Ce n'était pas la première fois que je me rendais à un entretien d’embauche, mais ici, c'était un petit peu différent. Je n'avais pas la moindre idée de ce qu'un marchand d'armes pouvait vouloir et j'étais un peu nerveuse à ce sujet, oh bien sûr, j'avais le faux CV que le FBI m'avait gracieusement fourni avec ma fausse identité, à l'époque où j'ai quittée les États-Unis, mais c'était la première fois que j'allais les utiliser, je ne suis pas encore totalement habituée à cette identité, la soirée risquait d'être compliquée. Mon futur patron, si tout se passait bien, m'avait donné rendez-vous dans un café au style nord-africain, le genre "Salon de thé Marocain", ce n'était pas un mauvais choix et malgré sa proximité du quartier de la Toussaint, l'endroit était un lieu propre et bien fréquenté, les gens avec un peu d'argent du quartier de la Toussaint devaient de temps à autres avoir envie d'aller boire ailleurs que dans ces trous à rat dégueu' du quartier. Je m'étais donc préparée en conséquence pour cet entretien, je voulais faire bonne impression, j'avais donc, à contre cœur, enfilé des vêtements un peu plus "classe", un tailleur et une jupe noirs, avec une blouse blanche, j'avais aussi attaché mes cheveux en queue de cheval et mis mes vieilles lunettes rectangulaires noires, habituellement, je préfère mettre des lentilles, mais les lunettes me donnaient un air plus sérieux, plus professionnel, du moins c'était l'impression que cela me donnait.
Le Marrakech Café était carrément un salon de thé arabe, l'architecture, le mobilier et même l'ambiance rappelaient les sens et saveurs de l'Arabie, non pas que je vais souvent dans des salons de thé, mais difficile de confondre l'endroit avec un des autres bars miteux et puant du coin. Avant de venir, je savais très bien à quoi m'attendre, mais à la vue de ces gens en "costard cravate", des mecs du style à la "Hitman", un nœud se forma dans ma gorge et j'étais un peu plus anxieuse qu'avant d'arriver, mais il fallait me calmer, maintenant il était trop tard pour même penser à l'idée de faire demi tour. Il est normal qu'un homme aussi important, avec autant d'influence que le Croque-mort soit accompagné de gardes et il y en avait surement plus que les quatre ou cinq que j'avais vus.
«Bonsoir, je suis ici pour voir Mr.Night.»
L'homme à l'accueil m'indiqua le fond de la salle où un homme en costume noir était assis sur l'un des bancs, buvant son thé patiemment. Moi qui avais voulu arriver une dizaine de minutes en avance et bien s'était raté. Plus j'avançais en direction de l'homme en costume noir, plus j'étais anxieuse, j'affichais un sourire des plus charmants bien sûr, mais en plus du stress habituel des entretiens d'embauche, j'avais celui à cause de l'idée que je pouvais avoir de gros ennuis avec un type comme lui. Cela me rappelait cette fois où une amie m'avait forcée à me présenter entant que représentante des élèves de mon année, j'avais dû faire un putain de discours devant deux-cent personnes, à l'âge de quatorze ans, en général on flippe à mort et bien ici c'était pareil, sauf qu'il n'y avait qu'un homme, mais celui-ci était bien plus dangereux que ne pourraient jamais l'être deux-cent étudiants de quinze ans. Après une poignée de main, je me présenta tout en prenant place sur l'un des sièges en face de l'homme.
«Bonsoir Mr.Night, je suis Elizabeth Portman, vous avez certainement déjà lu mon "CV" envoyé par mail, sinon auquel cas, je suppose que je ne serais pas ici.» Tout en gardant le sourire, j'essayais de me calmer en riant faussement, la dernière de mes intentions serait de créer une atmosphère pesante.
«Vous avez certainement dû constater que j'avais des qualités qui m'ouvriraient sans doutes les portes vers d'autres lieux et horizons, mais vous savez ce qu'on dit "Un bon karma ne remplace pas l'argent facile", enfin.. loin de moi l'idée de penser que ce travail pourrait être des plus simples.»
J'avais envoyé au préalable une partie de mon CV au Croque-mort, fausse identité et faux diplôme. Pour lui, j'étais Elizabeth Portman, une jeune Américaine âgée de vingt-trois ans, diplômée de l'université d'Oklahoma et licence en informatique. Une identité que j'avais répété de nombreuses fois, mais au final que je n'avais jamais utilisé jusqu'à aujourd'hui. Ma voix était sereine et j'avais réussi à retrouver mon calme après quelques mots. Le début de cet entretien semblait, pour moi, bien se passer.