Ah, il allait en falloir, maintenant, du courage, pour contester la légitimité de cette union ! Mélinda embrassa Vanillia avec tout l’amour du monde, et, quand ce baiser rompit, une expression radieuse ornait son visage. À ce moment, en voyant ses yeux, son sourire évasif, cette lueur joyeuse dans le regard, on pouvait avoir l’impression qu’elle était la femme la plus heureuse du monde… Et ce serait vrai. Mélinda venait de se marier, et ce qu’elle avait vécu pendant ces quelques minutes (heures ?) lui avait donné l’impression d’avoir duré des années. Oh, elle était toujours la même, mais… Clairement différente. Le passé de Vanillia ne lui était maintenant plus méconnu, et même le sien lui était revenu en pleine poire, prouvant, s’il fallait encore le prouver, que la mémoire n’était pas une machine à broyer détruisant progressivement les souvenirs, mais plutôt une immense bibliothèque stockant ces derniers dans des étagères sans fin. Et, quand les deux vampires s’étaient mordus, ces deux bibliothèques s’étaient croisées. Maintenant, elles étaient mariées. Maintenant, un sang commun battait dans leurs veines, une alchimie magique et intense. Maintenant, oui, maintenant, elles étaient marie et femme. Vanillia Warren et Mélinda Warren… Et, même si Vanillia pourrait encore conserver son premier nom de famille, elle pouvait désormais porter avec fierté le Warren.
Elle lui souffla qu’elle l’aimait, et Mélinda ne put que sourire. Les deux femmes étaient blotties l’une contre l’autre, et, pour Samara, mais aussi pour les autres personnes, elles trouvaient qu’elles formaient réellement un fort joli couple. Deux vampires, deux belles perverses, qui s’embrassèrent à nouveau, perdues dans leur bulle, comme si rien d’autre ne comptait.
« Je t’aime, Vanillia, oh, je t’aime… »
La douce voix de Mélinda s’échappa de leur étreinte. Même Samara, pourtant une démone, à même de voir l’amour comme une douce plaisanterie, ne put s’empêcher de sourire en voyant ce spectacle. Un lien fort l’unissait à Mélinda. Elle était sa gardienne, sa protectrice, mais aussi une grande amie. Samara, en toute sincérité, appréciait beaucoup Mélinda. Elle l’avait vue initialement comme une simple femme d’affaires arriviste, une petite prétentieuse, mais, progressivement, au fur et à mesure qu’elle avait appris à la connaître, elle avait vu les nuances du personnage. Elle avait vu ses fragilités, son besoin d’amour, et elle était donc heureuse pour elle qu’elle ait enfin pu le trouver.
Samara les laissa encore un peu dans leur bulle, à s’embrasser à et se câliner, puis tapa ensuite bruyamment dans ses mains. Mélinda tourna la tête serrant toujours la belle Vanillia contre elle.
« Et bien… Mesdames, tenez-vous face à moi… Main dans la main. »
Les deux vampires obéirent. Le cœur de Mélinda explosait dans sa poitrine. Quand avait-il déjà autant remué ? Elle était incapable de se le rappeler. Elle en avait du mal à respirer, la pauvre, et ses joues étaient toutes rouges. De manière assez solennelle, Samara laissa passer de longues secondes, observant les deux femmes, puis l’assistance. Alice était toute émue, et toute heureuse pour son amie, et ce sentiment était partagé par le reste. Même Motoko, si réservée habituellement, semblait également heureuse de voir cette situation.
Samara finit par rompre le silence, annonçant les mots finaux, ceux tant attendus :
« En vertu des pouvoirs qui me sont conférés par Sa Très Haute Autorité l’Empereur de l’Empire d’Ashnard, moi, Samara, haut-officier impérial, vous déclare solennellement, Mélinda Warren et Vanillia Warren, marie et femme. »
Samara regarda ensuite Mélinda, et une petite ombrelle de sourire traversa les belles lèvres de l’Archimage, comme une délicieuse promesse pour la fête à venir.
« Mélinda… Vous pouvez embrasser la mariée. »
Encore ? Mélinda sourit, et se retourna vers Vanillia, puis joignit ses mains dans les siennes Le sexe masculin de Vanillia caressait ses cuisses nues. Elles se regardèrent silencieusement, puis Mélinda se rapprocha. Leurs nez se frôlèrent, mais, juste avant le baiser, elle murmura quelques mots, sur le ton de la plaisanterie :
« Je crois que les opposants à notre mariage pourront soulever nos lèvres gercées à force de nous être embrassées… »
Elle sourit ensuite, puis embrassa la femme, avec toute la tendresse possible, avec tout l’amour dont elle était capable.
Mariée. Mariée !
Elle était mariée !