[FINI] La Morsure du Roi [Shad Hoshisora]

De l’eau s’égouttait du plafond, signe que le tunnel avait été creusé à la hâte, et ne tiendrait pas longtemps. S’ils étaient sous le lac, la pression devait être forte, et, ici et là, Aoife voyait des poutres, des planches, qui servaient à soutenir l’ensemble. Il était assez impressionnant qu’ils aient réussi à construire ça, et Aoife commençait à se poser des questions. Tout ça était en train de les dépasser. Les enjeux étaient bien importants, et elle avait l’intime sentiment que l’armée d’araignées d’Élise n’était que la partie émergée de l’iceberg. Shad supposa alors que les mutations n’avaient pas juste pour but d’améliorer les caractéristiques des Arachnistes, mais de les transformer en hommes-araignées, à l’image des hommes-porcs de Mandus.

« C’est sinistre... Mais hélas plausible. »

Pour l’heure, il lui était difficile d’en dire plus, car Aoife ne savait vraiment pas grand-chose, et peinait encore à rassembler les bouts, et à recoller les morceaux. Maintenant, ce qu’il fallait, c’était retrouver cette Médonée, afin de découvrir où se trouve la véritable Élise, et parvenir à sauver le royaume. Le duo avançait donc le long de la galerie.

« Cette galerie... Je crois qu’elle date de bien plus loin que ce que le Bossu pense. »

Elle n’eut pas l’occasion d’en dire plus, car Shad, avec son ouïe fine, entendit soudain du bruit. Aoife fronça les sourcils. Elle, elle n’entendait rien, mais elle savait que les Terranides avaient des ouïes très fines, à tel point que, à Nexus, il existait certains corps militaires employant des Terranides comme éclaireurs et comme sentinelles. Aoife resta donc aussi sur ses gardes, et c’est ainsi qu’elle comprit que Shad avait perçu les vibrations d’une toile d’araignée. Devant elles, il y en avait plusieurs, invisible à l’œil nu. Pour les éclairer, Aoife modifia l’intensité de sa boule lumineuse, lui donnant des teintes bleuâtres, et permit ainsi de voir une série de toiles d’araignées.

Une grimace étira les lèvres d’Aoife, qui entendit alors, également, les bruits, et retira son épée de son fourreau en se retournant. Jaillissant du plafond, une énorme masse apparut, se posant sur le sol, ses huit pattes arachnéennes soutenant son corps massif, un torse humain sur le sommet du corps, avec une longue chevelure argentée, et des yeux rouges étincelants.

« Oh merde... »

C’était un Drider ! Des Drow qui, à la base, avaient subi des modifications génétiques destinés à les faire ressembler à la Déesse Lloth, la Déesse suprême des Drow, la Reine-Araignée. Les Driders étaient conçus à partir des sorts magiques des prêtresses de Lloth, et étaient souvent considérés comme des guerriers d’élite, l’ultime évolution possible pour les Drow masculins, même s’il existait aussi énormément de Driders de sexe féminin.

La massive créature s’approcha lentement, les mandibules à hauteur de son menton se frottant entre elles.

« J’en étais sûre... Ce tunnel a été creusé par des Drow !
 -  Petite futée... Petites filles curieuses... J’ai faim, si faim... La chair est agréable quand on la recouvre sous la toile, mais la chair fraîche de jeunes fiiiiiiiilles... »

Aoife déglutit alors, et fit un pas en arrière. Elle se retourna, et, maintenant que ses yeux s’habituaient à l’obscurité, put voir quelques corps situés dans les toiles... Ou, plutôt, des morceaux de corps. Ici, il manquait un bras, ici une jambe... Mais les corps vivaient encore !

*Les araignées se nourrissent ainsi, en prenant leur temps, maintenant leurs proies en vie grâce à leur toile... Quelle horreur !*

Le chevalier se retourna vers le Drider, qui se rapprochait lentement. Des araignées multiples descendaient du corps du monstre.

« Regarde ses yeux, murmura Aoife. Il est albinos... Tant pis pour la magie, prépare-toi à courir ! »

Manifestement fou, le Drider s’approchait, et Aoife lança une boule de feu vers les toiles, les enflammant, et sa boule lumineuse devint alors blanche, très lumineuse, faisant hurler le Drider, dont les yeux ne s’étaient plus habitués à subir la lumière du jour.

« Cours, vite !! »

Le feu se répandait, enflammant les toiles, mais fragilisant aussi davantage le tunnel, plusieurs planches de bois brûlant aussi.

En conséquence, l’eau se mit à couler plus abondamment, et des craquements se firent entendre, remontant tout le long du tunnel...

 Prenant ses jambes à son cou, Shad se mis à courir à toute allure, envoyant devant elle quelques boules enflammées avec celle d’Aoife afin de leur dégager plus facilement un passage à travers les pièges de soie mortelle. Si elles se faisaient engluées….Mieux valaient ne pas y penser.  Derrière elle, la Louve pouvait ouïr le cri de rage de l’ignoble créature arachnéenne avant d’en entendre un plus dangereux sur l’instant. Le son typique d’un craquement de poutres de bois qui ne supportaient plus la pression qui leur été exercées. Puis vint celui provenant d’une grande quantité d’eau que l’on déverse et qui coule en trombe dans un tunnel étroit. A peine un coup d’œil par-dessus son épaule et la Louve put voir jaillir au loin les flots mortelles qui risquaient bien de les noyer. Courir. Il fallait courir, ne pas s’arrêter. Poussant un juron, l’Okami se transforma  et se mis de sorte à ce que le chevalier puisse sauter sur son dos, avant de détaler à toute vitesse.

Par chance, les boules incandescentes qu’elle avait invoquée lui permettait de mieux voir dans l’obscurité de cette foutue galerie, tout en lui permettant de ne pas être prise au piège mais…elle avait l’impression que ce tunnel ne finissait jamais. Courant aussi vite qu’elle le pouvait, l’Okami avait toujours l’impression d’être talonnée par l’eau du lac et…c’était le cas, la masse d’eau n’était qu’à quelques mètres et se rapprochaient toujours, de plus en plus. Son cœur battait à tout rompre, envoyant de l’oxygène dans chacun de ses muscles le plus rapidement possible, sa respiration haletante et le soudain effort qu’elle demandait à ses muscles lui faisait un mal de chien. Pourtant, l’adrénaline et l’instinct de survie la poussait  à ne pas s’arrêter.

Jusqu’à ce que l’eau les rattrape. La puissante vague frappa violemment les deux femmes qui furent par la suite prisonnière dans  ce courant impitoyable. Ce fut à peine si la Louve eut le temps de prendre une bouffée d’air et sous le choc, elle laissa s’échappait quelques bulles d’oxygènes de son museau. Valdinguée de gauche à droite, secouée dans tous les sens, Shad n’avait pas d’autre choix que de laisser le courant la porter, ne pouvant contrer ce dernier. Mais l’eau n’était pas clémente et ne leur présageait pas une virée saine et  sans embuche. A plusieurs reprises, leur corps percutait les parois du tunnel ou quelques poutres qui avaient su résister. Mais ce n’était pas le pire, le pire c’était l’air qui venait à manque. Ses poumons étaient en feux et la Terranide avait l’impression que sa dernière heure était arrivée.

Avant dans un dernier élan de lucidité de tenter quelque chose, c’était fou et surement purement impossible que ça marche mais…elle devait essayer. Par chance, les transformations ne lui demandaient pas beaucoup d’énergie et elle reprit une forme plus humaine, mordant violemment à la troisième phalange de son index afin que le sang s’y écoule.  Frottant par la suite une bague ornée d’une gemme rougeoyante, elle eut comme dernière pensée avant de sombrer dans l’inconscience :

« Alastar Magoa je te somme d’apparaître ! »


La formule n’avait pas été dite à voix haute et …pour être sincère la Lycane se serait bien passée d’utiliser cela pour sauver leurs vies, car cela lui donner l’impression d’appeler un chien pour qu’il vienne au pied, mais sur le coup…c’était la seule solution à laquelle elle venait de penser. A moins évidemment qu’Aoife avait sur elle un sort pour leur permettre de respirer sous l’eau mais…elle n’en savait rien et pour l’heure les ténèbres de l’inconscience venaient de l’accueillir.

Il suffit d’un infime craquement, et le toit s’ouvrit. L’eau se déversa à toute allure, emplissant le tunnel, filant vers elles. Le Drider avait disparu, et l’eau filait désormais, fracassant les carcasses, soulageant enfin ceux qui n’avaient pas eu la chance de mourir de leurs tourments. Aoife courait le plus vite possible, en entendant les roulements de l’eau, mais son pied se planta contre une toile d’araignée sur le sol, la déstabilisant, manquant la faire s’écrouler sur le sol.

« Merde ! »

Aoife remua sa jambe, et trancha les toiles avec le bout de son épée, et courut ensuite plus vite... Mais l’eau était déjà là, filant vers elles.

« SHAD !! »

La jeune femme tendit sa main vers elle, mais l’eau la frappa ensuite, et elle rebondit sur le sol. La guerrière tenta ensuite de se relever, mais une autre vague la frappa en plein visage, et elle tomba à nouveau, sentant l’eau la recouvrir. Son corps lui échappa, le courant la draina, elle heurta un rocher sur le sol, poussant un bref hurlement de douleur, noyé dans l’eau. L’une de ses mains se leva, tandis que l’eau continuait à monter, le tunnel s’effondrant de plus en plus, la brèche s’agrandissant démesurément... Puis il n’y eut plus que l’eau, et rien d’autre.


« Hnnnn... !! »

Un cri s’échappa de ses lèvres quand la femme se releva, et tourna brusquement la tête, de gauche à droite, en état de choc. Son cœur bondissait nerveusement dans sa poitrine, et elle papillonna des yeux, regardant encore autour d’elle. Un tableau à gauche, une grande baie vitrée devant elle, de la fine tapisserie, une porte à droite...

*Où est-ce que je suis ?*

Elle baissa les yeux sur son corps, et constata qu’elle ne portait plus son armure, mais une fine nuisette brodée avec des lacets.

« HEIN ? Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?! »

Aoife se redressa brusquement, et regarda nerveusement autour d’elle Les murs étaient peints en rouge, dans des couleurs vives, et elle constata que le tableau était une peinture érotique. Alors qu’elle l’observait, la porte s’ouvrit, et elle se retourna, fronçant les sourcils... Et vit une étonnante servante dans une tenue de maid en latex entrer.

« Oh, vous êtes réveillée ? demanda-t-elle sur un ton sensuel.
 -  Que... Qui êtes-vous... ? Où est-ce que je suis ?
 -  Mais... Vous êtes dans la demeure de la Comtesse Montélivet, bien sûr. »

La femme lui montra un grand tableau situé sur le mur derrière le lit.

« C’est elle... Le jour où le Roi lui a donné son titre, après la mort de ses parents. »

Aoife observa le grand tableau, et la vit. La Comtesse Catalina de Montélivet montait les marches du Palais Royal, et était une superbe beauté, visiblement assez jeune. Observant la peinture, Aoife hocha la tête, et tourna la tête vers la serveuse :

« Mais... Où est Shad ? »


Les lèvres tendres et douces se posèrent sur celles de la Terranide, et, quand elle ouvrit les yeux, ce fut pour voir le beau visage à la peau rouge plantée devant elle, les biceps et les muscles saillants de son corps nu se frottant contre celui de Shad, également nue. La main caressa alors son visage.

« Je t’ai nettoyé, toi et ta copine, mais ça n’a pas été évident. On a pas idée d’aller se terrer dans un endroit aussi lugubre, brrr... Il fallait bien que je te réchauffe un peu, tu étais toute frigorifiée, ma chérie. »

Alastar l’embrassa encore. Un feu crépitait dans l’âtre de la cheminée, et il ne mentait pas. Shad était effectivement toute nue, et, vu la manière dont ses seins étaient tendus, il y avait de nombreuses minutes qu’Alastar jouait avec elle.

« Tu as de la chance... Je suis comme les marins, j’ai une femme dans chaque ville, même à Koldoue. Quand je lui ai annoncé que je venais, elle a sauté sur l’occasion pour venir ici, afin de me voir. Elle avait dû fuir la capitale, il paraît qu’il y a un problème d’araignées... Mais, après tout, quand il s’agit de me revoir, j’aime que les filles me supplient... »

Il lui sourit encore, son pouce glissant tout contre ses lèvres.

« Mais, quand tu m’as invoqué, j’étais en train de coucher avec deux superbes jumelles... Alors, il va falloir que tu assumes le fait de m’avoir invoqué, ma chérie... »

Sortant peu  à peu de sa torpeur, réveillée par le contact des lèvres du Diablotin contre les siennes, la Louve ouvrit difficilement les yeux, papillonnant ces derniers et voyant flou au tout début. Ce ne fut qu’une sorte de grosse tâche rouge qu’elle vit devant elle avant que son regard redevienne net et qu’elle puisse voir l’incube se tenant au-dessus d’elle…parfaitement nu.  Se relevant dans le lit, elle passa une main au niveau de sa gorge, toussotant. Vivante elle était vivante….Finalement, son invocation avait marché.  Ecoutant d’une oreille discrète le Diablotin, la Lycane reprenait ses esprits, tentant de remettre en ordre le flux de pensées qui tourbillonnait dans sa tête. Un frisson parcouru son échine et par réflexe, l’Okama frotta ses bras de ses mains, cachant par la même occasion la vue de sa poitrine à l’incube.

« Attends…Laisses moi une minute Alastar… »

De son petit monologue, elle avait réussi à en capturer de maigres bribes, parvenant juste à retenir qu’il avait une relation ici à Koldoue, qu’il était un peu au courant pour cette question d’araignées et qu’elle l’avait interrompu tandis qu’il était occupé  avec deux ravissantes jumelles. Sur le coup, elle ne put s’empêcher de rire, s’imaginant parfaitement la scène. Mais son rire était également nerveux, elle se calma cependant très rapidement, décroisant ses bras pour poser s’appuyer  sur ses mains  derrière elle, elle offrit de nouveau à l’incube la vue de sa poitrine tendue par ses traitements, affichant un sourire mutin.

« Dis moi à quel moment je ne risque pas de te déranger Alastar…En tout cas…merci..Je ne pensais pas que tu viendrais….mais avant que je te paye…où est Aoife ? Et  que t’as dit ton contact par rapport à ce problème d’araignée ? »

Elle frissonna un cours instant en  repesant à la dernière créature qu’elle avait rencontré avec le chevalier du Nexus avant de regarder Alastar et de souffler dans un ton sérieux.

« Désolé de casser l’ambiance pour commencer mais…y’a de forte chance que le Roi cramoisi soit de retour…Mais..Ce n’est pas ce que tu as envie d’entendre là n’est-ce pas Alastar ? »

Oh non ! Il lui serait bien étonnant que cela occupe l’esprit de l’incube en cet instant.  Elle s’approcha de lui, collant son corps au sien, sa poitrine s’écrasant contre son torse. Ses lèvres vinrent se poser doucement contre les siennes et elle l’embrassa, posant son front contre le sien.

« Bien..Je suis à toi mais après…Je vais devoir rejoindre Aoife et tenter d’en finir avec cette foutue histoire… »

Après tout, elle devait bien lui « payer » le fait d’être en vie !  Et puis elle l’avait quand même interrompu, le pauvre !

Alastar se contenta d’hausser les épaules. L’Incube ne savait pas grand-chose des préoccupations des mortels, juste qu’il y avait une invasion d’araignées géantes. Pas de quoi l’inquiéter. Quant au Roi Cramoisi... Ce nom évoquait en lui de mauvais souvenirs, lui rappelant en effet la période où Shad avait été en Enfer, et où il s’était retrouvé dans les entrailles d’un palais ayant jadis appartenu au Roi Cramoisi, quand ce dernier était en Enfer. Dans ce palais, lui et Shad étaient tombés sur un Portail magique qui renvoyait dans une prison dimensionnelle où se trouvait un Grand Ancien. Hastur s’était échappé de sa prison, avant que Shad n’utilise de son fameux talisman magique, parvenant à réutiliser la prison, scellant de nouveau Hastur, rappelant ainsi brièvement aux démons les puissances ancestrales et terrifiantes que les Cieux avaient jadis dû affronter. Depuis lors, Alastar savait qu’Onyxian et les autres Grands-Princes s’étaient longuement renseignés sur Hastur, le Roi Cramoisi, et sur les résurgences des Grands Anciens. Mais, comme Shad le soupçonna bien vite, tout cela n’intéressait guère l’Incube.

Ce dernier se contenta d’un léger sourire quand la Terranide annonça cela, et il hocha la tête.

« Je t’avoue que mon esprit a en ce moment des préoccupations beaucoup plus... Simplistes. »

Redoutablement immature, Alastar n’avait jamais cherché à prendre ses responsabilités au sérieux. Il avait beau être le frère d’Onyxian, l’Incube restait toujours un éternel joueur, quelqu’un qui n’avait aucune envie de diriger un jour le clan, et était heureux de pouvoir butiner des minettes. Auprès de Shad, il avait promis, après son aide contre Hastur, de venir pour elle quand elle l’invoquait. Et, dans la bouche d’un démon, une promesse était une chose importante, car les démons n’avaient qu’une seule parole.

Alastar se dressa donc contre elle, et ne tarda pas à enfoncer sa verge en elle. Ses mains se posèrent sur les épaules de Shad, et son sexe, tendu et assoiffé, se glissa en elle. Un profond soupir s’échappa des lèvres du Diablotin, qui embrassa la femme, tout en sentant le lit remuer lentement.

Oui... Aoife est... Dans une autre chambre... Hmmm... Mais j’ai préféré... Rester avec toi. Je n’avais pas envie qu’elle m’attaque en se réveillant, hmmm... »

Le Diablotin remuait son corps, l’enfonçant contre celui de Shad, ainsi que dans les tréfonds de sa chair. Le contact s’avérait être particulièrement agréable, comme l’être à la peau rouge l’aimait, et il poursuivit donc, continuant les coups de reins, soulevant et abaissant son corps, dans ce mouvement qu’il connaissait particulièrement bien, et appréciait tout autant.

« Tu sais, je... Je suis surpris que tu ne m’aies invoqué que maintenant. Même un peu déçu... Je m’étais attendu à ce que tu m’appelles dès l’heure... Chaque fois que tu aurais envie de sexe... Hmmm... C’est presque frustrant, tu sais, de n’être invoqué que quand tu manques la noyade... »

Il sourit alors, une lueur malicieuse brillant dans le firmament de ses yeux.

« Suis-je un amant aussi peu marquant que cela, ma chère Terranide ? »

Les jambes de la Terranide se nouèrent autour du bassin du Diablotin, y exerçant même une petite pression pour qu’il s’enfonce plus loin en elle. Un soupir de plaisir lui échappa et elle laissa l’incube menait la danse. Son corps se balançait d’avant en arrière au rythme des coups de reins du Diablotin.  A chaque mouvement, la Louve pouvait le sentir racler ses chaires intimes et électriser ses sens, allant toujours plus loin, toujours plus vite et toujours plus fort. Comme dans ses souvenirs. Passant ses bras autours de son cou, elle l’attira contre elle, plaquant sa poitrine contre son  puissant torse avant de le regarder droit dans les yeux.

« Hmm..Ca ne t’a pas plus de jouer au héros qui sauve la damoiselle en détresse ? Surtout..haa…quand tu sais que je…n’aurais pas pu refuser de pu…passer la nuit avec toi… »

Bon, cette fois, la nuit risquait d’être plus courte mais l’idée était là. Retournant l’embrasser, elle mordilla doucement sa lèvre inférieure avant d’aller quérir sa langue pour un ballet endiablé, frissonnante de plaisir, se collant toujours plus contre son corps, subissant ses assauts sans relâche.

« Et puis…t’invoquer tout le temps…Je ne…voulais pas te donner l’impression d’être..hmm..un chien qu’on appelle…..Tu..haa…mérites mieux Alastar… »

C’était effectivement l’impression qu’elle avait. Se laissant retomber contre les draps du lit, la tête sur l’oreiller, elle bougeait son bassin en rythme avec celui de l’incube, permettant un tout nouvel angle de pénétration.

« Mais…je t’ai appelé juste avant car….je sais pas…c’est la seule solution que j’ai eu….désolé de t’avoir utilisé de cette manière. »

Tendant sa main, elle caressa sa joue et attira de nouveau son visage vers elle, posant un baiser sur ses lèvres soufflant :

« Alors que…j’aurais pu t’appeler bien avant…. »

Mais en avait-elle eu une fois le temps ?  Peut être….Ses mains se mirent à glisser sur le corps de l’incube offrant ici et là des caresses et quelques légères griffures.  Son mat de chair n’avait aucun mal à coulisser entre ses chaires parfaitement lubrifiée par son jus intime. Après tout, comment ne pas être excitée quand on connaissait les qualités du Diablotin au lit ?

« Allez…c’est toi..hm qui commande…je t’ai bien dis que …j’étais à toi…non ? »

Un moyen comme un autre de dire qu’il avait carte blanche. Et puis, elle lui devait bien ça !  Et ce n’était pas comme si elle allait se plaindre du traitement qu’il allait lui infliger bien que…mieux valait rester méfiant. Quant aux bruits qu’ils faisaient …la Louve en avait cure. Qu’Aoife les entendent ou pas ne la gênait pas plus que cela et ne brisait pas sa libido du moment. C’était grâce à Alastar qu’ils étaient en vie et le chevalier du Nexus devrait bien l’accepter si elle venait à l’apprendre.

« Moi... En chevalier servant.. À la rescousse de la veuve et de l’orphelin, hum... ? Tu t’es trompée de casting, ma chérie... Quand un preux chevalier part guerroyer contre les forces du Mal, moi... Hmmm... Putain, ce que t’es bonne... Je culbute sa femme... »

Alastar était un démon très particulier, à la fois très différent de ce qu’on s’imaginait de l’Enfer... Et en même temps très proche. Il faisait preuve d’un sens de l’humour et d’une sorte de bonté assez décalés chez les démons, mais, en même temps, restait fidèle à l’image de marque des démons : celle de la Tentation. Sa beauté était logique, car on ne tentait pas des femmes en étant gras et laid. Il avait une silhouette parfaite, un corps de rêve, et sa cible privilégiée avait toujours été la femme mariée, empêtrée dans des vœux. Le mariage était une institution conçue, non pas pour rapprocher les êtres, mais, aux yeux d’Alastar, pour essayer de convaincre les humains qu’ils étaient autre chose que des animaux guidés par leurs pulsions sexuelles, et que le sexe n’était pas la seule chose permettant de lier les êtres. Quand on se mariait à vie, on se faisait aussi la promesse de surmonter la tentation envers les autres, afin de se consacrer pleinement à l’être chéri. Alastar adorait donc coucher avec ces femmes, et, plus leur mariage était long, et plus il adorait ça. Shad, elle, était juste un supplément... Des plus agréables, mais, en soi, coucher avec elle ne remplissait pas vraiment son rôle de tentateur, vu qu’elle n’était pas mariée. Il aimait juste se la taper, et, de toute manière, ceci faisait partie de ses obligations, du serment qu’il avait fait envers elle après leur aide.

Le Diablotin remuait donc sur elle, sentant la femme se presser contre son corps, acceptant avec joie la présence de son membre, qui s’engouffrait soigneusement en elle, la remplissant au mieux. Son membre était toujours aussi volumineux, à la hauteur de son endurance exceptionnelle. Shad, quant à elle, se justifia sur le fait de ne pas l’invoquer... Et s’en sortit plutôt bien. En retour, un sourire amusé éclaira les tendres lèvres du beau diable, qui déposa un baiser supplémentaire sur ses lèvres, les mordillant un peu, tout en continuant ses coups de reins.

« Oui... Hummm... Griffe-moi, ma petite chérie, c’est ça que j’aime chez vous, les Terranides... Utilise tes griffes, n’aie pas peur de me faire mal, tu sais que j’aime ça... »

Alastar repartirait-il après avoir couché avec elle ? C’était possible... Mais il pouvait tout aussi bien rester. Sur ce point, l’Incube était plutôt libre, et, de toute manière, il allait aussi devoir satisfaire les exigences de la Comtesse. S’il repartait sans la voir, alors qu’elle était en route pour Koldoue rien que pour lui, elle ne lui pardonnerait pas, et Alastar savait que Catalina était du genre à vite s’enflammer, et à le bouder longtemps s’il commettait l’impair de l’ignorer.

En attendant, Alastar s’occupait de Shad. Elle était blessée, probablement meurtrie après sa noyade. Il fallait donc l’aider à aller mieux, et, pour ça, rien de mieux que le traitement du Diablotin. L’être à la peau rouge et glabre poursuivait ainsi ses multiples coups de reins, enfonçant et relevant sa queue dans le con de la femme. En retour, il entendait cette dernière gémir et soupirer profondément, excitant l’Incube.

« Oui... Hummm... Si je devais noter mes amantes, sur une note de 1 à 10... Tu aurais au moins 11, ma chérie... »

Il se pencha vers elle, et l’embrassa dans le creux du cou, la mordillant légèrement, tout en continuant à la pénétrer.

« Hé flatteur… »

Plantant plus profondément ses griffes dans l’épiderme du démon, la Lycane continuait à bouger son bassin au rythme de ses coups de reins, faisant frotter son membre contre ses parois internes, ce qui avait pour effet, lorsque l’épée de chaire passait à l’endroit adéquat, de lui soustraire un plus grand soupir de satisfaction et quelques tremblements de plaisir.  L’incube était un amant doué, très doué même. Et malgré le fait qu’elle ne comptait pas l’invoquer pour apaiser ses pulsions, la Lycane ne pouvait nier qu’elle prenait littéralement son pied en cet instant. Se laissant porter par les vagues de plaisir, elle ne se concentrait plus que sur les sensations du moment, oubliant tout le reste. Et ce qui devait arriver, arriva. Le plaisir, grimpant continuellement fini par avoir raison d’elle et se serrant au Diablotin, la Louve  se libéra, laissant la vague de plaisir se décharger en elle. Elle ne put réellement dire sur l’instant sur Alastar avait également atteints sa limite mais pour sa part, elle fut comblée.

« Et ben… »

Reprenant son souffle, elle observa quelques instants le plafond, décelant dans le coin droit  de la pièce une petite toile d’araignée, commune dans les habitations. Finissant  par se dégager de l’incube, elle se releva du lit, et s’étira un instant, faisant craquer quelques articulations lors de l’opération.

« Toujours aussi doué Alastar….Dis-moi es-tu également satisfait ? »

Question rhétorique, un incube pouvait-il seulement l’être ?  Mais dans le doute, et surtout pour ne pas le laisser en partie sur sa faim, la terranide avait préféré poser cette question. Cependant...le temps leur était compté et même si d’un côté elle préférait rester ici et passer encore quelques petites heures en charmante compagnie….un certain devoir le lui empêcher. Bien que techniquement, elle ne devait rien à personne, non, elle faisait tout cela pour aider une connaissance, une amie, rien de plus. 

Puis, une idée germa dans son esprit, certes loufoque, mais peut-être réalisable. Se rapprochant du lit, elle remonta dessus et s’avança à quatre pattes vers le Diablotin, déposant un rapide baiser sur ses lèvres et les mordillant légèrement, elle se recula légèrement par la suite avant de lui lancer une question :

« Au fait Alastar…toi qui est un démon et qui peut alelr où bon te semble, penses-tu pouvoir nous rapprocher de la personne que l’on recherche…contre payement bien sûr..Apr7s si tu ne veux pas ou tu ne peux pas…Tant pis, j’aurais essayé ! »

Et qui ne tentait rien n’a rien après tout ! Comment pouvait-elle savoir si cela était techniquement possible ou impossible ou si l’incube voudrait lui accorder cette faveur si elle ne lui posait pas la question ?  Les dés étaient jetés.

Le coït se poursuivait avec joie, le lit grinçant doucement sous les coups de reins d’Alastar. L’Incube soupirait contre elle, appréciant, comme toujours, le corps de Shad. Il y avait beaucoup de moyens de se rappeler d’une personne. La façon dont elle riait, son apparence physique, certains expressions de langage, les tics corporels... Chez Alastar, il se rappelait surtout de ses amants à travers la manière dont ils gémissaient, sexuellement parlant, dont ils se tordaient sous lui. Est-ce qu’ils hurlaient vite ? Forts ? Est-ce qu’elles mouillaient beaucoup ? Est-ce qu’ils bandaient vite et dur, et tenaient la distance ? Alastar couchait autant avec des femmes qu’avec des hommes, et se fiait donc à tous ces éléments. Le Diablotin savait que Shad était une mordeuse et une griffeuse, et retrouvait donc avec plaisir la sensation des griffes de la femme sur son dos, lui rappelant quand ils avaient couché ensemble, dans le Palais des Magoa. Hum, que d’excellents souvenirs ! L’Enfer avait beau être un endroit particulièrement sinistre, peuplé de créatures malveillantes, il était heureux dedans, comme un coq en pâte.

Alastar grognait et soupirait profondément, multipliant les pénétrations, et, comme à son habitude, calqua son plaisir sur celui de ses amantes. L’érection de l’Incube explosa donc en un plaisir suprême quand il jouit, balançant des filaments de sperme dans son corps, tout en la sentant jouir, et observa méticuleusement son visage... Car c’était là quelque chose qu’il aimait également beaucoup chez ses amantes, et qu’il retenait énormément : leur visage au moment de la jouissance. Et, au moment de jouir, d’atteindre le plaisir suprême, le visage de la Terranide s’illuminait de beauté, traversé par cette sensation inouïe et indescriptible... Un spectacle qu’Alastar avait toujours aimé avoir, qui dura quelques secondes seulement, mais des secondes ô combien divines !

« Hmmm... Oh, ma chérie, tu es si belle... »

Le Diablotin s’écarta alors d’elle, et s’affala sur le lit, se couchant sur le dos, le torse légèrement en sueur, et vit Shad se redresser, s’extirpant du lit, avant de revenir dessus, l’embrassant sensuellement, tout en lui demandant des informations supplémentaires. En souriant légèrement, Alastar attrapa les cheveux de Shad, et l’allongea contre lui, conservant une main dans son dos, caressant sa doucereuse peau.

« Ah, Shad, que dois-je donc être à tes yeux pour te satisfaire pleinement, hum ? Être un amant exceptionnel qui renvoie dos à dos tous les individus avec qui tu as pu coucher depuis des années ? C’est fait... Être ton chevalier servant qui te sauve d’une noyade certaine ? C’est également fait... Et voilà que tu me demandes maintenant d’être un détective. Oublierais-tu que je ne suis avant tout qu’un humble Incube, et non un magicien ? »

Un léger sourire amusé se dessina sur ses lèvres, et il continua à caresser la nuque de la femme, son autre main venant glisser sur sa joue, griffant légèrement sa peau, ses doigts se terminant sur son menton, qu’il soutint, avant de se pencher vers elle, pour l’embrasser tendrement sur les lèvres.

« Hélas, ma chère, je n’ai aucun moyen de retrouver la personne que tu cherches. J’ignore où est cette Médonée que tu recherches tant, mais je pense que tu pourras en parler à notre hôte. La Comtesse de Montélivet en sait sûrement plus que moi sur cette ville, et sur les individus susceptibles de vous aider. Moi... Moi, je suis un hédoniste par nature, Shad. »

Il lui sourit encore.

« Et puis... N’es-tu pas bien, ici, avec moi, dans ce grand lit, plutôt qu’à crapahuter dans je ne sais quelle galerie sinistre ? Pourquoi te préoccupes-tu tant de cette Médonée ? Après ce que tu as fait dans mon monde, tu as une place de choix dans le clan des Magoa. Tu pourrais y séjourner, et avoir chaque jour autant d’amants magnifiques que tu veux... Et moi aussi. Ce n’est pas une offre qu’on fait beaucoup de gens, Shad... Mais toi, ma beauté, tu es spéciale. »

Et il lui sourit de nouveau, proche d’elle.

A l’instant où le Diablotin l’attrapa pour l’allonger contre lui, la Lycane se figea mais ses muscles se détendirent bien vite lorsque les premières caresses sur son dos firent leurs apparitions. Soupirant d’aise, elle se relâcha, sa queue battant tranquillement de gauche à droite. Après tout, un peu de détente ne faisait pas de mal. Ecoutant en silence la réponse d’Alastar, elle ne put s’empêcher de soupirer de déception. Dommage, cela aurait été si simple de pouvoir se téléporter à l’emplacement de Médonnée et de déjà en finir avec une partie de cette histoire !  Répondant à son baiser, elle se mis à le fixer droit dans les yeux, écoutant encore ce qu’il avait à dire, un soupçon de méfiance étant visible dans son regard. Cette femme dont il parlait, avait-elle vraiment les moyens de les aider et surtout allait-elle le faire  de son plein grès ?  Pourtant, la Lycane n’eut guère le temps de poser ces questions qui lui brûlaient les lèvres que déjà le Diablotin avait enchaîné sur un autre point. Celui qu’elle pouvait arrêter tout cela et se rendre simplement en Enfer, au sein de son camp et se plonger dans une luxure inégalable.

A choisir entre vivre dans un monde de dangers permanents et de créatures abjectes et dans un autre où seul le plaisir comptait sans se soucier de rien, le choix était vite fait. Pourtant, un fin sourire amusé  éclaira le visage de la Terranide  et caressant doucement la joue du Diablotin, elle se pencha sur lui pour l’embrasser avant de reposer sa tête contre son torse, détendant encore ses muscles contre l’incube.

« Tu es un sacré farceur Alastar….n’est ce pas toi qui m’a conseillé de ne jamais venir en Enfer car je risquais de m’y ennuyer ? Et puis….j’aimerais encore vivre un peu tu vois ? Découvrir d’autres lieux, risquer ma vie…Oui je sais ça peut paraître con dis comme ça.  Quant à la raison de retrouver Médonnée…c’est une amie et plus que tout, elle pourrait nous aider à comprendre ce qui est arrivée à Elise et peut être stopper cette prolifération d’araignées géantes….J’irais voir cette comtesse en espérant qu’elle nous aide comme tu le dis si bien….En tout cas…- elle se releva, se retrouvant assise sur le Diablotin, le regardant,  l’une de ses mains caressant doucement son torse – Je n’oublie pas ton offre mais…ce n’est juste pas encore le moment. »

Puis à ces mots, elle se releva, marchant dans la pièce pour y chercher sa tenue. Tenue qu’elle ne trouva pas.  Son regard se posa sur une pile de vêtement soigneusement plié et quand  elle  la déplia, un grognement s’extirpa de ses lèvres. Se retournant vers le Diablotin et montrant la tenue qui allait cacher le stricte minimum, elle marmonna :

« Laisses moi deviner, je vais devoir porter « ça » pour la voir n’est ce pas ? »

Si il y’avait bien quelque chose que  Shad détestait c’était bien être obligée de porter des petites tenues. Rejetant un coup d’œil dans la pièce, elle fut bien forcée de contester que c’était le seul habit pour le moment disponible.

« Et chier… »

Préférant néanmoins sortir un tout petit peu habillée que pas du tout, la Louve enfila la tenue qui lui avait proposé, bien qu’à contrecœur, une fois fait, elle se retourna vers le Diablotin.

« Bon et maintenant ? Y’a-t-il quelque chose à savoir sur cette comtesse ? »

« Oh, tu sais, moi, je dis beaucoup de choses, il ne faut pas tout retenir non plus... Mais tu as peut-être déjà dû remarquer que j’étais un garçon extrêmement bavard, non ? »

Était-il vraiment nécessaire de répondre à cette question, tant la réponse semblait évidente ? Alastar parlait beaucoup, et pas forcément pour dire des choses intéressantes, mais il était sincère en disant à Shad qu’elle avait une place au sein du clan. N’était-ce pas rassurant, de savoir que, quand on viendrait à mourir, on saurait où on irait ? Pour Alastar, c’était même répondre à l’une des plus grandes angoisses qui soient, savoir ce qui nous tomberait dessus de l’autre côté du voile. Pour Shad, ce serait, soit le Paradis, soit un magnifique lit douillet, à faire l’amour pendant des siècles et des siècles, avec des créatures magnifiques. Honnêtement, on pouvait trouver pire, comme destin funeste.

Quoi qu’il en soit, Shad trouva rapidement sa tenue, protestant vainement, Alastar ne pouvant s’empêcher de sourire.

« Ta tenue n’est pas encore prête, elle était bien abîmée quand je suis venue te chercher... Et tu ne peux pas te promettre d’aller voir la Comtesse en ressemblant à une pauvresse. Ceci étant dit, rassure-toi, cette tenue fait partie de la garde-robe de la Comtesse, et tu fais à peu près sa corpulence. Elle est un peu plus petite que toi, alors ça serrera juste un peu, mais... Ce n’est pas comme si ça nous dérangeait, n’est-ce pas ? »

Alastar lui avait offert un superbe ensemble noir et rouge, aussi sensuel qu’élégant, mais avec un style fantasy qui, honnêtement, allait plutôt bien à Shad. La cape était peut-être un ajout classieux un peu trop exagéré pour la Terranide, mais il ne fallait pas oublier que cette tenue appartenait à une Comtesse, qui l’avait confectionnée tout particulièrement pour lui. Quand il l’avait vu dans cette tenue, Alastar lui avait farouchement fait l’amour, la prenant contre le mur.

Il ne s’était pas trompé, car la tenue allait très bien à Shad, et il se glissa dans son dos, l’aidant à bien mettre les lanières, et à attacher la cape dessus. Ses mains caressèrent ses épaules, et il embrassa la femme dans le creux du cou, léchant doucement sa peau. Shad pouvait sentir la queue de l’homme caresser ses fesses, trahissant la légère érection qu’il était en train de ressentir en ce moment, ses mains caressant tendrement ses hanches.

« Elle te va si bien que j’ai déjà envie de te faire l’amour dedans... »

Le Diablotin esquissa un nouveau sourire, avant de la voir se retourner, lui demandant ce qu’il y avait à savoir sur la Comtesse.

« Oh... Eh bien, Catalina est la riche héritière du duché de Montbeaulieu. Sa mère est morte de dysenterie, et son père est mort lors d’une croisade. Elle a ainsi hérité du domaine, et n’a jamais eu à se marier. C’est une femme qui déborde d’énergie et de vie, et sa famille est l’une des plus anciennes du royaume. Alors, si tu as peur d’une crise de jalousie, ne t’en fais pas... Mais elle voudra sûrement t’embrasser, et te palper. Mais, si tu lui plais bien, elle t’offrira même sa tenue. »

Alastar sourit une nouvelle fois, en posant sa main sur le menton de Shad, et alla à nouveau l’embrasser, pressant son corps contre le sien.

« Parce que, pour ne rien te cacher, elle te va vraiment très bien... »

Se reculant de l’emprise du Diablotin, la Louve brisa le baiser qu’il venait de débuter posant son index contre ses lèvres pour lui intimer le silence, un air las dans le regard. Elle poussa un soupir et se retourna, la pointe de sa queue allant gifler amicalement la joue de l’incube tandis qu’elle s’écartait de lui, marchant dans la pièce avant de s’arrêter devant un miroir et de se regarder.

« Autant me vendre sur le marché au esclave avec une telle tenue …. »

Vulgaire, voilà le mot qu’il lui venait à l’esprit. La Terranide avait l’impression de ressembler à l’une de ses semblables vendue sur la place du marché pour quelques pièces d’or et dont la seule fonction serait d’assouvir n’importe quel besoin sexuel de celui ou de celle qui l’achèterait. Et sur le coup, elle portait la tenue adéquate à une telle fonctionnalité. Oh bien sûr elle aimait aussi passer du bon temps dans les bras d’un homme, ça elle ne pouvait pas le nier mais porter une telle tenue….Cela ne galvanisait pas réellement l’Okami qui n’avait qu’une envie, en finir le plus vite possible pour la retirer.

« Allons voir ta comtesse qu’on en finisse Alastar ou je risque d’envoyer cet habit au feu… »

Le ton était sec, cassant, avec une pointe d’amertume. Non décidemment, la Lycane ne sautait pas de joie à être habillée de la sorte. Au moins, l’incube pouvait se rincer un peu l’œil, et c’était bien le seul à être ravit de la situation. A choisir, la Louve préférerait plutôt être dans son plus simple appareil plutôt que de ressembler à une esclave sexuelle. Masi que ferait-on pour retrouver une amie ?  Posant sa main sur la poignée de la porte, elle s’arrêta dans son élan avant de regarder par-dessus son épaule et de s’adresser au Diablotin :

« Mise à part ça…Merci encore pour ton aide… »

Et un mouvement de haut vers le bas plus tard, la poignée fut abaissée et la porte ouverte. Un long couloir se présenta aux yeux de la Terranide qui suivit par la suite l’incube au travers de la demeure de la comtesse. Pendant le trajet, la Louve observa l’architecture, la décoration, les tableaux qui ornaient les murs….En somme un peu de tout et de rien, mais cela lui permettait de se changer un peu les idées. Des bruits de pas la firent se stopper et au détour d’un couloir, tendant l’oreille, la Lycane put entendre quelques plaintes. Il ne fallut guère longtemps pour qu’Aoife arrive dans son champs de vision et au vue de ce que Shad pouvait voir, le chevalier avait dû aussi troquer sa tenue pour une plus….appropriée aux mœurs de la comtesse.

Un autre soupir lui échappa et son regard se porta sur une porte à double battant. Au vue du fait qu’ils s’étaient tous retrouvé ici, la lycane était prête à parier que la comtesse se trouvait dans la pièce derrière. Il ne leur restait donc plus qu’à pousser la porte et…Advienne que pourra.

« Allons, une tenue d’esclave, pour qui me prends-tu ? C’est une très belle tenue, seyante et élégante... Tu as même une cape ! Tu as déjà vu des esclaves au marché qui ont des capes, toi ? Shad, tu es vraiment... Injuste avec moi ! »

Se plaindre était dans les habitudes du Diablotin, ce qui conduisit Shad à s’avancer rapidement, visiblement énervée. Le diable rouge haussa légèrement les épaules, une lueur amusée dans les yeux. Il y a à peine cinq minutes, il avait offert à Shad un superbe orgasme, et elle le traitait maintenant avec froideur et éloignement. Autrement dit...

*Elle est amoureuse... Typique.*

Alastar la suivit donc, et ils quittèrent la chambre. Aoife était réveillée depuis un certain temps, et le manoir était assez élégant, jurant avec l’agitation féroce qui régnait dehors. Ils croisèrent plusieurs serviteurs en rejoignant le hall central, comprenant un magnifique double escalier d’intérieur avec une mezzanine au centre, un grand lustre, et de magnifiques murs blancs en marbre, comprenant de belles tapisseries. Catalina avait de l’argent, et tenait à ce que tout un chacun le sache. C’était le manoir familial, une belle demeure située dans les quartiers riches de Koldoue.

Ils descendirent les marches, rejoignant le hall d’accueil, et se dirigèrent vers un couloir à gauche, avec, au fond, d’élégantes portes à double battant, menant à un salon où se trouvait la Comtesse. En chemin, Alastar suivait encore Shad, en profitant naturellement pour reluquer ses fesses, sa cape s’arrêtant à cette hauteur. Comment diable pouvait-elle se plaindre de cette tenue ? Elle lui allait comme un gant ! Un steward se tenait devant la porte, et l’écarta pour les laisser entrer.

Aoife était là, dans le salon, mais il y avait surtout une petite brune avec des yeux verts et quelques tâches de rousseur sous le regard, qui bondit de son fauteuil.

« ALASTAAAAAR !! »

Les quelques gardes entourant la Comtesse ne purent que rougir en voyant la jeune femme s’élancer vers lui. Elle portait une belle robe noire et un court bustier, ainsi que de longs gants, et sauta contre Alastar, venant très rapidement plaquer sur ses lèvres un baiser sauvage et ardent. Un spectacle assez déstabilisant pour les gardes, qui détournèrent les yeux pendant les quelques secondes où les deux amants s’unirent.

« Ah, ma Comtesse, vos lèvres sont toujours aussi somptueuses !
 -  Tu oses dire ça, alors que je ne t’ai pas revu depuis... Des mois ?!
 -  Cela ferait si longtemps ? s’étonna Alastar. Navré, ma dulcinée.. À mon âge, tu sais, les jours, les semaines, les mois, ce n’est qu’une broutille dans...
 -  La ferme ! Tu me paieras ça, Alastar, oh oui ! Ne crois pas que tu peux venir te pavaner chez moi, t’envoyer en l’air avec une autre fille, et espérer t’en tirer à si bon compte ! »

Ce simple court dialogue permettait de voir le tempérament de feu et d’acier de Catalina, qui pinça même le téton du pauvre Diablotin. Aoife, de son côté, tourna la tête vers Shad, haussant légèrement les sourcils devant sa nouvelle tenue, mais eut la sagesse d’esprit de s’abstenir du moindre commentaire.

« Je suis heureuse de voir que tu vas bien, Shad. Nous sommes arrivées à Koldoue. J’ai comme le sentiment que nous nous rapprochons de Médonée. »

Catalina se rapprocha alors de Shad, et croisa les bras en fronçant les sourcils.

« Alors, c’est toi qui as couché avec ce grand dadais ? Hum... Tu sais que tu portes l’une de mes tenues... Mais il paraît que tu as bien aidé Alastar-chou, alors... Je veux bien t’en faire cadeau. Maintenant, avant que tu ne me parles des exploits sexuels de l’autre rebelle, dites-moi qui est cette Médonée... »

En rentrant dans la pièce, la Louve eut la sagesse d’esprit de s’écarter du Diablotin afin de laisser la comtesse lui sautait sans gêne dans ses bras. Observant la scène du coin de l’œil, elle tourna son attention par la suite vers le reste de la salle, apercevant Aoife à qui elle fit un léger signe de tête en guise de salutation. Signe de tête qui fut accentué par un regard foudroyant qui lui interdisait de faire le moindre commentaire sur sa tenue actuelle.  Sagesse d’esprit que le chevalier fit.  Laissant les deux amants à leurs retrouvailles, la Terranide vint s’assoir au côté d’Aoife, approuvant les paroles qu’elle venait d’énoncer.

« Je suis aussi heureuse de voir que tu vas bien Aoife…Quant à Médonnée…Et bien j’espère qu’on arrive bientôt à notre objectif mais…Je crois qu’on est encore loin d’en avoir fini… »

C’était typique. Dès que l’Okami avait l’impression d’atteindre un but, ce dernier s’éloignait, encore et encore. Certes, elle parvenait à l’atteindre tout au tard mais sans oublier les nombreuses complications qui allaient de pairs avec. Et elle avait le pressentiment que ce serait la même histoire avec Médonnée, que plus elle s’approcherait d’elle, plus cette dernière s’éloignerait. A moins que tout cela ne fût que désillusion et qu’elle allait enfin la retrouver.  Et pour cela, la lycane devait déjà parler avec la comtesse qui martyrisait l’incube. L’attente ne fut guère longue car la femme s’approcha d’elle, entamant la discussion, ne se gênant absolument pas pour sortir à tout le monde qu’elle avait bien couchée avec Alastar et pour lui offrir sa robe.

« Merci pour ce présent, mais je pense que je la confierais à Alastar afin qu’il la mette en lieu sûr. Après tout..ce serait idiot qu’elle soit déchirée ou salie pendant mes excursions non ? »

Et d’un autre côté, cela lui permettrait de ne pas la porter…Mais cela elle s’abstint de le dire à voix haute.

« Quant à Médonnée…pour faire simple c’est la personne la plus proche d’Elise. Celle qui régnait sur la Forêt des Toiles et qui actuellement portée disparut. Je pense qu’en retrouvant Médonnée nous arriverons à comprendre comment tout cela a bien pu arriver. –Elle marqua un instant de silence avant d’énoncer – l’attaque des araignées géantes qui si on ne les arrête pas, devraient arriver droit sur Koldoue un jour ou l’autre. Elise, celle portée disparut pas celle qui contrôle ces bêtes devraient être capables d’inverser le cours des choses et pour cela…il faut retrouver Médonnée. »

La Lycane observa les réactions de la comtesse, sachant très bien que tout cela pouvait être dur à avaler. De plus, elle n’allait nullement accepter d’avoir de l’aide grâce

« Maintenant, que vous m’aidiez ou non, je compte bien la retrouver…. »

Prenant un air plus détendu,  elle désigna d’un coup de menton le Diablotin :

« Quant à ses exploits, je pense que vous les connaissez déjà comtesse. Et je pense même qu’il sera ravit de vous les rappeler incessamment sous peu. »
A ces mots, la lycane lança un regard à l’incube avant de le reporter vers la comtesse. Il ne restait maintenant qu’à attendre le verdict de la comtesse.

Avec Alastar, la jalousie était vraiment mauvaise conseillère. Volage par nature, l’Incube ne s’attachait à aucune femme en particulier, et, tomber amoureuse de lui, c’était le premier signe de damnation. Aoife, quant à elle, resta étrangement silencieuse, et, si on la regardait, on pourrait même la voir rougir un peu. Elle avait bien compris qu’elle devait la vie à cet homme, à cet Incube, et, si cela la choquait un peu (elle appartenait après tout à un ordre chevaleresque qui combattait les démons), elle sentait aussi que ce Diablotin n’avait pas autant de vice que les créatures qu’elle combattait habituellement. Visiblement, Catalina était aussi son amante, mais tomber sur une autre conquête de l’Incube ne sembla guère la déranger. Au contraire, elle semblait déjà s’imaginer en train de coucher à trois avec lui. Pour l’heure, Catalina regardait surtout Alastar, attendant sûrement le moment où Aoife et Shad s’en iraient pour pouvoir célébrer dignement leurs retrouvailles.

Gênée, Aoife resta donc silencieuse, pendant que Catalina s’assit, et demanda des informations supplémentaires. Aoife choisit ce moment pour leur résumer toute leur épopée, en parlant notamment du Bossu, des Arachnistes, et de la boutique du Vieux Joe. Catalina écouta silencieusement toutes ces informations, et sourit encore quand Shad conclut cet échange, en revenant sur les « exploits » d’Alastar.

« Oh, et il aura intérêt à se surpasser, cette fois... J’ai multiplié les amants et les esclaves depuis son passage, mais aucun n’a pu autant me faire planer que lui...
 -  Allons, allons, je ne suis qu’un simple Incube... nuança le Diablotin, en faisant faussement le modeste.
 -  Mais... En ce qui concerne votre histoire... Les Arachnistes sont très influents. C’est une secte qui est arrivée il y a quelques mois, à partir de la région où se trouve cette fameuse Élise. Le Roi avait convoqué les Hamleigh pour en savoir plus, car il avait eu vent de rapports inquiétants, mais les Hamleigh avaient voulu se montrer rassurants, certifiant qu’ils avaient déjà mis la main sur les chefs des Arachnistes, et les avaient mis à mort, expliquant que ces derniers étaient originaires du Village des Toiles. »

Aoife s’intéressa davantage à la conversation, qui s’éloignait des grivoiseries sexuelles autour de l’Incube, et s’efforça de se concentrer dessus Régulièrement, en effet, Alastar s’efforçait de l’observer, et son regard était... Pour le moins troublant. Aoife se racla même la gorge en lui jetant un regard courroucé, qui sembla surtout l’amuser.

« C’est troublant, non ? Je veux dire... Cette Élise vit dans sa forêt depuis des années sans rien demander à personne, et elle ferait une secte ? Je n’ai jamais cru à cette histoire, et, vu que la secte a gagné encore en influence... Je pense que les Hamleigh sont derrière cette histoire. Vous venez d’arriver récemment au royaume, Aoife, alors, vous ne le savez peut-être pas, car la nouvelle est dissimulée pour ne pas créer un vent de panique, mais... Les Arachnistes ont empoisonné le Roi.
 -  Quoi ?! s’exclama la femme.
 -  Son sort est actuellement entre la vie et la mort. La liqueur qu’on lui sert actuellement avait été infestée par un venin d’araignée. Discrètement, nous avons fait appel à des spécialistes nexusiens, car les nôtres n’arrivent pas à endiguer ce venin. »

Vaguement, Aoife repensait aux explications du Bossu, qu’elle avait entendu dans les catacombes, sur la grande diversité des toxines de ces petites bêtes à huit pattes. Catalina étant une noble influente dans le royaume, elle avait accès à des informations privilégiées.

« C’est aussi pour ça que je suis venue à la capitale, d’ailleurs... Outre le fait de revoir mon petit chou rouge. Le corps du Roi est victime d’un phénomène dit de ‘‘loxoscélisme’’ aigu... Autrement dit, son corps commence à manifester des signes de nécrose. »

Aoife déglutit. La nécrose était un phénomène biologique qu’on rapprochait de l’apoptose, les deux consistant en la mort des cellules. Cependant, dans le cas de l’apoptose, les cellules se détruisaient selon un cycle normal (comme la vieillesse), alors que, dans une nécrose, cette destruction était anormale, et, par conséquent, mortelle.

« Les Arachnistes ont commencé à émerger quand les forces de Brahmin ont été repoussées. J’ignore s’il y a un lien entre les deux... Mais il s’est passé quelque chose au Village des Toiles qui est, en tout cas, à l’origine de tout ceci. Le royaume est divisé, et, à chaque jour qui passe, les barons du Roi menacent de se déchirer dans un conflit de successions. De fait, tous les barons et les principales familles se réunissent en ce moment à Koldoue pour discuter de la succession, et de la gestion du royaume.
 -  Y compris les Hamleigh ?
 -  Ils ne sont pas encore arrivés, mais sont attendus... »

Est-ce que les Hamleigh avaient trahi le Roi ? Aoife imaginait néanmoins mal de simples nobles déclencher une telle pagaille sans un soutien plus puissant derrière.

« Si vous avez une piste pour retrouver Médonée, suivez-là... J’ignore qui est ce Vieux Joe, je ne connais pas beaucoup la capitale. Tout ce que je peux vous donner, ce sont des accréditations qui vous permettront de franchir tous les postes de garde, ainsi que du matériel, si vous en avez besoin. »

Elle termina ensuite en se raclant la gorge :

« Faites ici comme vous étiez chez vous. Des questions ? »