[Finito Pipo] Un p'tit verre... ? [Feat. Jazronnad Adams]

L’oreille musical n’était pas présente chez lui. Toute la musique qu’il pouvait entendre ne le faisait pas vibrer. Les seuls sons dont il avait connaissance et qui battait en rythme était les lames de bois qui s’entrechoquaient, des bruits de tambour pour annoncer le début d’une épreuve ou la fin, du bruit d’une cloche pour annoncer l’heure du repas. La découverte de cet art s’était faite si tard qu’il n’en avait aucun attrait. Malheureusement pour la demoiselle, bien que cela aurait pu être une bonne idée de sujet de discussion avec quelqu’un d’autre, il avait coupé court ce chemin, ne voulant pas non plus paraitre malpoli en ne sachant quoi répondre.

Il avait donc ensuite mené la jeune demoiselle vers les sources. Oui, tout était connecté. Mais peut de client le savait. Ces chemins étaient surtout connus des employés en cas de problème. Il n’était pas interdit de les utiliser. Une personne curieuse, tel un enfant, aurait facilement prit connaissance de ces chemins. Mais ils permettaient aussi de s’éclipser comme il avait prévu de le faire, d’où le fait de s’être positionner à côté de la porte du balcon durant la fête.

Séparé lors du passage aux vestiaires, il était le premier à arriver. Il ne se gênait pas d’entrer le premier dans le bain, a quoi cela servait de se dire qu’il fallait un ordre précis ? Après tout, il n’y avait pas de règle à ce niveau. Mais elle arriva bien vite, venant alors servir des verres après s’être doucement glisser dans l’eau. Elle ne restait pas bien loin de lui. Elle savourait son verre, il fit de même. L’alcool était peut-être plus dangereux avec la chaleur des sources.

-Trinquons, espérant que ce ne soit pas la dernière fois que l’on se croise.

Le ciel semblait doucement se dégager, comme si le vent venait souffler les nuages après avoir laisser un peu de neige tomber sur ce paysage. La lune éclairait un peu plus les lieux, ajoutant de la luminosité en aidant les lampadaires présents. Cependant, il tourna son regard vers elle lorsqu’elle lui adressa la parole, démontrant bien qu’elle avait toute son attention.

-A quand ? … J’ai déjà eu l’occasion de participer à des fêtes venant de grandes familles … Mais la compagnie n’est pas la même. Les femmes qui participaient à ces soirées semblaient payée pour satisfaire l’égo des hommes avec leur charme. Il n’y a rien de plus … déplaisant. Mais par respect, je faisais acte de présence. Sans vouloir vous manquer de respect, vous êtes la seule qui vaille la peine d’être ce que l’on peut désigner un accompagnement d’excellence. Vous êtes donc la première avec qui je prend réellement du plaisir à converser dans ce genre de contexte.

Il lui adressa alors un sourire.

-Et vous-même ?

PoV Kvasir, en compagnie de Jazronnad dans une source :

Nous trinquons, quelque chose de tout à fait banal dans les conventions sociales habituelles et pourtant, nous le faisons assez tardivement. Plus étrange encore, c’est moi-même qui ait initié la chose, ce qui n’est habituellement pas mon genre. Ferais-je preuve d’un élan de sociabilité plus grand que je ne le pensais ? Jazronnad me fait part de son souhait et son espoir que ce ne soit pas la dernière fois que l’on se croise. Répondant toujours avec honnêteté, je poursuis :

- Nous sommes tous deux des gens bien occupés. Ça pourrait bien être la première et la dernière fois comme le début d’une série de rencontres entre nous. Seul l’avenir nous le dira. Peut-être deviendrais-je un pion plus récurant sur l’échiquier de votre vie.

Je souris, amicalement, avec sincérité, jouant un peu sur les mots et sur ce concept de pion qui ne s’efface pas. J’aime cette métaphore de la vie, aussi déroutante soit-elle. Répondant ensuite toujours à mes questions menées par de simples curiosités, mon compagnon de soirée m’annonce ne pas être habitué à se sentir en aussi bonne compagnie, celles de ses habitudes se trouvant bien plus dans l’hypocrisie et le monnayage que dans le profit de passer un moment de tranquillité comme celui-ci. Si bien que je serais alors la première femme qui, pour reprendre ses mots, vaille la peine d’être ce que l’on peut désigner un accompagnement d’excellence. Je ris d’un rire doux, sans une once de moquerie, simplement de l’amusement, tandis qu’il me renvoie ma propre question dans cette partie de ping pong verbale qui nous nous donnons.

- À force d’être aussi flattée, je vais finir par avoir besoin d’aide pour retourner dans ma chambre en ayant des chevilles beaucoup trop enflées.

Un brin d’humour, une tentative tout du moins, ironisant un peu sur la situation. Je prends une gorgée d’alcool, commençant à avoir un peu plus chaud quand même. Je me laisse totalement aller contre le rebord du bain, m’appuyant dessus pour me soutenir, et reprenant, la tête levée vers le ciel :

- Même si j’étais la personne la plus solitaire du monde, il me serait impossible de ressentir une pleine solitude avec les gens qui m’entourent au quotidien. Je ne suis jamais vraiment seule, je fais partie d’une petite troupe, un ensemble de pions visant à atteindre l’harmonie et dans lequel chacun peut compter sur l’autre.

Mais… Si je devais parler plus précisément de ce genre de situation où je me retrouve seule avec un individu qui m’était totalement inconnu il y a encore à peine quelques dizaines de minutes. Et bien… Je dirais bien que c’est la première fois que cela m’arrive depuis que je vis non loin d’ici. Peut-être est-ce cela qui nous pousse justement à apprécier le caractère précieux, de par sa rareté, de notre rencontre.

Elle ne semblait pas prendre en compte des choix personnels qu’elle pourrait faire. C’était bien dommage. Elle ne désirait donc pas revenir dans cet établissement ? Enfin … le message n’était pas clair. Mais justement ! Lorsqu’un message n’est pas clair, il faut le prendre à la négation. Lorsque l’intérêt d’une personne est établi, la réponse est aussi claire que son objectif.

-L’avenir est influençable … Il suffit de décider aujourd’hui si oui ou non nous nous rencontrerons de nouveau. Ce n’est … pas bien compliqué dans un sens. Et cela reflète aussi votre envie ou désir.

Et même si elle était une eau trouble qui ne reflétait pas grand-chose, la réponse était donc évidente. On pourrait très bien lui dire que rien n’est fait de 0 et de 1. Ces gens-là auront raison. Mais lorsqu’un choix doit être fait, qu’une décision doit être prise, on en revient à ce principe quoi qu’il arrive. Alors autant ne pas se fatiguer sur des possibilités. Cela ne voulait pas dire qu’un 0 ne deviendrait pas un 1 à l’avenir. Ce n’était qu’une transformation du moment présent.

-Cela est-il si embêtant ? Dans le pire des cas, je peux très bien vous porter jusqu’à votre chambre telle une princesse. Vous n’avez pas l’air d’avoir l’habitude de recevoir des flatteries.

Il regardait son verre d’alcool, reprenant une nouvelle fois une gorgée. Les effets de celui-ci n’étaient pas impactant, du moins pas avec cette quantité. Surement aussi un effet du sang qui coulait en lui désormais. Cela avait tout de même ses avantages. Mais il ignorait encore tout de l’avenir à ce propos et des impacts que cela aura. Il l’observait le temps de l’écouter. Elle continuait avec son histoire de pion … Il avait compris sa vision à ce propos. Mais s’il devait se donner une image de pion, il ne saurait quel titre porter. Une chose est sûre, c’est qu’il n’avait pas l’étoffe d’un roi ou d’une reine.

-Il y a toujours quelqu’un qui veille sur nous dans tous les cas. Solitaire n’est pas synonyme de la solitude. C’est un caractère. Mais un pion est destiné à se transformer un jour. Cela fait partie des règles. Vous devriez peut-être y songer ?

Ce n’est peut-être pas lié à la rareté d’une rencontre, mais à la rareté d’une alchimie. Nous sommes nombreux sur ce bout de terre. Il y a donc tout autant d’affinité possible. Le plus saint d’esprit serait de choisir la meilleure. Mais faut-il encore la trouver. Et rien que pour ça, j’appuierais sur le fait d’influencer l’avenir pour se revoir dans d’autres circonstances.

Et ainsi, ils verront bien si cette affinité est palpable même dans un autre environnement. De plus, cela permettrait aussi de confirmer certains points de cet échange. Mais fallait-il qu’elle soit d’accord car après tout, de sa façon de dire les choses, cela ne semblait pas vraiment être une vision qu’elle avait eue. Ou alors se trompait-il complétement. Il inspira un grand coup l’air ambiant avant de finir son verre et de le poser sur le plateau. Il attrapait alors la bouteille, la secouant légèrement pur juger le niveau du liquide. Il y en avait encore pas mal.

-Je rempli votre verre ?

PoV Kvasir, s’amusant dans son échange avec Jazronnad :

L’avenir est influençable et le choix m’appartient de donner suite à notre rencontre. Je ne vois que trop bien où il veut en venir et il a raison. Après tout, ne lui ai-je pas dit que je ne suis pas une adepte de ce qui se rapporte à la destinée ? Néanmoins, je ne peux encore savoir si je vois un intérêt à cette suite ou non. Suite à ma remarque sur ses multiples flatteries, il ne manque pas d’idée pour rendre les choses plus distrayantes, réussissant par ailleurs à me faire rire de nouveau. Ce rire est un peu plus sincère, sûrement une marque de l’alcool me montant à la tête.

- Vous me tenteriez presque avec une telle offre. Mais il ne faut pas abuser des bonnes choses. Pouvoir profiter simplement de ce moment avec vous me satisfait grandement.

Nous continuons d’échanger, notre dialogue prenant parfois des airs de débats dans lequel nous exposions nos points de vue. Et si, jusque maintenant, je trouvais Jazronnad fort amusant, il me surprend avec un trait d’esprit loin d’être dénué de sens. Non pas que je le trouvais idiot, loin de là mais… C’est comme s’il avait réussi à m’atteindre. Un pion qui évolue, l’alchimie pouvant menée à cette évolution… Tel un pion devenant une dame dans le jeu du même nom lorsqu’il a franchi les lignes adverses.

- Je vois, c’est très intéressant.

Pour une fois, rien de plus. Il me propose de remplir mon verre qui se trouve presque fini. Si j’aime boire, je sens que je suis déjà bien sensible aux effets de la boisson, ainsi préférais-je décliner :

- Je pense que pour la boisson aussi, je ne dois pas abuser des bonnes choses. Je ne vous mentirais pas que j’ai quelque peu chaud, et pas seulement à cause de la température de l’eau.

Je porte de nouveau mon regard sur lui, lui souriant, rebondissant sur ce qu’il a dit plus tôt, sur ce qui m’a plu.

- J’aime l’idée du pion évoluant, se transformant tel une chenille devenant un papillon. Beau, majestueux, libre. Ne serait-ce pas là la forme d’épanouissement que nous visons tous ? Une sorte de forme d’épanouissement complet.

Je m’arrête un instant, poussant un soupir pour m’aider à calmer mon corps, reprenant :

- Quelle pièce de l’échiquier pourrais-je bien devenir si je venais à changer ? Si je devais retranscrire cela à vous, je vous verrais tel le cavalier, droit, rassurant, libre d’agir à sa guise. Peut-être avec un zeste du… fou ?

-Hmm ? … Je vois, l’image d’une princesse ne vous plait pas tant que ça.

Il souriant en coin. C’était bien sur pas à prendre au sérieux, juste de quoi l’embêter un petit peu et mettre une ambiance détendue. Lui aussi savait taquiner les gens mais il ne le faisait pas si souvent que ça. Il trouvait juste l’occasion parfaite ici, sans oreille indiscrète en plus. Après tout, les rumeurs se créaient vite et c’est surtout ce qu’il voulait éviter.

-Oh ? … Vous faites partie de ceux qui ne supporte pas bien les breuvages à base d’alcool ? … Je vous envie presque. Il faut une sacrée quantité pour que je sente un effet … Mais ça ne retire pas les côtés négatifs de la boisson avant d’atteindre cet état …

Il parlait bien entendu des aller et retour aux toilettes ! Il n’y échappait pas ! Son corps traitait tout de même ce liquide malgré l’absence d’effet. Mais la chaleur n’aidait pas effectivement ! L’alcool était plus réactif dans ce genre de situation. C’est pourquoi en boire quand il faisait de température fraiche était déconseillée … Cela réchauffait et on se concentrait bien plus sur cet effet que le reste.

-Rien ne dit qu’un pion qui évolue a fini de monter les échelons … S’il suffisait d’un palier pour être complet, la vie serait bien ennuyante à mes yeux. La chenille devenu papillon navigue alors vers un autre point de sa vie … et qui sait ? On n’a toujours pas résolu la question s’il y a quelque chose après ou pas.

Pour sa part, il en avait la réponse. Mais comme tout être humain, il devait rester dans les limites du normal et ne pas entrer entièrement dans le paranormal. Ce qu’il avait bu ce jour la en était la preuve. Mais comme démontrer cette preuve aujourd’hui. Impossible, tout simplement. D’autant plus qu’il ne connaissait pas les rapports de la jeune femme vis-à-vis de ce sujet. Alors il ne prenait pas trop de risque, laissant les hypothèses prendre place.

-Ouf … Oula ! Je n’ai rien d’un cavalier, croyez-moi. Si je devais regarder le plateau de ce jeu dont les règles n’ont pas évolué depuis des centaines d’années … Je crains ne pas y être à ma place. Ou alors … dans une version future et moderne, dont la pièce n’existe pas encore. Le jeu ne met en valeur que les forces visibles d’un royaume. Roi … Reine … Fou … Cavalier … Tour … Pion … Tout vient d’une hiérarchie qui aujourd’hui et d’un contexte qui n’est plus réellement valide. Je me demande même parfois ce que représente le pion … Soldat ou le peuple ? Bien que les deux soient certainement les mêmes personnes. Mais selon le point de vue … L’un est plus grave que l’autre. Hmmm … Y avez-vous pensé ?

Il regarda son verre une nouvelle fois plein, prenant quelques gorgées en posant son regard sur elle. Qu’allait-elle répondre ? Après tout, elle se voyait comme un pion.

PoV Kvasir, s’amusant dans son échange avec Jazronnad :

Après un soupçon de taquinerie de sa part, Jazronnad comprend que je ne tiens pas particulièrement bien l’alcool, une chance d’après lui. Je ne sais pas si je suis si chanceuse que cela mais soit. La tournure de la conversation prend une allure plus mystique, avec des sous-entendus plus de l’ordre du surnaturel ou du spirituel. Y a-t-il quelque chose après la vie ? C’est une question posée depuis des millénaires et dont on a aucune réponse. Personnellement, je n’ai jamais pris le temps de m’y attarder. De toute façon, toute réponse ne serait que spéculation, je trouve ce débat inutile.

Je lui fais part de ma théorie visant à dire qu’il serait le cavalier sur un échiquier et sa réponse est sans attente, sa réaction aussi d’ailleurs, puisqu’il n’est pas du tout en accord avec ce que j’avance. De son point de vue, il n’a pas du tout sa place sur un échiquier, ce qui est d’autant plus discriminant que ma simple vision du pion. Je trouve que tout le monde a sa place, bien que la majorité des gens ne soient que pion. Il met en avant la mentalité bien trop ancienne du jeu de plateau qui se veut royaliste. Il en vient même à me questionner sur mon point de vue de la chose, notamment sur la condition du pion. Je souris, je comprends très bien où il veut en venir. J’ai passé la soirée à me dire être un pion, je suis donc directement visée par la question.

- Soldat ou le peuple. Hum…

Je réfléchis un court instant avant de donner une réponse.

- Je pense que la réponse ne se trouve pas dans la volonté de différencier les deux. Un soldat est bien souvent un enfant du peuple. Quand bien même, en temps de paix, le soldat redevient lui-même un élément du peuple, bien qu’il puisse avoir été marqué par sa vie de soldat. De ce fait, je dirais que le pion représente le peuple, vous ne trouvez pas ?

Je lui souris de nouveau, me redressant un peu dans l’eau et me décollant de la paroi rocheuse.

- Je suis donc une enfante du peuple, rien de plus, rien de moins. Et cela me va parfaitement.

Je sens l’alcool me monter toujours plus à la tête avec la chaleur de l’eau. Je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes dans ce bain mais je crains devoir le quitter d’ici peu.

Dans ce monde, il y avait ceux qui vivaient dans le côté de la lumière et ceux qui vivaient dans l’ombre. La politique et toutes les choses légaux de ce monde était tout le temps visible à l’image de ce jeu antique. Les pièces reflétaient simplement le bon fonctionnement d’une monarchie. Pourtant, celle-ci ne fonctionnait pas sans une part d’ombre. Ce n’était d’ailleurs peut-être pas une coïncidence qu’il y ait une équipe blanche et une équipe noire dans ce jeu. Peut-être que la couleur signifiait ce combat sans fin entre les règles et l’anarchie ? Qui serait capable aujourd’hui de donner le vrai sens cacher de ce jeu ? Si il y en a un bien sur.

Quoi qu’il en soit, sa question la faisait tout de même réfléchir. Tentant de la prendre à son propre jeu, il écoutait sa réponse dans un petit silence tout en sirotant l’alcool qui était encore présent dans son verre. Dans les grandes lignes, elle arrivait au même résonnement que lui. Cependant, elle arrivait trouver une réponse en désignant le peuple. Lui ne savait pas trop quoi en penser, pensant surtout qu’il serait impossible d’avoir cette réponse sans savoir ce qui est vraiment représenté sur l’échiquier. Mais peut-être que le carnet des règles avait les bons mots ? Il fallait donc les relire si c’était le cas.

-Cela vous va parfaitement ? Donc … aucune intention d’évoluer de pion à autre chose ? hmm ?

Il la taquinait alors à nouveau. Même si elle ne faisait que répondre à sa question, ils avaient déjà évoqué le fait qu’un pion pouvait évoluer. Cependant, avec cette réponse, c’est comme si elle confirmait vouloir en rester un sur un échiquier dont le jeu serait … figé ? Il posait son verre sur le plateau flottant. Il était vide.

-Vous allez bien ? … Vous avez l’air … comment dire … différente ?

Après tout si elle ne tenait pas l’alcool, ce n’était pas vraiment un endroit pour elle-même après avoir bu de manière modérée. Elle s’était décollée du mur … elle comptait s’en aller ? Si c’était un message de plus, il l’avait bien compris. Mais aurait-elle besoin d’aide si c’est vraiment le cas ?

PoV Kvasir, un tantinet pompette :

Mon esprit s’obscurcit, mes pensées deviennent flous, je dois reconnaître avoir quelques difficultés à bien penser, si bien que j’ai créer une petite coquille dans mon raisonnement, coquille sur laquelle mon compagnon ne se fait pas prier d’appuyer. Je ris, toujours plus honnêtement, répondant :

- Il semblerait que mon raisonnement comporte quelques failles que je dois corriger. Disons que je suis un pion se plaisant dans sa condition mais qui se plairait tout autant à évoluer. Quant à vers quel pion je songe à devenir, je n’en ai pas la moindre idée.

Si la boisson commence peu à peu à avoir raison de moi, ça n’a pas échappé au regard de Jazronnad qui souhaite connaître comment je me sens. Je pousse un petit soupir, cherchant désespérément à prendre contenance, et réponds :

- Je vois que ça ne vous a pas échappé et, en même temps, comment auriez-vous pu ne pas le remarquer ? Je crains que la boisson, mêlée à la chaleur tout aussi enivrante du bain, ne soit en train d’avoir raison de moi. Je suis ce qu’on communément peut dire pompette. Ainsi, je pense qu’il est préférable que je n’envisage de quitter ces eaux, bien qu’un peu à contrecœur.

Je me dirige vers la sortie, me redressant un peu péniblement hors du bain, ne souhaitant pas imposer à Jazronnad de quitter cet endroit aussi.

Elle corrigeait son résonnement. Visiblement, l’alcool semblait altérer ses pensées. Il était toujours étonnant d’observer ceux qui ne résistaient pas à la force de la boisson. Mais elle était déjà plus solide que d’autres. Pour certain, une goute suffit pour leur faire perdre la tête.

-Cette évolution sera peut être votre prochain objectif.

Mais il doutait qu’elle puisse arriver toute seule jusqu’à sa chambre en la voyant se relever et les dégâts que causaient déjà la boisson. Il se redressait alors à son tour, faisant bien attention à ce que sa serviette soit toujours autour de sa taille et pris également le plateau qui flottait. Il se tenait à côté de la demoiselle au cas ou. Même si l’eau pouvait amortir une chute, il suffisait d’un caillou mal placer pour que cela tourne mal. Si on pouvait éviter un accident de ce type, ce serait bien. D’autant plus que l’hôpital n’est pas à côté.

-Est-ce que vous avez besoin d’aide pour rejoindre votre chambre ? Tenez vous à moi au moins afin d’éviter la chute dans les sources. C’est plus prudent. Je ne voudrai pas qu’il vous arrive un accident.

Il l’aidait donc si besoin à sortir du bassin. Même si l’air était frais, est-ce que cela lui ferait du bien ? D’autant plus qu’avec la serviette humide, le froid allait vite se faire ressentir tout autour de son corps après la chaleur. Elle supportait bien le froid de ce qu’il se souvenait mais … les conditions sont quand même différente en ce moment même.

PoV Kvasir, quelque peu en difficulté :

J’ai beau souhaité le dissimuler, je peine totalement à sortir de l’eau, si bien que Jazronnad se sent obligé de me rejoindre. Il me propose de me raccompagner à ma chambre ne serait-ce que pour assurer ma sécurité. Je lui souris timidement tandis qu’elle m’aide à sortir d’ici. Une fois hors de l’eau, je pousse un soupir, m’appuyant sur lui pour tenir debout avec plus d’aisance.

- Je me voie désolée de vous montrer une bien piètre image de ma personne, vaincue par quelques verres d’alcool.

Il me soutient, m’accompagne jusqu’au vestiaire et il était temps car la serviette commençait à glisser, révélant peu à peu mon corps.

- Je vous remercie de votre gentillesse. Je devrais aller me changer… Toutefois, si je ne suis pas sortie d’ici une vingtaine de minutes, n’hésitez pas à vérifier si je vais bien.

Ma demande peut être étrange mais c’est une simple mesure de sécurité en un sens. Une fois seule, je m’assieds sur un banc. J’ai encore quelques bouffées de chaleur qui me donne le tournis. C’est pourquoi, je profite de ma solitude pour user de mes pouvoirs et rafraîchir l’air ambiant, ce qui me fait quand même beaucoup de bien. J’inspire et expire, me détendant peu à peu sous la fraîcheur naissante des lieux. Je ne dirais pas pour autant que je suis en pleine forme, le froid n’étant pas un remède miracle non plus, mais cela m’aide à garder les idées fraîches, si je peux me permettre un jeu de mot douteux. Je me change ensuite, essayant de ne pas prendre trop de temps afin de ne pas atteindre la limite de temps imposée. C’est au bout d’une quinzaine de minutes, peut-être un peu plus, que je rejoins Jazronnad, qui m’attendait.

- J’espère ne pas vous avoir fait trop attendre. Je me sens mieux. Ne sera-t-il pas dérangeant qu’on vous voie m’accompagner jusque ma chambre ? À moins que vous connaissiez encore une sorte de passage secret.

Je ne serais même plus étonnée qu’il m’annonce que oui pour être honnête.

Ce mal était connu depuis la création de cette boisson. Et pourtant, il n’existant aucun remède pour ceux qui en abusaient ou qui ne supportaient pas les effets. Mais comme toute chose, c’était l’abus qui était dangereux. La jeune femme avait malgré tout le sens des responsabilités, ayant su s’arrêter à temps. Elle avait tout de même bu l’alcool qu’avait choisi Jazronnad sans connaitre son volume d’alcool. Ecouter son corps était important.

-Vous n’avez pas à être désolée … Soyez fière au contraire. Certains ne savent pas s’arrêter. Vous les avez donc tous vaincu malgré ça.

Le négatif était généralement vu par la personne impliquée. Pourtant, la ou il y avait un échec, il y avait toujours quelque chose de bon à en tirer. Parfois, il fallait être accompagné de la bonne personne pour s’en rendre compte.

-Très bien. Faites tout de même attention. Je vous attends de l’autre côté.

 Il se dirigeait ensuite vers le vestiaire des hommes. A vrai dire, il prenait également en compte les paroles de la jeune femme. Si elle lui avait dit autant de temps, c’est qu’elle ne comptait pas sortir tout de suite non plus. Alors Jazronnad prit la peine de prendre une douche rapide. Il sentait donc le savon une fois sorti de celle-ci et également rafraichi. Il se séchait et mit le kimono qu’il avait laissé dans son panier. Il le fermait comme il faut, ne laissant pas paraitre sa peau ou son torse. Cela lui avait pris une dizaine de minute, tout au plus. Puis, il attendait sagement la jeune femme dans le couloir. La fête semblait encore se dérouler là-haut et visiblement, il y en avait qui devenait un peu bruyant. A croire qu’il serait peut-être difficile de dormir ce soir. Mais voila qu’elle apparut. Pas besoin d’aller la chercher.

-Non, je suis sorti y a pas longtemps. Ne vous inquiétez pas, il aurait été plus dérangeant que j’ai à vous porter jusqu’à votre chambre. De plus, tout le monde doit encore être à la fête vu le bruit. Je vous suis. Et puis … Je doute que vous soyez assez en forme pour tenter le passage secret.

Dit-il en ricanant un peu, détendant l’atmosphère. Après tout, il ne savait pas quel était sa chambre. Il aurait fallu aller voir le registre si elle avait fait un malaise. Il n’y avait pas de passage secret, sauf si on prenait en compte que l’on pouvait passer d’étage en étage tel un ninja par l’extérieur. Avec tout ça, il en avait même oublier le plateau dans le vestiaire. Il allait se faire prendre une remontée par la concierge ... ou pas!

PoV Kvasir, quelque peu en difficulté :

Je repense aux mots de Jazronnad. Je devrais ressentir de la fierté car je connais mes limites et ne les franchis pas. Voilà une vision des choses plein d’optimisme, je croirais entendre Daraen. Pourtant, je ne pense pas que ces deux-là s’entendraient bien, leur caractère est bien trop opposé. Il me rassure, me disant être sorti il n’y a pas si longtemps que cela. Il ne craint aucunement qu’on soit vu ensemble, les gens devant sûrement encore être en pleine fête. Et maintenant qu’il en parle, il est vrai que l’endroit est encore très bruyant, peut-être même plus que lorsque nous l’avons quitté, l’alcool ayant sûrement coulé bien plus à flot chez eux. Je souris lorsqu’il parle d’un énième passage secret, comprenant que cette fois-ci, ce n’est pas vrai.

- Je vous remercie encore dans ce cas.

J’ouvre le pas, traversant les quelques couloirs qui me séparent de ma chambre, montant des escaliers, continuant tout droit. On ne croise personne, comme prévu. Tout le monde semble vraiment être à cette fête, à croire que nous sommes les deux seuls à part. Nous arrivons donc rapidement devant ma chambre. La situation devient un peu gênante en vue du blanc qui s’installe. On se croirait dans les films où les personnages attendent chacun de connaître les attentions de l’autre. Vont-ils entrer ensemble ? Vont-ils se quitter ? Je souris en y pensant, trouvant cela amusant.

- Il semblerait que ce soit déjà la fin de la soirée. Je suis encore une fois désolée de l’avoir écourtée. Je pense qu’une bonne nuit de sommeil me fera le plus grand bien, bien que je redoute les nausées du réveil.

Je lui souris, attendant de voir s’il a quelque chose à ajouter avant que nous nous quittions.

Aucun remerciement était nécessaire si l’on prenait en compte le fait qu’il dirigeait cet endroit. Après tout, le bon déroulement des choses était appréciable. Pendant que les autres profitaient de la fête, il pouvait bien travailler un peu dans un domaine qui ne lui était normalement pas destiné. Une sorte de coup de main.

Il suivait donc la jeune femme qui ouvrait le pas. Cependant, elle n’arriverait certainement pas à dormir avec le bruit des festivités. Mais il n’allait cependant rien faire pour régler ce problème. Tout le monde avait été invité afin qu’ils ne se plaignent pas. Ce serait assez déplacé pour la demoiselle de demander que les convives se calment un peu.

D’escalier à couloir et de couloir à bifurcation, ils arrivèrent à la chambre de la demoiselle. Jazronnad gardait une certaine distance afin de respecter son intimité. Bien que cette chambre fût loué, il y avait peut-être des choses qu’il ne fallait pas voir. Elle était désolée encore une fois de la tournure des choses. Il lui adressa un sourire, désignant ainsi que ce n’était rien.

-Pour ma part je suis plutôt un oiseau de nuit. Vous n’avez donc pas à vous en faire, je saurai comment m’occuper. Pensez d’abord à vous reposer et si demain il y a effectivement les effets négatifs de la boisson qui montrent le bout de leur nez … Essayez le coca ? Il parait que ça fonctionne.

Il haussait alors un peu des épaules, n’ayant jamais vraiment eu à ce genre de recourt il est vrai. Quoi qu’il en soit, il avait déjà un pied sur le départ puisqu’elle allait dormir.

-Bonne nuit.

PoV Kvasir, sur le point d’aller se coucher :

Et bien, nous y sommes. Le moment où nous sommes sur le point de se séparer. Je n’ai jamais été très douée avec les au revoir, voire même les adieux. C’est toujours un moment que je trouve très ennuyeux dans une relation. Je m’excusais une dernière fois pour cette fin prématurée mais il n’en a que faire, n’étant pas dérangé du tout comme il le dit. J’ai même le droit à un petit conseil.

- Du coca… ? Voilà un bien étrange remède mais j’en prends note. Merci !

Je pourrais m’enfuir dans ma chambre et couper court, une fois de plus, à un moment mais, dans un élan de sociabilité, je me risque à m’approcher de Jazronnad et lui adresse un doux baiser sur la joue, une bise. Puis, je lui adresse un sourire qui se veut tendre, pour peu que je sois capable d’une telle chose. Ça doit sûrement plus ressembler à une sorte de sourire un peu forcé faute d’être habituée à ce genre de contact.

- Je vous remercie pour cette soirée que vous m’avez permis de passer en votre compagnie. J’ai passé un véritable bon moment à vos côtés Jazronnad. Je vous souhaite de passer une bonne fin de soirée et surtout une bonne nuit. Puissions-nous nous retrouver, qui sait ?

Je lui adresse un dernier regard, entrant dans ma chambre et fermant derrière moi. Si le bruit ambiant de la bâtisse aurait pu me déranger, il n’en est rien. L’alcool et le second bain chaud ont vidé mes batteries. Ainsi, je ne prends même pas le temps de me dévêtir et tombe comme une souche sur le lit, ne tardant pas à m’endormir avec une certaine aisance.