Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre > Salles de cours et bibliothèque

A un moment, on récolte ce que l'on sème ! {Pv ~ Kaïto Nakajima} [FINI]

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Enothis/Emaneth:
La claque sonore, puis l’appel dont Enothis elle-même n’avait pas la pleine conscience … Autant de choses qui purent, à un instant, briser la sérénité béate du jeune homme, le ramener à la raison, pour le meilleur. Quand Enothis vit les pupilles de Kaïto reprendre une teinte normale, et par là, elle entendait qu’il ne semblait plus mirer un abîme inconnu, un vide sans nom qui laissait entendre qu’il était en effet sous l’emprise de quelques influences, elle ne s’en sentit que joie. Cela ne les obligeaient pas à s’en sortir, mais au moins, elle savait que dans cette situation, ils avaient un peu plus de chance de pouvoir s’échapper, alors que jusqu’ici la situation était parfaitement irrémédiable. Elle le sentit se redresser un peu, et déjà le poids sur sa poitrine se réduisant drastiquement, elle se sentit enfin la capacité de respirer, et d’observer l’ensemble de la situation d’un œil nouveau, sans perdre de force dans une lutte qu’elle ne pourrait … pas gagner au vu de la différence de gabarit entre elle et son aîné. Clairement, l’évolution des événements ne convenait pas du tout à l’entité qui avait manquée de peu de faire du jeune adulte son pantin, et les gargouillis rageurs de celle-ci, non sans parler des volutes maladroites et obscènes de ses appendices, ne laissaient clairement aucun doute sur ses intentions futures. Il n’avait plus le temps, ni de parler, ni de craindre pour leur vie. Il se devait de fuir, et Enothis voulut se remettre sur ses jambes quand elle sentit enfin toute l’infinie faiblesse dans laquelle elle se trouvait. Si son esprit avait survécut aux attaques de l’entité, son corps lui s’était abandonné aux effluves : Ses jambes ne répondaient pas à ses appels, ni même ses bras qui peinait à la tirer du sol.

Soudainement, l’envie de se laisser à la panique manqua prendre le dessus. Du moins, avant qu’un autre événement ne la prenne de court :

Alors même qu’elle s’efforçait de faire quelques mouvements pour opérer une fuite malhabile, elle se sentit soudainement tirée du sol par son aîné. Manquant de peu de partir en arrière à cause de la vivacité du mouvement, elle battit des bras maladroitement, les joues relativement rose de la surprise et de l’audace de son compagnon, avant de redresser ses yeux en sa direction, observant alors la mine sérieuse et décidé du damoiseau, visiblement prêt à tout pour réparer sa précédente erreur. Ou alors se faisait-elle des films, et cherchait-il simplement à l’impressionner ? Visiblement, tout du moins de tout ce qu’elle avait observée jusqu’ici, ce n’était pas vraiment le style de ce senpaï, plutôt d’un naturel réservé. Cela ne rendait l’initiative que plus charmante, suffisamment d’ailleurs pour qu’elle fasse elle-même un effort, et qu’elle cherche à assurer sa prise autour du cou de Kaïto, lui évitant ainsi de porter le pire des fardeaux en direction de la sortie. Ne manquerait plus qu’elle ne soit qu’un poids mort qui viendrait réduire leurs chances de s’échapper de ce traquenard ! Non, elle fit simplement ce qu’elle pouvait faire, à la hauteur de ses forces. Elle le sentit, plein de détermination, s’élancer en direction de la porte tandis que les volutes noirâtre de la chose cherchait encore et encore à prendre le contrôle, à l’envelopper de ses promesses trompeuses, à l’arracher à son bon-sens pour lui offrir l’occasion la plus délectable de se jeter sur la jeune femme affaiblie qu’il tenait entre ses bras. Incapable de faire plus, Enothis ne fit juste pas de commentaires, se laissa transporter malgré tout, le serrant contre elle de manière à lui signifier qu’elle était d’accord et agréait pleinement à son acte héroïque. Après tout, peut-être avait-il simplement besoin de cela pour trouver les dernières forces qui l’éloignerait de la vile forme de vie trompeuse ?

Dès qu’ils passèrent enfin la porte des vestiaire, toute la pression mystique qu’ils portaient sur leurs épaules sembla soudainement les abandonner. Ce fut comme si soudainement une chape de plomb venait de glisser de leurs épaules pour s’effondrer avec fracas sur le sol dallé, l’égyptienne en manquant même de couiner de surprise. Mais avaient-ils vraiment le temps d’en profiter ? En tout cas, Kaïto se retrouva à la poser au sol, et sincèrement, Enothis ne put que le comprendre au vu de l’effort titanesque qu’il venait de fournir. Elle n’en aurait pas été capable, et même si elle était désormais bien moins limité par leur incompréhensible adversaire, elle gardait encore les stigmates de son état précédent, ses jambes tremblant légèrement sous son propre poids. Elle se redressa pour observer son aîné. Il avait le souffle court, les joues cramoisies, et ses tempes étaient constellés de gouttes de sueur, laissant entendre l’intense pression mentale et physique dont il avait fait l’objet lors de son pas de course héroïque. Et lui se redressa d’un coup, planta ses yeux dans les siens, l’observant avec une telle insistance qu’elle manqua détourner le regard de gêne. Kaïto-senpaï, ce n’est pas gentil du tout de dévisager une jeune fille  comme ça !

«  ... Enothis … Ça va toi? Tu ... je ... Qu'est-ce qu'il se passe enfin ? Qui es-tu ? Qui êtes-vous ?
-  Je …. Je vais tout t’expliquer maiiiiis… »

Elle s’était résolue à lui expliquer tout ça, mais … Mais là n’était pas le moment, et que ce soit par le tremblement dans sa voix, ou son air inquiet, voire même une simple réflexion personnelle, il fut visiblement tout aussi clair pour le jeune adulte qu’il ne pouvait décemment se croire désormais en sécurité. Alors elle le sentit lui attraper la main. Elle sursauta, mais n’eut pas le temps de chercher un moyen de dissimuler son émoi qu’elle se trouva à l’accompagner dans la fuite la plus hâtive qu’ils n’avaient sûrement jamais connu. Les couloirs défilèrent sous leurs pas, puis ce furent les halls, les portes des salles de classes, les escaliers, le tout en une masse flou qui ne manqua pas de rappeler un peu le danger imminent qui était peut-être encore à leur trousse. Mais finalement, ils s’échappèrent de l’établissement. Ils retrouvèrent les grands espaces sans murs ni plafond, profitèrent de l’air frais pour pouvoir enfin se permettre de respirer à plein poumon, et continuèrent leurs course, désormais bien moins vive, les deux étant de toutes manières bien trop fatigués pour continuer le marathon qu’ils avaient entrepris, mais suffisamment pour s’assurer de ne plus jamais rencontrer le cauchemar qu’ils avaient vécus. A courir dans la ville, main dans la main, ils attiraient assurément les regards des autres, passants, étudiants et femmes aux foyers attendries. L’égyptienne n’en avait cure, ils s’enfuyaient pour leur propre survie, pour se sentir en sécurité, et quelques propos amusés sur leur audace de jeune couple n’aurait clairement pas la capacité de la faire douter de son comportement immédiat.

Un court dérapage maladroit, Enothis qui manqua trébucher en avant, et ce fut le signal qu’il était désormais temps qu’ils cessent de fuir le démon. Si la jeune femme n’avait pas du tout prit le temps de chercher par où ils s’étaient échappés, elle ne manqua pas de remarquer qu’ils étaient désormais dans un large espace vert, l’un des grands jardins de Seïkusu, milieu agréable où se balade les jeunes couples, les groupes de potes, et les parents heureux avec leurs mômes en plein éveil. Un lieu sain, calme…. Parfait pour qu’enfin ils puissent s’arrêter. L’allée sur laquelle ils se trouvaient bordait une longue rangée d’arbres ancestraux, des centenaires aux troncs noueux et au feuillage épais… Parfait pour avoir un peu d’ombre et d’enfin détendre ces muscles qui fonctionnaient à plein régime depuis plus de deux dizaines de minutes. Éreintés, le corps hurlant, Enothis se laissa faire quelques pas mollassons et maladroits en direction d’un banc, et Kaïto sembla faire de même, les deux s’y écroulant lourdement, produisant un long et bruyant soupir à l’unisson. Grand dieu, ils s’en étaient sorties ! La simple idée de ne plus se trouver dans un tel danger perpétuel valait à lui seul son petit pesant d’or. Ils avaient survécus à cet enfer ésotérique ! La belle jeune femme à la peau ambrée se laissa simplement récupérer, son corps épuisé et son esprit à bout lui faisant tourner légèrement la tête. Et tandis qu’elle récupérait, elle entendit Kaïto se mettre à parler, tant et si bien qu’elle se redressa respectueusement pour l’écouter :

« Je pense qu'il est temps que l'on se parle sans rien se cacher Enothis. Pour ma part, j'ai été très honnête avec toi depuis le début. J'ai sûrement été maladroit je te l'accorde et m'en excuse encore une fois. Je comprends aussi qu'a un certain moment je n'ai pas été moi-même et je ne sais pas pourquoi. Je compte sur toi pour m'éclairer. Ce qu'il s'est passé n'est pas de mon fait je te l'assure. Maintenant, je t'en veux ... je vous en veux  un peu car ton ... alter ego n'avait pas à me traiter de la sorte. Si elle est si forte, elle pouvait savoir que j'étais honnête mais bon ... non, en fait je ne vous en veux pas, tout est arrivé si vite pour nous. L'essentiel est tu ailles bien. Bon ... que vous deux alliez bien. Tu veux bien m'expliquer qui tu es? Et ce qui nous est arrivé s'il te plaît? Et puis ... Enothis, il faut que je t'avoue que j'ai beaucoup d'affection pour toi.
-  Je ... »

Tant de choses, et tant d’éléments auxquels répondre. Finalement, elle en fut tellement gênée qu’elle commença par agir avec un ton un peu taquin, cherchant à ironiser sur la situation tout en prenant une voix un peu enfantine, comme si elle se trouvait être une de ces « lolis » dans l’un de ces dessins animés typiquement japonais :

« Dis doooooonc Senpaï, c’est vilain de me dire tout ça après avoir voulu m’arracher ma tenue afin de me faire gémir avec ton gros instrument ! »

C’est à peine si elle ne gesticula pas en même temps en écrasant ses seins entre ses deux avant-bras pour les mettre en valeur. Mais elle ne laissa pas l’amusement et la dérision s’installer. Juste après ce propos, meilleur moyen qu’elle avait eut pour esquiver les dernières paroles de Kaïto dont le sens la gênait encore bien trop pour qu’elle se sente d’y rebondir, elle reprit un air sérieux, ses sourcils se fronçant légèrement tandis qu’elle quitta Kaïto du regard, observant le petit chemin de terre battue à leur pied. Oui, elle s’était décidée à lui avouer les grandes lignes de sa vie, après tout le summum d’étrangeté avait été atteint bien avant et de lui expliquer son propre cas n’était plus qu’une affaire de confiance… Confiance qu’il avait largement gagnée lors de la dernière demi-heure au vue des efforts herculéens qu’il avait fournit pour les tirer du bourbier. Aussi ramena-t-elle ses jambes de manière à s’installer en tailleur, une position qui lui était à la fois naturelle et rassurante, puis tourna-t-elle la tête de manière à observer le jeune homme plein de questions. Comment entamer cette histoire, par quelle question allait-elle débuter ? Elle opta pour ce dédoublement qu’il avait déjà longuement découvert et vécu un peu plus tôt, dans les vestiaires :

« Comme tu l’as compris, je ne suis pas seule dans ce corps. Cohabite avec moi une Djinn, ce que vous nippon appelleriez plus ou moins un Kami. Elle s’appelle Emaneth, et veille sur moi depuis que j’ai sept ans. On ne peut pas dire que nous étions dans les meilleurs termes autrefois, mais avec le temps nous avons apprit à nous connaître, et nous apprécier. »

Elle prit une inspiration, puis observa autour d’elle avant de se munir d’un bâton, avec lequel elle se mit à tracer quelques petits dessins dans la terre battue. Une représentation très grossière de la terre, avec un peu plus de précision pour le Nord de l’Afrique et le Japon, ainsi qu’un graphique, avec lequel elle cherchait à lui représenter les pouvoirs d’Emaneth, afin de répondre à une autre de ses questions :

« Emaneth est très puissante, mais elle souffre de mon éloignement de l’Égypte. Vois-tu, dans le désert, près de son milieu de prédilection, rien n’aurait sut la supplanter, mais nous avons quasiment fait la moitié du globe pour venir au Japon. Désormais, elle est au plus loin qu’elle le pourrait de sa source naturelle de force, ce qui fait que ses dons sont très limités. Sans compter que ... »

Elle passa au graphique, montrant une courbe en quart de cercle qui plongeait de plus en plus vers le bas à mesure qu’elle avançait :

« … Plus elle doit influencer de monde avec ses dons, plus il y a de « spectateurs », et plus elle s’épuise vite. Agir face à toi n’était pas compliqué, tu étais seul… Mais dès que les filles sont apparues, Emaneth a sut qu’à la moindre observation, elle flancherait irrémédiablement, d’où sa fuite soudaine et immédiate. Tout au plus a-t-elle put avoir le temps de porter un coup fatal à l’entité… même si elle s’est débattue par la suite. »

Elle souffla un grand coup. Cela faisait déjà une certaine dose d’information à digérer pour son ami, compagnon et sauveur, mais elle était encore loin d’être entrée dans le détail. Sûrement se trouvait-il actuellement avec encore plus de questions que de réponses, et elle savait très bien qu’elle ne pouvait pas non plus le laisser dans le doute et la confusion. Alors, avec un certain signe de malaise, elle jeta rapidement le petit bâton dont elle venait de se servir au loin, le laissant chuter doucement dans l’herbe proche, puis prit une grande inspiration, avant de longuement souffler. Le but, se calmer avant de raconter à quelqu’un, et ce pour la première fois, son passé. Enothis n’allait sûrement pas donner trop de détail, mais au moins le plus évident, ses raisons pour être partie en urgence de chez elle, et s’être cachée en un lieu si lointain, un endroit où pourtant sa meilleure protection ne pouvait pas toujours être là pour la sauver :

« Quand au… fait que je sois venue ici, le plus loin possible de l’Égypte, et qu’Emaneth m’a aidé pour cela malgré l’effort que ça allait lui demander… C’est parce qu’avant d’être une lycéenne paumée avec un niveau d’étude dégueulasse de médiocrité, j’étais l’Idole d’une secte dirigée par un fada d’occultisme doublé d’un mégalomane patenté. Et qu’il est celui qui a installé Emaneth en moi avant de me faire passer pour une Élue divine aux yeux des membres de la secte, me forçant à faire miracle sur miracle pour engranger adeptes et contributeurs espérant que je les sauve de ce monde en décrépitude. En gros … voilà … Désolé pour le coup de marteau. »

Kaito Nakajima:
Ainsi à l'extérieur de l'université, à l'air libre et loin de toute attaque monstrueuse ou surnaturelle, Kaito pouvait assembler ses idées, gérer ses émotions, mettre une image plus claire sur ce qu'il avait vu. Le monde d'aujourd'hui était fou. Chaque jour apportait son lot de mystères puis de révélations aussi s'attendait-il à une explication que ses parents, par exemple, refuseraient en bloc. Mais lui était un garçon ouvert, parfois un peu fataliste. Les évènements arrivaient parce qu'ils devaient arriver, qu'était l'humanité par rapport à l'immensité de l'univers et toutes ses inconnues. En bref, il s'attendait à un peu tout sauf à ...

"Dis doooooonc Senpaï, c’est vilain de me dire tout ça après avoir voulu m’arracher ma tenue afin de me faire gémir avec ton gros instrument !"

Il éclata de rire devant le trait d'humour d'Enothis qui tombait au bon moment. La tirade sexy et provocatrice le libéra définitivement du poids qui pesait encore un peu sur ses épaules. C'était bien vrai en plus. Ce qu'il avait fait vivre à la jeune fille, en vrai comme en songes, lui octroyait le droit de le charrier tant qu'elle voulait. Il remarqua encore une fois cette maturité qui perçait de son visage fin et sage et devina qu'elle cherchait les bons mots avant de commencer. Mais qu'elle le veuille ou non, elle était toujours fichtrement attirante. Kaito tenta de superposer à son amie l'Autre, qu'il connaissait désormais. Les traits étaient les mêmes, seuls l'expression dure et la couleur des yeux changeaient mais à un point tel que la différence était flagrante. L'étudiant se remémora la poigne qui l'avait contraint à se soumettre. Il avait eu tellement peur.

Enothis parla, simplement, très clairement et il l'écouta sans l'interrompre. Assis côte à côte, le jeune couple attirait les regards par sa candeur et sa jeunesse délicieuse. L'égyptienne représenta dans la terre qu'elle grattait d'un bâton ce qu'elle expliquait tout haut. Il comprenait. Enfin, il comprenait le sens des mots qu'elle utilisait. Kaito enregistrait les informations comme il le faisait toujours, pour ensuite les analyser, comme en cours. Il prit un instant pour se dire qu'Enothis parlait un japonais remarquable en vérité et qu'il se devait de lui faire remarquer plus tard.

Elle termina sa diatribe sur un "Désolée pour le coup de marteau" et cessa de parler. C'était à lui maintenant. Autant commencer comme elle, par une touche d'humour. C'était sûrement la première fois qu'elle se confiait ainsi et devait en avoir gros sur la patate. Peut être redoutait-elle aussi sa réaction?

"Ouf ... Eno-chan, tu m'as fait peur, je m'attendais à un truc vachement plus flippant. En fait, Emaneth fout le boxon et toi, tu recolles les morceaux, c'est bien ça?"

Il reprit aussitôt, plus sérieusement.

"D'accord Enothis, j'ai bien tout compris."

Djinn, Kami, c'était presque pareil. Le nom de l'entité lui était familier par les jeux vidéos ou autres livres de science-fiction. Il lui semblait pourtant que les djinns étaient vils et sournois mais il se garda de le dire. Après tout, c'était elle la fille du désert et donc experte en la manière. Kaito remit de l'ordre dans ce qu'il venait d'entendre. Donc Djinn, Egypte, Idole, Secte, Elue, Dédoublement et ... encore Danger? Enothis avait fui, c'était clair. Elle avait fui pour vivre la vie que toute jeune fille méritait et s'était installée au japon pour s'y refaire une existence normale. En soi, hormis l'aspect mystique de la chose, c'était acceptable et simple à assimiler. Le regard de Kaito se posa sur le profil de l'étudiante au moment ou un rayon de soleil perça pour l'illuminer. Bon sang oui, elle méritait une vie normale et Kaito se dit qu'il ferait tout pour l'y aider.

Bien entendu, une foule de questions se pressaient, prête à jaillir comme ... comment vis-tu? As-tu des revenus? Ca fait mal quand Emaneth prend le contrôle? ... mais il estima qu'elles pourraient attendre. Kaito s'étira puis se leva en prenant la main d'Enothis.

"Viens, on va marcher un peu."

Il firent quelques pas avant qu'il commence.

"Merci de t'être livrée à moi. Certains points me sont peut être un peu obscurs mais je crois avoir vraiment tout bien saisi. Si tu l'acceptes, je veux t'aider à te refaire une existence normale ici. En fait, j'en serai plus que ravi."

Il marqua ses mots en serrant impulsivement les doigts de la jeune fille entre les siens tandis que son pouce caressait le dos de sa main.

"En fait, tu as eu du nez pour choisir le type le plus sympa de Seikusu pour te servir de guide!"

Et reprenant les mots mêmes d'Enothis quand elle avait commencé à s'expliquer, un sourire cristallin étiré en banane.

"Tu vas voir que ton Senpai à autre chose qu'un gros instrument pour te faire sourire."

Une question le taraudait néanmoins qu'il lui faudrait poser. Est-ce que les apparitions violentes d'Emaneth, quand elles l'étaient, ne pouvaient pas guider la secte sur la trace des fugitives? Après tout, la magie appelait la magie, dans les livres ...

La pression était retombée et marchant à côté d'elle, il semblait à Kaito que c'était l'un des plus beaux jours qu'il ait vécu. Ils parlèrent encore, de sujets et d'autres, prenant le soin cette fois-ci de se présenter comme ils l'étaient vraiment. Leurs pas les guidèrent jusqu'au bout des allées ombragées où ils décidèrent, d'un commun accord réfléchi, de se séparer pour chacun rentrer chez soi. Kaito se retourna quatre fois pour regarder Enothis s'éloigner et lui adressa à chaque fois un geste charmant.

Une fois la silhouette de la jeune fille disparue, l'étudiant se précipita dans un centre commercial tout proche pour acquérir un nouveau téléphone. Il enregistra le numéro d'Enothis qu'il avait mémorisé et le nomma "Enothis" avant de le corriger pour "Enothis/Emaneth".

Enothis/Emaneth:
« Ouf ... Eno-chan, tu m'as fait peur, je m'attendais à un truc vachement plus flippant. En fait, Emaneth fout le boxon et toi, tu recolles les morceaux, c'est bien ça?
-  Pfrrrrr »

*Ça te fais rire ?*

Oui, effectivement, elle en avait rit malgré tout. Parce qu’elle se doutait bien que le jeune homme n’avait pas du tout cela en tête, mais l’idée qu’il ait eut suffisamment d’aise et de confiance en lui pour provoquer ouvertement Emaneth après le coup de flippe qu’elle lui avait fait subir était … Franchement amusant. Et puis bon, une djinn pouvait clairement être une source terrible de problème, c’était un fait, mais elle n’était pas en soi l’origine volontaire de sa présence en la petite égyptienne. Chose qu’elle ne voulait pas vraiment remettre sur le tapis pour l’instant par la même occasion. À la place, elle se laissa simplement aller à l’écoute de son camarade, profitant qu’il prenne un peu la direction de leur échange pour se détendre, étant donné que de parler de l’ensemble de son passé, même vaguement, restait une épreuve pour Enothis. Souffler et écouter, finalement, c’était le plus agréable pour elle, en l’instant.

« D'accord Enothis, j'ai bien tout compris. »

Ça, c’était peut-être pas aussi sûr, mais elle n’allait pas jouer les rabat-joie. En faite, il avait sûrement put calculer et mettre en relation pas mal de choses de ce qu’il avait vécu avec ce qu’elle venait de lui conter, mais pour autant… Il fallait être parfaitement honnête, la jeune femme savait très bien qu’elle n’était pas allée dans les détails, qu’ainsi donc il ne pouvait pas du tout avoir en tête l’ensemble de la situation. Notamment de l’ensemble de ce qu’elle fuit, culte tentaculaire au comportement des plus insidieux. Quelque chose de suffisamment omniprésent et commun pour qu’elle puisse craindre que le moindre type marchant un peu trop discrètement dans la rue en avait déjà après ses fesses. Mais encore une fois… Elle n’allait ni le détailler, ni le suggérer. Parce qu’au fond elle était heureuse aussi. Elle avait rencontrée quelqu’un, un jeune homme, peut-être un peu trop porté par ses envies de faire rentrer son outil dans celle qui attisait ses désirs, mais qui était à côté capable de l’entendre, de l’écouter, et surtout de pouvoir accepter qui se trouvait en face d’elle. Dans le fond, ce n’était pas un mauvais échange. Elle trouvait en lui un allié qu’elle pouvait aller chercher en cas de besoin, et lui pouvait continuer de passer du temps avec elle, avec … peeeeeuuuuut-être l’espoir qu’elle se laisse approcher une prochaine fois. Non pas qu’elle soit spécialement en manque de contact de ce genre, mais … Bon elle restait intéressée, c’était toujours quelque chose qu’elle demandait à découvrir sans trop oser. Enfin, autant de réflexions de sa part qui permirent au blondinet de faire lui-même de l’ordre dans son esprit, tant et si bien qu’il se releva du banc en un mouvement rapide, avant de lui prendre bien audacieusement la main. Elle ne manqua pas de lui servir un petit sourire amusé… sans pour autant lutter contre son élan.

« Viens, on va marcher un peu.
-  Pourquoi pas ? Allez, faisons cette balade en amoureux que touuuuuut le monde semble vouloir nous voir faire. »

Elle avait besoin de décompresser, alors elle blaguait. Voilà bien la meilleure arme contre les soucis, un peu d’humour, parfois même un peu d’insolence. Après tout, de rendre la pareille à ceux qui en font trop, ou qui ont de mauvaises intentions, avait tendance à produire des résultats …. particulièrement savoureux. Là, ce n’était pas le cas, tout au plus entamèrent-ils de suivre l’un des sentiers du parc avant que le silence soit vite rompu par le jeune homme.

« Merci de t'être livrée à moi. Certains points me sont peut être un peu obscurs mais je crois avoir vraiment tout bien saisi. Si tu l'acceptes, je veux t'aider à te refaire une existence normale ici. En fait, j'en serai plus que ravi. En fait, tu as eu du nez pour choisir le type le plus sympa de Seikusu pour te servir de guide !
-  Je ne sais pas trop si je l’ai choisi, ce vilain monsieur a utiliser quelques terriiiiiiibles outils pour me ramoner en plein rêve, que pouvais-je faire contre cela, hein ? Mais ouais, avoir un peu d’aide dans le coin ne me fera pas de mal, sincèrement. Tant fait pas pour la vie normale, j’ai toujours Emaneth qui reste bien vigilante, mais en revanche… Avoir un ami, ça, je suis clairement pas contre ! »

Elle semblait faire mouche avec ses propos, le sourire de Kaïto ayant la tendance à s’étirer de plus en plus à mesure qu’ils échangeaient ! Mais oui, elle était elle-même ravi de cette situation. Ce n’était pas facile de faire confiance à quelqu’un dans son cas, et que les événements, même si particulièrement gênant, avaient permit de quelques manières qu’ils puissent se rapprocher, s’entendre l’un l’autre, c’était finalement une belle victoire. D’ailleurs, elle commençait à le connaître, et quand il se remit à parler, le ton particulièrement taquin de sa voix ne manqua pas de lui annoncer qu’il allait encore jouer sur ses propres mots :

« Tu vas voir que ton Senpai à autre chose qu'un gros instrument pour te faire sourire.
-  Je l’espère bien vilain garnement, sinon on va vite avoir des problèmes tout les deux ! »

Le rire, et la tranquillité. Suivant ce temps d’amusement, ils prirent tout deux la décision de ne pas continuer sur le sujet précédent. Enothis ne voulait pas plus s’épancher sur son passé, et Kaïto avait déjà bien des choses à intégrer. Finalement, ce fut la scolarité de l’un et de l’autre qui prit rapidement le dessus, Enothis rougissant légèrement de honte quand elle avoua le degré misérable de ses notes, souvent dû à son énorme problème de compréhension de la langue nippone une fois écrite. Ouais, parler c’était pas le plus dur, mais les caractères c’était juste une merde. Elle entendit le jeune homme lui parler de cours particulier, elle lui servit un haussement de sourcil empli de doute, et le message sibyllin qui y était affilié ne manqua pas d’arriver à l’esprit de l’étudiant, ce dernier se défendant immédiatement que non, il n’avait jamais eut en tête de profiter des faiblesses scolaires d’Enothis pour mieux pouvoir lui sauter dessus comme un loup affamé.  Enfin bon, ils parcoururent ainsi la largeur du parc, puis le quittèrent avec beaucoup plus de calme et de confiance qu’ils n’y étaient entré en premier lieu. Finalement, il se faisait même assez tard désormais, entre leurs déboires et le temps d’échange qu’ils s’étaient accordés, si bien que la jeune étrangère se surprit à observer les environs pour se repérée en hâte, cherchant le chemin le plus proche pour les transports en communs. Puis, finalement, elle se tourna de nouveau vers son aîné avec une certaine forme de simplicité qui n’était pas anodine : elle était en confiance, et oubliait par la même occasion les bonnes mœurs nippones, retrouvant celle de son pays :

« Bon, je crois que je vais devoir y aller Kaïto. Désolé, ça se fait un peu rapidement mais je dois vraiment rentrer plus tôt : Emaneth est à bout de force et ça commence à me tomber sur la couenne par la même occasion. On se retrouve de toutes façons bientôt, que ce soit en cours ou dans l’établissement, j’imagine ! »

Elle alla donc tout simplement lui faire une bise sur la joue, avant de commencer à s’éloigner en lui faisant un rapide signe de main … Puis de s’élancer comme une fusée en voyant, au loin, la forme du bus qui s’approchait de son arrêt en direction des lignes de trams qu’elle utilisait normalement. Une soudaine pique d’adrénaline qui l’amena à oublier tout le reste, faire un rapide dérapage pour arriver devant la porte du bus, et s’y engouffrer d’un bond afin de pouvoir quand même entamer son voyage retour sans avoir à attendre quinze minutes de plus. Enfin alors, elle se posa. Quasiment écrasée contre la porte vitrée au vu du monde qui se trouvait dans le véhicule, elle n’en prit guère outrage et se laissa juste réfléchir à tout ce qu’il s’était passé. Beaucoup de problèmes, un sacré lot d’ennui mais … Elle avait enfin un ami tangible et concret en cette ville. Finalement… Toute cette aventure n’avait pas été si mal.

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