Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre > Complexe d'études secondaires et supérieures

Am stram... Ah non, pas gram (pv Oliver)

(1/1)

Sam:
La cloche du lycée retentit. Fin des cours? Presque. Pause midi. Les mains en oreiller derrière la tête, Sam sortit de la salle, confondue dans le flot des élèves. Avec ses new-rocks noires et violettes, son micro short à la ceinture cloutée et son haut en résille avec sa seule lingerie, noire, dessous, elle avait de quoi détonner. Mais ça ne semblait pas la gêner. Pas plus que d'avoir les cheveux entièrement noirs ainsi qu'une unique mèche violette, qui venait de temps à autre manger l'un de ses yeux au bleu iridescent. C'est certain que, dans le lycée de Seikusu, elle ne passait pas inaperçue. Sans compter, au-delà de ça, qu'elle était un peu plus grande que la moyenne.

Néanmoins, ce qui était notable chez Sam, c'était sa nonchalance. Elle se baladait dans les couloirs du lycée comme dans un terrain conquis. En même temps, elle n'y était pas scolarisée, et les pauvres enseignants et principal, qui se donnaient la peine d'appeler parfois la police, étaient désespérés que toujours le même grand homme aux cheveux blancs l'embarque sur son épaule, sous les protestations de l'interpellée et les promesses de ce dernier qu'elle ne reviendrait pas, alors qu'elle revenait toujours. C'était très amusant comme ironie puisque la plupart des jeunes n'ont jamais autant aimé venir au lycée qu'une fois qu'ils n'ont plus besoin d'y aller. Car en effet, Sam n'avait plus besoin d'aller en cours. Elle avait son diplôme. Elle pouvait travailler si elle le voulait, faire des études supérieures même de par les notes excellentes qu'elle avait eues. Mais non, elle, elle s'en foutait. Ce qu'elle voulait, c'était faire chier le monde. Parfois elle y arrivait mieux que d'autres. Pour ce cours là par exemple, des maths, elle s'était tenue à carreau, parce qu'elle avait toujours aimé les maths. Comme elle aimait l'histoire ou encore la physique. Par contre, si ç'avait été un cours de Géo-politique... Jamais le professeur n'aurait pu tenir sa classe tant la jeune femme y aurait mis son grain de sel! Et plutôt deux fois qu'une. Mais là, c'était tranquille. Quelques exos, sur les transformées de Laplace. Un jeu d'enfant. Elle avait même eu droit à un "Au plaisir de vous revoir mademoiselle!" du professeur, ce qui l'avait fait doucement rire. Si le hasard voulait qu'effectivement elle retourne dans la classe de ce professeur, il valait mieux pour lui qu'il ne choisisse pas de leur faire travailler un chapitre de géométrie... Parce que la musique de Sam à serait oreilles serait nettement moins douce que "Distributivité et linéarité de L-1". C'était certain.

Quoiqu'il en soit, ils n'en étaient pas encore là. Et avant d'aller piquer le déjeuner de quelqu'un au self, la jeune femme avait besoin d'une clope. Elle se dirigea donc à contre-courant une habitude pour elle, à rollers... Parce que mademoiselle avait des tennis rollers, auxquelles elle avait enfilé les roulettes juste avant la sonnerie, en écartant tous ceux qui osaient se mettre dans son chemin, sans se soucier de qui elle bousculait et de qui elle ne bousculait pas. Elle sauta les quelques marches de l'entrée et ne s'arrêta qu'en bordure de l'école, s'appuyant contre le muret avec cette même nonchalance insolente. Une fois installée, elle sortit son zippo et une cigarette de son paquet, situé dans sa poche, pour la porter à sa bouche. Elle l'alluma et inspira une grande bouffée de son tube cancérigène, rejetant la tête en arrière en soupirant d'aise, recrachant du même coup la fumée blanche qui venait de faire un petit tour dans ses poumons.

Le soleil cognait un peu, mais pas trop, quoiqu'assez pour gêner la jeune femme. Elle coinça alors la cigarette entre ses lèvres et défit les couettes qui retenaient ses cheveux pour qu'ils tombent, épars, sur ses épaules. C'était mieux ainsi. Une de ses jambes se croisa sur l'autre, tandis qu'elle inspirait une nouvelle bouffée, pour mieux l'expirer sur le bout rougeoyant de son clou de cercueil.

"Toi et moi... C'est à la vie, mais surtout à la mort. Hein saloperie?"

Toute en finesse. Made in Sam, il n'y avait rien de plus à en dire.

Oliver Ford:
Un soleil dense irriguait le ciel, perçant de larges nuages sous formes de traînées lumineuses épaisses et, effet de loupe oblige, embrasait la pièce, faisant peser au sein de la salle de cours une atmosphère tant lasse que lourde. Ni simple bavardage ni réel chahut, personne ici-bas ne parlait, à l’exception du professeur qui semblait lui-même peiner un peu plus à chaque mot qu’il laissait émerger du fond de ses cordes vocales avant que ceux-ci ne parviennent à trouver faible écho entre ces murs. Dans le fond de la pièce, reposé par l’ombre d’une colonne de béton, Oliver roupillait. Certes il avait bien essayé de rester éveillé le temps de son dernier cours de la matinée ; il aurait pu s’adonner à son activité favorite et plonger son regard de l’autre côté des fenêtres, observer le décor et se rêver ailleurs, mais le soleil qui réchauffait l’extérieur en demeurant agréable élevait la température intérieure à une chaleur caniculaire, et les membres du jeune homme s’en étaient trouvés foudroyés d’engourdissement avant que ses paupières n’en viennent à se presser d’elles-même.

La cloche sonna enfin, libérant le garçon tant de sa torpeur que de sa cellule. Il se leva en silence et amassa ses affaires avant de sortir calmement de la pièce. Autour de lui, ils s’agitaient, le bruit déjà s’élevait et leurs pas pressés menaient leurs épaules et leurs bras à se choquer les uns aux autres sans qu’aucun ne daigne relever le regard, ralentir ou se poser. Ils avaient un lieu où se rendre. Cafétéria ou parc, par bandes d’amis ou groupes de travail, ils parlaient fort et marchaient vite, sans se soucier de ce qui les entourait. Sans se soucier de la veille ou du lendemain. Il lui sembla alors, soudainement, être en dehors de tout. Appartenir à un autre monde, une nouvelle dimension. Ils marchaient vite, avaient un endroit où se rendre. Lui s’en foutait. Il avait le temps. Plus rien n’avait réellement d’importance. Il se moquait de rejoindre la cantine au plus tôt. Il était là, dans ces couloirs, au coeur de cette foule, mais il avait l’étrange impression qu’il était ailleurs. Ici, mais aussi ailleurs. Il eut alors cette impression qu’il aurait pu continuer d’avancer à un rythme différent, reculer ou simplement s’arrêter, sans que cela ne gène personne. Il leur serait passé en travers. Impression de ne plus être corps, mais simple esprit. Impression furtive, rapidement évincée par le coup d’épaule maladroit, accidentellement asséné par un gamin brusque et pressé. Retour à la réalité sans réelle importance. Dans les couloirs du lycée, un gamin obèse dormait debout, adossé contre la garde des escaliers, sa casquette râpée couvrant le haut de son visage, retombant sur son nez. Il n’était pas le seul à ne pas être pressé. Il n’était plus le seul à avoir le temps ; et ça lui allait.

Ses pas finirent par le mener aux portes du bâtiments, le délivrant de cet air embrasé pour rejoindre l’extérieur quelque peu plus frais. Le soleil cognait aussi fort en dehors qu’en dedans mais un vent léger venait apporter à l’atmosphère une légèreté nouvelle la rendant plus supportable. Relevant son regard vers le ciel, il vit des nuages d’un blanc si pur et d’une épaisseur telle qu’il aurait voulu leur grimper dessus pour en dévorer la crème fouettée. Il vit quelques moucherons qui volaient là, témoignant du retour de la chaleur des beaux jours. Il vit le vent imprégner les brins d’herbes, agiter les quelques tiges de plantes sauvages et, plus haut, caresser les feuilles solides d’un cerisier. Il observa trois petits oiseaux se pavaner sur une frêle branche. Alors, Oliver plaça entre ses lèvres une cigarette et fouilla dans ses poches à la recherche d’une cigarette, ne quittant ces trois petits oiseaux des yeux, sans ne prendre la peine de cesser son avancée.

Sa marche l’avait conduit au portail de l’établissement lorsqu’il trouva enfin un briquet au fond de la poche intérieure de sa veste. Il en craqua la pierre mais l’étincelle n’embrasa rien. Il suffit d’un rien pour qu’un système, aussi élaboré soit-il, manque à son fonctionnement. D’un rien ou d’un manque. Plus de gaz dans le jetable, Oliver l’envoya éclater au loin dans une légère détonation ponctuée d’une faible explosion. Peut-être qu’après tout, y demeurait un fond de gaz. Cigarette entre les lèvres sans plus de feu pour embraser, le jeune homme observa rapidement autour de lui avant d’apercevoir une jeune femme à quelques pas de lui.

Certes il n’était arrivé en ces lieux que depuis bien peu de temps mais il s’était assuré avoir déjà posé son regard sur chaque visage de ces lieux, aussi se trouva-t-il étonné de ne pas l’avoir remarquée plus tôt. Avec ses cheveux incroyables, son visage mutin, son corps enflammé et sa tenue des moins conformes — ce qui n’était somme toute pas pour lui déplaire, au contraire — s’il lui avait été donné d’un jour croiser la fille, assurément s’en serait-il souvenu. Oui, de toute évidence, c’était bien la première fois qu’elle se présentait à son regard. Il avança des quelques pas qui lui manquaient en sa direction pour s’apercevoir qu’elle n’avait rien d’une orientale. Avec un peu de chance il s’agissait là d’une compatriote, aussi se risqua-t-il à s’adresser à elle dans son anglais particulier, accentué de traits précis par ses origines du quartier New-Yorkais le plus craignos qui soit, Hell’s Kitchen.

« Excusez-moi, auriez-vous du feu ? »

Et une minute ou deux... Après tout, pourquoi pas ? Oui, cette première impression se confirmait ; la jeune fille l’intriguait assez.

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