de son côté. Non, signe qu'il la respectait peut-être, ou qu'il n'avait pas trop envie de s'aventurer sur une nouvelle pente dangereuse. Qui sait. Il avait émis l'hypothèse qu'elle aimait bien le cinéma. Il avait vu juste. Mais il voulait en savoir plus sur ses goûts. Naoya réfléchit pendant quelques secondes.

"La fantasy."

Genre, Seigneur des Anneaux. A une autre époque, ça aurait pu être sa bible. Seulement voilà, sa bible du soir, c'était des bouquins de médecine, des trucs qu'elle devait lire quand y'avait une intervention nouvelle et qu'elle avait besoin d'informations sur telle ou telle chose.

"Les pirates."

Surtout s'ils étaient agréables à regarder et que le film comprenait quelques pitreries amusantes.

"Le surnaturel."

Genre, des films avec des Vampires, des monstres incroyables, des démons ou bien des loups-garous. Ca, c'était surtout pour recherches personnelles et faire la part des choses entre ce qui pouvaient être vrai, et pas vrai.

"Les films de guerre."

De tout temps. On pouvait très bien parler des croisades, ou bien de la Seconde Guerre Mondiale. Mais Naoya essayait de se divertifier en essayant de voir les différents points de vue.

"Et je crois que c'est tout. Et vo ... Toi ? Mitigé entre les films et la musique ? Ou seulement la musique ?"

Mik sourit en coin lorsqu’elle se reprit et le tutoya, elle avait dit qu’elle essaierait, elle essaie, peut-être devrait- il commencer à la tutoyer de même, mais il avait peur de lui manquer de respect. Il n’était pas du genre à écouter beaucoup de films, il avait du mal à rester assis pendant tout ce temps, excepté si le film l’interpelait…

<Tout comme la musique, je n’ai pas vraiment de style cinématique préféré, mais il faut que ça bouge un peu, les films historiques sur la guerre m’ont toujours captivé cela-dit.>

 Ça, il n’était pas si étonnant, Mik était loin d’être du genre fantastique ou films à l’eau de rose, il détestait toute forme de romantisme. Selon lui, cette méthode de faire datait du moyen age, et si tu arrivais fringué comme à un bal puis chanter à quel point tu l’aimes à une fille, elle risquerait de prendre ses jambes à son cou assuré.

<V…Tu as un film que tu préfères d’entre tous?>

Finalement, Mik l’avait tellement vouvoyé que ça lui demandais un certain effort de la tutoyer, chose qu’il n’avait eut de difficulté avec personne… Excepté peut-être son père, la dernière personne qu’il avait vouvoyé, avant Naoya bien sûr.

Ah ... Les films ... Naoya était d'accord avec Mik sur plusieurs points. D'une, si le film était plutôt mou ou bien qu'il n'y avait aucune sorte d'action avant quinze ou vingt minutes, Naoya préférait zapper. Elle n'était pas du genre à regarder des films où rien ne se passait, où tout était mou. Et pire encore, si l'histoire n'était pas bien ficelée, elle ne cherchait pas non plus à regarder le film. Brèfle, y'avait tout de même quelques règles de base qu'il fallait respecter. Sinon, out, exit le film. Enfin. Ca, c'était le premier point commun. Le deuxième point ? Et bien, les films de guerre, elle aimait beaucoup cela. Et n'importe quelle guerre d'ailleurs. C'était toujours intéressant à avoir, et puis, ça permettait de se faire quelques idées sur telle ou telle chose.

"Après tout, les guerres font partie de notre histoire. Normal qu'on s'y intéresse."

Du moins, c'était ce que pensait Naoya. Tout comme les séries médicales, ça l'intéressait aussi, même si elle ne l'avait pas dit. C'était marrant de voir que, parfois, y'avait des trucs improbables, des trucs qui ne pourraient jamais arriver dans la vraie vie. Seulement, des amateurs, qui s'intéressaient uniquement à la série, ne faisaient pas forcément attention à tous ces petits points de détails. Mais c'était marrant de le relever, ou plutôt, intéressant. Cherchant encore à en savoir plus, Mik lui demanda, en la tutoyant cette fois-ci, quel film l'intéresait le plus.

"Hmm ... Bonne question."

Naoya ne savait pas trop. Elle devait y réfléchir. Quel film mériterait la palme d'or selon elle ? Très bonne question, du fait qu'elle en avait vu beaucoup et que choisir l'un d'entre eux au détriment de tous, ce n'était pas son style non plus.

"Et bien, je ne sais pas. Ils sont tous aussi intéressants les uns que les autres."

Genre, il faudrait qu'elle fasse un top cinq mais Naoya ne saurait pas lequel elle devrait mettre en premier. Peut-être un film de guerre ? Ouais ... Possible.

"Non, vraiment, c'est plutôt compliqué à choisir. Je ne sais pas."

Mik eut un léger sourire. Elle ne savait quel film elle préférait. Quoique ce fût bien normal, il y en avait tellement! De toutes sortes qui  plus est. Il est vrai que Mik non plus n’aurait pas su répondre, les films sont différents l’un à l’autre, ils ont donc tous leurs forces et leurs faiblesses, différentes. Un élément qui rend un film bon peut faire d’un autre film dans un autre contexte du pire navet de l’histoire du cinéma.

<C’est vrai qu’il y a beaucoup de bons films, et que c’est difficile de choisir entre ceux-ci^^>

Mik la sentait plus en confiance, ce qui était très bien vu la bourde monumentale qu’il avait commis quelques minutes auparavant. Ils se découvraient même des points en commun, dans des choses anodines certes, mais malgré leurs deux vies complètement différentes, pour ne pas dire à l’opposé, il était bien de voir que ces deux personnes aient certaines ressemblances.

< Pour être honnête, je devrais aller au cinéma plus souvent, disons que je me tiens plus dans les bars qu’au cinoche ou devant la télé^^>[/i]