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Don't Fear The Reaper [Astrid]

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Stephen Connor

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Don't Fear The Reaper [Astrid]

lundi 29 juin 2015, 01:58:32

***
« Modifié: jeudi 28 décembre 2023, 01:36:56 par Anéa »

Astrid

Créature

Re : Don't Fear The Reaper [Astrid]

Réponse 1 mercredi 15 juillet 2015, 11:41:01

Elle n'était arrivée à la Base Spatiale que la veille par un des portails. Passer la nuit dans la première auberge qu'elle avait croisé avait été une terrible erreur dont ses omoplates ne cessaient de se plaindre au moindre de ses mouvements. Épuisée après une mission à l'autre bout des continents, elle avait espéré pouvoir se reposer à son retour à Nexus, mais c'était sans compter ses chefs qui la trouvaient si excellente en tout point, qu'ils l'avaient immédiatement renvoyée en mission, ici, perdue dans les étoiles. Elle n'avait donc pas fait cas de l'apparence miteuse de l'endroit, aura même à peine remarqué le sol crasseux, les murs jaunis et les tapisseries rongées de moisissures. Elle n'avait pas même noté le lourd nuage de poussière lorsqu'elle s'était affalée sur le lit étriqué, coincé sous la fenêtre sordide et minuscule. Elle s'était endormie comme une souche, un des pommeaux du lit enfoncé dans le dos, à moitié avachie. Toute immortelle qu'elle soit, son corps ne semblait pas disposé à guérir aussi vite qu'à l'accoutumé et comptait bien lui rappeler sa sensibilité.
C'est alors qu'elle tentait d'avaler un petit-déjeuner (un quignon de pain à moitié rassi dont des moisissures avaient dues être enlevées à la hâte par le patron... Attention charmante, vraiment.), tout en jouant des épaules pour détendre ses muscles dorsaux endoloris, qu'elle avait été sollicitée.

Un petit homme, plutôt jeune – quoi qu'elle se méfiât toujours des apparences – avait presque fondu sur elle à peine l'avait-il vu. Il parlait vite, avait l'air paniqué et jetait sans cesse des regards inquiets alentours.

_Du calme, ami, du calme. Accompagne moi dans une auberge où nous serions susceptibles de prendre un petit-déjeuner digne de ce nom, et ce disant, elle laissa retomber le quignon sur la table, l'estomac plein, peut-être seras-tu plus clair dans tes propos.

Il ne lui fallut que quelques minutes pour rassembler ses affaires à l'étage. Elle boucla à sa taille, une imposante ceinture à laquelle pendaient de nombreuses armes. On pouvait voir, à sa droite, deux dagues de taille différente mais dont la facture, égale, semblait ancienne. À sa gauche, une longue et fine épée à tranchant unique dont le fourreau tendait vers l'arrière. Tout autour, de très nombreuses sacoches et bourses de cuir contenaient argent et munitions (balles, cartouches) pour ses armes à feu. Elle passa dans son dos un bouclier rond, de bois, qui semblait peser bien lourd sans qu'elle n'en manifeste le moindre signe pourtant. Par-dessus elle fit glisser une imposante arme aux formes étranges, un croisement entre une mitraillette et un bazooka, sans doute.
Quiconque aurait tenté de porter cet attirail se serait sans doute écroulé aussitôt, mais Astrid était bien plus forte que la moyenne et des siècles entiers à guerroyer l'avait, de plus, dotée d'une endurance et d'une musculature à nulle autre pareille.
Se penchant, elle vérifia encore que ses autres lames (des dagues à garde courte mais à lame longue, difficile à manier et rarement utilisée car elles étaient souvent déséquilibrées de part cette disproportion) étaient bien fixées de chaque côté de ses bottes de cuir. A l'intérieur, et dans chacune d'elles, elle glissa encore une sorte de poing américain ainsi qu'un minuscule pistolet.
La belle était armée, c'est le moins que l'on puisse dire.

Ses talons de bois sonnaient contre l'escalier alors qu'elle redescendait. En grimaçant de dégoût, elle lança une pièce d'argent au tenancier de l'endroit, quand bien même elle doutait sérieusement qu'il le méritât.
Elle n'avait d'autres affaires que ses armes. Sa tenue de cuir oscillant entre le brun et le noir, immuable, toujours sur le dos. Sa tête aux longs cheveux noirs – teints ainsi depuis des années – surmontée d'une casquette de style officier. Sur son passage, nombreux étaient ceux qui se retournaient : son aura la précédait mais les armes qui tintaient à chacun de ses pas achevaient de convaincre les curieux de la regarder. Indifférente, elle regardait droit devant elle, le visage dénué de toute expression.

Une fois attablée dans une auberge à la mine bien plus accueillante, chaleureuse et propre que la précédente, son interlocuteur sembla marquer un temps d'arrêt et de surprise en voyant tout ce qu'elle ingurgitait.

Les années passant, Astrid avait en effet pu constater qu'elle n'avait plus autant besoin de dormir, tandis que sa faim se décuplait.
D'abord, ses nuits s'étaient écourtées, à tel point qu'elle finît par dormir à peine une heure par nuit. Puis, progressivement, elle put tenir deux jours sans dormir et sans ressentir une fatigue quelconque. Finalement, elle pouvait désormais tenir une semaine sans dormir, si la nuit qu'elle passait ensuite comptait une dizaine d'heures de sommeil. En revanche, sa faim, elle, s'était grandement amplifiée. Elle mangeait comme un ogre, tout simplement. Et quoi qu'elle soit capable de jeûner un certain temps, elle préférait l'éviter car cela affectait sa faculté à rester éveillée longtemps. Bref, plus elle mangeait et moins elle avait besoin de dormir, et plus il était aisé pour elle d'accomplir les missions rapidement. Simple logique.

Après avoir repoussé une énième assiette à l'autre bout de la table, la viking se tourna vers l'inconnu. Les yeux écarquillés, il semblait encore considérer sa requête face à l'étrange femme qui se tenait devant lui. Qu'elle mange autant l'avait certes surpris mais, plus encore, après s'être pareillement nourrie, Astrid retrouvait des couleurs plus douces voire chatoyantes, qui la rendait plus hypnotisante que d'ordinaire. Patiente, elle attendit que son interlocuteur se remette de cette vision à laquelle, hélas, elle était habituée. Plus encore que sa beauté, c'était son aura, son charme qui séduisait, intriguait et ne manquait pas d'attirer sur elle toute l'attention possible.
Croisant une jambe sur l'autre, le genou appuyé contre le bois de la table, elle retint un sourire amusé tandis qu'elle pouvait voir, dans les yeux de l'hurluberlu, l'effort qu'il faisait pour se souvenir de ce qu'il voulait.
Enfin – et ce ne fut pas trop tôt – il eut comme un éclair de génie.

À toute vitesse, il lui raconta qu'un mercenaire sanguinaire était à sa poursuite pour le compte d'Ashnard, que lui, pauvre hère, n'avait à se reprocher que son amour pour la liberté et, plus encore, pour la vie, qu'il était venu se réfugier ici, s'était même inscrit au registre du Refuge mais que, vraisemblablement, cela ne suffisait pas pour tenir cette dictature à distance, que ce mercenaire aller venir le trouver ici même, qu'il ne devait sa survie qu'au bon souvenir de certaines personnes bien placées qui avaient pu le prévenir à temps, mais, maintenant, il ne savait plus où aller car si même sur la Capsule, l'on n'était pas en sécurité, alors, tout était perdu, et que par ailleurs...

Astrid ne prit pas la peine d'écouter davantage l'inconnu. Son sang de guerrière battait dans ses veines à gros bouillon et réclamait le prix du sang. Elle ne supportait pas que l'on puisse chercher à dominer un être libre, sans raison apparente, elle ne supportait pas cette dictature d'Ashnard et elle ne supportait pas non plus la voix de cet homme.
D'un signe de tête, elle le fit taire.

_Ami, es-tu aller quérir l'aide de magiciens ? Plus encore que mes lames, ils pourraient t'être utiles. Je n'aime guère leurs façons, mais leurs pouvoirs, face aux armes, quelles qu'elles soient, s'avèrent toujours les bienvenus.

Le petit homme hocha frénétiquement la tête, au point qu'Astrid craignit, un instant, qu'elle ne se détacha de son cou, et, après avoir jeté en vrac plusieurs pièces sur la table, il se hâta de gagner la sortie, la guerrière sur ses talons.

Arrivés à l'Académie, les deux compères frappèrent de grands coups à la lourde porte de bois ouvragé. On vint leur ouvrir et en quelques mots, Astrid expliqua la situation de son nouveau protégé. Il leur fut répondu qu'un conseil devrait se tenir avant de prendre une quelconque décision, que l'Académie n'avait pas pour vocation d'aider les pauvres âmes dans des combats qui n'étaient pas les siens, mais d'éduquer les jeunes magiciens, que si l'Académie devait résoudre tous les maux des mondes, alors elle n'aurait de repos.
Astrid ne put s'empêcher de serrer ses poings avec force, se contenant tant bien que mal, se retenant de mettre à genoux ce blanc-bec qui avait des pouvoirs et refusait de s'en servir avec Justice. Elle se contenta de lui jeter un regard empli de dédain, que l'autre ignora superbement.

Avec un soupir, elle dut se résoudre à abandonner l'idée d'une aide provenant des mages aux pouvoirs obscurs ; et il lui fallut bien admettre que si elle voulait que le petit homme soit sauvé, elle n'avait d'autre choix que de devenir sa garde personnelle... Après tout, l'on est jamais mieux servi que par soi-même.

Alors que on petit protégé recommençait à s'agiter, visiblement de plus en plus inquiet, la porte d'entrée se referma avec fracas. Un homme à la carrure impressionnante et au regard aussi dur que profond, marchait d'un pas décidé vers eux. Sans plus de cérémonie, il s'était emparé du petit homme, l'avait tiré à lui.
Astrid posa la main sur le poignet du nouvel arrivant.

_Je ne te laisserais pas le prendre, dit-elle simplement.

De son autre main, elle tira son épée à tranchant unique de son fourreau.

_Lâche le immédiatement, bâtard, honte à ton nom.

Les yeux sévères et sans âge de la guerrière luisaient d'une lueur sauvage, ne laissant aucun doute sur ses intentions. Tout, de sa posture au ton de sa voix, indiquait qu'elle ne craignait pas l'inconnu et qu'elle ne se résignerait pas facilement à se laisser prendre son protégé.

_Je te le demande une nouvelle fois, dit-elle avec un calme glaçant alors que sa main rejoignait la première sur la garde de l'épée, la lame pointée vers son adversaire, lâche-le, ou il t'en cuira.

Toujours ce ton incroyablement calme, presque trop calme, à tel point qu'il aurait pu glacer le sang.
Aucune faille dans sa garde, une garde parfaite qui assurait aussi bien la parade que l'attaque, une garde que des milliers d'années avaient perfectionné et rendu terrible.
Elle ne doutait pas de trancher la gorge de cet immonde créature envoyée par Ashnard, elle se réjouissait même à l'idée de l'égorger comme un porc, elle ne doutait pas, ni de son juste droit et de sa juste cause, ni de sa virtuosité au combat. S'il ne se rendait, l'inconnu allait mourir. Plaise aux magiciens arrogants d'agir avec ou contre elle, maintenant que le combat avait lieu chez eux.

Son visage pris un rictus féroce, lui donnant l'apparence d'une guerrière à la beauté aussi affolante que dangereuse.

_Je t'aurais prévenu...

D'un coup de coude, elle écarta son protégé de l'inconnu et d'elle-même, loin des coups. Mais les deux assaillants se tenaient entre lui et la porte, il ne pouvait donc fuir, et devait se résoudre à attendre l'issue du combat.
Astrid abattit sa lame vers la gorge du colosse, glissant sur le sol, semblable à une Nymphe en pleine danse macabre, seule sa lame brillante et chuintante était perceptible.


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