« Allons, Kelly, ça devient ridicule... Nous passions une si bonne soirée. Si je voulais te faire du mal, tu ne crois pas que j’aurais eu maintes fois l’occasion de le faire ? Ciel, j’aurais au moins pris la liberté de t’attacher avant de te montrer ma vraie forme ! »
Reto n’était pas fait pour rassurer les gens. Ce n’était pas un domaine dans lequel il était compétent, et, ce faisant, il tâtonnait un peu. L’homme se promenait dans ses couloirs, en sachant que Kelly n’avait pas pu aller bien loin... Puis il entendit du bruit, et s’avança vers une porte à droite, qu’il ouvrit en la faisant coulisser. Elle donnait sur un débarras, et il entendit ensuite un choc sourd, puis serra les lèvres.
« Kelly ! »
Elle s’était rendue dans une remise, en apparence anodine, mais qui abritait une porte secrète, un faux-mur qu’on pouvait faire coulisser, et qui débouchait sur un escalier. Dans la pénombre, elle n’avait pas dû faire attention, et l’homme se précipita à sa suite. Il dévala l’escalier, et se posa vers Kelly... Pour constater qu’elle était tombée dans les pommes, mais qu’elle n’avait rien. Elle ne saignait pas, et Reto se mit à soupirer, en secouant la tête.
« Quelle impulsivité... »
Quand Kelly se réveilla, ce fut pour constater qu’elle était dans un lit, qu’elle portait toujours sa robe, et qu’elle était dans une pièce sombre, aux murs gris. Le lit n’était pas un grand lit, mais une sorte de lit de caserne, collée contre le mur, dans ce qui ressemblait à un bunker souterrain. Il y avait, dans la pièce, un bureau au centre de la pièce, et une série d’écrans... Et Reto, assis sur un siège, son pantalon sur lui, et une veste sur son corps, ouverte, dévoilant son torse...
...Et Kelly était aussi menottée, avec un bâillon sur les lèvres.
« Navré, mais je devais m’assurer de pouvoir te parler avant que tu ne hurles, ou ne te tente à nouveau de t’enfuir. Tu aurais pu te faire très mal, tu sais, en tombant le long de l’escalier... Il suffit que tu heurtes le sol avec ton cervelet, là, et... Tu peux te retrouver paralysée à vie. »
Reto parlait sur un ton calme, et se redressa. Le temps que Kelly soit dans l’inconscient, il avait eu le temps de réfléchir, de faire le vide dans sa tête, et de réfléchir au meilleur moyen possible de calmer Kelly, et, surtout, de la convaincre de ses bonnes intentions à son égard.
« Je vais te détacher, d’accord ? Je veux juste... Te parler un peu. Je... Je sais que c’était un peu brutal, ce que je t’ai montré, et je m’attendais à ce que tu prennes peur... Mais là, tu as été un peu au-delà de mes honnêtes prévisions. »
C’était même un euphémisme. Il se déplaça un peu, et récupéra une télécommande traînant sur la table, puis appuya sur un bouton. Immédiatement, tous les écrans s’illuminèrent, et montrèrent une série de photographies, de revues de presse, d’articles de journaux, ayant un thème commun : les « supers ». On pouvait voir Supergirl, Sentinel Prime, des articles sur le SHIELD... Le rencard entre Reto et Kelly prenait un tour tout à fait inattendu, bien loin de ce que Reto avait initialement pensé.
« Tu es dans ma chambre secrète... C’est là que je mène quantité de recherches sur tout ce qui est paranormal. J’imagine que tu as dû entendre parler de tous ces méta-humains en tenues costumées qui se baladent dans le ciel, non ? Cette... Cette Supergirl, Miss Marvel, cette nana en armure bleue... Ces gens ne sont que la partie immergée d’un iceberg qui est dissimulé aux yeux des simples mortels. La vérité est camouflée, maquillée, et... Et je comprends ça. Mais, depuis le jour où je suis devenu un Lycan, j’ai dû multiplier mes renseignements, les recherches, afin d’en savoir plus... Nous vivons dans un monde rempli de monstres, ma belle... La... La chose qui t’a agressée, ce n’était pas moi, Kelly. J’ignore ce que c’était, mais... Si je voulais te fair edu mal, j’aurais eu mille fois l’occasion de m’y prendre ces semaines dernières, tu ne crois pas ? »
Il s’était rapproché d’elle, et venait se poser sur le lit. Lentement, sa main vint caresser sa joue, et un délicat sourire vint se poser sur ses lèvres.
« La seule chose mal que je t’ai jamais faite, ma louve, ça a été de gifler... Un geste pour lequel je continuerais encore à me faire pardonner à tes yeux. Mais, pour ce qui est du reste... Je ne t’ai jamais rien fait. »
Reto laissa encore passer quelques secondes, puis sortit de sa poche une clef, qu’il utilisa pour la libérer, avant de lui ôter son bâillon...
...Pour le coup, il était bien incapable de dire comment Kelly allait réagir.