J'ai envie de vous parler de Deanna. Et si mes histoires de cœur ne vous intéresse pas, eh bien partez, parce que c'est de ça qu'il s'agit. Je pense que vous la trouverez assez particulière, et... vous n'aurez certainement pas tort. Enfin, ça vaut peut être la peine que vous restiez un peu pour m'écouter, non ?
Elle était surveillante dans le lycée où j'enseignais. Et la première fois que je l'ai vue... ne parlons pas de coup de foudre s'il vous plait, je ne crois pas à ça. Non, simplement, quelque chose a remué, dans mes entrailles. Elle me tournait le dos, elle se rendait au bureau du directeur de crois, et moi je marchais derrière elle. Déjà, à ce moment, elle m'avait à moitié dans sa poche. En fait, j'ai même abandonné provisoirement ma direction originelle pour rester un peu plus longtemps dans son sillage ; ça n'était pas comme si j'étais particulièrement pressé d'arriver en salle des professeurs. Et il y a des choses que j'aime détailler longtemps. Elle s'est tournée vers moi, au moment d'entrer dans le bureau, et -je ne sais pas si c'était à cause de moi, ou si elle pensait à autre chose, mais... bref, elle m'a sourit, pendant une demi seconde, en me lançant un regard en coin sous sa frange. Paf ! Ça m'a fait quelque chose de bizarre, comme un coup dans la poitrine, et j'avoue que sur le coup je n'ai pas osé soutenir son regard. J'ai regardé droit devant moi et je suis parti, comme si j'avais quelque chose d'important à faire. Pfiou.
Pendant plusieurs mois je n'ai fait que la regarder de loin, sans tenter de lui adresser la parole. Je dois dire qu'elle me captivais un peu, et, dans ces cas là, c'est toujours plus compliqué d'engager la conversation. J'ai sans cesse l'impression que mes intentions sont transparentes, et ça me rend un peu maladroit. J'aime mieux avoir un prétexte. Donc, de peur de passer pour un dragueur lourdingue, je me suis retenu de tenter quoi que ce soit, et j'ai attendu mon heure.
Mon occasion s'est enfin présentée lors d'une sortie scolaire dans un musée, pour laquelle elle avait été désignée comme accompagnatrice. L'occasion rêvée pour engager de petites conversations successives. Je me demande comment j'ai pu garder un air détaché à chacune de nos discussions, mais je l'ai fait. Cette fille avait tellement de chien. Je l'imaginais déjà, les cheveux ébouriffés, en train de me provoquer du regard, à faire claquer nos hanches l'une sur l'autre dans une ambiance no futur. Enfin, j'en rêvais, du moins.
Enfin, abrégeons ; j'avais réussi à créer des liens pendant l'excursion, ce qui m'a donné l'occasion de lui parler à nouveau, le plus naturellement du monde. Elle m'aimait bien, ça je le voyais. Par, avais-je une chance d'entrer en corps à corps avec elle ? Je n'en avais aucune idée. Parfois elle avait des attitudes qui me laissaient penser que. Et parfois non. Alors je profitais simplement de quelques moments de plaisanterie avec elle, puis je retournais à mes activités d'enseignant. Et puis, un beau jour, je tentai ma chance. Je l'invitai à passer une soirée chez moi ; "Comment ça... t'as jamais vu BLADE RUNNER ?! Faut absolument réparer ça !". Un truc assez simple donc. Mais moi ça me plaisait ; même dans le cas où elle se montrerait indifférente à mes charmes, ça pourrait difficilement être une mauvaise soirée.
Et donc, voilà comment nous nous sommes retrouvés dans mon appartement, à manger des spaghettis bolognaise, dont je ne vous permet pas de dire qu'ils sont un plat d'étudiant fainéant, car je fais moi même ma sauce.
Mon appartement est un endroit plutôt sympa, bien éclairé en journée -à ce moment il l'était un peu moins, car le soir commençait à tomber-, avec un petit vestibule, donnant sur ma chambre, la salle de bain et mon bureau d'un côté, la cuisine et la salle à manger de l'autre. Nous nous trouvions dans cette dernière, assis à une petite table : à côté, un écran de télé et un petit canapé de cuir noir, qui n'attendait que d'accueillir nos deux derrières. Dans la cuisine se trouvait entre autre un frigo, contenant un compartiment de congélation, dans lequel reposait la glace que j'avais annoncée à en temps que dessert à Deanna.