Le premier jour de captivité j'étais confiante, bien qu'un peu effrayée sur mon sort. Tekhos allait remuer ciel et terre pour me retrouver non? Puis une journée passa, et puis une autre et mes espoirs et ma confiance en Tekhos s'amenuisa peu à peu. Ils auraient pu raser cette ville sans encombre s'ils voulaient vraiment me retrouver, mais il semblait qu'il ne tenaient pas à me retrouver à ce prix. Malgré les menottes, je me mis à faire de l'exercice comme je le pouvais, la plupart du temps des pompes ou des abdominaux. Il le fallait car je commençais sérieusement à m'ankyloser et je savais pafaitement quel serait mon sort, Jessie m'avait prévenue. Je serais vendue à un noble ou autre pour devenir sans doute son objet sexuel. Cette simple pensée me faisait vomir, mais elle tournait dans mon esprit comme un oiseau de proie tourne autour d'une victime agonisante.
Au fil des jours s'installa une routine qui m'effraya tant elle m'était devenue banale. Après le petit déjeuner, je m'étirais comme je le pouvais et je commençais à m'entrainer jusqu'au repas du midi. Pendant la digestion, j'entrainais mon esprit sur les projets les plus complexes que je pouvais élaborer, puis je reprenais l'entrainement physique jusqu'au soir où je m'endormais juste après le repas. J'avais vite cessé de chercher à m'évader. Ca m'était tout bonnement impossible, alors je n'avais qu'à aiguiser mon corps et mon esprit pour le jour où je serais achetée. Avec la chance que je n'avais pas eue durant tous les jours passés, peut être que je trouverais un moyen de m'enfuir avant qu'il ne me viole.
Je commençai vraiment à m'impatienter au bout d'un mois. Mon esprit était à peu près aussi aiguisé qu'avant, et j'étais devenue bien plus forte physiquement, mais l'ennui me gâchait la vie. Les gardes durent s'apercevoir de mon air morose car le soir même des bruits de pas un peu après le repas virent troubler la monotonie quotidienne. Je les entendis s'approcher, puis la porte de ma cellule s'ouvrit et trois gardes et un homme aussi laid qu'immense entra. Aussitôt la frayeur s'empara de moi. S'ils étaient descendus avec un client, ça voulait sûrement vouloir dire que j'allais y passer. Mon esprit bouillait de fureur contre Tekhos qui m'avait abandonnée et contre ces porcs de Nexus, et les paroles du garde me confirmèrent que j'étais bien seule dans cette situation.
Le noble lui me regardait d'un air qui aurait pu être comique si ce n'était pas moi la source de son attention. Seulement, contrairement aux autres captives, je le supposai, je ne me montrai pas effrayée ni soumise, mais je fixai mon regard dans celui du marchant, un regard montrant une haine débordante. S'il était intelligent, il comprendrait le message : "viole moi ici, et je te jure sur tout ce qu'il y a de plus sacré que je t'enverrai personnellement en enfer". Il ne l'était pas puisqu'il parla avec les gardes d'un certain arrangement concernant sans aucun doute ma personne, l'air toujours aussi lubrique. Alors qu'il tendit ses mains vers mon corps exposé, les gardes discutèrent entre eux et je crus reconnaitre l'une des voix, qui même déguisée m'était familière. Jessie... je devais rêver, pourquoi aurait elle pris tant de risques pour me tirer d'ici.
Les mains sales du noble commencèrent à me peloter de manière si peu subtile que je faillis en rire, puis la situation me revint à l'esprit et je gardai mon regard haineux. Les gardes, eux ne s'en privèrent pas, et éclatèrent d'un rire gras à la vue des attouchements du noble. Tous sauf celui qui avait la voix de Jessie. Etait il possible que... Mon impression se confirma lorsque je vis scintiller le reflet de la lumière sur l'arme que je connaissait bien. Un tir, une mise à mort, et l'autre garde qui se retournait. Celui ci fut aussi fini en une fraction de seconde. Chose comique, le noble, occupé à me tripoter ne s'était rendu compte de rien, jusqu'à ce que Jessie l'éloigne violemment de moi. Il supplia mais ses supplications se terminèrent en un horrible gargouillis, son qui me parut aussi beau que la plus douce des mélodies. Elle me lança les clés, et je l'empressai de me détacher comme je le pouvais. J'étirai rapidement mes jambes et mes bras ankylosés puis me tournai vers la jeune femme, qui s'excusait de n'avoir pu venir plus tôt. Je souris et voulus dire : "il vaut mieux tard que jamais, même si plus tard aurait été ennuyeux pour moi",cependant, rien ne voulut sortir de ma gorge. J'en compris immédiatement la raison et voulus me taper la tête contre les murs. Un mois, j'avais passé un mois sans prononcer un mot. Ça ne m'étonnait plus du tout que je sois devenue temporairement muette. Je lui signifiai ce fait d'un petit geste, puis souris lorsqu'elle me proposa d'intégrer sa bande. Que pouvais-je faire d'autre désormais ? Je n'étais plus qu'une Terranide recherchée dans Nexus...
J'enfilai rapidement mon armure et suivis Jessie dans les sombres corridors de la prison. Ils étaient déserts et les seuls bruits étaient les gémissements de quelques prisonniers. Essayant d'oublier ces bruits, je me concentrai sur la tâche qui m'était imposée, mon évasion. Elle se déroula, malgré l'air alarmiste de Jessie, sans encombre. Au quelques gardes que nous rencontrâmes, Jessie racconta que le noble nous avais congédié pendant qu'il vérifiait la marchandise, et qu'il nous préviendrait quand ce serait fini. Elle leur dit aussi qu'il ne voulait pas être dérangé, sous peine de réduction de nos gains. L'affaire fut vite réglée. A la sortie du chateau, nous pouvions passer pour des gardes allant boire un coup à la taverne après le tour de garde, et à la sortie de la ville on nous prit pour les renforts d'une patrouille juste deux petits gars zélés qui voulaient monter rapidement les échelons.
Lorsque nous fumes hors de portée, je retirai mon armure, en prenant bien garde à ce que personne ne nous voie, puis je voulus remercier Jessie pour tout ce qu'elle avait fait pour moi. Les mots ne voulant pas sortir, je fis un geste qui scella mon destin. Tombant sur un genou et baissant la tête, je marquai mon respect pour ma sauveuse et mon entrée dans sa bande.