Sept de Coeur [Pv.]

L'équipe de garçons du jeu de sept de cœur

Noboru Tanaka - Hideaki Murata - Toshio Mirotsuki

"Allez les débiles! Magnez vous le cul!"

A quelques dizaines de mètres derrière le basketteur, Toshio tirait un petit gros qu'il n'avait jamais vu avant aujourd'hui.

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Dire que la panique les gagnait était un doux euphémisme. Il y avait eu un éclat lumineux intense et puis ... plus rien. Enfin pas vraiment plus rien. La population de Seikusu avait juste disparu, plus personne dans les rues, pas une âme qui vive. Noboru qui était à ce moment-là aux chiottes du gymnase pour fumer une clope en était sorti pour découvrir que l'équipe n'était plus là. Hideaki était resté dans la salle d'étude du lycée pour étudier au calme et avait été surpris d'être le seul dans les couloirs du bâtiment, et Toshio s'était réveillé d'une sieste sur son futon, constatant que sa famille ne répondait pas, ni à ses appels, ni au téléphone.

Ces trois là avaient couru comme des dératés, en brayant, en appelant au secours ou en pleurant et ils s'étaient miraculeusement croisés au carrefour de l'avenue Hito et de la rue Gajana.

"C'est quoi c'bordel?"
"Y'a plus personne!"
"Vous venez d'où?"

Force avait été de constater  qu'ils étaient vraiment les derniers à arpenter les rues de Seikusu et après d'intenses émois où chacun avait démontré sa personnalité, ils s'étaient mis d'accord pour se calmer et avaient trouvé refuge dans une épicerie bien garnie. C'était le matin même et le soleil à présent entamait sa descente.

Noboru Tanaka était fort et impulsif, doté d'un caractère explosif, il était semi-pro dans une équipe de basket ball réputée de la ville. Hideaki Murata était l'élève parfait porté sur la nourriture autant que sur ses études. il réfléchissait vite mais avançait lentement. Quand à Toshio Mirotsuki, il vivait en marge de la société, obnubilé par les jeux vidéos et les nouvelles technologies liées aux loisirs. C'était un cancre mais un cancre intelligent.

"J'ai faim..."
"Ben bouffe, y'a tout ce qu'il faut ici."

Un pack de bière vint les consoler dans leur malheur et ils trouvèrent un réchaud à gaz pour chauffer des ramens en boite. Ils mangeaient quand ils virent par la baie de la boutique une lumière apparaitre au loin.

"Putain, regardez!!! Ca doit être les forces d'auto-défense qui viennent nous chercher!"
"Oui c'est sûr, tu dois vachement manquer à quelqu'un ..."
"T'as dit quoi là?"
"Rien ..."

Ils sortirent en trombe et se précipitèrent à travers les rues en direction de la lumière.

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"Allez les débiles! Magnez vous le cul!"

A quelques dizaines de mètres derrière le basketteur, Toshio tirait un petit gros qu'il n'avait jamais vu avant aujourd'hui.

"J'en peux plus!!"
"Tiens bon, on arrive!"

En effet, ils débouchèrent d'une ruelle étroite sur une vaste esplanade. Face à eux, un stade était éclairé par de puissants projecteurs.

"Hé! Je vois des gens là-bas!!"
"Putain t'as raison!!"

Ils coururent encore. Près d’une porte d’accès au stade se tenaient deux groupes bien distincts. Le premier, mixte, était composé d’une dizaine de personnes tandis que le second ne regroupait que trois filles qui attendaient un peu à part. Les garçons se dirigèrent tout naturellement vers les jeunes beautés qui les regardaient arriver.

"Mate moi ces canons!"
"Hey! J'en connais une!! Elle est dans la classe à côté de la mienne! Bonjour Mizachi-sama!"

Tout le lycée la connaissait, évidemment. Mais avait-elle seulement une fois posé son regard sur Hideaki? C'était peu probable. Toutes les personnes présentes tenaient un téléphone en main et il en restait trois sur une table.

"Apparemment, faut en prendre un chacun." expliqua un des autres types; complètement banal.

"Vous savez ce qu'on fout là?"
"Faut valider votre présence sur le téléphone, on vient de le faire."

Quand ce fut fait, la porte du stade s'ouvrit d'elle même ...

"C'est ... c'est flippant."

Hideaki se rapprocha de Jun Mizachi.

"Je ..."



 

L'équipe de garçons du jeu de sept de cœur

Noboru Tanaka - Hideaki Murata - Toshio Mirotsuki

Un vent … Hideaki le prend de plein fouet. Quelqu’un ricane sans qu’il sache qui et son visage s’empourpre de honte et de ressenti. Jun vient de le tailler en pièces devant tout le monde et en plus, elle va se coller à cet abruti de Noboru. Le pauvre garçon bredouille un truc nul quand une masse énorme vient se poser contre son dos … enfin … les masses énormes de quelqu’un. Bien évidemment, cela ne tend pas à faire disparaitre son teint tomate … Cependant c’est très agréable. Pour faire bonne figure et tenter sa chance ailleurs, c’est à ce bonnet L qu’il se rattrape même si la question le surprend. La pauvre doit être encore toute choquée comme lui aussi c’est d’un ton doucereux qu’il lui répond.

"Mais non, les extraterrestres n’existent pas. Si c’était le cas, ils nous auraient asservis depuis longtemps. Scientifiquement …"

Peine perdue, Miss Bouées est vraiment trop bizarre en fait. De son côté, Toshio a observé en silence l’ensemble des personnes présentes. Il a remarqué le rejet de Jun envers Hideaki et trouve son attitude détestable. Elle a tout de la première de la classe insupportable. La fille aux gros seins à l’air d’être l’idiote de service et il est content que ce soit à Hideaki qu’elle se colle. Et la dernière, celle qui ne ressemble pas à une japonaise est peut-être celle qui a l’air la plus cool. Il se rapproche donc d’elle sans excès stupide de confiance ni affiché un sourire crâneur comme Noboru quand la fille a lunettes s’était jetée sur lui.

"Salut, moi c’est Toshio. On a aucun souvenir de ce qu’il s’est passé à part un grand flash lumineux. Je n’ai rien remarqué d’autre que l’absence de tout le monde et qu’il n’y a plus de jus nulle part excepté ici. Je n’ai pas d’explication rationnelle. Et vous ? Comment ça s’est passé ? De la même manière où vous avez noté autre chose ?"

Le groupe d’une dizaine de personnes ne se mélangeait pas et les regardait de loin comme s’ils se méfiaient d’eux mais tous avancèrent finalement, passant l’entrée du stade sur plusieurs mètres. Le piège les prit évidemment par surprise et Noboru se régala de cette aubaine en passant son bras autour des épaules de Jun.

"T’inquiète … je suis là, il va rien t’arriver."

Hideaki tenta de faire la même chose avec sa ventouse mais n’y parvint pas, ses bras étant trop courts pour envelopper pareils volumes mammaires. Aussi il serra la main de la fille.

"Je … je suis là aussi."

La conviction dans sa voix était quand même beaucoup moins assurée que celle du sportif. Instinctivement, chacun se rapprochait d’un autre, recherchant une sorte de protection. Toshio n’y échappa pas et s’approcha plus encore de la jolie fille à la peau sombre, sans pour autant la toucher.

"J’aime pas ça."

Le monte-charge qui les élevait ne s’arrêta qu’à une hauteur indécente et les laissa immobiles, perchés à plusieurs dizaines de mètres du sol, face à l’écran géant du stade qui s’alluma, diffusant un clip hallucinant.

"Mais c’est quoi ces conneries …"

L’escalier, le damier, les règles du jeu, une heure pour terminer… Ça n’avait aucun sens mais dans tous les cas, ils étaient coincés là-haut et ils n’avaient pas vraiment le choix. Tous les regards se tournèrent vers Hideaki qui arborait un sourire triomphal. Il était le Roi et même s’il ne savait pas pourquoi ils étaient là, il adorait les jeux de stratégie et surtout, tout dépendait maintenant de lui.

"Oui je suis super content, tu vas voir que tu as bien fait de me faire confiance … euh … comment tu t’appelles ? Ah … c’est joli comme prénom. Moi, c’est Hideaki, je suis étudiant en …"

"Hé gros tas ! On va pas pieuter ici ! Tu commences ou quoi ?"

Noboru venait de l’interrompre et certains rirent encore.

"Noboru, en C1 !"

Le visage du sportif se crispa de rage. Lui ? Recevoir un ordre de cet avorton ? Hideaki souriait, royal, avec sa reine accrochée à son bras.

"T’as peur ?"

En plus il le défiait !

"Peur de quoi ? Je suis devant depuis le début !"

Aussi, Noboru s’élança dans l’escalier et prit pied sur la plateforme. Il sauta aussitôt en C1. Son visage apparut en clignotant sur la même case à l’écran.

"Et alors ? Pauvre nouille ! A moi ! Jun en D1, tu craindras rien près de moi, j’te l’ai dit !"

Hideaki rit encore, trop heureux de se venger.

"Non, je ne l’autorise pas !"

Et aussitôt un arc électrique verrouilla l’accès à l’escalier.

"Espèce de petite merde !!"

Noboru brailla et arrosa son compère d’insultes avant de s’arrêter, cela ne servant à rien. Il fulminait.

"Alors toi là ! Ouais ! La fille avec Toshio, en … F1 !"

"Ça je l’autorise !"

Et l’accès à la plateforme fut de nouveau disponible.

"Sois prudente" dit Toshio à l’étrangère, un peu inquiet à l’idée de se séparer de la seule qui lui paraissait normale dans le lot. Les autres, de l’autre groupe, se tassaient un peu à l’arrière, attentistes et ne préférant pas intervenir.

L'équipe de garçons du jeu de sept de cœur

Noboru Tanaka - Hideaki Murata - Toshio Mirotsuki

Noboru venait de dégueuler en C2, juste devant lui. Un bout de viande du type écrasé avait giclé sur sa chaussure et il secouait le pied frénétiquement pour s'en débarrasser. La stupeur avait frappé les participants, les emmurant dans un silence éloquent avant que les cris, les pleurs et les sanglots ne viennent le briser. Un homme venait de mourir de manière atroce et sans que personne ne sache pourquoi. Bien qu'ils n'en comprenne pas le sens, tous les joueurs mesuraient à présent les conséquences des paroles et des actes. Il était évident qu'il ne s'agissait de vexer ou d'irriter aucun des autres afin d'éviter d'être choisi pour avancer. Les regards se baissèrent pour éviter de croiser ceux des autres. Chacun méditait sur la stratégie à adopter tout en minimisant sa présence.

Toshio ... c'était lui que la simplette venait de désigner.

Merde ... pensa t'il. Il avait bien compris qu'il devait obéir, se refusant à imaginer ce qui se passerait si il refusait. Le jeune garçon n'était pas le plus courageux des hommes mais devant l'impasse, il ne mit que quelques secondes à rejoindre sa case. Il ferma les yeux au moment où ses deux pieds s'y posèrent. Inconsciemment, il avait cesser de respirer, comme tous d'ailleurs, mais quand rien ne se passa, il ouvrit les yeux après quelques secondes. Il souffla sans se cacher. Qui ne transpirait pas à ce moment là?

Ils avaient une heure, une toute petite heure pour franchir ce damier. une heure, ce n'était rien quand on tergiversait. C'était à son tour de désigner quelqu'un et il allait le faire quand Hideaki se mit à sauter partout.

"ARRETE HIDEAKI!! Un homme vient de mourir! Ne bouge pas!"

L'effet fut celui escompter. Le petit gros s'immobilisa aussitôt, figé dans une posture ridicule, jambes fléchies, bras à l'horizontale pour garder un équilibre qu'il avait déjà. Il respirait bruyamment par le nez; il fallait qu'il se calme sinon il allait suffoquer.

"Laisse le se démerder" lança Noboru "il l'a bien cherché."

"Ne sois pas mauvais, qui pèterait pas les plombs dans ces conditions?"

Noboru tança Toshio du regard du mec qui était prêt à péter la gueule à quiconque lui répondait. Mais là, c'était à Toshio de désigner le prochain donc le costaud détourna la tête. Le nouveau roi dévisagea l'ensemble de la troupe. Sa responsabilité était énorme et il ne voulait pas avoir la mort de quelqu'un sur la conscience. A ce sujet, Kimi était toujours effondrée et larmoyante, réconfortée par Annie. Puisqu'Annie était bien le prénom de la beauté sombre, Toshio l'avait entendu.

Le garçon les passait tous en revue. Qui allait-il choisir? Se débarrasser de Noboru qui était un sacré connard? Mais s'il ne se passait rien, celui-ci lui en voudrait à mort et mieux valait éviter ça. Hideaki n'était pas mauvais et si Noboru devait en choisir un en premier, ce serait lui. Donc de ce côté, Toshio avait une cartouche d'avance. Un des inconnus? c'était la solution la plus simple mais Toshio serait aussitôt désigné par le revanchard. Une des trois filles? Non, hors de question! Il aimait bien Annie, enfin ... c'est celle qui avait l'air d'avoir la tête sur les épaules. Bon, l'autre aussi, celle à lunettes, mais comme elle avait apparemment choisi Noboru, elle était intouchable. Et puis Kimi ... que dire? pas méchante non plus, elle ne méritait pas une mort horrible. Et puis elle avait peut être raison avec ses histoires d'extraterrestres après tout.

Toshio montra donc du doigt un type à l'apparence quelconque. La peur s'imprima encore plus sur le visage de l'homme.

"Vous! En D1!"

L'inconnu n'était pas bête et obéit. Il perdit quand même de précieuses secondes avant de poser les deux pieds sur sa case. Tous retinrent leur souffle et ...rien ne se passa. L'homme transpirait abondamment. Il regarda Toshio.

"Je ne t'en veux pas ... On a pas le choix, il faut avancer et mettre en danger ceux que l'on oubliera où dont la tête ne nous revient pas."

Il désigna Noboru.

"C2"

"Fils de pute!!"

"Vous avez peur jeune homme?"

Vraiment bien cet homme, Toshio regrettait de l'avoir désigné. Le sportif, piqué au vif, fit un effort monumental et avança sur sa nouvelle case, en évitant sa flaque de gerbe, sans que rien d'horrible ne se passe. Il se tourna vers le type et sourit comme un requin.

"D2 connard!"

L'homme hocha la tête et avança, ayant apparemment surmonté ses premières appréhensions. Là encore, la chance lui sourit. Il désigna alors une femme qui attendait encore sur la plate forme.

"Tout le monde doit mettre la main à la pâte, à toi en E1!"

La femme, la trentaine, jolie sans l'être vraiment, blêmie et fit non de la tête, provoquant un concert de protestations. Le mec derrière elle la poussa vers l'escalier qu'elle grimpa en pleurant. Elle perdit encore une bonne minute avant de se décider, testa la case du bout du pied et finalement s'y engagea. Ouf ... rien. Elle se tourna vers Annie. Il était plus facile de choisir que d'être choisie ...

"Tu ..."

Elle s'interrompit en sursautant et faillit tomber. Les semelles de ses chaussures semblaient coller à la case. Elle cria de surprise. La case chauffait, fort, très fort et les semelles commencèrent à fondre.

"AH!! AH!! Au secours!!"

Elle se déchaussa, essayant de tenir en équilibre sur ses chaussures et quand la chaleur fut trop ardente, la case virant à l'incandescence, elle hurla, ses paumes de pieds littéralement bouillies! Elle tomba à genoux, posa ses mains au sol, hurla encore atrocement alors que sa peau cloquait. Elle bascula en avant et son visage se colla au sol en grésillant. Elle tendait la main vers Annie comme si celle-ci pouvait l'aider. Sa mort fut terrifiante, baignant dans une odeur de cochon grillé et de bruits écœurants. La cuisson dura, immonde, et plus d'un vomi devant l'insoutenable spectacle.

"Vous, en F2!"

Comme une sentence, le choix suivant tomba. L'homme, toujours Roi, ne perdait pas le Nord. Il désignait Annie d'un air désolé.

Fin de ce tour état de l'échiquier :

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2 morts.