Bac à sable > One Shot
The punk and the nerd [PV Nao]
Automne Maleki:
Internet est un monde formidable. Il offre des possibilités quasi infinies à qui sait s’en servir, ce qui est tout à fait le cas d’Automne. Avachie dans le lit de sa chambre d’hôtel, elle épluchait les sites de petites annonces pour trouver de quoi se loger en urgence. C’est que les nuitées coûtaient cher ici, et que son budget fondait comme neige au soleil. Soleil qui, d’ailleurs, était en train de disparaître au loin, se cachant lentement derrière l’horizon. Eh oui, la vue sur mer a un prix…
Elle aurait peut-être dû se renseigner sur les tarifs de l’immobilier avant de venir à Seikusu. Un détail plutôt important, au final. Elle allait devoir se rabattre sur la colocation, au moins le temps de trouver un boulot qui lui apporterait une rente plus importante que sa retraite de l’armée. Retourner chez ses parents, puis partir en coloc’, à 28 ans, franchement, ça craint, mais de toute façon elle n’avait pas le choix.
L’une des annonces lui tapa dans l’œil. L’appartement était loin d’être incroyable, la description de l’occupant ne sortait pas de l’ordinaire, contrairement au prix. C’était littéralement l’offre la moins chère du site. Peut-être y avait-il un loup, c’était une possibilité à ne pas négliger. Une jeune femme seule enfermée dans un lieu qu’elle ne connaît pas est une proie facile, mais penser ça d’Automne serait une grave erreur. Dans ce genre de cas, ce serait plutôt l’agresseur qui serait à plaindre…
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Les rues fourmillaient de monde en cet après-midi ensoleillé. Les rues les plus passantes et commerçantes étaient bondés, mais fort heureusement, l’adresse était à l’écart de toute cette agitation. Les petites ruelles plongées dans l’ombre était fraîches, un répit agréable après cette marche en plein cagnard. Un petit couteau papillon caché dans sa poche, l’ex-militaire ne craignait pas les coins sombres de cette ville qu’elle ne connaissait pas.
« Dans cinquante mètres, tournez à gauche, puis dans deux cent mètres, votre destination se trouvera sur votre gauche » lâcha la voix du GPS dans ses écouteurs. Musique dans les oreilles, à l’écart du monde extérieur mais toujours aux aguets. « Putain, c’est laid... » Il est vrai que le quartier n’était pas le plus charmant de la ville, et l’immeuble était au diapason. Mélange entre une ruche et un empilement de conteneurs, il exposait ses murs grisâtres à la face d’un monde qui ne voulait pas le voir. Le concept d’optimisation d’espace était poussé à l’extrême dans une véritable dystopie à taille réelle. Bizarrement, ça ne lui déplaisait pas tant que ça.
Elle envoya un SMS au locataire de l’appartement qu’elle comptait visiter. Le rendez-vous avait été pris rapidement, après un échange cordial de SMS ponctué d’étranges smileys de la part de son interlocuteur, sans doute une coutume typiquement japonaise. « Tu devrais me reconnaître facilement » lui avait-elle dit. Entre sa tignasse bleue, son t-shirt noir laissant apparaître ses bras tatoué et ses Doc, elle ne passait décidément pas inaperçue. En s’adossant à côté d’une porte qui n’était peut-être pas la bonne, elle sortit une cigarette de sa poche et l’alluma. Le temps qu’il descende, si il avait la malchance d’habiter au vingt-huitième étage (voire plus), elle avait bien le temps de s’en griller une...
Ryo:
Il y a deux choses vraiment importantes au jour d'aujourd'hui. Deux trucs primordiaux qui font faire en sorte que votre vie se passe bien. La première de ces choses est la vitesse de connexion disponible ou que vous soyez, la deuxième c'est Qu'est-ce qu'on mange? Si c'est deux points sont réunis, on peut dire que vous vivez au paradis.
Pour Nao, c'est un peu différent. Il a bien ces deux éléments à sa disposition mais à force d'en abuser, il en a dépassé les vertus premières. Nao a 20 ans et est un geek de premier ordre: pas le type sympa qui est capable de nommer tous les personnages jouables de league of legends avec leurs qualités et leurs faiblesses, non, il est la représentation humaine d'un PC gamer ou mieux, d'une console japonaise dernier cri. Pour ce qui de la bouffe, oh ou il aime ça tant que ça croustille, que c'est gras et que c'est salé. Les abus excessifs des points cités plus haut l'ont rendu casanier, fainéant et ... un peu enveloppé ... Bon franchement très enveloppé. Et il ne peut malheureusement pas compensé l'arrondi de son ventre par son mètre 70. Il y a peu, on l'appelait encore boule de riz.
Maintenant, il avait un visage rond et sympathique et appelait franchement à la rigolade. Pas sportif pour deux sous, il était en revanche super fort pour passer des journées entières vautré sur un coussin géant face à sa télé gigantesque.
Nao vivait d'une multitude de petits boulots, des sous envoyés chaque mois par ses parents qui vivaient dans une petite ville de province à l'autre bout de l'île et de ses talents d'informaticien réputé. Enfin ... plutôt super bricoleur car il achetait à très bas prix des composants informatiques pour monter des unités centrales de folie qu'il revendait à des tarifs avantageux pour lui. Mais quand même, il suivait aussi des cours à l'université, quand il arrivait a s'y trainer. Il était programmeur et se spécialisait dans ce domaine. Seulement, les études, ça coûte cher et il avait dû restreindre ses habitudes alimentaires pour pouvoir cumuler toutes ses dépenses. il avait tenu un mois avant de se rendre compte qu'il allait mourir de famine ... ça restait tout relatif bien évidemment.
Il avait donc trouvé comme solution de partager son logement avec quelqu'un pour payer le loyer à deux. C'était une excellente idée même si notre diététicien intellectuel se voyait difficilement partagé son espace vital avec n'importe qui. En effet il occupait une cellule dans un immeuble ruche dans un quartier résidentiel surpeuplé pas trop loin du centre ville de Seikusu. Sa cellule était en réalité un pré-fabriqué de 25 mètres carrés incluant une micro douche-toilettes, 2 chambres de taille lilliputiennes et un salon cuisine où il arrivait encore à bouger. Une partie de ce salon était occupée par sa télé170 cm, son PC monstrueux, ses quatre consoles, une guitare folk qu'un type dont il avait oublié le nom lui avait offert un jour allez savoir pourquoi et quelques meubles très simples. Sa chambre suffisait à accueillir son lit et un autre ordinateur tandis que la deuxième chambre était son débarras à matériel et composants en tous genre. Maintenant, être geek ne signifie pas forcement être bordélique. Nao était ordonné et savait exactement où était quoi. La peur d'attraper une maladie le faisait nettoyer cet endroit assez souvent et i l'aérait autant que possible, surtout après avoir commandé des galettes au fromage. Chaque chambre avait d'ailleurs une fenêtre mais pas le salon.
L'agence par laquelle il passait pour son annonce était efficace et il avait eu une touche rapidement. En quelques mails, l'affaire était conclue et nous étions le jour J, le jour où il allait accueillir son coloc. Où plutôt sa coloc: une étrangère (il s'imaginait une américaine vachement bien gaulée style californienne). Heureusement qu'il se débrouillait bien en anglais sinon ça aurait pu être très long ...
A cet instant, il s'activait. L'appart était nickel mais il venait de se rendre compte qu'il n'avait pas préparé la deuxième chambre au moment où il recevait le sms indiquant qu'ELLE attendait en bas.
"Mince mince mince ..." (il était bien élevé)
Un dernier tour du propriétaire, le cadeau emballé sur la table (la statuette d'un esprit protecteur achetée pas trop chère à un temple du coin) et il fonçait à l'ascenseur pour descendre de son 19ème étage.
Vêtu de son éternel pantacourt et d'un t-shirt quelconque, il déboula dans la rue essoufflé et un peu rouge. Un gamin sapé à la mode des jeunes néo-punks attendait à côté de la porte de l'immeuble. Nao faillit lui lancer T'as perdu ta maman? avant de s'apercevoir qu'il était une elle, qu'elle avait un charmant visage et qu'à part sa présence, il n'y avait personne d'autre. L'américaine c'était elle ! Nao gazouilla un:
"Hello! Welcoome here!You finde the way easy?"
C'était nul ... mais il réussit à se reprendre sans trop montrer sa surprise. En réalité il frisait l'apoplexie. Les EMO, gothiques, punks et tous ces trucs bizarres, il kiffait à mort. Un effort psy monumental le ramena à la réalité.
"Euh salut! Moi c'est Nao, je suis super content de te rencontrer!"
Bon nippon, il fit une courbette officielle pour marquer la bienvenue.
"Viens, c'est par là, je peux t'aider à porter un truc?"
Il passa devant, en ébullition. La chose était très petite mais aussi tout à son goût. il s'était perdu dans ses immenses yeux verts et avait failli ne pas en revenir. L'ascenseur était à l'image des cellules de l'immeuble, minuscule. Heureusement que la nouvelle venue avait une petite poitrine car elle le cas contraire, elle l'aurait écrasée contre lui et il se serait liquéfier. Non, elle n'aurait pas pu parce que son ventre à lui prenait toute la place en fait. Sur la palier qui donnait sur 6 cellules, il ouvrit la porte de la sienne et l'invita à passer la première.
"Et voilà ton nouveau chez toi, enfin, chez nous. C'est petit mais fonctionnel et ... oh! ... j'ai un petit cadeau pour toi là sur la table. Ouvre le donc!"
Elle passa devant et ce pauvre Noa s'émerveilla de ce petit fessier bien fait dont il allait surement rêver toute la nuit.
Automne Maleki:
Le temps passe toujours plus longtemps lorsqu’on ne fait rien. Bon, pour le coup, Automne avait une clope à la main...puis à la bouche...puis à la main...bref. Mais ce n’était pas suffisant pour l’occuper. A ses pieds, son énorme valise contenait toutes ses affaires : des fringues, une brosse à dents, des fringues, son petit miroir, des fringues, son laptop, et encore des fringues. L’idée de la colocation était donc lumineuse, en cela qu’il lui épargnait l’achat ruineux de meubles. Maline !
A quelques mètres d’elle, la porte s’ouvrit pour laisser sortir un jeune homme à la circonférence supérieure à la hauteur. Le vrai cliché de l’otaku japonais qui place plein de smileys dans ses messages. C’est exactement comme ça qu’elle l’imaginait, étrangement. Au moins, il avait l’air sympathique, avec son air bonhomme et son sourire. C’était un colocataire qu’elle cherchait, pas un plan cul (même si les deux peuvent aller de pair)
"Hello! Welcoome here!You finde the way easy?"
La jeune femme retint un gloussement à l’écoute de l’accent du garçon. C’est pas bien, de se moquer. Il faisait des efforts pour parler anglais, et il ne se débrouillait pas mal. Bien mieux que l’immense majorité des natifs qu’elle avait croisé depuis son arrivée. Elle lui rendit maladroitement sa courbette, avec un temps de retard, même si elle pensait plutôt à lui taper un check. Les us et coutumes viendront plus tard, à force de côtoyer les locaux…
« Non, t’inquiète pas, c’est pas très lourd. »
C’était un mensonge, sa valise pesait peu ou prou un âne mort. La vérité, c’était qu’elle n’aimait pas qu’on lui propose de l’aide, simplement parce que c’est une femme, parce qu’elle est petite, parce qu’elle paraît frêle. Les apparences sont souvent trompeuses, et avec Automne, c’était le cas. Elle leva d’une main son lourd paquetage pour franchir les quelques marches qui séparaient l’entrée de l’ascenseur avant de le reposer sur ses roulettes. Simple comme bonjour.
Une fois dans la cabine, elle se posa sur la valise, et vit le garçon appuyer sur la touche dix-neuf. La montée risquait d’être aussi longue que le chemin depuis l’hôtel. Coincée entre la paroi et le ventre impressionnant de son futur colocataire, le confort n’était pas optimal, et elle se décida à briser la glace pour ne pas que l’ascension ne se passe dans une atmosphère délétère.
« Moi c’est Automne, contente de te rencontrer aussi. Tu avais un autre coloc avant ? Ou je suis ta première ? »
L’ambiguïté de la question ne la frappa pas immédiatement. Bien sûr, qu’elle était sa « première », ce gars n’avait sans doute jamais approché de fille de près ou de loin. Elle avait toujours trouvé triste la situation de ces japonais quelque peu en marge de la société et des critères de beauté, condamnés à rester puceaux à vie ou presque. Oh, elle ne voulait pas non plus se porter volontaire pour y remédier, mais elle trouvait ça dommage. Nao avait l’air d’un gentil garçon, mais elle pouvait déjà deviner qu’il était à deux doigts de tomber dans les pommes, étranger qu’il était à toute interaction avec le genre féminin. Un petit ding retentit, et le japonais se précipita hors de l’ascenseur pour ouvrir la porte de l’appartement. Qu’il était stressé, ce garçon !
A l’intérieur, ce n’était pas le capharnaüm attendu. Le salon était certes encombré, mais pas en bordel, et encore moins sale. L’écran prenait tout le mur, le PC était une véritable machine de guerre, et la présence d’une guitare l’enchanta particulièrement. C’était petit, vraiment petit, mais fonctionnel et suffisant. « C’est pas mal », lâcha-t-elle, avant de prendre en main le petit paquet à son attention posé sur la table. En le déballant, elle ne fut pas plus surprise que cela de découvrir une petite statuette de qualité correcte, sans doute une coutume pour souhaiter la bienvenue ou la bonne fortune. Elle remercia le jeune homme et offrit une nouvelle courbette maladroite avant de reposer le présent sur la table en se demandant où elle allait bien pouvoir l’exposer.
« Du coup, ma chambre, tu m’as dit que c’était celle de gauche, c’est bien ça ? »
A peine sa question finie, elle ouvrit la porte pour se faire accueillir par un bordel de composants informatiques. Si le lit n’en était pas recouvert, et que la propreté de la pièce ne faisait pas défaut, la circulation y était réellement compliquée. Quand à y déballer ses affaires...autant ne pas y penser tout de suite. « Bon...ça peut attendre...faut juste que j’évite de faire tomber une RTX, vu le prix que ça coûte en ce moment. » Elle capta directement l’étincelle dans les yeux de Nao quand il entendit le mot RTX venant de la bouche d’une fille. Elle leva la valise, son biceps se dessinant sous l'effort, et la posa sur le lit.
La visite continua par la cuisine qui n’était qu’une autre partie du salon (pas grave, Automne et la gastronomie, ça fait deux), et enfin par la salle d’eau microscopique. Info sûre, elle n’allait pas y passer des heures, au vu de la tristesse de la pièce mais aussi et surtout de sa taille. Tant mieux, ce n’était pas le genre de femme à se pomponner trois fois par jour. Une douche rapide, un séchage qui l’est tout autant, un coup de brosse dans la tignasse, et basta.
« Je m’attendais franchement à pire. Bon, c’est pas le grand luxe, mais ça me convient. Du coup, c’est quoi ta routine quotidienne ? »
Ryo:
Alors, à la vitesse de connexion et la bouffe, il fallait ajouter à présent la nana super chouette qui déboulait dans ta vie comme coloc. Nao ne s'attendait pas à un tel phénomène en vérité. Il avait été soulagé ne pas avoir à subir le regard amusé habituel de ceux qui découvrait son physique pour la première fois. Non, au lieu de cela, Automne avait été aimable et souriante. Automne, c'était un drôle de nom et ça sonnait bizarre. Ça avait aussi une tonalité sexy et profonde, il aimait bien. Son prénom à lui, il le détestait. Tout le monde s'appelait Nao au Japon ...
Autant dans l'ascenseur, il s'était montré prudent, évident de scruter avidement la jeune femme, autant alors qu'elle découvrait la cellule, il prit le temps de la détailler. Alors, pas comme à l'abattoir quand on choisit la vache qu'on va acheter, mais plutôt de l'œil de celui qui n'a jamais eu le bonheur de vivre une relation charnelle avec une femme. Immédiatement, un détail lui sauta aux yeux. Elle n'était pas aussi jeune qu'il l'avait cru. Quelque chose lui disait que derrière ces traits angéliques, elle était bien plus mature que ce qu'elle paraissait. Son look jouait pour elle et il trouvait ça charmant. Sur les sites de cul occidentaux qu'il consultait parfois, les filles tatouées étaient les plus cochonnes! Automne était sacrément tatouée et il ne demandait qu'à savoir si ça s'étendait ailleurs que sur ses bras. Une légère odeur de cigarette la suivait. Là, cassus belli, pas question de fumer à l'intérieur, même à la fenêtre, il faudrait qu'elle descende! La clope, ça coûtait cher et c'était mauvais pour la santé donc il ne voulait pas en entendre parler. Elle était petite mais super bien foutue. Il la devinait tonique et réactive et sa démarche souple indiquait une certaine vivacité. Au lit, elle devait envoyer sévère. une ombre passa sur le visage de Nao. Ce n'est pas lui qui risquait de pouvoir le confirmer. La dernière fille qui l'avait vu en maillot à la piscine s'était tellement marrée qu'il avait fui, couvert de honte.
C'était étrange d'avoir quelqu'un d'autre dans sa cellule mais comme c'était elle, l'environnement clos prenait une toute autre dimension. Il réalisait qu'il allait vivre avec une petite bombe à ses côté. Faudrait pas qu'elle commence à ramener ses mecs à la maison, c'était tout.
"Euh oui, c'est bien celle là, je m'excuse, j'ai oublié de ranger mes affaires, je vais faire ça aujourd'hui."
Il n'avait aucune idée où il allait mettre ce foutoir. Et ... OOOOOOHHHH ... une spécialiste ès informatique? Oh bordel! Elle est parfaite cette nana! Un gros sourire vint barrer le visage du gros japonais qui s'imagina aussitôt monter avec elle des machines de malade. Ça, c'était vraiment sexy! Automne termina sa visite et valida l'endroit. Extra! Elle restait!
Dehors le soleil tapait dur et il faisait chaud dans la cellule. Nao crevait d'envie de retirer son t-shirt mais il ne le pouvait plus. Il invita sa coloc à s'installer devant l'étroite table basse sur le meuble tout aussi étroit qui faisait office de canapé et il alla chercher des trucs à boire au frigo. Il ramena du coca, du sprite, un autre truc gazeux japonais et deux bières bon marché d'un litre chacune. Avec ça, un bol de croquettes de poissons salées monumental et ils étaient prêts pour leur première bouffe.
"Tu préfères quoi?"
Pour être poli, il prit la même chose qu'elle et ils trinquèrent à l'occidentale. Le bol de chips prit immédiatement une branlée. La première chose qu'ils firent fut de confirmer le contrat avec l'agence et il reçu aussitôt un sms savoureux indiquant la réduction de moitié de sa part de loyer. Nao vivait correctement mais comptait chaque sou qu'il dépensait. Les formalités terminées, il se sentait plus léger bien qu'incapables de fixer Automne plus de trois secondes. Il ne fuyait pas son regard mais s'arrangeait pour bouger et sembler naturel. il s'en voulait d'avoir bégayer au début et surtout de ne pas avoir réussi à répondre à sa question dans l'ascenseur. Sa première? Ben oui, bien sûr, t'as vu mon corps?
"En fait oui, tu es ma première coloc, les loyers sont élevés quand même et j'ai eu peur de me noyer si une grosse dépense devait arriver. Je suis ravi de te voir arriver!"
Quand est-ce qu'on nique? Non, arrête Nao. Elle est cool et ne mérites pas que tu fasses ton gros porc. il se flagella mentalement et répondit à sa question.
"Et bien, au quotidien ... je me lève assez tard car je me couche tard aussi. Je bidouille pas mal ici pour monter des unités centrales qu'on me commande. Je me fais du fric en les revendant un bon prix. et puis après, je passe du temps sur mes consoles ou mon clavier. Ah! Et puis je sors aussi ... parfois, pour faire des courses. Et deux fois par semaine, je vais à l'université suivre des cours de programmation. Voilà!"
Rien de bien excitant mais il n'allait pas raconter de conneries trop faciles à démonter.
"Tu verras, le quartier est sympa. Pas très beau mais il ne craint pas. C'est assez sûr car le voisinage veille. On aime pas les importuns par ici. Il ya un supermarché à deux pas et un grand parc derrière la dernière barre d'immeubles que tu as passé. Je n'y vais pas car la dernière fois que j'y suis allé, je me suis fais piqué par une bête et j'ai doublé de volume..."
Il s'empourpra aussitôt devant l'absurdité de son propos. Pire que ça, c'était impossible. Il tenta d'orienter la conversation sur autre chose que lui.
"Et toi? Comment es tu arrivée ici? Tu comptes faire quoi?"
Mais qu'est-ce qu'elle était mignonne ...
Automne Maleki:
Une bonne boisson gazeuse, bien fraîche, à fortiori lorsque vous êtes dans un 25m² qui se transforme en étuve au premier rayon de soleil, ça ne se refuse pas. Automne choisit de se servir un grand verre de Coca, et trinqua à leur colocation naissante. Pendant que Nao se plongeait dans les formalités administratives, elle se perdit dans ses pensées. Ce n’était vraiment pas la vie dont elle rêvait en quittant le cocon familial. Elle qui espérait du dépaysement, elle l’avait, mais pas celui auquel elle s’attendait. Mais cette situation n’était pas une fatalité. C’était temporaire, et il fallait qu’elle voie ça comme une tremplin pour mieux rebondir plus tard. Et retomber sur ses pattes. Ça, elle savait le faire, très bien même. Vu le nombre d’étrangers dans cette ville, la discrimination à l’emploi n’était sans doute pas la norme. Bon, elle allait sans doute enchaîner les petits boulots sans intérêt pendant quelques mois, mais l’avenir sera rayonnant, elle en était certaine. Et cette certitude, elle en avait besoin…
Ce fut la voix de Nao qui la reconnecta avec le monde réel. Elle le laissa parler, l’écoutant en sirotant son verre de soda, piquant quelques chips par-ci par-là, impressionnée par le rythme auquel le japonais les engloutissait. Nul doute qu’il devait faire la même chose à chaque repas. Si on ajoute à ça son rythme de vie sédentaire, et sans doute une quantité d’activité physiques proche du néant, pas étonnant qu’il soit empâté. Pourtant, il n’était pas repoussant. Avec quelques dizaines de kilos en moins, il serait peut-être même mignon. Pas sexy, n’abusons pas, mais son air avenant jouait en sa faveur. Elle termina le bol de pickles, dévorant les quelques miettes que le garçon avait laissé, et se retint de rire lorsqu’il lui parla de sa mésaventure au parc. Elle se l’imagina avec le visage gonflé, et cette vision lui coupa toute envie de se marrer.
« Eh bien...si je suis venue ici, c’est parce que...bon, c’est pas très intéressant hein... »
Ce n’était peut-être pas très intéressant, mais ça ne l’empêcha pas de raconter une bonne partie de son passé. Ses années à l’armée, son retour chez ses parents, son envie d’ailleurs, ses projets de se remettre à la musique et à la programmation, ses déboires financiers. Ce fut relativement long, et elle ne savait pas si Nao ne l’avait pas coupée par politesse ou si il était réellement intéressé par ce qu’elle racontait. Elle se le va et s’étira, tendant les bras vers le plafond qu’elle aurait pu toucher si elle ne faisait pas approximativement la taille d’un hobbit.
« En tout cas, perso, je peux pas passez une journée sans faire de sport. J’irai courir le matin, je ferai pas de bruit en sortant comme ça tu peux te lever à l’heure que tu veux. Tu sais si il y a des salles de sport dans le coin ? »
Question idiote. Comme si il pouvait lui répondre. La dernière fois qu’il avait vu une salle de sport devait être au lycée. Et encore, peut-être qu’il se faisait dispenser. De toute façon, elle pouvait très bien chercher sur internet. Regarder les avis, ce n’est pas bien compliqué. Même si pour l’inscription, ça risquerait d’être plus compliqué, vu son niveau abyssal en japonais. Elle pourrait peut-être emmener Nao avec elle pour l’aider à faire les démarches. Et qui sait, peut-être y aurait-il un miracle, et qu’il voudrait l’accompagner et s’exercer à son tour.
« Je pourrais peut-être te donner un coup de main pour monter des pc ? Ca fait longtemps que je l’ai pas fait mais j’aimerais bien m’y remettre. Si ça te dérange pas. »
Et si elle pouvait en profiter pour avoir un ordi pour elle, à bon prix,ce serait parfait. Son laptop était certes une sacrée bête de compétition...mais il datait de plus de 10 ans ! Autant dire qu’il était dépassé depuis longtemps. Mais elle le gardait comme une relique d’une époque passée, une époque où tout était plus simple. Plusieurs gigas de photos, vidéos, musiques qu’elle chérissait particulièrement étaient le témoignage de cette vie qu’elle avait perdue.
« Bon...on va débarrasser ma chambre ? On sera pas trop de deux pour nous en occuper. »
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