Un mois pour tout arranger (PV |-| Chloé)

Après tout ce qui venait de se passer, souffler tous les deux semblait nécessaire. Couverte de sperme et le cul bien retourné après tout ça, elle ne perd pas son humour et me demande bien comment je peux faire pour en lâcher autant sur elle en sachant que c'était la deuxième éjac' en si peu de temps.

- Ca pose pas de problème quand on se vide régulièrement.

Enfin, sur le papier. Car quand on passe deux semaines sans aucune activité de ce côté ça devient compliqué. Surtout qu'on n'a pas vraiment eu le temps d'en profiter étant donné que le temps joue contre nous. Au moins on peut dire qu'on a fait plus ample connaissance.

- Ouais, j'me rattraperai la prochaine fois.

Je sais pas si il y avait vraiment besoin de laisser une allusion à la prochaine fois après sa phrase. Le courant semble mieux passer pour le moment. Jusqu'à quand ? Pour ce que j'ai pu voir de Chloé, la petite semble légèrement lunatique, voir bipolaire dans certaines situations.

Très rapidement elle se balade dans l'appart pour passer par la cuisine avant de finir dans la salle  de bain. L'eau se met à couler quand je l'entends rapidement me hurler depuis l'autre bout de l'appartement en ce qui concerne la fin de la journée.

On se croirait dans une série télé car, comme par hasard, je reçois un message de mon contact en ce qui concerne la tenue de soirée. En plus d'un pavé qui ne fait que confirmer ce qu'on s'est déjà dit plus tôt se trouvent quatre mots pour définir ce que je voulais absolument savoir : chic, mais pas trop.

Ca veut dire quoi ? J'ai horreur des subtilités car ça a jamais été mon truc. Sans parler du fait que je possède qu'une tenue correcte pour les soirées de ce type. J'espère que ça ira.

Toujours à poil vu que je vais aussi prendre une douche pour virer la transpiration et les odeurs, je file dans la salle de bain et ouvre la porte en verre pour me glisser à l'intérieur afin de rejoindre Chloé.

- J'ai reçu un message d'Alex. On doit être fringué "chic, mais pas trop." Ca te parle ?

Je tends ensuite le bras pour attraper la bouteille de gel douche dont je verse le contenu sur un gant pour commencer à me laver de mon côté. Pas de temps à perdre, même pour s'amuser. Ca peut largement attendre.

Que c'est bon, AUSSI, d'être propre. Chloé termine de se rincer et passe ses mains sur son visage. Un examen minutieux de son corps lui confirme que Souta n'y a laissé aucune traces ni bleus. Elle s'apprête à sortir de la douche quand il la rejoint.

"Euh ça va? Pas gêné? Tu peux pas attendre que je finisse?" Il s'en fout. Dans un sens, ils sont un peu pareils tout les deux.

"Chic mais pas trop? Ca veut dire quoi ça? Je me fringue comme il faut quand il faut, je ne fais pas les choses à moitié et comme le "pas trop" me plaît pas, ce sera chic. Point! Tu mets quoi?"

Chloé sort de la cabine humide pour se sécher et toujours nues, pose sur le lit le sac qu'elle a amené. Elle en sort une quantité monstrueuse de produits, crèmes, trucs et machins, tous bien évidemment utiles et indispensables. Son sèche cheveux l'accompagne et le temps qu'elle passe à préparer sa crinière pourrait suffire à momifier un pharaon. Elle portera ses cheveux détachés ce soir, coiffés en une longue cascade de mèches asymétriques. Maquillage de soirée "chic", assez ténébreux pour le contour des yeux mais avec un rouge à lèvre en rappel de ses cheveux roses. Elle passe sa robe et ses sandales à talons aiguilles, ajuste le tout en se mirant dans le miroir sale de la chambre et prépare un petit sac qui accompagnera le tout. Pas mal! La robe est un appel au crime, elle le sait mais bien que la soirée ne soit pas de son fait, pas question d'y arriver approximativement préparée. Et puis si il y a d'autres concurrentes, autant les écraser rapidement. Elle lisse les plis du tissu fin, arrange ses seins qui n'en font qu'a leurs têtes et fait un charmant demi tour quand Souta entre à son tour.

"Tu crois que ça va aller? Ca te plait?"

En attendant leur départ, elle s'occupe comme elle peut. A la télé, rien de particulier .... Son smartphone vibre, Noriko sa copine lui demande ce qu'elle fout. Je baise lui répond-elle. Un smiley en retour.

On ne fait quasiment que se croiser brièvement sous la douche quand je m'y glisse. Je termine ma douche pendant qu'elle se sèche à coté de moi et j'avoue ne pas vraiment avoir beaucoup de choix en terme de fringue. Donc si ça doit être chic, ça ne me laisse que mon seul et unique costume.

- J'ai bien un truc qui fera l'affaire.

La discussion coupe court car elle se sauve tout aussi rapidement en direction de la chambre pour se préparer. C'est en tout cas ce que je constate en y retournant après avoir terminé de me laver et de me sécher tranquillement. L'odeur ne semble pas la déranger plus que ça malgré la mare de sperme que j'ai laissé là-bas tout à l'heure quand on a joué dedans ensemble il y a encore quelques minutes.

Je ne fais que passer dans son dos pour récupérer mon costume de grand couturier que je m'étais acheté l'autre jour avec Kara lors d'une autre virée shopping en ville. Il m'en fallait absolument un pour ce genre d'évènement vu qu'on ne sait jamais quand on sera forcé d'y participer pour le boulot.
Mes goûts en matière de fringue sont plus que mauvais. Mais en ce qui concerne cette tenue, même moi je sais reconnaître qu'elle a de la gueule.

Aussitôt entré dans la chambre, aussitôt sorti pour me changer dans le salon en compagnie d'une bière. Va d'ailleurs falloir y aller mollo de ce côté car sinon ça va me donner envie de pisser au mauvais moment. Et comme on va à une soirée qui demande à être fringué chic, ça risque de pas le faire.
En tout cas les minutes passent et je retourne voir Chloé dans la chambre pour vérifier si tout va bien et elle semble avoir aussi terminé de son côté.

- Ouah ! Ah ouais quand même. Heureusement qu'on y va ensemble, sinon tu te ferais harceler toute la soirée là-dedans. D'ailleurs... Comment t'arrives à tout faire entrer dans un si petit bout de tissu ?

Mon regard reste fixé sur sa robe. Pas pour me rincer l'oeil en plus. Je me demande sincèrement comment elle peut faire entrer tout ce qu'elle a là-dessous. A part en ayant recours à la magie je vois pas. Les femmes sont vraiment spéciales dès qu'on parle de fringue ou de maquillage.

En ce qui me concerne, un petit coup de brosse pour pas avoir les cheveux en bataille et un tout petit coup de parfum suffisent. Juste de quoi faire comprendre aux personnes qu'on va croiser que je ne suis pas un animal. C'est du moins comme ça que le décrivait la personne qui m'a initié à ce genre de soirée.

Je profite de l'attente pour confirmer que la voiture est bien arrivée en bas et qu'on peut enfin décoller. Avant de me sauver je récupère quelques billets que je glisse dans une pince en argent. Un autre accessoire indispensable lors de ces soirées. Le fric qui s'y trouve servira à deux choses : montrer aux autres que je n'ai pas peur de montrer que j'en ai et me payer des informations auprès du personnel si besoin.
Les femmes et les hommes qui servent toutes ces personnes pleines aux as le font pour des clopinettes et n'ont pas d'état d'âme. Ce qui est une excellente chose pour moi.

- Bon, on y va ?

Sans m'attarder plus que nécessaire dans l'appartement j'invite Chloé à me rejoindre et on descend les escaliers ensemble pour nous retrouver devant une voiture de sport dont le modèle vient de sortir la semaine dernière. Après je connais ni la marque, ni le modèle car les bagnoles c'est comme les portables à mes yeux. Du moment que c'est fonctionnel, le reste...

Histoire de rentrer dans mon personnage pour la soirée, j'ouvre la portière pour Chloé. Plus vite je m'habitue et mieux la soirée se déroulera. Durant le trajet on discute du déroulement de la soirée et je lui demande de toujours jouer le jeu, voir de prendre les devants si elle le souhaite dans certaines situations. Personne n'a vraiment besoin de croire que nous sommes en couple en dehors de notre cible étant donné que nous ne recroiserons sûrement aucun des invités plus tard.

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En arrivant sur place un voiturier vient ouvrir à Chloé pendant qu'un second se positionne de mon côté pour récupérer les clés du véhicule en échange d'un morceau de cuir brodé en or sur les contours avec le numéro 11 inscrit dessus.

J'attends qu'elle me rejoigne pour nous retrouver face à une immense villa qui a dû couter la peau du cul à son propriétaire. On va devoir se fondre dans la masse une bonne heure en attendant que ce connard de Spector se pointe et sûrement encore une autre de plus avant de pouvoir lui causer. Tout en sachant qu'il a forcément organiser un spectacle douteux dont il a le secret.

La réaction de Souta lui convient. Elle est désirable et satisfaite de l'image qu'elle donne. En plus, à sa grande surprise, son partenaire d'aventure présente bien et ne ressemble pas un plouc qui la rabaisserait à un niveau inacceptable.

"Laisse moi arranger ça!"

Elle lui remet quelques mèches en place, y applique un peu de laque pour les fixer et fais le tour du propriétaire pour s'assurer que rien ne cloche. Une petite tape sur les fesses et c'est tout bon! Et tant mieux car il est temps d'y aller. Dans la rue, une magnifique voiture, parfaite pour accueillir ce couple aisé, n'attend qu'eux et la destination à laquelle ils doivent se rendre. Chloé prend place aux côtés de Souta qui très rapidement s'engage dans un secteur qu'elle ne connait pas. La route les mène à la périphérie de la ville dans un quartier où les demeures les plus extravagantes côtoient des chefs d'œuvre d'architecture privés. Devant l'une de ses merveilles, une immense villa toute éclairée, un service de sécurité bien visible surveille d'un air méfiant les nouveaux arrivants. D'autres bolides flamboyants sont déjà garés et des invités se dirigent vers la demeure. Chloé est ravie qu'un employé lui ouvre la portière, et prenant déjà la pose pour sortir de l'engin, s'étire gracieusement après avoir déplié ses longues jambes.

"Chéri? Tu me donnes ton bras?"

Avec ses sandales à hauts talons, elle est presque aussi grande que Souta. La maison est d'un raffinement sans pareil. Tout ce qui s'y trouve doit coûter une fortune, des meubles aux matériaux utilisés, sans parler des bibelots et objets d'art savamment exposés. Le propriétaire des lieux doit être une personne d'importance, bien que pas très nette de ce qu'a expliqué Souta.

"BIENVENUUUUEEE!"

L'hôtesse qui les accueille à tout d'une truie maladroite qui se rue sur sa mangeoire, pense Chloé. Un rapide coup d'œil à l'assistance la rassure quand à la concurrence locale. Les pétasses présentes ce soir ont tout de la fille vulgaire appâtée par le pognon de gros porcs encore plus vulgaires. Bon d'accord, les toilettes sont de mises et toutes sont sur leur 31 mais aucune n'est en mesure de rivaliser avec elle! Fière de ce constat, Chloé entraîne Souta vers un buffet dont une pyramide de flûtes à champagne occupe une bonne partie. La jeune femme maitrise cette ambiance à la perfection, il ne se passe pas une semaine sans qu'elle soit invitée à ce genre d'occasions. Les bulles du champagne excitent son palais tandis qu'elle fait un rapide tour de table. Donc, des pétasses par dizaines et des gros porcs par dizaines. Souta est une espèce rare en ces lieux. Les hommes ont tous l'air de types louches, dangereux et ventripotents. Souta avec sa forme olympique fait presque tâche et quand une idiote fait mine de s'approcher de lui, Chloé fronce les sourcils et lui souffle de dégager, sous quoi elle lui arrache les yeux. L'autre fuit, éberluée.

Maintenant, elle n'est pas sa chienne de garde et elle compte bien explorer les lieux.

"En attendant de rencontrer ton type friqué, je vais faire un tour. Fais en sorte de pas foutre le bordel et de pas casser la gueule à tout le monde hein?"

Chloé n'attend pas la réponse et se glisse, à l'aise, entre les invités, pour distribuer et là, un sourire, et là un petit commentaire coquin en retour à une invitation osée. Bien sûr, elle ne s'adresse à aucunes femmes et les balaie d'un geste ou d'un regard méprisant quand l'une d'elles fait mine de l'aborder. Elle ne connait aucun des hommes présents, mais aucuns d'eux ne la connait aussi. Pas un ne se risque à la toucher. Peut être cette tigresse appartient-elle au maître de maison?

Un petit orchestre jazzy anime la soirée. Chloé a passé en revue l'ensemble des invités et les trois salles dédiés à la réception. De loin, elle a quand même surveillé Souta et a dut même, une fois, revenir tel un char d'assaut, houspiller une horreur blonde qui parlait à SON homme. Autant jouer le rôle jusqu'au bout. Un vieux japonais tout fripé applaudit la charge avec un hochement de tête.

Tout juste après, un gong résonne et le silence s'installe dans la plus grande des salles. Toutes les têtes se tournent vers l'homme, un animateur professionnel, qui se dresse au centre un micro à la main.

"Chers invités de notre maître de soirée, le Lord Spector a le plaisir de vous offrir à nouveau ce spectacle que vous avez tous apprécié lors des dernières festivités! Veuillez s'il vous plait accueillir Mina!!! ......"

Les lumières s'éteignent sauf un spot qui illumine une jeune japonaise, assez jolie et totalement nue, maquillée comme une geisha, qui apparait dans le cercle de lumière. Elle pose au sol un petit tapis et s'y met à quatre pattes.

"...... ainsi que le superbe Hector!!!!"

La foule frémit quand un énorme doberman apparait et vient renifler les fesses de l'asiatique. Le chien frétille et .... Ce qui suit, Chloé ne le voit ni ne l'entend, elle s'écarte de la masse en transe pour se replier stratégiquement sur le buffet. Où est Souta? C'est quoi cette bande de tarés?? La soirée prend une toute autre dimension quand elle aperçoit un vieux entrain de tringler une rousse sur un sofa. Putain? Dans quoi ils se sont embarqués?

Dans cette branche de métiers on retrouve tout un tas de profils différents. C'est assez logique quand on y réfléchit car si il suffisait de suivre une ligne conductrice pré-établie alors n'importe qui pourrait devenir riche sans faire le moindre effort. En ce qui concerne Spector, eh bien... Disons que le mec est né sans aucun sens moral. Tout ce qu'il recherche dans le regard des autres c'est la jalousie ou l'admiration. Si les deux vont de paire, car ça arrive, c'est encore mieux pour lui. Je pense même que c'est ce qui le fait triquer sexuellement parlant.
D'où les fêtes hors de prix dans des palaces hors de prix en offrant à ses invités de la bouffe et des spectacles... hors de prix.

Une fois l'hôtesse passée avec les salutations exagérées comme on peut en avoir l'habitude je me mets immédiatement a repérer les lieux. Sorties accessibles, moins accessibles. Les sorties accessibles en se cassant une jambe sont à exclure ce soir vu que j'en ai déjà une qui est bloquée.
Histoire de ne pas faire handicapé et de garder une certaine classe pour l'évènement j'avais demandé à Alex de me préparer une canne. Le risque de tirer sur ma blessure vaut bien la peine étant donné les enjeux.
Mon bras libre, lui, est coincé contre Chloé et ses atouts débordants. Dans cette position je n'ai même pas besoin de tourner la tête pour savoir si elle est là où non. Cela m'offre aussi une excuse pour ne pas prendre de verre lorsqu'on se dirige vers la fontaine à champagne.

Puis, bien rapidement, ma compagne de la soirée s'éloigne. Je profite de l'occasion pour me mettre dans un coin tranquille qui me permet d'observer toutes les personnes les plus dangereuses que je connais une fois que Chloé s'est assez éloignée.
Une petite partie sont des mercenaires avec qui j'ai déjà travaillé alors que je ne connais les autres que de réputation. On travaille tous dans un cercle assez restreint après tout. Et tout le monde connait Spector et ses lubies. En plus de sa personnalité très versatile. Une protection n'est jamais de trop quand il est dans les parages.

La seule interlude à mon isolement est lorsque Chloé revient jouer la copine possessive quand une pauvre jeune fille venait me demandait si je savais qu'elle serait la surprise de ce soir. Surtout qu'elle semblait accompagnée, donc ce n'était pas pour flirter. Enfin je pense. On ne sait pas toujours qu'elles sont les intentions de certaines femmes.

Et assez rapidement tout s'enchaîne dans la villa. L'ambiance se veut plus sombre quand les lumières s'éteignent dans la majorité de la pièce pour se rassembler à un point précis. Une grande partie ses invités y est attirée et s'extasie devant ce qui se déroule sous leurs yeux.
Pour être franc je n'ai ni l'énergie, ni l'envie de vérifier de quoi il s'agit. Je vois même quelques mercenaires qui jouent ce soir aux gardes du corps soupirer car obligés d'aller protéger leur patron. Qu'elle meilleure occasion pour un assassin que de s’infiltrer dans ce type de soirée pour éliminer sa cible ? Avec tous ces gens qui se collent les uns aux autres il est aussi simple de leur injecter un poison que de voler un bonbon à un nourrisson.

C'est alors que j'entends des aboiement derrière les cris de stupéfaction de la foule. Et aux quatre coins de cet immense salon se trouvent des sofas assez proches de petits écrans qui retransmettent le spectacle sous divers angles. Des jeunes femmes se laissent caresser ou viennent laisser leurs mains balader sous les fringues de leur cavalier sur les sofas en question.
Le "chic mais pas trop" me revient alors à l'esprit. Il doit s'agir d'une orgie un peu spéciale. Heureusement personne n'est obligé d'y participer.

Au bout de quelques minutes à observer qui se trouve où dans la pièce tout en cherchant Chloé du regard je la vois revenir vers moi avec un type qui la suit. Je pars donc tranquillement, à mon rythme, dans sa direction vu que l'homme ne semble pas lui courir trop vite après.
Une fois à portée de voix je me tourne vers l'inconnu.

- Désolé l'ami, mais elle est prise.

Avant même qu'il ne cherche à insister un de ses gardes du corps pose sa main sur son épaule pour lui dire de ne pas tenter sa chance. Il s'agit d'un gars avec qui j'ai fait deux ou trois missions avant pour le stalker en question. Normal qu'il ne me reconnaisse pas étant donné que je l'ai jamais vu avant.
Je me tourne alors vers Chloé pour lui demander de me suivre dans un coin plus tranquille. Une pièce plus précisément.

- Si ça te dérange pas on va aller ailleurs.

Les gens peuvent faire ce qu'ils veulent, ça me fait ni chaud ni froid. Mais si je peux éviter de me taper ces images pour la soirée ce sera jamais de refus.
J'ouvre alors le bras pour que Chloé l'attrape comme à notre arrivé avant que je ne nous emmène dans une pièce un peu plus loin à l'arrière du grand hall. Là, deux armoires à glace nous barre le passage.

- Désolé, l'accès est interdit.
- Je sais.
- Veuillez retourner dans le hall. Amusez-vous, buvez quelque chose.
- Spector nous attend.
- Vraiment ? Vous avez le mot de passe ?
- Parce qu'il le change ?
- ....

Le garde se tourne vers son collègue qui soupire après s'être tourné vers lui. Faut croire que j'ai raison. Cet idiot ne change jamais de mot de passe et si un truc dérape il blâme ses agents de sécurité.

- Donc... Le mot de passe ?
- Spector est un roxxor ?
- ...

Nouveau soupir, des deux côtés cette fois. Mais les hommes nous laissent passer et ouvrent la double grande porte qui donne sur un salon tout aussi luxueux. A peine entré à l'intérieur que la seconde entrée qui se trouve sur le côté laisse apparaître le connard qu'on cherche.

Il nous regarde tous les deux de la tête aux pieds puis se lance dans un échange rapide. Comme les PDG qui sont scotchés sur leur portable en tentant d'envoyer chier la personne qui les dérange en prenant de leur précieux temps.

- Tiens, je t'avais oublié toi. C'est vrai que tu devais venir.
- Ouais, toujours un plaisir de te croiser.
- Et ? T'es au courant que c'est une soirée chic pour couples ? Tu veux me faire croire que vous êtes ensemble ?
- Faut croire.
- Et pourquoi je ferais ça ?

Spector se tourne alors vers Chloé et lui lâche de façon parfaitement naturelle, comme on commanderait un café :
- Mets-toi à genoux et pompe-lui la queue.

De mon côté je reste stoïque en répondant à Spector avec le même ton que lors du début de notre échange.
- Tu te rends compte que ça la gênerait pas si c'était une pro.
- Pas faux.... Bon, enlève ta robe et baisez ici.
- Je peux te relancer le même argument.
- Où est passé la timidité des gens qui sont en couple ? Même là-bas, ils baisent déjà comme des affamés.

Je me libère de l'emprise de Chloé qui me tient par le bras pour venir lui caresser la poitrine légèrement par-dessus sa robe. Le tout en regardant l'emmerdeur du soir dans les yeux.

- Et là ? Ca te convient ?

Il  se met alors à éclater de rire en nous demandant de nous assoir sur un des sofa disposés dans la pièce.

C'en est assez. Chloé a fait le tour de la réception et certains hommes commencent à se montrer trop insistants. Il est temps de rejoindre Souta qui impose sa marque quand un type qu'elle n'a pas remarquée la suit de trop près.

"Non ça ne me dérange pas! Hé t'as vu, y'a une fille là-bas qui se fait prendre par un chien. Tu m'avais pas dit que c'était une petite soirée cool?"

Le jeune homme ne répond même pas trop occupé à l'emmener elle ne sait où. Elle assiste à l'échange avec les deux mastards et comprend tout de suite ce qu'ils vont faire. Pénétrer dans l'antre du maître des lieux. Chloé est prise d'un doute. Si ce type offre ce genre de spectacles à ses invités, comment va t-il se comporter avec eux? Enfin ... avec elle surtout. Bon,  elle est avec Souta qui va gérer, il ne se laisse pas intimider facilement, d'ailleurs est-ce qu'il peut se laisser vraiment intimider en fait ? Il est assez froid et ne laisse pas transparaitre ses émotions ou ses humeurs. Jusqu'à présent, ça a été le cas.

Quand ils passent la porte ouvragée, Chloé jette vite un coup d'œil pour voir ce qui l'attend. L'homme qui apparait devant eux est tout sauf agréable. Elle le déteste immédiatement. Il respire le danger et la manière qu'il a de bouger est sèche et brutale. Son physique est déplaisant, pas le genre de Chloé. Elle aime les Bad Boys, pas les grosses brutes épaisses. Dès qu'il ouvre la bouche, sa voix râpeuse lui écorche les oreilles. Toujours accrochée au bras de Souta, elle laisse les deux hommes échanger les amabilités d'usage jusqu'à ce que l'attention de Spector se porte sur elle.

Hein? Que je suce Souta? Juste comme ça, gratos? Gros porc! Heureusement, son précieux garde du corps réagit et l'épargne de cette prestation. Les échanges qui suivent la concerne. Prostituée ou pas? Ben ... dans le cas présent, elle a le choix? En tout cas, Souta agit comme si c'était ça en lui pelotant la poitrine. Chloé, assure! Tu sais pourquoi vous êtes là, fais comme si tout était normal. Elle sourit aimablement et Spector éclate d'un gros rire gras avant de les inviter à s'asseoir sur un canapé qui fait la taille d'un lit.

Chloé s'assoit dignement les jambes serrées, légèrement penchées, les mains sur les genoux. Le gros porc la mate comme un truc à bouffer.

"Toi, petite, tu viens près de moi!"

Chloé fait l'erreur de chercher l'approbation de Souta et l'autre la reprend.

"Je te le dirais pas deux fois."

Merde! Le ton est menaçant, c'est une mise en garde. Chloé flippe mais se concentre pour ne pas paniquer. Elle se lève, hésite un instant, et va s'asseoir à côté de Spector qui la colle d'office contre lui. Le sale pervers lui attrape la robe et la tire vers le bas, exposant sa poitrine. Elle se pétrifie et lance à  Souta un regard de détresse. L'homme la pelote méchamment en fixant son compagnon.

"Ca t'emmerdes Souta? Je pense que tu me baratines. Cette chienne va te vider les couilles devant moi."

Un déclic ...

"Euh j'aimerai bien mais il m'a giclé dessus déjà deux fois aujourd'hui. Je suis pas sûre qu'il puisse encore."

"Ta gueule! J'me souviens pas t'avoir demandé ton avis."

Chloé sort son smartphone et trouve rapidement son selfie de l'après midi. Derrière son visage couvert de sperme, on voit Souta la queue dressée en train de regarder par là. Spector éclate de rire à nouveau. L'ambiance se détend.

"Quelle salope tu t'es dégoté mon vieux! Tu permets que j'en profite aussi hein? Toi, branle moi!"

Malgré la demande, Chloé est soulagée. Elle se voyait déjà baisée jusqu'à en mourir. Okay, assure! Ca pourrait vraiment être pire. Elle se penche sur le pervers en écrasant ses seins contre les cuisses de l'homme et défait la braguette du pantalon. Elle introduit sa main fine dans l'ouverture et en sort un gros sexe mou et laid qu'elle enserre de ses doigts. Spector ne pouvant voir son visage, elle regarde Souta et lève les yeux au ciel. La jeune femme commence à astiquer la hampe qui réagit tout de suite à ses caresses et durcit rapidement. Le membre se révèle être énorme et elle doit utiliser ses deux mains pour l'envelopper. Tout de suite, un liquide collant suinte du gland et se répand sous ses doigt provoquant un bruit de succion répétitif. Pourvu qu'il ne lui jouisse pas au visage!

"Alors Souta? Pas trop susceptible j'espère? Parlons maintenant que tu m'as présenté ta chienne. Qu'est ce qui t'amènes?"

Comme je m'y attendais en entrant dans cette pièce, la situation dérape et va dans son sens à lui. Enfin, pas exactement. Son but n'est pas forcément de profiter des autres mais plus de les pousser à se rabaisser ou de faire des choses dont ils n'ont pas envie pour voir jusqu'où il pourra y gagner. Si son interlocuteur se laisse marcher dessus alors ce sera un signe qu'il n'aura aucun mal à le sucer jusqu'à la moelle.

Mais un détail me fait tilter lorsqu'il demande à Chloé de venir le branler. Qu'il lui demande de se mettre à côté de lui est une manoeuvre classique pour tenter de la mettre mal à l'aise. Alors que là... Soit il est con, soit il a été négligeant à force de faire le même coup à d'autres personnes sans se faire démasquer.

Sans même attendre qu'il ne termine sa phrase pour me demander ce que je fais là, je m'appuie sur ma canne en me tournant vers la table la plus proche. Je tends mon bras libre pour attraper le vase dans lequel se trouvent des fleurs blanches et jaunes pour me tourner vers Chloé.

- Tu ferais mieux de reculer.

A la seconde où elle le lâche je balance le truc en pleine figure de la chose qui est sur le sofa. Oui, la chose. Car il ne s'agit pas du tout de Spector. A la seconde où le vase s'enfonce dans ce qui était sa tête il y a quelques instants, son corps se transforme en une sorte d'amas de mucus verdâtre qui s'amasse sous ses vêtements pour finir dans une flaque verdâtre qui s'écoule sur le sol.

- A ta place j'irais me désinfecter les mains.

Je dis ça à Chloé sans la regarder. Mon regard est fixé sur l'entrée utilisée par la chose en me demandant si le connard du soir allait en sortir de lui-même. Chose qu'il ne fait pas. C'est donc à moi de prendre les devants.

- M'oblige pas à venir te chercher. T'as vu comment ça s'est passé la dernière fois.

Rapidement une voix se fait entendre depuis la pièce voisine et le vrai pervers fait enfin son apparition. Les bras levés comme pour faire comprendre qu'il se rend ou est inoffensif il se tourne vers Chloé pour lui faire un clin d'oeil.

- Sans rancune ma belle ?

Deux hommes entrent dans la pièce derrière lui pour soulever le sofa où son clone se trouvait pour l'emmener ailleurs. Suivis par un autre duo qui en amène un neuf et d'une troisième personne qui récupère les restes à l'aide d'un énorme et étrange aspirateur. On se croirait presque dans Ghost Busters.
En posant son cul sur le nouveau sofa, il relance la conversation.

- Comment t'as su ?
- Que t'aimes pas les femmes ? Ni les hommes d'ailleurs. Ou que ta bite fait à peine 10cm dans les bons jours ?
- 11cm !
- ...
- J'y tiens !
- C'est pas des trucs que je me vante de savoir.

La discussion continue sur des broutilles débiles de ce genre durant dix longues minutes. C'est même assez surréaliste quand on connait les enjeux et la scène qui venait de se dérouler ici et celle qui a encore lieu dans le hall de réception.

- Bref, tu sais pourquoi je suis là.
- Vraiment ?
- Ouais, Alex t'a prévenu à l'avance vu que tu nous attendais.
- Ah ah, t'as toujours été perspicace.
- J'essaie.
- Tu veux un bouton pour un portable ancien. Mais la question est : pourquoi ?
- Parce qu'on m'a engagé pour en trouver un.
- Qui ?
- Sois pas con. Même si t'étais mon client je te balancerais pas.
- C'est vrai. Je te reconnais au moins ça.

Je suis ni surpris ni énervé par le fait qu'Alex ait prévenu Spector parce que je m'y attendais. Dès qu'une opportunité de se faire du fric se présente il faute dessus. Puis c'est pas cher payé pour avoir pu obtenir une invitation aussi rapidement à une de ces soirées. Le temps est une ressource limitée et je dois en économiser un maximum.

- Bon, bon... Okay, j'ai ce que tu cherches.
- Mais ?
- Mais.... Aaaah, tu me connais si bien.
- Accouche !
- Mais.... tu me gâches un peu mon plaisir là. On aurait pu s'amuser si t'avais rien fait de précipité.
- ...
- Heureusement que je ne manque pas d'idées.
- J'en doute pas une seconde.
- Quelqu'un viendra te déposer des clés et une adresse chez toi demain à 16h précise. Je veux que tu t'y rendes avec la charmante petite salope que tu as ici et... une autre femme. Peu importe qui. Je te fais confiance pour te débrouiller de ce côté.
- Et ?
- Et c'est tout pour le moment. Il faudrait pas gâcher tout le mystère.

Je ne dis rien et me tourne vers Chloé pour lui faire un signe de la tête afin qu'elle comprenne qu'on s'en va alors que je me tourne et avance vers la porte par laquelle on est entré.

- Je sens qu'on va bien s'amuser.

Avec fracas j'ouvre la porte qui cogne dans le dos des deux malabars qui vont pour me sauter dessus avant que Spector ne les interpelle pour ne rien faire. Je m'assure que Chloé me suit en tournant la tête sur le côté et je nous dirige vers les toilettes pour qu'elle vire la merde qu'elle a sur les mains avant qu'on ne se barre sans regarder le spectacle tordu qui se déroule ici pour retourner à la voiture.

Comment? Que ... Devant la mine de Souta, Chloé abandonne de suite ce qu'elle est entrain de faire. Un filet collant lui tombe sur le genou. Eeerk! elle l'étale en essayant de l'enlever et relevant la tête, évite le vase projeté à pleine force en se jetant à l'autre bout du canapé.

"Hey !!! Ca va pas ou quoi?"

Ce qui se passe après la pétrifie. D'un homme, Spector passe à un gros truc dégueulasse, visqueux et tout vert. Elle porte sa main à sa bouche et manque vomir. En un bond, elle va se planquer derrière Souta qui lui, n'a pas l'air gêné plus que çà. Le truc verdâtre se répand sur le sol de la pièce et ce qui suit est encore plus déstabilisant. L'échange entre Souta et un nouveau type qui se présente enfin est irréel. Sur le ton de la conversation, ils se racontent des conneries pas possibles et franchement pas utiles. Ca l'énerve.

"Ouais, moi c'est Chloé si ça intéresse quelqu'un."

Dangereux ou pas, le type ne l'impressionne plus. Et puis au cas où, même avec sa jambe cassée, Souta assure.

"Sans rancune mon cul" grogne t'elle.

Ahh, elle doit avoir des mouchoirs et du gel dans son sac mais l'odeur du "jus de chose verte" sur ses mains ne part pas.

"Y'a une salle de bain par là?"

Un agent de sécurité, ou garde du corps, ou mercenaire, ou quel que soit le nom qu'il porte, l'accompagne dans un vestibule tout près où elle peut se laver les mains. Dans le miroir, elle observe le mastard qui la mate.

"Arrête de mater mon cul, t'as pas les moyens!" Nul et gratuit mais ça fait du bien.

Elle revient se poser à côté de son partenaire et écoute attentivement. Surtout ne pas faire de nouvelle connerie. Si jamais elle doit faire quelque chose, elle demandera avant. Les deux hommes parlent affaires. Ah ben oui forcement, ça aurait été trop simple que Spector lui donne le truc, que Souta paye et qu'ils se cassent. Encore une nouvelle adresse avec une nouvelle personne. Il peut pas se passer quelque chose de normal là?

Toujours obéissante, Chloé suit le jeune homme pour sortir de la maison. En repassant par la salle de réception, elle ose jeter un coup d'oeil vers la scène avec l'asiatique et le chien qui est terminée. La geisha est allongée sur le ventre, du sang coulant de sa nuque et deux hommes approchent pour l'attraper par les chevilles et l'emmener dans une autre pièce. L'horreur!

"Putain t'as vu ! Elle est morte!!"

Chloé, choquée, se met à trembler irrépressiblement. Elle s'accroche au bras de Souta et y enfonce ses ongles pour ne pas le perdre. En sortant, elle attrape au passage une bouteille de whisky et s'envoie une longue gorgée avant de tousser en s'étouffant. Putain!

Sans un mot, elle s'assoit dans la voiture. La réalité de la situation la frappe de plein fouet. Bon ... elle a déjà fréquenté des dealers, des types pas nets, elle est sortie avec un Yakuza, a terminé deux fois au commissariat. Mais rien d'aussi grave que ce qu'elle vit là. Elle prend conscience que tout pourrait lui arriver et que sa seule bouée de secours est un type qu'elle vient à peine de rencontré (Qu'ils aient baisé ne compte pas!). Chloé, là ma grande ça craint vraiment. Assure pour la suite!

Elle reprend, la mine marquée.

"Bon, on fait quoi maintenant? Ou plutôt qu'est ce que tu veux que je fasse? J't'avoue que je suis pas en forme, vraiment. On va chez toi?"

Elle s'envoie une nouvelle rasade de whisky et grimace avant de jeter la bouteille par la fenêtre.

"Il est même pas bon."

Elle enlève ses chaussures et ramène ses pieds sur le siège pour poser son menton sur ses genoux et enserrer ses jambes. Le soupir qu'elle pousse doit atteindre un niveau sonore inégalé à ce jour.

"C'est ta vie de tous les jours ça?"

Le trajet de la pièce à la voiture se veut court, rapide, mais aussi tumultueux et dérangeant. En particulier pour Chloé qui n'est logiquement pas habituée à ce genre de situation. De toutes les soirées tordues que pouvait organiser Spector, celle-ci était dans le top des plus foireuses niveau contenu.
Je le constate particulièrement lorsqu'elle plante ses ongles dans mon bras comme l'amarre d'un bateau en pleine tempête qui se raccroche qu'à ça pour ne se pas se faire emporter. Inutile de la regarder pour voir qu'elle tremble. Ou de vérifier si ce qu'elle dit sur la femme est vrai.

Ma seule et unique priorité là est de vérifier que personne ne nous suit ou ne nous attend dans un coin pour nous tendre une embuscade. Rien n'indique que ce soit le cas jusque là. Ce qui est un sacré soulagement vu que certains ne ratent pas une occasion de vouloir obtenir une information sur l'autre dégénéré. Au point de tenter leur chance en s'en prenant à la dernière personne qui lui a parlé en privé.

De retour dans la voiture, on peut enfin souffler une minute avant de repartir. Pour ma part ça ne prendra qu'une seconde ou deux. Alors qu'en ce qui concerne Chloé... La situation risque d'être plus compliquée. Je la vois balancer une bouteille qui va se briser sur la bagnole d'une voiture garée plus loin en me demandant ce qu'on fait.

- On va déjà partir d'ici et rentrer, ouais.

L'appart doit être propre après tout ce temps. La chambre plus précisément. Parce qu'avec ce qui s'y est déroulé plus tôt on va avoir besoin d'un lit propre. Bien souvent les gens qui sont victimes d'un gros stress sur une période courte finissent par s'écrouler de fatigue d'un coup. J'ai déjà vu la chose se produire un paquet de fois au fils des années.

Je démarre la voiture pour quitter les lieux lentement pendant qu'elle se met presque en position foetale verticale sur le siège.

- Certaines fois, ouais. Puis ça s'est quasiment mieux passé que je croyais.

Le trajet retour se fait dans le calme et dans un bolide qui finalement ne roulera pas si rapidement que ça. Juste assez pour permettre à tout le monde de profiter des sensations assez particulières de ce type de véhicule pour ressentir autre chose que le stress. Ce sont souvent les petits détails qui permettent de penser à autre chose.

Je profite de m'arrêter à un feu rouge pour me tourner vers elle directement.

- Tu t'es bien démerdée en tout cas. N'importe qui d'autre se serait barré en courant. Et en hurlant aussi, sans doute.

Le feu dure plus longtemps que prévu. La main droite qui se trouvait collée au volant jusque là se détache de l'objet au revêtement en cuir qui semble avoir été importé tout droit du paradis pour se glisser dans les cheveux de Chloé pour faire remonter son visage à la surface. Et là je me penche sur elle pour l'embrasser à pleine bouche. Mais doucement, sans forcer. Pour retourner à ma place à peine cinq secondes plus tard.

- Ca va mieux là ?

J'aurais pu opter pour la baffe comme je l'ai déjà fait avant. Mais parait que ça fonctionne plus sur les mecs que sur les femmes. L'embrasser a pour unique but d'essayer de la calmer en jouant sur l'effet de surprise tout en y associant un geste qu'elle connait déjà et qui est supposé la rassurer. Et vu que le sexe et elle ça fait deux, je me dis que ce n'est pas un pari si risqué que ça.

En plus on n'est plus très éloigné de l'appart. Quatre ou cinq minutes à tout casser. La soirée a été particulière et il va falloir qu'elle évacue tout ce qu'elle a pu ressentir et expérimenter ce soir assez rapidement car on ignore ce qui va nous attendre demain.

Une fois à destination je gare la voiture et en sort pour venir chercher Chloé que je porte en posant ma canne sur elle en prenant soin de pas la cogner avec. Il n'y a qu'un étang à monter de toute manière et j'ai déjà appuyé sur mon pied tout à l'heure. Alors un peu plus ou un peu moins...
En haut j'ouvre la porte comme je peux, non sans difficulté, et la dépose sur le canapé du salon avant de filer dans la cuisine ouvrir le frigo et en sortir un pack de bières.
Sans attendre j'en retire deux que je décapsule et englouti la moitié de la première en déposant la seconde sur la table basse à côté de nous deux.

- Tu peux dormir là si tu veux, le lit est propre. Et on aura besoin de repos pour demain.

Elle hoche la tête quand il la complimente avant de se perdre à nouveau dans ses pensées. A travers la vitre de la portière, elle regarde défiler les rues sans même les voir. La voiture s'arrête à un feu et elle en profite pour se caler plus confortablement quand Souta se penche pour l'embrasser. Oh ? Un point de repère, une odeur qu'elle reconnait ... Elle s'y accroche et lui rend son baiser avec la même fougue. Elle en a besoin.

Il redémarre et elle glisse sa main sur la sienne qui tient le pommeau de vitesse. Elle cherche à croiser ses doigts dans les siens et sans parler, attend d'arriver à destination.

L'appartement est propre. Enfin ... il sent le propre puisque les murs sont toujours aussi sales et les rideaux tâchés. Souta l'a porté jusque là malgré sa jambe en miette et Chloé n'a même pas essayé de résister. Déposée sur le canapé, elle défait les boucles de ses sandales à hauts talons et les retire. Souta revient de la cuisine avec deux bières. Elle le remercie et s'enfile la moitié de la sienne, avant de la reposer sur la table basse. La deuxième moitié suit rapidement. Avant de se lever pour aller prendre une douche, elle embrasse Souta sur la joue.

"Merci Souta, pour m'avoir protégée ce soir."

Même si dans un sens, ce n'était pas forcement très vrai. Ils avaient besoin l'un de l'autre. Peut être qu'à un autre moment, il l'aurait laissé tomber. Et puis, si toutes les rencontres qu'ils feraient seraient du même genre. Ils n'échapperaient peut être pas toujours à un mauvais plan. Mais là, l'heure n'était pas à la réflexion. L'eau brulante lui fit du bien et elle resta longtemps dans la cabine exigüe, faisant surement exploser la facture d'eau.
A cette heure, pas question de retourner chez elle. Elle accepta la proposition du jeune homme de dormir là et elle passa une culotte propre avant de se glisser sous la couette du lit qui avait subit leurs ébats. Le reste de ses affaires formait un tas dans un coin de la pièce. Elle s'endormit aussitôt. Son sommeil fut agité et à un moment elle ouvrit ses paupières, dérangée par ...

La pièce baignait dans l'obscurité et seul un lampadaire dans la rue diffusait une lumière faible et blafarde à travers les stores. Couchée sur le côté, Chloé était collée à Souta qui dormait en respirant fortement. L'objet qui la dérangeait était l'érection du jeune homme, et plus encore, ses propres doigts refermés autour. On refait pas une nympho .... Elle voulut ajouter un hashtag à sa pensée mais ses paupières était trop lourdes. Le sexe chaud entre ses doigts était doux et agréable à le tenir. Elle le caressa doucement, alors qu'elle sombrait à nouveau dans son sommeil. Une projection inopportune la fit ouvrir les yeux à nouveau. Souta venait de jouir et elle en avait sur le ventre. Pas grave, ça sèche... Elle se blottit à nouveau contre lui et cette fois s'endormit pour de bon, un bras en travers de son torse, une jambe repliée sur lui et sa masse de cheveux recouvrant son visage (qu'elle trouvait beau quand il était si détendu).

Quand elle m'embrasse sur la joue en me remerciant je préfère ne rien répondre et la regarder s'éloigner en direction de la salle de bain. En y repensant un pu je n'ai rien fait de particulier pour elle jusque là. Chloé s'est même avérée plus digne de confiance que certains partenaires que j'ai pu avoir par le passé. Certains venaient supplier la première ordure avec un peu de pouvoir qu'on croisait pour la supplier de les engager quitte à retourner leur veste si la situation n'allait pas dans notre sens.
Même si elle a clairement eu la peur de sa vie ce soir, elle a tenu bon jusqu'au bout et c'est assez impressionnant vu son profil. Celui d'une nana qui vit comme elle l'entend sans se prendre la tête plus que ça. Reste à voir ce que l'avenir nous réservera demain.

Après une petite demie heure à réfléchir en effectuant plusieurs scénarios de cette soirée et de la prochaine à venir je me demande si je ne ferais pas mieux de me lever et vérifier si tout va bien dans cette cabine de douche. La fatigue a bien pu la rattraper d'un coup lorsqu'elle s'est relaxée sous l'effet de l'eau chaude. Ou alors elle a juste besoin de souffler seule dans son coin. Le fait est qu'on ne se connait pas encore assez pour l'instant.

Heureusement, dix minutes plus tard je la vois sortir en culotte pour se diriger vers la chambre et probablement se coucher dans la foulé. Les évènements ont été éprouvants pour elle. Autant physiquement que psychologiquement. Tout ce qui est magouille et plans foireux aussi douteux que ceux de Spector je connais.

Affalé sur le sofa je réfléchis déjà à ce qu'il doit nous préparer. Sa seule consigne est de trouver une seconde femme et de nous rendre tous les trois à l'endroit qu'il nous indiquera. Tout ce que je peux affirmer avec certitude c'est qu'il voudra me mettre au centre de son petit jeu. Jamais il ne prendra la risque de donner un rôle trop important à des inconnues vu qu'elles pourraient "gâcher" l'évènement. Exit aussi tout ce qui sera blessure, sang et mort comme ce soir. Ce genre de spectacle est réservé à une clientèle spéciale et bien tordue. Et il adore varier les thèmes pour ne pas s'ennuyer.

Vu comment il a tenté de jouer avec Chloé je sens venir à des kilomètres un truc sexuel. Mais si c'est le cas pourquoi à trois ? Et avec une personne qu'on devra choisir nous même ? Pour que Chloé se sente plus à l'aise et accepte de participer ? En partant sur ce principe il faudrait qu'elle connaisse l'autre femme ? Est-ce que ça signifie que je devrais lui demander de trouver quelqu'un ? Non, ce serait mettre une de ses amies en danger. Reste à voir si on peut négocier un détail ou deux pour leur sécurité.
Arrrgh ! J'ai beau me tourner la tête dans tous les sens, j'arrive à rien. On verra bien demain.

Je retire mes fringues que je laisse tomber au sol en arrivant dans la chambre pour me retrouver nu avant de soulever la couette neuve qui vient d'être posée en remplacement de l'ancienne qui devait être dans un triste état. En tout cas les femmes de ménage ont dû reposer les affaires de Chloé par-dessus car je peux les voir amasser dans un coin du lit.

Il ne me faut pas longtemps pour m'endormir. Un rêve profond et assez étrange.
Je me trouvais dans un grand magasin... de serviettes. Des objets vivants, doux et tellement chauds dont le seul objectif était de me recouvrir de la tête aux pieds. Le plus bizarre dans tout ça était forcément le fait que de les sentir sur ma peau m'excitait.
Surtout que j'avais déjà vécu une situation légèrement similaire il y a trois ans. Pas aussi tordue et sans serviettes.

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Jour 2 - 7h00

Le soleil commence à peine à se lever, comme moi. J'ai l'impression que la couverture me colle par endroits entre les cuisses tandis que Chloé semble m'avoir pris pour un traversin géant. Si ca se trouve la couverture n'était pas neuve et a été mal nettoyée. Va falloir que je leur en touche deux mots la prochaine fois.

Après un saut rapide dans la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage et m'être lavé les mains, je repasse dans la chambre prendre de quoi m'habiller et je sors faire mon footing pour m'aérer la tête.
Sur le chemin du retour je m'arrête pour récupérer plein de trucs à bouffer et à boire. Comme je sais pas trop ce qui la branche j'ai visé large. Gras, sucré, bio, sain... De toute façon ça finira dans le ventre de quelqu'un.

Je rentre sous les coups de 9h30 à l'appartement pour vérifier si Chloé est levée et si une bonne nuit de sommeil a pu l'aider à se calmer.

Déjà? Ferme les stores Souta .... La lumière du jour lui blesse les yeux et un rayon de soleil pernicieux pointe directement sur la tête de lit. Chloé rabat la couette sur elle, s'isolant dans ce cocon chaud mais  Souta en passant arrache cette éphémère protection, exposant le corps de la jeune femme.

"Tu fais chier!! En plus tu m'as giclé dessus cette nuit."

Vengeresse jusqu'au bout, elle lui jette un coussin et le manque lamentablement. Plus tôt elle l'a senti se lever, l'a entendu partir puis revenir comme si seulement cinq minutes s'étaient écoulées. Elle aurait bien dormi six ou sept heures de plus mais le jeune homme en avait décidé autrement. En baillant, Chloé s'assoit sur le bord du lit et pose ses pieds au sol avant de les relever. Merde, c'est froid en plus! Elle cherche ses vêtements et réflexion faite, les laisse en boule pour passer un t-shirt de Souta posé sur le dossier du fauteuil tout proche. En s'étirant pour ouvrir le tiroir d'une commode, elle trouve une paire de chaussettes. Aaargh, avec un trou au gros orteil. La côte du jeune homme en prend tout de suite un coup.

C'est en grommelant, les cheveux en bataille qu'elle le rejoint.

"Salut! Oh ... t'as fait les courses? Y'a des biscuits fit? Non? Ben ... c'est ça que tu manges le matin? Pas étonnant que tu fasses tout le temps la gueule."

Elle le laisse ruminer et farfouille dans les provisions pour en retirer un sachet de thé et ... victoire! un paquet de petits pains aux céréales sans huile de palme! Le temps de faire bouillir de l'eau, elle reste assise à table, trop lente à émerger, répondant seulement par des grognements ou des onomatopées. Quand le petit déj est prêt, elle inspire longuement les arômes du thé et mange sans grand appétit. Les visions horribles de la nuit se sont dissipées et Chloé est passée à autre chose.

"Je dois être affreuse ... Y'en a pour deux heures de boulot à réparer tout ça."

Dans son petit miroir de poche, elle contemple son reflet aux traits tirés. Les cernes qu'elle a sous les yeux sont aussi noires que du charbon. Pas jojo ...

Quand elle termine, il est dix heures passé. Elle fait le lit et le tri dans ses affaires. De toute manière, il faudra qu'elle passe chez elle récupérer d'autres trucs.

"Faudrait qu'on passe chez moi aujourd'hui, j'ai plus rien à me mettre et tu pourras m'aider à porter mes valises. Allo? Tu m'écoutes?"

Chloé se retourne pour regarder Souta.

"C'est quoi ton plan pour aujourd'hui? Si j'ai bien compris, on va quelque part avec une de tes copines c'est ça? Donc on va voir un ami de ton pote Spector pour pouvoir récupérer une pièce du téléphone?"

"Tu sais que tes chaussettes sont trouées, c'est la honte regarde!"

Elle lève la jambe et pose son talon sur les pectoraux de Souta. "Regarde ça" Elle agite son orteil qui dépasse en faisant une mine contrite. "Pas bien".

"Alors? Ce plan?"

Pour quelqu'un qui a du mal à se réveiller elle a plus d'énergie qu'elle peut le laisser croire. A peine son petit déjeuner dévoré qu'elle enchaîne les questions et les remarques sans me laisser le temps de répondre. J'ai rien dit la phrase d'avant quand elle parlait de son apparence car je sais comment sont les filles à ce sujet. Qu'on parle ou qu'on se taise, on ne donnera jamais la bonne réponse.

Je la laisse continuer encore quelques instants avant de poser ma main sur son pied et de tirer sur la chaussette pour la lui enlever.

- Tu peux la balancer. Des fois je fais pas gaffe quand je vais à la laverie et je lave tout directement. Mais y en a des neuves dans la penderie. Quelque part...

Les fringues dans ce boulot faut jamais s'y attacher. Dans mon cas il est rare que je porte les même trucs plus de trois à quatre fois avant de m'en débarrasser. Trous, déchirures, tâches de sang, de mucus quand on tombe sur un machin comme celui d'hier et j'en passe et des meilleurs.
Une fois j'ai carrément eu de l'acide qui a failli me cramer le visage si j'avais pas porté une veste.

Avec toutes ces questions et le évènements d'hier, retrouver un environnement qu'elle connait bien et qui la met à l'aise sera essentiel pour ce soir. Donc aucun problème pour moi que de la raccompagner chez elle. Bien au contraire.

Après avoir dénudé son pied, je le repose par terre et me gratte la tête en me tournant vers elle après m'être levé.

- J'ai pas mal réfléchit hier et j'ai sûrement une idée. Tu seras plus à l'aise avec quelqu'un que tu connais si je me trompe pas sur la soirée d'aujourd'hui. Et t'as pas à t'en faire, vous risquerez rien. C'est surtout avec moi qu'il veut s'amuser.

J'attrape alors un croissant que je réduis rapidement en charpie avec mes dents pour reprendre mes explications tout aussi calmement.

- On va déjà ranger tes affaires et je vais te raccompagner. Si tout va bien il devrait me contacter dans la foulée pour me donner plus de détails et je ferai en sorte d'imposer deux ou trois choses pour toi et l'autre fille. Donc si ça marche, tu penses pouvoir trouver quelqu'un ? Il y aura sûrement du fric à la clé. Si lui paye pas, je le ferai.

Après le croissant c'est le jus d'orange qui y passe bien rapidement. Faire des efforts ça donne faim et soif de toute façon.

- Inutile de lui donner des détails. Dis-lui juste que t'as trouvé un mec qui veut s'amuser avec deux nanas et qu'il est prêt à payer pour ça. Connaissant Spector ce sera sûrement une histoire de cul et personne d'autre y participera. Faudra juste suivre les règles.

Les explications bouclées, je pars chercher ses valises dans la chambre une fois qu'elle termine de me donner son avis. Il suffira plus qu'ensuite à la raccompagner et attendre des détails sur la soirée.

Attend, là c'est pas la même chose! Que Souta m'embarque dans ses conneries ok, c'est consommé, mais qu'il implique une personne que je connais et qui plus est, étrangère à notre affaire, ça craint vraiment!

"Ouais mais non, tu vois, j'ai pas une machine à salopes à la maison. Tu mets une pièce et hop ! Une belle salope!"

Chloé est vexée. Elle n'a pas le profil d'une coureuse de trottoir et la manière que Souta a de lui demander ça est blessante. Elle boude un moment en bouclant ses affaires et s'interdit de lui parler au moins dix minutes.

Dix minutes après, elle a eu le temps de réfléchir. Finalement, ce serait pas mal de ne pas être seule dans un plan pareil. Et puis, on est plus fort à deux. Et puis un visage connu, ça aide ... et puis ... et puis ... Chloé trouve tout un tas de justifications à la réponse qu'elle a décidé de donner : oui.
Oui elle trouvera quelqu'un, oui tout ira bien, oui on baisera à trois, quatre, cinq, six, si il le faut!

Au volant de sa voiture et sur le chemin de sa maison, elle fit part de sa décision à Souta.

"Bon ... j'ai bien réfléchi. J'avais deux solutions. Ma sœur Kelly mais elle pourrait tout faire foirer, elle peut être assez violente, on est très différentes toutes les deux. Et puis ... enfin on est sœurs quoi ... Et après, Il y a Noriko, ma meilleure amie, pour le coup on se ressemble beaucoup question ... manière d'être."

Bien évidemment, Noriko ne refuserait pas d'aider Chloé. Les deux filles ne rataient jamais une occasion de se perdre dans des embrouilles pas possibles. Il fallait juste qu'elle soit bien consciente de ce qu'elles encouraient et qu'elle comprenne bien qu'il ne s'agissait pas d'un jeu. Une pensée dérangeante traversa l'esprit de Chloé.

"Dis? T'aurais pas épluché mes contacts pendant que je dormais par hasard?"

Oh ... et merde ... si Souta avait eu accès à ses albums photos ... Putain, depuis qu'elle devait mettre de l'ordre dans tout ça.

"Mouais, je t'accorde le bénéfice du doute! Si tu l'as fait, ne recommence plus jamais!"

A l'arrivée, elle actionna la télécommande et le portail s'ouvrit sur la propriété de ses parents, bien moins spectaculaire que celle de Spector mais pas mal quand même. Elle se précipita vérifier si quelqu'un était là mais Kelly la devança et sortit sur le perron. Les deux filles s'embrassèrent. Chloé laissa Souta galérer avec les valises jusqu'à ce qu'il les rejoigne.

"Tu ramènes un nouveau petit copain?"
"Non ... oui ... enfin, ça dépend."
"Il est mignon, tu le partagerais?"
"Arrête Kelly! Tu ferais comme avec les autres , tu le boufferais en une semaine."
"Mouais, y'a des chances, il est vraiment mignon."

Comme l'avait précisé Chloé, Kelly et elle étaient vraiment différentes. Kelly était grande, taillée par des années de sport haute intensité et par les besoins de son boulot. En plus, elle savait se battre et cognait vraiment fort et en plus elle avait un sale caractère. Elle hocha la tête à l'approche de Souta.

"Salut! Je suis Kelly, la sœur de Chloé! Bienvenue!"

C'était étrange de les voir tous les deux face à face. On aurait dit un tigre face à une panthère, aussi dangereux l'un que l'autre.

"On a des trucs à faire Kelly, dans ma chambre! Allez viens Souta!"

Chloé le tire par la manche et l'entraîne dans la maison jusqu'à sa chambre, aussi grande que l'appartement du jeune homme.

"Installe toi, y'a un petit frigo là derrière, j'appelle Noriko! J'ai une petite salle de bain ici, tu enlèves tes chaussures avant d'y entrer!"

Chloé fonce dans son dressing, smartphone en main pour en ressortir une heure après.

"Elle sera là à 15h00."

C'est sur le chemin du retour en direction de chez elle que Chloé décide de me répondre et d'aller dans mon sens. Au final on pense tous les deux la même chose sur cette situation. L'aborder dans le m^me état d'esprit sera également un gros avantage pour nous si on veut réussir la chose.

Je l'écoute attentivement alors qu'elle m'explique son dilemme entre sa soeur et sa copine. Pourtant je lui ai expliqué que ce serait très probablement un plan cul, non ? Et elle a envisagé y inclure sa frangine ? Ca voudrait dire qu'elles ont déjà... Toutes les deux ensemble ? Voir même avec d'autres personnes ? Putain, je commence à me demander si il y a certains choses tabous dans sa famille.

Logiquement je garde le silence avant de répondre à la question suivante.

- Non, pas à ma connaissance. Si jamais je veux voir ton portable je te le demanderai ou je le ferai devant toi.

Les magouilles ou entourloupes je garde ça pour nos ennemis. Faire ça dans son propre camp ne fera que détruire le moral de tout le monde. Vaut mieux une grosse gueulante sur un geste ou une parole maladroite que de susciter la méfiance chez sa ou ses partenaires. Il y a rien de pire que le manque de confiance.

Il ne nous faut pas très longtemps pour arriver selon ses indications. Comme je m'en doutais lors de notre première rencontre, la famille de Chloé n'a pas de problème d'argent. Bien au contraire. Ca explique certaines choses.

Je me gare pas loin d'une porte comme elle me l'indique quand je la vois sortir rapidement pour être rejointe par une femme qui semble la connaître. Sans dire un mot je les écoute et les observe de loin tout en m'occupant des valises sans me plaindre. On ne remarque jamais le mec qui porte les bagages.
Sauf là. Je peux sentir le regard de l'inconnue sur moi.

A en juger par le peu que je vois, elles semblent assez différentes si il s'agit de sa soeur, en effet. Il y a quelque chose de plus sauvage dans les yeux de cette personne. Sa coupe de cheveux aussi en dit long. Papounet ne doit pas en être fan je présume.

Ma supposition s'avère être vraie très rapidement alors que je m'avance des filles valises à la main. En règle générale je regarde toujours la personne en face de moi de la tête aux pieds. Déjà dans un premier temps pour vérifier où cette personne pourrait cacher des armes. Puis dans un second temps pour la déstabiliser. La majorité des gens s'énervent ou se sentent mal à l'aise.
Cependant je préfère éviter de le faire ici car il s'agit de la soeur de Chloé. Eviter de se la mettre à dos d'entrée de jeu me semble plus important que de satisfaire ma curiosité.

Les yeux plongés dans les siens je réponds de façon banale en souriant tout en tenant difficilement en équilibre à cause des graviers qui m'empêchent de bien poser ma canne au sol.

- Salut Kelly, soeur de Chloé.

De là, je me fais embarquer par Chloé qui ne tient clairement pas à ce qu'on fasse plus ample connaissance que ça. Ce qui m'arrange un peu vu que le blabla et moi ça a toujours fait deux. On passe donc par plusieurs grandes pièces bien décorées et entretenues pour finir dans sa chambre qui ressemble plus à un grand studio haut de gamme qu'autre chose. Un très grand studio même.

Je n'ai pas le temps de répondre à ce qu'elle me dit que la voilà qui s'en va plus loin avec son portable. Je me contente donc de poser ses valises dans un coin et de poser mon cul sur le premier truc qui est à portée pour souffler un peu.

L'endroit est grand et doit forcément être nettoyé et entretenu par des domestiques. A moins que sa famille soit assez grande pour parvenir à s'en occuper elle-même. Ce dont je doute aux bribes de conversations après une vingtaine de minutes depuis le couloir qui se trouve à l'extérieur de la chambre où on se trouve. Rien ne bien dérangeant, mais les domestiques se demandent ce qui se passe et à qui est la voiture dehors.

Je finis par prendre une chaise et me poser avec sous une fenêtre pour admirer le paysage tout en prenant l'air. C'est une chose que j'aime bien faire pour passer le temps. Ca évite de trop penser et de psychoter quand on doit attendre quelque chose.

Après encore de longues minutes Chloé revient enfin pour m'annoncer que son amie arrivera dans l'après-midi. Coincidence ? Mise sur écoute ? Difficile de savoir quoi croire quand mon portable se met à sonner dans la foulée. Il s'agit d'Alex.

Je lève l'index en direction de Chloé pour lui faire signe de ne pas parler pendant que je réponds.

- C'est toi l'intermédiaire ?
- Ouais, désolé mec.
- Alors ? Ca donne quoi ?
- Spector m'a demandé de te filer les consignes de bases pour tout à l'heure.
- Je t'écoute.
- T'as trouvé quelqu'un ?
- Ouais ! Mais accouche.
- Okay, okay !
- ...
- Donc, en gros, vous devrez aller tous les trois dans une sorte d'appart aménagé pour l'occasion.
- Et ?
- C'est tout ce qu'il m'a dit.
- Tu te fous de moi.
- Non, enfin presque. Il m'a aussi dit que ce sera diffusé en direct sur internet pour lui et certains de ses amis.
- Attends, attends... Si il veut faire ça tu lui dis qu'il doit censurer le visage et les voix des filles. De toute façon c'est moi qu'il vise, pas elles.
- Euh, okay, je peux essayer.
- Dis aussi à cet enculé qu'il devra les payer toutes les deux.
- Tu crois pas que t'abuses là ?
- Fais-le !
- Bon, d'accord, j'vais essayer. Je te rappelle dans dix minutes.

La conversation bouclée je pose mon portable sur un meuble à côté de moi pour prendre le temps de tout expliquer en détails à Chloé en prenant le temps de la rassurer comme je lui avais indiqué plus tôt dans mon appartement. Leur sécurité à elle et sa copine passeront avant tout ce soir, quitte à faire foirer ce plan au cas où la situation déraperait.