Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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L'inclassable... un contrat dont personne ne veut... sauf lui.[ PV Denna ]

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Denna

E.S.P.er

       Lassée, Denna cessa d’ausculter sont nouveau compagnon. L’homme lui fit un sourire qu’elle jugeait goguenard mais cela ne la surprenait pas vraiment. On se doute bien que la jeune fille en avait vu passer des fiers guerriers qui se moquent de leur tortionnaire et essayent de les mettre en rogne. Tout cela pour s’arroger un semblant de contrôle sur la situation et un moyen de contrarier leur bourreau. Une tentative bien vaine et puérile selon Denna mais c’est tout ce qui restait au pauvre diable enchainé. En même temps, c’était difficile de déterminer qui était le plus pitoyable : celui qui se débat avec ironie ou celui qui supplie en permanence. La Mord-Sith préférait sans hésitation les hommes comme Khaléo, même s’il allait devoir se donner à fond pour ne serait-ce que provoquer un froncement de sourcil sur le visage angélique de la jolie blonde.

       Denna qui s’y attendait un peu, écouta donc sans surprise la réponse de son prisonnier.  Un sourire commença à fleurir sur son minois, mais intérieurement elle était un peu déçue. C’était presque une évidence que l’homme n’allait pas accéder à ses désirs mais elle avait tout de même entretenu le faible espoir qu’il lui donne son nom. C’était une simple curiosité  qui n’était pas nécessaire à la suite des évènements, mais c’est vrai que Denna aurait bien voulu connaitre le patronyme d’un ennemi aussi respectable que lui. Il l’impressionnait. Ca, elle ne s’en cachait pas, et ça aurait été même hypocrite de ne pas lui vouer un semblant d’admiration.
       Elle contempla donc l’homme attaché au mur comme Michel-Ange avait dû contempler la chapelle Sixtine avant de la transformer en ce qu’elle est aujourd’hui. Ses mires noisette étaient posées sur lui et semblaient brillées d’excitation à l’idée de ce qui allait se passer dans cette pièce. Pourtant, ni son sourire, ni son regard n’exprimait de joie perverse ou de sadisme. Ici, elle allait réaliser un chef-d’œuvre à partir d’une œuvre d’art.

       -Tu as raison, admit-elle. On ne doit pas donner si facilement son nom à des inconnus. Je te le redemanderai quand nous nous connaitrons un peu mieux.

       La Mord-Sith observa encore une fois le corps de Khaléo. Elle l’avait rapidement nettoyée et surtout, elle avait retiré les flèches qui étaient plantées dans son corps. Par contre, elle avait laissé les blessures comme telles car un détail l’avait marqué. Sa blessure au flanc qu’il s’était fait sous la tente des officiers avait complètement cicatrisée. Une capacité de régénération très intéressante qui lui épargnait d’avoir à soigner son prisonnier. De plus, elle n’aurait pas besoin de se retenir car il n’était pas vraiment fragile.
       Denna s’approcha de lui par la droite, car elle n’avait pas vraiment envie de se prendre un coup de boule ou autres joyeusetés, puis remonta le long de son bras pour enfin poser sa tête contre l’épaule du tigranthrope. Elle se contenta ensuite de l’observer avec un sourire serein, comme si elle tentait de l’analyser par des moyens qui lui étaient inconnus.

       -Tu es un dur à cuir, n’est-ce pas ? Fit-elle sans vraiment attendre de réponse. Tu vas me mener la vie dure et t’obstiner à garder tes secrets. Tu ne répondras à aucunes de mes questions ? Hé bien, sois tranquille, je ne compte pas t’en poser.

       Sur ces mots, elle sortit son arme et enfonça la tige de cuir dans le nombril du mercenaire. Il est très difficile de décrire l’effet d’un artefact créé par un monstre de haine et de malveillance. Ce serait un peu comme essayer de décrire les couleurs à un aveugle, mais nous allons quand même essayer. Tout d’abord l’objet provoque la douleur au moindre contact, qui reste localisée sur l’endroit touché. Mais il demeure, cependant, une arme et peut provoquer des lésions en fonction de la pression exercée sur la cible. Comme une explication ne vaut jamais un exemple, prenons le cas de Denna qui appuyait son arme sur le ventre de Khaléo. Elle commença à la déplacer, progressant sur la peau centimètres par centimètres. La tige n’était enfoncée que de quelques centimètres au vue de la peau qui se déformait à son passage, mais c’était suffisant pour laisser une trainée violette qui suintait du sang, attestant que la plupart des veines avaient littéralement explosées au contact de l’arme et que la peau s’était ouverte à son passage. Un phénomène intéressant qui prouve bien que l’Agiel à également des propriétés létales. Ceci étant démontré, nous pouvons poursuivre l’expérience... A force de remonter sur le ventre sa victime, Denna arriva maintenant aux côtes qui n’étaient visibles que sur les flancs de sa victime. L’Agiel buta dessus, et Denna exerça une légère pression qui fut aussitôt accompagnée d’un craquement sourd. L’os venait de céder, libérant le passage à la tige qui se remit à glisser sur la peau jusqu’à ce qu’elle rencontre une autre côte. Inutile de préciser que l’opération se réitéra autant de fois que nécessaire. Si Khaléo ne savait pas combien de côtes possédait un corps humain, cette lacune était maintenant comblée grâce à Denna qui prenait un plaisir évident à les briser une par une et… lentement.

       On a maintenant une vague idée des capacités de destruction de l’artefact de torture, mais la sensation à son contact restait quand même difficile à définir. Il brule, électrocute, perfore… et tout autre verbe qui serait adéquat pour définir la douleur. Pour résumer, les nerfs touchés par la magie de l’objet envoient toutes les informations possibles au cerveau qui traduit cela par une douleur atroce. Un savoureux mélange de tout ce qui fait mal sur cette bonne vieille terre.

       Sans un mot, et ne laissant aucun répit à son condamné, la jeune fille continua diverses tortures de son cru. Elle s’amusait parfois à l’aiguillonner au hasard pour voir d’après ses réactions les endroits les plus sensibles. Lorsqu’elle en avait trouvé un, elle s’acharnait dessus pendant une bonne dizaine de minutes jusqu’à faire du petit bois des os qui se trouvaient en dessous et que la peau prenne un jolie teinte améthyste avec des nuances de noir. Ensuite, elle repartait à la recherche d’une autre oasis de peau intacte sur laquelle s’acharner.

       Au bout de deux heures Denna commençait à fatiguer. Elle y allait avec un peu trop d’enthousiasme et elle commençait à trouver désagréable la douleur de son propre Agiel dans la main. La Mord-Sith fit donc une pause. Sans avertir Khaléo, elle rangea son instrument dans son étui et secoua ses doigts endoloris par la magie de l’artefact. La jeune fille s’assit ensuite sur son lit et poussa un profond soupir de soulagement. Elle observait son œuvre et attrapa à l’aveuglette une outre remplie d’eau qu’elle vida presque en une gorgée. Une fois rassasiée, elle secoua la gourde à l’attention de Khaléo.

       -N’hésite pas à demander si tu veux de l’eau ou quelque chose d’autre, fit-elle sans la moindre ironie.

       A aucun moment, Denna ne s’était moquée de son prisonnier. Elle ne le narguait pas, ne l’insultait pas et n’était pas haineuse. La seule chose qu’on pouvait lui reprocher était sans doute un sadisme un peu trop développé et un certain stoïcisme devant la douleur des autres.
La pire cruauté naît de l'amour le plus profond

Khaléo

Terranide

Ce regard... Contrairement à ce à quoi il aurait pu s'attendre, à corps ainsi dévoilé aux yeux pétillants de Denna, ce regard ne parcourait pas son être avec le mépris, où la haine qu'il aurait pu penser mériter de par sa différence et de la part d'un enemi, il s'était fait capturer parce qu'il avait commis quelques erreurs... dont celle de sous estimer la créature qu'il avait face à lui, donc pour en revenir à sa situation présente, ce regard curieux sur sa personne ne cachait pas une forme sous entendue de respect, ça faisait bien longtemps qu'on ne lui avait pas lancé ce genre de regard, pour peu il s'en serait presque senti "touché" s'il n'était pas attaché de ses cinq membres... Donc... du respect et une certaine forme d'envie... de "désir"... même, comme un gosse impatient d'ouvrir son cadeau de noel pour en découvrir plus... sauf que son emballage était d'une nature bien différente, à la limite, à cet instant si le language s'y était prêté, puisqu'une forme de respect croisé dans les regards un peu hésitants et plissés de Khaléo s'était instauré entre eux sans que les mots n'aillent besoin de le définir, il aurait sans doute été possible de lui dire son nom et peut être même, qui sait, d'entretenir une conversation plus ou moins "correcte" si elle avait pris la peine... disons... de "l'apprivoiser" par la parole et son respect, il y croyait c'était peut être naif de sa part... mais le respect entre deux ennemis avait quelque chose de sacré à ses yeux, il avait cessé de sourire bêtement, pourquoi pas... Lui aussi avait été impressionné par la poigne de fer avec laquelle Denna dirigeait sa garnison d'Elite, et fut incorruptible face à la menace qu'il avait brandie en dernier recours en prenant Berdine en Otage, elle n'avait pas plié, ni cédé de terrain.

L'instant de quelques secondes donc, il y eut cette rare alchimie que provoque le non mot et le ballet de quelques regards d'une indéchiffrable intensité , lui avait également l'impression d'être face à un être unique, presque trop rare pour exister, et trop étrange pour survivre, malgré l'absence de quelconque émotion sur le masque déposé sur son visage, ah... si... peut être ce sourire... Mais il se doutait que ce soit un sourire inspiré par sa réponse, malgré le ton plaisantin et son plus beau et grand sourire sur sa belle gueule sauvage, non c'était un sourire inspiré par la contemplation étrange qu'elle avait eu sur son corps, avant qu'elle ne prenne la parole, et réponde à ma petite provocation sur un ton et des hauteurs pratiquement neutres, sans aucune animosité où indices qui lui laisseraient imaginer qu'elle était le moins du monde atteinte par ce qu'il venait de dire, si ce n'est ce petite sourire toujours présent sur ses lèvres :


-Tu as raison. On ne doit pas donner si facilement son nom à des inconnus. Je te le redemanderai quand nous nous connaitrons un peu mieux.

Autant garder le rythme et cette étrange ambiance qui s'était installée, répondre au sourire par le sien, mutin, c'est tout ce qu'il lui était possible de faire de toute façon, toujours sur ce ton chargé d'ironie, il répondit :

"-C'est vrai... deux jours... ça ne fait que deux jours que nous avons eu le... le... Ah ! oui, voilà... le "plaisir" -insistant sur ce mot en penchant la tête sur le coté, accentuant de manière volontaire l'impression qu'il ait du "chercher" son mot.- Oui, c'est celà... le plaisir de se connaître... Loin de moi l'idée de vous offenser... je trouves que ça va un peu vite entre nous."

La fin de la phrase se termina par une moue de ses lèvres et une expression de son visage emplie de faux sentiments "désolés", comme un masque au théâtre, avant de regagner cette expression irritante d'assurance et son sourire moqueur.

J'attendais une erreur... même si j'avais du respect pour elle -jusqu'a présent- malgré les conditions discutablement et extraordinairement douloureuses de ma neutralisation, fallait dire que personne jusqu'ici n'avait jamais tenté de m'assomer, ou de me faire perdre conscience, je lui accordai donc encore le bénéfice du doute, un peu bonne poire légèrement naive, elle n'avait pas fait exprès de limite me griller la cafetière au point que je me pisse dessus, on fera passer ça pour un effet secondaire indésirable, une femme ayant un regard empli de respect et d'une forme d'admiration sur vous ne peut pas sciemment vous faire du mal... n'est ce pas ? Imbécile... il était loin de la réalité encore, il allait probablement bientôt tomber des nues, comme toute forme de ce "respect" à l'encontre de Denna, j'attendais donc quand même une erreur, un moment ou je pourrai lui attraper quelque chose, avec mes dents, lui coincer un bras entre mon menton et mon cou, un bout de main, de bras, des cheveux... son nez même... non pas le nez... pas un bout du visage quand même... quoique... si je n'avais pas le choix... mon regard parcourait la pièce, je m'imaginais déjà l'obliger à me détacher sous peine de la tuer d'une morsure à la jugulaire, ou de lui arracher la main, un bras qu'elle aurait laissé trainer inconsciemment à ma portée...

...Grossière erreur... Elle était plus consciencieuse... qu'un homme ne le serait jamais dans l'exercice de... de ses fonctions dont je ne connaissais pas réellement encore la "véritable" étendue, pour moi, c'était jusque là un officier, donc rompue aux codes millitaires et au respect du protocole concernant les prisonniers... Ah la farce que j'étais encore en train de me raconter à moi même... Bon ! Je me doutais qu'il s'agissait d'un interrogatoire... enfin là aussi c'est ce que je croyais, elle prit donc la précaution de s'approcher de moi sans jamais rien laisser trainer devant mon visage, quelle prudence... mais aussi... quel splendide... doux visage... posé sur le duvet de son épaule... bien ronde, où une rayure sombre entrecoupée de sa couleur ombrageuse par des cicatrices plus pâles, se finissait en dégradé spiralique soulignant sa rondeur depuis l'extérieur, vers l'intérieur ou la pointe de sa rayure s'estompait vers le blanc.

Il croisa son regard, un regard dérangeant, presque le même genre de regard qu'avait posé sur lui ce jeune et étrange soldat, il préféra ne pas lui laisser le temps de sonder trop longtemps ses yeux, par rébellion, il fixa le fond de la chambre, droit devant lui, laissant un souffle entre ses lèvres dégager une mèche pendante devant son visage, aussi rebelle que son regard plissé trahissait son sale caractère en cet instant.


-Tu es un dur à cuir, n’est-ce pas ? Tu vas me mener la vie dure et t’obstiner à garder tes secrets. Tu ne répondras à aucunes de mes questions ? Hé bien, sois tranquille, je ne compte pas t’en poser.

Il s'obstinait à regarder droit devant lui, sur un horizon si lointain qui semblait transpercer les murs même de cette chaleureuse maison, lorsqu'il entendit la main gantée de cuir de Denna se saisir de son "arme" il comprit vite fait ce qu'elle comptait à nouveau lui faire subir, je ne vous cache pas qu'il appréhendait grandement à nouveau ressentir le contact de cette saloperie innomable, il était loin d'être masochiste, il n'appréciait absolument pas souffrir pour rien quand même, ni pour le plaisir d'autrui, ça le répugnait qu'elle en vienne aussi rapidement a ce genre d'extrêmités, lui montrant qu'en fin de compte elle n'avait aucune forme de patience, ses yeux se fermèrent quand il sentit le bout de la tige s'enfoncer contre son nombril, contractant les muscles de son ventre, ses rebonds abdominaux pour les faire les plus épais et durs possibles, pour qu'ils forment une résistance à la pénétration et la propagation de la douleur, pour que ça n'atteigne pas non plus ses organes internes, il serrait les dents sous un sourire bien forcé et crispé sur ses lèvres, il tirait également sur ses bras et ses jambes dont les tendons avaient été sectionnés comme pour essayer de répartir cette putain de douleur à d'autres endroit dans son corps comme pour se distraire de celle là, peine perdue ! Elle n'avait aucune commune mesure avec ce qu'il pouvait raisonnablement s'infliger à lui même.

La tige... la tige restait... constemment... appuyée... sur... son corps... Ses paupières se plissaient plus fort, la ride du lion, et les muscles de son ascendance léonide / féline de rage, autour de l'arrête de son nez se mirent à se contracter pour être de plus en plus visibles, il tappait parfois l'arrière de sa tête contre le mur de rondins de bois en chêne massif, ça ne s'arrêtais pas... ça ne voulait pas s'arrêter... les notions de respect qu'il avait donc précédemment pour Denna s'envolaient petit à petit, éclatant et se fissurant à chaque fois qu'elle posait son horreur sur lui à un endroit différent, il ouvrait parfois ses yeux pour les planter dans ceux de la Mord Sith, un regard d'une rage insondable, redoublée de la frustration de sa salope de bête jalouse au fond des limbes de sa conscience, donnaient à ce regard plus qu'une impression simple de farouche rebellion et d'envie de meurtre atroce, celle... d'un léger dégoût naissant aussi, mais même ce regard mêlé de sentiments divers disposait de ce charme particulier qu'ont ces regards prédateurs, bouillants, fiévreux d'un désir mêlé d'envie de vengeance, de la voir aux prises entre ses griffes, et une lueur provenant de son sang chaud, de sa bête, mais aussi étrange celà puisse paraître pour en donner une autre définition peut être plus parlante, aussi assassin et séduisant à la fois pouvait l'être le regard d'une créature sud méditérannéenne, d'une bohémienne, d'une latine coriace à sang chaud et au tempérament enflammé, indomptable, ne se laissant faire d'aucune sorte, ni aucune manière possible, n'appréciant pas ne pas être aux commandes de ce peut lui arriver, c'est pourquoi il arrivait encore à forcer ses sourires d'un charme provocateur, qui avaient du mal à s'effacer de son visage, malgré d'interminables minutes de ce calvaire, oh ils étaient parfois déformés par la douleur qui tiraillait les muscles de son visage, mais ils restaient bien là.

Mais il y avait une chose qui le faisait pleurer "intérieurement", pour une raison qui remonte à des souvenirs qu'il à pratiquement oubliés... qu'il aurait préféré oublier en tout cas... Que faisais t'on à son corps ?

Qu'est ce qu'elle était en train de faire à son corps ? Plus encore que la douleur peut être... ça laissait une trace dans son esprit plus dure même que la douleur quand il... quand il posait parfois les yeux sur ce qu'elle avait fait à son ventre... Pas qu'il ait un amour propre réellement surdéveloppé... Mais quand même... il était profondément marqué dans sa chair, il le sentait, et même pouvait le voir en posant ses yeux sur son ventre... il n'en dit rien et, n'en laissa rien paraître, mais ce n'était ni beau à voir ni beau à penser, c'était une forme d'humilliation... pour lui... car partout ou passait l'Agiel... de très anciennes cicatrices se rouvraient... et avec elles le souvenir... le souvenir de chacune d'entre elles, et de son pourquoi... il n'allait pas en pleurer mais les revoir s'ouvrir et sentir leur douleur à nouveau ramenait les souvenirs des époques et des raisons de ces dernières avec elles, en plus d'en infliger un coup à son psyché.

Tant que lorsque sa première côte se brisa il avait ce regard vide... vitreux... comme si sa cornée était devenue soudainement plus opaque et réfléchissante à la lumière pour cacher sa pupille, il ne souriait plus, les traits de son visage étaient parfaitement lisses, sereins mêmes, d'une soudaine insensibilité aux premières côtes brisées par l'Agiel qui auraient pu laisser Denna pratiquement dégoûtée de la non réactivité de son sujet pour le compte, finis les regards d'une personnalité, d'un caractère et d'une intensité rare, il semblait choqué par quelque chose qui, laissait son esprit vagabonder et paraître handicapé de toute expression émotionnelle ou douloureuse de son corps pour une minute... une minute ou Denna put sans doute rester seule face à sa propre frustration d'être incapable d'extirper une once de rictus de douleur ou de spasmes musculaire sous le craquement donc, de cette deuxième côte, mais le regard de Khaléo reprit enfin sa "vie", elle devait se douter que quelque chose avait enclenché cet étrange phénomène mais n'avait pas encore d'indices sur le "quoi", donc son regard repris vie et les mouvements de son corps aussi, prenant conscience de la fêlure de ses premières côtes il réprima un rugissement en l'étouffant entre ses dents fermées, à nouveau si serrées qu'il en fit saigner ses gencives tant la pression de sa mâchoire pouvait être abominable, jetant des regards écarquillés de douleur au plafond, ou au sol, à chaque fois qu'elle lui brisait une nouvelle côte, ayant décidé de ne plus lui laisser le loisir de le regarder dans les yeux ou de reporter son attention sur elle, qu'elle "crève" c'était tout ce à quoi il pensait à cet instant, il imaginait la tuer de ses propres mains, de différentes manières possibles, cette garce, lui broyer la tête entre ses grandes paluches serait encore trop beau, non, il lui râperait la tête sur les échardes en bois du mur pour en faire un gros moignon de chair sanguinolante quand il en aurait terminé avec sa gueule, où il lui arracherait les yeux, la langue, lui clouerait ses propres ongles en perçant la fin de ses doigts avec ses dents, il imagina tout un tas de choses plus cinglées et plus retorses les unes que les autres qu'il aimerait lui faire subir pour se venger, n'ayant que ça pour se donner le courage à continuer d'encaisser, il sentait ses côtes lâcher les unes après les autres, sa cage thoracique tressauter à chaque fois qu'une côte était brisée, il respirait mal, de plus en plus mal parce que, vous savez, ce qui retient le sternum en place ce sont quand même les côtes, et si toutes vos côtes finissent par être sectionnées, brisées, eh bien... arriva ce qui devait forcément arriver ! maintenu contre la paroi par ces cinq fers, à la fin de son travail sur ses côtes, l'avant de sa cage thoracique n'était plus maintenu que par ses clavicules qui formaient une charnière, et, les... les organes maintenus dans sa cage thoracique glissaient peu à peu hors de... de leur cage en glissant sur le diaphragme qui n'avait plus le support de sa force abdominale puisque son ventre ressemblait à une aubergine qui transpirait du sang et puisque ses muscles avaient déjà été déchirés, il sentit donc ses poumons, ses intestincs s'affaisser légèrement, glisser un peu vers le bas, de pas beaucoup, mais assez pour lui donner l'impression constante qu'il allait mourrir, et rendre extrêmement peinible, douloureuses, chacunes de ses prochaines respirations qui étaient toutes forcées.

Malgré ça à aucun moment il ne supplia, non... plutôt crever... il à été tenté pourtant de dire un mot, juste pour l'empêcher ou l'arrêter histoire de souffler, d'obtenir une seconde de répit mais... mais ça aurait sûrement été encore trop cher la payer, trop de douleur... il en recevait trop... parfois ses yeux louchaient, se révulsaient, ratait une respiration, cherchait un endroit, une chose à fixer dans la pièce, son regard voyageait aux quatre coins avant qu'il ne s'arrête sur l'une des figurines singulières, probablement sculptée de la main d'un enfant et entreposée là par un père fier de son enfant, jamais... non... jamais il ne prendrait le visage de cette tortionnaire pour appui, pour soutient, et puis au moins... il pouvait presque s'égarer comme ça... juste imaginer l'histoire que renfermait cet objet... la patience de la personne qui l'avait sculptée... la passion qu'a mis cet enfant dedans même s'il à l'air plutôt banal... la fierté... la fierté de l'offrir, et le montrer à son père.

De la sueur... se mêlait à son sang... par "chance" elle n'avait pas réellement touché à son visage... mais son corps... quel chantier... il ne ressemblait plus à "rien" était méconnaissable... même lui aurait eu du mal à dire si tel ou tel muscle se trouvait bien au bon endroit, en tout cas elle ne l'avait pas râté et n'y était pas allée de main morte, elle avait même prit le temps d'apprendre où se trouvaient certains de ses points sensibles, encore heureux qu'elle n'ait apparemment pas pensé au contour hypersensible de sa queue de tigre accrochée à la naissance de la raie de ses fesses où ses oreilles, voir même de son service trois pièce, quand bien même, ses tripes étaient retournées, et un mélange de salive et de sang coulait depuis ses lèvres... haletant et le corps complétement détendu sur ses fers, de très belles veines, quand elles n'étaient pas toutes éclatées, d'effort à force de tordre, de tendre, son corps pour échapper vainement aux appuis de l'Agiel, apparaissaient sur la majorité de ses membres, Denna venait de s'arrêter... il ne savait pas s'il devait en être soulagé... il aurait préféré qu'elle y aille trop fort au point qu'elle le tue en fait, ça n'en était pas loin avec sa cage thoracique distendue, qui "voyageait" d'avant en arrière sur la charnière de ses clavicules selon l'inclinaison de son corps, corps qu'il devait désormais maintenir un peu incliné vers l'arrière pour éviter que sa cage thoracique ne "s''entrouvres" et que ses organes vitaux ne tombent tout simplement pas dans son ventre.

Même alors qu'elle avait fini de toute façon c'était encore atrocement douloureux à chaque seconde, il tenait encore sur ses jambes tremblantes, debout, comme là dehors quand il affronta ces hommes d'armes en surnombre, sa rage bullait aux coins de ses lèvres, de ses dents serrées, jamais ! jamais il ne... il ne se rendrait ! La volonté était encore malgré tout très forte dans son regard, volonté exacerbée par la foutue colère de ce qu'elle venait d'oser lui faire subir, il avait cru à du respect... mais ça ?! quel genre de respect ?! Pour finir comme ça... il était révolté... il était révolté mais impuissant... S'il avait su il aurait probablement mis fin à ses jours lui même quand il en avait eu l'occasion, il posa les yeux sur la "Mord Sith" cette fois il ne penserait même plus à son nom, ça allait être la "Mord Sith" et point barre, "ça" ne méritait plus de nom à ses yeux, et encore moins qu'il lui donne le sien. Putain de colère...   

Elle secouait sa main ? Oh merde... Alors on était déjà fatiguée ? Il lui aurait bien craché au visage "t'en a une deuxième alors finis ton putain de travail de merde ! Feignasse !" juste pour l'irriter mais... mais maintenant il voulait quand même vivre, hein, ne serait ce que pour lui faire la peau de la belle manière qu'elle mérite, même son sang suintant et ruissellant à l'extérieur de son corps avait l'air chaud, chaud de cette révolte intérieure, le corps fumant de condensation, il ne faisait pas si chaud que ça, on se rapprochait de l'hiver, donc l'écart de température le laissait "fumer" dans son coin, attaché.


-N’hésite pas à demander si tu veux de l’eau ou quelque chose d’autre.

Son regard noir invectiva la Mord Sith, il disait parfaitement sans qu'il n'aille à prononcer le moindre mot "Est ce que j'ai l'air de vouloir encore quoi que ce soit qui vienne de toi ?" où "Tu peux garder ton poison, vipère." et encore "Si tu ne comptes plus me poser de questions sache que désormais ce n'est même plus la peine d'espérer m'entendre parler." jusque là elle n'avait réussi qu'une chose, à détruire l'image respectueuse qu'il avait d'elle pour faire naître une violente haine à son encontre, il ne disait rien, non... il lui sembla trop bon lui permettre encore d'entendre le son de sa voix, si elle comptait réellement le faire parler, cette méthode était, bien sûr à son humble avis, de loin la plus mauvaise qu'il ait subie de toute sa vie, les heures étaient passées et, malheureusement pour lui ses canaux lacrymaux s'étaient "reformés", c'est à cet instant qu'il put verser quelques larmes, plus des larmes de douleur que de tristesse, en retard, bien en retard donc par rapport à sa torture, c'était même plus dur de s'observer à nouveau dans une situation de ce genre que de subir la moindre douleur physique en vérité, il calla son visage contre ses épaules pour tenter de sécher ses larmes en frottant ses joues dessus, se jurant qu'il s'en sortirait, si ce n'était pas aujourd'hui, ce serait demain, dans une semaine, dans un mois ou un an, à un moment où à un autre on relâche toujours son attention, il y a toujours une faille à exploiter, du moins il l'espérait, donc avec cette envie de vivre pour se venger, l'espoir en était également né.

Denna

E.S.P.er

       Khaléo était très courageux et l’estime de la jeune fille envers lui grandissait de plus en plus. Normalement, il aurait dû hurler et casser les oreilles de la Mord-Sith mais on pouvait dire que de ce côté la, il est un invité très agréable. Oh bien sûr, Denna prenait du plaisir à entendre les hurlements inhumains qui sortaient de la bouche des torturés comme autant d’applaudissement qui saluerait l’efficacité de tel ou tel coup. Cependant, ce n’était pas nécessaire. En effet, seul les bourreaux de pacotille avaient assez peu de confiance en eux pour avoir besoin de cris, afin de savoir s’ils étaient sur la bonne voie ou si ce qu’ils faisaient était bien. Ces amateurs étaient des novices, des profanes qui prenaient seulement plaisir à se sentir supérieur par rapport à leur victime. Victime qu’ils finissaient par tuer à cause de leur incompétence ou parce qu’elles avaient l’intelligence d’insulter leur bourreau qui s’emportait et mettait ainsi fin à ses souffrances. Heureusement que l’ordre des Mord-Sith existait pour apporter un peu de savoir faire et de philosophie à un art qui mérite largement sa place dans le milieu spirituel au même titre que le yoga et toutes forme de contrôle du corps… Si, si… C’est vraiment ce que pense Denna. Et pour les mauvaises langues qui jugent trop vite et affirme qu’elle est folle, il faut rappeler que cette notion est purement subjective.

       Soit dit en passant, Khaléo réagissait plutôt bien au dressage pour l’instant, même si c’est difficile d’émettre un avis au bout de deux heures. Il semblait furieux contre Denna et la détestait cordialement… C’est un bon début et ça suit un schéma très commun de psychologie humaine. Tout le monde réagi pareil lorsqu’on est confronté à un grand malheur et vous pourrez d’ailleurs vous en rendre compte en prenant une de vos expériences de vie. Déni, Colère, Tristesse, Réalisation, Acceptation. Pour quelqu’un comme Khaléo, le déni n’avait dû durer que quelques secondes, car c’est un fataliste. Quelqu’un qui accepte sa situation et qui en a assez bavé pour ne pas fuir la réalité. Là, Il était en plein dans la colère. Combien de temps allait perdurer cet état ? Aucune idée, mais on finit toujours par se lasser d’une colère que l’on ne peut assouvir. Viendrait alors le désespoir face à un sort injuste que l’on ne peut influencer. Ensuite, ce sera le tour de la réalisation qui est une forme d’habitude à son malheur, puis enfin l’état que Denna visait et qu’elle attendait avec impatience. L’acceptation de ses souffrances. Une capitulation pure et simple de tous les codes qui régissent une vie humaine. On dit adieu à sa vie et on accepte de n’être plus rien. Une coquille vide sans honneur et sans émotion. Un pantin dont le bonheur n’est réalisé que par un mot gentil de sa maitresse ou une tape sur la tête. Voila, ce que Denna voulait créer. Vu de cette façon, on pourrait croire que personne n’échappe à ce schéma et que la chute de Khaléo est imminente, mais à aucun moment il n’est précisé que l’on doit passer par toutes ces étapes. On peut tout à fait bloquer sur une et ne pas passer à la prochaine étape ou bien la déjouer grâce à un sentiment qui n’a rien à faire dans un corps torturer. L’opposé même de la haine et de la souffrance…


       La Mord-Sith haussa les épaules devant le regard de Khaléo qu’elle interprétait comme un « non », sans vraiment réfléchir plus loin, et but une nouvelle fois à sa gourde avant de la jeter un peu plus loin. Elle se leva et fit craquer ses doigts avant de prendre de nouveau son instrument de torture. Encore une fois, elle n’eut aucune réaction en prenant la tige de cuir qui équivalait à serrer de toutes ses forces une barre de fer en fusion. Seuls ses iris se dilataient légèrement pour prouver qu’elle restait humaine et que la sensation était présente, domptée et matée.

       -J’espère que tu as pu récupérer, prévint-elle en s’approchant. Nous n’arrêterons pas avant ce soir.

       Sur ces mots, le dressage reprit. Dans ces moments là, la jeune fille était totalement hermétique au monde extérieur. Elle restait concentrée sur les réactions de Khaléo, tant physique que psychologique. La jeune fille savait pertinemment ce qu’elle faisait, car elle avait déjà subit tout ce qu’elle était en train de faire en ce moment. Il n’y avait aucune chance que briser toutes les côtes de Khaléo ne le conduise à la mort. Ses organes allaient tenir. Le plus dangereux est qu’il ne s’étouffe car le diaphragme n’est pas le seul muscle qui permet la respiration. Il y aussi les muscles intercostaux mais ils n’ont rien de vital. D’ailleurs respirer sans ses muscles là, est appelé communément « respiration par le ventre ». Pas de soucis pour le tigranthrope donc. Il était entre des mains expertes qui ne lui feraient jamais le plaisir de le laisser mourir.

       Pendant plusieurs heures, elle opéra une torture d’endurance. Il n’y avait plus vraiment de rythme. C’était une douleur continue qui ne s’arrêtait jamais, car le plus douloureux n’est pas de donner une série de coup mais bien essayer de faire durer la douleur sans aucun espoir de répit. C’est pourquoi Denna collait son Agiel contre un endroit sensible de Khaléo – sans négliger ses parties génitales – et restait sans bouger en le fixant pendant plus d’un quart d’heure. Elle voulait que sa résistance tombe, qu’il  rende les armes devant la souffrance du corps, car pour ce dernier, l’esprit n’est qu’un jouet balloté par ses caprices.

       La Mord-Sith ne lui parlait jamais et ne répondait pas à ses éventuelles invectives. Elle restait de marbre, concentré sur ce qu’elle faisait sans jamais vraiment considérer sa victime comme une personne à part entière dont elle pouvait avoir pitié ou même mépriser. Pas un seul regard sournois ou provoquant. Tout était fait avec un professionnalisme… révoltant.

       La pièce commençait à s’assombrir. Les ombres s’allongeaient dans la chambre arrosée par les rayons rasant du soleil à travers la fenêtre. La lumière orangée du couchant remontait le long du corps couvert de sang de la Mord-Sith. Immobile lorsqu’on la regardait, l’empreinte lumineuse se déplaçait pourtant sur le cuir rouge au même rythme que le soleil tombait sur l’horizon. Ces divins rayons étaient le salut de Khaléo, ils englobaient sa tortionnaire lentement, jusqu’à ce qu’elle arrive sur son visage et lui donne une étrange expression biface. La jeune fille plissa les yeux pour accoutumé son iris et jeta un coup d’œil par la fenêtre.

       -Je n’avais pas vu le temps passer, avoua-t-elle en repoussant une de ses mèches gluantes d’hémoglobine. Nous allons faire une pause.

       Ca devait bien faire quatre heures qu’elle était en train de faire souffrir Khaléo. Pourtant, elle n’avait pas causé beaucoup d’autres lésions à son corps. Elle s’était servie de la magie de son arme sans faire trop de dommages. D’ailleurs ce dernier vint rejoindre son fourreau et Denna se permit de souffler un peu. Elle commençait à fatiguer mais ce n’était pas vraiment un problème car elle avait beaucoup de moyen pour faire souffrir son prisonnier tout en se reposant. L’endurance de Denna n’était pas un problème vraiment important.

       La jeune fille fit quelques pas dans la chambre pour changer de son état statique et jeta un coup d’œil dans le salon. On lui avait déposé un repas de roi… Enfin, disons plutôt qu’il était copieux. Quelques poulets rôtis à la broche et des fèves. La portion de viande par an d’un paysan lambda était largement dépassée avec ce qui se trouvait sur la table. Denna alla chercher le plat en trottinant et prit beaucoup de précaution pour éviter de mettre du sang partout. Elle le posa sur une commode en poussant les petites figurines qu’elle réagença par la suite dans une configuration qu’elle jugeait tout aussi jolie.

       -Tu as faim ? Demanda-t-elle en se tourna vers son invité.

       Encore une fois, il n’y avait aucune ironie sur son visage et elle n’affichait absolument pas ce petit sourire pervers qui disait « Aller, dis oui pour que je te dise que tu n’en auras pas ». Ce comportement détaché et sans remord – ou cruauté qui ne sert qu’à étouffer la pitié -, Khaléo allait devoir s’y habituer. De son point de vue, elle lui rendait service en lui faisant l’honneur de lui consacrer beaucoup de temps juste pour lui. Denna s’investissait énormément, tant physiquement qu’émotionnellement, car il était évident qu’elle allait se rapprocher de plus en plus de lui. Lorsqu’on partage ce genre de chose avec quelqu’un on ne peut que mieux se sentir avec lui. Ca peut paraitre un peu fou de penser comme ça mais venant d’une femme comme Denna, ce n’était pas si aberrant.
« Modifié: vendredi 19 novembre 2010, 17:49:44 par Denna »
La pire cruauté naît de l'amour le plus profond

Khaléo

Terranide

Le processus de régénération et de guérison naturelle des blessures de Khaléo, du à son métissage, n'était absolument pas "instantané" comme la plupart des lycanthropes "complets" pourrait l'être, non... quand bien même les tissus de son corps étaient bien plus résistants que la moyenne, trois fois pour être plus précis, ils demandaient aussi plus de "travail" à ses pouvoirs latents de récupération tigranthropiques, diluée dans ses gênes "hybrides" pour réparer tous les dégats qu'il subissait, aussi pouvait il choisir de concentrer cet effet à un endroit donné ou à un autre, il choisit de forcer pour ressouder quelques unes de ses côtes afin de s'aider lui même à respirer et se calmer un peu, si il y avait bien qu'une seule et unique personne sur laquelle il pouvait compter pour s'en sortir ici, c'était bien lui, il s'imaginait qu'a l'inexpression, à l'absence totale de réaction de souffrance de Denna à son égard ne devait signifier qu'une chose, elle avait perdu toute notion de sentiments humains un peu comme ces vampires millénaires qui, faisaient parfois souffrir les autres cruellement pour relire sur leurs visages les émotions qu'ils ont oubliées, qui devaient les forcer pour qu'elles soient intenses afin d'en capter l'essence et s'en souvenir, se souvenir de ce que ça "fait" d'être humain, c'était un peu ce qu'il se mettait en tête, Denna devait avoir été conditionnée ou entrainée durement, si intensément qu'elle n'était plus capable de réellement ressentir quoi que ce soit, à ce niveau même ses sourires et ses regards devaient être "émulés" imités, donc, par l'habitude de voir d'autres s'en servir, ce n'étaient pas les siens, peut être était ce des expressions qu'elle avait lue sur les visages de ses victimes, ces pensées fugaces passèrent brièvement dans son esprit à chacune de ses nouvelles respirations un peu plus aisées, une fois que quelques côtes brisées furent ressoudées, tout du moins, les côtes basses permettant à sa cage thoracique de se refermer et de ne plus s'entrouvrir, il concentra ses capacités régénératives sur son ventre qui, était un peu gonflé par ses hémorragies internes, juste de quoi faire passer cette couleur violacée sur ses abdominaux distendus à une plus rouge, chair à vif de toutes ces cicatrices rouvertes et distendues, à certains endroits la musculature était à découvert, la peau arrachée ou brûlée tout simplement s'était écaillée en croutes et recouvrait le sol à ses pieds après régénération tissulaire, il ne savait pas exactement combien de temps elle l'avait laissé là... il n'eut dont que le temps de s'occuper des points les plus critiques pour sa survie, sacrifiant même la guérison de ce qui était réellement le plus douloureux pour se concentrer sur ses organes vitaux, inutile de s'épancher sur des parties tellement détruites que, de toute manière les nerfs avaient été pratiquement détruits.

En ce qui concerne ses sentiments actuels... il en allait toujours d'une colère, d'une rage féroce que seule l'assurance de sa longévité de vie lui permettait de nourrir et d'assurer, surtout... Car lorsqu'on à déjà vécu plusieurs siècles de souffrance, peu importe les coups qu'on prends dans la gueule, le tout est de toujours pouvoir se relever peu importe l'épreuve qu'on traverse... Pour lui, Denna n'avait jamais su se relever, pour lui... elle était détruite, ce n'était qu'un pantin en fin de compte, un pantin vide, qui faisait ce pourquoi on l'avait formée, rien de plus, rien de moins... En se persuadant de celà c'était difficille de garder une quelconque colère à son encontre, non... non il en avait encore... mais à la fois dirigée vers elle... et les personnes "inconnues" qui, l'avaient réduite à "ça", à ce qu'elle est, car c'était impossible à concevoir pour lui qu'elle faisait bel et bien ça de son propre "chef", ainsi une sorte de déni des faits et de division de la colère en plusieurs branches et sous branches étaient en train d'animer son esprit, sa cafetière pressurisée qui réfléchissait à cent à l'heure aux raisons qui pourraient la pousser à lui faire subir "ça" puisqu'il ne voulait plus parler et qu'elle ne voulait plus poser de questions, la réflexion était la seule chose qui lui restait dans son mutisme.

Lorsqu'elle se saisit à nouveau de son Agiel il comprit que ça lui faisait mal également, à l'extension de ses pupilles à la douleur, donc elle n'était pas encore "complétement" inhumaine, elle savait encore ce qu'était la douleur et ce qu'elle lui faisait subir, mais quel genre de monstre était elle au final ? Il ne savait pas, il n'était plus sûr de rien, elle agissait de son propre chef, c'était vraiment sa volonté de le voir à ce point détruit ?! Qu'est ce qu'elle cherchait ?! Ce regard empli d'admiration et de respect n'avait été qu'une ruse pour le mettre en confiance afin de détruire toute forme de ce respect entre eux ?! Bien sûr qu'il avait soif... Mais il était toujours partagé entre libérer une colère monstrueuse et auto - destructrice, où se mordre violemment la langue et se l'arracher lui même pour se tuer, en perdant assez de sang même un tigrantrope finissait par mourrir d'exsanguination, supprimer toute forme de plaisir de cette tordue définitivement... Se venger plus tard restait la seule et ultime vérité à laquelle il s'accrocherait pour rester en vie et la seule chose qui, lui permettrait de résister à tout ça, il avait son temps, comme dit plus tôt... il pouvait encore vivre de nombreux siècles, si ce n'était pas aujourd'hui, demain, dans une semaines ou dans six mois et même un an... Il finirait par trouver un moyen... n'importe quel moyen sur le long terme... même peut être imiter si bien la soumission pendant plusieurs années qu'elle pense avoir terminé son travail et qu'il lui saute sur sa putain de gorge et la lacères en se repaissant de sa douleur lorsqu'elle crierait comme une truie... Et qu'il ne lui accorderait jamais la grâce d'une mort douce, non... il la mordrait... il la contaminerait et ferait d'elle ce qu'il était, à son tour elle pourrait profiter d'une éternité, de son immortalité dans la souffrance, il l'enchainerait dans sa tanière et chaque jour de sa vie elle regretterait mille fois avoir croisé sa route... Mais qu'était il en train de penser... C'est la bête... la bête qui, s'éveillait peu à peu et, lui susurrait ses images, ses pensées à son esprit, combien de temps... combien de temps ça faisait déjà depuis qu'il n'avait pas pris sa médication ? Ses fioles d'Aconit et de Belladone se trouvaient dans ses affaires, bientôt il céderait la place à cette charogne monstrueuse s'il ne prenait pas sa dose quotidienne.

-J’espère que tu as pu récupérer. Nous n’arrêterons pas avant ce soir.

Quand il la vit revenir, et à l'idée qu'il allait bientôt "céder" sa place à la bête, qui allait "subir" une partie de ce qui allait suivre à sa place, il eut un étrange sourire... un sourire satisfait, son magnifique regard luisait à nouveau d'une belle férocité prédatrice quasi séductrice, transformé et réduit à cet état par l'influence de sa bête en partie, et tout ceci à l'encontre de la Mord Sith dont il suivait chaque mouvement du regard, elle allait passer le reste de cette journée avec une créature particulièrement vulgaire et grossière, qui allait probablement lui faire regretter amérement d'y être allée avec autant d'enthousiasme sur son corps afin de faire "disparaître" l'humanité de Khaléo que la bête mettait à coeur de protéger, car elle n'était pas complétement folle, cette créature, elle avait besoin du libre arbitre de Khaléo, de son humanité, de sa bonté pour survivre dans ce monde, même si elle en était frustrée pour les trois quart du temps, elle avait appris à apprécier son "propriétaire" et limite l'en "remercier" pour lui permettre tout simplement de survivre... oui... car rares, trop rares étaient les tigranthropes passant l'adolescence, ils étaient tous incapables la plupart du temps de se contrôler, et mourraient rapidement, soit des douleurs causées par les premières transformation, la "bête" déchirant purement et simplement toute leur humanité et étaient incapables de "maitriser" leur nature intérieure, et finissaient chassés, tués par les autres espèces car dans les premières heures et années, la "bête" n'était qu'une bête après tout, elle était incapable de se dominer elle même, et laissait libre court à ses instincs... donc Khaléo avait été une exception pour elle, et lui avait permis de vivre assez longtemps pour "décalquer" une partie de cette humanité, juste assez pour être capable de "réfléchir", le minimum syndical parce que ça restait quand même une créature très virulente, ces changements étaient en train de s'opérer alors qu'elle était déjà en train de reprendre son "travail".

Aussi sa voix changeait légèrement, ses pupilles en amendes s'éfilaient, se rétrécissaient pour devenir aussi tranchante que des rasoirs dans ses propres iris fendues en deux, la couleur de son iris grise / argentée prit des teintes plus claires, plus brûlantes, difficilles à soutenir du regard dans un premier temps car le reflet d'argent irradiant de ce dernier était presque aveuglant, sa voix muait pour prendre des intonations plus rauques et surtout, très "irrégulière" dans le ton, gagnant parfois en hauteurs, en force, puis, revenant à une neutralité dérangeante, prouvant à quel point cette "chose" était rageuse, colérique, jalouse et pique à vif, pour le moment c'était un mélange de l'humanité de Khaléo et sa bête qui, se diluait à son esprit qui s'exprimait :

"-PROFitEs En BIEN !! J'EspEres quE je nE tE mANqueRAIS pas TROP, Je... JE Ne pEux PlUS la REteNIR... mAis... JE ne l'En BlâmeRAI PAS !! AmUses... Toi... BiEN !"

Son sourire devint plus "fier" comme si soudain, il avait "gagné" quelque chose, en tout cas, il était en train de céder sa place, ça s'entendait à sa voix, la bête, et lui même firent un dernier effort pour laisser s'exprimer son coté "humain", arborant presque une expression qui semblait, à la limite avoir perdu sa colère bestiale, mais qui était plutôt emplie de compassion, même pas pour lui, pour elle, dingue non ? De la pitié enjouée, pour elle, mais il savait à qui elle allait avoir affaire, alors il gardait tout de même ce sourire provocateur en coin :

"-Je te souhaites... bonne... chance... P... Passes... une bonne... soirée... avec... "elle"..."

Ses yeux se fermèrent et il se laissa aller sur ses fers, retenu par eux de tomber simplement au sol, ses battements de coeur devinrent anormalement "élevés" l'instant de quelques secondes, pas que sa pression sanguine et que son rythme cardiaque augmente, non, il était justement plus "lent" mais ses battements de coeur longs et lents se répercutaient dans la paroi du mur en bois et, sonnaient comme d'énormes coup de percussion, de "basses" sourdes dans la pièce, on pouvait sentir son coeur même sur le bois, s'il on posait sa main dessus, le sentir pratiquement "battre" comme s'il se trouvait dans la main, lorsqu'il rouvrit ses yeux la "bête" sentit la tige se poser sur ses bourses, de belles bourses rondes, bien remplies et hautes comme deux beaux petits melons d'eau bien remplis et bien fermes de leur "pression" interne, qui les rendaient moins facilement "maléables" au touché que des bourses humaines, comme si elles mêmes étaient des petits ballons en cuir tendu et tendre, mais même cette particularité n'allait pas les "sauver" de la souffrance, l'éveil de la bête à ce contact et cette douleur la rendit folle, elle se débattit violemment sur ses fers en frappant son dos contre le mur, qui se plaignait de la force de frappe de son corps contre ses fibres, qui grinçaient douloureusement sous le traitement de son corps nerveux, tendu à l'extrême qui frappait avec une rage effrayante, son propre corps contre ce dernier.

"-SalE PuTAIN ! JE Te CRevErAIs ! Je TE CrevERAis de mEs MaIns !! OOooh çaaaa... Ooooh OuI Je.... HA ha HA ha HA... JE... Te CREvErAIS ! TU m'EntEnds ?! TU m'ECOutES ?!"

Ses bourses prenaient une teinte, à leur tour, violacée, signe que tout ce qu'elles contenaient avait été réduit en bouillie par l'éléctrocution, les chocs et les brûlures de l'Agiel, même la bête tressautait de douleur à ce traitement, elle bulla et bava de rage en se perforant sa propre langue à coup de dents mais sans se la couper pour autant, elle révulsa les yeux en laissant son rire se faire entrecouper par quelques respirations douloureuses et chevrottées, irrégulières, elle tirait parfois sur ses fers, tellement que la chair autour de ses poignets s'abimait, et malgré la douleur elle continuait, elle finit par s'éclater les os des pouces afin de tenter de libérer ses poignets mais les fers étaient bien trop serrées et épousaient beaucoup trop la forme de ce dernier pour qu'il se dégage, il fit pareil avec ses chevilles, il secoua ses membres si fort qu'il s'écorcha toute la peau à la surface de ses chevilles et de son pied, puis éclata même quelques veines au dessus de ses tarses et métatarse, les griffes de ses pieds et de ses mains étaient complétement sorties de toutes leur envergure et longueur, il se secoua tellement sur ses fers qu'il se brisa lui même plusieurs os de sa propre queue de tigre, sa bête était complétement folle de jalousie et de rage.

"Elle" -la bête- reposa ses yeux sur ce qu'elle était en train de lui faire, Denna gardait son agiel constamment appuyé sur ses bourses, qui, commençaient même à se recouvrir de "cloches" et de plaies suintant du sang chaud, presque bouillant et du... de... pardonnez ce détail... de la semence cuite... ébouillantée à l'intérieur, qui supurait à l'extérieur et avait habituellement le goût et l'odeur de fruits rouges des bois dont il se gavait lorsqu'il en trouvait, plus qu'aucun autre fruit, l'aspect rouge/ violacé de certaines fraises, framboises, cerises rappellant la couleur du sang et parfois même la sensation d'une chair tendre qui, ravissait et calmait la "bête", c'est donc cette odeur de fruits "marinés", cuits, grillés, désormais que l'on pouvait sentir, aussi étrange que ça puisse paraître cette "semence" était légèrement rose pâle de par la haute teneur en ces "fruits" qu'il mangeait à absolument tous ses repas, même cette pourriture infernale ne croyait pas ce qu'elle voyait, elle avait du mal à l'accepter, a imaginer qu'elle ait pu... écarquillant ses yeux en se rendant compte de ce qu'elle lui avait fait, outrée, déconfite, enragée :

"-ARRETTES CA !! ARRETTES CA TOUT DE SUITE ! JE NE TE PERMETS PAS D Y TOUCHER !! DE QUEL DROIT ?! DE QUEL DROIT OSES TU TOUCHER A CE CORPS ?! CHIENNE, POURRITURE DE MORD SITH ?!"

L'afflux de sang et d'hémorragie à cet endroit laissa sa "verge" entrer en érection mais pas une érection plaisante loin de là, il n'y avait aucun plaisir, c'était une érection terriblement douloureuse de par la brûlure de son sang qui lançait de la base au bout de son sexe qui, lui aussi était en train de "gonfler" par trop plein de sang.

A la base sa verge était d'une belle et généreuse proportion et ce, même au repos, et au repos elle semblait lisse malgré quelques belles grosses veines tubeleuses qui la parcourait, et au fur et à mesure que le sang affluait dans cette dernière, des "excroissances" de chair "poussaient" tout autour de cette dernière, et, en rangées successives, une bonne soixantaine autour de son mandrin de la base au contour de la colerette rebondie de son gland, aussi lisses et beaux que des gros raisins finis en biseaux, pointes arrondies, assez souples, moelleuses à l'extérieur, et plus "fermes" en leur centre, aussi érectiles et durcifiantes rendues rigides, que le degré d'érection dans lequel il se trouvait, sans même parler du fait que la "peau" de son sexe soit similaire à la texture de sa langue, semi douce, semi râpeuse, une cicatrice à sa base prouvait que "quelqu'un" -qui n'était autre que son père, sa mère l'ayant empêché juste à temps- avait déjà essayé de la "couper" avec un ustensile tranchant... Mais bon, revenons en à la situation présente après avoir décrit cet "objet" pour le moment il avait l'impression qu'elle allait littéralement "imploser" de l'intérieur tant elle était pressurisée de sang, sang réchauffé par l'Agiel à sa base, ce n'était pas beau à voir.

"-Tu ne Vois pas ce que tu fais ?! TU NE VOIS PAS CE QUE TU FAIS ?! PAUVRE CONNE ! RRRRHOOOAaaaAAaaRRRRGHRRRRrrr !!!"

Au final, elle n'implosa pas, mais ce sont ces raisins de chair qui, les uns après les autres se mirent à "éclater" sous la pression sanguine, et finirent par se déchirer, et, expulser encore ce mélange de sang et de... soit... de semence "cuite" son sexe était littéralement "détruit" de sa trentaine de centimètres et ses six de diamètre ne restait plus que les vestiges de ce qui ressemblait beaucoup à un... une saucisse cuite trop longtemps au micro ondes, entrouverte et déchirée de son "emballage" la "bête" pleurait tout de même malgré le sourire jaune qu'elle affichait, un sourire dépité, et elle ne pleurait pas pour "elle" même, elle pleurait juste pour Khaléo et ce qu'on faisait de son corps, elle hochait la tête de gauche à droite, laissant ses larmes couler, sur son visage, n'exprimant là encore qu'une fureur abominable à l'encontre de Denna, ses lèvres étaient plaquées de filets de bave qui coulaient à leur tour lorsqu' "elle" s'exprimait dans un calme contrastant de façon dérangeante et inhumaine quand on se rendait bien compte de ce qu'elle était en train de subir :

"-JE vais te tuer... je vais te tuer..."

"-Je me libérerai... tôt ou tard... je te le promet... je te le jures... Tu paieras "ça", tu le paieras... je vais t'arracher à cette vie minable que tu mènes et tu comprendras à quel point ta perception de la douleur était bien étriquée jusqu'ici et t'apprendre ce que c'est... de souffrir pour de bon... je n'aurai pas de repos avant de t'avoir arraché tous les membres de ton corps pour faire de ce qui reste de toi un trophée, un médaillon de pointes perforant ton torse encore accroché à ta tête que j'arborerai fièrement chaque jour de ma vie pour t'exposer au monde entier, avec ton nom gravé dessus pour que chacun puisse savoir qui tu es, comment tu as fini et pourquoi, et ce pour les siècles à venir... On se rappellera de toi... ne t'en fait pas... Mais pas parce que tu étais "douée" pour les saloperies que tu m'as fait subir, ça non... ce "petit" passage de ta vie te semblera bien éphèmère, une goutte d'eau dans l'océan de tes tourments par rapport à ce qui t'attends !"


Un peu de bluff, des menaces, c'est tout ce qui lui restait, même si elle était tout à fait capable de mettre ce genre de menaces à éxécution pour se venger, mais malgré tout, elle n'avait jamais vu une cruauté pareille dans un être "humain" qui soit à même de rivaliser avec la sienne, il fallait lui reconnaître ça, et, ce qui agaçait également la bête c'est qu'elle ne réagisse pratiquement pas à ses invectives, à ses tentatives pour l'énerver, la mettre à bout, pourtant elle y allait de bon coeur, même si elle n'était pas encore arrivée aux extrêmes que son esprit noir était capable de produire, elle en était loin mais en dispensa tout de même un virulent et très vulgaire aperçu tout en secouant son corps et sa tête comme un possédé, en fait c'est bien ça, il était "possédé" par sa bête, et ça ressemblait à un remake plus trash et effrayant de "l'exorciste" :

"-LIBERES MOI SALOPE !! LIBERRRRRES MOIIII !! CATIN !! JE... VAIS... TE... TUER !!! JE VAIS FAIRE UNE PUTAIN DE TARTE A LA FRAISE DE TA BELLE GUEULE CONTRE LE MUR !! ET LE MAGNIFIQUE SUCRE GLACE BIEN BLANC DE CETTE PUTAIN DE TARTE SERONT LES OS DE TA MACHOIRE ET DE TES DENTS BROYEES POUR TOUTE DECORATION !! JE VAIS TE BAISER, TE DEFONCER JUSQU'A CE QUE TA VULVE ET TON CUL SOIT DANS UN ETAT ENCORE PLUS LAMENTABLE QUE CE QUE TU AS OSE FAIRE A SA QUEUE ! AVANT DE TE DECHIRER EN DEUX ET DE TE FAIRE GOBER TES PROPRES YEUX ! JE ME SERVIRAI DE TES INTESTINCS POUR T ETRANGLER ET TE LIGOTER A TON LIT DE MORT !! TU AURAS L IMPRESSION D AVOIR ETE CULBUTEE PAR LES LEGIONS DE SATAN AVANT QU IL NE TE RETOURNES TA PROPRE CHAIR SUR ELLE MEME EN PERSONNE !"

Le temps passait, la pièce s'assombrissait doucement... laissant les rayons du soleil devenus rougis et ternes au fil des heures s'éteindre sur les couleurs violacées d'un corps dont la surface était parfois boursouflée, très moche à voir, il était difficille à présent de distinguer la trace naturelle de certains muscles à la surface de son corps, puisqu'il était déformé par des cloches, des plaies boursoufflées, irritées et parfois brûlées par le passage continuel de cet objet de torture, mais pour une fois, pas sur "tout" son corps, elle avait presque été clémente... Même si tout du long, la bête avait craché son venin haut en couleurs et en malaise sur la Mord Sith elle n'avait pas "démordu" malgré l'inexpression de cette dernière, ne lui ayant pas accordé la satisfaction d'un cri, ou d'une seule plainte, mais uniquement l'expression de son dégoût, sa colère, parfois des pleurs de haine, mêlée d'une jalousie qui au final, s'était estompée et avait fait place à une étrange "rivalité", produite sans doute parce qu'elle avait l'impression de se sentir "défiée" par la cruauté sans bornes de Denna, et frustrée... tellement frustrée par sa condition, son impuissance, "elle" voulait que Denna la haisse du plus profond de son être, elle allait y arriver à force... elle en était sûre, même si elle faisait des efforts... pour ne pas sembler être atteinte, les mots pouvaient être plus blessants que n'importe quel coup donné qui finirait par guérir, car ils restaient eux, dans la mémoire, que ce soit à court, ou a long terme.

-Je n’avais pas vu le temps passer...  Nous allons faire une pause.

"-"Tu"... vas faire une pause... moi je vais rester ici, à réfléchir, et à trouver les plus délicieux et délectables des moyens de te faire souffrir quand, un jour, je serai libre, et crois moi, par belle ou par laide, ce jour finira par arriver, c'est inéluctable... que ce soit dans ce monde où dans un autre... je t'aurai... et dire... qu'il avait presque du "respect" pour toi... Du respect... et de l'admiration... Pour une garce comme toi... Mais rassures toi... c'est fini... Il en avait "avant" que tu ne commences à massacrer son corps et que tu ne détruises toi même toute forme de "respect" et d'admiration de sa part... A vrai dire... j'en étais même jalouse ! yep' ... Je l'étais... Mais quand je vois ce que tu es, au fond, je n'ai plus à craindre qu'il ne te regarde jamais avec du désir, ni de l'envie dans ses beaux yeux... non... tu n'auras jamais droit qu'a sa colère, qu'a son dégoût pour ce que tu as réussi à devenir à ses yeux ! TU COMPRENDS ?! JAMAIS ! Jamais il ne sera à toi !"

Quatre heures... quatre heures et "elle" tenait encore debout, sur des jambes fragiles et tremblantes, cherchant son équilibre sur ses pieds, il était épuisé et ses paupières se fermaient parfois d'elles mêmes, il rouvrait les yeux subitement pour ne pas se laisser glisser dans l'inconscience, sachant qu'une fois endormie ce serait Khaléo qui, reprendrait le relais, car une fois la bête endormie le cycle s'inversait et elle restait "endormie" jusqu'a la prochaine "crise" en ne se mêlant plus au psyché humain du mercenaire, elle devait tenir bon malgré la grande fatigue physique de son corps, "elle" en arrivait à considérer les options auxquelles Khaléo avait pensées, dont celle de s'arracher la langue avec ses propres dents, elle voulait éviter à Khaléo de souffrir autant... Elle savait que si son esprit pluricentenaire qui, en avait déjà bien encaissé prenait encore de violentes doses de souffrance, son esprit allait défaillir, se renfermer et la Mord Sith n'arriverait à rien d'autre si ce n'est à en faire un "légume" à le faire régresser émotionnellement au stade d'une amibe protozoaire, ce qui veut dire qu'il n'aurait plus de "conscience" qu'il serait effectivement une coquille vide, mais incapable de comprendre ce qu'est un ordre, incapable de comprendre même le sens d'un mot. "Elle" doutait que l'esprit même de Khaléo soit capable de survivre à ce "dressage", la laissant "seule" dans ce corps elle ne survivrait pas longtemps à sa propre folie et sa fureur démoniaque, "elle" perdrait sa base d'humanité en perdant Khaléo, et c'est cette base d'humanité qui lui avait permis de survivre.

La "bête" était donc épuisée, mais ça ne voulait pas dire qu'elle n'avait plus de volonté, son corps lâchait peu à peu, elle se laissa complétement "pendre" sur ses fers, n'en pouvant plus de se tenir bien droite, la douleur à ses poignets et ses bras était une donnée bien supportable par rapport à son degré de fatigue, elle fixait le sol de la chambre, sous elle, parcourue de goutelettes de son propre sang, elle laissait pendre sa langue aussi, une longue langue, trouée à quelques endroits, sur laquelle ruissellait aussi son sang, elle haletait lentement, on pouvait entendre sa respiration profonde, rauque dans toute la pièce, même si Khaléo avait déjà été torturé dans des Geôles Drow, ils étaient tout de même plus "modérés" dans l'intensité de leurs tortures, mais eux ils avaient le temps aussi, puisqu'ils étaient capables de vivre plusieurs centaines d'années, obtenir une information rapidement n'était pas leur priorité lorsqu'ils découvrirent les "particularités" régénératives de son corps ils se sont amusés à l'étudier tout en continuant de le torturer mais avec une patience et une finesse à couper les grains de caviar en cinq, puis il était resté trente ans dans leurs cachots, c'est là qu'il avait développé ce qu'il appellait "l'Apologie de la torture" chose qui, n'avait pas encore été déclenchée complétement jusqu'ici, mais lorsque celà arriverait Denna pourra s'en rendre facilement compte, "elle" entendait Denna se déplacer de la chambre au salon et en revenir... s'il y avait bel et bien un point faible chez un tigranthrope c'était la nourriture, elle crevait la dalle et ce ne sont pas les blessures et la perte de sang de ces dernières heures qui avaient réussi à calmer son appétit, lorsqu'elle sentit l'odeur de la viande provenir du salon, elle écarquilla les yeux en reniflant du bout de son petit nez à s'en faire éclater les poumons, respirant cette odeur comme s'il goûtait déjà à la viande, les griffes de ses mains aggripaient ses fers dans tous les sens, hystérique, tandis que celles de ses orteils déchiraient le tapis par terre avant de s'en prendre au plancher, n'ayant plus que ça dans la tête, comme une obsession, DE LA VIANDE SAIGNANTE !!!

-Tu as faim ?

Ce n'est que lorsque Denna se tourna vers elle pour lui proposer de manger qu'elle arrêta son manège, elle n'avait pas envie de "passer" par elle pour se nourrir, non, non ça serait trop humilliant à son goût, la bête chassait, la bête se nourrissait de ses proies, elle ne se faisait pas nourrir comme un putain d'animal domestique ! Allant même à l'encontre de sa propre nature elle détourna son regard qui, jusque là était planté sur la Mord Sith, et se laissa à nouveau s'affaisser sur ses chaines, n'ayant aucune envie d'être dépendante de son "aide", sa voix était redevenue calme même si elle était toujours empreinte de cette granularité rauque, sèche, qui n'était pas celle de Khaléo qui était plus claire et suave, moins "bestiale", cependant elle était "fêlée" et tremblante, de fatigue, de colère, d'une colère tempérée et fatiguée, aigrie, rancunière :

"-Je... je ne mangerai absolument rien... de ce que tu as pu toucher, ni sur quoi ton regard s'est posé, je préfères... encore milles fois crever de faim et de soif... plutôt que de t'offrir ce genre de "satisfaction"."


Ses paupières devenaient lourdes... si lourdes... celà faisait un bon moment qu'elle forçait à contre fatigue, ça faisait aussi deux jours qu'il n'avait pas dormi celui là, "elle" cherchait à lutter pour rester éveillée, ça se voyait à ses yeux qui luttaient encore contre leur fermeture, la bête avait peur de s'endormir... de laisser Khaléo seul a nouveau avec elle... Mais elle n'avait pas le choix, son corps réclammait le repos, elle baissa la tête et finit par s'endormir, versant quelques larmes pour le corps brisé de Khaléo, en espérant qu'il soit assez fort pour prendre le relais, en espérant qu'elle le laisse se reposer, elle sous estimait tout de même beaucoup les capacités de son "propriétaire" à encaisser la douleur, elle était juste "protectrice" autant qu'une mère pouvait l'être avec son propre enfant où une soeur avec son frère.

Aussitôt endormie, elle se blottit dans les limbes, les abysses inexplorées de sa conscience, qui était "sa" tanière à elle, en gardienne de ses secrets, de ses souvenirs les plus douloureux pour son âme, qu'elle retenait habituellement de ses griffes pour qu'ils n'envahissent pas les songes, les cauchemars et les souvenirs de Khaléo, là elle était épuisée, sa grippe ne tenait plus bien sur ces souvenirs enfouis, qui prirent bientôt le chemin sinueux de ses rêves... à commencer par celui de la location de son corps à de jeunes nobliaux pour quelques pièces alors qu'il n'avait que huit ans, et de ses lèvres on pouvait l'entendre gémir, murmurer ses plaintes, entendre... ce qu'il se passait dans son rêve, qui, n'était autre qu'un cauchemar, un souvenir qu'il était forcé de "revivre" pour l'avoir occulté aussi longtemps, on pouvait l'entendre clairement faire le reproche à son père "pourquoi, père, m'avez vous "loué" alors que je n'avais que huit ans." gémir de douleur, répeter "non, lachez moi" ou encore "Ne me regardez pas.... non, ne... ne faites pas ça, pas comme ça !" il gémissait, respirait et transpirait comme si on était à nouveau en train de le "violer", s'en suivit d'autres questions à son père, comme "Maman est elle vraiment morte à cause de moi ?" -chose que son père avait réussi à lui faire croire, le rendant responsable de cette dernière à force de le marteler de sa culpabilité chaque jour - suivi de ce qui semblait être des pleurs, il se perdit un long moment dans ce souvenir où, il avait coupé trois stères de bois pour l'hiver, espérant en faire la surprise à son père afin que, pour une fois, il recoives un encouragement, une félicitation, lui demandant "si il était fier de lui", l'expression de déception qui s'en suivi sur son visage dans son sommeil était bien plus explicite qu'un long discours.

Le cauchemar continua, et il était assez facile d'imaginer ce qui s'y produisait en l'écoutant et en observant ses émotions sur les traits de son visage, les secousses nerveuses qui prenaient parfois son corps, ou ses yeux paniqués roulant sous ses paupières fermées, à vrai dire ça aurait limite pu rendre jalouse la Mord Sith, ses souvenirs, ses cauchemars lui provoquaient plus de "malheur" et d'émotions de révolte / gémissements / plaintes / de douleur que la torture qu'elle avait pu lui infliger toute la journée, et étaient bien plus "révélateurs" également, s'en suivit quelques souvenirs du passage de sa vie avec Marianne et Louisa, des moments privilégiés comme simplement prendre un repas ensemble, aller chasser en pleine forêt avec sa fille qui lui ressemblait beaucoup, lui répétant à chaque fois qu'il lui en était l'occasion donnée de la féliciter "Je suis tellement fier... si fier de toi.", où encore "Tu es la plus merveilleuse des filles qu'un père puisse rêver d'avoir un jour. " contrastant avec la vie pourrie qu'il avait lui même vécue pour donner une autre forme de "chance" et de départ dans la vie à son propre enfant, qu'elle soit plus fière, même si elle la préparait quand même à être "armée" contre la cruauté du monde extérieur parfois en lui inculquant ses principes et ses valeurs sans jamais la forcer à prendre une voie, un chemin bien défini, tracé.

Jusqu'a ce que ce souvenir qui aurait pu passer pour un rêve jusque là ne se transforme en cauchemar à son tour, il hurlait leurs noms, "Marianne" et "Louisa" dans un décor où leur maison et une partie de leurs terres étaient en flammes, après avoir affronté un régiment qui se tenait encore en occupation sur ses terres, il avait été retenu trop longtemps par plusieurs seigneurs incapables de se mettre d'accord sur une négociation de protection territoriale, se battant entre eux pour définir les limites de leurs territoires, à coup de vieux traités signés par leurs ancêtres, quand il revint chez lui il courrut jusqu'a ce qu'il entre dans la cour, jetant son casque au sol avant de démantibuler et arracher diverses parties de son armure pour courrir plus vite jusqu'a sa maison, devant laquelle il découvrit l'horreur, sa femme et sa fille avaient été pendues par les pieds au dessus du seuil de sa porte, décapitées leurs têtes reposaient droites, sur les marches, les yeux grands ouverts dont on leur avait arraché les paupières, sachant apparemment pertinemment qu'il avait transformé sa femme en tigranthrope et que sa fille en était une, elles pourraient le voir accourir à elles et "survivre" assez longtemps pour observer son désarroi, le voir détacher leurs corps lardés de coups, à moitiés calcinés par les flammes ravageant la bâtisse, sa fille tenait encore l'épée en bois qu'il lui avait fabriquée dans sa main, avant qu'elles ne meurrent dans l'incapacité de lui dire adieu mais en observant tout le mal que ça lui faisait, c'était ainsi qu'elles étaient parties, incroyablement tourmentées. "Je ne "leur" pardonnerai jamais... je ne "me" pardonnerai jamais..." Après ce fut le noir complet, il avait vidé les dernières larmes que contenaient son corps.

Il ne savait pas combien de temps la Mord Sith comptait le laisser dormir... espérant que celà soit assez pour que son corps puise dans ses réserves et refermes toutes ses blessures, une bonne nuit de sommeil et il serait comme "neuf" le lendemain, oui, son "pouvoir" de rénération puisait aussi dans ses réserves puisqu'il était tout de même, un être "vivant" à part entière malgré sa tigranthropie latente, et donc, on pouvait se rendre compte que malgré les blessures guéries, comme si son corps était remis à "neuf", on pouvait donc remarquer qu'il comportait moins de "graisses" entre sa peau et ses muscles qui restaient volumineux, "assèchant" plus rapidement son corps, là il venait donc de puiser dans un bon tiers de ses réserves, et il créverait encore plus de faim à son réveil, et créverait encore plus de faim les prochains jours sans doute, et finira peut être par devoir également puiser dans ses muscles, les atrophier, et finir par être horriblement maigre et faible, au point où il pourrait en mourrir mais, ça ne serait perçu que comme une délivrance et il pourrait enfin rejoindre sa famille.

Denna

E.S.P.er

       Il faisait presque nuit maintenant. La fenêtre qui laissait filtrer un peu de jour, était semblable à une magnifique fresque multicolore. Toutes les couleurs de la palette du splendide artiste céleste étaient utilisées pour créer ce coucher de soleil. La paysage ressemblait à un immense arc-en-ciel disloquée, comme si de grosses gouttes d’eau s’étaient écrasées sur cette peinture à l’huile et avaient dispersée les couleurs, imprégnant même les nuages victimes de la dérive des teintes. Denna, à califourchon sur le coin du lit, observait cette débauche de lumières. Dans la pénombre, on ne distinguait presque pas qu’elle pleurait. Les larmes roulaient sur ses joues, brillant d’une lueur rougeâtre, sans doute à cause des lueurs canalisées par l’astre mourant, ou bien tout simplement par le sang qui se mêlait à l’eau salée. La jeune fille ne cherchait même pas à cacher ce signe de faiblesse. Khaléo dormait et personne ne pouvait la voir. Elle se contentait donc de projeter son regard au-delà du sang et de la souffrance, à travers les vitres de la chambre.

       Toutes ces choses que Khaléo lui avait dites… Ces horribles choses. Sur le moment, ça n’avait pas fait réagir la Mord-Sith, qui avait même sourit à certaines menaces. L’idée qu’un fou furieux puisse lui faire du mal était risible. La colère n’est jamais un bon conseillé lorsqu’il s’agit de faire souffrir quelqu’un. Ce n’est pas un art qu’on laisse aux profanes. Khaléo ne pourrait jamais lui faire ressentir un centième de l’angoisse, de la douleur et de la détresse qu’elle avait ressenti durant son entrainement, qui avait été réalisé sur une période de douze ans. Son esprit de petite fille avait été brisé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. La petite avait très vite appris à ne plus pleurer, car ces appels à l’aide n’était entendu que par ses bourreaux qui l’en punissaient. Elle dut alors supporter tout ce que son corps de petite fille était capable de supporter… et malheureusement pour elle, c’était déjà trop. Il n’y avait pas que de la torture et de la douleur à l’état pur. Les formateurs de Denna faisaient preuve d’inventivité en l’enfermant pendant des jours, sans rien lui dire et sans visite, dans un cachot plongé dans le noir total. Sa seule compagnie était les rats qui venaient régulièrement voir si elle était morte en la mordant, et lorsqu’elle était éreintée de repousser des assaillants invisibles, infatigables et supérieurs en nombre, elle se laissait envahir, en espérant qu’ils finiraient par la tuer. Mais lorsqu’ils commençaient à la bouloter vivante, une douleur panique l’obligeait à se relever et à se tordre dans tout les sens pour faire fuir les rongeurs. Ceci n’est qu’un exemple et celui qui l’a le plus marqué car depuis Denna à la phobie des rats, mais elle a subit bien d’autres choses toutes plus ingénieuses et effrayantes les unes que les autres. Lorsqu’il s’agit de faire du mal à son prochain, l’imagination de l’homme n’a pas de limites.

       Une fois vide, on avait commencé à la remplir d’idées et de certitudes, sans jamais cesser les tortures et les épreuves de terreur. A force de lui rabâcher les mêmes concepts, elle avait fini par les assimiler, croyant même qu’ils venaient d’elle-même. Ensuite, Denna avait fini par étudier ce qu’elle ressentait. Elle ne se recroquevillait plus au simple contact de la douleur. Elle identifiait son ennemi et essayait de le comprendre jusqu’à ce qu’elle se rende compte que cet ennemi n’était rien d’autre qu’elle-même. C’était une sensation au même titre que le chaud et le froid. Il n’y a aucune raison d’en avoir peur. Alors Denna s’était mise en tête de trouver un moyen de dompter ce qui avait brisé sa vie et l’avait réduit à l’état de loque humaine. Rien de plus qu’un signal minable transmis par ses nerfs. Denna avait donc appris à contrôler la douleur. Son esprit disloqué ne la fuyait plus et essayait d’exister au même rythme que les souffrances, les assimilant au lieu de tenter de les repousser. Une fois que ce fut maitrisé, elle apprit très vite à inhiber les réflexes musculaires qui résultaient de la douleur. Les cris, les pleurs et les gémissements n’étaient plus nécessaire et disparaissait d’eux même. N’étant plus victime de la douleur, elle avait ensuite appris à s’en servir sur les autres en découvrant selon sa propre expérience, les effets incroyables que cela provoquait sur l’esprit humain. Cette puissance était incroyable pour la Mord-Sith en devenir… Un inoffensif signal. Il n’y avait plus d’horreur ou de cruauté, il n’y avait qu’un art. Une découverte magnifique d’une chose qui pouvait modeler la vie. La douleur pouvait créer et détruire. N’est ce pas la définition d’un dieu ? Mais si… C’est un dieu.

       Revenons toutefois au présent. La petite fille avait grandi et maintenant elle pleurait. Tout d’abord, cela n’avait rien de rare pour la Mord-Sith qui essuyait ses joues humides à chaque fois qu’elle se réveillait. Les larmes faisaient parties de son quotidien mais jamais lorsqu’elle était éveillée. En fait, Denna se sentait démunie. Plus elle réfléchissait et moins elle voyait comment s’y prendre avec Khaléo. Elle n’était pas passée à côté du fait que la personne qu’elle avait torturé était quelqu’un de totalement différent. La jeune fille attribuait cela à une sorte de schizophrénie ou bien un effet de du métissage de son prisonnier. L’art de Denna était subtil et très fragile. La résistance de Khaléo à la douleur était déjà en soi un obstacle qui demandait tout son talent et sa concentration pour être surmonté. A cela venait s’ajouter une sorte de double qui prenait le relais pour soulager son hôte. Cela revenait à dresser deux personnes en même temps, dont une bête qui ne ressent presque pas la douleur et qui n’est rien d’autre qu’un concentré de haine. Denna n’en était pas capable. Elle n’avait pas l’égo nécessaire pour s’aveugler. La jeune fille essaierait mais elle ne pourra pas réussir. Au pire, elle pourrait peut-être lui arracher les informations dont elle avait besoin mais elle ne pourrait pas briser Khaléo. Ses projets et ses espoirs s’écroulaient dans un triste monticule de rêves effacés. Elle allait devoir le tuer… Quel gâchis !...

       Ca devait faire une dizaine de minutes que Khaléo s’était endormi. Elle ne devait pas trop trainer, sinon il enterait dans une phase de sommeil réparatrice. Si le torturé avait cru pouvoir dormir cette nuit, il était bien loin de s’imaginer que le dressage ne s’arrêtait jamais. Il était sûr de ne pas fermer l’œil pendant au moins trois jours, au minimum. Le manque de sommeil était sensé le plonger dans une sorte de confusion. Un esprit privé de sommeil perdait ses facultés de raisonnement et ne pouvait plus prendre de recul sur ce qu’on lui faisait. De plus le trop plein d’information s’amoncelait dans le crâne de la victime sans espoir de pouvoir réfléchir clairement. La torture était autant psychologique que physique.

      Denna essaya donc ses larmes d’un revers de sa main gantée et se leva. Elle farfouilla dans un coffre de la chambre. Les cliquetis de métal caractéristiques indiquaient qu’il n’était pas rempli de vêtements. La Mord-Sith sortit donc un objet aussi gros que sa main. Il ressemblait à un insecte en métal, une sorte de coccinelle qui au lieu d’avoir un côté bombé, avait une sorte de fixation pour attaché un objet. De l’autre côté, les « pattes » de l’insecte/instrument formaient des pointes acérées légèrement recroquevillés. Denna avait prit également deux glaives larges de la taille de son avant-bras. Ainsi armées, elle s’approcha de Khaléo et planta sans prévenir les deux lames de chaque côté de sa tête. Les deux lames enfoncées dans le bois à un poil – c’est le cas de le dire – des oreilles du dormeur, qui ne devait sans doute plus l’être. Denna n’avait pas raté son coup, les glaives immobilisaient la tête de Khaléo qui ne pouvait plus pivoter que d’avant en arrière. Puis, d’un coup puissant, elle abattit l’autre objet sur le sternum de l’homme, les « pattes » acérées en avant. L’insecte de métal plongea sans difficulté ses pointes dans le thorax, sans pour autant aller chatouiller les organes vitaux. Ainsi fixé, Denna le lâcha et sortit son Agiel. Le but de l’instrument ancré dans la poitrine de Khaléo était maintenant clair, car la partie supérieure était faite pour accueillir un objet de la taille d’une tige en cuir de façon à ce qu’elle soit dressée vers l’avant. La jeune fille inséra donc son arme dans l’encoche prévu à cet effet et régla la position jusqu’à ce que le bout de l’Agiel se profile sous le menton de sa victime, l’obligeant à se torde le cou de toute ses forces s’il ne voulait pas prendre une décharge.

       Lorsque ce fut fait, Denna vérifia les attaches en fer, jugeant que le mur pouvait tenir et aussi les tendons de Khaléo. Elle voulait voir où en était la régénération et ne voulant prendre aucun risque, elle les sectionnerait de nouveau si elle voyait un quelconque début de cicatrisation. Puis, ignorant superbement son prisonnier qui n’allait pas fermer l’œil de la nuit, elle sortit de la pièce sans lui laisser la moindre lanterne. Denna allait se coucher mais elle sentait bien que son prisonnier n’allait pas être le seul à faire une nuit blanche.

* * *

       Au matin, Denna se réveilla avec le soleil, un rayon ayant eu la bonne idée de se mettre en plein sur son visage. Elle avait l’impression de ne pas avoir dormi et cette impression était à peine exagérée. Elle avait réfléchi pendant une bonne partie de la nuit mais finalement rien n’était ressorti du remue-méninge nocturne. La jeune fille qui s’était débarrassée du sang qui la maculait descendit les escaliers en bois, émettant un grincement sonore à chacun de ses pas. Denna ouvrit la porte de la chambre illuminée par les rayons du soleil qui laissaient leur empreintes sur le grand lit et un partie des meubles, mais qui évitaient obstinément le jeune homme attaché, comme si le soleil lui-même se détournait d’un tel spectacle. Fidèle à son air impassible, Denna observa son œuvre pendant un moment, puis lâcha quelques mots… Ou plutôt un seul.

       -Bonjour, fit-elle en toute simplicité.

       Elle se dirigea ensuite vers lui et récupéra son arme. Elle tritura ensuite l’instrument de torture fixé à son thorax qui se désolidarisa de ses pattes dans une série de cliquetis. Denna n’eut ensuite qu’à retirer les pics de fer un à un avec une patience et une douceur qui permit de ne pas faire trop dégât. Lorsque ce fut fait, elle se positionna devant lui et l’observa encore une fois.

       -Je suppose que tu ne veux toujours pas me dire ton nom ? Tenta-t-elle sans grand espoir. C’est juste par curiosité, ça ne changera rien de toute façon. Et puis on se connait un peu mieux maintenant, n’est ce pas ?

       Même si elle s’attendait à un flot d’injures comme la dernière fois, Denna voulait essayer, ne serait-ce que pour voir l’état de son prisonnier.
« Modifié: samedi 20 novembre 2010, 15:47:13 par Denna »
La pire cruauté naît de l'amour le plus profond

Khaléo

Terranide

Le son du fil d'une lame passant très près de chaque coté de son visage, avant de percuter le bois et d'y pénétrer, voilà le son qui, l'instant de quelques millisecondes dans ses cauchemar le rappella au fracas des armes sur un champ de bataille avant de rouvrir les yeux, le visage en sueur, et se rendre compte qu'il était encore en vie, Khaléo était encore en vie, il prit conscience également des nouvelles douleurs lançantes de son corps même s'il n'en avait pas subi la torture directement, la suite allait être pour "lui" malheureusement, une fois la "bête" endormie, qui ne se manifesterait pas avant plusieurs jours, avant d'être à nouveau assez "frustrée" pour montrer le bout de son nez, Khaléo allait reprendre les rennes, il posa les yeux sur ce qu'elle avait fait de son entrejambe, qui le lançait atrocement, et s'il avait eu ses mains libres, il les aurait probablement portées toutes les deux à son visage alors que ses yeux s'écarquillent et ses sourcils se tordent d'effroi, il n'avait jamais subi ni vu une chose pareille, il en était profondément choqué et bouleversé, qu'on puisse détruire son corps à ce point, imaginez vous simplement... déjà perdre une dent, ou vous faire arracher une molaire, c'est en quelque sorte une partie de "vous" que vous estimez importante, que vous regrettez avoir perdue, une dent ça ne se remplace pas...

...Alors imaginez ce sentiment d'avoir perdu quelque chose qui vous est propre, qui vous est cher ou qui définit en partie ce que vous êtes, pour peu qu'il ne soit pas réellement "fier" de l'allure générale de son sexe ça n'était pas moins tout de même un bout de sa personne, qui, avait l'air d'un vieux torchon brûlé et dépenaillé, il ne savait même pas s'il serait jamais capable de régénérer ça dans l'état où c'était, pourquoi... pourquoi ?! C'est ce qu'il se mit à répéter en voyant la Mord Sith revenir vers lui, dans un mélange de colère et de déni, et de pleurs emplis de haine :

"-Pourquoi ?! Pourquoi.. Pourquoi ?! Pourquoi !! Pourquoi ?! ... pourquoi... ... ... pourquoi..."

Il fut bien obligé de se taire lorsqu'il sentit l'objet insectoidal venir lui perforer le thorax, elle dut y mettre une sacrée force quand même c'était pas de la tarte, il sentit les "pattes" de cette saloperie de merde d'instruments lui entrer dans les intestices de ses côtes autour du sternum, il n'était également plus libre de tous les mouvements de sa tête, une des rare choses qu'il lui restaient pour s'affirmer, il était plus sensible a ce traitement qu'il ne le laissait paraître de toute façon, le savoureux travail de sappe sur sa volonté avait légèrement commencé, mais donnait bien le change, il restait tout de même "humain" sous cette forme, même si la douleur il en connaissait un rayon on n'avait jamais osé lui faire un truc pareil, ce... cet instrument diabolique pour l'empêcher de dormir... Il espérait en avoir assez bavé pour qu'on lui accorde au moins un peu de sommeil, c'était... était ce trop demandé ? Devait il le demander ? Non... oh non ce... ça lui ferait trop plaisir qu'il... qu'il se laisse aller à lui demander... Elle... ne méritait pas qu'il lui demande... même si il crevait d'envie de lui demander à quoi ça lui servirait de le détruire au point où il ne pourrait plus lui être d'une quelconque "utilité" si tant est qu'elle cherchait quelque chose à exploiter chez lui, il n'en savait rien... il n'avait pas à se repentir de ce qu'il avait fait, ces hommes d'armes étaient morts comme des soldats ! En croisant le fer bon sang ! Elle ne lui posait pas de questions non plus... Alors quoi ? Qu'est ce qu'il foutait là ?!

Il suivait du regard les différentes étapes du "montage" de cet instrument infernal dont il comprit rapidement l'utilité, il se pinça la lèvre inférieure, fronçant les sourcils en appréhension de la nuit qu'il savait déjà longue, ça faisait mal... même si on pouvait se targuer d'être insensible à la douleur "physique" ça faisait mal c'est tout, point, mais il en avait tellement pris aujourd'hui que cette douleur là dans son thorax semblait bien peu de choses, vraiment, depuis quand Khaléo en arrivait à "banaliser" une douleur par rapport à une autre... C'étaient là les premiers signes d'un "changement" dont il ne voulait ni entendre parler, ni le subir, il n'offrit pas des regards suppliants à la Mord Sith, mais plutôt un regard impérieux, sévère, invectivant Denna d'une façon étrange qu'il ne s'expliquait pas à lui même pour le moment, comme un père face à un enfant qui faisait une "énorme" connerie, encore partisan du "regardes toi et ce que tu es en train de faire".

"-Tu vas me retirer ça... Et pas plus tard que tout de suite tu m'entends ?!"

Ses tendons avaient eu le temps de se régénérer légèrement puisqu'elle les avait sectionné au petit matin, donc elle fut bien obligée de lui trancher à nouveau, lui laissant comprendre qu'elle n'oublierait jamais ce détail, réduisant ce petit espoir de s'en sortir plus tôt que prévu à néant.

"-Retires le ! Retires moi ça ! J'ai le droit de dormir ! T'en a pas déjà assez fait ?!"

Le noir... j'étais plongé dans le noir complet après celà... Elle n'avait pas daigné me répondre... ni faire le moindre geste... aucune compassion... je ne devais m'attendre décemment à aucune forme de pitié de sa part... Qu'est ce que j'allais faire ?! Qu'est ce que je pouvais faire... je tirai un peu sur mes fers, je regardai autour de moi... mes yeux s'adaptaient facilement à l'obscurité, beaucoup moins "bien" et vite que mes confrères lycans puisqu'a nouveau sous cet aspect, je n'étais qu'une sorte de sang mêlé, donc, il me fallut quelques minutes pour que mon regard s'adapte, mais le noir d'une pièce n'était pas réellement un problème, je distinguais les formes des choses et leur taille, j'aurai bien donné mon nom pour un lit en ce moment, Ah non hein ! Pas de ça ! Pas question... Alors que mon menton piquait et que mes yeux se fermaient, je me pris un court - jus assez violent dans le menton, qui me crispa tous les muscles de la mâchoire en faisant se claquer mes dents en relevant la tête... Oh tu parles d'une... d'une sale nuit... en perspective... merde... ma tanière... pourquoi j'avais abandonné ma tanière pour effectuer cette mission à la con, était ce ici que m'avaient amenées mes ambitions... Tu parles d'ambition... faire la sale besogne pour des connards jamais content et quelques pièces d'or qui n'en valent pas le coup en définitive... Mais je commençais à douter sérieusement que je verrai l'argent qui m'avait été promis pour celui ci, je doutais aussi que je reverrai jamais mon doux chez moi... Cette belle mine abandonnée devant laquelle ruissellait une magnifique rivière, j'étais en train de m'évader un peu de cette prison de métal et de bois en imaginant retourner là bas, profiter d'un bon bain à la base de la chute d'eau qui tombe à quelques mètres à peine de l'entrée de la mine, et que je pouvais à nouveau goûter aux fruits, à l'humus frais, au crépitement des feuilles mortes et des herbes entre mes doigts de pieds et mes griffes...

...Avant qu'un autre coup d'Agiel dans le menton me ramène encore, et encore... et encore à la dure réalité que ce "présent" m'offrait, oh, j'avais été curieux, un peu trop peut être parce que je trouvais le temps long, je louchais sur la tige de l'Agiel, me demandant quel goût - à part le sang - ça pouvait avoir, était ce fait exclusivement de cuir ? Oh, je n'allais pas tarder à le découvrir, en fait j'avais fait l'abruti surtout, le bout de ma langue était resté "collé" dessus comme si j'avais mis celle ci sur un glaçon et il fallut que je tires un bon coup sec pour me décoller et hurler de douleur, ça, je ne m'en était pas privé, parce que cette fois ci, ça ferait double emploi si je hurlais, j'avais peut être des chances de faire en sorte que l'autre en haut devienne folle, et c'est ce que je fis une bonne partie de la nuit puisque j'allais être forcé à tenir debout y avait pas de raisons ! hé hé ! J'allais lui en faire baver aussi !
Et que je te cries, et hurles, et rugit exprès jusqu'au petit matin ou j'avais d'ailleurs une petite extinction de voix, ah ça, je m'étais bien dépensé, par miracle au petit matin j'avais quand même pas mal récupéré, et ce que j'avais entre les jambes semblait à peu près... intact à nouveau ! Youpie... Ou pas... il aurait presque préféré qu'il soit resté en charpie afin qu'il ne soit plus capable d'éprouver de la douleur à un endroit pareil de toute son existance, c'était à prendre où à laisser mais il était tout de même soulagé et impressionné par ses propres facultés régénératives.

Donc, il s'était donné à coeur joie pour l'emmerder toute la nuit, et à voir le spectacle qu'offrait le visage de Denna ce matin il y avait de quoi le mettre de "bonne" humeur, ouaip m'dame, elle avait l'air d'avoir passé une sacrée nuit, surtout à sa coupe matinale et peut être quelques cernes, mais pour lui, ça avait l'air plutôt réussi ! ha ha ! Il en était content même si lui, ses yeux étaient massacrés d'un noir charbon qui donnait l'impression qu'il avait du "maquillage" noir ou du mascara trop appuyé ainsi qu'un fond de teint légèrement foncé autour des yeux, c'était étrange, ça lui allait presque "bien" d'être fatigué... Enfin, au point où parfois il louchait encore et fermait ses yeux, pour aller toucher l'Agiel - encore - une fois avec son menton et se réveiller une seconde plus tard.

Donc il avait l'air content de la voir, mais c'était plus parce qu'il voulait se payer sa vieille tête de fille mal endormie, et mal réveillée, au moins tout autant qu'il l'était, et d'en rire, ça, oui... un rire bête et fatigué, mais un rire quand même, après tout autant rire de la situation plutôt que d'en pleurer, et malgré son air impassible et cruel, froid, ça renforçait le coté drôle de la chose de la voir, comme toute personne, déconfite des traits de son visage au petit matin après une nuit qui s'est très mal passée.

-Bonjour.

Malgré tout ce matin, comme il se sentait d'une drôle d'humeur, et que sa fatigue ne lui permettait pas de bien faire les connections entre ses synapses et ses neurones, que sa colère s'était évanouie pour une bien étrange... hilarité et euphorie, il répondit avec un beau grand sourire et une voix mielleuse à souhait :

"-Bonjouuuur ! Est-ce le frabieux jour ?"

Euh, oui... il pétait un peu les plombs aussi, puis à ses yeux injectés de de veines rougies ça lui donnait presque une allure psychotique, il l'observa s'approcher de lui, et à ce moment là il sortit sa langue pour lui montrer le résultat de ses "stupides" expérimentations, pas peu fier pour le compte...

"-J'ai cru que vous m'aviez offert une glace... Quelle ne fut pas ma déception en apprenant que je m'étais... fourvoyé !"

Ses yeux voyagèrent rapidement sur les mains qui s'affairaient à détacher l'insecte planté dans sa poitrine, poussant tout de même quelques gémissements de soulagement à chaque fois qu'elle retirait un pic de fer, avec une douceur qui contrastait étrangement avec la façon dont elle s'était "occupée" de lui enfoncer dans le corps, ses yeux voyageaient depuis ses gestes doux aux yeux inexpressifs de la Mord Sith... Non... alors ça n'avait rien de réel... Encore une fois ça lui semblait bien "imité" mais ce n'était pas ça... ça n'avait rien de la tendresse ni de la véritable douceur, c'était juste pour ne pas trop l'abimer physiquement en retirant son machin, qu'est ce que ça pouvait être d'autre, qu'étais je en train de m'imaginer ?

Elle se posa devant lui et put s'aperçevoir que durant la nuit il avait effectivement pu beaucoup récupérer, qu'il était à nouveau bien "formé" et que plus aucun de ses os n'étaient brisés, mais elle put noter un léger amaigrissement du sujet, une perte notable de "graisse" fine entre le duvet et ses muscles, qui rendait plus saillant ces derniers, comme expliqué précédemment, il puisait dans ses réserves, ses calories pour régénérer, et il avait faim ce matin... terriblement faim.

       -Je suppose que tu ne veux toujours pas me dire ton nom ? C’est juste par curiosité, ça ne changera rien de toute façon. Et puis on se connait un peu mieux maintenant, n’est ce pas ?

Il s'éclaircit la gorge papillonnant des yeux avant de se mettre à chanter, sur un air très enjoué :

"-Vous avez... perdu... perdu ! ♫ Elle l'a perdu ! Elle à perdu sa tête !♪ Et mon nom et sa tête ! Et mon nom parce que sa tête... n'a plus le moindre boulon ! ha ha ha ! Mon nom... Oh... Mon nom ?! Si.. si nous nous en rappellions...♪"

Il observa un moment l'air impassible de la Mord Sith à ses pitreries, il se racla la gorge, puis reprit un air sérieux, solennel.

"-Je ne vous connais pas. Non. Je ne connais pas "cette" Denna, J'en suis désolé, le masque n'est pas tombé ! Je n'ai rien appris de vous ces dernières 24 heures, mis à part cet air impassible, non merci, je ne manques pas d'air, mais c'est agréable de votre part de me l'avoir demandé...

Non, non... Elle... n'avait rien demandé... C'étaient là juste quelques signes "hilares", l'euphorie de sa fatigue.

"-...Hmmm... mais je m'égares... où en étais je déjà... Ah oui ! Ce masque émotionnel qui, vous permet d'être une créature bien plus amorale que la moyenne... Quand il n'y a plus moyen de moyenner nos menus efforts modérés...- Il secoua sa tête pour reprendre le fil "normal" de la conversation-"-Alors non, je n'oserai dire que nous nous connaissons d'aucune façon, vous persistez à être une parfaite inconnue si ce n'est, que j'ai toujours votre nom, et que vous n'avez le mien... le mien, le mien est bien plus beau que le vôtre je vous signales ! Oui, oui oui parfaitement... Cependant, cette information est comme vous le précisez si bien... "inutile", et comme ça ne changera absolument rien, comme vous le dites... Je n'ai aucun interêt à vous le donner, de toute façon même si vous l'aviez, il resterai mien !"

Il effectua une moue boudeuse du bout de ses lèvres, en louchant vers le plafond, avant qu'il ne sourie de sa petite victoire insensée qui avait peut être, jusque là... trop duré, ses phrases étaient parfois alambiquées, juste parce que la fatigue le rendait flou et parfois même... un peu fou !

"-Si vous aviez fait au moins l'effort de fouiller mes affaires, mais non... Mais non ! Ah bah non ! Que de barbarie, de boucherie sanguinaire et d'acharnement pour obtenir un simple nom... De la bouche d'un pauvre bigre de bougre ! Il va sans dire... Dire que j'avais admiré votre répartie armée et la stratégie mise en place par vos soldats...  votre... indéflectibilité et incorruptabilité... ça... ça se dit vraiment ça ? - fit il en louchant sur son propre nez, l'instant d'y réfléchir deux secondes avant de continuer - face à votre objectif,  Sacrifiant toute forme de compromis face à la menace... votre intelligence, que j'ai sur - estimée... Vous auriez su, dites donc... en fouillant un peu mes affaires, MES affaires ! Ce sont mes affaires, Attention... personne n'a le droit d'y toucher, surtout pas vous !  Vous auriez su que je m'apelles Khaléo, mais c'était hélas... trop vous demander ? Est ce le pied qui blesse le bas ou le bas qui blesse le pied ? Avez vous obtenu satisfaction, dodelinon ? Quelle est la prochaine question ?"

Parfois, une élucubration, une ineptie, absurdité venait se glisser dans ses phrases même lorsqu'il essayait d'être sérieux, preuve de sa grande fatigue, fatigue dont il s'amusait bien finalement, elle lui permettait des phases de 'rêve' à moitié éveillé, et d'être plus... plus "fantasque" dans ses réponses pour le moins... étranges...

"-Et si nous prenions un peu de thé ?... J'ai grand soif..."

Dit il en regardant autour de lui, il en avait presque oublié sa condition en essayant d'avancer comme s'il était libre vers le salon, avançant son visage, suivi du mouvement de ses épaules et de son torse, puis, de ses bras et ses poignets douloureux, irrités qui lui rappellèrent qu'il était encore attaché, son visage pencha sur le coté, incompréhensif sur le coup, ou le contre coup de sa captivité, il regarda à gauche, et à droite comme s'il "redécouvrait" son état, il soupira d'exaspération en reprenant leeeentement sa position d'origine, dos contre le mur comme si la redescente vers la réalité entre deux âneries était dure à concevoir, à cet instant il avait un peu l'air d'un "pierrot" très affecté émotionnellement par sa situation, une tristesse étrange qui pouvait paraître un peu "surfaite" s'empara des traits de son visage, sa voix était également fêlée par son constat :

"-Oh... vraiment ? Voilà qui est dommage... voilà... qui est bien dommage... oui... vraiment... Quel dommage... Nous ne pourront prendre... le thé ensemble... Pourtant c'aurait été bien, n'est ce pas ?"-Dit il subitement tout sourire à la Mord Sith, penchant sa tête vers elle avant de regagner doucement cet air triste quand il s'aperçut de l'absence de réactions de cette dernière.- "-Oh non... Vous ne saurez jamais à quel point... à quel point celà peut l'être... non... votre visage... votre visage et vos yeux ne savent pas ce que c'est..."- Ajoute t'il en secouant négativement l'index pour ajouter au hochement de tête vif, s'assurant que non elle ne pouvait pas "savoir"- "-Vous ne saurez jamais... Et c'est bien dommage... Pas pour moi... Pour vous... Vous n'aurez jamais d'amis avec qui partager quelque chose... d'aussi doux qu'un biscuit, une boisson, un thé ou un fruit !"

Puis ce fut un large sourire qui ponctua la fin de cette phrase pour terminer par cette conclusion, se rendant bien compte qu'il pétait un peu une case par fatigue :

"-Je suis content, bien content de ne pas être comme vous !"

Denna

E.S.P.er

       C’est… fatigant. Denna n’est pas compétente pour dresser des fous. Il n’y avait d’ailleurs aucun intérêt. Ce qu’elle prenait pour du courage n’était peut-être que de la folie pure et simple. Les propos de cet homme étaient incohérents. Certes, il avait quelques moments de lucidités et la réussite de sa mission révélait une certaine intelligence, mais la folie peut très bien être accompagnée d’un certain génie. Les deux notions ne sont pas incompatibles. Et on ne pouvait pas tout mettre sur le dos de la folie. Habituellement, aucun prisonnier n’aurait parlé à Denna de cette façon sans se faire réduire au silence avec un Agiel au fond de la gorge, mais là, Denna restait observatrice, comme on regard un fou déblatérer ses délires sans vraiment faire attention à ce qu’il dit. C’était totalement ridicule…

       De temps en temps, la Mord-Sith hésitait à le tuer pour ne pas perdre son temps. De toute façon, il ne devait rien savoir. Un mercenaire complètement suicidaire envoyer au casse-pipe en échange d’une miche de pain. Pas de chance pour Ashnard, le fou s’était révélé brillant dans son domaine, mais il y avait fort à parier qu’il ne savait pas grand chose sur ses employeurs. Pour une mission aussi grave qu’un sabotage des forces armées d’une autre nation – qui plus est, reconnu comme très agressive – il était préférable que les agents ne sachent rien. Et qui accepte une mission sans rien savoir des valeurs qu’il défend ou simplement connaitre le pourquoi ? Hé bien, il y avait les fous et ceux qui ne sont intéressés que par l’argent. Dans les deux cas, il se fichait pas mal de ne rien savoir de leur employeur. De toute manière, Denna avait bien une petite idée. Qui voudrait réduire les défenses d’Ashnard sur sa frontière sud-ouest, à part Nexus ? Cependant, la jeune fille aurait aimé avoir plus de précision quant au plan de l’ennemi héréditaire de l’empire. Elle sentait que ce genre de confidence ne pourrait pas être extrait du mariole qu’elle avait en face d’elle. Finalement, ce qu’elle prenait pour un grand soldat, fin stratège, n’était autre qu’un cinglé-génie. La jolie blonde aurait presque pleurée si elle avait été toute seule, tant elle était déçue. Heureusement, il subsistait l’hypothèse, qu’il simulait la folie pour qu’elle l’exécute avant qu’il ne craque. A ce stade, Denna ne considérerait même pas cet acte comme une tromperie. C’était ce qu’elle espérait de tout son cœur. Un espoir qui l’empêchait d’abattre son Agiel sur la poitrine de Khaléo et de faire imploser son cœur. Grace à ce doute, elle pouvait encore rêver, et ce même si les mots de Khaléo la blessait beaucoup plus qu’il ne le pensait. Pas par leur contenu mais parce qu’ils détruisaient le rêve de Denna.

       Au moins, elle avait son nom. C’était une bien piètre consolation mais elle saurait s’en contenter. Cette information n’avait rien d’une victoire. Comme elle l’avait dit hier, c’était purement facultatif et n’en avait pas besoin pour son métier. Ca ne lui fit pourtant pas aussi plaisir qu’elle le prévoyait. Sans doute la façon dont cela avait été amenée… Il la détestait… Vraiment ? Oui c’est normal, mais pourquoi à ce point ? Denna avait du mal à se rendre compte. Peut-être parce qu’elle l’avait un peu trop abimé en se fiant trop à sa régénération naturelle. La Mord-Sith n’aurait pas été contente non plus si on avait laissé des marques sur son corps, mais la Mord-Sith n’avait rien fait qui laisserait une cicatrice sur un tigranthrope. Décidemment, cette haine envers elle la choquait. Elle était trop virulente.

       Les attaques maladroites et parsemés d’incohérences propres à la folie s’enchainaient sur Denna. Elle fut cependant attirée par la dernière qui semblait un peu plus construite. C’est bien la seule qui lui donnait envie de se défendre. Khaléo l’accusait de ne pas avoir de sentiments et de ne pas avoir d’amis. Ce n’était pas totalement faux, mais c’était loin d’être vrai.

       -Tu te lances dans des accusations hasardeuses sans même me connaitre, coupa-t-elle. Tu l’as dit toi-même, nous ne nous connaissons pas. D’ailleurs ça ne risque pas tant que tu continueras à jouer les cinglés et à me détester. Ce n’est pas moi qui me suis introduite dans un camp militaire pour le réduire à sac. Et maintenant, tu t’étonnes de recevoir le retour de bâton ? Tu t’attaques à l’empire d’Ashnard et tu pensais que je te traiterais avec déférence et respect ? Ou bien alors, tu croyais que nous allions parler et se taper dans le dos autour d’un verre en se congratulant mutuellement pour nos faits d’armes ? La guerre n’a rien d’un jeu ou d’un sport. C’est dommage que ce soit moi qui doive te l’apprendre.

       Denna n’avait pas tout à fait raison, et ce n’était pas le but. Elle voulait l’énerver un peu en le faisant passer pour un gamin irresponsable qui ne comprend même pas ce qu’il fait. Ce qui était peut-être vrai, mais comme on vient de le dire, on s’en fiche. Elle avait besoin de se défouler sur lui, de se venger pour le temps qu’il lui faisait perdre et les espoirs qu’il avait brisés. Seul son esprit professionnel l’empêchait de le tuer sur le champ au cas où il détiendrait vraiment des informations sur son commanditaire. Ce petit doute/espoir était le fil qui le maintenait en vie.

       -Quant à ton stock d’amis, je me doute qu’il ne doit pas être plus impressionnant que le mien, constata Denna en le jaugeant du regard. Ceux de ton espèce sont méprisés et traités comme des bêtes. Ici, ceux sont nos esclaves, alors laisse moi douter du fait que tu sois très populaire. Et sache que…

       « J’ai des sentiments !!» avait-elle envie de hurler, mais elle ne voulait pas se justifier sur ce point, elle se tut avant de finir sa phrase et se rembrunit. Cela aurait été se rabaisser au plus bas niveau. Elle n’avait pas à prouver par A + B qu’elle pouvait ressentir toute la palette d’émotion humaine. La jeune fille était même persuadée d’avoir déjà ressenti de l’amour… Enfin, c’était ça n’est-ce pas ? Personne ne nous dit ce qu’est l’amour donc on essaye de prendre un sentiment déjà ressenti et qui se rapproche le plus de la définition en supposant que c’est ça…  C’est bien ça ?
       C’est dans ces moments là que Denna voyait la faiblesse de son système de pensée. Elle le savait. Elle savait qu’il y avait quelque chose qui clochait. Son raisonnement n’était pas… beau. Comme lorsqu’on regarde un dessin raté et qu’on ne peut pas vraiment dire pourquoi. Pourtant, c’était la seule chose à laquelle Denna pouvait se raccrocher, alors elle fermait les yeux.
La pire cruauté naît de l'amour le plus profond

Khaléo

Terranide

L'esprit, ne s'enchaine pas même si le corps n'est plus libre, Denna avait l'air de douter, pour la première fois, et c'était bien son but... Il n'avait pas eu besoin de poser des questions, il usait, et abusait d'affirmations sous entendues et cachées dans des phrases tordues, ni par génie, ni par folie, mais pour l'instant sans qu'elle ne s'en rende compte, en jugeant de ses réactions aux différents "stimulis" émotionnels que ses phrases "ridicules" lui envoyaient, il commençait à en savoir un peu plus sur elle, il essayait de la cerner, d'en apprendre plus sur elle, et aussi, accessoirement de gagner du temps... Car l'air de rien, il n'était absolument pas "pressé" que la séance reprenne, aussi, les réactions de Denna étaient fort intéressantes à observer, s'il avait été plus direct et s'il s'était mis à poser des questions, elle se serait probablement braquée tout de suite, car trop fière, car trop méfiante... Et l'aurait fait taire d'un coup dans la tronche, la fatigue n'était qu'un tremplin finalement, lui permettant d'être d'une euphorique incohérence enjouée dans ses propos, afin de les amener en petites rimes et chanson, qui provoquaient déjà leur amusant travail de sappe sur le moral de la Mord Sith, celà se traduisait par des silences tendus chez Denna, où il était facile pour Khaléo de comprendre que ce qu'il racontait provoquait au moins quelques "émois" et réflexions chez son bourreau.

Tant mieux... Qu'elle y réfléchisse pendant ce temps là elle me... foutait un peu la paix avec son Agiel, elle n'y était pas allée de main morte avec moi, j'avais de la chance d'être encore lucide et de pouvoir échaffauder des stratégies de ce genre, je n'avais rien à perdre de toute façon, pas vrai ? Et en plus mon babillage incessant, me concentrer sur elle dans mes flots de paroles incongrues ça m'aidait à tenir éveillé.

Mais une chose étrange était en train de se produire... Si ma colère était encore vive pour cette créature hier, aujourd'hui elle se transformait presque en "pitié", c'était sur ma gueule qu'on frappait pourtant, et parce qu'elle savait très bien ce que j'étais elle n'y allait pas avec le dos de la cuillère, hier j'avais eu une bonne partie de mes os réduits à l'état de copeaux, de sciure d'os, a se demander comment ma chair meurtrie par l'Agiel avait réussi à me retenir sur mes fers, et pas une seconde cette ordure n'avait eu le moindre regard compassionnel à mon encontre ni pour ce qu'elle me faisait subir, j'étais encore un peu en colère donc, mais une partie s'était déjà transformée en pitié, et c'était pour elle, que j'éprouvais de la pitié.

Le but inavoué était donc d'irriter Denna, pour déceler quelques "failles"... C'est vrai que ses phrases, ses intonations et sa façon de s'exprimer changeaient radicalement d'un paragraphe à l'autre, essayant d'emboiter des pièces d'émotions et de sentiments différents dans chacunes de ses phrases pour essayer de les emboiter dans un puzzle... Dans les cases qu'il considérait vides du puzzle de Denna, parce que pour lui cette absence même d'émotions sur son visage, ce n'était qu'un masque... un masque de glace, une carapace frigide posée et scellée sur ce qu'elle devait réellement être... Il le savait il était comme ça lui aussi... Mais des coups de piolets précis fendaient puis brisaient parfois la glace.

Cette fois c'est en reprenant son sérieux, juste après avoir fermé ses yeux pendant dix secondes et passé sa langue rapidement sur ses propres lèvres tandis qu'un grondement d'estomac retentissait, il avait faim... drôlement faim... C'est en reprenant son sérieux qu'il rouvrit les yeux et prit une expression neutre, dégagée de toutes les émotions précédentes, dégagée de toute émotion même.

"-vous ne m'apprendrez rien que je ne sache déjà de la guerre et même de la défaite sur un champ de bataille, vous voudriez m'apprendre un métier que je fais depuis plus de cinq ou six de vos courtes vies humaines ?"    - Affrontant la Mord Sith du regard, pas d'un regard haineux où méprisant ce matin, juste un regard vertueux empli d'une drôle de force d'âme inquisitrice -

       -Quant à ton stock d’amis, je me doute qu’il ne doit pas être plus impressionnant que le mien, Ceux de ton espèce sont méprisés et traités comme des bêtes. Ici, ceux sont nos esclaves, alors laisse moi douter du fait que tu sois très populaire. Et sache que…

"-Quoi ? Qu'est ce qu'il y a avec des "créatures" de mon espèce ? Ca n'avait pas l'air de vous déranger lorsque vous me "caressiez" le torse hier... Aujourd'hui subitement à vos yeux je serai méprisable ? A vos yeux je ne serai donc bon, qu'à être un esclave ? L'oppression, la peur de la différence ? Mais t'as pas vu ma gueule ? C'est l'histoire de toute ma vie."

Il cracha par terre, pensant finalement qu'elle devait être "raciste" ce devait être la raison pour laquelle elle ne lui posait aucunes questions, et se contentait de le faire atrocement souffrir sans l'once même d'un remord dans le regard, sans réel but, sans qu'elle n'en ait exprimé les raisons, à vrai dire ça devait lui faire plaisir de s'en prendre à une monstruosité dans son genre, il pensait qu'elle devait juste autant être fascinée que dégoutée, et que peu importe ce qu'il dirait elle le ferait souffrir par envie de le voir souffrir, point, parce qu'il avait malheureusement déjà connu des bourreaux mais ils ne mettaient pas autant de "passion" et de hargne dans leur "métier", Elle était consciencieuse et ne lui épargnait rien, même pas ses parties les plus intimes et plus sensibles, si elle avait été capable d'un peu de compassion avec la hauteur des choses qu'elle lui avait déjà fait subir, ça aurait limite rendu les choses bien pire encore, plus glauques, malsaines, nauséuses, ça lui aurait donné l'envie de vômir, heureusement donc qu'elle donnait bien l'air de ne rien ressentir de toute manière une créature capable de compassion n'aurait jamais pu aller aussi loin.

Mais alors qu'il s'enfonçait dans le renouvellement de sa rage et son petit syndrôme de persécution "raciale", un signe... un petit signe... les yeux clos... de sa tortionnaire... l'incompréhension... le silence... à nouveau pour quelques temps... Khaléo s'en mordit la lèvre inférieure... Souffrait elle ? Bon sang... Pourquoi... pourquoi ressentait il de la pitié pour elle ? Elle ne lui paraissait même pas "humaine" ! Pour quelque chose qui n'était pas dit, elle l'effrayait de par quelque chose qui semblait lui manquer, qu'elle n'exprimait pas, il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, mais il semblait que c'était quelque chose d'essentiel, qui empêchait à cette belle jeune fille d'être... simplement... ...elle ? Il cogitait probablement trop, bien que ce soit la seule chose qui lui soit permise, mais ce vide de ce "quelque chose" lui était effrayant.

"-Et sache que ? Et sache que... Laissez moi finir cette phrase pour vous... Vous qui n'avez plus en place l'alène qui tient la mécanique de votre coeur en haleine, l'outil caché qui retient les vieux engrenages d'une horloge brisée, manquant d'huile, a qui votre visage pétrifié depuis longtemps, ne rend plus hommage, Et sache que... Et sache que, Denna, et sache que tu cherches bien trop longtemps après quelque chose qui devrait te sembler bien évident ! "

Il n'y avait pas de sourire, juste un regard très, voir trop sérieux, désarmant de compassion pour elle, oh, il craignait bien que cette attitude allant complétement à l'encontre de la crainte qu'il devrait ressentir pour elle après torture, irait peut être jusqu'à la foutre en colère, mais si la rage la gagnait, il ne devait pas être loin de la vérité, il aurait touché... du bout de ses doigts une corde, sensible.

"-Mais sachez une chose quand même... à votre encontre... Ce matin... Je n'ai plus de haine... Non ! Plus de haine ni d'aversion... Juste un peu... de compassion."

"-De la pitié ! Oui... parfaitement... De la pitié, et j'en aurai pour deux puisque vous n'en n'avez, je vous pardonne d'être ce que vous êtes... Je... -il hésita, puis la tutoya sur un ton famillier - "-Denna... Je te plains."

Il ferma les yeux en fronçant les sourcils, anticipant, appréhendant le prochain coup dans la gueule, oh ça... Malheureusement il s'y attendait... parce qu'il y avait trop de "fierté" chez cette femme, elle n'allait pas laisser passer ça... A moins qu'il ait réellement réussi à l'ébranler... Mais même si c'était le cas, il ne croyait pas en sa clémence après la nuit qu'il venait de passer, à moins d'un miracle elle recommencerait, peut être prendrait elle la peine d'essayer de lui prouver quelque chose, où qu'il à tort, et passerait à autre chose pour une fois, mais encore loin était le jour où elle comprendrait peut être le sens du mot "pitié" et "compassion" dont sa conscience avait été apparemment déchargée.

Denna

E.S.P.er

        Denna aurait bien aimé cracher à son tour, mais pas sur le sol. Qu’on la taxe de racisme aussi facilement était tellement énorme. Khaléo déformait son argumentation pour l’orienter sur le bon vieux et efficace sujet du racisme. Ce qui n’était qu’un exemple de la façon dont on traitait les terranides dans son pays, pour illustrer le fait que ses rapports avec les humains ne devaient pas être amicaux, était déformé pour l’accuser d’une quelconque xénophobie imaginaire. En même temps, c’est pratique d’invoquer le racisme… à condition qu’on soit dans un pays qui sache ce que ça veut dire.

       Mine de rien, Khaléo avait raison. C’est un esclave et donc méprisable par nature. Pas à cause de sa race, mais parce qu’il est l’ennemi d’Ashnard. Qu’il se bombarde martyr, c’était ça qui énervait Denna. La jeune fille bouillait intérieurement et imaginait déjà les tortures qui pourraient lui faire ravaler ses mots. Bien sûr, cela allait correspondre avec la nature de l’affront. Elle pensait à lui arracher la queue, ses oreilles, lui faire sauter ses dents et lui raser les poils en l’écorchant vivant. Bien entendu, Denna ne le ferait pas. C’était simplement pour se donner un os à ronger et se calmer. D’ailleurs malgré le concentré de haine qui s’infiltrait dans ses veines comme un poison, Denna restait relativement calme. Un masque d’impassibilité sur le visage, la colère avait du mal à filtrer, s’exprimant surtout par ses yeux noisette.

       Pourtant, la colère disparut presque aussi vite qu’elle était venue. Khaléo la regardait sans haine, pour la première fois depuis qu’elle avait commencée à faire son dressage. Elle n’arriva pas pour autant à identifier ce regard, tout comme elle était incapable de saisir cette chose qu’elle cherchait et qui devait lui sembler évident, d’après les dire de l’homme.
       Denna ne s’était jamais définie comme un monstre. Lorsqu’elle n’était pas en service et qu’elle quittait son uniforme, elle arrivait presque à se fondre dans la masse. La jeune fille avait déjà essayé par curiosité. Elle y était parvenue mais tout ces gestes étaient forcés, ses expressions n’étaient que des mimiques, et elle devait se concentrer sur la moindre de ses réactions pour ne pas paraitre étrange. C’était un peu comme une mission. Rien n’était naturel, il n’y avait qu’un objectif ; se prouver qu’elle n’a rien d’un monstre et qu’elle pouvait très bien être normal quand les gens ne savent pas qui elle est au premier regard. Alors ? Mission accompli ? … Bien sûr que non.

       C’est alors que Khaléo lui révéla implicitement avec quel sentiment son regard fauve était illuminé. De la compassion… Pourquoi faire ? Et de la pitié. Dans quel but ? Denna se sentait salie par ce regard. Il n’y avait aucune raison de la prendre en pitié. D’après elle en tout cas, car il y avait en réalité toute les raisons du monde. Par contre, Khaléo avait tort sur une chose. Une petite chose qui n’avait pas de réelle importance. Denna n’avait aucune fierté ou égo. Elle n’allait pas frapper Khaléo par vengeance ou débattre de ce qu’il affirmait pour ne pas perdre la face. La seule raison pour laquelle elle aurait fait cela, ça aurait été pour faire croire qu’elle avait du caractère et ainsi asseoir son autorité sur lui dans le but de le dresser, mais dans l’immédiat, elle n’y pensait presque plus.

       La Mord-Sith se contentait de regarder son prisonnier en cherchant les raisons de sa pitié mais ce n’était que de la poudre aux yeux car elle le savait déjà. C’était une évidence, mais elle préférait rester étonnée, voir incrédule, que de subir l’affliction de la réponse qu’elle connaissait déjà. Denna s’était souvent demandée ce qu’elle serait devenue si les Mord-Sith ne l’avaient pas choisi. Une femme d’une grande douceur et d’une grande sensibilité. Elle n’aurait pas eu beaucoup de mal à trouver un mari et aurait une tripoter de marmots… Quelle horreur ! Elle n’aurait jamais connu la plénitude spirituelle de pouvoir contrôler sa douleur. Elle n’aurait pas servi Ashnard, ni connu l’amour que l’on ressent pour la personne que l’on dresse. Certes… Mais elle aurait été heureuse. Et il n’y a rien au-dessus du bonheur.

       -Je vais… te chercher à manger, fit-elle au bout d’un moment, d’une petite voix songeuse.

       Elle resta sans bouger un temps après sa déclaration, puis se décida enfin et quitta la pièce d’un pas assuré qui était presque calculé.
       La jeune fille ne s’arrêta pas en si bon chemin et sortit même de la maison. Pourtant, les restes d’hier que Denna avait à peine grignotés étaient sur la table du salon, enveloppés d’une serviette. Le tigranthrope pouvait très bien le voir puisque sa tortionnaire n’avait pas refermé la porte.

       Dehors, la fraicheur matinale fit frissonner la jeune fille, lui donnant une excuse pour trembler exagérément et se débarrasser symboliquement des paroles de son prisonnier. De petits nuages de vapeur s’échappaient de sa bouche, signe que le prélude de l’hiver avait commencé. Les passants avaient sortit leur laine et avançaient dans les rues en silence, la tête baissée. Cependant, Denna soupçonnait que ce n’était pas la morsure du froid qui leur faisait courber l’échine, mais plutôt la présence d’un escadron impérial dans leur village. Sans se soucier des regards inquiets qu’on dardait sur elle, elle franchit rapidement les quelques mètres qui la séparait de l’auberge et entra dans ce qui avait été transformé en véritable logement de fonction. Les soldats, fidèles à eux-mêmes, semblaient avoir promu Panon l’aubergiste, au rang de cuistot et s’affairait près d’énorme chaudron pour nourrir les militaires. La plupart des hommes étaient dispersés dans la taverne et jouaient aux cartes ou aux dés, accompagné d’un pichet de bière généreusement cédé par l’aubergiste. Quand ils virent Denna, la plupart se leva et tapa du poing sur leur imposante poitrine, suivit de près par ceux qui n’avait pas vu leur supérieur et qui ne faisait que suivre leur compagnon. Ceci fait, tout le monde se rassit et le brouhaha reprit de plus belle. Plus personne ne se souciait de la Mord-Sith à part un officier qui attendait visiblement l’attention de la jeune fille pour faire le rapport qu’elle était sans doute venu chercher. Pourtant, ce n’était pas pour cela que Denna était ici.

       -Ou est Berdine ? Demanda-t-elle à l’officier qui lui indiqua immédiatement la chambre où elle se reposait.

       La Mord-Sith remercia d’un signe de main et suivit les instructions de son lieutenant. Elle trouva Berdine allongée sur un lit dans une chambre individuelle. La Mord-Sith brune aux traits anguleux semblait en bonne santé mis à part le fait que le haute de son corps était serré par des bandages. Les deux femmes se regardèrent sans un mot pendant quelques secondes qui semblaient être des minutes. La colère grandissait dans les yeux de Berdine tandis que Denna lui renvoyait son habituel masque d’impassibilité. Puis, comme s’il y avait eu un déclic, les yeux de Berdine s’adoucirent, comme si sa haine ne visait plus la personne qu’elle avait devant les yeux.

       -Dis-moi que tu l’as fait couiner cette vermine, demanda-t-elle d’un ton haineux.

       -Sa nature rend le dressage complexe, mais oui, si tu veux tout savoir, je travaille depuis 24h.

       Berdine sourit de plaisir et de cruauté en imaginait ce que sa consœur avait fait subir à celui qui l’avait capturé, battu à mort, et s’était servi d’elle comme bouclier humain. D’ailleurs, elle ne semblait pas en vouloir à Denna sur ce point… Elle aurait sans doute fait la même chose.

       -Je pense à en finir, avoua Denna. Je ne sais pas si j’arriverai à le dresser. Il  réagit trop différemment. Je crois qu’il a déjà été brisé auparavant. Je pense que je n’y arriverai pas.

       Suite à cette déclaration de faiblesse, Berdine écarquilla les yeux comme si elle était surprise que de telles paroles sortent de la bouche de sa consœur. Puis, elle éclata de rire…

       -Ma pauvre Denna, fit-elle sur un ton faussement compatissant. Tu es encore plus faible que je ne le pensais. De toute façon le tigre est à moi. On verra s’il est si différent des autres quand je lui aurais cloué ses propres bourses sur la langue. Tu pourras regarder et apprendre. En attendant, cesse de venir gémir dans…

       Un Agiel venant s’écraser sur la gorge de Berdine l’empêcha de finir sa phrase. Remplie d’une fureur froide, la jolie blonde regardait sa consœur étouffée sous la poigne de l’artefact et de son propre sang qui commençait à affluer dans sa gorge. Pourtant, il lui restait assez de self-control pour ne pas la tuer. Elle retira enfin son arme, libérant le larynx de Berdine qui toussa pour extraire le sang qui l’obturait. Lorsqu’elle fut enfin capable de crier sa colère à l’encontre de Denna, cette dernière avait déjà quitté la pièce.

       Bizarrement, Denna était plus triste que furieuse. Khaléo avait en effet raison. La jeune fille n’avait pas d’ami. Elle avait voulu se rassurer de cette accusation en pensant que Berdine était ce qui se rapprochait le plus d’une amie, mais ce n’était pas le cas. D’ailleurs à quoi s’attendait-elle de la part de la brune ? Si cette dernière était venue l’ennuyer avec ses problèmes, il y avait de grande chance pour que Denna lui réponde de la même manière.
       C’était donc encore plus découragé qu’elle s’en alla de l’auberge, laissant ses hommes à leur oisiveté coutumière. Dehors il faisait toujours aussi froid, et il n’y avait pas vraiment de raison que ça change. Le ciel s’était donné le mot et annonçait une figure aussi maussade que celle de la Mord-Sith. Un ciel de plomb masquait l’aube, laissant tomber sur la terre un crachin vicieux qui s’infiltrait dans les vêtements des passants, recroquevillés pour laisser le moins de surface à la merci des intempéries. Denna en totale symbiose avec la météo, se laissa allégrement fouetter le visage pendant le court trajet de retour.

       Elle entra dans la petite maisonnée et referma la porte au nez du froid et de la pluie. Elle appréhendait le fait de revoir Khaléo et dut attendre de souffler quelques instants hors de sa vue, dans un coin du salon. Lorsque la jeune fille s’était un peu remise les idées en place, elle attrapa le plat plein de pièces de poulet et rejoignit Khaléo dans la chambre.

       -Si tu refuses de manger je te creuse un trou dans la gorge et j’y enfonce les morceaux de poulet, fit-elle d’une voix d’outre-tombe qui laissait présager que ça n’avait rien d’une menace en l’air.

       Ceci étant dit, Elle attrapa le plat dans ses bras et prit une cuisse de poulet qu’elle mit à une dizaine de centimètres de la bouche de Khaléo. Denna avait beau être malheureuse, déprimée et fatiguée, elle restait tout de même vigilante en obligeant son prisonnier à tendre le cou pour atteindre le poulet, ce qui l’empêchait de le tendre un peu plus et de lui arracher les doigts.
La pire cruauté naît de l'amour le plus profond

Khaléo

Terranide

Le silence... un silence à nouveau... C'est fou ce que les silences en racontent parfois bien plus long que n'importe quel mot filtrant à travers les lèvres... Khaléo s'était attendu à une réaction "violente" de la part de la Mord Sith, d'ailleurs il rouvrait les yeux puisque son visage n'avait pas été assailli de coups qui auraient sans doute pu le défigurer, mais ce à quoi il avait droit était peut être encore pire que ce à quoi il s'attendait, puisqu'il s'agissait d'une silencieuse et étonnamment profonde... réflexion murée dans le silence après ses maladroites accusations et ses tentatives imprécises de cerner sa geôlière, qui, apparemment avaient réussi à faire mouche, continuant de lui faire penser qu'il ne devait pas être loin d'une ou l'autre vérité, donc... c'était bien pire parce qu'en jouant à ce jeu, il s'était prit à celui ci, et finalement... finalement il éprouvait bel et bien de la pitié pour cet être qu'il devinait tellement torturé que le masque de glace inexpressif sur son visage semblait n'être qu'une carapace émotionnelle créée par sa grande sensibilité afin d'écarter tout sentiment blessant, afin qu'aucun n'atteigne plus son âme...

...C'était également effrayant de se rendre compte jusqu'où l'esprit était capable de se rendre pour s'éviter la torture de ses propres sentiments.

Mais ce qui sembla arrêter Denna dans ses élans, c'est bien plus la pitié que j'exprimai à son égard, elle lui laissait l'expression remue méningiale d'une torpeur stupéfaite et figée sur son visage, incompréhensive, tandis qu'elle me fixait toujours et que je la regardai encore, mais bon, j'étais toujours bien cloué de mes cinq membres contre le mur en bois, et ça n'avait pas l'air d'être une situation qui risquait de changer de sitôt, sur le moment, même si elle arborait encore la moitié d'un visage figé dans le marbre son incrédulité et son étonnement bien expressif pour une fois, craquelaient enfin, la surface d'une vieille toile à la peinture croutée, séchée, terne... Ayant absorbé trop de poussière et qui ne dévoilait pas encore ses vraies couleurs, l'impression également que, dans l'état où devait se trouver son esprit il devait également nécessiter une complète et longue "restauration" des vestiges de sa véritable personne, là, quelque part, perdu dans le néant de ses yeux, de ses grandes pupilles noisettes toujours plus dilatées par cette horreur.

       -Je vais… te chercher à manger.

Ce fut au tour de Khaléo d'afficher un regard que seule la surprise évoque, l'espoir d'un sourire naquit a la commissure de ses lèvres, qu'il réprima tout de même bien vite pour ne pas indisposer la Mord Sith qui... semblait encore figée et réfléchir quelques secondes, là, sur place... Ce serait tellement dommage de la mettre hors d'elle maintenant alors qu'elle semblait en plein "travail" silencieux, en intense conflit intérieur qui lui imposaient des regards longuement prostrés.

"-V... vraiment ?"

Elle traversa ensuite le salon d'une traite, sortant carrément de la maison, comme si elle avait eu besoin de se "jeter" à l'extérieur de la bâtisse et de se débarrasser de l'ambiance un peu pesante et remplie de silences bien trop... révélateurs, et il en était soulagé... Il n'en oubliait pas sa condition, et il n'oubliait pas non plus que Denna le ferait encore souffrir malgré tout, c'était encore bien trop tôt pour parvenir à réellement la déstabiliser... Peut être que s'il s'y prenait bien... il serait capable de la mettre assez dans le doute bien fondé de la voie qu'elle avait pris dans l'existance afin de gagner sa confiance ? Gagner sa confiance pour qu'elle ouvre elle même ses fers, dans un excès de confiance justement et s'évader.

Ce n'était là que les balbutiements d'un mince espoir, un peu trop mince à son goût... s'il y avait une autre opportunité, plus directe, moins longue et surtout moins hasardeuse, c'est vrai, Denna pourrait très bien se braquer un jour où l'autre et lui faire regretter amérement avoir ouvert le couvercle de sa boite de pandore et lui faire revivre des choses si douloureuses que seule la vengeance sur lui pourrait apaiser... Donc si une solution plus radicale, plus viable se présentait à lui, Il la saisirait probablement à la place de celle-ci.

Elle était sortie donc, Khaléo déporta ses pupilles éfilées sur l'entrouverture de la porte, penchant et inclinant son visage pour mieux y voir, il y avait encore beaucoup à manger sur la table, sortir pour aller chercher encore plus à manger alors qu'il y avait encore l'équivalent d'un an de viande pour une famille paysanne moyenne, là, étalé sur la table du salon ? Celà prouvait bien qu'elle était sortie pour s'aérer l'esprit, essayer de faire le vide et se reconcentrer sur ce qu'elle avait à "faire" aussi moche soit son travail.

C'est en croisant son poignet en tournant la tête à droite pour analyser la pièce qu'il put constater un oubli... Après tout elle était plus humaine qu'il ne le pensait... Il avait réussi à la troubler assez ce matin, pour qu'elle oublie quelque chose d'e-ssen-tiel... Ses poignets... ses chevilles... avaient eu tout le temps de se refermer durant la nuit, et ce matin en ayant "gagné" autant de temps en palabres, il était à nouveau maître de son corps, en pleine possession de l'agilité de ses doigts, de la force titanesque de sa poigne et de ses bras, oui, il souriait, et rouvrait un peu les yeux malgré la fatigue, d'un second souffle, d'un nouvel élan énergique, il claqua les os de ses poignets contre les fers et commença à se débattre, à tordre un peu ses épaules dans l'un, puis l'autre sens pour tirer sur ses mains attachées, tant et bien, si fort qu'il s'en déboita les phalanges des deux pouces s'arrachant un peu la peau à la surface des plus gros muscles de ce dernier, meurtrissant sa chair sans y réfléchir à deux fois, avec la fureur de l'envie de vivre et de se retrouver libre, on fait n'importe quoi, et avec une énorme poussée d'adrénaline due à cette envie, à cette opportunité unique, il dégagea sa main droite, une main bien abimée dont il avait presque arraché le muscle abducteur et fléchisseur du pouce et du petit doigt, et déboité leur carpe des os du poignet, pour ça il avait fallut qu'il taise son rugissement de douleur scellé entre ses dents serrées et ses lèvres.

Il fit de même pour l'autre main... Mais ceci n'allait pas être la chose la plus douloureuse qu'il allait devoir s'infliger pour sortir de là... Puisque ses chevilles étaient bien prises également... Le plus dégueulasse à ses yeux restait à venir.

Autant y aller d'un coup sec non ? Après tout... pourquoi faire durer la chose de toute façon ça allait forcément être atroce et ça allait lui demander une volonté incroyable pour en finir avec cette saloperie de supplice, jamais il n'avait été exposé à "ça" mais c'était pas le genre de truc qui lui faisait peur, pas dans l'état d'esprit où il était, fallait qu'il sauve sa peau et il n'avait sûrement pas le temps d'y réfléchir à deux putains de fois !

Ce fut d'abord le tendon d'achille qu'il fallait abimer... et c'était pas un petit tendon à la con celui là, puisqu'il tenait directement aux muscles du mollet... Mais, a raison de tirer sur sa jambe comme un forcené et ce, en s'aidant même de ses deux bras, crispant ses muscles à l'extrême en empoignant fermement sa cuisse pour la tirer vers le haut, Mais rien qu'à y penser... BRrrrrr... rien qu'a penser au fait de devoir se sectionner "ce" tendon là, ça lui foutait la chair de poule, il tira donc d'un coup sec en fermant les yeux, fronçant les sourcils, le fer de son entrave commençant à pénétrer sa chair, et puis - SCRAKR - Le calcanéum ou "os du talon" était délesté de son tendon, et bien plus "libre" de ses mouvements, quand bien même il dut percuter plusieurs fois cet os contre le rebord de son entrave afin de déssouder le cartilage qui le soudent encore au péroné, à l'astragale et au cuboïde... Tout ça uniquement dans le but d'être capable de sortir son pied de son entrave.

Il pleurait... Mais d'une rancoeur et une rage qui n'était dirigée que vers lui même, un dégoût de sa personne face à ce spectacle et cette douleur atroce, et ce qu'il était encore capable de se faire subir pour s'en sortir, sa voix tressauta, ses lèvres tremblèrent :

"-Pauvre... pauvre con... Quelle putain d'idée de génie, Merci ! Merci bien !"

Il s'essuya les yeux tout en s'autocongratulant bien ironiquement lui même, après tout il n'y avait qu'à lui même qu'il pouvait s'en prendre pour ce qu'il s'infligeait.

"-A la limite ça aurait été moins douloureux de se couper le pied tu ne crois pas non ? "

Mais tout en continuant de se parler à lui même avec une rage bien présente dans la voix, il posa son pied au sol, enfin sorti de son entrave... mais dans quel état... l'os du talon pendouillait au bout d'un lambeau de chair, il dut s'y reprendre à deux fois avant d'être sûr de reposer le pied au sol et que son os vienne s'emboiter à nouveau contre le péronné, il ne put cette fois pas retenir un rugissement de douleur, un vrai, un puissant et rageux cette fois, tandis qu'il s'empoignait l'autre cuisse en y enfonçant en partie ses griffes.

"-Ah, non j'imagine que, sans pieds... je n'aurai pas pu m'enfuir sinon, c'est ça ? C'est ça... ça doit sûrement être ça..."

Non, ce n'était pas réellement de la schyzophrénie, c'était plus pour se donner du courage qu'autre chose.

Il tira sur sa jambe gauche, donc, pour le même résultat, quand il eut finit il tenta de se dresser sur ses deux pieds, mais vous le devinez bien, avec des appuis aussi stables que deux os de talons arrachés et leur tendons d'achilles, il n'y avait pas de grandes chances pour qu'il puisse marcher, et encore moins courrir... Mais s'il était allé aussi loin dans la douleur dans sa démarche d'évasion afin de "garder" ses pieds plus ou moins sur lui, c'est qu'a quelques pas... à quelques pas de là il y avait ce festin royal qui l'attendait... plus de viande qu'il ne lui en faudrait pour réparer ses conneries, c'est un premier essai de pas en avant, glissant par terre sur l'appui mal formé par son talon voyageant "mal" contre son péroné, formant une vraie patinoire contre la surface de ses propres os, qu'il se "rétamma" au sol comme une vulgaire carpette.

"-Je... je ne tomberai pas plus bas de toute façon..."

C'est en rampant sur les coudes les cuisses et parfois les genoux qu'il s'avançait dans le salon, vers le salut également, ses "moignons" de ce qu'il restait de ses mains déboitées et en partie décharnées tâtèrent aveuglément sur la table là où il était sûr d'avoir vu toute cette viande, il coinça une de ses griffes dans la dentelle de la nappe et tira le tout par terre, au sol... avec ses pouces déboités il ne pouvait pas prendre la viande entre ses mains, il passa donc quelques secondes à essayer d'attraper quelques morceaux de faisan un peu trop "lisse" de leurs cuisses, un peu comme lorsqu'on essaye de mordre dans une pomme d'amour tendue à un fil, presque insaisissable lors d'une fête foraine, ça donnait plus ou moins le même spectacle, au bout de quelques secondes il se résoud à maintenir le gibier entre ses poignets pour manger, manger à terre... pas vraiment l'envie ni le temps de penser à faire des manières.

C'était "magique" enfin non, c'était une réaction plutôt naturelle pour un tigranthrope, chaque fois qu'il avalait une bouchée de viande, on pouvait voir les fibres musculaires se "tisser" d'elle même, croître, et par mémoire de forme, mémoire cellulaire, venir s'enrouler comme un lière autour de ses os, pareil pour quelques petits vaisseaux sanguins éclatés à la surface de ces derniers, il sentit les os de son pied s'auto concasser entre eux pour se remettre en place, il lâcha sa viande lorsque celà arriva et frappa sa tête plusieurs fois contre le plancher, c'était aussi douloureux que de se les être foutu en l'air, de quoi bien le dégouter, cette putain de mission... pourquoi il avait accepté ça déjà ? Hein ? ça semblait flou dans son esprit... ah ouais... ça lui revenait... Plus par interêt un peu trop chauvinard de conserver sa place en tant que mercenaire numéro un aux yeux des nouveaux p'tits cons qui convoitaient sa place que pour l'argent en vérité, histoire de conserver sa réputation... Quelle connerie ça lui semblait bien idiot à présent... Il espérait bien ne plus JAMAIS avoir à s'arracher les talons, à refaire un truc pareil de toute sa foutue existance.

Khaléo était libre... et à nouveau sur ses pieds... La porte était là... Mais il était à poil, il se mit à fouiller la pièce et trouva quelques unes de ses affaires, mais il continuait de réfléchir ce faisant, en sortant ses armes les unes après les autres... En posant les yeux sur sa petite arbalète légère à répétition, une idée lui traversa l'esprit... Ils étaient encore beaucoup dehors... Ils n'obéissaient apparemment qu'a Denna... sa seule chance de s'en sortir vivant... C'était de la prendre "elle" en otage non ? Parce que là, même s'il sortait... maintenant... il se ferait trucider... Il ne fallait pas gâcher non... pas gâcher sa seule chance de s'en sortir par une précipitation irréfléchie... Fallait vite remettre quelques unes de ces choses en place, comme... hmm... la nappe, le tas de viande au sol pour le réagencer plus ou moins comme il était sur la table, il avait une bonne mémoire visuelle donc ça ne posa pas trop de problèmes,  "achalandant" les bouts de viande pour que le plateau ait l'air tout aussi "rempli" que précédemment, nettoyer vite fait les traces de sang à terre, bien que ça ne soit pas obligatoire de s'y attarder longuement y avait déjà du sang à lui seché partout au sol, autant en goutelettes que dans les pas imprimés, sanglants de Denna par terre.

La clef... La clef de ses fers était là, parfait... Il repartit vite dans la chambre pour placer son arbalète sous le lit, après quoi, il fit le tour de la chambre en marchant rapidement pour éveiller un peu ses muscles à la marche qui avaient été figés dans une position désagréable et se débarrasser de cette sale impression de fourmillement dans ces dernières, il ouvrit ensuite tous les fers, replaçant la clef ensuite parfaitement où elle se trouvait, en n'oubliant pas de réduire l'ouverture de la porte menant au salon avec la même ouverture que lorsqu'elle l'avait laissée entrouverte, il vérifia les détails plusieurs fois de suite pour être sûr qu'il n'avait rien oublié et que tout était parfaitement en place, comme elle l'avait laissé avant de partir, lorsqu'il entendit le son particulier des pas de Denna, de sa démarche se rapprocher de la porte, le bruit reconnaissable du gravier humide et boueux que formait la route, le stress l'envahit et il se précipita sur ses fers afin de se replacer "dedans" fermant ses entraves sans pour autant les verrouiller.

Maintenant il fallait qu'il arrive à se calmer, il respirait encore un peu rapidement suite à ce qu'il venait de faire, à la petite montée du stress du risque de se faire prendre, il ferma les yeux en essayant de contrôler sa respiration en faisant l'un ou l'autre profond exercice de respiration et de relaxation, soufflant fort avant de finalement se reprendre, la porte du salon se rouvrit enfin pour afficher la silhouette sanglante de Denna, son regard semblait avoir ostensiblement changé, se demandant si elle avait déjà "remarqué" quelque chose.

       -Si tu refuses de manger je te creuse un trou dans la gorge et j’y enfonce les morceaux de poulet.

"-Puisque tu me le proposes d'une façon aussi agréable il faudrait sûrement être... d'une effroyable impolitesse pour refuser, n'est ce pas ?"

Il observa le morceau de poulet tendu à bout de bras et de doigts par Denna... Ayant apparemment peur qu'il lui morde quelque chose, laissant voyager ses yeux du morceau de viande a ceux de la Mord Sith, effectuant une moue désapprobatrice entre temps.

"-Eh bien... La confiance règne... Je croyais... Qu'on avait dépassé ce stade... dans notre "relation" quoique très restrictive entre... toi et... moi. "

Jouant un peu sur ses fers pour signaler qu'il était encore et toujours "attaché" comme un animal à ses yeux, puis, il se résigna à tendre le cou, les lèvres, pour être... d'une infinie douceur lorsque ses lèvres happèrent la surface de la chair du poulet, souriant à Denna pour lui afficher sa jolie dentition bien acérée et laisser sa langue faire un long et agréable "voyage" sur ses propres lèvres, affichant toute la longueur, la texture et la dextérité de cette dernière avant de.. "mordre" leeeentement et tendrement dans la chair, tirant un peu sur la patte vers lui comme s'il cherchait à "jouer" avec la force du bras de Denna, arrachant finalement un bon morceau qui, passa là encore un long et savoureux séjour, massé de toute la longueur de la fibre charnelle, sensuellement entre ses lèvres roses jusqu'a ce qu'il engloutisse finalement son "morceau", s'amusant à plisser un regard des plus... suggestifs et malicieux, tout en se plaisant d'afficher l'infinie finesse et douceur dont il était aussi "capable" avec ses charmants instruments qui pouvaient sembler, de prime abord aussi dangereux que mortels.

Il mordit une seconde fois dans la "patte" de poulet, en élançant un peu ses épaules, son cou, et sa mâchoire vers l'avant, tirant cette fois la Mord Sith vers lui en "serrant" l'os entre ses crocs, d'une belle force de la mâchoire et de la nuque tout simplement inhumaine, si bien qu'elle fut déséquilibrée vers l'avant et se colla contre lui, il continuait d'avoir ce sourire et ce regard d'une séduction terriblement prédatrice sur la Mord Sith, pénétrant le regard de cette dernière comme deux lames tranchantes coupant en deux ses iris, là, plaquée contre lui pour quelques secondes, il se contenta de finir de "couper" l'os, avec ses dents comme s'il s'agissait de vulgaire "beurre", pourtant il n'en profita pas encore pour s'échapper... non... il pourrait pourtant... il pourrait la prendre dans ses bras... la tordre... lui faire ravaler toutes les horreurs qu'elle lui a fait subir des heures, voir des jours durant, ici même... Oh bien sûr... La tentation était grande... tout autant que la pitié qu'il ressentait à son égard, foutue conscience humaine de merde ! En avait elle eu, elle ? En avait elle eu ne serait ce qu'une goutte, de la conscience et de la pitié ? Non... parce qu'elle ne savait pas ce que ça voulait dire de toute façon... Oh pourtant ça bouillait à l'intérieur, son corps nerveux, sauvage en tremblait et en crevait... de mettre à éxécution sa vengeance... Et aussi, de façon étrange il avait commencé à ressentir une certaine "attirance" pour cette "pauvre" créature... Mais elle était bien barricadée et barbelée autour des images affreuses de son visage impitoyable et impassible face aux atrocités qu'elle lui avait fait subir ! C'était encore beaucoup trop "frais" dans sa mémoire !

C'est donc en se contentant de visions du magnifique... corps de Denna couvert de griffures plus ou moins profondes, tracées parfois en volutes ou comme des dessins sur son dos ou son ventre, ses cuisses, de sa langue trouée, perforée, mâchée et mastiquée par ses dents lorsqu'il lui aurait mordu la bouche d'un baiser furieux, de ses délicieuses courbes pétries trop durement par sa puissante poigne qui lui auraient laissé plus d'un hématome griffé, de ses muscles relâchés, de la sueur et du sang la recouvrant totalement abrutie de son esprit par des heures et des jours d'une culbute bien trop intense et raclante pour son petit corps, de ses yeux révulsés, de sa langue pendante qui, semblait lui demander grâce à chaque nouvelle seconde, qu'il parvint à faire fi de cette envie de mettre à exécution son "plan" d'évasion beaucoup trop tôt... Il attendrait qu'elle soit épuisée... après de longues heures à s'être défoulée sur lui... Elle ne se doutait pas qu'il venait de faire un sérieux festin de chair, et elle lui en donnait d'avantage... Il serait donc plus qu'en forme aujourd'hui même si elle se donnait à "fond" pour le faire souffrir.

Mais revenons en à la situation présente... il venait de terminer d'avaler son os dont il avait fait de la petite sciure entre ses dents, il attrapa le pouce de la main de Denna entre ses lèvres, l'enroulant autour de sa langue puis mordillant la surface du cuir plus d'une caresse "jouette" et chatouilleuse, que d'une réelle envie de la mordre pour faire "mal", dardant son regard dans le sien, lorsqu'il relâcha rapidement son pouce il posa un baiser sur le bout de son menton, puis sur sa joue, prouvant là aussi qu'il aurait très probablement pu aussi s'en prendre à son visage et la lacérer, la défigurer violemment... Mais... il n'en fit rien, aussi étrange celà puissa paraître à la Mord Sith... Il aurait même pu en profiter pour la tuer également, mais ça l'excitait à nouveau cette prise d'audace... Qu'il espérait payante pour... qu'un autre pas soit franchi afin d'ébranler un peu plus les convictions de sa geôlière.

"-MoRrrdre... où ne pas... mordre... Ce seRrrait tellement dommage d'avoir à abimer un si joli visage..."

Il longea l'os du menton en partant sur le coté droit du visage de Denna, glissant de ses douces lèvres un peu tremblantes, sur le satin pâle de sa peau, jusqu'a atteindre doucement son oreille :

"-Et pouRrrtant... tu dois... t'en douter que... j'en aurrrai eu l'opportunité... même l'envie... là... Maintenant... J'auRrrai même pu te tuer... te dévorrrer... n'oublie jamais ce qui vient de se produire, jamais, d'accord ?"

Denna

E.S.P.er

       Denna comme d’habitude ne répondit pas aux bravaches de son prisonnier. Elle se contentait de le regarder d’un air neutre, qui se plissa légèrement quand l’homme testa la force du bras de Denna. Dans cette position, le coude relevé, elle n’avait pas beaucoup de force car son seul appui ce trouvait 1m70 plus bas, au niveau de ses pieds. Elle oscillait donc dangereusement, tentant de se stabiliser en les écartant un peu. Ce ne fut pourtant pas suffisant lors de la deuxième bouchée. Denna décidée à ne pas céder un pouce de terrain avait resserré sa prise au moment même où Khaléo donnait une violente impulsion. La jeune fille fut suffisamment déséquilibrée pour qu’un seul pas suffise à lui faire retrouver l’équilibre, sauf que son prisonnier était trop près d’elle.
       Elle se posa comme une fleur sur le torse du tigranthrope. Il pouvait alors la tuer à tout moment, en lui arracha la jugulaire, pourtant il n’en fit rien. Denna se figea, un peu surprise de ne pas avoir été blessé. Lorsqu’elle réalisa qu’il ne comptait pas lui faire de mal, elle se resserra tout naturellement contre lui. Un geste presque réflexe, résultant d’une frustration trop longtemps contenue. Denna avait un élan de tendresse et d’amour presque systématique pour ceux qu’elle torturait. C’était sans doute une substitution à la compassion ou la pitié. Quoiqu’il en soit, Khaléo était un prisonnier très difficile qui passait son temps à se moquer d’elle et à lui promettre mille tourments. Ce qui ne favorisait pas les moments de complicité et d’échange. De plus, le fait qu’elle ne puisse pas le libérer de ses chaines ou même l’approcher n’arrangeait vraiment rien. Elle succomba donc à sa proximité, se blottissant contre lui avec une lenteur qui semblait même tromper sa propre vigilance.

       Alors que l’esprit de Khaléo était rempli des divers vengeances qu’il pourrait faire subir à la femme en rouge, elle, les yeux mi-clos, profitait de ce qui ressemblait plus pour elle, à un câlin, qu’à une façon de lui faire comprendre qu’il pouvait la tuer à n’importe quel moment. S’il avait voulu la tuer, il l’aurait fait bien plutôt. Denna ne creusa donc pas plus loin et se contenta de profiter, fermement agrippée à l’une de ses épaules.

       Un violent tremblement remonta le long de sa colonne vertébrale lorsque les dents effilées se refermèrent sur son pouce. Ce n’était pas un frisson de peur, mais plutôt d’excitation venant de l’inconsciente jeune femme. Elle soutint le regard de Khaléo, la bouche entrouverte pour faciliter sa respiration qui s’accélérait crescendo. Ses yeux noisette légèrement écarquillés appuyaient un léger sourire de contentement. L’homme eut ensuite la bonté de libérer la main de Denna qui partit elle aussi se loger sur une épaule. Le corps de la jeune fille se resserrait de plus en plus, comme un étau diaboliquement lent qui allait compacter le corps de son prisonnier. Bien entendu, il ne faisait que se presser, épousant parfaitement et avec souplesse le corps masculin.

       Une bouche se profila sur le menton fin de Denna. Un baiser… et un autre sur sa joue. Cette fois ses paupières s’étaient définitivement scellées pour apprécier ces douceurs humides. Il n’y avait pas vraiment de mot pour décrire ce que ressentait Denna en ce moment. Sa déception et sa frustration commençait à être gommée par les tendresses de Khaléo, même si celui-ci pensait peut-être la menacer ou lui montrer qu’il contrôlait la situation. C’était peut-être vrai mais elle s’en fichait totalement. Elle répondit d’ailleurs à la question de Khaléo par un léger hochement de tête distrait. Tout pourvu qu’il ne s’arrête pas. Il pouvait la tuer, la défigurer, ou tout ce qu’il lui passait pas la tête, le danger ne faisait qu’exciter la Mord-Sith qui émettait un maintenant un petit ronronnement aigue ; simple gémissement qui venait mourir au fond de sa gorge dans un roulement incessant. Son visage vint se coller contre celui de Khaléo, joue contre joue, comme si elle ne venait de s’apercevoir à l’instant qu’elle pouvait ajouter un nouveau contact à sa collection déjà presque complète. Ensuite, sans vraiment avoir conscience de ce qu’elle faisait, ses lèvres parcoururent le fin duvet qui la mena jusqu’à la mâchoire puissante. Ses lippes se refermèrent sur la peau ferme qui lui échappait à chaque succion, jusqu’à ce qu’elle trouve une jumelle à laquelle s’agripper. Sa bouche se présenta donc aux commissures de ses lèvres, son souffle chaud inondant la joue de Khaléo d’un nuage torride qui mourrait rapidement pour être remplacé par son successeur. Les lèvres de Denna hésitaient à s’agencer parfaitement avec ses sœurs, captant d’abord le goût et les agaçant afin qu’elles rejoignent une danse que toutes deux connaissaient. Mais alors qu’elle commença à croquer la lèvre rosée, la Mord-Sith se réveilla. Elle réalisa ce qu’elle était en train de faire et surtout ce qu’elle ressentait. Elle s’écarta subitement comme si Khaléo l’avait mordu et mit une certaine distance entre eux. Sans le regarder, elle posa la main sur son Agiel qui lui dispensa une douleur presque curative. Le feu de la passion s’éteignait progressivement, chassé par la douleur.

        Qu’était-elle donc en train de faire ? Ce n’était pas elle qui était sensé être en quête de tendresse ou d’affection, mais bien celui qu’elle torturait. Elle s’était totalement fourvoyée avait fait plus d’erreurs en quelques minutes qu’elle ne l’avait jamais fait dans toute sa carrière. Tout d’abord, elle s’était mise à la merci de son prisonnier. Ensuite, elle avait acquiescé à une de ses questions alors qu’elle aurait due le cogner jusqu’à ce qu’il ne puisse plus rien demander. Et enfin, l’erreur la plus grave, elle avait été demander un baiser. Au pire, elle aurait dû le prendre de force, mais ce n’était même pas le cas. Le baiser était un signe de domination qui montrait que son prisonnier lui appartenait corps et âme. Ce qu’elle avait fait était totalement dépourvu de symbole. C’était l’acte d’une adolescente aux hormones en effervescence.

        La situation n’était plus rattrapable. Denna ne savait plus quoi faire. Si elle pensait avoir peu de chance, elle savait maintenant qu’elle n’en avait plus aucune. Ca devenait même très dangereux pour elle si elle ne se contrôlait pas ; les rôles risquaient de s’inverser. Il n’y avait donc qu’une seule solution. Le prisonnier était perdu, elle avait échoué à sa tache. Il fallait bien une première à tout…

       Denna adopta un air sinistre en fixant les yeux fauve face à elle. Elle sortit délicatement son Agiel et le serra si fort que le cuir sous ses mains émit une série de grincement. Des mains qui ne supporteraient bientôt plus la magie de l’artefact. Si la mince couche de cuir de sa combinaison l’empêchait d’avoir des hématomes superficiels suite à l’utilisation de son arme, elle ne protégeait en rien, non seulement de la douleur, mais d’un effet trop important.
        C’était la force avec laquelle était appliquée l’arme sur sa cible qui déterminait la puissance de l’impulsion envoyé par l’arme. Cette subtile façon de doser la magie prouvait qu’il s’agissait en priorité d’un instrument de torture avant d’être une arme.

       -Je renonce à essayer de te dresser, déclara-t-elle. Tu as été un ennemi doué et je regrette que nos allégeances soient opposées. Tu voulais être traité avec honneur. Je t’accorde donc ce droit.

       Denna salua brièvement l’homme qui allait mourir. Selon les principes guerriers de Khaléo, l’honneur consistait sans doute à tuer ses adversaires en leur rendant hommage. Eh bien, ça ne mange pas de pain. Denna était bien capable de faire ce plaisir à une personne qui l’a plus ou moins troublé. Elle devait toutefois en finir avant qu’il ne la trouble de manière irréversible. La jeune fille savait quand elle avait perdu et acceptait la défaite sans problème. Mieux vaut cela que mettre sa précieuse pile de principes et de règles en danger. L’empire passait avant tout.

       Denna arma ensuite son bras et le propulsa avec force sur la poitrine de son prisonnier à l’endroit où était son cœur. C’était plus de force que nécessaire pour lui faire imploser la cage thoracique avec une déferlante de magie. Vif et rapide, même si la Mord-Sith l’avait plus ou moins prévenu, ce coup était impossible à esquiver… par quelqu’un d’attaché.
La pire cruauté naît de l'amour le plus profond

Khaléo

Terranide

Peu à peu... au fil des contacts infiniment sensuels entre leurs corps, épousant les formes féminines de Denna sur son anatomie athlétique, sauvage, lissée par sa félinité latente, sa pitié... sa colère... même la fierté bien guerrière d'être arrivé à lui résister jusqu'ici s'envolait, pour être remplacée par des choses aussi furieuses que la haine, ou l'envie de vengeance... Après tout... Il en avait besoin aussi, quelque part... Après en avoir encaissé autant... il avait le droit d'en profiter un peu... Le cuir rouge de la tenue de la Mord Sith glissait drôlement bien contre les lignes de ses cuisses, de ses hanches, et elle répondait bien a cette demande, a ce ballet de membres entremêlés, il ferma les yeux à son tour lorsque leurs lèvres s'unirent timidement, les traits de son visage rendus doux et lisses par une envie grandissante, une envie farouche, exotique des mouvements, des ondulations de son corps contre celui de Denna, laissant sa musculature rouler sous son duvet contre le corps de la Mord Sith, cette tension, cette nervosité sauvage qui raffermissait son corps en le faisant trembler d'excitation, fut accompagnée par quelques ronronnements légers, envolés, dont les savoureuses vibrations étaient transmises par le contact de leurs lèvres.

C'était dur de garder le "contrôle" pour ne pas sortir de ses fers et la prendre, dépenser sa colère pour la "punir" de bien délicieuses façons, la pitié qu'il éprouvait lui aurait sans doute permis de la laisser en vie après avoir fait un véritable... "festin" érotique, irritant, vif, abrasif de ses chairs, elle le méritait... au moins "ça" à ses yeux elle méritait tout de même une certaine forme de torture après ce qu'elle lui avait fait... Il ne se lasserait certainement pas de l'entendre supplier que ce soit pour continuer et ensuite, supplier qu'il s'arrêtes... ses griffes en sortaient et se rétractaient sans cesse rien qu'à en faire le simple songe, il la pénétrerait jusqu'à lui "ronger" le corps de l'intérieur avec la "monstruosité" qui lui servait de sexe, si en temps normal il en aurait eu honte et aurait été "délicat" avec "ça", ici il pourrait en faire une utilisation bien "appropriée" en n'ayant pas peur de se "lâcher".

Comprimé par le corps de la Mord Sith il n'en restait pas moins "mobile" en striant, roulant ses différents muscles contre son corps, écrasant sa poitrine contre la sienne, son vit s'était dressé assez "facilement" durant ce contact, ses lèvres cherchaient encore les siennes dans le vide lorsqu'elle se sépara de lui, il rouvrit doucement les yeux en sortant des méandres de son imagination, redescendant de son petit nuage en plissant ses lèvres l'une sur l'autre quand il l'entendit déclarer :

       -Je renonce à essayer de te dresser. Tu as été un ennemi doué et je regrette que nos allégeances soient opposées. Tu voulais être traité avec honneur. Je t’accorde donc ce droit.

Il se mit à rire en laissant ses épaules tressauter, le dresser ? Lui ? Quelle... étrange et improbable idée... Il riait vraiment de bon coeur, ayant du mal à se reprendre, si dresser un humain lui semblait une chose difficille mais possible, dresser un tigre... même les meilleurs prestidigitateurs se méfiaient toute leur vie de leur bête, une seconde d'innattention même avec ce qui pouvait sembler être le plus docile des tigres et il se peut que vous n'ayez plus de main ou de pied...

"-"Me" dresser ? Vraiment ? C'est ça que tu cherchais ? "

C'était sûrement une blague idiote, mais il posa les yeux sur son sexe érigé, trouvant ça assez drôle pour qu'il sourie en coin, faisant pulser sa verge à quelques reprises "volontairement" en forçant un peu dessus, laissant ses pointes de chair s'ériger et se redresser, érectiles à chaque nouvelle impulsion qui, rallongeaient l'ardeur et la virilité de ce membre tendu.

"-C'est une bien "maigre" consolation, je sais que ce n'est pas ce que tu essayais de "dresser"... Mais ne soit pas déçue... Sur ce point, au moins, ce fut un succès !"

Le tout fini par un clin d'oeil et une mine enjouée qui, apparemment laissaient penser qu'il ne mesurait pas toute l'étendue de la gravité de la situation, mais ses poignets et ses chevilles se tenaient prêtes en poussant légèrement sur ses fers, comprenant que lui "accorder" le seul honneur qu'elle pourrait lui rendre dans cette situation signifiait sans doute mettre un point final à ses souffrances, dans d'autres circonstances il l'aurait accepté sans même broncher ni ciller, il trouvait ça rapide quand même... Elle n'avait pas beaucoup insisté pour tenter d'en faire sa "chose" à peine une journée et une demie et elle abandonnait déjà tout espoir... Elle était défaitiste, où trop réaliste, même si ce qu'elle lui avait fait subir fut d'une douleur physique intense elle avait peut être ommis de jouer avec ses propres sentiments pour lui rabattre son caquet, le pousser à bout en le traitant de façon méprisante comme le dernier des monstres qu'il croyait être, ça... à force... ça aurait très certainement pu fonctionner.

Ses yeux ne quittèrent plus les mouvements de l'Agiel alors que Denna s'était reculée d'un pas, il lui suffirait d'un pas... rapide sur le coté... il s'écorcherait probablement un peu la peau en sortant rapidement de ses fers mais, ça restait jouable... Pourvu qu'il ne soit pas trop engourdi, il avait bien fait de se dégourdir les jambes en tournant en rond dans la pièce, il levait les talons, se tenant prêt, en anticipant son prochain geste, qui ne tarda pas lorsqu'elle se tourna subitement vers lui, quand ses épaules se redirigèrent vers lui c'était le signal, elle allait frapper, d'une agilité et une rapidité qui n'avait pour justification que sa félinité latente, Khaléo s'extirpa de ses fers en s'écorchant la peau des chevilles et des poignets, juste assez vite pour esquiver le plus gros du choc, l'Agiel avait tout de même glissé sur le profil de ses pectoraux échappant à la trajectoire de justesse, l'un de ses bras s'enroula autour de celui qui tenait son arme tandis que ses jambes cherchaient déjà à s'insinuer entre les siennes.

La torsion infligée à son bras et son poignet par sa main n'était pas seulement douloureuse elle tordait également ses tendons qui, permirent d'entrouvrir ses doigts et laisser tomber son Agiel par terre, sa seconde main était partie se saisir de l'autre membre de Denna, les joignant toutes deux dans son dos pour effectuer une clef de bras assez classique et simple mais, toujours très efficace.

"-GRrrr... Ce n'est pas passé loin... Tu comptais réellement me tuer ?! Et tu n'aurais pas hésité une seconde n'est ce pas ?"

Le félin ne lésinait pas dans la force déployée pour lui restreindre les mouvements de ses membres ou les lui tordre, à la limite de la rupture ligamentaire, il frappa son talon contre ses pieds entre ses jambes afin de les écarter avant d'enlaçer ses propres jambes autour de ses cuisses, repassant avec ses pieds par l'intérieur de ces dernières pour que la tranche extérieure de la plante de ses pieds touche et, écartes souplement ses jambes, le supplice n'était pas tant dans l'écartement de ses jambes, mais l'était plus dans la "torsion" de ses cuisses par rapport à ses hanches en plus d'être écartées.

"-Ca se voit à ton regard de cinglée que tu as vraiment... un... putain de problème, malheureusement je n'ai peut être pas le temps... de m'en occuper sérieusement."

Il commençait à apprécier cette étreinte restrictive et douloureuse pour Denna, qui se voulait d'une sensualité sous entendue tant par le contact serré de ses différents membres qui en résultait que par la poigne ferme et puissante qui la retenait, s'amusant à raffermir ou adoucir tantôt sa poigne, tantôt la souplesse qu'il imposait à son corps de suivre avec le sien, tordant même son dos parfois vers l'arrière, il lui arrivait d'ajouter la caresse sillonnée des griffes de sa main gauche sur le cuir de son ventre tendu à l'extrême lorsqu'il savait qu'il la tordait aux limites que la souplesse de son corps lui imposait, il n'arrivait pas à croire encore, qu'il l'avait, là... Entre ses griffes... dans ce qu'il appellait l'étreinte du "tigre"... Il se faisait dure violence et raisonnable pitié pour ne pas s'en prendre à elle et épancher toute sa colère, même si la "bête" cette foutue charogne en lui, lui susurait à l'oreille bien des idées de vengeance.

Il approcha son visage de son oreille, un sourire satisfait sur ses lèvres, et une voix mêlée de ronronnements qui rendaient sa voix bien plus suave et rauque a l'écoute de Denna :

"-Qu'est ce que tu en dis ? Si je te fais donner des ordres afin qu'on te laisse tranquille jusqu'a demain... Il y a de fortes... chances... que..."

Sa queue de tigre s'ajouta au ballet des membres fermement aggripés, il lui arrivait aussi de laisser les griffes de ses orteils glisser sur ses chevilles en remontant parfois l'une, puis l'autre jambe entre les siennes, usant et ... abusant parfois de son propre poids pour la faire "plier" et se tordre sur le coté, ou vers l'arrière, mais jamais vers l'avant afin de ne pas lui offrir du répit, savourant la sappe de force physique qu'il lui imposait en jouant, en défiant sa force musculaire, sa souplesse avec la sienne, en menant une danse aussi dangereuse et épuisante qu'exotique, donc c'est un peu à la manière d'un serpent accompagnant les diverses contorsion de son corps, épousant le cuir de son entrejambe pour glisser, épouser les formes grâcieuses, les vallons et les rebonds de son bas ventre, les lignes de son ventre avant de rebondir sur ses côtes... hésitante elle semble chercher un chemin quand elle se trouve confrontée aux rondeurs de ses seins, elle peut continuer gentiment entre ceux ci pour enfin atteindre ce qu'elle cherche vraiment... sa gorge.

"-...Que je puisse... RRrrhâââwRr... Te dispenser toute la "gratitude" que m'inspires les atrocités que tu m'as fait subir..."

"Elle" continua son oeuvre, comme si elle possédait sa volonté propre, sa queue de tigre s'enroula autour de sa gorge, la caressant de la base... aux coins de sa mâchoire, se délectant de sentir sa respiration se raréfier lorsqu'il resserres peu à peu l'étreinte de cette caresse, millimètres... par millimètres... Ooh... le doute... Il ne savait pas... Il n'était pas sûr... c'était sa seule chance de s'échapper... Devait il tenter le diable encore une fois ? Il finirait par l'user, cette chance... Il n'en aurait peut être pas d'autre non plus... les griffes de sa main gauche qui, caressaient jusque là ses hanches se dirigèrent vers sa bouche, vers ses propres lèvres pour qu'il mordille celle de l'index, indécis... impatient aussi... posant doucement sa joue sur celle de Denna, resserrant d'avantage l'étreinte de tous ses membres sur son corps, plaquant son corps complétement contre son dos, ses hanches contre ses fesses, son... "engin" remontant entre ses jambes, si dur qu'il arrivait à obliger le cuir à épouser les formes de son chibre quand il glissa de toute sa terrible longueur et épaisseur, et "monstrueuse" apparence, qui laissait rebondir ses rangées de belles pointes de chair, ses grappes de gros "raisins" râpeux contre son intimité qui, put soudainement lui sembler bien mal protégée de l'imposante "chose" et de ses aspérités, ses excroissances.

Si bien qu'elle pouvait aussi sentir la nervosité, la tension exacerbée dans le corps de Khaléo dans ses vaisseaux palpitants sous sa peau mais encore plus dans l'écho répercuté des jolies et épaisses veines tubeleuses qui, pulsaient si fort que par contact appuyé entre ses jambes elle était capable de sentir son coeur par répercussion qui mourraient en écho dans son corps, depuis ses lèvres qui accusaient le plus gros de chaque coup lourd de cette "basse"  à ses hanches, à son ventre chatouillé par la réverbération de ces pulsations, jusqu'a ses seins, qui, recevaient encore le moinre battement de son coeur de tigre, mais "filtré" par ses chairs, par la longue remontée depuis son intimité traversant son cuir, ses muscles, ses organes, battements puissants qui mourraient donc dans sa poitrine, comme finissent par mourrir les ondulations, les volutes à la surface d'un lac provoquées par la chute d'un énorme rocher en son centre, ce qui, donc, résultait en une remontée tardive, nette et visible de sa poitrine différée d'une seconde sur chaque "coup".

C'était dur de garder les idées claires alors qu'elle était juste... là... Il prit d'ailleurs une bonne grande bouffée de son odeur, frénétique, en posant son petit nez frais à différents endroits dans sa chevelure, il s'en rappellerait de cette odeur... de ce visage... il l'imprimait dans ses sens et, se jura qu'il l'aurait... sa douce vengeance.

"-Je vais partir d'ici... Si, si... tu m'as... bien entendu... je vais partir mais je ne vais pas le faire seul... non... Tu vas venir avec moi... Je suis loin... d'en avoir fini avec toi... Alors... Nous avons deux solutions... Soit tu es une femme intelligente et tu me suis sans faire d'histoires... Ou tu me verrais..."

Il resserra l'étreinte de sa queue de tigre autour de sa gorge pour ne plus lui laisser que l'envergure d'une vulgaire "paille" fine pour respirer, et leva un genoux dans le centre de son dos pour lui mettre douloureusement à mal ce dernier, la laissant buller un peu entre ses lèvres et révulser les yeux pendant cette flexion et cet étranglement qu'il s'amusa à laisser trainer en longueur, s'amusant à attraper le lobe de son oreille entre ses jolies dents pointues et l'y faire délicatement "rouler" entre les dents du bas et celles du haut, ajoutant un frisson étrange à la "prise" qu'il lui imposait.

"-...Obligé de t'étrangler jusqu'à ce que tu en perdes conscience afin que tu sois docile, et vu ta tolérance à la douleur ça pourrait prendre longtemps... bien que tout un chacun ait besoin à un moment où à un autre d'oxygène, tu finirais quand même par tomber dans les pommes..."

Il relâcha doucement, et progressivement son étranglement sur sa "proie", mais n'oubliant à aucun moment de rassurer et sécuriser ses prises, toujours en opposition à la force des hanches, du ventre, du dos, des cuisses et des bras de sa "victime", qui perdait peu à peu ses forces.

"-...Si tu coopères... Tu as... la promesse que tu en sortiras vivante... et tu sauveras probablement beaucoup de vies, et qui sait... tu pourras même sauver la face en racontant que tu as été obligée de m'abattre loin des regards pour qu'on ne remette pas en question l'efficacité des Mord Sith... Nous serons... tous les deux gagnants, non ?"

Denna

E.S.P.er

       Denna fut surprise par l’attaque. En fait « surprise » était un mot bien faible devant l’effarement qui l’avait statufié au moment où son arme avait râpé contre la poitrine de l’homme qu’elle pensait condamné. Il s’était libéré… Impossible. Aussi sûr que le feu brule, il n’avait pas pu se libérer de ses fers. Sur le moment et malgré sa situation, elle aurait tout donné pour savoir comment il avait réussi ce coup là. Ses yeux écarquillés, ayant bien du mal à extérioriser ses émotions, vit Khaléo se jeter sur elle. Sa force était bien supérieure à la sienne et dans un corps à corps direct, elle avait peu de chance de triompher. Si on ajoutait en plus l’effet de surprise, elle n’avait strictement aucune chance. L’homme la mit donc rapidement sous son pouvoir, tordant ses articulations pour s’assurer sa soumission.

       Elle émit un léger cri qui était plus dû à la surprise qu’à la douleur qui lui vrillait les nerfs. Elle sentait les os de son épaule qui commençaient à se démettre légèrement, dû à la tension qu’on leur infligeait. Cette prise servait non seulement à l’immobiliser mais aussi à lui faire mal. Khaléo infligeait d’ailleurs le même traitement à ses jambes. La douleur était intense, mais la Mord-Sith en avait vu d’autre. Elle n’émit aucune plainte et se contenta de fermer les yeux aussi forts que possible, ne prenant même pas la peine de répondre à son tortionnaire. Elle l’aurait tué sans hésitation d’aucune sorte, et il aurait dû lui en être reconnaissant pour ça. La mort est douce lorsqu’on est un ennemi de l’empire et on devrait l’accueillir avec gratitude… à moins que l’on parvienne à s’échapper bien sûr.

       Khaléo continuait de la tordre dans tous les sens comme une poupée de chiffon. La Mord-Sith était très souple, mais souple ou pas, lorsqu’une articulation plie dans le mauvais sens, elle se brise. Le cuir de son uniforme émettait de longs grincements qui se faisaient les portes paroles des ligaments torturés. Denna poussa un soupir forcé alors qu’elle était tiré en arrière, de façon à se que son dos se torde. Ce ne fut pas la position la plus douloureuse car la Mord-Sith est une combattante qui mise tout sur sa souplesse, par contre sa respiration s’accéléra pour restreindre ses douloureux mouvements au minimum. Elle haletait presque, prenant de petites goulées d’air qu’elle recracha immédiatement.

       Son tortionnaire voulait se venger. Il ne semblait pas pressé de la tuer et ses paroles étaient on ne peut plus clairs. C’était largement compréhensible, mais torturer une Mord-Sith n’était pas ce qu’il y avait de plus simple et de plus gratifiant. Denna avait plus peur d’avoir échoué à sa mission que de mourir ou encore d’être torturé.
       La grande blonde sentit alors quelque chose remonter le long de son corps, ce n’était pas les mains de Khaléo qu’elle sentait se promener ici et là. C’était sans oublier la queue de tigre dont était pourvu le tigranthrope. Elle s’enroula autour de sa gorge et se mit à serrer. Finalement, peut-être qu’il voulait en finir vite avec elle, car Mord-Sith ou pas, elle avait autant besoin d’oxygène que tout le monde pour vivre. Pourtant, la mort ne venait pas. Un mince filet d’air s’infiltraient toujours dans ses poumons, la maintenant en vie de la façon la plus désagréable qui soi.

        Denna dans sa lente suffocation, sentit quelque chose qui venait se caler sur son entrejambe. La chaleur, la position et la forme ne laissait aucun doute sur l’identification de cette « chose ». Elle fut alors secouée d’un frisson glacé et tenta de se débattre. Un geste très symbolique car Denna ne pouvait pas bouger un millimètre de son corps sans se démettre une articulation. Sa mince combinaison de cuir ne la protégeait pas du contact de cette masse turgescente. La chaleur dispensée donnait même l’impression qu’elle touchait directement son intimité. La jeune fille se sentait nue, faible et profanée. Elle ne voulait pas être violée par une sale ordure de nexusien – la nationalité à laquelle elle pensait que Khaléo appartenait -. « Plutôt mourir que subir cet affront » se promit-elle tout en se débattant de plus belle. Ensuite, elle poussa finalement un petit gémissement de frustration et de désespoir, puis cessa enfin de se débattre, reconnaissant que ça ne servait à rien à part abimer ses membres.

       Denna avait les larmes aux yeux alors que Khaléo respirait en toute impunité sa chevelure. C’était des larmes de rage, car elle ne pouvait rien faire que subir. Cette impuissance la rendait furieuse et même les larmes n’étaient pas un exutoire suffisant. Pourtant, elle continuait à garder le silence. La jeune fille n’était pas du genre à hurler et à couvrir son bourreau d’insultes. S’il voulait abuser d’elle, il le ferait, et il n’aurait alors droit qu’à son mépris et son indifférence. Ce n’est pas comme si Denna en était à son premier viol, n’est-ce pas ? Elle pouvait bien en supporter un de plus dans cette longue série. C’est en effet ce qu’elle allait faire mais ça ne changerait rien au fait que c’était quelque chose d’avilissant et de dégradant. Mord-Sith ou pas, c’était un acte qui la marquait et qui la brisait toujours.

      Avec un peu de chance, Khaléo allait se contenter de la torturer. Peut-être qu’elle avait raison en pensait que c’était un homme droit et bon, mais elle ne se faisait pas trop d’illusion. Il n’avait aucune raison de se priver de ce qui pourrait blesser Denna plus profondément que n’importe laquelle de ses tortures vengeresses.
       C’est alors que les choses se compliquèrent par la jeune fille. La queue se resserra autour de sa gorge, à tel point que non seulement, elle ne pouvait presque plus respirer mais aussi que son sang peinait à se frayer un chemin dans sa jugulaire compressée. Khaléo lui proposa son marché qui pouvait se résumer très simplement : Soit elle le suivait comme une gentille fille, soit elle l’obligeait à la mettre hors d’état de nuire. Même pour un cerveau mal irrigué, la réponse ne faisait aucun doute. D’ailleurs, le corps de la jeune femme commençait à se ramollir entre les bras de Khaléo, ses paupières vacillaient devant ses yeux inutiles qui étaient constellé d’étoiles blanches dû au fait qu’ils n’étaient plus approvisionnés en sang. Denna sombra lentement jusqu’à ce que la prise se libère et qu’elle commence à se sentir un peu mieux. Elle ne semblait pas avoir perdu connaissance et reprenait peu à peu contact avec la réalité.

       Khaléo tentait de la convaincre de coopérer alors que sa décision était déjà prise. Elle ne croyait pas un mot de ce qu’il disait. Cet homme ne la libérerait jamais. C’était une tactique efficace pour s’assurer de sa bonne coopération, grâce à la promesse d’une liberté future. La Mord-Sith savait très bien qu’il la tuerait lorsqu’il aurait enfin assouvi ses envies de vengeances. Il n’y avait pas d’illusion à se faire sur ce point. Quant à sauver beaucoup de vie, elle s’en fichait pas mal.

       -Je me tiendrai tranquille, fit-elle d’une petite voix déformée par sa position. Mais cesse tes boniments. Ce n’est pas ma consœur que tu as capturé cette fois-ci. Je t’écraserai une fois de plus.

       Sur cette promesse, Denna se tut de nouveau. Malgré qu’elle ait assuré sa coopération à son ancien prisonnier, elle profitera de la moindre occasion « réelle » de pouvoir s’échapper. Finalement, il aurait mieux fait de l’assommer, elle aurait été beaucoup moins dangereuse. Cependant, elle tint tout de même sa promesse et évitait de trainer les pieds en hurlant à la garde. Par contre, elle était curieuse de la façon dont il allait l’obliger à donner des ordres à ses hommes. Elle préférait mourir avec Khaléo plutôt que l’aider directement à s’échapper. Le mercenaire avait plutôt intérêt à sortir en toute discrétion.
La pire cruauté naît de l'amour le plus profond

Khaléo

Terranide

 -Je me tiendrai tranquille, Mais cesse tes boniments. Ce n’est pas ma consœur que tu as capturé cette fois-ci. Je t’écraserai une fois de plus.

"-Charmante... une fois de plus... C'est un véritable "plaisir" - mot chargé d'ironie - que d'entendre à nouveau votre voix."

Khaléo relâchait peu à peu la pression sur ses membres tordus, les ramenant progressivement à leurs positions d'origine, doucement... sans brusquerie... laissant également le dos de Denna se redresser depuis la courbure qu'il lui avait imposée, soulageant son corps de toute cette mauvaise tention, il dégagea même son "chibre" d'entre ses jambes, même si, après tout c'était bel et bien sa faute à elle s'il était nu, elle n'avait qu'à s'en prendre à elle même si elle s'estimait salie par le contact de cette partie de son anatomie sur son corps, lui faire confiance ? Eh bien disons qu'il n'avait pas d'autre choix en ce moment, il se mit à réfléchir, et tandis qu'il était en proie à ses raisonnements sa colère s'estompait, ses doigts s'entrouvrirent, ses jambes glissèrent entre les siennes pour enfin lui rendre sa liberté.

"-...Contrairement à toi mes paroles sont rarement vaines... et je les pèses. Vous avez la mémoire drôlement courte, J'aurai pu vous tuer... Tout comme j'aurai pu tuer Berdine malgré les sacrés "problèmes" qu'elle m'à causé, je ne peux pas vous offrir de meilleure "garantie" sur ma bonne foi et vos chances de survie."

Il prit son poignet et l'emmena d'un pas décidé dans le salon, posant les yeux sur ses affaires, bien... déjà... il allait exiger qu'elle lui "rende" quelque chose... Puisqu'elle s'était permise de le déshabiller et le déposséder de quelque chose d'important tout de même à ses yeux, il voulait qu'elle pose un acte symbolique avant d'aller plus loin, mais celà servait deux buts, celui d'une petite revanche bien légitime, et l'autre, la tenir occupée et sous sa surveillance, il la retourna vers lui en empoignant ses épaules, une mine ombrageuse, sérieuse et sévère sur le visage :

"-On va commencer par me rendre une chose importante que tu m'as arrachée... même si je ne suis qu'une créature méprisable à tes yeux, je veux que tu me rendes ma putain de pudeur et ma dignité ! Tu as bien compris ?!"

Dit il en la secouant énergiquement en la maintenant de ses deux mains sur ses épaules, ça avait eu l'air d'une sévère engueulade, presque "paternelle" sur les bords, mais il ne rigolait absolument pas, il la poussa ensuite vers ses affaires, sa voix était brisée par la colère, une colère juste, de droit.

"-Parfaitement... Tu as compris, inutile de faire ces yeux là, donc, avant toute chose, tu vas me rhabiller."

Son pantalon était déjà au sol, parfait, il l'enjamba pour poser chacun de ses pieds dans l'ouverture de chaque jambe du pantalon, il n'en ferait pas plus, elle devrait faire le reste, son regard était toujours sérieux et posé sur ses yeux, il n'y avait pas de sourire, ça n'avait rien de drôle ni d'un caprice ou quelque chose d'excentrique pour lui, la présence impérieuse et sévère de son regard en disait long sur l'état d'esprit dans lequel celà avait été demandé, il voulait qu'elle lui rende au moins "ça" pour qu'il puisse à nouveau rétablir une partie du respect et de la dignité qu'elle lui avait volée en le torturant.

"-Ne me fait pas l'affront de te plaindre, n'ose même pas prononcer un mot pendant que tu le feras... Je veux que tu le fasses, point, n'y cherche pas d'autre signification que celle de me rendre ce que tu m'as pris."

Il attendit là, écartant légèrement les bras au cas où ils la gêneraient dans sa tâche, comme dit précédemment, c'était plus symbolique pour lui qu'autre chose, peut être que celà écorcherait un peu la fierté de Denna, mais qu'en était il de la sienne ? Elle n'y réfléchissait pas, bien sûr la souffrance d'autrui n'avait absolument aucune importance à ses yeux, lui avait on jamais demandé d'essayer de "réparer" ce qu'elle avait fait un jour à un homme qu'elle avait détruit ? Non... C'est sans doute bien la première fois qu'on lui demandait quelque chose de cet ordre... En espérant que celà provoques un quelconque "déclic" dans son cerveau, que ce geste la fasse réfléchir, c'était peut être trop demander, mais pour lui, c'était la moindre des choses, vraiment, après ce qu'elle lui avait fait, c'était le moindre respect qu'elle pouvait lui rendre, quelque part, on aurait pu dire que c'était également motivé par une partie de sa "pitié", peut être était ce pour lui l'un des seuls moyens à sa disposition pour essayer de lui faire comprendre la gravité des actes qu'elle avait pu poser, c'était beau de rêver, peut être un peu trop "idéaliste" sur le coup.

"-Ne me fait pas trop attendre... Où tu rateras peut être la seule occasion qui te sera offerte d'apaiser un peu ma colère."

[ Désolé, un peu court mais c'est du domaine de l'interaction. ]

Denna

E.S.P.er

[ Tout à fait ]

       Denna sentit avec soulagement ses articulations se libérer. Doucement et sans geste brusque, comme un serpent que se désintéresse subitement de sa proie, Khaléo relâcha son étreinte. Une fois libre, elle hésita à ramasser son Agiel et à se battre, mais elle avait peu de chance de gagner. Son adversaire était sans doute aussi souple qu’elle, bien plus fort et plus rapide. Le combat était trop inégal. Elle abandonna donc cette idée mais ne pu lâcher son arme des yeux.

       Les propos de Khaléo piquèrent quand même la curiosité de la Mord-Sith. Qu’avait-elle pu dire qui soit vain ? Elle contait bien le tuer à la première occasion et il ferait une grossière erreur s’il ne la prenait pas au sérieux sur ce point. Pour Berdine, elle ne l’avait pas vu de ses propres yeux, mais elle n’avait aucune raison de mettre sa parole en doute en ce qui la concerne. Pourtant, elle était plus encline à le croire même si elle refusait de s’empoisonner l’esprit avec des espoirs ridicules et sans réels valeurs. Quelle importance qu’elle meurt ? Ce n’était pas aussi grave que ça finalement.

       Denna fut emportée dans le salon, offrant une résistance symbolique, comme si un aimant invisible la retenait dans la chambre. Elle gardait les yeux fixée sur la tige de cuir abandonnée et déglutit difficilement en voyant qu’elle s’en éloignait. La jeune fille dut cependant accorder son attention à Khaléo qui la secouant comme un prunier en exigent qu’elle lui rende sa pudeur et sa dignité…
       C’était compréhensible, mais elle lui jeta tout de même un regard surpris. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu’il voulait qu’elle fasse. Sa dignité, elle avait voulu la détruire, alors la lui rendre  c’était au-delà de ses compétences. Mais Denna n’eut pas à chercher longtemps car Khaléo lui donnait déjà la solution de l’énigme. Sa surprise s’accentua d’autant plus. Le rhabiller ? Pourquoi faire ? Il n’avait qu’à le faire lui-même. La Mord-Sith ne voyait pas comment il pouvait regagner sa dignité en prenant la sienne, car pour elle cet acte n’avait d’autre but que de l’humilier.

       Habiller un homme, ce n’était pas la première fois qu’elle le faisait. On le lui demandait parfois pour qu’elle garde à l’esprit qu’elle n’est qu’une esclave sans valeur, qui était tout aussi bonne en tant que servante docile que tortionnaire ou commandante. La symbolique de l’acte passait bien au-dessus de la tête de Denna. Elle si pragmatique et hermétique, ne pouvait pas comprendre ce que « refaire ce qui a été défait » pouvait signifier pour un homme torturé. Elle s’attela pourtant à la tache sans un mot. Quant à sa fierté, la jeune fille en avait vu d’autre.

       Elle s’agenouilla donc sans gêne devant Khaléo, sans que cela lui arrache un rictus de mécontentement. L’humiliation était monnaie courante pour elle et elle se félicitait intérieurement qu’il n’exige que cela pour le moment. La servante attrapa les bords du pantalon et se releva en le faisant glisser sur les jambes musclés, mais pourtant tout en longueur. Une fois sur les hanches, elle serra délicatement et le boutonna. Ses gestes n’étaient pas agressives et désagréables pour montrer une quelconque rébellion quant à son travail peu prestigieux. Elle était au contraire plutôt douce, mais rapide et efficace, les yeux toujours baissés sur ce qu’elle faisait, comme elle le ferait avec son seigneur.
       Denna prit une pile de vêtements qu’elle posa sur la table du salon et commença à les enfiler dans l’ordre. D’abord le chainse en lin qui servait de sous-vêtements, puis un fin doublet de coton qui faisait office d’écran anti-froid. Elle s’attaqua ensuite aux divers pièces de cuirs avec une dextérité née de l’habitude. Canons, tassettes et plastron furent fixés sans doute trois fois plus vite que si Khaléo avait dû le faire seul. Denna s’activa ensuite à disposer les différentes pièces de métal, les identifiant d’un seul coup d’œil et les assemblant avec toujours la même habileté. Lorsqu’elle eut attaché les spallières de plates, elle recouvrit le tout d’une longue cape noir aux bordures usées. Elle passa ensuite ses mains sur le col pour réajuster le tout, plus par soucie de provocation que par volonté de bien faire. Pourtant, elle ne disait toujours rien et lorsque ses mires noisette passaient accidentellement sur les yeux fauves de Khaléo, elle était toujours la première à détourner le regard.

        -C’est fait, constata-t-elle lorsque tout était en place.

       Son office terminé, elle recula d’un pas et observa Khaléo. Il était très élégant mais la Mord-Sith avait autre chose à penser en ce moment. Elle n’avait toujours pas oublié que son artefact trainait par terre. S’il y avait bien quelque chose à laquelle elle tenait sur cette terre, c’était ce morceau de cuir, mais pas pour une raison évidente qui serait qu’un soldat ne se sépare jamais de son épée, non. L’Agiel avait une valeur sentimentale. C’était lui qui avait servi à la briser. Pendant toute sa formation, elle l’avait haï, combattu et finalement vaincu. On le lui avait donné et elle était enfin devenue Mord-Sith pour symboliser sa victoire sur la douleur et la domination de cet art. L’Agiel était la seule chose qui restait d’elle. Sans lui, elle n’était plus une Mord-Sith, et si elle n’était plus une Mord-Sith alors elle n’est plus rien du tout, car on s’était bien assuré qu’il ne reste rien d’autre.

       -Je ne partirai pas sans mon arme, déclara-t-elle d’une voix ferme.

       Tout en parlant, elle s’éloigna de Khaléo pour qu’elle puisse avoir un temps de réaction avant qu’il ne choisisse de lui sauter dessus plutôt qu’écouter ce qu’il pouvait, à juste titre, qualifier de caprice. Pourtant, ce n’en était pas un.

       -J’ai fait ce que tu voulais sans rechigner, plaida-t-elle. Je refuse d’abandonner mon Agiel. Prends-le avec toi si ça te fait plaisir, mais je préfère mourir plutôt que le laisser là.

       Si Khaléo pensait toujours que les paroles de Denna étaient vaines, il n’avait qu’à lui imposer un refus. Malheureusement pour elle, il ne savait pas ce que la tige de cuir représentait au-delà du fait qu’elle était maléfique, et il y avait de forte chance qu’il pense que Denna faisait un caprice ridicule ou qu’elle tente de s’armer pour lui échapper plus tard. Pourtant, ses yeux brillaient de détermination mais aussi de peur à l’idée que cet homme puisse l’éloigner de son précieux symbole.
« Modifié: mardi 07 décembre 2010, 12:33:26 par Denna »
La pire cruauté naît de l'amour le plus profond


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