Plan de Terra > Les contrées du Chaos

La belle et la bête sauf que là, pas de chateau ni de chandelier qui parle [Pv]

(1/1)

La légion de l'Eternel Ardant:
Les fumées étaient quand même des gens pragmatiques, se disait Callisteros en regardant la jeune femme allongée, encore inconsciente, sur le fond du chariot qui avait servi à l’emmener jusqu’ici. Le tout Nexus aurait trouvé étrange qu’une femme inconsciente, avec aucun des attraits terrannides, ne soit transporté à même les épaules de deux hommes…
Quoiqu’ils auraient pu croire qu’elle était esclave et choisir de penser qu’ils étaient des envoyés d’un maitre pour ramener une fugitive…. Mais en même temps, cela aurait pu éveiller la convoitise. Alors que dans un chariot bâché avec des caisses d’où dépassait un peu de nourriture, ça semblait beaucoup moins suspect. Mais le chariot ne serait pas pratique. Il faudrait voir, alors, à son réveil. Soit elle savait monter et éventuellement, elle pourrait avoir un cheval, éventuellement, si elle ne montrait aucune velléité de fuite, elle pourrait même avoir le sien. Il avait les fonds de la légion pour cela si nécessaire.
Comment était-elle arrivée là ? eh bien de ce qu’avaient dit les fumées, quelques choses dans son eau, chez elle. De quoi lui faire faire un bon gros dodo ! et voilà la belle endormie dans le chariot.
Le brulé donna un léger coup de rênes sur la croupe des deux chevaux et le chariot se mit en branle, cahin caha sur le sol inégal des lieux. Pourtant, le sommeil était lourd et pas un bruit ne lui parvint. Elle devait continuer à profiter du sommeil du juste. Ou du sommeil de la droguée, qu’importait. Pas de nouvelles d’elle de la journée, et ainsi, ils étaient sortis de la ville et avaient commencé à s’enfoncer dans les territoires plus sauvages. La nuit laissait poindre la lune, et du coup, le spadassin était descendu du chariot, avait dételé les chevaux, et les avais entravés avec de quoi se nourrir. Puis, il avait commencé à entretenir un feu modeste, suffisant pour une à deux personnes et repousser le froid qui pourrait les envahir tous les eux. Puis, il avait mis une gamelle sur le feu pour faire chauffer de l’eau avec de la viande séchée, entre autres. Finalement, pour ne pas qu’elle tombe malade, il avait aussi choisi de l’emmener, elle et la couverture qui l’enroulait, vers les flammes et l’avait allongée à proximité du feu.

Il la guettait en effet un peu. Par prudence, et quand enfin, il la sentit – plus qu’il e la vit – émerger, il sourit et se tourna vers elle.

« Bonsoir, belle endormie… » [/color]

Il tacha de sourire. Ses lames n’étaient pas accrochées sur lui, mais étaient posées par terre, à ses côtés. Peu visibles de sa position.

« Je suis ravi de vous que vous vous réveillez enfin, je commençais à craindre que vous ne vous éveilliez jamais… » [/color]

Le ton était amical, comme si de rien n'était... comme si ils n'étaient pas en bosquet, autour d'un feu. Et que son avis avait eu une importance sur sa présence ici.

Soledad Castejón:
[Les paroles écrites en rouge sont en espagnol à la base.]


De jour comme de nuit, en temps normal, Sevilla est des plus animées, alors imaginez un peu lorsque la Feria bat son plein. En journée, les sites touristiques, les restaurants sont pris d'assaut. Les parcs sont aussi bondés, histoire que la population locale et étrangère profitent de l'ombre, ainsi que des balades en calèche. Le parc Maria Luisa ne dérogeait pas à la règle. Proche de la Plaza España, les touristes y passaient pour faire des tours de calèche ou observer le ballet incessant de celles qui sont ornementées, des privées louées par des familles qui se rendent à la Feria telles de grandes célébrités. Cette effervescence se manifestait aussi de nuit, lorsque l'air se faisait plus frais. Malgré une météo clémente, l'ambiance y était... « brûlante », si l'on pouvait dire. Cette joie fiévreuse plaisait beaucoup à Soledad, la Feria étant toujours une bonne occasion pour retrouver sa terre natale, sa famille et quelques amis. Aussi cette atmosphère sulfureuse, où nourriture et alcool coulaient à flots, enthousiasmait la danseuse.

Lors de cette semaine de célébration, il n'était pas rare que l'andalouse se produise sur quelques salles de spectacle en journée. Ses soirées étaient réservées à ses petits plaisirs personnelles. Un de ses oncles tenait l'une des plus grandes casetas sur le Real. C'était de ses cabanes installées sur la gigantesque place/parc Real où était organisé l'essentiel de la Feria. En journée comme en soirée, elles recevaient des membres qui paient pour manger et boire dans ces casetas. L'oncle avait profité de la situation et on ne pouvait pas réellement lui en vouloir. Il faut dire que la notoriété de Soledad jouait beaucoup pour attirer les gens. Elle y dansait et chantait pour s'amuser mais c'était tout un avantage pour la caseta familiale Castejón.

La soirée battait son plein. Chant, danse, nourriture, boisson...Soledad s'était parée de sa plus belle robe, ajoutant des fleurs semblables à des flammes dans son chignon soigné. Il était assez tard lorsque la jeune femme décida de quitter les siens, presque au petit matin. L'appartement de l'andalouse n'était pas très loin du Real, alors sur le chemin, elle retira ses chaussures à talons et continua pieds nus, talons en mains. Sa plante de pieds allait noicir mais qu'importe. Heureusement que toutes ses représentations officielles étaient terminées. Ce soir sera le grand final, avec les dernières danses, les derniers chants, les dernières beuveries. Le feu d'artifice sur le Guadalquivir signera la toute fin de la Feria. Mais en attendant d'être à ce soir, la danseuse méritait un long repos, quitte à être décalée dans son rythme jour/nuit.

Une fois arrivée chez elle, la demoisell déposa ses chaussures sans aucune grâce, se dirigea vers le frigo. L'ouvrant, elle ne prit même pas la peine de se prendre un verre d'eau, buvant directement à la bouteille. Peut-être qu'avec un peu d'eau fraîche, elle aura moins la gueule de bois au réveil ? C'était un moyen de se rassurer...Passant ses mains dans le dos, elle délaça sa robe au niveau de son dos, ouvrir la fermeture le long de sa taille, puis s'écroula dans son gigantesque canapé d'angle. Morphée ne tarda pas à accompagner son sommeil...

Ce fut le trou noir pendant un très long moment. C'était sûr et certain qu'elle avait abusé de la boisson, mais la sensation était différente, sans pourtant expliquer pourquoi. Ce n'était pas comme si elle le pouvait de toute façon. Dans l'obscurité onirique, Soledad réalisa qu'elle n'était pas vraiment seule. Elle pouvait sentir la présence d'une force élémentaire familière désormais, celle du feu. Seul point de lumière dans ce monde de ténèbres, elle découvrit qu'elle était captive, entourée de flammes éthérées, comme les esprits du feu qu'elle avait rencontré, dansant doucement autour d'elle. Comme s'il s'agissait d'un rituel, petit à petit, le corps de l'andalouse se transforma, sa peau devenant noire telle du charbon, ses cheveux, des flammes et des cendres...Les pas des esprits ressemblaient au claquement monotone d'une charrette en bois, ainsi que des bruits de sabots tapant la terre et des pavés...Tout ceci était curieux...

Son réveil fut tout aussi étrange. Ses paupières se mirent à papillonner, le monde flou autour d'elle le restant une petite minute. Avant qu'elle ne puisse notifier son environnement, Soledad se plaqua les mains sur le visage, comme pour contenir une douleur subite au niveau du front.

- Oh...Ma tête...

Lorsque la jeune hispanique sortit enfin de sa torpeur, tout ce dont elle avait rêvé semblait réel. Les sons des sabots, le charrette...Elle étouffa un cri de surprise. Cela ne ressemblait en rien à Séville, ni même ses alentours, et l'homme qui conduisait la charrette était encapuchonné, impossible de voir de qui il s'agissait. Il ne prêtait pas attention à cette captive qui reprenait conscience. Soit...Elle pouvait essayer de s'enfuir, mais c'était risqué. Plutôt que de faire face au danger de la sorte, elle scella ses paupières une nouvelle fois, et se laissa bercer par les bruits alentours. Si cet homme ne lui avait rien fait jusque là, il ne ferait rien de suite. Du moins, elle l'espérait...

Une nouvelle fois, ce fut les ténèbres. Puis, un instant qui lui semblait être une éternité, Soledad ouvrit doucement les yeux. La chaleur d'un feu semblait lui caresser la peau. Quelques jurons dépassèrent la barrière de ses lèvres, jusqu'à ce qu'un autre type de « chant » ne s'en échappe subitement. Un sursaut la fit partir en arrière. Quoi ?

- Je suis encore en plein rêve, c'est ça ?

Ça ne pouvait être que ça. L'homme devant elle ne tenait pas du réel, et puis...Attendez, c'est l'hôpital qui se fout de la charité, là ! Elle avait beau être une célébrité du flamenco, elle n'en restait pas moins un esprit du feu également. En regardant autour d'elle, il était clair qu'elle n'était plus dans son incroyable sofa. Il n'y avait pas besoin de beaucoup de neurones pour comprendre ça.

- Suis-je vraiment en train de rêver ? , se murmura-t-elle encore une fois.

L'être devant elle était des plus intrigants. Il paraissait à un homme d'une bonne carrure, le visage à moitié croûté comme s'il était fait d'une pierre de lave et des yeux incandescents. On aurait dit la moitié d'une transformation en esprit du feu telle que Soledad connaissait. Le ton de l'homme semblait plus doux que l'aspect qu'il avait. Elle restait un peu à l'écart, pas certaine de si elle pouvait lui faire confiance. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'elle était enlevée...

- Qui êtes-vous ? Et surtout, que me voulez-vous ?

La légion de l'Eternel Ardant:
Le demi-dieu avait anticipé que les choses ne seraient pas simples à son réveil. Mais s’il avait été dans son cas… il aurait sans doute dégainé et tranché sans réfléchir. Parce qu’il n’avait pas pour principe de laisser la place au doute. Tout simplement. Cela ne voulait pas dire qu’il était violent. Et pour cause, il ne l’était pas outre mesure en cet instant. Même s’il se doutait qu’elle ne serait pas ravie par la situation. Personne ne le serait à sa place, bien sûr. Il lui fit un air doux, même si elle était difficile de l’imaginer avec la moitié de son visage qui ressemblait à un charbon aux veinures flamboyantes. Ça devait forcément causer un froid…

Sa voix était douce, chaude, encore un peu ensommeillée, elle parlait une langue que l’Eternel Ardant ne lui avait pas permis de comprendre cette langue. Si tel était son choix, alors soit. Autant vous dire qu’il ne comprenait pas grand-chose. Mais il en devinait un peu le ton général. S’il avait traduit ses paroles, ça aurait été sans doute quelque chose comme. « Qui êtes-vous et où sommes-nous ? » ou alors « qu’est-ce que vous m’avez fait et ou est-ce qu’on est ? ». Des questions assez simples dans le fond. Et assez logiques. Ou alors c’était quelque chose de complètement différent et il était à côté de la plaque.
L’Augure incandescent aurait compris ses mots, bien sûr. Mais pas sur qu’il aurait fait meilleure impression. En outre, pour escorter cette femme, Callisteros valait mieux, de toute façon. Le Flambe-Dieu. Le combattant aux cents lames.

« Paix ! »

Il leva les deux mains pour montrer que tout ce qu’il avait entre les doigts en cet instant, c’était une cuiller en bois qui servait à remuer le simili ragoût. Il prit l’écuelle et la remplit du contenu de la panse tannée qui servait de marmite. Puis il la lui tendit avec la cuiller en bois.

« Mangez. »

Elle ne le comprendrait pas plus que lui ne la comprenait, sans doute, mais bon. Il y avait des gouts et des odeurs universelles. Comme des gestes qui voulaient tout dire. Il tenta un sourire à nouveau.
Il se tapota la poitrine.

« Callisteros. »

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