Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre > Zone Sous-Marine

Nage en eaux troubles [PV. Johnny][ABANDONNÉ]

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Gwen K.:
Le vieux portable vibra dans la poche du tablier de Gwen. Il s'agissait d'un modèle obsolète mais qui lui suffisait amplement pour téléphoner et naviguer sans excès sur internet. La serveuse jeta un coup d'œil vers les rangées de caisse du fast food où elle officiait en journée et s'assura que le patron était occupé à gérer la masse de clients affluents à cette heure de la journée. Il faisait particulièrement beau ces derniers jours et les habitants de Seikusu se ruaient à l'assaut des rues et des commerces  bien plus que d'habitude.

Gwen se glissa derrière un paravent et sortit son appareil pour y répondre.

"Oui allo?"

"C'est Anako, à l'aquaclub. Nous avons besoin de toi ce soir pour un extra, les surveillants titulaires sont tous pris sur des activités programmées et on a un nouveau à former. C'est son premier jour, tu t'en occuperas."

Le ton était froid et distant. Anako était la RH du club qui employait Gwen quand ils avaient besoin de renforts. La manager était l'équivalent d'un dragon réincarné en humaine. C'était une terreur qui tenait son équipe et ne tolérait pas le moindre écart.

"Oui bien sûr, comptez sur moi, je serai là."

Son interlocutrice raccrocha sans un mot de plus et la jeune femme revint en salle. Un client avait renversé son plateau à côté de la poubelle et elle soupira avant d'aller chercher le matériel de nettoyage. Pour elle, c'était une semaine merdique, comme toutes les précédentes en fait. Quand le solde du compte était toujours inférieur au montant des dépenses, il était rare que ça aille bien. Elle bailla. La fatigue pesait chaque jour plus et elle rêvait de son prochain dimanche de liberté. Six jours encore... Elle regarda sa montre, il était 18 heures et il lui faudrait être au club à 19 heures 30. Elle n'aurait qu'une demie heure dès la fin de son service pour avaler quelque chose et se présenter à Anako.


Merde merde merde!!!! Gwen passa l'accueil du club en courant et s'engouffra dans les galeries de service. Le patron du fast food l'avait retenue pour lui faire la morale. Il l'avait repéré au téléphone sur dénonciation de l'opérateur des caméras. Du coup elle n'avait pas mangé et tapé un sprint pour être à l'heure. Elle devait encore se changer. Un grand type costaud occupait le couloir, en tenue de surveillant, maillot rouge, sifflet autour du coup, trousse de secours à l'épaule.

"Pousse toi!"

L'injonction fut brève que Gwen était déjà sur le colosse et le poussait contre le mur pour passer. Elle était bien plus forte qu'elle en avait l'air, engoncée dans ses fringues informes. La porte du vestiaire des personnels féminins claqua sous son impulsion et elle se rua à son casier. Vite, vite, vite!!! Elle se déshabilla, passa son maillot rouge une pièce et par dessus un pantalon de jogging du club bleu marine, prit sa trousse de travail et en trombe rejoint le bureau de la manager quand l'affichage de sa montre indiqua 19 heures 30. La porte était ouverte et elle y frappa.

"Entre!"

Le visage sévère et le tailleur serré, Anako, cinquante ans, un physique adapté à son caractère, regardait elle aussi sa montre.

"La ponctualité Mr Paso ... J'y attache une importance particulière. A l'image de Gwen, vous respecterez vos horaires. Gwen! Voici Johnny Paso, il occupera le même emploi que toi dans les mêmes conditions contractuelles. Ce soir tu le briefes et lui fait découvrir l'établissement. Demain soir, surveillance bassins. Laissez moi maintenant."

"Oui madame, c'est bien compris."

Demain soir aussi ... Gwen calculait les rentrées d'argent. C'était bien comme ça car initialement, elle ne devait pas venir travailler cette semaine au club. Elle pourrait payer les factures de l'hôpital pour Kaito. Ils sortirent tous les deux du bureau et elle fit enfin attention à son interlocuteur. L'homme était celui qu'elle avait poussé dans le couloir. De face, il était tout autant impressionnant que de dos. C'était une montagne de muscle et elle se sentit toute petite devant lui. Cependant il ne grimperait pas trois mètres sur une paroi ... bien trop lourd. Son œil de compétitrice évalua les capacités de l'homme et le catalogua dans une catégorie de sports qu'elle n'appréciait que moyennement. Et ... ce maillot ne servait pas à grand chose, en tout cas, ne cachait pas grand chose. Curieux qu'Anako, très à cheval sur l'éthique, l'ai recruté.

"Enchantée Johnny-san, je m'appelle Gwen, je serais donc ta guide pour la soirée. Tu as bien un casier? Je ... Tu devrais mettre le pantalon qu'on t'a fourni. Normalement nous n'irons pas à l'eau. Les vestiaires sont par là, suis moi."

Elle passa devant lui, offrant à Johnny de profil puis de dos son corps fin et athlétique.

"Alors ces galeries sont réservées au personnel de l'établissement ......"

Des banalités professionnelles ... Élevée à la japonaise, les sujets personnels étaient évités au premier contact même si elle était loin d'être sauvage et que ses tendances rebelles la désignait souvent comme le vilain petit canard du lot.

"N'hésites pas à m'interrompre si tu as des questions, je suis là pour toi."

Johnny Paso:
Anako n'était pas l'aventure la plus mémorable qu'il ait eu, mais il fallait reconnaître que la quinquagénaire japonaise avait eu des surprises pour l'Argentin. Acte de faiblesse influencé par l'alcool, ses hormones tortueuses et les avances prononcées de la matrone aussi jetée que lui, le sexe avait été rude et jouissif. A juger la boule de nerfs d'après ses tensions et son expression, on pouvait penser qu'elle était aussi frigide et serrée qu'un cornet glacé, mais les gens les plus durs avaient tendance à être ceux qui relâchaient le plus fort et à s'envoyer en l'air le plus radicalement.
Difficile de dire comment elle avait eu son numéro personnel puisqu'il ne se rappelait pas le lui avoir donné, mais elle l'avait eu. Elle avait tenté de le contacter plusieurs fois depuis ce soir-là, mais Johnny l'avait ghostée sans faillir. D'accord, il ne l'avait pas bloquée ! Il pouvait toujours avoir besoin de son numéro, lui aussi, non ?
En tout cas, il ignorait dans quoi elle travaillait. Elle lui en avait peut-être parlé, mais c'était entré par une oreille et sorti par l'autre si c'était le cas. Il apprit qu'elle était la RH de l'aquaclub le jour où elle lui avait laissé un message vocal dépité lui demandant de venir assurer un extra. Visiblement, il avait parlé de ses activités multiples et elle avait écouté et retenu. En temps normal, il aurait tiré une croix sur le club et refusé d'insulter l'orgueil de son coup d'un soir en lui répondant uniquement pour une opportunité d'emploi, mais il avait besoin de cet argent et de celui qui pourrait suivre, alors...

Johnny avait mangé le mur sans pouvoir réagir au hurlement qui avait éclaté derrière lui. Il n'eut que le temps de voir disparaître une silhouette vers les vestiaires des femmes avant de poursuivre son cheminement vers le bureau d'Anako. Le moment était redouté et tendu, mais il fallait bien y faire face. Avec de la chance, son binôme serait déjà là ? Raté ! En entrant, il dut affronter seul le regard distant et le ton froid de la responsable.
— Attendons votre binôme.
Il lui aurait bien dit d'être moins protocolaire avec lui en tête-à-tête, mais risquer l'ire d'une femme à la fierté blessée était probablement une très mauvaise idée. Il recevait probablement des signaux contradictoires vu comme elle zieutait sa tenue. Y avait-il un problème ? Il n'eut pas le loisir de rassembler le courage de le demander, son binôme et instructeur débarquant pile à l'heure. Un coup d'œil à son adresse lui suffit pour savoir que c'était celle qui l'avait bousculé dans le couloir. Une femme dynamique, physique... et franchement jolie !
Calme-toi, Johnny !
— Compris, Madame, imita-t-il avant de quitter le bureau avant Gwen. A Rome, fais comme les Romains et tu iras loin.
Avec les inconnues, Johnny parvenait généralement à garder son sang froid, même avec un joli morceau comme elle, mais il y avait un truc bizarre chez les femmes d'ici. Elle aussi le reluquait, maintenant ? Et sans même s'en défendre, visiblement. Il n'était pas aveugle et il voyait bien qu'il se faisait détailler sous toutes les coutures alors... il fit de même. La vue était belle, Gwen était féminine et en sacrée forme physique. Johnny devinait qu'il n'y avait pas que la natation dans sa vie. Y avait-il un mec, aussi ? Ou même une femme qui ne comblerait pas tous les besoins de sa bisexuelle de conjointe ? Ah ! Voilà qu'il partait dans des scénarios graveleux, encore ! Concentration !
— Enchanté, Gwen-sama. Je vais tâcher d'être à la hauteur, formula-t-il pour se recentrer sur sa mission, avant d'abandonner toute subtilité pour la détailler de la tête aux pieds comme elle passait devant lui. Oh la la ! Il ignorait si c'était l'attitude d'Anako ou si c'était l'énergie que dégageait Gwen, et c'était sûrement les deux, mais il ne pouvait pas s'empêcher de divaguer et de s'imaginer des choses avec cette descente de reins solide. Il marmonna un acquiescement machinal à ses banalités. Qu'avait-elle dit sur les vestiaires ? Bah, il allait juste la suivre et il verrait bien.
Ils se retrouvèrent ainsi aux vestiaires. Elle l'avait accompagné à l'intérieur en l'absence d'autres hommes pour l'heure et il avait fini par comprendre qu'elle cherchait son casier, qu'il fit mine de retrouver après s'être légèrement emmêlé les pinceaux. En ouvrant, il trouva une tenue neuve et protocolaire, incluant un pantalon bleu comme celui que portait Gwen. Ah ! Oui ! Il se disait bien qu'elle avait parlé d'un pantalon ! C'était donc ça ! Et avec le pantalon se trouvait un maillot dont les jambières lui descendraient à mi-cuisse à vue de nez. C'était loin d'être sexy, mais si c'était la politique maison...
— D'accord ! Je comprends mieux les regards ! se mit-il à rire en comprenant qu'il y avait bien un problème, au final.
Ou n'y avait-il que ça ? En s'emparant du vêtement de bain, il jeta un regard à Gwen et glissa la main vers son petit maillot. Il ne résista pas à roula sur ses cuisses en le dévoilant totalement nu. Ce n'était pas comme si ce truc cachait grand chose, voyons ! Elle avait déjà vu la marchandise et n'avait pas cherché à se dépêcher pour l'admirer.
Bien sûr, il ignorait qu'elle jaugeait son physique de façon très différente.
— Tu m'aiderais à faire l'essayage ?

Gwen K.:
Gwen restait sceptique. Johnny avait un accent vraiment prononcé et elle devait l'écouter attentivement pour bien tout comprendre, et  regarder ses lèvres pour lire ce qu'il disait afin d'être sûre de ne pas se tromper sur le sens de ses mots. C'était un peu impoli comme méthode mais elle ne s'embarrassait pas trop des détails. Il fallait qu'ils se comprennent pour bien travailler ensemble! La jeune femme ne comprenait toujours pas ce qui avait poussé Anako à le recruter. Il avait l'air un peu perdu, même dans son vestiaire où ils étaient entrés après qu'elle se fut assurée qu'il n'y ait personne. Il était peut être anxieux pour son premier jour. Ses gestes paraissaient patauds comme s'il se cherchait. Et pourquoi riait-il? Il n'y avait rien de marrant à la situation. Il allait surveiller des bassins avec des gosses et des familles, hors de question qu'il se trimballe en s'exhibant! Anako était aveugle?

Gwen allait le laisser se changer quand il la prit de court.

"De quoi? Mais qu'est-ce que tu fais?"

Ses grands yeux expressifs s'agrandirent de surprise quand Johnny roula son maillot sur ses cuisses, dévoilant un sexe monstrueux qui devait faire la taille de l'avant-bras de la jolie sportive. Elle mit un instant à réaliser ce qui se passait avant que la brusque réalité ne l'assaille. Dans son quartier miteux, les agressions sexuelles, exhibs et harcèlements étaient monnaies courantes et elle avait déjà été victimes de ce genre de comportements sans, heureusement, que son intégrité physique soit atteinte. Elle s'en était toujours bien sortie et à présent reconnaissait la violence de ce traitement. Il la prenait pour une salope! Ce connard musclé croyait que son corps d'athlète lui ferait écarter les cuisses?

"Tu m'aiderais à faire l'essayage?"

La question tomba comme un couperet, enterrant définitivement le peu de respect que Gwen conservait de son interlocuteur. Elle ne fit pas attention au ton rigolard, à l'attitude cool qu'il avait malgré tout, ni à la spontanéité de sa demande. Il la prenait pour une salope...
Gwen pâlit subitement et se figea, face au colosse. Il allait la violer? L'esprit rebelle et combatif de la jeune femme s'éveilla et son visage se transforma en masque de colère.

"MAIS TU ME PRENDS POUR QUOI PUTAIN??"

Elle lui décocha un coup de pied, vestige de ses compétences en karaté, qui manqua sa cible de peu mais qui percuta quand même l'intérieur de la cuisse du colosse et même si elle eut l'impression de frapper un mur, elle ne s'arrêta pas à ça. Elle avança sur lui et il recula, heurta un petit banc et n'eut d'autre choix que de s'y asseoir pour ne pas basculer en arrière, se retrouvant à un niveau plus abordable pour elle. Gwen avait les yeux rougis, brillants de larmes de rage. Elle pointa sur Johnny un index accusateur.

"TU CROIS QUOI LA? T'ARRIVES A MOITIE A POIL ET TU PENSES QUE JE VAIS TE SUPPLIER DE ME BAISER ?? CONNARD! TU CROIS QUE JE FAIS CE BOULOT POUR ......"

Gwen faisait beaucoup de bruit. Elle s'arrêta net quand de l'autre côté des casiers, la porte des vestiaires s'ouvrit en claquant et qu'une voix autoritaire s'éleva.

"Mais que se passe t'il ici?"

Non non non!!! Anako était là et Gwen sut qu'elle allait se faire virer illico. Johnny s'était levé dès que la porte avait claqué. En un mouvement, la jeune femme tomba accroupit, attrapa le maillot du colosse et le remonta en même temps qu'elle se relevait. Au passage, et comme rien n'allait, elle écrasa son visage contre le membre mou et horrifiée, finit son geste avec l'impression d'avoir embrassé un serpent. Elle se retournait d'un bloc qu'apparaissait Anako, interloquée.

"Je peux savoir ce que vous faites?"

Ce n'était pas une question.

"Je ... j'ai ... je me suis fait mal et ..."

Vite, dire quelque chose, si elle perdait ce boulot, ce serait dramatique. Les factures et les dettes s'amoncelaient plus vite que l'argent ne rentrait. A voir la tête d'Anako, ce n'était pas suffisant comme explication.

"Ah oui? Il m'a semblé entendre quelque chose de plutôt inopportun pourtant ... Je pense qu'il faut que je me pose la question de savoir si votre attitude est digne de cet établissement?"

Gwen ne sut plus que dire, figée, la tête légèrement baissée pour cacher son désarroi et ses yeux humides . D'un côté, le gros sexe de Johnny pressait contre son dos. Elle avait reculé devant l'intrusion d'Anako... De l'autre, la manager avait toute autorité pour transformer la vie de la jeune femme en un néant insondable.

Le sauvetage que Gwen espérait vint de derrière elle.

Johnny Paso:
A la seconde où il vit le regard de Gwen, Johnny avait compris qu'il avait encore fait une belle connerie. Avouer combien de fois il avait pu voir ce regard aurait été embarrassant, voire humiliant pour lui. Quand les hormones se mettaient à l'inonder, à le dominer, il devenait difficile pour lui de contrôler ses pulsions. Toute sa réalité passait par un prisme déformé qui faisait ressembler le monde à un Brazzers House géant. Il n'y avait plus de place, dans sa tête, pour autre chose que ses envies et celles qu'il voyait — ou pensait voir, et c'était bien ça le problème — chez les autres.
Il connaissait la réponse la plus appropriée. Il s'était décalé à temps pour éviter le coup fatal et, à sentir le choc de l'impact contre sa cuisse, il était ravi d'avoir pu esquiver celui-là. Mais, après ça, la seule solution était la retraite. Oui, elle avait raison d'être en colère. Il avait un grain, un putain de sacré grain. Il ignorait ce qu'il avait exactement déclenché dans la tête de la jolie Gwen, mais elle était clairement hors d'elle et il n'allait pas chercher à se défendre. Il s'excuserait, si cela semblait capable d'aider, mais il en doutait. En vérité, le mieux serait sûrement d'aller s'excuser à Anako directement et repartir en n'embarrassant plus Gwen par sa présence.
Mais ils avaient été interrompus subitement. Au son de la voix bien reconnaissable, Johnny avait bondi, ignorant le contact disgracieux du visage de Gwen sur son membre, et s'était tu. En silence, il écouta le déroulement de la discussion. Anako n'était vraiment pas sympa avec Gwen ! Johnny l'avait prise pour une desperate housewife à la japonaise, mais en vérité elle était un peu... C'était quand même une vraie conne !
Une chose était claire dans l'esprit de Johnny : Gwen n'allait pas prendre pour lui. Anako pouvait très bien éviter de le regarder, de se pencher pour le voir à poil derrière Gwen, rouge de honte, et focaliser toute sa colère contre la version plus jeune, plus dynamique et plus belle de celle qu'elle aurait seulement aimé être, mais Johnny ne lui donnerait pas l'occasion de s'en sortir comme ça.
Doucement, Gwen ayant perdu sa voix, il posa ses grandes mains sur les épaules carrées de la belle et l'écarta doucement, se dévoilant à Anako. Résigné, il avait perdu sa rougeur et c'était maintenant à Anako de virer pivoine.
— Anako-san, pardonne-moi. Gwen-sama a eu raison de crier, c'est moi dont le comportement n'est pas approprié pour travailler ici. Tu le sais bien, après tout, je ne suis pas difficile à avoir. J'ai mal compris ses mots et... Je vais partir. J'endosse toute la responsabilité de cet incident.
Toujours plus rouge, Anako resta silencieuse. Elle jeta un coup d'œil à l'entrejambe nue de Johnny en déglutissant, et tenta de regarder Gwen, mais elle ne parvint pas à supporter son regard. Oui, en lisant entre les lignes on comprenait qu'Anako avait eu une aventure des plus frivoles avec le jeune étranger, qu'elle avait ensuite engagé. Il n'y avait vraiment pas de quoi prétendre représenter une autorité supérieure en matière de morale. Si quelqu'un avait bien résisté au charme physique de Johnny, ici, et n'avait pas mêlé travail et plaisir, c'était Gwen. Il fallut un instant à Anako pour retrouver l'usage de sa voix et conclure d'un timbre étranglé :
— Je crois que j'ai... mal analysé la situation. M. Paso, ce genre d'attitude est inacceptable dans notre établissement, considérez-vous averti. Que ça ne se reproduise pas !
Johnny baissa les yeux, et la tête après l'avoir hochée. Anako avait retrouvé assez de contenance pour bouger et elle parvint presque à croiser le regard de Gwen.
— Vous allez être en retard. Au travail !
Tournant les talons, Anako disparut, refermant la porte derrière elle en la claquant. Johnny poussa un long soupir et, la tête toujours baissée, il se pencha pour récupérer ses affaires de travail, qu'il observa un instant avant de les tendre à Gwen.
— J'étais sérieux. Je m'en irai si c'est ce que tu veux.

Gwen K.:
Dès les premiers mots de Johnny, Gwen leva les yeux pour fixer Anako. Il la tutoyait, il la connaissait. En si peu de contenu, elle comprenait le comment du pourquoi et tout ce qui en découlait. Anako qui représentait la rigueur travailliste japonaise n'était en fait pas si différente que bon nombre de filles en manque de sexe qu'elle avait connue. La manager avait succombé au physique de Johnny et se l'était tapé avant de le recruter. C'était aussi simple que cela. La quinqua perdit instantanément tout le respect que lui vouait la jeune femme néanmoins, c'était toujours elle la boss et Gwen ne pouvait pas lui cracher à la figure.

Durant la minute qui suivit où gêne, silences, et raclements de gorges furent synonymes de la sensibilité de la situation, les deux femmes méditèrent sur l'attitude de Johnny. De son côté, Gwen lui fut gré d'être intervenu. C'était la moindre des choses après tout mais son geste courageux la toucha. Il aurait pu se taire et la laisser encaisser la colère d'Anako, avant d'être virer. Elle n'avait pas frémit quand il avait posé ses grosses mains sur ses épaules pour l'écarter et se dévoiler dans toute sa nudité. Il avait été franc, sans détours et prenait sur lui l'entière responsabilité de ce foutoir.

Gwen eut un pincement au cœur. Ils étaient dans les vestiaires pour hommes. Elle l'y avait emmené mais  aurait put attendre à l'extérieur. Johnny était en droit de penser qu'elle pouvait vouloir jouer un peu. Et puis ... elle l'avait maté aussi, de haut en bas. Elle l'avait clairement et sans gêne scruté sous les moindres coutures. Il aurait put y lire un message d'approbation. Elle était tout aussi fautive que lui en fait. Bien sûr, il avait été vraiment offensif, très occidental, sans y mettre les formes. En cela, il avait merdé. Gwen n'était pas une puritaine mais demandait à ce qu'on lui accorde quand même un minimum de respect.

Anako prit la parole et s'enfonça dans une excuse bidon avant de fuir, sûrement pour aller pleurer de rage dans son bureau. Ils se retrouvaient seuls. Le soupir de Gwen fit écho à celui de Johnny. Il était toujours nu et elle lui présenta son profil alors qu'elle fixait la porte de son casier.

"Habille toi!"

C'était peut être un peu sec mais elle avait la gorge sèche et elle ne voulait pas s'éterniser face à lui.

"Je t'attend dans le couloir."

Elle sortit et fila au vestiaires des femmes pour se passer un coup d'eau sur le visage et boire. Elle avait été à deux doigts de perdre beaucoup plus qu'elle ne pouvait se le permettre et il l'avait sorti de ce mauvais pas. Johnny n'avait pas l'air d'être un type malsain, au contraire, il devait être sympa bien qu'excessif. Gwen décida qu'en effet cela avait été accidentel et qu'un énorme malentendu avait mené à ce désastre. Elle revint dans le couloir et attendit, appuyée contre le mur. Il devait cogité. Il y avait de quoi. La jeune femme prit sur elle d'essayer de rattraper le coup, ou tout du moins de tenter d'arranger les choses.

Quand il sortit du vestiaire, dans la bonne tenue, elle lui adressa un sourire un peu forcé mais sincère.

"Je te remercie d'avoir sauvé la situation. Je pense que ... nous nous sommes mal compris dès le départ, sur de faux à priori malvenus."

 Les bras le long du corps, elle lui fit une courbette officielle.

"Je m'excuse de t'avoir maltraité et d'avoir pensé que tu étais un type sans cervelle."

C'était dit et elle acceptait tout ce que Johnny lui répondrait.

Au moins ils partaient sur de nouvelles bases et après s'être expliqués, il était temps de bosser. Elle le guida dans le dédale que représentait le complexe nautique, lui expliquant en détail le fonctionnement de l'établissement, lui intimant de mémoriser l'emplacement des sorties de secours et d'apprendre pour le lendemain les consignes de sécurité. Ensuite, elle lui fit faire le tour du bassin qu'ils surveilleraient tous les deux le lendemain. Un bassin réservé aux adultes avec des animation et mouvement d'eau. Pour l'avoir déjà fait, Gwen savait qu'ils passeraient plus de temps dans l'eau qu'au bord. Les jeunes qui venaient s'amuser ici étaient assez turbulent et il y avait de fréquents accidents.

La visite technique  dura la soirée entière. C'était nécessaire dès qu'on engageait la sécurité du public et ils n'eurent le temps de faire aucune pause. Quand ils terminèrent, Gwen était rincée d'avoir trop parler et trop piétiner. Il allait falloir se séparer. Gwen fit le compte de sa monnaie.

"On a fini. Je ... On boit une bière quelque part? Pour ... enfin ... on a bien bossé."

Culpabilité?

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