Le chasseur de tête à l'hotel [Pv]

L’oracle avait été rendu. Ce n’était pas un oracle aussi puissant que certains autres, et l’Augure n’avait pas cherché à en faire une affaire d’état. Mais une missive était toutefois parvenue jusqu’à Baine. Et Baine avait compris la valeur d’ordre de celle-ci. Surtout qu’elle était soignée aux flammes, preuves de sa provenance, pour le moins de haut lieu… soit. Il savait ce qu’il avait à faire. Baluchon, rangé, cheval de bat chargé, il monta en selle et se mit en route pour un endroit un peu particulier, à la croisée des mondes. L’hôtel Elemhunt. Joli jeu de mot, se disait-il, simple et efficace à la fois. Un nom catchy qui permettait de retenir. Et dans ses pensées, il n pouvait pas s’empêcher de divaguer un peu sur ce que pouvait évoquer un tel nom. Surtout quand on savait que là-bas résidait une personne qui appartenait à l’Eternel Ardant… les flammes étaient son domaine après tout.

La route ne fut pas longue. Il n’était pas loin de Nexus. Et trouver l’hôtel en question n’était pas si compliqué que cela. Aussi attacha-t-il son cheval à l’entrée des lieux et entra-t-il, affaire sur l’épaule. Les lieux étaient agréables, chaleureux. Il se dirigea vers l’accueil. Une jeune femme y patientait, calmement, un sourire aux lèvres.

« Bonjour. Excusez-moi de vous déranger, mais… je pense que vous pourriez m’aider, peut être… »

Je regardais un peu alentour, semblant chercher quelque chose.

« Je cherche un endroit où loger et un ami m’a recommandé ces lieux… »

Je fronçais les sourcils, et je cherchais faussement un nom.

« Il m’a dit que lors de sa dernière visite, il a été très très bien reçu et accompagné par Fre…. Frieda ? Non, ce n’est pas ça… excusez-moi, ma mémoire me joue des tours, mais… mais je suis sûr que cela commence par « Fre » ou quelque chose d’approchant… cela vous dit-il quelque chose ? »

PoV Freyja, flânant dans l’ElemHunt :

Ah… Quel plaisir d’être de repos ! Nous avons beau tous bosser ici dans une sorte de famille, nous avons tous droit à des jours de repos ! Aujourd’hui, c’est à mon tour de glander, de regarder les autres faire leur travail, de prendre du bon temps quoi ! Bon cela dit, je n’ai pas trop prévu de bouger de l’hôtel pour le moment. Je m’installe sur un fauteuil qui a la particularité de pouvoir s’allonger et commence à roupiller, un cocktail prêt à siroter sur le côté. Franchement, qu’est-ce qui pourrait rendre cette journée bidon ? Et bien, la vie est parfois joueuse et il semblerait qu’elle ait prévu de me donner un axe de réponse puisqu’on m’appelle pour m’annoncer qu’un homme semble être à ma recherche, ou en tout cas, qu’il veut particulièrement me voir moi et pas n’importe qui. Je soupire, qui vient gâcher mon repos en voulant me voir ?

Je me lève, un peu grincheuse, et prend une gorgée de ma boisson avant de me diriger peu à peu vers l’accueil qui se trouve un peu plus bas. Sur la route, je croise Celica qui ne manque pas de me taquiner.

- Et beh ! Je ne te savais pas du genre à croquer des hommes ce genre d’homme ! Simple, raffiné, plutôt mignon en plus !

- Fous moi la paix Celi’, j’me demande bien quel abruti peut venir m’emmerder quand je suis de repos !

Je descends les escaliers, entendant le rire amusé de notre petite nouvelle en haut de celui-ci. Un mec simple et mignon ? Elle parle de Kenjin ? Je connais pas grand monde à vrai dire mais… il est pas du genre raffiné quoi. Je continue d’approcher jusqu’à arriver à l’accueil, regardant le type devant moi. C’est qui lui ?

- Freyja, cet homme semble vouloir te rencontrer. Est-ce bien ça Monsieur ? C’est notre seule Fre quelque chose dans le coin !

Bon, Ishtar me le confirme, c’est bien ce type. Cela dit, il n’a même pas l’air de vraiment savoir comment je m’appelle alors d’où est-ce qu’il me connaît ? Il n’y a qu’une seule façon de le savoir. Je soupire, regarde l’inconnu dans les yeux et lui demande :

- C’est moi Freyja. J’peux savoir ce que vous me voulez ?

La conversation semblait continuer avec la jeune réceptionniste, fort jolie au demeurant. Il badinait même un petit peu alors que finalement, une jeune femme descendait. Le ménestrel l’entendit arriver mais ne se détourna pas. C’eut été fort impoli pour la jolie petite dinde qui semblait ravie de la situation. Quelque chose disait à notre héraut qu’elle allait fort probablement ne pas être ravi de sa venue, ladite Freyja.

« Oh merci beaucoup ! Oui, c’est cela, Freyja ! Je vous remercie. »

Il fit un sourire charmeur, à la belle brune de l’accueil mais n’eut pas le temps de faire ou dire plus que la personne dans son dos intervint. Ah. Voilà donc Freyja. Peu de charme dans les paroles, beaucoup de charme dans la silhouette. Disons que cela créait une dichotomie intéressante. Elle avait de jolis yeux à la couleur étrange, il fallait le reconnaitre. Francs et massifs. Mais une attitude peu amène, il fallait bien le reconnaitre.

« Oh… bonjour… enchanté mademoiselle Freyja. »

Il s’inclina mais ne fit pas de baisemain, c’eut peut-être été difficile à accepter vue son attitude, quel dommage. Mais bon, ainsi allait la vie, ainsi allait la force.

« Je suis désolé, j’ai l’impression de vous déranger… à dire vrai je cherchai un logement et une connaissance m’a vivement conseillé votre compagnie. J’aurai peut-être dû prévenir ou demander à l’avance… »

Peut être Baine prenait-il trop de précautions. Mais il partait du principe que cela ne servait à rien de brusquer qui que ce soit, et a fortiori la jeune femme. Il se tourna alors vers la réceptionniste brune dont il ne connaissait pas le nom pour autant.

« Pourriez-vous quand même me mettre une chambre à disposition, s’il vous plait, mademoiselle…j’en aurai de toute façon besoin. »

Il sourit poliment avant de finalement rajouter.

« Peut-être même serez-vous contente d’apprendre que je suis musicien itinérant. J’ai souvent l’habitude de chanter et jouer de la musique dans la salle commune ou les auberges. Cela peut peut-être vous intéresser ? »

Est-ce qu’il ignorait un peu trop la véritable cible de cette venue ? Possible. D’un autre côté, n’étant pas de bonne humeur, il supposait qu’elle préfèrerait cela un peu. En plus de cela, il faisait valoir mon statut qui dans la majeure partie des bonnes auberges lui offraient généralement au moins le couvert, et aussi parfois le gite. Mais il ne visait pas le gite, juste le principe du couvert offert au barde ou ménestrel qui jouait pour la soirée dans la salle commune. Il n’avait rien à perdre à faire cela. Et c’était une question de principe et d’habitude que le mentionner.

Il se retourna enfin auprès de la jeune femme aux cheveux de si étrange couleur.

« Je vous prie d’accepter mes excuses pour vous avoir indisposé, mademoiselle. J’espère que faute de votre compagnie ce soir, nous aurons l’occasion de nous voir demain dans des circonstances moins... brusques ? »

On n’attrapait jamais les mouches avec du vinaigre.

PoV Freyja, qui n’aime pas trop être dérangée avant la sieste :

L’inconnu s’incline devant moi, sûrement en guide de salutation, et se dit être désolé de me déranger. Merci Sherlock mais ça, tu ne pouvais pas y penser AVANT de le faire ?! Je soupire. Quelqu’un lui aurait conseillé ma compagnie ? Comment ça ? J’avoue ne pas trop comprendre sur le coup. Je l’écoute parler et le voir prendre conscience qu’il aurait peut-être pu, au hasard, un peu mieux planifier sa venue, surtout si c’était pour venir me voir spécialement, m’agace encore plus. Il me tourne ensuite le dos pour parler avec Ishtar. Mais… Mais je vais le démarrer en fait ?! Quel genre d’abruti se permet de déranger les gens pour ensuite les ignorer une fois qu’il l’a fait ?! Il veut finir en barbecue celui-là, c’est pas possible ! Alors que je sens la colère monter, j’arrive à me calmer en croisant le regard d’Ishtar qui continue de faire son job. Aussi débile soit ce type, il est maintenant notre client et je dois bien traiter la clientèle.

- Bien sûr, je vous donne la clé de la chambre 102 qui se trouve au premier étage.

Ishtar l’écoute ensuite attentivement faire son tour du musicien itinérant. Si, d’habitude, savoir que cet homme est un musicien m’aurait intéressé, j’en ai, pour cette fois, vraiment rien à faire, d’autant plus qu’il continue de m’ignorer. Je ne sais vraiment pas qui est ce type mais je ne peux déjà pas me le voir.

- C’est gentil à vous de proposer vos services mais je crains de devoir décliner votre offre ne serait-ce que par soucis d’assurer que cet endroit reste un lieu d’épanouissement et de repos pour notre clientèle. Je ne mets en aucun cas en doute vos qualités de musicien mais nous avons une grande diversité dans nos clients et je crains que, peu importe votre style, il ne convienne pas à tout le monde.

Bien fait pour lui. Il s’est bien fait recaler comme il le mérite. Et encore, Ishtar y a mis les formes, il doit s’estimer heureux. Vu que cet idiot de rouquin décide de finalement m’ignorer, je me mets en tête de retourner me coucher quand il porte de nouveau son attention sur moi finalement, comme s’il avait senti que j’étais sur le départ. Mais quel parasite celui-là ! Il ne va décidément pas me lâcher.

Et le voilà à s’excuser de nouveau. M’étant un peu calmée, bien que l’envie de faire ravaler son sourire me démange encore, je l’écoute et… Et ce type se fout définitivement de moi. Il demande à me voir, me saoul, m’ignore et quand il décide enfin d’arrêter d’agir comme un dhzudz (oui je m’auto mute pour ne pas dire le fond de ma pensée), c’est pour me dire Oulalah est-ce qu’on se verrait pas demain plutôt ? Ce qui m’amène à une question, franchement, toute simple… POURQUOI NE PAS ÊTRE VENU DEMAIN ALORS ?! C’est pas le feu qui brûle le plus longtemps ce type. Néanmoins, je soupire, reprenant contenance, et répond :

- Très franchement, vous m’avez indisposé en effet. Mais n’allez pas croire que c’est en utilisant un ton mielleux et en balançant des excuses à la chaîne que je vais décider d’être gentille avec vous. Vous m’avez fait venir, je suis venue, alors vous avez une maigre fenêtre de temps pour me dire maintenant ce que vous me voulez puisque je vous intéresse visiblement tant, nous pouvons même nous éloigner un peu plus en privé si cela vous arrange, ou je peux vous assurer que la meilleure chose qui pourra vous arriver demain sera de ne surtout pas me croiser.

Non mais pour qui il me prend ? Il a cru que j’avais que ça à faire de l’attendre ?! J’ai pas de temps pour ces conneries moi. Qu’il s’estime déjà heureux que j’accepte encore de l’écouter.

La situation n’était pas forcément des plus avantageuses pour lui, bien sûr. Mais en même temps quoi de plus normal ? Il était venu, et était tombé sur une brune malicieuse qui semblait être la réceptionniste parfaite mais qui, aurait-il parié, devait beaucoup s’amuser de sa déconvenue. D’autre part, il y avait la personne qu’il était venu voir. Et cette personne semblait avoir tout pour déplaire…. Son comportement exécrable prouvait qu’il l’avait dérangée. Proposer de revenir plus tard, c’était sans doute le mieux qu’il pouvait faire pour apaiser les choses. Et elle le prenait mal aussi.
Il remercia la réceptionniste et prit la clef, acceptant qu’elle refuse sa proposition. Mêmes l’excuse était, selon lui, fallacieuse. Il lui dit un sourire aimable, et peut être un peu charmeur. C’était plus fort que lui, un peu. Et la réceptionniste, par sa politesse, avait mérité ce sourire. Pas l’autre petit dragon aux cheveux roses qui était pourtant celle que je devais convaincre. La partie était bien mal engagée.
Mais je faisais contre mauvaise fortune bon cœur. Elle semblait avoir un peu de mal avec le fait de garder son sang-froid. Elle devait avoir un caractère tout feu tout flamme. Bien le genre à maitriser des flammes, tiens.

  « Si nous pouvions parler en tête à tête, je préfèrerais, s’il vous plait. Je crains que cela ne regarde que nous. »

Je lui fis un sourire juste poli, pas charmeur comme à l’autre femme. Mais on avait ce qu’on méritait, après tout, non ? Le souci, c’était que toute approche en douceur était compliquée… elle avait cramé toute possibilité d’aborder les choses de manière posée et en douceur. Quel dommage.
J’attendis qu’elle accepte et je la suivais alors jusqu’à ce que nous soyons en privé pour pouvoir parler sans être interrompus.

  « J’ai été mandaté par mon maitre pour vous trouver. Il s’intéresse beaucoup à vous. »

PoV Freyja, quelque peu dérangée par Blaise :

Bon, je le reconnais, je ne me suis pas montré des plus douces avec cet inconnu, aussi mérité que ça peut l’être, de mon point de vue en tout cas. C’est en ayant cette pensée que je lui ai accordé finalement une chance de me dire la raison de sa présence ici, là où habituellement, je l’aurais sûrement envoyé boulet et ciao. Lorsque je lui pose mes conditions, il les accepte. Je vois bien à son comportement qu’il ne le fait pas de gaieté de cœur mais le simple fait qu’il y réponde par la positive montre qu’il y a un peu de jugeotte derrière tout ce laissé paraître vomitif qu’il dégage.

J’ai bien remarqué qu’il se montrait charmeur avec Ishtar et si même moi je l’ai capté, il n’y a aucun doute du fait que la concernée l’a cramé il y a de cela un petit temps. Après tout, c’est elle la pro de la manipulation et de tout ce qui touche au social par chez nous. Il demande donc un tête à tête, bien.

- Si vous voulez bien me suivre dans ce cas. À tout à l’heure Ishtar !

Contrairement à ce que ce type a le droit jusque maintenant, je fais un grand sourire et ma voix est plus douce lorsque je m’adresse à mon amie. Je l’emmène avec moi, le faisant traverser un couloir adjacent, avant de nous isoler dans une pièce. En s’y attardant un peu, on dirait un petit salon, tout ce qu’il y a de plus cosy. Dans un effort de gentillesse, je lui propose de savoir sur un des fauteuils tandis que je m’assieds sur celui en face. Une fois installé, je l’écoute, ce dernier prenant la parole avant même que je lui autorise. En soit, je m’en fiche, ça ne me dérange pas. Ce qui me dérange par contre, c’est ce qu’il a à me dire. Son maître l’a envoyé pour me trouver, moi, pas n’importe qui, et je l’intéresse. Encore et toujours ce truc d’intérêt, si ce n’est pas lui, c’est encore un autre inconnu. Bordel, qu’est-ce que je leur ai fait à ces gars ? J’espère au moins ne pas être tombé sur des pervers. Je soupire un peu, montrant mon ennui, mais lui parle dorénavant sur un ton calme, loin de ce à quoi il a eu le droit plus tôt.

- Je vous prie de m’excuser mais, avec une telle phrase, vous vous doutez bien que je suis pleine d’interrogations à votre sujet. Qui est ce fameux maître ? Pourquoi s’intéresse-t-il à moi ? Pourquoi moi surtout ? Je veux bien faire l’effort de vous écouter mais tout cela est brumeux pour le moment, je souhaiterais quelques explications.

Très honnêtement, il y a de fortes chances que ce qu’il a à me dire ne m’intéresse pas mais on sait jamais. Sérieux, ce qu’il faut pas faire par diplomatie…

Au moins pouvaient-ils parler en priver désormais. Il n’en demandait pas plus. De toute façon, il serait, semblait-il, compliqué de la faire venir à de bons sentiments. Le héraut l’anticipait déjà. Pour la simple et bonne raison qu’elle ne semblait pas particulièrement prête à réellement écouter. Elle allait le jeter, il le voyait venir. Mais il ne pouvait pas aborder l’Eternel Ardant comme il parlait d’un ami, d’un frère, ou autre. C’était Dieu, et rien que pour ça, il ne pouvait pas s’empêcher de dire qu’il était bien mal tombé. Bien plus qu’il ne l’aurait espéré.
Au moins semblait-elle un peu plus posée pour écouter et se montrait-elle moins… moins brusque. C’était déjà cela. Il lui fit un sourire poli, peut être un peu enjôleur, mais ce n’était pas forcément quelque chose de conscient… mais elle se montrait suffisamment curieuse et avenante – bien qu’il soit possible que ce ne soit que la façade – pour que Baine approfondisse.
Il se racla la gorge. Un acte valait mille mots. Non ?

« Eh bien, en fait, c’était pour cette raison, que mon Maitre vous envoie… »

Il secoua la main et, au bout de ses doigts, de petites flammèches crépitèrent. Puis d’un nouveau geste de la main, les flammèches s’éteignirent. Voilà qui devrait la mettre sur la voie, sans doute. Même si cela restait encore bien nébuleux.

« Le Père des Flammes, mon Maitre, aime l’idée de rencontrer et de partager un lien avec ses enfants. »

Mais cela n’expliquait rien.

« D’une manière ou d’une autre, il est mon ascendant, votre ascendant. Toute personne ayant un don avec le feu lui sont liés… et pour cette raison, je suis venu à vous… je sais que cela peut sembler étrange… et sans doute même loufoque pour vous… et pourtant. C’est la vérité. »

Une partie d’elle, sans doute. Celle qu’il pouvait dire sans trop dénaturer les choses.

PoV Freyja, qui ne comprends rien aux mots de Baine :

Lorsque je demande à cet homme plus d’explications à toute cette agitation, j’espère bien naïvement en avoir mais tout ce que j’ai en retour, ce n’est que des énigmes qui commencent fâcheusement à m’agacer. Il me fait un petit tour avec ses doigts, faisant apparaître quelques petites flammes. Ok, il maîtrise le feu tout comme moi, et alors ? Il me parle de son maître, un père des flammes, qui souhaite rencontrer ses enfants. Apparemment, d’après ses dires, vu que je suis moi aussi une enfante du feu, cela fait de moi une enfante de son maître. Je serais liée bien malgré moi à ce type dont je ne sais rien. Il semble tellement persuadé de ce qu’il avance qu’il le prend comme vérité. Je ne sais pas qui sont ces illuminés du feu mais ça sent le culte à plein nez ce truc.

- Vous sous-entendez donc que parce que je suis une adepte du feu, information que vous sortez de je ne sais où, je suis forcément liée à votre père des flammes ? Comme si c’était la seule vérité possible ?

Je soupire. J’ai toujours la malchance d’attirer les tarés moi…

- Laissez-moi donc vous répondre que c’est tout bonnement impossible. Je ne peux pas être liée à votre maître. Je n’ai cependant pas envie de donner d’explication à cela, je n’ai pas à me justifier.

Comment pourrais-je être liée à un type de ce monde, voire même cet univers alors que je viens d’une autre dimension. Il va me la jouer que son maître est omniscient et omnipotent pendant que nous y sommes ?

- De plus, vous m’avez toujours pas dit ce que vous faîtes là en fin de compte. Si c’est seulement pour aller rencontrer cet homme dont je ne sais rien, je vais me voir contrainte de décliner une telle proposition.

Evidemment que rien ne se passait bien. Bien sûr…  C’eut été trop facile, et sans doute aurait-ce perdu de sa saveur si elle avait accepté d’emblée juste avec cela…. Oh, certes, il aurait pu retourner à la composition musicale, bien sûr, il avait quelques notes qui lui faisaient de l’œil, donc forcément… mais bon, il aurait eu un gout de trop facile, probablement, dans la bouche.

« Je prétends en effet – et à juste titre – que vous avez une affinité avec les flammes et que le Père des Flammes est à l’origine de ceux qui ont de tels dons, d’une manière ou d’une autre… »

Il sourit, peut être avec malgré lui un petit côté condescendant. Mais quoi de plus normal ? Il était des évidences pour lui. Et s’il parlait du Père des flammes au lieu de l’Eternel Ardant, c’était pour le rendre, au moins pour le moment, plus sympathique. Enfin bon. Elle refusait tout lien avec. Et ce, sans donner la moindre explication, parce qu’elle ne voulait pas. Preuve s’il en était qu’elle serait potentiellement très fallacieuse, cette explication.

« Je vois. Je comprends. Vos raisons vous appartiennent. »

Pourquoi lui dire qu’elle avait tort ? La confrontation, il l’avait compris, ne servait pas à grand-chose. Ça n’avait jamais mené à rien.  Encore que, en terrain conquis, la confrontation pouvait avoir un intérêt, mais en terrain inconnu, presque hostile – elle était hostile d’une certaine manière – très peu pour lui… il lui restait calme et croisa les doigts sur son giron, comme si rien ne pouvait aller de travers dans cette situation.

« Alors pour ma part je ne suis d’un héraut, un émissaire si vous préférez ; je vais là où mon Maitre m’envoie. Et c’est ici qu’il m’a envoyé. Avec un nom, le vôtre. Cela m’a pris des semaines de trajet juste pour vous. Alors puisque vous étiez dans une bonne auberge, je me suis dit que je faisais d’une pierre deux coups. Je vous rencontrai, et je profitais d’une ou plusieurs nuits dans une bonne chambre. »

Il grimaça.

« Je ne suis pas fait pour les nuits à la belle étoile. Et je suis, vous pouvez le constater, que je suis dans un piètre état. »

Bon, il exagérait peut-être un peu. Il était peut-être un peu poussiéreux du voyage, mais c’état bien tout. C’était déjà presque trop pour le rouquin.

« Après si ce n’est qu’une question de manque de connaissance, je peux vous en parler plus en détail. »

Puis, semblant se rappeler de quelque chose, il écarquilla les yeux.

« Oh, attendez, j’ai failli oublier. J’ai aussi quelque chose à vous remettre… »

Il prit son gros baluchon et en détacha un pan pour chercher un peu, retirant sa flute, et un trouva enfin, sous un ballot de vêtements de rechange soigneusement roulés pour éviter de les abîmer et pour les compresser. Dessous, j’avais quelque chose. Un petit écrin d’une vingtaine de centimètres de long pour un peu moins de dix de large. Le voilà.

« C’est un bien précieux qui n’est jamais destiné à personne d’autre que vous. Un cadeau de sa part. »

Il s’agissait d’une chaîne en argent où, en guise de pendentif, il y avait une flamme. Une vraie flamme. Mais cette flamme ne la brulerait pas.

PoV Freyja, toujours avec le même illuminé :

Je vois bien dans sa façon de parler et dans son comportement qu’il ne me croit pas. Pire que cela, il a parfois tendance à avoir ce petit air supérieur, cette condescendance qui me donne envie de lui coller mon poing dans la figure. D’ailleurs, qu’est-ce qui m’en empêche vraiment en fait ? Il joue donc à l’hypocrite, disant me comprendre alors qu’il n’en est rien. S’il comprenait vraiment, il serait déjà parti la queue entre les jambes sauf qu’il est encore là à me parler de son culte à la con.

Il me raconte ensuite un peu plus en détail qui il est, qu’il vient de loin et qu’il compte profiter d’un séjour dans notre hôtel. Qu’il reste ici autant de temps qu’il le souhaite, ça ne me dérange pas et je le traiterais comme un client quelconque mais qu’il ne m’ennuie pas avec son père des flammes et je ne sais quoi pendant tout son séjour ou il risque de vraiment le bouffer mon poing. Je continue de l’écouter parler, au cas où il dit un truc intéressant à un moment, mais le voilà à chercher à se faire plaindre à dire qu’il est dans un piètre état. Ça, ou alors, c’est juste une de ces pleureuses qui exprime leur désarroi quand ils se font un petit bobo. Etrangement, je le vois bien dans la seconde situation car, à part un peu de poussière sur ses habits, il est en pleine forme, assez pour m’insupporter en tout cas.

Il me propose de me parler plus en détail de tout ce foutoir dont il fait la promotion depuis son arrivée, comme quoi, il n’a vraiment rien compris. Mais je n’ai même pas le temps de lui répondre quoi que ce soit qu’il s’excite d’un coup, cherchant quelque chose dans ses affaires personnelles. Il en sorte une flûte, il est vrai qu’il est musicien, seul truc un minimum intéressant chez lui, ainsi que d’autres choses avant de finalement sortir une boîte. Il la tend vers moi et je soupire. Il va me sortir une bague ou un truc du genre en guise d’union avec son gourou ?

Une fois la boîte ouverte, je dois reconnaitre que je ne m’attendais pas à ça. Un bijou, une chaîne plus précisément avec une flamme au bout qui, à en croire sa puissance, semble comme éternelle. Je mentirais en disant que ce n'est pas beau, c’est même tout à fait magnifique et totalement à mon goût. Sûrement que j’aurais accepté un tel présent en d’autres circonstances mais dans la situation actuelle, j’ai deux bonnes raisons de refuser. La première, ça serait comme accepter un peu ce qu’il dit et la seconde, qui sait ce qu’il va m’arriver une fois que je porterais ce collier. Si c’est pour devenir aussi ravagée de la tête que ce type, non merci. Alors, je referme la boîte, regardant cet homme dans les yeux.

- C’est un bien beau collier que vous avez là mais je me dois de le refuser. Je suis navrée mais je n’adhère toujours pas à votre discours farfelu. Vous semblez croire en tout ça et grand bien vous fasse mais ce n’est nullement mon cas.

Alors, accepter ce cadeau serait comme me mentir à moi-même ainsi qu’à vous et je ne suis pas une menteuse. Vous devriez repartir avec, après vous être reposé bien sûr. Je ne vous chasserais pas d’ici, vous ne m’avez rien fait après tout alors peut-être devriez-vous plutôt vous offrir un repos bien mérité afin de guérir de votre piteux état.

Il va sûrement me jouer la carte de la méconnaissance, d’un esprit fermé, d’une volonté de ne pas comprendre mais franchement, je veux juste retourner flâner, alors j’espère qu’il n’abusera pas de la patience que je lui accorde, c’est déjà plus que beaucoup ont eu le droit…

Baine trouvait le moment un peu triste. Elle se fourvoyait… et cela eut emmêle don de faire venir aux yeux du poète une expression de pitié. Oui, vraiment ; il la plaignait ; s’aveugler ainsi… qui aurait pu aimer cela. Et en même temps, il était soulagé pour elle d’être celui qui était venu. D’autres auraient été moins tendres… et le lie aurait déjà été réduit en cendres… mais il ne vint pas dire cela. Il lui fit un air doux, cachant cette pitié avant de finalement lui proposer l’écrin qui contenait le bijou qu’il lui destinait. C’était un joli cadeau à n’en pas douter. Mais sa réaction lui fit froncer les sourcils…. Elle ferma la boite… c’était peu aimable d’agir de la sorte.
Au moins explicita-t-elle son point de vue. Illégitime, certes. Mais son point de vue tout de même.

« Je vois… je crois que je comprends… en somme, vous refusez car vous ne me croyez pas. Je suppose que c’est une raison valable. Après tout, du diable pourrais-je avoir fait à ce collier…. Peut-être que quand vous le mettrez cela fera fondre votre raison, et vos objections, par exemple… cette prudence vous honore. »

Il sourit poliment.

« Et je comprends aussi que je viens de me faire congédier. C’est vraiment dommage. »

Il commençait à refermer son baluchon, ignorant superbement l’écrin quelle avait refermé. Il ne le récupèrerait pas, il n’en avait pas droit.

« Personne ne vous oblige à le porter. Gardez-le sous écrin, ne le portez pas, faites comme bon vous semble, mais le reprendre serait me dédire…. Et je ne suis pas sûr de ne pas bruler si j’essaye… donc je préfère éviter…. Il…. Il ne l’a fait que pour vous, après tout…. Et je ne suis qu’un bon serviteur… »

Il finit avec son baluchon et se redressa pour regarder encore la demoiselle aux iris violets.

« Est-ce que vous consentiriez néanmoins à me dire pourquoi Il fait erreur – et moi par la même occasion – sur votre identité ? Sans dire que cela me servira d’excuse à cette calamiteuse rencontre, au moins, cela apaisera mon cœur en ayant l’impression de ne pas m’être entièrement fourvoyé sur le chemin du retour… »

PoV Freyja, bientôt libre (?) :

Lorsque je lui fait part de mon envie de lui rendre cet écrin, il l’ignore totalement, m’obligeant à le garder bien qu’il ne m’oblige pas à le porter, fort heureusement. Bien qu’il n’en pense sûrement pas un seul mot, il honore la prudence dont je fais preuve et semble enfin comprendre que je m’en fous de tout ce qu’il peut bien avoir à me dire à propos de sa secte. Comme quoi, il y a encore quelques neurones qui n’ont pas cramé. Je soupire néanmoins, me demandant bien ce que je vais pouvoir faire de ce collier alors qu’il me dit quelque chose qui me surprend.

- Comment ça, vous pourriez brûler en le reprenant ? Il y a une sorte de magie qui ne le rend prenable que par moi à partir du moment que je l’ai eu en mains, un truc du genre ?

Si c’est le cas, me voilà avec un truc potentiellement dangereux entre les mains, comme si j’en avais besoin. J’ai rien demandé moi. Imaginez si quelqu’un de l’hôtel y touche et se met à se consumer instantanément. Il va falloir que je trouve un moyen de m’en débarrasser. Je le regarde ranger ses affaires, tandis qu’il m’interroge une énième fois, souhaitant connaître la raison de mon refus clair et net. Il s’est pas dit une seule seconde qu’il aurait pu commencer par-là cet idiot ? Cependant, une fois encore, je ne peux pas trop en dire mais je vais quand même faire un effort :

- Si je devais dire les choses simplement. Disons que je doute sincèrement que la portée du pouvoir de celui que vous semblez tant vénéré aille jusque d’où je viens. Ça ne vous éclairera pas forcément plus mais pour votre bien comme le mien, je ne peux pas vous en dire plus en détail, il faudra vous satisfaire de cela.

Et de ma gentillesse quand même incroyable aussi.

Il savait qu’elle ne viendrait pas. Qu’elle refuserait en bloc. C‘était « terminé » d’une certaine manière. Mais il ne lui en voulait pas. D’une certaine manière, il comprenait pourquoi elle ne le ferait pas. Peut être que l’empereur avait raison. Laisser le choix aux gens était le leur laisser faire le mauvais choix. Peut-être, oui. Mais bon. Il préférait penser que les gens pouvaient être convaincus.

« Oui, d’une certaine manière. Mais c’est surtout parce que j’ai une affinité au feu qui est particulière et qui ne me prémunit pas des volontés de mon Maitre. Mais je doute qu’il blesse quelqu’un d’autre que moi, cet objet. »

Ce n’était pas dangereux, songeait Baine. Il était à peu près sûr de cela… même s’il ne serait jamais mieux qu’autour du cou de la jeune femme.  Toutefois, si elle ne souhaitait pas le porter… eh bien qu’elle le range dans un coin et l’oubli. Ce n’était pas son problème, après tout !
Au moins, elle lui donna un semblant d’explication sur le sujet. Et l’explication el fit sourie, rire même, un peu. Mais rien qui ne puisse passer pour de la moquerie, espérait-il.

« Oh si, ça m’éclaire beaucoup plus que vous ne le pensez vous-même. Mais je comprends pourquoi vous vous montrez sibylline. Il est de secrets de polichinelle bien gardés… »

Il avait deviné ce qu’elle disait à demi-mot. Elle venait de la terre… Il voyait pourquoi elle refusait tout lien avec l’Eternel Ardant. Mais bref. Je me levais, preuve que je ne comptais pas la forcer plus que ça.

« Permettez-moi cependant un dernier conseil. Durant els jours à venir, chère demoiselle, soyez prudente. Je suis un héraut, mais je ne suis pas seul ; et tous ne partagent pas mes manières ou ma compréhension. Je ne prétends pas que je souffrirai avec joie pour ne pas vous avoir convaincue. Mais à l’évidence, vous aviez déjà décidé que quel que soit le sujet dont je veuille vous entretenir, je ferai face à un mur, avant même que nous ne commencions à parler ; ‘j’aurai pu vous offrir tout ce qui était cher à votre cœur que rien n’aurait changé. J’espère, et je prie, pour que cet état d’esprit ne vous joue pas de tours à l’avenir. »

PoV Freyja, enfin libre (?) :

Il doute que cet objet puisse blesser une autre personne que lui. Ce n’est qu’un doute, pas une certitude, ou alors il s’est mal exprimé. Je déteste ça et encore plus l’idée qu’il ne peut pas repartir avec. Son maître est détestable. Bref, je verrais ça le moment venu. Pour l’heure, il est temps de me débarrasser de ce type qui se montre tout de même plus supportable étrangement, à moins que je ne me sois juste fait à sa manière d’être.

Je lui en dis un peu plus sur ma condition et les raisons de mon refus total d’obtempérer, si je peux dire ça comme ça. Visiblement, ça l’éclaire plus que prévu. Il dit mieux comprendre mon point de vue, comme si tout lui était clair désormais. A-t-il vraiment compris les choses aussi loin qu’elles sont compréhensibles ou se fait-il une idée qui lui donne l’illusion d’avoir compris ? Très franchement, je m’en fiche pas mal en fait.

Il se lève enfin, m’approchant de ma liberté mais se permet finalement une mise en garde ou plutôt ce qu’il appelle conseil. De la prudence. Je dois faire attention pour avoir refusé les avances débiles de son père tout aussi débile ? Je ne peux retenir un rire, soufflant du nez, quelque peu moqueuse malgré moi. Il a cependant raison sur un point, il est venu ici pour discuter avec un mur et je refuse de parler de son culte, bien que je sois ouverte à la conversation pour autre chose. Cependant, il était là pour ça et uniquement ça. Je commence par mettre en avant quelque chose qui m’a tiqué dans ce qu’il a dit :

- Souffrir pour ne pas m’avoir convaincu ? Votre Père semble clairement manquer de clémence, raison de plus pour ne pas intégrer ses rangs.

Puis, je rebondis sur sa mise en garde, prenant un air bien plus sérieux :

- Permettez-moi cependant un conseil à moi aussi. Si j’ai eu la chance de tomber sur vous qui semblez être quand même parmi les moins stupides de votre groupe, les autres hérauts ont eu la chance de ne pas venir ici. Et je leur déconseille de le faire. S’il y a bien un truc que le monde devrait apprendre, c’est de ne pas se mettre les éléments à dos. Je maîtrise le feu, mais mes amis maîtrisent bien d’autres choses qui pourrait très vite refroidir les ardeurs de vos amis.

Bien sûr, ce n’est pas une menace, seulement un partage d’information de vous à moi, je préférerais clairement éviter d’en arriver jusque-là. Pour reprendre vos mots, j’espère juste que l’état d’esprit des autres parmi les vôtres ne leur jouera pas de tours à l’avenir.

J’en avais fini avec cet homme je pense. Il peut désormais retourner voir son Père.