Lorsque je ressors de la boutique de ma mère après l'avoir aidée et reçus son réconfort habituel que j'avais besoin depuis ce qui était arrivé l'autre fois, je retourne seule vers le lycée. Epaules raides, avec la têtes rentrée dans celles-ci, je pars presque au pas de course vers la station de métro. Veillant à ne rien laisser au hasard, j'essaie de faire le plus rapidement possible converger mes pensées vers des choses plus agréables. Surtout ne pas repenser encore à tout ça...
Je vais être franche, j'ai régulièrement des craintes depuis ce jour là. J'ai des angoisses mais heureusement que ma mère a les moyens de pouvoir soulager un peu ma conscience qui reste parfois tendue. Grâce à elle et à ses talents, j'arrive déjà à retrouver une vie à peu près normal. J'essaie de continuer à vivre comme si de rien n'était. Comme elle, j'essayais d'oublier cet instant traumatisant. Sauf que je ne savais pas encore que j'allais le retrouver. Il était là, si proche de moi. Lui! Ce sale pervers détraqué qui a... osé me violer sauvagement ma mère et moi! Il était là sur les quais quelque part, sans que je m'en aperçoive. Il m'espionnait et il attendait tranquillement le bon moment pour recommencer ses trucs dégueulasses sur moi...
Naturellement je n'en savais rien et je montais dans un wagon, tout en faisant attention à me retrouver dans une rame suffisamment pleine pour éviter toute agression. Coups d'oeils furtifs de temps en temps lorsque je me perds sur mon téléphone, ce truc terrien qui t'aspire tout ton temps et toute ta misérable intelligence qui ne pourra jamais égaliser la mienne, je finis par vite arriver à la station qui se trouve près du lycée. Comme tout à l'heure, je ne perds pas une seconde et je file à toute vitesse, la tête encore une fois bien rentrée dans les épaules.
Je souffle et je me détends un peu, lorsque j'arrive dans le hall du bahut en début de soirée. Tout en saluant les deux ou trois connaissances que je croise en remontant vers ma chambre, je finis par m'arrêter devant la porte avec un pressentiment désagréable que je chasse immédiatement. Dans ce monde cruel, je devais tout faire pour ne pas montrer ma faiblesse. je m'étais mise d'accord avec ma mère pour que mon frère ne sache rien de ce qui était arrivé. Nous ne voulions pas qu'il souffre lui aussi de tout ça...
Lorsque la porte s'ouvre et grince légèrement, j'allume la chambre qui s'éclaire aussitôt. Comme d'habitude c'était le bordel à cause de Tet. On partageait la chambre et même si on baisait ensemble, le seul mec avec lequel j'étais consentante il faut le préciser et c'est mon frère, on faisait un peu chacun notre vie tout en se retrouvant tous les jours.
- Quel con! Il a rien rangé du tout!
Un peu lassée, je remets un peu d'ordre dans cette chambre aussi minable qu'indigne de m'accueillir, puis lorsque j'ai terminé, je pianote encore peut-être un long moment sur le téléphone. Je voulais attendre que l'heure avance suffisamment, pour être certaine de croiser le moins de monde possible en allant prendre une douche. Puis comme je n'avais pas vraiment faim, j'ai donc sauté le repas de merde que l'on nous sert chaque jour dans cette cantine infecte, que même les pays les plus sous-développés de cette planète ne voudrait pas.
Après avoir jeté un oeil à la fenêtre qui était restée ouverte, je décide de la refermer avec un nouveau petit frisson désagréable, avant de prendre enfin mes affaires de toilettes pour me diriger vers les douches. Lumières éteintes et porte de la chambre bien refermée, j'arrive en quelques gracieuses enjambées dans l'endroit qui se retrouve désert. Tant mieux.
Je me déshabille et je pose mes affaires et je traverse ce coin pouilleux pour aller dans une cabine. Voir personne ne voulait pas dire que je ne voulais pas m'isoler complétement de tout... Gel douche en mains, je commence à faire couler l'eau que je mets à température convenable, avant que celle-ci ne commence à me détremper. Sa chaleur rassurante et apaisante se met à glisser le long de mon corps nu et éternellement sublime. Pendant que je commence à voir la buée et que je ferme un instant les yeux, je sursaute lorsque j'entends un bruit. Quelqu'un était entré dans les vestiaires. Mais je décide ne pas faire attention, prête à commencer à me laver.