Plan de Terra > Les contrées du Chaos

Voyage imprévu [Marguerite, Shamir & Daraen]

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Marguerite Clairbois:
Nous sommes au milieu d'une belle journée printanière. Marguerite, jeune et honnête paysanne, se tient au bord du petit cours d'eau tranquille qui borde le village. Elle est vêtue d'une robe de lin toute simple qui enserre une silhouette joliment découpé, ses cheveux châtains retenus en un chignon désordonné. Son visage est éclairé par un sourire radieux alors qu'elle frotte vigoureusement le linge contre une pierre lisse, créant des éclaboussures d'eau savonneuse autour d'elle. Une corvée simple mais indispensable, qui demande un coup de bras vigoureux !

Soudain, le saut inattendu d'une truite crevant la surface la fait sursauter ! La jeunette pousse un cri de surprise et son sursaut lui fait perdre l'équilibre, tombant à à quatre pattes dans l'eau avec un cri étouffé. L'eau est peu profonde, mais le choc la surprend, et elle se retrouve submergée pendant une brève seconde, les yeux brûlants de savon. Provisoirement aveuglée, elle se débat dans le courant et lutte pour retrouver sa position debout en dépit des pierres glissantes.

Elle parvient tant bien que mal à retourner jusqu'à la berge, aveuglée et éclaboussée, le cœur battant la chamade. Elle se laisse tomber à quatre pattes le temps de retrouver ses sens ... mais quelque chose ne va pas. La texture sous ses mains n'est pas celle du talus herbeux auquel elle s'attendait. Au contraire, c'est une surface dure et lisse qui lui donne une sensation incongrue. Et à bien y regarder ... c'est toute l'ambiance autour d'elle qui a changé.

Elle se frotte les yeux et finit par réussir à entrouvrir les paupières. A travers ses yeux rougis et embués de larmes, Marguerite réalise lentement ce qui lui arrive. Elle est frappée par le changement radical de paysage. Les arbres familiers de la berge ont disparu, remplacés par des murs. Elle est désormais en intérieur, dans un espace bien trop grand pour qu'elle puisse en distinguer les détails avec sa vision floutée. Avec sa robe de lin partiellement trempée qui colle à ses formes plutôt plaisantes, la jeune paysanne se retrouve ainsi dans un endroit totalement inconnu, son linge mouillé et ses accessoires de lessive dispersés sur le plancher autour d'elle

Animée d'une crainte superstitieuse face à la manifestation d'un pouvoir incompris, elle s'exclame.

- Par tous les Saints, où suis-je ? Que s'est il passé ?!!

Hôtel ElemHunt:
PoV Shamir :
Cela fait longtemps que je suis venu à Terra. La dernière fois remonte à déjà plusieurs mois. C’est un peu ironique lorsqu’on sait pourtant que je peux naviguer entre Terre et Terra en une fraction de seconde. Mais je ne prends tout simplement pas le temps de le faire. À vrai, je ne voyage pas tant que cela bien que je passe souvent mes journées dehors sur Terre. Non pas que je n’apprécie pas Terra, c’est juste… comme ça, je suppose.

Alors, pour une fois, j’ai décidé de me rendre dans ce monde qui m’est tant inconnu. Celica passe énormément de temps de ce côté-ci et m’en parle souvent en bien, que c’est une terre d’aventures et d’amusements. Elle m’a cependant mise en garde sur les mentalités du coin. Je ne sais pas spécialement à quoi m'attendre mais je ne le saurais qu'en expérimentant après tout. Enfin tout ça, c'était le programme prévu à la base. Portail vers Terra, sortie de l’auberge, me promener dans ces contrées inconnues, rentrer, c’était tout ce qu’il y a de plus simple et pourtant, tout ne va pas se passer comme prévu.

En effet, je suis à l’étage, dans une de nos chambres aménagées pour membre du ElemHunt, prête à sortir quand j’entends soudainement un boum provenant … de la chambre en face. Curieuse, je m’y rends afin de savoir ce qui a fait ce bruit, d’autant plus que rien ni personne n’est censé venir dans cette partie de notre auberge et je constate qu’une femme se trouve dans la pièce, totalement trempée, avec des vêtements qui le sont tout autant et à moitié lessivé ainsi qu’une grande flaque d’eau autour d’elle. Il ne me faut pas longtemps pour comprendre qu’elle semble perdue, peut-être un peu perturbée mais bien plus pour comprendre ce qu’elle fait là. Tout aussi est décidément bien étrange. J’entre dans la pièce, refermant derrière moi et approche de cette étrange demoiselle, lui tendant une main salvatrice :

- Vous allez bien Mademoiselle ? Vous n’avez pas froid ainsi trempée ?

Je ne souhaite pas la brusquer ou l’effrayer en lui demandant directement ce qu’elle fait là. Avant toute chose, je veux savoir si elle va bien.

Marguerite Clairbois:
Une chambre. C'est à cela que ressemble la pièce. Une femme entre, un peu précipitamment. Elle a l'air toute aussi surprise que Marguerite de la trouver là. Malgré un accoutrement très incongru aux yeux de Marguerite, la jeune femme parait sincèrement inquiète et c'est sans méfiance vis à vis d'elle qu'elle lui répond.

- Je ... je ne comprend pas. Où sommes nous ? Qui êtes vous ... ?

Elle se redresse, pieds nus sur le plancher mouillé. Bras serrés autour de son corps mouillé et tresse pendante sur le côté de son visage, elle tourne sur elle même pour découvrir dans quel cadre elles se retrouvent. Jamais la pauvre paysanne n'a vu d'endroit si luxueux dans sa vie.

- Je ... je lavais mon linge à la rivière ! C'est ... c'est de la sorcellerie !

La jeunette parait catastrophée par ce constat.

La jeune femme qui se présente devant elle a sans doutes raison de s'inquiéter de son état car en dépit de la température ambiante relativement clémente, la paysanne frissonne. Elle n'avait pas immédiatement répondu mais finit par avouer du bout des lèvres.

- Un peu ...

Mais que peut-elle y faire de toutes façons ... ? Ses vêtements de rechange gisent autour d'elle au sol et ils sont tous trempés. La pauvrette avise ses affaires éparpillées autour d'elle et sans vraiment savoir pourquoi, la pauvrette commence à rassembler les affaires. Seau, brosse, sous-vêtements mouillé, elle récupère ses maigres possessions dans le baquet en bois qu'elle récupère et tient serré contre elle.

Hôtel ElemHunt:
PoV Shamir :
Les questions qui suivent mon approche de la demoiselle ne font que confirmer mes soupçons. Elle est réellement perturbée. Quant à la raison, elle me paraît parfaitement clair lorsqu’elle reprend la parole. Elle lavait son linge puis s’est retrouvée ici. Cela ne laisse en évidence qu’une seule possibilité : ElemHunt l’a ramené ici de lui-même, ce qui n’est pas du tout normal. Je peux sentir de la peur dans son comportement, ce qui est hautement compréhensible. Pour les habitants de Terra, ce qui vient de se passer n’a rien de normal. Je me trouve alors dans une situation plutôt complexe. Je n’ai pas le charisme d’Ishtar, ni l’éloquence de Kvasir ou encore moins la douceur de Yunaka ou le calme de Daraen. Je ne suis que moi et ce qui se présente sous mes yeux a tout l’air d’une possible situation de crise si je n’arrive pas à gérer cela rapidement. Mais comment faire ? Je n’ai pas les compétences pour ce genre de chose, le relationnel n’a jamais vraiment été mon fort. En revanche, je sais m’occuper des gens et je remarque qu’elle commence à frissonner, m’avouant son mal être. L’ocre de mes yeux la détaille tandis qu’un doux sourire s’affiche sur mes lèvres.

- Je comprends que vous soyez apeurée mais je peux vous faire la promesse que je ne vous veux aucun mal. Si vous me le permettez, je vais aller chercher de quoi vous réchauffer. Je vous recommande de ne pas chercher à sortir d’ici, vous pourriez vous perdre. Je m’apprête à quitter la pièce lorsque je remarque un détail. Shamir. C’est mon nom.

Puis je disparais. Les autres m’ont dit que dévoiler son identité peut aider à créer un contact amical. Je fouille un peu l’étage, prenant une couverture pouvant servir de plaide, préparant de l’eau pour du thé et attrapant quelques gâteaux à manger. J’en profite aussi pour envoyer un message à Daraen pour qu’il me rejoigne, je sais que lui saura gérer la situation.

- Problème ElemHunt Terra. Intrus téléporté. Besoin de toi.

Je retourne ensuite d’où je viens après une bonne dizaine de minutes quand même, plateau en main et couverture sur l’épaule. Je dépose ensuite le plateau sur une commode, prenant le linge et le tendant à cette femme.

- Tenez, j’ai pris cela pour vous réchauffer. Si vous le souhaitez, je peux récupérer vos habits pour les mettre à sécher. J’ai aussi apporté une boisson chaude et quelques biscuits si vous en avez envie.

J’essaie de me montrer amicale et rassurante autant que possible en m’imaginant comment aurait agit mes amis. J’espère néanmoins que Daraen me rejoindra bientôt.

Marguerite Clairbois:
Effrayée, Marguerite déglutit lorsque la femme lui "conseille" de ne pas chercher à sortir de la pièce et se hâte de vivement hocher la tête. Elle ne sait pas s'il s'agit d'un conseil bienveillant ou d'un ordre qui lui est donné. Son naturel docile et timoré prend le dessus sur toute velleité de vérifier par elle même les affirmations de la femme et elle reste ainsi, debout et immobile au milieu dans la pièce lorsque celle qui se présente comme Shamir lui annonce son intention de partir chercher de quoi la rechauffer.

Et elle se retrouve ainsi seule, au milieu de cette pièce au luxe intimidant. Elle termine de ramasser ses affaires dispersées et les presse contre elle, comme si la présence de ces babioles familières pouvaient lui être du moindre réconfort au milieu de cet endroit étrange.

Le temps passe lentement, et chaque minute semble étirée à l'infini alors qu'elle attend le retour de l'inconnue. Toujours pieds nus sur le sol froid, elle fait le tour de la pièce, scrutant avec appréhension par la fenêtre pour tenter de discerner quelque chose de familier. Mais tout ce qu'elle voit, c'est un paysage urbain inconnus et des rues cruellement désertes ...

Des pensées tourbillonnent dans son esprit, mêlées de crainte et de superstition. A-t-elle été ensorcelée ? Enlevée par magie ? La personne qui l'a secourue n'avait pourtant pas semblé mal intentionnée, mais elle n'avait pas non plus répondu à ses questions. La jeune femme fait les cent pas dans la pièce, sans oser toucher la moindre chose. C'est ainsi que la pauvre paysanne a toujours imaginé la chambre d'un prince et tout ici lui parait ... et bien ... bien trop beau pour elle ! Elle n'ose même pas s'asseoir ni sur le magnifique siège capitonné, ni sur le superbe drap fait d'une étoffe comme elle n'en a jamais vu.

Lorsque la porte s'ouvre de nouveau, Shamir trouve Marguerite plantée au milieu de la pièce, presque au même endroit que là où elle l'avait laissée. Elle tend à Marguerite une couverture que cette dernière accepte avec un sourire timide. Elle lui offre également de lui faire sécher ses vêtements mouillés. Une proposition qui rend Marguerite assez craintive.

- C'est que ... je ... n'ai rien d'autre à me mettre sur le dos, madame

Murmure-t-elle d'une voix clairement intimidée, regardant Shamir avec appréhension. Ce n'est pas tant que la jeune femme soit pudique en vérité. Les séances d'ablution publiques entre femmes sont monnaie courante dans le village d'où elle vient. Elle craint bien plus, si elle se sépare de ses habits, de ne jamais les revoir et d'être condamnée à errer nue dans cet endroit totalement étranger ...

Marguerite n'a pas pu manquer de remarquer que la jeune femme s'était présentée avant de partir. La moindre de la politesse est d'au moins se présenter mais encore une fois les histoires terribles qui se racontent dans son pays l font hésiter. Elle demande avec une peur révérencieuse.

- Êtes-vous une fée madame Shamir ? Vais-je perdre mon nom si je vous le donne ?

L'idée parait peut-être ridicule mais c'est exactement ce qui se passe dans les contes ! Le beau peuple enlève des personnes imprudentes et les emmènent dans des palais somptueux. Les mortels y sont livrés au bon vouloir des membres du beau peuple qui (dit-on) sont incapables de mentir mais qui jouent avec les mots et peuvent notamment ôter le nom des personnes qui font la sottise de le leur donner. Elle ose continuer, la voix de plus en plus balbutiante.

- Est-ce que ... ai-je été enlevée ? Je dois vous obéir ? A vous ? A votre reine ? Je vous demande pardon si je vous ai offensés, je ne voulais vraiment pas ...

La phrase avait fini sur un ton de supplique alors que la jeune paysanne avait les larmes qui montaient aux yeux et en venait à tordre entre ses mains le tissu de la couverture dont elle s'était recouverte les épaules.

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