Un petit sourire amusé étirait ses lèvres, à la réponse du démon. Une paire de grandes mains... Ses prunelles se posèrent sur ladite paire. Effectivement, elle serait toute adaptée. Et plus encore. Elle hocha simplement la tête, une moue espiègle se nichant sur ses traits, et elle ne le quitta pas des yeux, suivant chacun de ses mouvements avec fascination. Il était beau. Terriblement, diaboliquement beau. Puissant. Il respirait la luxure, la force, la domination. Et pourtant, il n'était pas une brute sans cervelle, comme elle en voyait régulièrement, ou un être dirigé par sa queue, tout aussi fréquent. Il était raisonné. Calculateur. Ce mélange lui plaisait bien. Un adversaire à sa hauteur. Plus, peut-être. Il lui tardait de le découvrir. Elle releva les yeux vers lui, souriante.
Sans pouvoir s'en empêcher, elle imaginait ces mêmes mains courant contre son corps. Faisant preuve d'autant de force tranquille, d'autant de puissance contenue. Elle ne put empêcher non plus sa peau de frissonner. Ses prunelles tricolores devaient à coup sûr dévoiler ces pensées lubriques, mais elle ne fit pas un geste. Elle jouait, tout comme lui. Elle ne doutait pas du dénouement. Mais le cheminement pour y arriver serait des plus intéressant, elle en était sûre. Aussi sûre qu'elle était de faire se dresser complètement cette masse de chair à moitié érigée. Si elle avait pu douter de ses charmes, à la Cour Sidhe, elle n'en avait aucun, ici, en Enfer. Surtout sous ce regard qu'il lui lançait.
Elle admira sa démarche, la façon dont ses muscles roulaient sous sa peau, la posture impérieuse qu'il affichait, et elle ne fit pas un geste pour s'écarter de sa trajectoire, retenant à grand peine un soupir lorsqu'elle se retrouva face à lui. Contre lui. Elle se mordit l'intérieur de la joue pour ne laisser échapper aucun son, mais elle appréciait certainement ce contact. Cette chaleur qu'il dégageait, qu'elle devait aussi libérer, était agréable. Il pourrait la briser, avec sa force, sa carrure, mais elle avait confiance. Il ne lui ferait pas le moindre mal qu'elle n'aurait consentit. Qui ne serait plaisant.
Elle plia docilement la nuque, suivant la main qui agrippait ses boucles de feu, et son cœur battit un peu plus vite. Les couleurs de ses iris devaient sembler se mêler, la démarcation des trois cercles devenant floue, mais ce fut les seules réactions qu'elle afficha. Elle brûlait d'envie de sentir ses lèvres contre sa peau, mais sa volonté de jouer la refréna. Elle inspira légèrement, alors qu'il était si proche qu'un simple frémissement engendrerait sûrement le contact. Ses mains, jusque là inactives, esquissèrent un mouvement pour venir l'enlacer, mais elle serra le poing sur le flacon qu'elle tenait et réussit aussi à retenir ce geste.
Manquant de rire alors qu'il attrapait un savon, Ceridwen se mordilla la lèvre. Il était assurément un adversaire à sa hauteur. Un partenaire aussi roué qu'elle, rompu à l'art de la séduction, du jeu. Elle cilla rapidement, reprenant pleinement ses moyens, et ne protesta pas lorsqu'il la retourna, croisant légèrement les bras sous sa poitrine, le flacon toujours serré dans sa main. Elle se permit de fermer les yeux, pour profiter du massage, des caresses, et il put avoir la satisfaction de sentir son corps s'amollir sous ses mains. Peut-être même entendit-il ce petit soupir qu'elle n'avait pu retenir en ressentant sa présence tout contre elle, en constatant physiquement la taille imposante qu'avait déjà un organe seulement à moitié réveillé. Elle le ferait se dresser complètement, ça oui.
Et son esprit s'égara sur la façon dont elle allait s'y prendre, frissonnant contre les paumes qui glissaient sur sa peau, contre les rondeurs de sa poitrine qu'elle avait laissé accessible en décroisant imperceptiblement les bras. Un sourire franc étira alors ses lèvres à l'aveu qu'il lui fit, et elle pencha lentement la tête sur le côté, tournant délicatement le visage en même temps. Ses lèvres n'étaient pas loin des siennes, ainsi, mais l'ambassadrice ne brisa pas la distance. Elle se contenta de souffler, sur le même ton :
« Ne vous en faites pas... Les meilleurs massages ne sont pas ceux qui sont... Mh... Purement académiques, réfléchis, je dirais. C'est ceux qui sont fait avec passion. Avec le... coeur. »
Elle lui décocha un clin d’œil, malicieuse. Ses tétons fièrement dressés, effleurés par le démon, se plaquèrent soudainement contre les grandes mains alors qu'elle inspirait profondément. Elle se retourna, vive, souple, glissant dans l'étreinte savonneuse pour se retrouver à nouveau face à lui. Du bout du pouce, elle fit sauter le bouchon du flacon qu'elle tenait toujours. Une délicate fragrance s'en échappa. Vanille, semblait-il. Et c'était amusant, parce que ce qu'elle voulait faire avec le Grand Duc était tout sauf l'idée que ce mot pouvait contenir pour les mortels.
Toujours proche de lui, collée à son corps nu, la rousse leva légèrement le flacon. Elle prit un air faussement ennuyé, s'appuyant un peu plus contre le séduisant démon, et minauda à son tour :
« Je pourrais vous rendre service, à mon tour, ensuite... J'imagine que ça ne doit pas être évident, avec une telle carrure, de se frotter le dos. Mais puis-je abuser encore de votre qualité d'hôte afin de m'aider à démêler ma belle crinière ? Ce produit semble... parfait, pour cela. Je n'en ai pas de tels, dans mes quartiers. »
Elle sourit de plus belle, et s'échappa de son étreinte, agrippant l'une de ses grandes mains avec la sienne -ridiculement petite à côté-, l'attirant dans le bassin jusqu'à ce que l'eau couvre à peine sa poitrine.