-Protégez les convois! Dépêchez-vous!
La générale hurlait ses ordres à ses subordonnées, qui évacuaient maintenant les femmes qu’on avait réussi à sortir du repaire de la fourmilière à quelques kilomètres de Tekhos. Moi, j'étais un peu plus occupé que la jolie neko qui commandait cette troupe. Mon arme lourde étant loin derrière moi à cause d'un assaut d'un de ces aliens (Fourmis ou quelque chose qui y ressemble...), alors, je me battais au katana. Heureusement que j'avais pris le soin d'y placer quelques sorts avant de m'engager, sous obligation, il va s'en dire, dans les forces Tekhanes. Le manque d'effectif se faisait de plus en plus évident parmi elles et il y avait de quoi s'inquiéter si Tekhos tombait.
Un tentacule d'alien m'agrippa la cheville et tira, essayant de me déstabiliser, mais un couteau sectionna l'appendice, provenant de Naomi, une jeune militaire Tekhane et aussi la seule à ne pas être franchement désagréable avec moi. Je la remerciai d'un signe de tête, éclatant de rire lorsque j'entendis le propriétaire du tentacule crier des injures dans sa langue inintelligible. Tout ce que je comprenais, c'était des gargouillements et des grognements, et je trouvais très drôle de les entendre à profusion, même si c'était un peu déplacé sur un champ de bataille.
Mais la Tekhane ne la trouvait pas vraiment drôle était loin d'approuver mon sens de l'humour. Sous ses yeux bleus aux pupilles verticales se trouve certainement la jeune femme la plus déterminée à sauver ses amies enfermées dans le camp formien, un peu plus bas. La neko me flanqua un léger coup de queue derrière la tête, m'adressant un sourire avant de retourner se battre contre les formiens. Cette tekhane était la seule à agir de cette manière avec moi, puisque ces femmes avaient une profonde aversion pour les hommes, mais la dernière génération semblait moins fervente, du moins, pour le moment, à l’extinction et au bannissement des hommes. Je voyais que certaines me regardaient d’un œil curieux et la plupart ne savait même pas à quoi ressemblait un homme. D’ailleurs, les seuls hommes de Tekhos sont enfermés dans un laboratoire, plongé dans un état de somnolence, et les scientifiques recueillaient leur semence pour les femmes désirant enfanter, ou alors, c’était des prêtres.
Je me rappelle encore des évènements qui m’avaient propulsé malgré moi dans ce monde de femmes au caractère terrifiant et violent. J’avais entendu de mes sources que Fiela était ici, à Tekhos. Lorsque j’ai mentionné son nom, quelques filles avaient réagit, me prouvant la véracité de ces paroles… cependant, je savais bien qu’aucune ne voudrait la laisser partir avec un homme. Mais la générale m’avait fait une offre que je n’ai pu refuser. Elle m’a dit que si je combattais les formiens en restant le chien de ses soldates, étant ainsi le subordonné des subordonnées, je pourrai peut-être avoir quelques informations concernant ma femme. Apparemment, elle ne m’a pas cru quand j’ai parlé de la déesse devenue humaine, cela lui semblait irréel, mais avec la technologie dont elles disposaient, l’écart entre elles et les Dieux n’en était que plus grand, car elles étaient pour la plupart athées, même si quelques-unes fréquentaient l’église de l’ordre immaculé.
-Meisa! Attention!
Cet éclat de la part de Naomi me ramena à la réalité. Une créature de la fourmilière était en train de me charger! D’un saut précipité, je m’élançai sur ma droite et j’évitais l’espèce de boulet organique d’une roulade sur le coté. Le fait de m’être ainsi dérobé me laissa quelques bleus, mais c’était à peu près tout. La bête venait de se lever et orienta sa tête vers moi. On aurait dit un mélange de taureau, de lombric et d’un grand chat des terres désolées. Il se tenait sur quatre pattes, ses membres postérieurs étant un peu plus courts que ceux antérieurs, sa peau reluisante semblait faite d’un cuir huilé et étiré alors que de puissants crocs étaient visibles. Apparemment, il n’était pas au meilleur de sa bonne humeur. Ce qui m’étonna, c’était l’absence d’yeux sur son visage, preuve évidente qu’il ne pouvait pas me voir. J’agrippai mon sabre puis je l’orientai vers mon adversaire qui s’approchait à nouveau en beuglant. Un sourire narquois naquit sur mon visage alors que je dessinai un énorme cercle de transmutation. Je fis un bond vers l’arrière et dès que la bête posa ses pattes au centre du cercle, je l’activai avant de le ruiner au milieu de la transmutation, décomposant totalement les chairs de l’animal. Un souvenir me revint encore une fois, mais j’évitai de m’y plonger.
Naomi s’approcha à nouveau, totalement paniquée. Elle s’arrêta devant moi, respirant à toute vitesse, les larmes aux yeux. Je voyais bien que mon manque d’attention aurait pu me couter la vie et cette demoiselle n’aimait pas côtoyer la mort. Je lui souris doucement avant qu’une sale gifle me heurta en plein visage, suivit d’un charmant « Espèce de sombre crétin! » prononcée par la demoiselle. Elle se mit à m’engueuler, là, sur le champ de bataille avant que je ne l’agrippe et ne l’entraine avec moi sur le sol, évitant un tir formien. À la fois surprise et contrariée, cela me valu une autre gifle. Je grommelai alors, me relevant du sol, l’aidant par la suite à se lever alors qu’elle s’excusait de m’avoir frappé. La neko n’était pas quelqu’un de violent, mais elle était du genre à s’énerver facilement. Je ramassai alors une barrette sur le sol et je la replaçai dans ses beaux cheveux noirs. Elle rougit sur le moment, mais elle se reprit assez vite.
Moi, j’avais une autre préoccupation. Mon regard se posa au loin. Je sentais une présence connue et mon cœur s’alarma. Aussitôt, je me ruais vers le camp formien. Je sentais une présence féminine dans cet endroit et j’avais peur que cela fut Fiela. Trois aliens se placèrent dans mon chemin pour me barrer la route, mais je les tuai immédiatement en leur tranchant la tête d’un coup de « fauchon » (qui était, en fait, une énorme griffe de bête alienne) et j’entrai dans une des installations sous-terraine en défonçant le sol avec l’alchimie. Huit jeunes femmes y étaient. En me voyant, trois se mirent à pleurer en pensant que j’étais un autre alien venu pour les violer, quatre se montrèrent plus farouches et hurlèrent de les laisser tranquille. Mon regard se posa sur la dernière. Entre milles, j’aurai reconnu la demoiselle inconsciente qui gisait sur le sol, nue. Elle venait d’être violée et les formiens l’avaient probablement ensemencée.
-Alana!
Je reconnaissais les cheveux rosés de la demoiselle et aussitôt, les autres femmes se calmèrent. Un large sourire naquit sur leurs lèvres, elles venaient de comprendre que je n’étais pas un ennemi. Je regardai les autres demoiselles puis je sortis un téléporteur et je l’activai. Les autres se jetèrent sur le petit appareil. Me servant d’un communicateur, je fis mon rapport à la générale, lui annonçant l’arrivée d’autres captives, coupant la communication avant qu’elle ne m’engueule. Je m’agenouillai près de la demoiselle et je brisai les chaines d’énergie. Délicatement, je la relevai et je lui tapotai doucement la joue. Je savais que les formiens n'étaient pas du genre tendre quand ils veulent féconder une victime, si Alana n'a pas pu s'enfuir, elle a été droguée. Heureusement, les tekhanes avaient le remède. Je sortis une seringue de ma poches et je l'enfonçai doucement dans la nuque de mon amie. L'injection faite, je lançai la seringue plus loin.
Avec patience, j'attendis que le médicament fasse effet. Je fus soulagé à la pensée que notre assaut avait assez préoccupé les formiens pour les détourner de leurs jeunes victimes. Mais il ne fallait pas tarder, parce qu'on risquait d'être découvert à tout moment. Me faisant rassurant, je me mis à parler à mon amie inconsciente.
-Alana, réveillez-vous.
