Indéniablement, l’ambiance se détendit, mais comme un simple prélude avant le début des affaires sérieuses...
Vittorio affichait un tendre sourire satisfait à la vue du plaisir que la Capitaine tirait de la consommation desdits fruits rouges et passionnés. Ah ! Les fruits, ces joyaux de la nature… Qui étaient la source de toutes les convoitises. Leur forme voluptueuse, leur peau lisse et colorée, leur chair juteuse et parfumée éveillaient les sens et promettaient un plaisir inoubliable ! Lorsque les lèvres pulpées de la belle pirate s'entrouvraient pour goûter à leur douceur sucrée, c'était comme si tout son corps se mettait en émoi. Ce jus qui coulait sur la langue, qui éveillait ses papilles avec une intensité délicate et enivrante… Les arômes se mêlaient dans sa bouche. Et Vittorio se figurait volontiers qu’elles se fondaient les unes dans les autres pour composer une symphonie de saveurs, chaque note étant plus délicieuse que la précédente. “Dans mes contrées, on dit que le fruit est comme une amante insatiable”, lui rétorqua le Néréide d’une voix hachée, articulant longuement chaque syllabe, avec audace. Les fruits de Vittorio ravissant les sens avec une aisance déconcertante. Le palais de la capitaine était indubitablement submergé par la fraîcheur de la pulpe, par la richesse de ses arômes, par la complexité de ses saveurs. Et tandis que la langue explorait chaque recoin de ce fruit si parfait, indéniablement son désir montait, inéluctable, insatiable. Car le fruit n'était pas seulement un plaisir gustatif, il était aussi une promesse de plaisir charnel, une invitation à la luxure et peut-être même à l’extase.
Il la fixait du coin de l'œil, ses prunelles d’or ravies, satisfaites, orgueilleuses. La bouche de la donzelle était en feu, ses joues rougies, ses yeux mi-clos. Les sensations gustatives avaient sans doute éveillé une faim plus profonde, plus intense, son goût délicieux n'était qu'un avant-goût de l'extase ultime qu'il promettait. “Merci à toi pour ta générosité, je place ma valise ici dans tes quartiers. C’est dit, considère ça comme chose déjà faite. Tu me rejoindras ce soir dans ta cabine.” Et au Néréide de se pâmer d’un sourire en coin, espiègle, sourire presque sournois tout compte fait. Il s’empara d’une framboise juteuse. “Avant de me présenter à ton navire, un conseil, peut-être devrais-tu monter cette nuit sur le pont.”
Elle sera toute trempée. En effet, le navire s'avançait majestueusement sur les flots agités, tel un puissant monarque sur son trône. La mer, capricieuse et indomptable, faisait tout son possible pour le défier. “Là maintenant. La tempête se lève ; il pleut des cordes ; tes marins ont besoin de toi, tu dois aboyer tes ordres.” Et au damoiseau de ponctuer son propos en croquant son fruit à pleines dents.
Il croisa ensuite les talons, non sans adresser, au préalable, une courte salutation à l’accorte capitaine Read.
Le vaisseau fendait l’écume avec grâce, comme s'il avait été conçu pour dominer les éléments eux-mêmes. À bord, les marins s'affairaient avec ardeur, leurs muscles tendus sous leur chemise trempée de sueur. Leurs regards étaient fixés sur l'horizon, à la recherche d'un signe, d'un indice, qui pourrait les guider vers leur destination. Mais pour l'instant, il n'y avait que le mouvement inlassable de la mer, qui semblait caresser doucement la coque du navire, comme une amoureuse passionnée. Le vent, capricieux lui aussi, se jouait des voiles, les gonflant puis les relâchant au gré de ses humeurs. Les cordages tendus créaient une symphonie de craquements et de grincements, qui faisait vibrer les sens de ceux qui se trouvaient à bord. Soudain, une vague plus forte que les autres vint secouer le navire, faisant vaciller les marins et projetant des gouttes d'eau salée sur leur visage. Mais ils étaient des hommes de mer, aguerris, habitués à affronter les tempêtes et les dangers, et leur assurance ne fléchit pas. Envers et contre tout, de Charybde en Scylla, le navire continuerait son chemin, toujours plus loin, toujours plus vite, porté par la puissance de l'eau et le désir de ses occupants. Le mouvement sensuel de la mer et le bruit envoûtant des vagues semblaient avoir tout envahi, tout l'espace, imprégnant chaque pore de leur peau et chaque fibre de leur être. C'était comme si le navire et la mer ne faisaient plus qu'un, comme si leur union avait créé une force nouvelle, inébranlable.
Et pendant ce temps, Vittorio accédait à la baignoire des quartiers de la corsaire. La baignoire était là, devant ses yeux, sculptée dans un marbre blanc immaculé, trônant au centre de la pièce, telle une offrande qui lui était faite. Elle était si grande qu'elle aurait pu accueillir deux amants, mais pour l'heure, elle était vide, attendant que l'eau comblasse son vide. Lentement, avec une douceur infinie, le robinet se mit à couler, laissant échapper un filet d'eau clair et cristallin. Les gouttes s'écrasaient contre la surface lisse de la baignoire, suscitant une musique délicate et sensuelle. Les mouvements du navire se firent sentir jusque dans la salle de bain, mais ils ne faisaient qu'ajouter au charme de la scène un supplément de sensualité. Le tangage doux puis agité de l'embarcation donnait à l'eau un mouvement hypnotique, comme si elle dansait pour célébrer l'amour et la passion. L'eau montait lentement, enroulant ses bras autour de la baignoire comme une amante qui enserre son partenaire. Elle caressait la peau, la réchauffait, la préparait pour l'extase à venir.
Vittorio se dénuda, portant sa virilité dénudée avec dignité, fierté. Sa chevelure blonde tombait en boucles autour de son visage, encadrant des yeux en amante dorés qui brillaient d'une lueur intense, presque infernale. Sa peau était lisse et dorée, sans imperfection ni défaut, comme si elle avait été sculptée dans l’ardoise la plus fine. Les muscles sous sa peau étaient délicatement dessinés, comme si chaque ligne avait été tracée par un artiste inspiré. Chaque mouvement de ses bras ou de ses jambes faisait apparaître de nouveaux reliefs, de nouvelles courbes, qui attiraient le regard. Mais c'était plus qu'une simple musculature. C'était une force brute, un pouvoir latent, divin, qui ne demandait qu'à être libéré. Les muscles semblaient vibrer sous la peau, comme s'ils ne pouvaient plus contenir leur énergie.
Et pourtant, malgré cette impression de force, il y avait une grâce féline, une élégance léonine qui se dégageait de chaque mouvement. Chaque geste, chaque mouvement était d'une fluidité envoûtante, comme si le corps se mouvait au rythme d'une danse. Lorsqu'il s'approcha de la baignoire, l'eau, qui s'était retirée pour le laisser entrer, semblait à présent prête à se jeter à ses pieds, comme une servante en attente de ses ordres. Il ne dit rien, mais son regard brûlant en disait long sur ses intentions. Il pénétra dans l'eau, lentement, avec une aisance déconcertante. Et lorsque son corps fut immergé, il sembla y trouver un début de plénitude. Le Néréide se leva ensuite puis pointa son index près du parquet ; un halo de brume dorée s'élevait lentement, comme une effluve de mystère et de sensualité. Les reflets dorés de la brume semblaient danser et onduler, comme des flammes crépitantes sous un ciel nocturne. Au fur et à mesure que la brume se dissipait, les contours d’un plateau en bois de chêne immaculé finement ciselé se dessinaient, accompagnés d’une amphore toute charbonneuse et marbrée qui étincelait sous la lumière tamisée. Les fruits éclatants semblaient alors surgir de nulle part, leur forme ronde et sensuelle évoquant une promesse de douceur et de plaisir. Une coupole de fruits frais était disposée avec élégance à côté de la baignoire. Des fraises, des framboises et des myrtilles étaient alignées en rangées symétriques, leur forme ronde et sensuelle évoquant une promesse de douceur et de plaisir... Des quartiers de pamplemousse rose étincelaient comme des étoiles, tandis que des morceaux de melon jaune brillaient sous la lumière douce de la cabine. L'amphore était ornée de motifs subtils et de gravures délicates. Le vin rouge et noir qu'elle contenait était d'un rouge profond et velouté, comme le sang qui coulait dans les veines de chaque homme et de chaque femme.
L'ensemble créait un tableau élégant et raffiné, qui invitait à la sensualité et à la délectation. Les fruits semblaient déborder de fraîcheur et de saveurs, tandis que le vin exhalait un parfum envoûtant, comme une promesse d’hédonisme.