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Crossfire [Feat Soeur Mary]

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Sonya Dimitrovna:
3h du matin, et je me réveillais pour la deuxième fois depuis le début de la nuit. Depuis que j'avais intégré l'armée, je dormais par intermittence, à savoir une période de deux heures sur trois. Et même lorsque j'étais chez moi, donc non-opérationnelle, je dormais de la sorte. Je n'avais jamais pu reprendre un rythme de sommeil normal, et à vrai dire, si j'essayais de changer de rythme de sommeil, c'était tout bonnement peine perdue pour moi. Je m'étais habituée à tout cela, et cela me convenait parfaitement. J'attrapais mon paquet de cigarettes, et sortis de la grande tente dans laquelle je campais avec mon unité. Bien évidemment, il faisait encore nuit, et le soleil se lèverait dans à peu près trois heures. Ce qui nous laissait le temps de nous préparer pour partir à l'assaut. Une fois ma cigarette terminée, je réveillais tout le monde avant de manger. Partir le ventre vide ne m'attirerait que des problèmes. Ils firent exactement la même chose que moi, et il ne nous fallut pas beaucoup de temps pour nous préparer. J'étais déjà en tenue, donc il ne me fallait que mon gilet pare-balles, mes chargeurs, et charger mon fusil. Depuis quelques années, j'avais troqué mon ancien fidèle SVD pour un SVL chambré en .338. Il ne m'avait jamais déçu, et m'avait sauvé la vie plus d'une fois.

A quatre heures moins le quart, tout le monde était prêt. Je comptais sur la nuit pour son effet de surprise, une attaque vers quatre heures et quart du matin allait déstabiliser notre cible. L'attaquer en plein jour serait d'emblée plus difficile. Notre cible était un campement jihadiste en plein désert. Selon les derniers renseignements, ils étaient un peu plus d'une cinquantaine. Pour une grosse trentaine de soldats d'élite, ils ne représentaient pas une véritable menace, mais il fallait éradiquer leur présence, et mettre toutes les chances de notre côté pour subir le moins de pertes possibles. Il y avait environ une demi-heure de marche pour nous rendre à leur campement, ce qui me laissait amplement le temps de me ruiner les poumons. Je fumais comme un pompier, mais cela m'aidait surtout à rester éveillée la nuit, surtout lorsque je dormais environ 3 à 4h par nuit uniquement. Une demi-heure plus tard, nous arrivions sur place, avec le plus de discrétion possible. Je donnais par conséquent mes instructions, créant des petits groupes mobiles de 4 à 5 personnes. Quant à moi, je restais avec les 2 autres meilleurs tireurs d'élite de mon unité, pour investir une dune de sable à une toute petite distance de l'entrée sud du campement.

Ils n'attendaient plus que mon signal, c'est à dire le premier coup de feu de ma part. Je m'allongeais, et plongeais mon regard dans ma lunette à vision nocturne, attendant patiemment qu'un adversaire commence sa ronde pour venir se loger en plein milieu de ma ligne de mire. Prenant une grande inspiration, je pressais la détente, la déflagration sonnant donc le départ de notre assaut, et la balle vint se loger entre ses deux yeux, le tuant sur le coup. La réaction ne se fit pas attendre, car seulement quelques secondes plus tard, je reconnus les déflagrations caractéristiques de nos armes, mais aussi celles des ennemis. Actionnant ma manoeuvre verticale, j'engageais une nouvelle balle, pour abattre un jihadiste se jetant hors de sa tente. Je comptais bien évidemment sur l'efficacité de mes hommes pour que cette attaque soit la plus rapide possible. Mais de ce que je pouvais voir à travers ma lunette de visée, ils s'en sortaient très bien. De mon côté, j'en abattais successivement deux autres, en prenant mon temps. L'attaque se déroulait très bien, comme je l'avais prévu. J'avais avec moi des soldats parmi les plus efficaces de toute la Russie, et de ce fait, je devais tout faire pour qu'ils rentrent tous sain et sauf. Une seule perte était dramatique à mes yeux. Mais tout se déroulait très bien pour le moment, sans ombres au tableau.

Soeur Mary:
La vie au couvent était toujours la même chose, tous les jours, je devais faire exactement le même chemin, les mêmes gestes, les mêmes paroles pour essayer de me sauver du mal qui me rongeait ! Mes Soeurs étaient bien gentilles, mais depuis le temps il serait peut-être bon de changer de méthode, d'appeler à l'aide ? Je ne sais pas quelque chose pour me délivrer. Je n'en pouvais plus, ce matin encore, je devais endurer le contrôle de Soeur Bernadette, vérifiant que je n'avais rien fait pendant la nuit... Les jambes écartées je devais me faire ausculter en écoutant ces moqueries en continue ! Quand d'un coup la routine décidée de changer...

"J'ai oublié la ceinture de chasteté Emma, reste là, je reviens dans deux minutes !"

Je me redresse sur la table, remettant ma tunique comme il faut, c'était le destin, j'en suis sûr ! Mon Seigneur qui me fait un clin d'oeil pour que j'aille chercher de l'aide ailleurs ! Je peux entendre les pas de ma Soeur quitter la pièce et une fois que je sais qu'il n'y a plus personne... Je me redresse comme une tornade pour me diriger vers la fenêtre, je ne peux pas me permettre de traverser tout le couvent... Je me repère en mettant mes mains sur le mur, cherchant l'ouverture, quand j'y arrive je tourne la poignée et je me laisse tomber en avant, mains sur la tête ! Je suis au rez-de-chaussée, je sais bien que la chute ne sera pas importante ! Et ça mettre sûrement moins de temps que trouver un appuie, enjamber et j'en passe.

Allongée sur l'herbe fraîche du matin, j'ai quand même assez mal ! Mais je n'ai pas de temps à perdre, je dois longer le mur du couvent, puis je vais arriver dans un jardin, ensuite la forêt, puis un village !! Je marche rapidement, ici je connais assez bien le chemin... Quand je sens la terre humide du potager passer entre mes orteils ça va être un peu plus compliqué... La peur de marcher sur une fourche, ou un râteau me fait avancer encore moins vite... J'essaie d'aller le plus droit possible, en mettant les bras devant moi et en essayant de trouver des points de repère. Quand d'un coup derrière moi, j'entends une voix...

"EMMA VENEZ ICI TOUT DE SUITE !"

Non déjà ? Je dois vite m'enfuir, courir le plus vite possible pour lui échapper ! Ce n'est plus le moment d'avoir peur, je me mets à avancer tout droit ! Je ne sais même plus ou je suis, mes oreilles siffles à cause de la panique, quand d'un coup mon bassin vient taper quelque chose. Je bascule en avant, mes mains viennent saisir la pierre humide... Je sais où je tombe... Le vieux puits ! Non ce n'est pas possible ! Pas ça... Il est si profond, mes soeurs vont mettre une éternité à me retrouver... Si je ne meurs pas avant... J'hurle, ma chute semble durée une éternité. Mon corps semble se faire aspirer par ce trou sans fin, je me tourne et retourne dans tous les sens, criant encore et encore.

La sensation est vraiment trop étrange pour que se soit possible, j'ai le tournis, la nausée, je ne sais pas ce qui m'arrive... J'aurais dû arriver au fond depuis maintenant un moment. Ce que je ne savais pas, c'est que sur Terra, il existe des portails pour nous emmener à d'autres endroits et même sur d'autres planètes ! Et je venais de tomber dans l'un deux, éternellement, je tournais dans tous les sens. A mes oreilles de temps en temps des hurlements étranges arrivaient... Et au bout d'un moment, je me fis recracher !

Mes fesses touchant le sol brutalement ! J'entends des gens s'agiter autour de moi, dans une langue que je ne connais pas, encore une fois des hurlements et surtout des énormes détonations qui me font sursauter. Qu'est-ce que c'est ? J'ai tellement peur, je me relève, mais on vient me bousculer dans plusieurs fois avant de m'attraper le bras violemment pour me ballotter dans tous les sens, je sens une haleine horrible de cracher juste sous le nez, avant de me prendre plusieurs claque dans le visage.

"Je ne comprends pas... Je ne comprends pas..."

Rien à faire, je n'arrive pas à comprendre ce qu'il se passait ! Tout le monde avait l'air si tendu autour de moi et les coups de feu devenaient de plus en plus important ! Vu la poigne, un autre homme vient me tirer par le bras, je peux sentir qu'on m'en recouvre un tissu épais et qu'autour du ventre on m'accroche une ceinture avec des paquets assez lourds. Une ceinture d'explosif, mais ça je suis bien loin de le savoir... On me traîne dans un autre endroit et la enfin quelqu'un parle ma langue dans un accent étrange.

"Tu vas courir tout droit pour te sauver !"

Encore courir pour me sauver ? Vraiment... La dernière fois ça avait mal tourné... Et normalement, je devrais me trouver dans un puis, mais pas ici. Une nouvelle détonation, me fait sauter le coeur ! D'accord, je vais y aller, je fais un signe de la tête, avant de commencer ma course. Je suis entourée d'un tissu marron qui recouvre tous les partis de mon corps et autour de moi la ceinture d'explosif qui doit sûrement s'enclencher à distance... Et je me dirige vers le camp adversaire...

Tout cela sans le savoir...

Sonya Dimitrovna:
Tout se passait très bien, en quelques minutes, les 3/4 du camp avaient été décimés. C'était l'une des raisons pour lesquelles je n'avais jamais voulu changer d'unité. Mes hommes étaient très compétents, consciencieux et rapides lors de l'exécution de leurs tâches. Aussi, entre chaque tir, je vérifiais, à travers ma lunette de visée, que nous ne subissions pas de pertes, ou qu'elles restent minimes. J'avais pour but de tous les ramener vivants, et il serait tout bonnement inadmissible, à mes yeux, de devoir me séparer de l'un d'entre eux. Chaque perte était un véritable échec personnel pour moi, ce qui me poussait d'autant plus à tout faire pour ne pas en perdre un seul. Une balle dans la chambre, je scrutais le camp à la recherche d'un ennemi toujours en vie. Fort heureusement, je pus compter sur mes réflexes pour appuyer rapidement sur la détente et sauver l'un de mes hommes, qui se faisait attaquer par derrière. Dans les rares survivants, il y avait une agitation que je n'arrivais pas à expliquer. Ce n'était pas de la peur, c'était tout autre chose, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Et à vrai dire, je n'avais pas très envie de découvrir la surprise qu'ils pouvaient éventuellement nous réserver, ce qui fit que j'étais d'autant plus sur mes gardes.

Moins de 5 minutes plus tard, il n'y avait plus âme qui vive dans ce camp. Mais je ne comptais pas rentrer à l'intérieur, et je fis rapidement passer l'ordre de quitter ce campement sur le champ. Cependant, je vis quelqu'un qui se mit à courir en dehors du camp, courant droit devant, et je n'eus que le temps de me retourner pour hurler à cette personne de se coucher et de ne plus bouger. Voyant que je n'eus pas le temps de tirer, Vladimir, mon second, tira une balle à proximité de cette personne, ce qui avait pour but de la faire plonger à terre par pur instinct de survie. Je pris 4 de mes hommes avec moi, leur ordonnant de tenir cette personne en joue en permanence et de tirer si le moindre acte de résistance était visible. L'un de mes soldats alluma sa torche et j'eus un mouvement de recul en voyant ce que cette personne portait à la taille. Une ceinture d'explosifs. Tout le monde recula, excepté Dimitri. Il savait ce qu'il avait à faire.

- Dimitri, prends ton temps, et fais attention, s'il te plaît. Mon ton était toujours maternel avec eux, même quand je leur donnais des ordres. Cette personne ne devait pas comprendre ce que je venais de dire, étant donné que personne, en dehors de nous, ne parlait Russe dans cette région. Ceci dit, j'espérais me faire comprendre par cette personne, étant donné que j'étais bilingue. - Bouges, et tu crèves. T'as voulu jouer? Disons que ton petit périple s'arrête ici. Bouges un seul orteil, et personne ici n'hésitera à t'abattre.

Dimitri prenait son temps pour lui enlever cette saloperie de ceinture. Mais je le connaissais, même s'il était très compétent dans ce domaine, il avait toujours la boule au ventre quand il devait faire quelque chose comme ça. Il disait toujours que si l'on n'avait pas mal au ventre devant des explosifs, il fallait très rapidement quitter ce boulot si l'on voulait rester en vie. Concentration maximale de sa part, et il mit quelques minutes à accomplir son travail, au grand soulagement de tout le monde. Je relevais personnellement cette personne, pour lui attacher les mains dans le dos, et le canon de mon fusil en permanence en contact avec son dos. Une fois que tous mes hommes étaient autour de moi, il était temps de retourner au camp. J'allais personnellement interroger cette personne, une femme. Je n'étais pas née de la dernière pluie, ces enfoirés embauchaient régulièrement des villageois ou des villageoises pour jouer les kamikazes, faisant miroiter une forte somme d'argent à leur famille pour qu'ils acceptent de laisser un membre de leur famille partir pour ne plus jamais revenir. Évidemment, cette somme d'argent n'arrivait jamais. Jouer avec la misère sociale, c'était quelque chose qui me faisait gerber, et c'était également une raison supplémentaire pour abattre ces enfoirés. Il y avait une demi-heure de marche au retour, et nous allions prendre tout notre temps.

Une fois de retour au camp, je la jetais sur une chaise, avant de m'asseoir en face d'elle, sur la table. Elle avait l'air totalement perdue, mais il ne fallait pas que j'oublie qu'elle courrait avec une ceinture d'explosifs sur elle. Bien que cet élément devait rester important, c'était une femme, et j'allais être naturellement moins violente avec elle qu'avec un homme. Mais si jamais elle se foutait de moi, elle allait tout de même y passer. Je n'irais pas jusqu'à la tuer, évidemment. Il était hors de question que je tue une femme, sauf si elle représentait un danger vital pour mes hommes. Mais comme elle n'avait aucune arme sur elle, nous n'avions a priori rien à craindre.

- Bon, tu vas m'expliquer de quel village tu viens. Qu'est-ce que tu foutais dans ce camp, et qu'est-ce que tu foutais avec une ceinture d'explosifs autour de toi? On t'a demandé explicitement de nous viser? On a promis combien à ta famille pour ça? Depuis quand tu es en contact avec eux?

Soeur Mary:
Je cours aussi vite que je peux, autour de moi des bruits étranges, des cris, des explosions où je suis… Mon Dieu venez-moi en aide ! Aidez-moi à retrouver le chemin. Alors que je continue ma course, un bruit sourd éclate juste à côté de moi, morte de trouille, je saute sur le côté me retrouvant à terre. Le tissu qui m'entoure le bassin se détache laissant apparaître les explosifs que l’on m’avait mis. Je n’y comprends rien, je ne sais même pas ce que c’est. Tout le monde semblait inquiet autour de moi, ce qui ne faisait qu’augmenter la panique qui parcourait mon corps.

“S’il vous plaît, venez-moi en aide… Je ne sais pas où je me trouve… Je… Je… À l’aide !”

Encore une langue inconnue… Qui venait m’agresser les oreilles. Elle était différente de celle de toute à l’heure. Puis enfin quelqu’un se mit à parler dans un dialecte que je comprenais. D’où venait cette voix, à droite ? Non à gauche ? Je n’avais pas fait attention… La pression, la peur déréglait tous mes sens. Je n’arrivais pas à me concentrer. Et vu ce qu’on venait de me dire je n’avais pas l’intention de risquer de mourir ici… M’abattre ? Pourquoi je n’avais rien fait de mal. Je suis juste une Sainte, perdue au milieu de ce champ de bataille.

J’attends sans faire le moindre mouvement qui pourrait me coûter la vie, quant au bout d’un moment, je sens qu’on me retire la ceinture qui se trouve autour de ma taille. Deux secondes après, on vient me relever, me pointant quelque chose dans le dos, tout en me disant d’avancer.

“Je suis désolée si j’ai fait quelque chose de mal… Je ne voulais pas nuire à quelqu’un… S’il vous plaît parlez moi… Quelqu’un…”

Aucune réponse, juste un coup au milieu du dos pour que je continue d’avancer en rythme du groupe. Je vais réessayer quelques fois pendant le chemin, rien n’y fait aucune réponse. Tout le monde marche en silence… Au fond de moi, je me mets à prier, réunissant mes mains devant moi pour me donner du courage. Je n’arrive pas à savoir s’il fait jour ou nuit, depuis combien de temps nous marchons, je crois avoir entendu la voix d’une femme toute à l’heure qu’est ce qu’elle fait ici entourée d’hommes ? De nombreuses questions me trottent dans la tête.

Et au bout d’un moment, nous arrivons dans un endroit un peu plus bruyant, des nouvelles voix un peu partout, on me fait rentrer sous une tente, je pense, sentant le tissu glisser sur le dessus de ma tête avant de me jeter sur une chaise comme une moins-que-rien. Des bruits, des odeurs, des textures totalement inconnus, je n’ai strictement aucun repère ici. J’ai du mal à garder le contrôle, tapant du pied, plantant mes ongles dans mes cuisses. Je respire si fort, on dirait que je vais bientôt rendre l’âme à force. Puis on se met à m’enchaîner des questions… Alors qu’on n’avait même pas pris la peine de répondre aux miennes… Mais il semble que je n’aie pas trop le choix d’y répondre. Je dois me concentrer pour ne pas dire des bêtises, la bouche tremblante, je prends alors la parole.

“Je… Je viens du couvent qui se trouve non loin du village de Syxh, j’ai voulu fuir pour trouver de l’aide et dans ma course je suis arrivée ici… Des gens m’ont mis cette ceinture d’ex… D’expla…”

Je ne me souviens plus du mot qu’elle a utilisé pour définir cette ceinture, je n’avais jamais entendu ce mot part chez moi…

“Cette ceinture ! Et ensuite ils m’ont dit de courir dans cette direction… Je… N’y vois rien, je suis aveugle… Je ne savais pas que vous étiez là… Je ne voulais pas vous faire de mal à cette ceinture, je ne sais même pas ce que c’est ! Je suis une envoyée de Dieu, une nonne, jamais je ne pourrais faire de mal à un être vivant.”

Je me laisse alors glisser de cette chaise pour me mettre à genoux, sortant le chapelet que j’ai autour du cou, pour le serrer dans mes mains et me prosterner devant cette femme.

“Soeur Mary du couvent de la Lumière ! Croyez-moi, je vous en supplie !”

Je relevais mon buste de haut en bas dans la direction de la femme, savoir si c’était vraiment la bonne ça c’était une autre question, avec le stress j’avais beaucoup de mal à faire la part des choses.

Sonya Dimitrovna:
J'avais très clairement l'impression, en l'écoutant qu'elle me prenait vraiment pour une idiote. Elle s'attendait vraiment à ce que je crois un seul mot de ce qu'elle venait de me dire alors que rien, mais alors absolument rien, ne tenait la route? Il n'y avait strictement aucune logique dans ce qu'elle venait de me raconter, et surtout, vu la configuration des lieux, c'était tout bonnement impossible. Le premier couvent était à plus de 400 kilomètres d'ici, et il était à peine habité, et certainement pas par des religieuses comme celle-ci. Soit elle me faisait tourner en bourrique, et je n'allais pas du tout aimer ça, soit elle voulait me cacher quelque chose, ce que je n'allais pas aimer non plus. Je pourrais éventuellement lui laisser le bénéfice du doute, mais pour cela, il aurait tout de même fallu qu'elle me sorte un discours un tant soi peu plus crédible que celui-ci. Car dans l'état actuel des choses, c'était loin d'être crédible, et cela me donnait surtout l'impression qu'elle était plus suspecte qu'elle ne le prétendait. C'était courant dans cette région, on tombait très souvent sur des villageois qui prétendaient être de simples citoyens n'ayant strictement rien à se reprocher alors qu'ils travaillaient main dans la main avec ces enfoirés. Malheureusement pour eux, quand nous découvrions le pot aux roses, ils subissaient le même sort.

- Donc, tu veux essayer de me faire croire que tu viens d'un couvent. Le premier couvent est à plus de 400 kilomètres d'ici, il y a une dizaine de religieuses à peine, et elles sont toutes originaires d'ici. J'ai horreur qu'on me prenne pour une conne dans l'unique but de protéger des enfoirés qui foutent la merde dans une région entière sous des prétextes religieux absolument bancals. Je te jure que si jamais j'apprends que tu viens d'un village pas loin, et que tu bosses avec eux, tu regretteras sincèrement d'être née. On est ici pour pacifier cette putain de région, pas pour que des villageois nous prennent pour des cons pour arrondir leurs fins de mois.

Je m'allumais une cigarette, et expirais ma première taffe par le nez. Si elle voulait jouer avec moi, alors elle allait perdre. J'étais tellement habituée à ce qu'ils essaient de se foutre de nous que j'avais toujours cette idée en tête que peu importe ce qu'ils disaient, ils mentaient. La seule chose qui semblait crédible dans son discours était sa cécité. Personne n'allait se trimballer un bandeau complet sur les yeux s'il voyait quelque chose. Et surtout, la manière qu'elle avait d'agir montrait que, sur ce terrain-là, elle disait au moins la vérité. - Maintenant, ils recrutent chez les plus faibles. Ça leur suffit pas de faire des attentats suicide en plein camp pour tuer le plus de monde possible, et au passage me brûler la moitié du corps, il faut en plus qu'ils s'attaquent aux plus faibles. Je sais pas ce qui peut vous passer par la tête pour accepter de jouer aux kamikazes pour un mois de salaire pour votre famille... J'expirais toujours ma fumée par le nez. - T'es tombée sur la plus teigneuse, ma petite, je peux y passer la nuit sans aucun souci. Soit tu me dis toute la vérité, soit tu vas le payer. Et n'essaie pas de m'embobiner avec ton histoire de couvent imaginaire, ça ne marche pas avec moi. Ou alors, si c'est aussi vrai que tu le prétends, j'imagine que tu es en capacité de prouver ce que tu avances. Y'a bien un de vos soit disant saints qui ne croyait que ce qu'il voyait, n'est-ce pas? Prouve moi ce que tu avances, et je considérerais que tu dis la vérité. Fous-toi de ma gueule et tu vas prendre cher.

Et pour bien lui faire comprendre que j'étais relativement sérieuse sur ce point, j'allais jouer avec le son, car elle ne pouvait pas voir ce qu'elle faisait. Je me levais pour aller prendre un 500 magnum que j'utilisais de temps en temps, et je faisais en sorte de jouer avec le barillet, et le chien, alors qu'il n'y avait qu'une seule balle à l'intérieur. Bien évidemment, je faisais toujours en sorte de tomber sur un des crans vides du barillet, ce qui laissait échapper un bruit métallique particulièrement reconnaissable, et qui pour toute personne ne connaissant rien aux armes à feu, faisait généralement peur, et qui était une très bonne arme de torture mentale. Il valait mieux que j'agisse sur son mental plutôt que je décide de la tuer au bout de 5 minutes.

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