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Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

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Serenos I Aeslingr

Humain(e)

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    Description
    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".

Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

mardi 25 mars 2014, 02:18:12

[Une semaine pour en venir là, j'espère que c'est aussi bon que le temps que j'y ai passé ><]

Il faisait nuit noire sur les îles Melisi, car en raison de la nouvelle lune, il n’y avait presque aucune source de lumière autre que les chandelles dans les couloirs. Les serviteurs se promenaient régulièrement pour récupérer la cire et changer les chandelles, mais il ne s’inquiétait pas outre mesure de leur présence. L’homme en capuchon glissa un pendentif dans les mains de la magicienne. Celle-ci ne devait probablement pas comprendre pourquoi il lui confiait un objet d’une telle importance.

« C’est pour la petite, lui dit-il à voix basse. Je ne serai probablement pas dans les environs avant qu’elle n’ait grandi.
-  Tu vas lui manquer…
Ne t’inquiète pas. À cet âge, elle ne se souviendra pas de mon visage ni de mon nom.
-  Quand reviendras-tu?
Je ne sais pas. Quand les circonstances nous réunirons, certainement.
-  Tu es sûr que tu ne regretteras pas?
Si. Mais grâce à toi, j’ai pu la voir une semaine… Je suis satisfait. »

Les deux cachottiers se regardèrent un long moment puis l’homme à capuche recula un instant avant de lui ouvrir les bras. La magicienne se jeta à son cou alors qu’il l’enlaçait à la taille avec force. Dans son élan, la magicienne fit tomber la capuche de l’étranger, dévoilant les traits d’un jeune homme aux traits tirés par le manque de sommeil, avec des cernes sous ses beaux yeux bleus. Il ferma un instant ceux-ci en serrant la magicienne contre lui, lui caressant affectueusement les cheveux, avant de mettre fin à cette étreinte. L’homme lui adressa un sourire tendre.

« Tu as fait tant pour moi, Jamiël. Avec toi pour prendre soin de l’héritière de Liam, je pars l’esprit tranquille et le cœur léger.
-  Tu mens mal, Serenos. Ma Dame avait raison; pour peu que tu mentes à un ami, tu détournes les yeux. Mais je te remercie de l’effort. »

Le Roi n’eut pas à forcer pour sourire; un sourire de regret, certainement, mais un sourire tout de même.

« Que ferais-je du pendentif?
Il est à elle, maintenant.
-  Comment l’ouvrira-t-elle?
Elle trouvera bien comment un jour. »

Sur ces mots, le Roi se mit en route, disparaissant dans l’ombre de la nuit, laissant derrière lui la jeune Jamiël, avec dans les mains un bijou d’argent et d’or sur lequel figurait le Sombrechant et le Lion. Elle l’examina un moment, cherchant comment il était possible d’ouvrir l’objet, mais elle se heurta simplement à une forte résistance de la part de celui-ci. Elle étira un sourire bref et disparut à son tour derrière la porte de sa nouvelle demeure.

***

Nexus. La belle Nexus. La cité d’Or et d’Ivoire. Revoir les rues distinguées de cet endroit donnait une vague impression de retour chez soi au Roi de Meisa. Les rues bondées, les enfants qui couraient en hurlant dans toutes les directions, les marchands qui tentaient de se faire entendre au-dessus de tout ce bazar, et les trucs de magie qui relevaient davantage d’un talent de coordination et de poudre aux yeux qu’à un véritable don surnaturel, tout cela lui rappelait encore l’époque bénie où ses amis étaient encore confortablement installés sur le trône. L’arrivée d’une troupe militaire avait rendu les citoyens très anxieux, mais beaucoup se détendirent lorsqu’ils virent entrer en ville une troupe de soldats en tenue civile et sans leurs armes. Avec le Roi en tête, la procession passa lentement dans les rues, se dirigeant lentement mais inexorablement vers le palais d’ivoire. Au passage de l’homme et de son armée, les citoyens s’écartaient de leur chemin. Visiblement, ils comprenaient que ces hommes étaient là pour une raison, mais il y avait une angoisse générale par rapport à l’arrivée d’une troupe de Meisa dans leur cité. Le Roi pourtant souriait. Il ne saisissait pas lui-même sa propre joie, et se doutait qu’elle lui provenait de ce sentiment de revenir d’un long exil. Partout, il voyait la grande cité, presque comme il l’avait laissée.

La preuve néanmoins que la corruption était de retour  se montra à lui lorsqu’il atteint la place du marché. Partout, il y avait de grandes estrades où de « fiers » marchands d’esclave exhibaient de jeunes femmes et de jeunes hommes dans le but de les vendre. Et pas seulement des adultes; il voyait encore de jeunes enfants, à peine en âge de raisonner d’eux-mêmes, être placé devant tous ces inconnus, vêtus d’un morceau de chiffon recousu à toute vitesse. Le Roi serra des dents et se tourna vers les Meisaennes avant de leur murmurer des directives. Les jeunes femmes hochèrent de la tête et se dispersèrent dans la foule en direction des marchands. Serenos ne pouvait pas lui-même se mêler des affaires de Nexus tant que son autorité à la Cour Royale ne lui serait pas restitué et qu’il puisse agir en toute légalité, ce qui ne l’empêchait pas, cependant, d’envoyer de jeunes demoiselles acheter à prix fort une bonne partie des esclaves. De l’argent? Non. Le Roi ne paierait pas un sou pour ces gens. À la place, il s’agissait d’une fausse monnaie qui aurait tôt fait de disparaître au moment des comptes. Le Roi n’avait aucun scrupule à ruiner des gens qui satisfaisaient leur avarice sur le dos des faibles, bien qu’il ne douta pas un instant que certains d’entre eux étaient probablement des criminels, mais comme un voleur subissait une peine d’emprisonnement et un meurtrier la peine capitale, ces criminels n’avaient que fait la bêtise de causer du tort au mauvais genre de personne.

L’esclavage en Nexus était un acte abominable aux yeux du Roi. Après tous les efforts qu’il avait mis avec le Roi de Nexus et sa femme, il avait tant espéré que cette résurgence ne se produise jamais. Malheureusement, les vieilles habitudes ont la vie dure, et pour cette raison, il n’y avait que dans les quartiers aisés qu’il était possible d’être protégé des esclavagistes. Depuis des années, Serenos et les Meisaens attaquaient incognito les convois d’esclaves provenant des villages mis à sac par des brigands et des marchands d’esclave moins scrupuleux, parfois même ceux qui sont renvoyés à Nexus par des régiments militaires victorieux dans quelque campagne, ne réclamant aucun de leurs attentats et les faisant passer pour des opérations clandestines d’un mouvement anti-esclavagisme quelconque, sans nom. Mais malgré ses efforts pour décourager l’esclavagisme, celui-ci était à son apogée, à un point tel qu’il ne restait maintenant plus que quelques citoyens parvenant à se maintenir la tête hors de l’eau et les familles fortunées qui n’avaient pas les fers aux poignets et chevilles. En voyant la tête dépitée des marchands d’esclaves qui voyaient entre leurs mains leur argent disparaître peu à peu, le Roi s’autorisa à apprécier ce plaisir malsain qu’il pouvait tirer du malheur de ce genre de personne en continuant sa route en direction du palais. Il ne s’inquiétait plus pour les esclaves; dès l’instant où ses Meisaennes les auraient escortés en Meisa par les Relais de Téléportation, où ils seraient réhabilités à vivre une vie propre et sans maître, les esclavagistes n’auront aucune autre option que chercher à nouveau des proies ou changer de métier, mais ce ne serait pas de sitôt; ils devraient probablement faire face à la colère de leurs créanciers. Bon débarras, pensa le monarque sans se soucier davantage de leur misérable et pathétique existence.

Lorsqu’il arriva enfin devant le palais des Ivory, le monarque sentit une bouffée de nostalgie le prendre, s’exprimant dans un long soupir. Il leva finalement un pied devant lui et marcha pour la première fois depuis plus d’une décade sur le sol de pierre blanche du palais. Non pas qu’il craignait les répercussions d’agir contre le bannissement imposé par le conseil de régence, puisqu’en Meisa, sa puissance se voyait plusieurs fois décuplée, mais simplement parce que par son absence, il ne se retrouvait pas mêlé aux problèmes de Nexus tant qu’un Ivory ne serait pas à nouveau assis sur le Trône. Il s’étonnait encore que la succession d’Elena au trône n’avait pas résulté par une guerre civile entre les loyalistes et le Conseil de Régence, saluant au passage l’intelligence et la diplomatie de Jamiel au niveau politique; c’aurait été de lui, nombres des nobles auraient perdus leur tête pour que la sienne récupère la couronne. Ce qu’il avait fait, d’ailleurs, pendant la Rébellion Meisaenne.

***

Arthuros cessa enfin de fixer le monde par la fenêtre du donjon. Il avait entendu les rapports selon lesquels Serenos serait arrivé en ville, mais il s’était attendu à ce que celui-ci prenne le chemin direct pour atteindre le palais plutôt que de faire un détour par la grande place, bondée à cette heure de la journée. Posant la plume dont il se servait pour écrire ses nombreuses observations, l’espion du Roi se tourna finalement vers Jamiël. Parmi les quelques femmes qu’Arthuros avait rencontré au cours de sa vie, Jamiël était une qu’il parvenait assez inexplicablement à réellement respecter et apprécier. Probablement pour son intelligence redoutable et sa bienveillance, mais surtout parce que même sans le moindre support, elle avait réussi à faire ce que beaucoup de gens pensaient impossible à réussir; elle avait réussi à mettre la jeune Elena Ivory sur le trône et à, plus ou moins, rendre sa gloire à un Nexus décadent. Il se tira donc de sa chaise, s’approcha de la Dame et mit un genou en terre à côté de sa chaise.

« Dame Jamiël? Le Roi Serenos de Meisa est arrivé. »

Grand homme à la carrure svelte, aux cheveux noirs et aux yeux brillants d’une intelligence et d’une vivacité surprenante, le Conseiller Arthuros de Meisa, précédemment l’une des nombreuses victimes de la peste qui avait sévi sur l’archipel, avait déjà prévu l’éventualité où son Roi et maître prendrait la route de Nexus sur quelque chose d’important se produisait en Sylvandell, aussi avait-il quitté Meisa quelques jours après le départ de son monarque pour gagner le Royaume des Ivorys et faire un résumé sommaire de la situation s’étant produite en Meisa à la Reine et à la chère amie de Nöly. Cependant, il n’avait qu’une vague idée de ce que le Roi aurait pu rencontrer pendant son voyage en Sylvandell, aussi ne put-il éclairer les lanternes de ces dames par rapport à la véritable menace que représentaient les opposants rencontrés au Royaume.

Pour un cercle très restreint de personne, Arthuros n’était pas qu’un conseiller et diplomate Meisaen. Jamiël et Elena étaient membres de ce petit groupe qui savaient que derrière ce masque se trouvait un redoutable assassin qui était prêt à tout pour protéger la famille royale de Meisa ainsi que leurs amis. Maître de la diplomatie du couteau et du poison, sa présence était souvent associée à une mort prochaine ou alors à une menace de la même origine. Il avait autrefois été le gardien de Nöly pendant les quelques visites que celle-ci avait pu se permettre en Meisa, et une des armes de Liam lorsque ses armées et son bras ne suffisaient pas à mettre fin à un conflit.

Il se demandait souvent comment la ravissante magicienne parvenait à s’empêcher de dormir après de telles périodes de veille. Pour Serenos, il se doutait qu’il se nourrissait constamment de l’énergie d’Eglendal tant qu’il y avait du travail à faire, mais pour une femme coincée dans un monde où on ne pouvait survivre au sommeil qu’à l’aide de solutions alchimiques qui vous requinquait tout en vous bousillant les boyaux, il se demandait vraiment d’où elle tirait une telle vitalité.

« Vous devriez fermer les yeux une heure ou deux, ma Dame. Plus tard, cela va sans dire, mais à veiller autant, vous allez attraper le mal. »

Le ton de l’Assassin trahissait une sincère inquiétude pour la santé de la femme. Il savait qu’elle refuserait. Elle refusait toujours, lorsqu’il y avait matière à travailler. L’assassin royal était de ces personnes qui aimaient tellement travailler qu’il se sentait dépérir s’il n’avait pas quelque chose à faire, mais Jamiel, elle travaillait sans relâche, mais pas pour elle-même. Comme Serenos, elle pavait le chemin pour quelqu’un d’autre, pour quelqu’un qui pourrait vraiment changer les choses. Elle avait un but devant elle, qui demandait qu’elle s’investisse de toutes ses forces. L’assassin poussa un long soupir et décida de la laisser tranquille, se dirigeant vers la porte, derrière laquelle il disparut. Il y avait encore quelques bouches à faire taire et des oreilles à boucher, et il n'avait plus beaucoup de temps pour le faire.

***

« Allez à la caserne. Je crois qu’on pourra vous y loger le temps que je discute avec les dirigeants. Hé, ne videz pas la réserve d’hydromel. Vous êtes encore en service. »

La préparation de l’hydromel en Nexus venait des échanges d’autrefois avec les barbares du Nord. Dans les contrées froides, l’alcool était très apprécié pour réchauffer le guerrier loin de chez lui, et elle avait un goût bien particulier. Bien que l’industrie de l’hydromel ne fut pas bien populaire, la réputation de celle-ci était excellente, et les Meisaens payaient très chers pour en obtenir, en raison du manque d’abeilles domesticables en terre Meisaennes. Le Roi salua ses hommes d’un geste de la main avant de regarder le palais avec un brin d’appréhension. Il ne savait pas ce qu’on avait dit de lui à la jeune Reine, et si elle accepterait de le rencontrer. Jamiel n’hésiterait pas, car ils se connaissaient depuis longtemps déjà. Presque une vingtaine d’années, sinon plus.

Il regarda un moment son accoutrement puis fit un geste négatif de la tête. Il n’était pas présentable pour sa première introduction à la Reine de Nexus. Il fit un petit détour par le quartier des serviteurs. Il leur demanda un miroir et, suivant leurs indications, fit quelques détours dans les locaux pour trouver ledit miroir. Une fois dans la pièce, il s’assura de fermer la porte derrière lui. Il lui restait encore dix bonnes minutes avant de devoir se présenter devant le trône. Il se placa donc devant le miroir et examina son reflet. En première étape, il chassa de son corps la poussière du voyage, soulevant dans la pièce un petit nuage de saleté. Il examina son manteau et d’un geste de la main, il répara les déchirures et étirements du tissu pour lui rendre son apparat originel. Il examina ensuite ses vêtements. Maintenant qu’il n’était plus en voyage, il ne voyait plus la nécessité de trimbaler sa combinaison de combat. Il se servit à nouveau de la magie pour retirer rapidement cette tenue pour passer plutôt un pantalon noir sur mesure ainsi qu’une tunique à manches courtes. Le vêtement moulait confortablement son corps, laissant voir ses muscles dessinés, tout en protégeant sa dignité; le vêtement ne lui collait pas à la peau, et donc restait parfaitement naturel. Il fit apparaître une ceinture de cuir et la passa à sa taille, avant d’y glisser Ehredna. Sans sa tenue de combat, il se sentait un peu vulnérable, mais il devait admettre qu’il appréciait une tenue plus décontractée. Il jeta un bref regard à son manteau et évalua que sa fourrure pouvait être déplacée, aussi modifia-t-il la texture du vêtement par magie. À la place d’un manteau épais adapté aux froides nuits sur les routes et aux intempéries, il se retrouva avec une tenue un peu plus noble, un peu plus royale. Il regarda sa tête un bref instant puis il marmonna un sortilège pour leur rendre la longueur qu’il adoptait à l’époque de Liam et Nöly. Autrefois, il appréciait avoir de longs cheveux principalement parce qu’il trouvait distrayant le trouble qu’il pouvait mettre sur le visage à la fois des hommes et des femmes, mais après la mort de ses amis, il s’était coupé les cheveux en signe de deuil, qu’il portait encore depuis, mais maintenant qu’il était de retour en Nexus, il était certainement plus prudent de ne pas montrer trop ouvertement qu’il représentait encore un des vestiges du règne des anciens monarques, et à ce titre les idées qu’ils avaient pour ce royaume.

Une fois présentable, il se décrocha enfin du miroir. Il était bientôt l’heure convenue aux rencontres diplomatiques, et il tenait à passer en premier puisqu’il en avait beaucoup à dire, et surtout parce qu’en titre de Roi, cela lui casserait bien les pieds de devoir passer en dernier. Bref. Il trouva sans peine le chemin de la salle du trône; après tout, il avait autrefois été engagé comme mage de la cour à Nexus, il avait l’habitude de courir un peu partout dans ces interminables couloirs à la demande de tel ou tel membre de la famille royale. Une fois devant la salle du trône, il adressa un regard aux gardes et ceux-ci pressèrent contre les grandes portes menant à la salle du trône.

« Voici sa Majesté Serenos Sombrechant, Roi de Meisa! » lança l’annonceur.

Le monarque s’avança le long du tapis rouge. Autour de lui, les quelques nobles rassemblés chuchotaient entre eux en lançant des regards malveillants vers lui. Il était habitué à leur hostilité; les nobles, peu importe leur nationalité, étaient tirés du même moule, et le Roi ne leur accordait très peu sinon aucun intérêt. Ses yeux étaient en fait rivés sur Elena et Jamiel.

Un instant, il fut frappé par la ressemblance de la première avec son père, le Roi Liam, mais dans son regard, il dénotait cette même douceur mélancolique qu’il avait vu dans celui de sa mère; les yeux d’une femme dont le monde était à la fois lourd, mais riche. Il la fixa un long moment, en silence, comme s’il évaluait quelle réaction serait adaptée à cette rencontre. Le silence fut long, ou du moins le lui sembla-t-il, mais finalement, il brisa ce silence quand, dans un sourire des plus chaleureux, il se plia dans une révérence courtoise, avant de se redresser et de planter ses yeux dans les siens..

« Je n'aurais jamais cru qu'un jour, je me retrouverai à nouveau devant la fille de Liam et Nöly. Elena, ma chère enfant, vous avez grandi merveilleusement bien. Ah, tant de choses que j'aimerais vous dire.»

Galamment, il lui prit la main et lui baisa l'annulaire, en signe de loyauté et d'amitié. Le Roi de Meisa y portait d'ailleurs sa chevalière, sur laquelle figurait les armoiries de la famille royale ainsi que son sceau. Après cette formalité, et en toute politesse, il lui adressa un sourire, puis il se tourna vers Jamiël. Leurs regards se croisèrent, et le Roi perdit son masque de formalité, mais seulement pour elle.

« Les années n'ont pas d'emprise sur ta beauté, à ce que je peux voir, Dame Jamiël. Si tu savais à quel point tu m'as manqué, mon amie. »

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

Réponse 1 mardi 25 mars 2014, 10:21:55

« Je sais, Rickard, mais je ne veux prendre aucun risque ! »

Entre les bras de la belle femme, un petit bébé était en train de remuer dans de belles couvertures en soie, qui le recouvraient intégralement, tournant autour de sa tête, dissimulée dans l’ombre. Rickard s’opposait à ce qu’Elena soit descendue du navire. Ils allaient prendre du retard, et, même au-delà de ça, il était dangereux de séparer Nöly d’Elena ! La Reine entendait très bien les arguments de l’homme, mais objectait que la santé de son enfant primait avant tout. Ce n’était rien de plus qu’un petit rhume.

« Je suis désolée de t’embêter, Jamiël..., s’excusa Nöly en tendant le bébé vers son amie.
 -  Ne raconte pas de bêtises. Je reviendrais demain, et nous n’y aurons rien vu. Mieux vaut qu’Elena perde une journée, plutôt que tout notre voyage, non ?
 -  Mieux vaut, en effet, reconnut Nöly. Tout ça, c’est de ma faute… Je ne sais pas lui dire non, et elle adore tellement voir les cracheurs de feu… »

Jamiël avait un sourire amusé, et haussa les épaules. Allons, allons, songeait-elle, il était ridicule de se sermonner ainsi. Il faisait plutôt froid par ici, et Elena aurait tout le temps de s’endurcir, afin de résister aux vagues de froid. Nexus était un port, après tout. Tôt ou tard, il fallait bien s’habituer à la présence de la mer et des vents marins. Et puis, l’île n’était pas très éloignée. Le bateau la rejoindrait en fin de journée, Jamiël dormirait avec Elena, puis reviendrait les voir. Nöly acquiesça silencieusement, se ralliant, comme toujours, à l’opinion de son amie. Cependant, lui remettre son bébé était difficile, et il fallut encore attendre un peu. Nöly se refusait à la passer à Jamiël, qui la laissa prendre son temps. Elle savait combien Nöly aimait sa fille. Dans son dos, Rickard ne disait rien, restant neutre. Il se fiait à l’opinion de sa belle-sœur, même s’il estimait que ce rhume passerait simplement avec un peu d’eau chaude et du repos. Le bébé était juste fatigué, voilà tout !

Un autre individu approcha. Fier, élancé, avec une longue chevelure, Liam posa une main sur la hanche de Nöly, et la convainquit que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire pour leur bébé. Il pencha son visage vers Elena. Le petit bébé s’éveilla lentement, et un sourire se dessina sur ses lèvres. Liam et Nöly sourirent à leur tour, rigolant à moitié, alors qu’Elena levait ses petites mains en les observant.

« Prends-en soin, Jamiël... C’est notre joyau. »

Jamiël hocha lentement la tête :

« Je ne cesserais jamais de veiller sur elle, Liam. Tu le sais bien, maintenant ? »

Liam sourit lentement.

« On ne remet pas en doute tes compétences, Jamiël, mais... Et bien, je suppose que tu comprends que je sois angoissée à chaque fois que je n’ai pas en visuel mon enfant. »

Jamiël le comprenait, oui. L’angoisse normale des parents à l’idée qu’il puisse arriver quelque chose à leur progéniture. Elle s’avança lentement, et posa également ses mains sur le corps du bébé. Elena clignait lentement, ses grands yeux semblant fixer ses parents.

« Je t’en fais la promesse, Nöly, l’assura Jamiël, ainsi qu’à toi, Liam. J’aimerais cet enfant avec la même force que si j’avais pu en avoir un moi-même. »

Dans les yeux de Nöly, Jamiël sentit qu’elle était touchée. Si on disait que les véritables amis se comptaient sur les doigts d’une seule main, alors Jamiël était à la place principale. Nöly l’embrassa, tout en se retenant de verser quelques larmes. Pas devant les hommes. Elle essaya ensuite d’expliquer à Elena qu’elles allaient se revoir demain, et embrassa pour la dernière fois son bébé sur la tête.

Et ce fut bien la dernière fois.




« Et moi, je vous dis qu’il faut s’attendre à une contestation si nous imposons une nouvelle taxe ! »

Tandis que Jamiël somnolait et se rappelait, en compagnie d’Arthuros, la dernière fois où elle avait eu la chance de voir Nöly et Liam,  Elena, elle, assistait à une session du Conseil royal, aussi appelé « Conseil de régence », dans l’attente qu’Elena soit enfin majeure. Naturellement, la Reine avait le droit d’assister à toutes les réunions du Conseil, puisque le Conseil était censé présider en son nom. Il comprenait essentiellement des barons et des ducs, quelques évêques, ainsi que quelques chefs militaires, notamment Ronald Langley, qui s’emporta contre le duc de Montbélliard.

« Je crois que nous devrions aussi nous attendre à une part de contestation si nous faisions un compte dans la gestion de votre comptabilité, Messire de Montbélliard !
 -  Qu’insinuez-vous par là, Messire Langley ?! répliqua l’homme, courroucé.
 -  Rien de plus que ce qu’on en dit au sein du Trésor. Nous nous étonnons du faible montant des revenus fiscaux émanant de vos terres, alors qu’elles sont particulièrement fertiles.
 -  Insinueriez-vous que je sois en train de voler la Couronne ?! De m’accaparer une partie des taxes ? Dois-je me laisser insulter de cette manière ?! C’est inacceptable ! »

Comme assez souvent, le ton montait entre les nobles. Elena ne dit rien, se retenant de soupirer. Elle savait que Montbélliard détournait une partie des fonds royaux. Pour financer la guerre contre Ashnard, le Palais d’Ivoire avait édicté de nouvelles taxes indirectes, en renforçant notamment la gabelle, et d’autres taxes indirectes.

« Messieurs, Messieurs, la question n’est pas là ! lâcha le baron de Rochefort. Sire Langley, avez-vous la moindre preuve de ce que vous dites ? Non, n’est-ce pas ? S’il faut envoyer un inspecteur du fisc pour corroborer vos dires, nous le ferons, mais, en attendant, la question n’est pas là.
 -  La question de la corruption sera toujours au cœur des débats, nuança Ronald à voix basse.
 -  J’en conviens fort bien, mais il me semble plus important de réfléchir à l’adoption d’une nouvelle taxe. Vous l’avez vu par vous-mêmes, Messire Langley : il faut entretenir nos murs et nos tours. Nos vastes forteresses sont une protection efficace contre les Ashnardiens, mais ils s’usent avec le temps. De plus, comme vous le savez, car vous l’avez lu comme moi, nous manquons d’hommes dans certaines garnisons, ou encore d’un équipement viable. Toutes ces raisons m’amènent à penser qu’il faudrait édicter une nouvelle taxe. »

Elena était d’accord sur ce point. Récemment, la Couronne avait commandé plusieurs enquêtes pour s’assurer du bon entretien des superforts. Les espions indiquaient qu’Ashnard pouvait lancer une nouvelle offensive. L’Empire était englué dans des problèmes mineurs avec d’autres royaumes, notamment à Herzeleid, où les Nexusiens se trouvaient aussi, mais Nexus restait la priorité des Ashnardiens. Les enquêtes avaient montré que les infrastructures des superforts étaient en bon état, mais que certains murs avaient besoin d’être réparés, ainsi que les tours. Les seigneurs locaux étaient en train de faire les réparations nécessaires, mais ils manquaient d’or. Ces massives constructions étaient essentiellement financées par la Couronne, mais le Trésor public ne pouvait pas non plus se permettre de distiller l’intégralité du budget dans leur entretien. Par ailleurs, les différentes enquêtes avaient aussi indiqué que certaines garnisons manquaient d’effectif, et proposaient d’injecter de l’argent dans certaines villes de la frontière pour les stimuler, relancer les forges, et le commerce. Pour injecter cet argent, il fallait le trouver, et une nouvelle taxe était donc en discussion. Elena se refusait toutefois à taxer davantage les ouvriers, et préférait plutôt imposer une taxe sur les dividendes des guildes. Tous les conseillers savaient que taxer à nouveau les ouvriers risquait d’engendrer une nouvelle révolte, mais imposer une taxe sur les guildes serait assez mal perçue de la part de ces dernières... Ce dont Elena se moquait bien. Si ça ne tenait qu’à elle, elle aurait depuis longtemps nationalisé la plupart de ces guildes pour la manière honteuse dont elles agissaient. Elle craignait surtout que les guildes ne réagissent en choisissant de diminuer les salaires.

La discussion se prolongeait à nouveau, jusqu’à ce qu’on y mette un terme. Ils discutaient depuis plusieurs heures, et les débats semblaient s’orienter vers une taxation à l’encontre des guildes, ce qui, invariablement, amenait à la question de l’emploi et des salaires, des problèmes récurrents à Nexus depuis quelques années. Le débat se termina ainsi, et Elena sortit de la salle de réunion, en se demandant si les débats avaient vraiment réussi à avancer. Elle avait aussi un autre problème en tête, qui avait été évacué en début de session : la visite des Meisaens. Ils avaient été repérés bien avant d’arriver au sein de Nexus, et les conseillers se demandaient ce que le Roi Serenos leur voulait. Il n’avait pas vraiment annoncé les objectifs de sa visite, si ce n’est qu’il s’agissait d’une « visite protocolaire » afin d’honorer les relations entre leurs deux pays. De Serenos, Elena ne savait pas grand-chose, comme de Meisa3. Elle savait que c’était une île éloignée, qui avait été, pendant un temps, en guerre contre Ashnard. Les relations entre Meisa et l’Empire étaient toujours tendues, mais l’Empire avait d’autres ennemis. Elle savait aussi que c’était un vieil ami de Jamiël et de ses parents, et que Jamiël lui avait dit que c’était un homme fiable.

Elena l’accueillit dans la salle du trône, une belle salle aérée et relativement grande, avec, à gauche comme à droite, différentes statues massives. De grandes fenêtres éclairaient toute la pièce, le vent marin faisant virevolter les rideaux rouges. Elena était assise au fond de la pièce, dans un trône confortable et grand, avec des coussins en soie. C’était là qu’elle se tenait pour les séances de doléances. Le Roi Serenos s’avança ainsi, et salua Elena ne la complimentant, ainsi que Jamiël. La tutrice d’Elena était à côté d’elle, à sa droite, Ronald Langley étant à gauche. Comme on pouvait s’y attendre de la part de Ronald, il avait mis en garde la Reine contre la venue des Meisaens, et avait tenu à s’assurer que cette entrevue soit étroitement surveillée. Adamante, elle, était dans la masse, car, officiellement, elle n’avait aucun pouvoir, et donc aucune légitimité à se tenir près du trône.

« Les années n'ont pas d'emprise sur ta beauté, à ce que je peux voir, Dame Jamiël. Si tu savais à quel point tu m'as manqué, mon amie. »

Une brève lueur interrogative traversa furtivement les yeux de Ronald. Se pourrait-il que Jamiël leur ait caché certaines relations ? Elena tourna également la tête vers Jamiël, mais cette dernière resta de marbre. C’était, d’un point de vue protocolaire, à la Reine de parler. Et, d’un point de vue protocolaire encore, Serenos avait commis deux fautes. La première était de ne pas avoir attendu que la Reine lui réponde, et la seconde, de s’adresser de manière familière à un membre de l’assistance. Rien de bien grave, mais de quoi faire pavoiser certaines mauvaises langues. Par ailleurs, même si les mots étaient élogieux, Serenos n’avait pas pris la peine de remercier Elena d’accepter son invitation au sein du Palais d’Ivoire, ni ne l’avait salué... Quand on faisait une révérence, la coutume voulait qu’on salue ensuite la personne à qui on offrait cette dernière. Il y avait en fait une quantité de petites fautes protocolaires trahissant le fait que Serenos était avant tout un Roi-guerrier.

« Je vous souhaite la bienvenue à Nexus, Roi Serenos Sombrechant de Meisa, annonça alors Elena d’une voix forte. J’espère que vous trouverez votre séjour céans aussi agréable et fructifiant que lors de vos précédentes visites. Pour nous, Nexusiens, c’est toujours une immense joie que d’accueillir en notre sein des puissances souveraines alliées. »

L’assistance hocha lentement la tête. Elena laissa planer quelques secondes. On lui avait dit qu’elle avait déjà vu cet homme dans le passé, mais elle était incapable de s’en rappeler. Ce visage ne lui disait absolument rien.

« Que notre vaut la joie de votre visite ici ? Mis à part la volonté de séduire mes conseillers... » ajouta-elle sur un ton plus bas.

La plaisanterie suscita les sourires de l’assemblée, et quelques discrets rires.
DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.


Serenos I Aeslingr

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    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".

Re : Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

Réponse 2 mardi 25 mars 2014, 18:39:27

Les murmures s’élevèrent, au plaisir du Roi. Il se plaisir à entendre ces nobles s’indigner de son attitude beaucoup trop familières. Pas parce qu’il s’arrogeait de ce droit, mais bien parce qu’ils ne pouvaient rien y faire. Après avoir brièvement parlé aux deux demoiselles, le monarque prit se distance et se dressa, bien droit, au centre de l’estrade. Il joignit les mains dans son dos et laissa son sourire s’évanouir pour laisser place à un visage beaucoup plus sérieux. Les pieds à la largeur des épaules, le Roi se montrait un peu moins ouvert à ses anciens amis, comme s’il se rendait compte maintenant qu’il n’était pas en présence de gens qui pouvaient tolérer ses écarts protocolaires. Cependant, il ne fit le plaisir à personne de s’excuser, car il n’y avait pas matière à pardon; il était poli, amical, mais il restait un étranger à cette cour, aussi n’avait-il aucune raison de « connaître » ou d’avoir envie de connaître les protocoles de Nexus. Bien qu’il se montrait maintenant beaucoup moins décontracté, il dût fournir un effort incroyable pour ignorer le pincement au cœur qu’il éprouvait maintenant; il regrettait de ne pas avoir favorisé une rencontre en privé plutôt qu’une visite officielle. Enfin, il était là, maintenant, et en tant que Roi de Meisa, il devrait se comporter comme tel.

« Certes, trêves de plaisanterie, concéda-t-il alors, d’une voix plus grave, moins enjouée qu’il y a un instant. Majesté, recevez mes plus cordiales salutations, et également mes remerciements pour avoir accepté de me recevoir aussi rapidement, malgré vos devoirs beaucoup plus pressants. Je suis ici pour trois raisons précises, dont deux sont un sujet apte à être cité à voix haute ici devant votre cour. Suite à l’accession au trône de la Reine Elena Ivory, je, Serenos de Meisa, propose la restauration de l’alliance que le Roi Liam et moi-même avions convenue à l’époque. »

Le Roi plongea une main sous son manteau, fouillant visiblement les poches intérieures de celui-ci, et tira de sous le vêtement un parchemin scellé avec de la cire sur laquelle figurait le sceau de la famille royale Nexusienne. Vu l’état de l’objet, son authenticité était indiscutable. Le Roi de Meisa avait rétracté son alliance avec le royaume du temps du conseil de régence car il n’y accordait absolument aucune confiance. Un royaume dirigé par des nobles n’était rien d’autre qu’une farce, une course au pouvoir et surtout une situation très propice aux assassinats et aux fratricides. Le rétablissement de cette alliance signifiait deux choses; que le Roi désirait s’intégrer à nouveau dans la vie politique de Nexus, mais aussi qu’il soutenait Nexus seulement dans la mesure où celle-ci était dirigée par la famille des Ivory. En somme, Elena était assurée de sa coopération tant qu’elle serait celle qui prendrait les décisions, mais puisque c’était une alliance très personnelle, elle était liée simplement par l’affection que le Roi pouvait bien lui porter. Mais bien qu’elle puisse sembler être prise sur un coup de tête, cette décision datait de plusieurs années dans le passé. Un homme s’approcha du Roi, probablement un conseiller, et lui tendit la main, visiblement pour prendre la missive. Serenos examina un instant l’homme puis obtempéra, déposant le parchemin dans la main tendue. L’homme se dirigea ensuite vers la reine et lui donna le papier, avant de reprendre un peu de distance. Le contenu de ce parchemin était relativement simple; les dirigeants actuels des deux nations devaient discuter devant témoins des offres et des demandes de leurs nations. Deux copies seraient ensuite données aux partis concernés alors qu’un tiers parti, une institution d’archivistes indépendante, conserverait précieusement l’original. C’était une mesure assez spécial mais, pour une personne comme Serenos, nécessaire. Les archivistes conservaient tout ce qu’on leur confiait avec un zèle que le Roi avait appris à apprécier, et ils avaient gagné sa confiance pour ce genre de choses.

« Je propose officiellement à Elena, Reine de Nexus, la réouverture de nos ports aux marchands nexusiens, et plus seulement aux privilégiés nommés par moi-même, ainsi qu’un support militaire, magique et financier en cas de crise. Sa Majesté aura ensuite le droit de nommer un ambassadeur et d’établir un relais de communication entre nos deux nations pour faciliter les échanges et la gestion de la diaspora Meisaenne et Nexusienne. Finalement, Meisa sera toujours hospitalière envers la famille royale de Nexus, ses amis et ses protégés. Mes demandes, pour leur part, sont de la même nature; que les ports de Nexus soient ouverts à mes marchands, qu’en cas de coup dur, Nexus accepte d’offrir son aide dans la mesure du possible, et surtout l’autorisation de réinvestir l’ambassade Meisaenne, ainsi qu’un droit à l’hospitalité Nexusienne. Les détails de cette alliance ne concernant que moi-même et Sa Majesté, je demanderai à celle-ci de s’accorder un temps de réflexion par rapport à mon offre. »

Il convenait que cette proposition était assez soudaine et proposée à froid, mais elle restait néanmoins équitable pour les deux royaumes. Mais il ne faisait que poser une façade; il avait bien spécifié qu’il y avait deux autres raisons à sa visite, et Jamiël devait déjà avoir été mis au courant. Après la situation à Sylvandell, le Roi se devait de prendre des mesures pour mettre Nexus de son côté et mettre immédiatement le peuple continental sur un pied d’alerte. Le Roi décrocha les yeux d’Elena et se mit à marcher, de droite à gauche par rapport à la Reine, en balayant des yeux à la fois le conseil et l’assemblée.

« La seconde raison de ma venue ici est un peu plus délicate, poursuivit-il sans cesser de marcher. Deux menaces ont été avortées en Meisa et en Sylvandell au cours des cinq derniers mois. Nous avons de bonnes raison de croire qu’un groupe de mages noirs opère dans le monde au moment où nous parlons. Les mages noirs, outre leur titre, s’infiltrent normalement dans la noblesse et dans les commerces les plus lucratifs, et lorsqu’ils opèrent ensemble, c’est souvent pour infliger des dégâts considérables le moment venu. Je présente les faits tel que je les connais, et ne recommande rien de plus qu’une plus grande prudence. Je n’ai pas droit de décision ici, prenez mes paroles simplement comme un avertissement. »

L’incrédulité, l’hostilité et le rejet, voilà tout ce que Serenos pouvait percevoir de l’assemblée. Pourquoi ces sentiments? Parce que pour les gens du commun, ceux qui n’étaient pas concernés par la magie où le danger qu’elle représentait, il valait mieux rejeter la possibilité de devoir faire face à une menace magique et de la vivre plutôt que de reconnaître son existence et prendre les mesures nécessaires à y mettre fin. De manière générale, la magie était le problème des magiciens, et il n’y avait donc aucune raison de s’en faire. Simplement, avec les rapports qu’Arthuros lui avait envoyés au sujet de l’entrainement des mages en Nexus, il craignait que celle-ci ne se retrouve, en bout de ligne, pas en mesure de combattre une menace de cette envergure. Ce n’était pas vraiment le peuple que le Roi visait par son message, mais Jamiël, seule personne présente capable de comprendre l’étendue et la gravité d’une telle situation, et accessoirement la seule magicienne à avoir l’oreille de la Reine. Ceci dit, le Roi cessa de marcher et de jeter des regards dans toutes les directions. Plus que pour montrer qu’il n’était pas anxieux, cette marche lui avait permis de discerner et confirmer l’objet d’un de ses doutes. Partout au tour de lui se trouvait des soldats, aux alertes, qui le surveillaient avec une telle attention que certains ne pouvaient s’empêcher de considérer le visiteur comme étant une menace potentielle. Maintenant, il ne pouvait qu’attendre la réaction de la Reine à ses paroles, mais il ne s’attendait pas à grand-chose; elle lui demanderait probablement de se retirer pour calmer ses nobles. Il ne pouvait maintenant qu’espérer qu’elle eut l’esprit aussi ouvert que sa mère autrefois.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

Réponse 3 mercredi 26 mars 2014, 01:55:33

Assez rapidement, Serenos leur exposa la raison de sa venue : une triple raison, en réalité. Il s’attarda assez longuement sur la première, expliquant être venu pour renouer de vieilles alliances. Jadis, Meisa et Nexus étaient effectivement alliés, mais, comme pour maintenant, cette alliance avait été très personnelle, conclue surtout avec Nöly Ivory. Avec sa mort, la doctrine nexusienne avait considéré que ce traité n’était plus viable, car il ne prévoyait aucune disposition pour le faire perdurer en cas de décès de la souveraine. C’était, dans le jargon, ce qu’on appelait une convention « intuiti personae », dont l’existence-même avait, à l’époque, provoqué un débat. Pouvait-on, en effet, conclure une convention internationale, soit une convention impliquant des États, en plaçant comme condition nécessaire à la validité du contrat une personne physique ? En droit international, il était de coutume de considérer que les personnes physiques n’étaient pas des sujets du droit international, ceci afin d’éviter l’ingérence des autres États dans les affaires internes d’un État, et donc, en définitive, de protéger une notion juridique que les Nexusiens avaient dégagé les premiers, avant d’être rejoints par les Tekhans, et, dans une très moindre mesure, par les Ashnardiens : la souveraineté. Visiblement, Serenos désirait renouer cette alliance, en précisant bien qu’elle serait uniquement faite avec les Ivory. Elena ne dit rien, mais elle savait déjà qu’une telle alliance avait peu de chance de fonctionner. Contrairement à il y a plusieurs années, les Ivory n’avaient plus l’influence qu’on leur prêtait. Pendant des siècles, la personne des Ivory était confondue avec celle du royaume, mais, après le massacre de presque toute la famille royale, les Nexusiens avaient réalisé qu’il était peut-être bon de dissocier les deux, de séparer la Couronne de la famille royale... En somme, de dissocier la personne publique de la personne privée.

Si cette convention devait être discutée devant le Conseil de Régence, elle serait soumise, pour avis, à la Cour royale de justice, et Elena savait déjà quelle décision la Cour royale rendrait. Elle considérerait que la convention n’était pas un traité de droit international, car elle n’était pas faite entre deux États, mais entre un État et une personne, Elena Ivory. Ce faisant, la Cour royale refuserait de lui faire valoir les effets d’un traité international, mais simplement d’une convention. Et, suivant cette logique, les juges royaux interpréteraient cette convention pour savoir de quelle nature il s’agissait. Ils constateraient ainsi que, étant conclue entre un État, soit une personne publique, et une Ivory, une personne privée, il s’agirait d’un contrat entre personne privée et personne publique, soit un contrat hybride, mixte, régi à la fois par les impératifs de droit public et par ceux du droit privé. Ils finiraient par en déduire que l’objet du contrat ne correspondait pas à ce que le droit nexusien reconnaissait, et annulerait tout simplement ce dernier, en relevant qu’il manquait l’une des quatre conditions essentielles de validité des conventions, ce qui était un cas de nullité absolue de ladite convention.

En somme, une telle convention était morte née, mais, ça, Elena ne pouvait pas le dire. Elle laissa l’huissier attaché à la Cour s’emparer du document, et le présenter à la Reine, qui le lit. C’était l’ancienne convention conclue entre Serenos et Nöly, et les premières clauses précisaient clairement que la convention était signée entre le Roi de Meisa et la Reine Ivory de Nexus. Jadis, ça ne posait aucun problème, mais, maintenant... Elena était certes la Reine, mais le royaume était sous la tutelle du Conseil, en attendant qu’elle soit enfin apte à diriger. Serenos présenta les avantages de l’alliance, mais, à l’entendre, la Reine avait le sentiment que cette alliance était surtout favorable à Meisa. Le commerce entre Nexus et Meisa était en effet relativement faible, en raison de l’éloignement géographique entre les deux États, et, surtout, de la guerre. Il y avait bien des caravanes marchandes et des navires commerçants, mais ils restaient tout de même assez minoritaires. Inversement, il était connu que les Meisaens étaient, par nature, un peuple de nomade. Une telle convention assurait aux Meisaens un libre passage à Nexus, en les affranchissant de certains droits de douane, ainsi que de certaines taxes fiscales à l’importation pour les marchands étrangers. Elena hocha lentement la tête, et replia la convention. De toute manière, elle serait analysée par le Conseil de Régence, et, si Elena pouvait formuler un avis, ce serait celui du Conseil qui serait déterminant.

« Je vous remercie pour votre proposition, Roi de Meisa. Elle sera étudiée comme il se doit, et pourrons, à partir de là, entamer des discussions constructives. »

Il leur divulgua ensuite sa seconde raison, une raison particulière, atypique, qui surprit un peu Elena, et provoqua quelques haussements de sourcils. Un complot magique visant à renverser le monde... Entre eux, certains spectateurs murmuraient, se disant que ce Roi devrait chercher à écrire des contes, plutôt que des conventions. Elena, de son côté, regarda Jamiël. Elle était légèrement surprise, mais elle savait qu’elle ne devait rien en montrer en public. Les séances au trône étaient publiques, ouvertes à tout le monde, car le souverain agissait pour le bien de son peuple. Elle était donc la Reine de Nexus, aussi infaillible que l’État.

« Vos affirmations sont... Audacieuses, Roi Serenos. Nous sommes au courant des évènements survenus en Meisa et en Sylvandell, mais, le royaume sylvandin étant rattaché à l’autorité ashnardienne, vous comprendrez bien que nous n’avons pas vocation à intervenir sur le territoire sylvandin. »

C’était une réponse très protocolaire, et Elena, après quelques secondes, rajouta alors.

« Cependant, s’il devait s’avérer que ces éléments constituaient, de quelque manière que ce soit, une menace envers notre royaume, il va de soi que nous en tiendrons compte. »

Jamiël, de son côté, retenait un sourire, conservant un visage placide et neutre.

Ce pauvre Serenos avait toujours autant de mal face à ce genre de cérémonial.
DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.


Serenos I Aeslingr

Humain(e)

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Re : Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

Réponse 4 jeudi 03 avril 2014, 01:32:30

[J'ai écrit pas mal de trucs, du coup, s'il y a quelque chose au sujet de mon interprétation du palais que tu n'aimes pas, n'hésite pas à m'en faire part]

« Tu ne seras jamais politicien, Serenos. Tu n’as pas le doigté pour cela. Et moi non plus. Nous sommes des hommes de terrain. Les jeux de mots, les protocoles, les manipulations, ce ne sera jamais qui nous sommes. »

Pendant les dix années où Serenos et Liam s’étaient connus, ce fut l’une des phrases les plus marquantes que ce brave jeune homme lui avaient un jour adressé. Serenos n’était pas plus apte à jouer le politicien dans une cour qu’un fermier ne l’était dans une réunion militaire. La reine l’envoya en quelque sorte paître, cachant son refus de prendre une initiative risquée en lui assurant que son offre et le problème qu’il avait soulevé seraient étudiés à leur juste valeur, mais comme Liam, le Roi de Meisa n’était pas dupe; aucun royaume dirigé par une noblesse corrompue par le pouvoir et l’avarice ne pouvait accepter une offre d’amitié sans risquer de déclarer une guerre civile, car autoriser Elena à accepter son alliance reviendrait à lui conférer davantage de pouvoir. Le monarque se contenta donc de sourire avec la plus grande arrogance, qui n’était pas dirigée vers la Reine, mais qui prouvait à l’assemblée que Nexus ne valait rien à ses yeux dans l’état actuel des choses. Et puis, Elena avait visiblement compris que cette offre n’était qu’une façade pour lui prouver que le Roi de Meisa était de son côté, à elle et à elle seule.

« Vous êtes une sage jeune femme, Reine Elena. Tout comme votre mère, ma très chère amie. Je vous prierai de ne pas voir ma visite comme étant inutile, car au contraire, je suis et serai toujours l’allié des Ivory, et il était plus que temps que je me présente devant votre cour. Je prendrai congé, maintenant, et laisserai à vos devoirs, j’ai assez pris de votre temps. Cependant, j’ai affaire en Nexus, et je vous demanderai donc l’autorisation pour moi et mes hommes de rester en vos terres le temps que j’eus mené mon affaire à bien. »

L’affaire ne concernait en rien la cour de Nexus, puisqu’il ne tenait pas particulièrement à celle-ci laisse germer l’idée de lui mettre des bâtons dans les roues. Le Roi de Meisa cessa enfin de sourire et posa un regard sérieux sur la Reine de Nexus. Serenos avait beaucoup de choses à discuter avec certaines personnes vivantes présentement en ces lieux, dont quelques-unes qui se trouvaient déjà parmi eux, à le regarder. À son regard, planté dans celui de la ravissante Reine, celle-ci faisait visiblement partie de ce groupe de gens qu’il tenait à rencontrer personnellement. Il ne se serait jamais déplacé en Nexus pour des raisons aussi bêtes que présenter deux plans parfaitement déraisonnables aux yeux des véritables dirigeants actuels de Nexus; il ne voulait qu’attirer sur lui l’intérêt de la Reine, qu’elle et elle seule soit courant des raisons de sa visite. Aussi, il tenait à revoir Jamiël. En partie pour rattraper le temps perdu, boire une coupe de vin en sa compagnie et raconter les histoires des événements captivants de leur existence, mais aussi pour qu’elle l’informe des ennemis potentiels d’Elena dans sa succession légitime et complète du trône. Il savait que depuis la crise provoquée par l’Enfant Roi Nassam Ivory, il y a deux siècles, qui causa un grave déficit en ses terres en raison de son inexpérience, les lois Nexusiennes voulaient que seul un monarque éclairé par l’expérience et les connaissances nécessaires à l’occupation de ce poste soit installé sur le trône d’Ivoire et prenne en main les rennes du Royaume. Cependant, il voyait que quelque chose clochait dans le cas d’Elena; elle était dotée d’une vive intelligence et elle avait de plus l’âge minimum réclamé par les lois pour prendre la tête du royaume de sa famille. Pour le Roi de Meisa, cela revenait à dire que quelqu’un œuvrait à étirer la période de probation dans l’ombre. Mais qui? Tous ces nobliaux avaient leurs raisons de s’opposer au retour au pouvoir des Ivory, surtout que, depuis la mort du Lion, cette famille n’avait plus les amis d’autrefois, et ses ennemis ne tremblaient plus de peur à l’idée d’être débusqués.

Le Roi s’inclina poliment devant la Reine de Nexus. Le protocole réclamait probablement plus de manières, mais Serenos était un homme digne et fier; il y avait une limite à ce qu’il pouvait accepter de faire devant Elena, car bien qu’il soit l’un de ceux qui reconnaissent sa légitimité, elle n’était pas encore la Reine de ce Royaume, et elle ne le serait qu’une fois qu’elle sera capable de refuser ou accepter une offre d’un simple hochement de la tête. La législation avait toujours été différente en Meisa par rapport à Nexus, mais la parole du dirigeant en chef avait toujours eu le dernier mot sur les affaires de l’état, que ce soit à la joie de leurs sujets ou pas. Alors qu’il allait sortir, un son de sifflement se fit entendre, suivit d’un son de bri de vitre, et enfin un son d’impact. Suite à celui-ci, le Roi continua d’avancer, titubant comme s’il avait bu, sans se retourner, et quitta le palais.

***

Arthuros

« Majesté! Majesté! »

Arthuros, blême comme un linge, se rua sur son Roi et lui agrippa l’épaule de ses doigts fins. La poitrine du Roi avait été percée d’un carreau d’arbalète. Le monarque ne faisait aucun son, mais son visage était tordu par une expression mêlant la colère, la douleur et l’inquiétude. Serenos demanda d’une voix rauque qu’Arthuros l’aide à cacher sa blessure. L’Assassin Royal opina du chef et passa le bras de son roi autour de son cou et le laissa prendre appui sur lui en tentant de masquer de son mieux le trait qui perforait la poitrine de l’homme. Une fois à l’abri des regards indiscrets, dans un des jardins du palais, l’espion laissa son Roi s’asseoir sur un banc et écarta prestement  les pans du vêtement. Sur le carreau, il était gravé dans un vieux dialecte Nexusien une phrase. Arthuros nota mentalement les caractères en se jurant de trouver la signification de ce mot, avant que le Roi ne lève simplement la main en lui signalant de simplement laisser faire.

« Une tentative d’assassinat, devant des témoins? demanda le Roi en grommelant.
Non, réfuta l’Assassin. Compte tenu de votre réputation, le plus probable est un avertissement, ou une déclaration d’hostilité. Attention, ça va  faire mal.

D’un doigt, l’Assassin pressa fortement plusieurs points sur le corps de son seigneur, provoquant des gémissements d’inconforts et de douleur chez celui-ci, qui se tortilla alors que les doigts passaient outre la chair pour atteindre des points précis de ses muscles et nerfs. Mais aussi rapidement qu’elle fut provoquée, la douleur se dissipa, jusqu’à même le laisser vidé de toute sensation. Ce sentiment de léthargie arracha un soupir de soulagement au monarque. Arthuros s’assura alors que le Roi ne sentirait aucune douleur en le pinçant, mais faute de réaction, il évalua que l’anesthésie fonctionnait. Arthuros plongea alors sans la moindre hésitation ses doigts dans la peau de son monarque. Celui-ci prit une grande inspiration; bien que la douleur fut absente, savoir que quelqu’un aventurait ses membres digitaux dans une plaie ouverte de son corps le mettait franchement mal à l’aise, mais Arthuros était un professionnel, un vrai. Il ne perdit pas de temps et s’empressa de retirer le carreau de la chair de son Roi. Après avoir jeté l’objet au sol, il fit jaillir de sa poche une solution contenue dans une fiole et l’approcha de la plaie.

« Tu es sûr que c’est absolument nécessaire?
Vous savez bien que j’adore vous torturer. »

Le Roi roula des yeux pour s’empêcher d’entrer dans le jeu de sarcasme de son serviteur et agrippa le fourreau de son poignard pour se le ficher dans la bouche, pour éviter de se mordre la langue. Lorsqu’Arthuros versa le produit sur sa plaie, la douleur fut si intense que même avec la technique d’engourdissement, il sentit ses muscles se tendre et il mordit plus fort pour s’empêcher de hurler. Après ce traitement, la plaie se referma instantanément grâce à la régénération magique du Roi, mais cette fois, il n’eut pas à craindre une infection, parce que le produit qu’Arthuros venait de lui appliquer était un puissant désinfectant. Normalement ingéré en tant que fortifiant, l’huile d’Ümberhâme possédait des propriétés curatives plus efficaces lorsqu’administré localement. Le Roi cracha le fourreau qui tomba sur le sol, puis il renfila adéquatement sa tenue.

« Je n’ai pas vu la provenance du trait, ce devait être un tireur d’élite, admit l’Assassin, les bras croisés, visiblement inquiet.
- Une technique de Long Tir, ou un guidage par magie, convint le Roi en se redressant. Notre opposant ne veut pas qu’on sache qui il est ou pour qui il travaille. Il veut nous faire savoir que qui qu’il soit, il peut nous atteindre librement, sans la moindre trace.
Dois-je enquêter, mon Roi? Trouver celui qui vous a attaqué?
- Non. Il est déjà hors de ta portée, mon garçon. C’est un tueur de ton niveau, mais spécialisé dans les assassinats à distance. Va informer Jamiël que je lui rendrai visite ce soir dans mon ancien salon.
Votre salon, majesté? J’ignorais que vous en possédiez un.
Pour nos rencontres, Liam et sa femme ont emménagé une pièce dans un des passages secrets du palais. C’était une ancienne chambre de torture, du temps du grand-père de Liam. Elle n’est accessible que par trois chemins; la chambre royale, la salle de la garde et une fenêtre. Les passages ne sont connus que de moi et de Jamiël, pour le moment. D’ailleurs, dis-lui de garder la fenêtre ouverte.
Pourquoi?
J’ai du mal à atterrir sous forme d’oiseau.

Le Conseiller s’étouffa avec sa salive dans sa surprise, et tenta tant bien que mal de réprimer un rire, qui éclata tout de même. Le Roi lui asséna un coup de poing dans l’abdomen, mais grâce à ses réflexes, l’Assassin put dévier le point de son maître et seigneur et éviter l’impact du poing. C’est en maugréant que le Roi se sépara de son serviteur, qui étira malgré lui un sourire et se dirigea vers l’entrée des serviteurs. De là, il put sans problème accéder aux nombreux passages réservés aux employés du palais, qui étaient essentiellement composés d’escalier et de raccourcis qui permettaient de gagner beaucoup de temps par rapport au déplacement dans le dédale qu’était les couloirs de ce palais. Le service des employés du palais n’était pas inégalé pour rien. Il n’y avait pas un tel système en Meisa, par contre, parce que le Roi pensait que ce genre d’aménagement était une faille que les assassins pouvaient trop facilement exploiter pour causer des problèmes diplomatiques. Du coup, les serviteurs devaient marcher par les couloirs pour rejoindre les chambres des invités ou des habitants du château pour les servir. En même temps, le Roi ne jugeait pas nécessaire d’engager autant de gardes qu’il y en avait dans le Palais d’Ivoire; il n’y a que trois magiciens et une poignée de Meisaennes qui parcouraient inlassablement les longs couloirs, et ce n’était que par zèle, puisqu’aucun assassin ne serait assez bête pour s’aventurer dans les murs du Palais des Anciens, où les pouvoirs du Roi de Meisa sont au plus fort alors que ceux des étrangers sont réduits de moitié.

Jamiël ne sortirait pas de la salle du trône avant trois bonnes heures. Jetant un coup d’œil à droite et à gauche et tendant l’oreille pour percevoir des sons de pas, l’Assassin conclut qu’il était bel et bien seul. Il fit donc jaillir de ses manches une paire de crochets et s’attaqua à la serrure de la chambre de Jamiël. Avec ses talents, la serrure céda en quelques secondes, lui laissant le champ libre. L’Assassin s’approcha donc du bureau de la magicienne, tirant d’un tiroir une feuille de parchemin qu’il déposa bien en évidence sur celui-ci, avant d’y écrire le message de son roi et de la marquer de sa signature, pour qu’elle ne s’alarme pas de voir que sa chambre, son sanctuaire, avait été infiltré. Elle avait été celle qui lui avait appris à passer inaperçu dans ce palais, après tout. Une fois le message en place, l’Assassin s’empressa de disparaître à nouveau dans les couloirs en s’assurant de ne pas être suivi.

***

Serenos Sombrechant

Le soleil s’apprêtait déjà à se coucher lorsque Serenos sortit de son antre secret dans les tunnels sous la ville. À une époque, beaucoup de contrebandiers s’aventuraient dans les égouts pour faire leur marchandage d’objets hautement illégaux, mais depuis quelques années, il n’y en avait qu’une poignée qui osait encore se promener dans ces endroits. Pourquoi? Parce que depuis le règne des Ivory, beaucoup de Chasseurs sont en fonction. Des automates fabriqués par les nains pour protéger leurs mines des voleurs, les Chasseurs étaient d’énormes monstres de pierre et de fer alimentés par une source d’énergie absorbant le mana dans les environs, et puisque Nexus resplendissait de vie, il y avait suffisamment de cette énergie pour alimenter plusieurs centaines d’entre eux, alors une petite quarantaine passait facilement inaperçus, sauf dans les quartiers les plus pauvres, où la maladie et la famine faisait rage, car la faible constitution des esclaves surmenés et des pauvres sous-alimentés les rendaient parfois susceptibles à une défaillance cardiaque, faute d’avoir l’énergie nécessaire pour alimenter leur cœur défaillant.

La sortie de son antre se trouvait dans une vieille chapelle abandonnée. C’était dans cette même chapelle qu’il avait fabriqué pour Nöly le pendentif, avec l’aide de Liam. Il avait scellé à l’intérieur de cet objet une partie de son propre pouvoir, et un morceau de son esprit, ainsi que celui de Liam, pour protéger la demoiselle des malédictions et du mauvais œil. Cette protection s’était avérée utile par moment, mais n’avait au final jamais pu empêcher les drogues contraceptives ni la catastrophe qui avait respectivement empêché Nöly d’enfanter et éviter la mort. Une fois dehors, il regarda la statue qui s’y trouvait. Elle représentait Serenos, Nöly et Liam, à l’époque de leur grandeur. Serenos y avait été sculpté dans l’obsidienne, Liam et Nöly étant pour leur part en marbre blanc, représentant ainsi le Roi comme étant l’égal de ses camarades, bien qu’il fût foncièrement différent d’eux. Pour certains observateurs, on pourrait dire que Serenos était la part d’ombre de ce trio, mais lui voyait simplement qu’il conservait un équilibre. Devant la lumière de ce couple, qui était l’idéal du monde, Serenos était le contraire. Célibataire, seul, avec pour seule véritable compagne la magie, il était ce que le monde détestait, méprisait. Le puissant mage, certes, très puissant, mais tout de même qui n’avait rien d’autre que le pouvoir à la portée de la main. Voilà ce qu’était Serenos, et parfois même, voilà comment il se voyait lui-même.

Il se détourna de la statue, chassant les larmes furtives qui avaient échappé à son contrôle, puis il invoqua à ses pieds son cercle de magie. Il n’avait jamais été un très bon utilisateur de la magie de la métamorphose, pour ne pas dire que comparativement à bien des druides, il n’était qu’un néophyte sans raffinement. Comme toute créature, il avait choisi l’oiseau qui le représentait le mieux; le Sombrechant. Alors que son corps rétrecissait, sa peau se couvrit de petites plumes, son nez et sa bouche laissèrent place à un bec sombre. Ses bras furent remplacés par deux longues ailes et ses jambes par deux petites pattes au bout desquelles se trouvaient des serres d’argent. L’oiseau-Serenos se donna une bonne poussée de ses pattes alors qu’il remuait des ailes. Il lui fallut quelques tentatives avant d’enfin réussir à décoller, mais le vol en tant que tel ne lui posa aucun problème. Il s’envola alors vers le Donjon des Ivory, et chercha pendant un moment la fenêtre de bois noir. Il la reconnut aisément, puisque le palais était lui-même fait de pierre blanche, et il s’en approcha. Voyant que la fenêtre était toujours fermée, il s’y heurta brutalement et battit des ailes pour reprendre son équilibre. Agaçé, il donna plusieurs coups de bec furieux conte la paroi de vitre.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

Réponse 5 vendredi 04 avril 2014, 02:45:02

ELENA IVORY

Après le départ de Serenos, Elena resta silencieuse... C’était un homme curieux, et, visiblement, il connaissait Jamiël. L’assemblée se dispersa assez rapidement, et la Reine resta ainsi seule avec Jamiël... Et Adamante et Ronald Langley. Le quatuor, en somme.

« Curieux personnage... » nota Elena silencieusement.

Curieux, en effet. Ronald haussa les épaules.

« Ce n’est qu’un excentrique, c’est ce qui plaisait à votre mère.
 -  Et pas à mon père ? sourit lentement Elena.
 -  C’est... C’est compliqué, intervint Jamiël.
 -  Ah ? »

Ronald soupira lentement, et expliqua à Elena que Serenos avait été amoureux de Nöly, à une époque où cette dernière ne connaissait pas encore Liam, et où son mariage avait été annoncé sans vraiment se soucier de son consentement, afin de rapprocher les Mélisains et les Nexusiens. Conformément à ce que prévoyait l’académie mélisaine, Nöly avait passé un certain temps à Nexus pour s’entraîner, s’éduquer, et en apprendre plus sur l’éternel allié des Mélisains. Elle avait croisé Serenos à cette occasion. Jamiël leur avoua qu’elle s’était rapprochée de Serenos, par son intermédiaire, et que Nöly aurait bien pu tomber amoureuse de Serenos. Le mariage avait cependant eu lieu, et Nöly avait fini par aimer Liam. Leur romance s’était terminée. Elena, qui avait l’impression de se trouver devant l’un de ces contes amoureux pour petites filles avec des triangles amoureux complexes, esquissa un léger sourire amusé. Après toutes ces conversations politiques d’importance, il était bon de décompresser, d’évoquer des sujets bien plus triviaux.

« Et mon père n’a jamais pu encadrer Serenos, c’est ça ?
 -  Leurs premières rencontres ont été assez tendues. Le Lion voyait Serenos comme un jeune blanc-bec venu lui ravir sa muse, Serenos voyait Liam comme un noble parachuté qui venait de lui ravir le sujet de son cœur. Il a bien du vous apparaître que le Roi de Meisa n’appréciait guère la noblesse.
 -  C’est l’image qu’il se donne, oui. »

Elena avait pu le noter. C’était assez conforme à ce qu’on lui disait sur Meisa et sur le Roi de l’île en général : un aventurier, pas quelqu’un qui passait son temps derrière son bureau à envisager les problèmes de son peuple. Ronald indiqua cependant que le courant avait fini par passer entre les deux. Dès que Liam avait vu Nöly, il était tombé amoureux de cette femme, et avait toujours été un homme très droit, et très poli avec les femmes. Il était emporté et énergique, mais aussi calme et sage. Nöly l’avait également aimé, et Serenos avait du s’y résoudre.

« Je pense qu’il a du être jaloux un peu... Mais pas de cette jalousie qui vous corrompt le cœur ou vous noircit l’âme, Majesté... Plutôt de celle, positive, qui vous met à envier le bonheur des autres, et à vous souhaiter la même chose pour vous. Oui, Nöly et Liam s’aimaient d’un amour sincère et honnête... »

Le sujet devenait glissant. Évoquer Nöly et Liam, c’était toujours s’attaquer à une plaie béante, encore ouverte, dans le cœur des nexusiens. Le Lion de Nexus avait tant fait pour la patrie. Grâce à lui, les superforts avaient été améliorées, l’espoir avait resurgi dans le cœur des vassaux et des soldats, et l’Empire avait été repoussé, connaissant l’une de ses plus lourdes défaites. La force du Lion était telle qu’elle avait été jusqu’à susciter le respect auprès de ses ennemis, qui reconnaissaient en lui « un guerrier légendaire, la force de ceux dont nos Empereurs ont tissé l’Histoire ». C’était aussi une manière d’expliquer les échecs récurrents des Ashnardiens, mais il y avait quelque chose de vrai là-dedans. Depuis Sébastian Ivory, on avait point vu un autre homme parvenir à ce point à rassembler autour de lui. Elena savait que son père aurait pu, avec son charisme et sa popularité, réussir à abolir l’esclavage, et à mettre fin à la concentration des moyens économiques entre les guildes influentes du royaume.

Elena hocha lentement la tête, avant d’évoquer un autre sujet : que voulait vraiment le Roi de Meisa ?

« Son royaume a subi il y a quelques mois une virulente attaque de peste... Peut-être cherche-t-il à relancer l’activité économique de son pays.
 -  Nous espions affirment avoir également vu l’homme rôder près de Sylvandell, en même temps qu’un volcan qui aurait éclaté sur ce dernier. Ils ont également rapporté qu’un convoi aurait quitté Sylvandell après son départ pour rejoindre un navire en partance pour Edoras.
 -  Edoras ? »

Elena connaissait Edoras et la Princesse Hinata. Quel rapport y avait-il entre Edoras, Meisa, et Sylvandell ? Ronald n’en savait pas plus. Elena était troublée, et se demandait s’il ne fallait pas écrire une missive à la Princesse Hinata sur la question... Elle décida de remiser cette question pour plus tard.

Jamiël, quant à elle, savait où elle allait se rendre ce soir.



JAMIËL

La tutrice d’Elena savait très bien que, parfois, avec la complicité d’Adamante, la Reine empruntait des passages secrets pour sortir en toute discrétion du Palais d’Ivoire, et ainsi avoir un aperçu direct sur son royaume. Elle n’avait pas cherché à l’en empêcher, estimant qu’il était normal que la Reine se renseigne sur son royaume. Et puis, elle savait qu’Adamante la protégeait, et, même au-delà de ça, la Reine avait d’autres protecteurs, plus discrets. La jeune femme n’avait jamais vraiment eu d’enfance. Elle avait perdu ses parents très tôt, une tragédie, au sens général pour l’État tout entier, en particulier pour la jeune femme. Son enfance lui avait été arrachée, et qu’elle puisse la retrouver, grâce à Adamante, c’était quelque chose qu’il fallait encourager. C’est ce que Nöly aurait voulu.

Repenser à son amie rendait toujours Jamiël nostalgique... Surtout, elle se demandait ce que voulait Serenos. Même elle ne croyait pas aux arguments qu’elle avait avancé devant Elena. Serenos n’était pas du genre à quémander de l’aide. Au contraire, il était plutôt du genre à mettre son royaume en avant, en négligeant le fait qu’il n’était pas une puissance mondiale. Jamiël portait un châle avec une capuche, et s’avançait à travers les couloirs secrets du Palais d’Ivoire, pour rejoindre la crypte secrète où Serenos avait jadis pris l’habitude de rencontrer Nöly et Liam. Jamiël connaissait naturellement l’endroit, et y pénétra, devant brièvement passer par les égouts.

La crypte secrète était envahie par la poussière et par les toiles d’araignées. Silencieusement, Jamiël considéra la statue qui avait été faite ici, représentant Nöly et Liam ensemble, ainsi que Serenos à côté. Il y avait bien des interprétations à donner à cette œuvre.

Jamiël avait remarqué l’oiseau, et tourna sa tête vers lui, puis sourit légèrement.

« Ainsi donc, Serenos, après toutes ces années, vous revenez enfin dans ma vie... Je dois bien admettre que je n’y ai vraiment cru que lorsque je vous ai vu en chair et en os, ce matin. »

On pouvait comprendre la surprise de Jamiël, car elle n’avait pas vu Serenos depuis des années.
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Re : Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

Réponse 6 lundi 14 avril 2014, 22:02:42

« Ainsi donc, Serenos, après toutes ces années, vous revenez enfin dans ma vie... Je dois bien admettre que je n’y ai vraiment cru que lorsque je vous ai vu en chair et en os, ce matin. »

L’oiseau croassa avant de  se poser sur le sol et déballer ses ailes bien grandes.  Sous sa forme aviaire, le monarque de Meisa ne semblait guère impressionnant, mais comme le Sombrechant était l’animal volant qu’il parvenait le plus aisément à se représenter en esprit, il était plus simple d’en prendre la forme. Il admit cependant qu’il était beaucoup plus simple d’avoir une conversation avec un autre être humain plutôt qu’avec une créature à plumes, ce qui l’incita à reprendre son physique de naissance. À ses pieds, un petit cercle doré, représentation miniature des inscriptions de pouvoir qui décrivait la magie qui habitait le Roi, se forma, et  le petit oiseau se mit à luire un bref instant. C’est dans une explosion de plumes noires que le Roi reprit son apparence humaine devant la magicienne. Le Roi souriait, tendrement, et chassa les plumes d’un geste de la main.

« Si j’avais pensé qu’un jour, je puisse vous manquer, je serais passé dire bonjour, plutôt que d’envoyer des lettres. C’est bon de vous revoir, Jamiël. Vous me voyez ravi de vous voir aussi bien portante. »

Le Roi parcourut d’un pas la distance qui les séparait et passa, sans outrepasser la décence, ses bras autour des épaules de la jeune femme et l’enlaca dans une étreinte amicale. Toujours dans le respect des convenances, le Roi mit fin à cette embrassade très rapidement, puisqu’il s’agissait que d’un salut affectueux. Les bras sur les épaules de la dame magicienne, il s’éloigna de par leur longueur et regarda ses beaux yeux bleus. La dame, même dans sa jeunesse, avait toujours été d’une grande beauté, mais l’âge ne faisait qu’accentuer cette grâce austère que seule une femme aux grandes responsabilités pouvait avoir, lui donnant cet air sublime qui, s’il n’était pas lui-même, aurait peut-être pu le charmer. Malheureusement, il avait vécu beaucoup trop d’expériences malheureuses avec les magiciennes pour nourrir l’espoir d’un jour en faire tomber une à nouveau dans ses bras. Et puis, Jamiël était intouchable à ses yeux; meilleure amie de Nöly, elle était comme une sœur à ses yeux, et du fait, elle était également membre du quatuor que les trois monarques avaient formé autrefois. Il voulut lui faire un compliment, mais il savait qu’aucun mot ne rendrait justice à cette chaste affection qu’il éprouvait pour elle, aussi se contenta-t-il de sourire avec gentillesse. Il la relâcha finalement, s’éloignant pour se caler le dos contre le rebord de la fenêtre.

« Je vois que vous avez deviné sans problème que ma présence ici n’avait rien à voir avec mon désir de renouer une alliance avec Nexus. Après tout, vous êtes trop futée pour ne pas voir une supercherie quand vous en voyez une, et je vous sais trop maligne pour l’ignorer. »

Le Roi la regardait. Allait-il lui révéler qu’il avait senti la trace de son ennemi en Nexus? Qu’il commençait à croire que les événements d’il y a dix ans avaient quelque chose à voir avec ceux qui se produisaient là, immédiatement? Il ne le savait pas lui-même. En toute honnêteté, il préférait ne rien avancer pour le moment, parce qu’il n’avait aucune autre preuve que ses propres sens magiques, et surtout une énorme part de pressentiment était à l’œuvre, plus qu’une certitude. Il baissa un moment la tête, réfléchissant un moment en silence, avant de lever les yeux vers les plafonds. Un sourire flotta sur ses lèvres lorsqu’il reprit la parole. Il ne savait que dire après tant d’années de simple correspondance. Pouvait-il encore se considérer comme son ami, après autant de temps? L’amitié était quelque chose de très fragile lorsqu’elle n’était pas entretenue. Finalement, il lâcha un long soupir et regarda la jeune femme droit dans les yeux.

« Mon temps parmi vous tire à sa fin, Jamiël. J’ai vu l’Étoile Sanglante en Sylvandell. Bientôt, un adversaire à ma hauteur arrivera sur Ayshay’la, Terra si vous préférez. Entretemps, je veux réaliser trois choses; assurer l’avenir de Meisa et de ses habitants, nommer un héritier à mon trône et écarter la menace que j’ai entrevue en Sylvandell. »

S’il n’avait pas été aussi sûr des prochains événements, le Roi n’aurait jamais été jusqu’à se déplacer en Nexus. Mais s’il lui parlait de l’héritage et l’avenir de Meisa, c’est que quelque part, sa décision la concernait, elle ou sa protégée. C’était un plan que le Roi avait établi au cas où la position d’Elena n’aurait pas le développement escompté. Le Roi en avait discuté avec Nöly, mais la Reine avait jugé que sa décision n’était pas convenable aux yeux du peuple, qu’elle ne pouvait pas lui permettre une telle chose. Pourquoi abandonner tout cela, et laisser sur sa fille la responsabilité d’un Royaume qu’elle ne connaissait pas? « Parce que je crois en elle. Je crois en la fille de Nöly. Et je sais qu’avec Jamiël à ses côtés, elle deviendra une Reine encore plus apte que moi, ou que vous. » Voilà ce que le Roi pensait, et ce qu’il avait dit à la Reine. Lui qui n’avait plus d’enfants, lui dont le seul fils encore vivant était un traître à son sang, lui qui avait perdu jusqu’à une part de son humanité, il trouvait encore la foi en une personne. Elena n’avait même pas encore ouvert les yeux qu’il voulait laisser entre ses mains l’avenir d’une nation.

Le Roi contourna alors Jamiel et examina les vieux fauteuils qui se trouvaient dans la pièce. Il en chassa rapidement la poussière puis il se tourna vers l’âtre de la cheminée. Agrippant une petite pelle et un seau, il retira les cendres qui s’y trouvaient, puis il y glissa de nouvelles bouches, séchées par le temps, qui promettaient un bon feu, avant de les enflammer du feu de sa paume. Lorsque celui-ci fut assez fort pour illuminer la pièce, le Roi se redressa, secouant ses pantalons pour en chasser les résidus de cendres et de pierre qui s’y trouvaient, pour ensuite s’approcher de la grande bibliothèque qui se trouvait contre le mur opposé. Il parcourut calmement les nombreux livres qui y reposaient d’un bref regard sur la couverture avant d’en extirper un grand ouvrage, intitulé « Les Malédictions et Autres Phénomènes Magiques Néfastes », qu’il dépoussiéra rapidement avant d’y jeter un sort de conservation, pour que les pages ne s’endommagent pas, et il le déposa sur une table. Le Roi tourna quelques pages, remerciant l’auteur pour avoir répertorié les malédictions en ordre alphabétique, et surtout dans la langue ancienne et la langue commune. Lorsqu’il trouva la page qu’il recherchait, il s’éloigna de la table pour laisser Jamiel voir ce qu’il voulait lui montrer.

Sur la page, il était possible de lire les informations suivantes.

« L’Étoile des Présages

À la différence de l’Augure de Mort, l’Étoile des Présages est un astre pouvant être vue par tous, et non pas seulement par une personne concernée. Elle ne se révèle qu’après une ère de grande violence, de tristesse et surtout de mort, normalement après un génocide à très haute échelle. L’Étoile des Présages se présente comme un astre rouge, mais les écrits des anciens révèlent que cette même étoile grossit avec le temps. On en parle comme d’une étoile, mais selon les Anciens, cette étrange lueur est en fait une déchirure entre le monde des morts et le monde des vivants, une cicatrice qui annonce l’arrivée d’une calamité. Plus la calamité approche et plus cette étoile s’étend, jusqu’à devenir un second astre de la taille d’un petit soleil. Cette étoile a d’étranges effets sur le monde des vivants, qui sont divisés en cinq étapes qui déterminent la gravité de la situation. La première étape est le Cauchemar, une période où les mythes et superstitions deviennent une réalité. Par exemple, ceux qui croient en la chance voient des événements tristes se produire lorsqu’ils exécutent un acte qui, normalement, devait avoir une influence néfaste sur celle-ci, et cela ne concerne pas que les croyants, mais aussi ceux qui se trouvent en contact avec eux. La seconde étape est la Chasse, où des monstres pourtant disparus depuis des millénaires resurgissent de l’Abîme pour terroriser les vivants. La troisième étape est le déchainement des éléments, période où la foudre, la pluie et les tempêtes ruineront récoltes et bétails. La quatrième verra la magie noire, les démons et autres plaies de ce monde devenir beaucoup plus puissants, beaucoup plus dangereux, alors que les protecteurs de ce monde seront affaiblis. Finalement, la cinquième étape est celle de l’Arrivée, où la Calamité se produira.
»

Le passage est suivi par une représentation grotesque de la position approximative de l’étoile dans le ciel, ainsi que quelques images de monstres possiblement éveillés par son apparition.

« La première étape ne se produira pas immédiatement, déclara Serenos en s’installant sur un des fauteuils, face à la magicienne. Et je doute que vous n’ayez vraiment à vous soucier des « superstitions » de mon peuple, mais comme Ragnarök chez les barbares du Nord et l’Apocalypse de l’Ordre Immaculé, cette fin va bientôt arrivée, car des massacres innommables sont à venir si je ne parviens pas à les avorter dans l’œuf. Jamiël, je crois qu’Elena est la clé qui nous permettra de retarder le début de cette crise. Je crois qu’Elena peut nous sauver. Et je crois que Meisa pourra devenir une arme pour Elena et la Lignée des Ivory. »

Il jouait maintenant carte sur table; il comptait faire d’Elena la dirigeante de Meisa. Il en parlait à Jamiël car en tant que tutrice et protectrice de la lignée des Ivory, la magicienne était la seule personne capable d’évaluer si ses ambitions étaient raisonnables. Serenos n’entendait évidemment pas que la jeune femme prenne le pouvoir dans la seconde, car de toute façon, Nexus n’était pas encore complètement sous le contrôle de la jeune Reine, et Meisa devait impérativement rester le havre pour les déshérités que Serenos avait établi. Un endroit où ceux qui n’avaient plus de chez eux pouvaient s’établir et vivre en paix, un endroit où les persécutés pouvaient se retirer et s’épanouir. Serenos n’était pas encore prêt à mettre l’avenir d’une nation entre les mains d’Elena alors qu’elle-même n’avait pas son propre royaume entre les siens, mais il avait confiance qu’un jour où l’autre, elle aura la capacité de le faire, de se libérer des entraves du gouvernement actuel et de reprendre les rennes de la contrée que sa famille dirigeait depuis des générations.

« Jamiël, est-ce que le Roi Cramoisi t’évoque quelque chose? Est-ce que ce nom signifie quoi que ce soit pour Elena? »

Le Roi priait secrètement que non, car il y avait encore quelque chose qui l'inquiétait; quelque chose que la Sorcière Grise avait dit. Du fait qu'ils cherchaient à créer un monde nouveau, un monde libre, et pour créer quelque chose de nouveau, quoi de mieux que d'anéantir tout ce qui symbolisait le temps passé? Il n'était pas encore sûr de ses théories, mais il avait la certitude que Meisa n'était pas la première victime des machinations du sorcier maléfique.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

Réponse 7 mardi 15 avril 2014, 12:32:18

Jamiël avait toujours eu la tête sur les épaules, et Nöly la tête dans les étoiles. S’il y avait bien un élément capable de dissocier les deux amies, c’était bien celui-là : Nöly était une éternelle romantique, éprise de liberté, qui venait des Îles Mélisi, et concevait difficilement l’idée d’un mariage sans passion. Jamiël, elle, avait une approche bien plus cartésienne : un mariage renforcerait les liens entre Nexus et les Îles Mélisi, ce dont les deux États avaient bien besoin, avec la menace grandissante des Ashnardiens. On ne pouvait tout simplement pas faire autrement. C’était plutôt curieux, quand on y pense, car c’était Nöly qui était devenue la Reine, soit un poste appelant à être rationnel, et Jamiël magicienne, soit une fonction qui, par définition, laissait place à la rêverie... En théorie, du moins. En pratique, en effet, les magiciens étaient plus souvent proches des rois et des ducs qu’ailleurs, leur servant de conseillers et de protecteurs. Il était désormais admis qu’aucune collectivité territoriale d’importance ne pouvait subsister sans avoir un magicien talentueux au sein de la tête dirigeante. Le magicien fournissait des informations précises sur les monstres, l’influence des forces magiques dans la vie quotidienne, et, plus généralement, servait de précepteur, ou, comme Jamiël, de nourrice. Il en résultait que, parfois, les mages étaient représentés sous la forme d’être avides aux doigts crochus, uniquement motivés par le pouvoir, et dévorés par un arrivisme politique de la pire espèce.

La jeune femme s’en faisait cette réflexion alors que Serenos lui confirma qu’une alliance n’était pas le but de sa visite, ce que Jamiël avait cru comprendre. Elle pensait que c’était plus lié à cette épidémie de peste que les espions nexusiens avaient rapporté, et elle n’avait, en ce sens, que partiellement tort. Le monarque lui expliqua avoir vu « l’Étoile Sanglante ». Jamiël resta silencieuse, tandis que Serenos consultait un grimoire poussiéreux. Elle, elle n’avait jamais cru à ces prophéties, à ces divinations sur la fin du monde. Ce n’était que des racontars propres à amuser la galerie. Si on en croyait les prophéties, le monde aurait déjà du disparaître mille fois, de toute manière. Des prophéties, on en trouvait partout, et, pour elle, ce n’était que la même chose : du délire de créateurs imaginatifs. Nöly, là encore, avait été moins pragmatique qu’elle, et elle laissa Serenos lui montrer la page correspondant à l’Étoile de Présage. Bras croisés, Jamiël entreprit de la lire.

Cette prophétie décrivait la fin du monde en cinq étapes :

  • L’Étape du Cauchemar, où les mythes et les superstitions deviendront une réalité, affaiblissant sans doute les pouvoirs en place en déclenchant des séances d’hystérie collective ou de panique généralisée ;
  • L’Étape de la Chasse, où des monstres anciens reviendront à la surface du monde pour le détruire ;
  • L’Étape de la Tempête, où les éléments naturels deviendront fous, probablement à la suite d’un dérèglement magique résultant de la survenance des monstres de la Deuxième Étape. Sans équilibre magique global, la magie se détériorait, ce qui était susceptible d’entraîner des tempêtes à l’échelle mondiale ;
  • L’Étape de la Magie Noire, dans laquelle la balance magique se déformera à l’avantage de la magie noire, probablement une résultante logique des précédentes étapes. Affaiblis, massacrés, démoralisés, les hommes auront vécu quantité de souffrances inimaginables, ce qui n’a que pour effet d’accroître l’influence de la magie noire ;
  • L’Étape de l’Arrivée, décrite par l’auteur comme la période où la Calamité viendra sur Terra, probablement la fin de toutes choses.



Ce genre de facéties, voilà qui fascinait Nöly. Elle aurait probablement eu des yeux brillants. Cependant, Jamiël, elle, n’était plus une adolescente. En tant que tutrice de la Reine, elle siégeait au Conseil royal, et avait, chaque jour, des sujets de discussion bien plus prosaïques à discuter, l’éloignant de tous ces fantasmes d’adolescents sur la faculté de devenir un hypothétique sauveur du monde : la hausse de la valeur marchande des betteraves, pour prendre un exemple caricatural. Serenos, en tout cas, était convaincu que ce funeste destin allait se produire, et lui fit comprendre que, selon lui, seule Elena avait les moyens de l’en empêcher.

*Allons bon, voilà que ça devient contagieux...*

Est-ce que tout ce laïus n’avait que pour seule autre finalité de demander la main d’Elena ? Jamiël ne pouvait s’empêcher de raisonner de manière assez matérialiste. Bras croisés, elle continuait à écouter Serenos lui parler, lorsque ce dernier lui posa une question, plus perturbante que ses prophéties :

« Jamiël, est-ce que le Roi Cramoisi t’évoque quelque chose ? Est-ce que ce nom signifie quoi que ce soit pour Elena ? »

All Hail The Crimson King... La vieille maxime résonna brièvement dans son esprit à l’évocation de ce nom. Elle ferma brièvement les yeux, avant de lui répondre :

« Il y a quelques mois, la Reine a été dans une embarcation pour aller voir les Hauts-Elfes de la Sylve. Le Judicateur Suprême voulait lui parler, et lui a expliqué des choses sur sa naissance. Depuis lors, Elena est convaincue qu’elle est au cœur d’une espèce de prophétie biblique visant à supprimer le Roi Cramoisi... Je ne voulais pas qu’on lui bourre le crâne de telles inepties, car les problèmes à Nexus sont déjà suffisamment importants comme ça sans qu’on y rajoute des prophéties divines. »

Elle savait qu’elle allait devoir en dire plus, et esquissa un soupir, en se retournant brièvement, comme si elle fixait un point inconnu. Cette crypte... Serenos ignorait très certainement où elle menait réellement. Y aller rappelait à Jamiël de mauvais souvenirs, car ils étaient heureux, et tout ce qui est heureux et appartient au passé ne peut être que mauvais.

« Nöly avait d’importants problèmes de grossesse, et j’ignorais ce qu’elle avait. Le Judicateur Suprême lui a expliqué que ce dont elle souffrait était la conséquence d’un poison particulièrement puissant et efficace, un poison qui, sans l’endommager, détruisait tous les spermatozoïdes que le Roi distillait en elle. Les conclusions du rapport du Judicateur ont été naturellement tenues secrètes, et c’est grâce à son aide que Nöly a finalement pu enfanter. Selon les recherches du Judicateur, le Roi Cramoisi serait à l’origine de ce poison, mais je n’y crois pas trop. Pour moi, il s’agit juste d’un complot politique, mené par quelques nobles influents et des bourgeois puissants, qui refusaient de se laisser faire sans réagir en voyant que la Couronne voulait abolir l’esclavage. »

Pour elle, le Roi Cramoisi était ce qu’il était : un Empereur fou qui s’était exilé dans son ancien fort, et qui était assurément en train de dépérir. En rien, il n’était un instrument du Chaos, ou la créature qui apporterait la fin du monde. Jamiël soupira faiblement. Il y avait d’autres parties qu’elle préférait taire pour elle, notamment la crise magique inattendue d’Elena au monastère. Si c’était un complot, il impliquait effectivement des gens, et on pouvait tout à fait analyser l’entêtement de Jamiël comme une sorte d’aveuglement.

« Je crois qu’il est facile de voir des présages partout, et d’en tirer des conséquences exagérées. Le Roi Cramoisi existe, et je sais qu’il inquiète les Hauts-Elfes... Mais tout inquiète ces derniers depuis qu’ils ont perdu de leur influence. »
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Re : Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

Réponse 8 jeudi 24 avril 2014, 05:57:12

Lorsque la magicienne admis qu’Elena avait un lien, même indirect, avec le Roi Cramoisi, le Roi se sentit soudainement moins vaillant. Une colère sourde l’envahit même lorsqu’elle lui parla du poison qui avait empêché pendant des années Nöly et Liam de connaître le bonheur d’être des parents. Le monarque ne connaissait que deux poisons capables d’agir d’une telle façon, tous deux très efficace, à la différence que l’un était consommé par les femmes, normalement des prostituées, et était disponible chez tous les apothicaires compétents, et un second qui, pour sa part, n’existait qu’en fait, car il ne possédait aucun nom officiel, et très peu de personnes savaient comment le créer. Le Roi allait poursuivre la discussion quand Jamiël lui fit comprendre, subtilement, qu’elle ne désirait pas parler de ce genre de choses, parce que pour elle, elles n’existaient pas, et seules les preuves pouvaient bien lui faire changer d’idées. Chose rare pour un magicien, mais Serenos pouvait comprendre que Jamiël avait délaissé la fantaisie qui accompagnait sa profession pour se concentrer sur les faits réels, parce qu’Elena avait besoin d’une telle personne, comme Nöly avant elle. Le Roi s’étonnait parfois de ne pas être tombé amoureux de Jamiël plutôt que de Nöly, d’ailleurs. Elle répondait pourtant à tout ce qu’il pouvait désirer d’une femme; ravissante, cultivée, intelligente, versée dans les arts magiques et encore bien d’autres, mais peut-être était-ce son amour sincère pour son amie qui avait établi une barrière infranchissable pour les hommes de son genre. Il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, d’ailleurs. Cependant, malgré leurs différences, le Roi avait pour la belle magicienne une sincère affection, et un respect encore plus grand.

« Les prophéties ne sont pas faites pour les gens comme vous, Jamiël. Mais moi, même si elles ne me plaisent pas, une part de moi exige que j’y porte la plus grande des attentions. Restons-en là. Nous sommes tous les deux tels que nous sommes, et je ne voudrais pas gâter notre réunion avec une dispute à savoir si oui ou non mes soupçons sont fondés. Je continuerai d’agir en conséquence, et vous continuerez de protéger Elena des menaces proches. C’est pour cela que je ne suis pas le gardien d’Elena, et vous si. »

Le Roi fit bouger les fauteuils de façon à ce qu’ils soient face à face, avant de faire voler une table près d’eux d’un geste de la main. Comme beaucoup de mage-guerriers, son utilisation de la magie avait quelque chose de moins raffiné lorsqu’il l’usait en temps de paix. Pourtant, il était certainement capable de glisser un peu de grâce dans ses sortilèges. Enfin, chaque magicien avait son style. La finesse de Serenos ne se démontrait que lorsqu’il préparait un sort complexe qui nécessite toute son attention, ce qui faisait de lui le sorcier le plus talentueux de cette ère. Il fit apparaître sur la table deux tasses et y fit apparaître du thé chaud aux herbes aromatisées, puis il en offrit une à la magicienne.

« Et vous? Comment allez-vous? Prenez-vous toujours la peine d’exercer vos talents, ou la vie de la cour royale ne vous laisse pas le temps de pratiquer? »

La magie, comme un muscle, nécessitait une pratique régulière pour conserver sa fiabilité. Un magicien ou une magicienne négligeant son entrainement pouvait parfois souffrir de difficultés au moment de lancer un sort. Et la cour royale n’était pas l’endroit le plus convenable au perfectionnement du talent d’un magicien. Nexus avait sa communauté magique, mais contrairement à Meisa, elle n’était pas aussi commune, et surtout moins encouragée. Serenos, à l’époque des Ivory, avait souvent tenté de convaincre Jamiël de venir un temps en Meisa perfectionner son art, mais Nöly trouvait toujours une raison pour garder son amie près d’elle, pas parce qu’elle ne voulait pas la voir se développer, mais parce qu’elle ne voulait pas être séparée de sa seule confidente.

La conversation resta un moment sur le sujet des aptitudes des deux magiciens. Serenos lui parla alors des progrès de l’Académie de Magie Meisaenne, et lui parla aussi de son projet de faire renaître les Tours de Magie, les vieilles institutions pour jeunes magiciens talentueux, un projet qu’il comptait faire entendre dans tous les royaumes pour que les magiciens de certains endroits moins ouverts puissent se rassembler et être protégés des citoyens, tout en protégeant ceux-ci des catastrophes qu’un magicien mal entrainé peur causer. Il lui parla aussi de quelques nouvelles précautions contre les mages mal intentionnés qu’il avait élaborées en Meisa, ainsi que ses travaux de réaménagement paysagers qu’il entendait entreprendre bientôt; les cinq îles mineures de Meisa seraient bientôt connectés à l’île principale par des ponts, facilitant les déplacements des marchands, et il avait également ordonné la création de navires de guerre. Il présageait une guerre à venir avec Ashnard, suite aux provocations que l’Empire lui avait récemment infligées, à commencer par l’emprisonnement de beaucoup de citoyens Meisaens en territoire Ashnardien sans la moindre notice. Il planifiait également entamer des procédures pour créer entre Meisa et certains royaumes indépendants du Continent Inconnu pour forger une coalition pour faciliter les opérations militaires, économiques et politiques. Ce projet prendrait du temps, mais s’il réussissait un tel projet, non seulement sa légitimité serait davantage approuvée, mais en plus, la puissance de Meisa continuerait de s’étendre.

Après quelques minutes, le visage du Roi sembla se voiler d’une certaine tristesse. Il porta une main à l’endroit de son cœur, où il avait été blessé, puis il leva les yeux vers Jamiël. Cette blessure n’avait rien de douloureux, mais elle lui rappelait un détail sur une autre raison de sa présence.

« Après la mort de Liam et Nöly, je ne me suis pas mêlé des affaires Nexusiennes, parce que cela dépassait mes privilèges royaux. Mais je vois bien qu’Elena n’a pas hérité des pouvoirs de sa famille, parce qu’elle est jeune. Inexpérimentée. Je ne suis pas le meilleur des Rois, c’est pour cette raison que j’ai instauré plusieurs conseils en Meisa en me réservant le droit de veto sur les décisions de mes conseillers si je le jugeais nécessaire, mais voilà, ici, c’est les Conseillers qui ont le droit de veto sur les décisions de la Reine. Je m’inquiète, Jamiël. Je m’inquiète terriblement. »

Devant la magicienne, le puissant Roi se mit à trembler, les mains jointes devant ses lèvres. Nexus était le royaume de ses précieux amis, et Elena était une enfant qu’il avait juré de protéger. Et pourtant, il se sentait si impuissant, car malgré tout, il n’avait au fond aucun pouvoir en Nexus. Il n’avait pas le droit de vote, ni le droit de s’intégrer à la cour. Liam et Nöly, malgré leur confiance mutuelle, savait que Serenos n’avait pas la finesse nécessaire pour ne pas causer de catastrophes. Il était dangereux, tout le monde s’accordait pour le dire, lui inclus.

« Croyez-vous que Nexus a encore une chance de redevenir ce qu’elle fut sous le règne de Liam, Jamiël? Répondez-moi franchement. »

Il serait normal pour la magicienne d’hésiter à lui répondre, voire de s’abstenir. Du temps de Nöly et Liam, il n’était pas rare que certains « problèmes » de Nexus disparaissent mystérieusement, sans laisser de trace, après un passage de Serenos. Et si elle admettait que les nobles mettaient des bâtons dans les roues du trône, Serenos serait capable de se déclarer « ennemi de Nexus » simplement pour avoir le privilège de tuer tous les membres de la noblesse ainsi que ceux du Conseil de Régence qui ne supportent pas Elena. Tel n’était pas son but, évidemment, mais il était de connaissance général que ce genre de choses étaient exactement dans les capacités du Roi de Meisa. Après tout, qui pourrait s’opposer à ce monstre de pouvoir brut une fois qu’il serait à pleine puissance? Il ne déplace pas le Secret de Meisa régulièrement, mais s’il venait à le faire, Nexus en aurait pour des années avant de redevenir ce qu’elle serait. Peut-être était-ce parce qu’il se voyait comme un martyr, ou un truc dans le genre, mais même s’il était détesté de tous, tant qu’il pensait agir pour le bien de tous, il n’hésiterait pas un instant.

Les tremblements du Roi s’estompèrent graduellement, alors qu’il reprenait son sang-froid, mais il regardait toujours aussi fixement la conseillère de Nöly.

« J’ai aussi une autre question. Est-ce qu’Elena… possède le Don? »

Le Don était l’appellation que Serenos et ses semblables donnaient à la capacité d’user de la magie. Le Don n’était pas toujours héréditaire, quoi que la famille des Ivory avait témoigné par moment l’existence d’un certain talent magique, quoi que le dernier magicien de cette lignée remontait à près de trois siècles auparavant. La magie n’était pas toujours démontrée par un pouvoir exceptionnel, mais il arrivait que certaines personnes douées possèdent une chance incroyable, ou un instinct sans faute, d’autres attiraient à eux des alliés et des personnes possédant des talents incroyables. Le Destin et le Don étaient intimement liés, et dans des périodes de grands troubles, un nombre croissant de magiciens et de gens possédant des pouvoirs particuliers apparaissaient.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

Réponse 9 samedi 26 avril 2014, 02:42:20

Jamiël et Serenos continuèrent à discuter de choses et d’autres, Serenos ne tardant pas à évoquer Meisa, et la manière dont il essayait d’améliorer ce dernier. Jamiël lui demanda si cette épidémie de peste qui avait éclaté chez lui n’était pas liée aux Ashnardiens, ce qu’il démentit, tout en soulignant le fait qu’il s’attendait à devoir un jour affronter les Ashnardiens. Il envisageait ainsi de créer une coalition regroupant d’autres puissances pour opposer un front solide à l’Empire. Il est vrai que l’Empire d’Ashnard multipliait les offensives contre les royaumes neutres. Ses assauts contre Inferis avaient permis de se rapprocher des Infernois, et Nexus avait participé avec lui au siège d’Herzeleid. De même, on disait que les Ashnardiens massaient des troupes près de cette région du globe qu’on appelait « royaume terranide ». Les évènements se précipitaient, et la rumeur disait aussi que les Ashnardiens se préparaient à mener un autre assaut général contre les superforts nexusiens. Serenos avait, en somme, bon espoir de réussir à créer un second front, probablement pour contourner les principales lignes ashnardiennes, et placer l’arrogant Empire en situation de faiblesse. Pour Jamiël, ainsi que pour les stratèges nexusiens, seule Tekhos avait les moyens matériels de défier les hordes innombrables des Ashnardiens sur le continent. Là où Nexus était avant tout une puissance maritime, par le biais de ses immenses flottes quadrillant les océans, Ashnard, lui, était clairement une puissance continentale, disposant d’une infanterie terrifiante, d’une artillerie de guerre monstrueuse, et d’une capacité phénoménale à renouveler ses garnisons et à renforcer ses armées. Leurs sombres alliances permettaient de plus aux troupes ashnardiennes de traverser le continent sans être inquiétées par la plupart des monstres et des forces sombres qui l’habitaient, et qui avaient souvent pour effet de ralentir un peu le déplacement des armées. Pour l’heure, la stratégie de Nexus était essentiellement défensive. Le Conseil royal voulait sécuriser davantage la frontière, et envisageait, à long terme, des attaques maritimes pour affaiblir l’Empire en l’attaquant depuis les côtes. Nexus voulait aussi développer des alliances économiques avec la plupart des puissances neutres. L’or était le nerf de la guerre, que ce soit pour payer la solde des soldats, entretenir les forts, ou la flotte. Jamiël, qui avait accès au budget du royaume, savait que les dépenses militaires constituaient une part importante des caisses du Trésor.

« Croyez-vous que Nexus a encore une chance de redevenir ce qu’elle fut sous le règne de Liam, Jamiël ? demanda alors Serenos, arrachant Jamiël à ses pensées. Répondez-moi franchement. »

Elle réfléchit brièvement. Toute la question était de savoir ce que Nexus était censé être « sous le règne de Liam ».Les commentateurs voyaient alors Nexus comme étant à son apogée, mais Jamiël savait que ce n’était pas vrai. Pour elle, il était injuste de mettre tout sur le dos du Conseil, ou d’Elena, pour justifier l’appauvrissement croissant de Nexus, l’explosion de la précarité, de la misère sociale, et la hausse globale de la délinquance. C’était un raccourci bien trop facile, et qui négligeait d’autres réalités. Elle hésitait un peu, mais Serenos enchaîna alors, sans lui laisser le temps de répondre à sa première question :

« J’ai aussi une autre question. Est-ce qu’Elena… possède le Don ? »

Le Don... Un terme élogieux pour désigner le fait d’avoir des aptitudes magiques. À l’académie, on avait appris à Jamiël que la magie était une force naturelle. En tant que telle, elle pouvait donc être appréhendée sous bien des manières, notamment scientifique, et il était admis que la magie était universelle. Chaque individu, techniquement, avait en soi le Don, mais, chez la majorité des personnes, il était latent, inexpressif.

« Pas au sens où on l’entend habituellement, non... Elena a une formatrice magique, vous savez... Une Haute-Elfe, Nyzaël. Cette dernière a essayé de lui enseigner certains sorts élémentaires, mais Elena en est tout simplement incapable. Pourtant, d’après le Judicateur, Elena a une aptitude spéciale, qui est partiellement génétique, et partiellement... Autre chose. »

On en revenait à ces histoires de prophétie. Jamiël ne savait vraiment pas quoi en penser. Pour une mage, elle était très rationnelle, ce qui, a priori, semblait contradictoire. Cependant, elle avait toujours eu une vision pragmatique et réaliste des choses, à l’opposé de Nöly, qui avait toujours été une éternelle romantique. Jamiël réfléchissait à nouveau, et revint alors sur la première question de Serenos :

« Par ailleurs, ne croyez pas que les problèmes que Nexus connaît sont là depuis la mort de Liam et de Nöly. La situation à Nexus se dégrade depuis des dizaines et des dizaines d’années. Un poison lent et corrosif. Leur mort n’a fait qu’accélérer ce système. Certains des conseillers sont effectivement corrompus, mais il faut aussi se replacer dans le contexte. Pendant une dizaine d’années, il n’y avait plus aucun Ivory à Nexus, un fait historique sans précédent. Le royaume aurait pu sombrer dans la guerre civile, dans des guerres de succession interminables... »

Un sort funeste qui aurait sans doute été réel si Elena avait aussi été tuée. Elle était la survivante, la dernière des Ivory, continuant à perpétuer la lignée royale. Sa mort aurait des effets dramatiques. Le Conseil royal tirait sa légitimité du fait qu’il y avait encore une Ivory au pouvoir. Si cette Ivory venait à disparaître, le royaume sombrerait dans la guerre civile. Les Mélisains étaient persuadés que c’était ce que certains Nexusiens voulaient, et c’était pour ça qu’ils avaient décidé, malgré les remontrances du Conseil et les menaces de ce dernier, de conserver Elena chez eux, à l’abri.

« Le Conseil a hérité d’un royaume exsangue, essoufflé par la guerre, épuisé par l’influence croissante des guildes... Je ne dis pas que leur action a été bénéfique pour Nexus, mais, sans eux, la situation aurait été encore plus terrible. Je sais qu’Elena a conscience de cette situation, et elle sait aussi qu’on ne peut pas gouverner un royaume sans conseillers. Est-ce que ça sera suffisant pour permettre à Nexus de refleurir ? Je ne peux que l’espérer. »

C’était tout ce qu’elle pouvait faire : prier pour le bien-être de Nexus.
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Re : Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

Réponse 10 vendredi 02 mai 2014, 17:08:28

« Pas au sens où on l’entend habituellement, non... Elena a une formatrice magique, vous savez... Une Haute-Elfe, Nyzaël. Cette dernière a essayé de lui enseigner certains sorts élémentaires, mais Elena en est tout simplement incapable. Pourtant, d’après le Judicateur, Elena a une aptitude spéciale, qui est partiellement génétique, et partiellement... Autre chose. »

N’importe qui peut faire appel à une forme de magie, ce qui explique d’ailleurs pourquoi le nombre de mage noirs ne cessait de croître ces dernières années. Si Elena avait le Don, ne serait-ce qu’une part fragmentaire de celui-ci, il pourrait espérer l’aider à le faire fleurir.

« Je ne doute pas des capacités de cette formatrice, Jamiël, mais les Haut-Elfes ont leur méthode d’enseignement, et j’ai les miennes. »

Enfin, il n’avait pas vraiment à en parler avec Jamiël, puisqu’elle n’était pas la principale concernée dans cette histoire. Serenos pouvait aller très loin pour réussir à faire surgir les capacités d’une personne, mais il réussissait toujours. Il proposerait à Elena ses services en tant qu’instructeur et s’il s’avère que son Don avait une forme distincte, gérée non pas par le contrôle mais par la situation, il devrait l’en aviser immédiatement. Le Roi détailla un moment la pièce du regard et étira un sourire, écoutant d’une oreille les propos de Jamiel par rapport au Conseil de Régence. Son avis sur les guerres civiles était clair; s’il y avait une guerre civile, c’est que le peuple voulait du changement, et si l’existence d’une Ivory avait aidé à contenir la gronde, c’est que le peuple avait encore fois en cette famille, et croyait qu’avec l temps, une Ivory pourrait redresser la situation.

Le Roi ne connaissait rien aux conflits internes nexusiens. Leur situation financière n’était pas sa préoccupation, il n’avait qu’Elena et son bien-être en tête. S’il n’en tenait qu’à lui, la Nexus actuelle brûlerait qu’il ne pisserait pas dessus. Il préfèrerait sincèrement la voir être purifiée par les flammes que rongée par la corruption et la décadence. Il pouvait comparer le royaume de sa protégée au sien autant qu’il le voulait, il savait qu’il était injuste de juger un royaume plurimillénaire et un autre d’une existence beaucoup plus courte, d’une population moindre et surtout beaucoup moins impliqué dans les affaires continentales. Nexus avait eu des siècles et des siècles pour développer ses problèmes, n’étant pas toujours guidés par des gens particulièrement éclairés ni très préoccupés par la santé de son peuple, alors que la vie incroyablement longue du Roi de Meisa avait instauré une certaine stabilité chez lui. Bref, il pouvait comprendre ce que Jamiël lui disait, et même s’il rechignait à admettre, comme toujours, l’utilité d’un conseil de régence alors qu’il y avait une Reine bien vivante et en excellente santé, il pouvait au moins calmer ses impulsions sauvages de massacre, voire de génocide, d’une caste particulière.

La nuit tomba rapidement, sans que leur discussion ne mène nulle part, mais le Roi n’y portait guère attention. Il n’était pas là pour prendre dominance sur le Royaume Nexusien, pas plus que pour se mêler de la vie de la cour. Ses méthodes étaient trop draconiennes, et réclameraient l’immunité que seul le titre de Roi pouvait conférer à un habitant de ce royaume, et Elena était… trop jeune. Il se souvenait des plaisanteries échangées entre lui-même et Liam, à une époque, où par une soirée de beuveries, les deux hommes planifiaient en ricanant le mariage entre lui-même et une possible fille du Roi de Nexus, si le destin le lui en accordait une. Ce n’était jamais plus que des plans de deux hommes ivres, de vieux amis qui ne voulaient briser leurs liens pour rien au monde, et lier leurs destinés pour que jamais celles-ci ne les sépare. L’amour que le Roi de Meisa vouait à Liam était parfois difficile à expliquer, même pour lui-même. Liam était fort, intelligent et plein de valeur, alors que le Roi de Meisa n’avait atteint sa propre puissance que parce qu’il avait été béni par la magie. Personne en ce monde ne pouvait détester Liam, même ses ennemis s’entendaient sur le fait qu’il était dommage de s’opposer à un homme d’une telle qualité, alors que Serenos, pour sa part, était détesté par tous ceux qui ne le connaissaient que de nom. Peut-être l’avait-il mérité, accordait-il à certains détracteurs, mais cela ne l’empêchait pas par moment d’envier Liam, d’aspirer à devenir un homme aussi droit que lui. D’ailleurs, à une époque, il essayait de s’inspirer du règne de Liam pour diriger Meisa, ce qui s’avéra être un lamentable échec, puisque la variété ethnique de Meisa nécessitait une plus grande capacité d’adaptation et surtout une fermeté que beaucoup ne voyaient pas chez lui. Comment autrement pourrait-il empêcher les dragons de faire des ravages sur les villages? Arrêter les raids des Drows? Maintenir en respect les orcs qui cherchaient toujours une nouvelle raison de s’attaquer à leurs voisins? Le Roi avait toujours maintenu son royaume en équilibre car il devait ÊTRE cet équilibre.

« S’il plait à sa Majesté, j’aimerais inviter Elena à parcourir avec moi les rues de Nexus. Si je me souviens bien, il n’est pas interdit à son Altesse de quitter le palais sous bonne escorte, et puis, j’aimerais pouvoir lui parler loin des oreilles indiscrètes. »




Le cadavre d’Aleister fut couvert d’une couverture sous les yeux d’Alessa. La Matriarche des Meisaennes avait découvert l’officier sans vie, un peu plus tot dans la soirée, la gorge ouverte. Un assassinat. Elle aurait été furieuse, en temps normal, qu’un officier aussi talentueux et plein de promesses lui était ainsi arraché. La matriarche considérait l’armée de Meisa comme sa famille, aimant chaque membre comme s’ils étaient ses propres enfants, mais plutôt que de la colère, elle ressentait un énorme vide, qui était explicable par sa complète absence de compréhension. Pourquoi, se demandait-elle. Pourquoi quelqu’un voudrait faire du mal à une personne qui n’avait jamais mis le pied en Nexus? Pourquoi lui? Qu’avait-il fait? Et qu’est-ce qui justifiait qu’il puisse être tué d’une façon aussi odieuse? Même en Meisa, un assassin donnait au moins une chance à son adversaire, en lui donnant une forme d’avertissement, avant de mettre son acte à exécution. Elle demanda que le corps soit déplacé discrètement et ramené dans les campements pour les funérailles. Elle tint aussi à leur arracher la promesse de ne rien laisser sortir de cette pièce, que la mort de l’officier était une affaire qui devait se mener dans la plus grande discrétion, et qu’elle prendrait toute responsabilité admettant qu’il y ait faute. Elle ne pouvait simplement pas se permettre de laisser le Roi être informé de cette histoire, où il deviendrait fou de rage. Pas parce qu’un homme est mort, car tout le monde meurt un jour ou l’autre, mais parce que quelqu’un avait assassiné une personne en pleine visite diplomatique, et que cela, à ses yeux, était une raison pouvait justifier l’usage de la force pour dénicher les rats capable de telles abominations.

Les lois de l’hospitalité en Nexus comme en Meisa sont très strictes. Les invités étaient protégés contre les multiples menaces par diverses raisons. Une, et la plus crédible, était la Loi, qui interdit quiconque de blesser, maltraiter, ou tuer volontairement un hôte, un crime punissable d’emprisonnement et possiblement de mort, puisqu’un royaume incapable de protéger ses invités est un royaume que l’on dit malade, et perd rapidement de son prestige et de sa valeur par rapport aux autres royaumes, Ashnard étant présentement l’un des pires de cette catégorie, et tout seigneur, duc, comte ou marquis osant trahir un invité officiel pouvait se voir retirer titres et terre. Une autre était la menace divine, car effectivement, beaucoup de cultes protègent les lois de l’hospitalité, insistant sur le fait qu’une personne offensant un hôte se verrait maudit sur plusieurs générations.

Alessa ne pouvait cependant pas mener son enquête librement, et elle savait exactement à qui s’adresser pour ouvrir celle-ci. La Meisaenne quitta la chambre d’Aleister et s’empressa de gagner les couloirs du palais, préférant marcher vite plutôt que courir et risquer d’alerter tout le monde. Elle gravit rapidement les quelques marches qui la mènerait dans les quartiers des officiers militaires. « Troisième porte à droite après la fontaine » se souvint la guerrière. « Bon sang, ils ne peuvent pas avoir des noms ou des numéros sur les portes, dans ce foutu château? »

« Aïe! »

Le gémissement de douleur de la Meisaenne raisonna dans tout le couloir, et la guerrière se recroquevilla, les mains sur son genou. Elle venait de heurter une des décorations qui ornait la fontaine susmentionnée. Elle se mordit la lèvre inférieure en caressant sa blessure, ravalant tant bien que mal ses larmes de douleur. Elle prit quelques inspirations. Elle se releva et marcha légèrement en boitant sous la douleur qui lui lacérait le genou. « C’est pas vrai, dites-moi que je rêve! Je vous jure, si je savais qui a fait les putains de décoration de cette fontaine à la con, je lui ferai avaler la totalité de son contenu, moi! Jusqu’à ce qu’il explose sous la pression! » Telles furent les pensées de la digne et puissante dame alors qu’elle arrivait finalement devant la porte des appartements de Langley. Elle s’éclaircit la gorge, redressa prestement sa coiffure, renifla son haleine, grogna et se ficha de la menthe dans la bouche, la mâcha un moment en faisant les cent pas dans le couloir, puis renifla à nouveau. Mieux.

Ce comportement étonnant s’expliquait facilement lorsqu’on comprenait la mentalité de la ravissante demoiselle. Célibataire avec un grand faible pour les hommes arborant de fières cicatrices, et surtout pour les hommes capables de la mettre au tapis, elle avait toujours eu le béguin pour le bel officier, même lorsqu’elle n’avait que quinze ans, à l’époque de Liam, quand elle l’avait vu pour la toute première fois.  « Situation pressante ou pas, pas question de laisser passer une chasse de bien paraître devant lui », s’exclama mentalement la dame. Elle cogna vigoureusement à la porte du poing, pour être sûre que celui qui y était ne puisse ignorer sa présence, et attendit qu’on vienne lui ouvrir. Elle sentit soudainement ses jambes la démanger, lui donner une envie très pressante de courir loin d’ici, et de chercher une autre méthode de régler la situation. Aussi vaillante qu’elle était sur le champ de bataille, l’inexpérience d’Alessa par rapport aux hommes la gênait profondément, et son courage prenait souvent la poudre d’escampette. Elle allait finalement se retirer quand le visage vidé par la mort d’Aleister lui revint en mémoire. Elle se mordit la lèvre inférieure et asséna de nouveau coup sur la porte.

« Ronald Langley, ouvrez cette porte! »
« Modifié: vendredi 02 mai 2014, 17:14:48 par Serenos Sombrechant »

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

Réponse 11 lundi 05 mai 2014, 01:34:44

Ronald « Scar » Langley était un vieil ami de Liam Ivory, un camarde de guerre. Ils avaient été paladins ensemble, auprès du Griffon, et il était resté loyal à sa fille, à la Couronne, et à Nexus. Ronald se souvenait encore des inquiétudes de Liam quand son père avait annoncé vouloir le marier à une Mélisaine. À l’époque, avoir une femme originaire des Îles Mélisi était le meilleur choix possible pour la Reine, un message fort afin de continuer à renforcer la puissance atlantiste de Nexus, et ainsi pouvoir mieux défier les hordes infernales de l’Empire d’Ashnard. Liam, cependant, n’avait jamais été emballé à l’idée de ce mariage politique. Il était un guerrier, pas un animal politique, et les intrigues de cour et les querelles de clochers entre les grandes maisons le lassaient plus qu’autre chose. Il était beaucoup plus proche de l’armée et de la populace que de la noblesse, ce que son règne avait illustré. S’il n’avait pas été tué aussi précipitamment, il était certain, pour Ronald, que le Lion aurait réussi à pousser ses réformes sociales. L’esclavage n’aurait peut-être pas été totalement aboli, mais cette pratique aurait été fortement ébranlée, et Elena aurait hérité d’un royaume bien plus stable, bien plus paisible. Au lieu de ça, la cité-État connaissait une crise sociale sans précédent, la révolte grondait, et la guerre contre Ashnard continuait perpétuellement. Le peuple détestait de plus en plus la Reine en place, et, même si Ronald savait qu’il ne fallait pas accorder une trop grande importance à l’opinion populaire quand on dirigeait un royaume, être une Reine mal-aimée n’était jamais facile à accepter, surtout quand cette rancœur était injustifiée.

Les Meisaens l’embêtaient. Ce n’était pas surprenant : Ronald détestait tout ce qui sortait de son habitude. Il avait pour charge la protection du palais d’Ivoire, et plus particulièrement de la Reine de Nexus. Chacun des hommes de la garde du Palais étaient sélectionnés sur les soins de Ronald, et il fallait parfois des mois pour que Ronald accepte une nouvelle tête. On ne lui prêtait aucune concubine, et aucune relation sexuelle, ce qui ne manquait pas de faire jaser bien des membres de la Cour royale. Aucune prostituée de luxe dans ses quartiers, rien d’autre que le travail, la protection du palais d’Ivoire, et la gestion du royaume. En tant que paladin, Ronald avait un siège au Conseil royal, représentant Haven et l’Ordre du Phénix. C’était une activité qu’il exerçait soigneusement, et, si Ronald n’avait jamais trouvé d’épouse, c’était parce que la femme qu’il aimait lui avait été arrachée lors de la destruction du « Royal’s Wings ». Liam avait vu Nöly pour la première fois deux jours avant la cérémonie, en faisant le mur, et Ronald l’avait aidé dans ce sens. Liam tenait absolument à voir sa promise, et, la première fois que Ronald avait vu Nöly, dans un manoir dans les hauteurs de Nexus, il en était tombé amoureux. Dire qu’il n’avait jamais jalousé Liam serait faux, bien entendu, mais son amitié et son sens de l’honneur prévalaient aux sentiments qu’il éprouvait pour Nöly. Pour être honnête, si cette dernière n’était pas morte, cette amourette se serait progressivement estompée avec le temps, mais, suite à la mort de son vieil ami, et de celle qu’il avait secrètement aimé, Ronald s’était senti responsable du sort d’Elena. Dans les mois qui avaient suivi la catastrophe, c’était Ronald qui avait assuré le lien entre Elena et Nexus, en indiquant au Conseil de régence que cette dernière allait bien, mais que les Mélisains avaient choisi de la protéger. Cette situation avait, à l’époque, profondément refroidi les relations entre les deux États, ce qui faisait que, même maintenant, on pensait que les Mélisains avaient juste cherché à retourner l’esprit d’Elena, en la rapprochant d’Adamante, une Mélisaine au caractère bien plus trempé que la discrète Elena.

Ronald n’aimait pas que des étrangers arrivent dans le Palais d’Ivoire, tout simplement, car des étrangers signifiaient toujours des problèmes. Pendant que Jamiël était en train d’expliquer à Serenos qu’une visite avec la Reine ne pourrait se faire qu’avec l’aval de Ronald, ce dernier était dans son bureau, dans ses appartements personnels. Il avait délaissé son armure pour des vêtements plus simples, et écrivait des ordres de mission à la lueur de chandelles de nuit.

Il entendit des coups frénétiques se taper à sa porte, et grommela, légèrement contrarié qu’on vienne ainsi le déranger, alors qu’il était sur des choses importantes. Ses ordres de réquisition étaient liés à une enquête architecturale qu’il était en train de mettre en place, afin de pouvoir condamner les passages secrets qui circulaient dans le Palais d’Ivoire. Ces passages, qui correspondaient à d’anciens couloirs datant des anciennes forteresses, ou avaient été construits par des rois paranoïaques, représentaient des failles pour la sécurité, et Ronald espérait bien lutter contre eux.

On tapa à nouveau, et il reposa sa plume en soupirant.

*Quel est donc le sagouin qui vient à une heure pareille ?!*

La soirée était bien avancée, et, depuis sa fenêtre, il faisait nuit. Ronald finit par s’extirper de son bureau, et s’avança lentement. Il entendit une voix étouffée, féminine, parler à travers la porte, mais cette dernière était plutôt solide, ce qui fit qu’il n’entendit rien. Ronald s’avança rapidement, et récupéra la clef de la porte, puis l’enfonça dans la serrure, et la fit tourner.

En l’ouvrant d’un coup, il cligna des yeux en reconnaissant Alessa. Quand Serenos venait voir Liam, jadis, il était accompagné par cette femme. Une poupée assez mignonne, dont la vision lui avait souvent permis d’oublier Nöly. Légèrement troublé, car il s’attendait à voir une servante, Ronald cligna des yeux, avant de laisser passer son trouble.

« Alessa ? demanda-t-il. Par la sainte barbe, que vous arrive-t-il donc, à matraquer ainsi ma porte ?! »
« Modifié: mercredi 07 mai 2014, 19:04:54 par Elena Ivory »
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Re : Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

Réponse 12 mercredi 07 mai 2014, 02:13:08

Il y avait seize ans, il y eut de grandes festivités pour accueillir la naissance de la jeune princesse Elena de Nexus, et pour l’occasion, il y eut un grand tournoi, organisé par quelques riches nobles de Nexus et auquel Serenos, accueillant l’idée avec un plaisir évident, avait accepté de mettre la main à la bourse. Bien évidemment, Serenos ne put y participer, puisqu’un combattant usant de la magie à la base de son style de combat ne pouvait gagner légitimement, mais il nomma la jeune Alessa, quinze ans à l’époque, pour le représenter en tant que championne. C’était la première fois que Serenos lui confiait une mission, et malgré son jeune âge à l’époque, et les rires de l’assemblée, Alessa le représenta volontiers. Les rires moqueurs ne firent pas long feu dès le premier combat; armée d’une version à une main de Carnage, la future Matriarche s’était retrouvée devant un soldat de deux mètres, une montagne de muscles. Les spectateurs parièrent tous contre la jeune combattante, avec derrière elle comme seul supporter le Roi de Meisa, qui misa beaucoup d’argent, sans le lui dire pour ne pas lui mettre de poids sur les épaules, ayant une parfaite confiance en ses capacités. Après la sonnerie des trompettes, Alessa et le géant échangèrent à peine une dizaine de coup avant qu’elle ne désarme son adversaire en sectionnant les nerfs de sa main et lui plante sa « petite » épée sous la gorge. Les rires prirent fin, et les trompettes sonnèrent à nouveau pour annoncer la suite de combats. C’est donc en se retirant pour laisser sa place au prochain qu’Alessa rencontra pour la premier fois Sir Ronald Langley, communément appelé Scar par ses amis, et parfois par ses ennemis. En le voyant, l’adolescente qu’était la jolie Meisaenne ne put s’empêcher de lui adresser un sourire radieux, en lui souhaitant la bonne chance et un bon combat, avant de regagner les loges, le cœur battant la chamade.

Les deux combattants se firent face à l’avant-semi-finale, dernier combat avant ceux qui pouvaient réellement déterminer qui allait accéder au grand prix et  aux honneurs d’avoir vaincu  tous leurs opposants. Et dans ce combat, Alessa connut pour la première fois le brave guerrier à la cicatrice. Pour la bataille, les armes furent interdites, forçant les adversaires à user de leur entrainement physique pour prévaloir sur l’autre.  Plus vieux et aguerri, Ronald se révéla être un adversaire à la fois solide sur ses jambes, contrant avec habileté les coups d’Alessa, qui se révéla pour sa part être particulièrement souple, rapide et puissante. Si ce n’était pas de cet expérience qui les différenciait, peut-être que Ronald aurait sous-estimé Alessa, lui laissant le champ libre vers la victoire par sa mésestimation, mais au contraire, il l’affronta de face, sincèrement, sans commettre l’erreur de la prendre pour une gamine.

La fille frappait fort, mais ses capacités n’étaient pas encore à leur apogée, ce qui permettait au soldat Nexusien de dévier aisément ses assauts et répondre par une gifle ou un bon coup de poing, sans montrer le moindre égard au sexe de son opposant ou à son âge; il la traitait comme un adversaire qu’il devait vaincre, et pour cette raison, ce fut un des combats qu’Alessa conserva dans sa mémoire comme étant le plus beau qu’elle n’eut jamais. Les coups échangés, les cris de la foule qui l’encourageait, l’enchainement vif des coups, qui passaient ensuite aux blocages ou aux tacles, ainsi qu’aux prises solides et la sueur qui coulaient sur son front, la Meisaenne sentait le sang de ses ancêtres bouillir dans ses veines alors qu’elle se donnait le plus possible contre le paladin. Mais autant qu’elle dépensa ses forces pour atteindre la victoire, autant celle-ci était hors de portée pour une jeune femme telle qu’elle; après un moment, elle fit l’erreur de ne pas suivre avec autant d’attention qu’elle aurait dû la progression de sa propre fatigue par rapport à celle de son adversaire. Celui-ci avait capté le ralentissement dans son rythme et avait aussitôt commencé à riposter, brutalement, efficacement, sans la moindre pitié. Il frappa la gamine au visage, dans l’abdomen, aux jambes, sans lui laisser la moindre chance de répondre.

Aux yeux des spectateurs, cela semblait être de la triche, mais aux yeux des soldats, ou de ceux qui voyaient le combat pour ce qu’il était, tous s’entendait pour admirer la retenue du paladin et sa stratégie pour épargner son opposant, vaincu dès l’instant où il avait commencé à fatiguer alors que le Paladin n’avait même pas encore accéléré sa respiration. En cause de désespoir, la Meisaenne réussit à agripper le bras de l’homme et le faire passer par-dessus son épaule pour le faire tomber au sol avec brutalité, avant de grimper rapidement sur son corps et le tenir en joue de son poing face à sa gorge. Elle le dévisagea, alors qu’il la regardait, et elle se sentit rougir de plaisir, avant que sa vue ne se trouble et qu’elle ne s’effondre, hors d’haleine. Elle avait perdu, certes, mais elle n’était pas décue, pas le moins du monde. C’était probablement cette fois là que Ronald fit battre le cœur de la Meisaenne pour la première fois, mais ce fut également la seule, puisqu’ils ne se virent plus que périodiquement suite au tragique trépas de Noly et Liam en mer.

Le voila maintenant devant elle, magnifique comme dans ses souvenirs. Un peu plus vieux, par contre, mais cela était loin de déplaire à la Meisaenne, qui voyait les rides comme la preuve d’une vie riche d’expériences diverses. « Beau » n’était pas le terme le plus juste pour le décrire. Il n’y avait pas de terme suffisamment clair pour décrire cet homme, sauf peut-être « noble ».  Oui, il lui semblait noble. Noble et fier, droit comme un chène et solide comme un roc, même s’il semblait fatigué par les années de servitude et de politique. En le voyant, elle manqua d’oublier la raison pour laquelle elle était là. En voyant son visage, elle avait envie d’oublier les problèmes pour pouvoir lui parler, simplement, juste avec lui. Mais elle ravala son esprit de femme pour se concentrer sur celui du soldat, car l’esprit des morts réclamait justice, et leur tourner le dos pour satisfaire son désir de femmes lâcherait à sa suite une poisse incroyable qui aurait tôt fait de s’accrocher à son âme.

« Trois Meisaens ont été tués cette nuit, Sir Langley, lui dit-elle directement, les yeux plantés dans les siens. Deux officiers. J’aurai besoin de votre aide pour trouver les coupables. »

Pour qu’il ne lui pose pas mille questions auxquelles elle n’était pas sûre de pouvoir répondre, la Matriarche lui glissa entre les mains tout ce qu’elle avait pu recueillir comme information sur les cadavres de ses subordonnés. La méthode d’assassinat, l’heure du décès, l’arme du crime supposée selon la forme de la plaie, les noms et les relations de chaque victime, et leur position dans l’armée. Il y avait même une case spéciale où un seul était coché « Descendance Royale », puisque le Roi avait après tout un nombre incroyable de descendants.

« Nous savons que leurs assassins ne peuvent pas être entrés dans le palais après le couvre-feu, puisque les passages secrets connus par les nexusiens sont étroitement surveillés. Nous savons aussi que ceux qui se sont attaqués à mes gens n’avaient pas une haine des Meisaens; le coup était trop propre et surtout trop expert pour laisser penser à un meurtre d’intérêt. C’est un assassinat, un sabotage. »

Et un coup monté, assurément; quelqu’un voulait que Serenos déteste Elena et la soupçonne de prendre des moyens détourner pour le faire sortir de son territoire. Puisque sa Majesté ne connaissait la Reine que de nom, sans avoir pu avoir une seule fois une discussion sincère avec elle, l’esprit du Roi est rempli de doutes envers elle, et surtout qu’il ne savait pas quel influence que pouvait avoir un conseiller hostile à Meisa. Mais elle ne pouvait pas faire de telles accusations devant l’homme; il lui dirait qu’elle pense trop, que ce n’était qu’un simple meurtre et que personne en Nexus ne serait assez bête pour tenter quelque chose contre des invités.

Alessa ne se serait certainement pas permis de déranger Ronald si elle n’était pas sûre que quelque chose de louche se passait. La dame regarda fixement le paladin.

« Je sais que je devrais en parler à mon Roi et à la Reine, mais je tiens à ce que cette enquête reste à notre discrétion. Mon maître et Seigneur n’aura pas la clémence de poser les questions avant de tuer de simples suspects, et je refuse qu’il entache davantage sa réputation. S’il vous plait, aidez-moi. »

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

Réponse 13 vendredi 09 mai 2014, 01:59:26

Ronald était, techniquement, toujours membre du Griffon. Quand on était paladin, on prononçait ses serments à vie, mais il avait beaucoup perdu de ses aptitudes. Ses fonctions au Palais d’ivoire faisaient qu’il n’avait pas souvent le temps de s’entraîner comme il le devrait, à son grand dam. Il pouvait néanmoins toujours se féliciter de ne pas avoir pris trop de poids, et d’avoir conservé une forme svelte et musclée. Il avait toujours avec lui son armure, qu’il lubrifiait régulièrement, ainsi que son épée. Quand Liam était mort, c’était Ronald qui avait hérité de son armure et de son épée, des armes redoutables. Lui seul savait où elles étaient entreposées, et il avait prévu de donner à Elena l’épée de son père, quand elle deviendrait enfin Reine. Ronald se mit à y songer, car, en revoyant Alessa, il se rappelait quand il l’avait vu. Le tournoi... Il ne s’en souvenait pas énormément, mais c’était là qu’il avait affronté cette femme. Elle ne payait pas de mines, comme ça, mais Ronald, qui avait choisi de s’inscrire à ce tournoi pour faire plaisir à Liam, ne s’y était pas trompé.

Au sein du Griffon, Ronald n’avait pas été un paladin légendaire, mais plutôt talentueux. Il était le fidèle compagnon de guerre de Liam, un individu qui alliait stratégie militaire, rigueur physique, et maîtrise de la magie lumineuse, ainsi que du maniement à la lame. Il avait été surpris par les capacités au combat d’Alessa, qui avait réussi à le blesser et à le mettre mal à l’aise. Ronald aurait bien failli ne pas participer à ce tournoi, car il était un paladin, et, parmi les serments promulgués, il était interdit de se battre simplement par divertissement, mais on avait considéré que la naissance de la Reine méritait bien l’investissement de son parrain. La Meisaenne avait été une adversaire de valeur, mais Ronald ne savait qu’elle en pinçait pour lui. À vrai dire, il estimait que sa cicatrice devait suffire à repousser n’importe quelle femme. Bien des mages et des guérisseurs avaient proposé de lui enlever cette cicatrice, mais Langley avait toujours refusé, arguant qu’on reconnaissait la valeur d’un guerrier à ses blessures de guerre. Tant qu’une blessure n’était pas handicapante, il fallait la porter avec fierté. Il avait donc défié cette femme, et, s’il avait gagné, elle avait pu partir la tête haute.

Elle lui annonça que trois Meisaens avaient été tués, et Ronald blêmit sur place.

« Quoi ?! » s’exclama-t-il, incrédule.

Deux officiers étaient morts, et Ronald accusa le coup. Même si Meisa ne s’était pas invité, et n’était donc pas une délégation officielle ou diplomatique, ils étaient quand même des invités, bénéficiant en ce sens des règles de l’hospitalité, et donc de la protection accordée par l’hôte à ses invités. Une mort risquait d’avoir des répercussions diplomatiques, et de provoquer une crise diplomatique. Tandis qu’Alessa remettait à Ronald des informations, ce dernier lui fit signe d’entrer, et referma la porte. À Nexus, plus particulièrement dans le Palais d’Ivoire, les murs avaient des oreilles.

Les deux s’assirent, et Alessa lui expliqua qu’il valait mieux ne rien dire.

« Je sais que je devrais en parler à mon Roi et à la Reine, mais je tiens à ce que cette enquête reste à notre discrétion. Mon maître et Seigneur n’aura pas la clémence de poser les questions avant de tuer de simples suspects, et je refuse qu’il entache davantage sa réputation. S’il vous plait, aidez-moi. »

Ronald se pinça les lèvres, réfléchissant silencieusement, et posa les fiches d’Alessa sur la table basse.

« Les gardes surveillent certaines poternes, oui, mais le Palais d’Ivoire est vieux de plusieurs millénaires. Il y a une infinité de passages secrets et de couloirs abandonnés. Je réponds de la loyauté de chacun des hommes composant la Garde Royale. L’assassin ne peut pas venir d’eux. »

Soit c’était un agent externe, soit un Meisaen lui-même... Ronald avait lancé une enquête sur eux, mais il n’avait pas encore eu tous les résultats. Comme d’habitude, Ronald ne croyait pas en ce qu’on pouvait bien lui assurer. La mort de Liam et de Nöly l’avait rendu paranoïaque, mais ce n’était qu’ainsi qu’on pouvait espérer déjouer les complots et les tentatives d’assassinats à Nexus. La Cour royale était un nid de vipères et d’opportunistes, et les nobles loyaux et fiables se comptaient sur les doigts d’une seule main.

« On ne pourra pas cacher trois morts éternellement, Alessa, mais, si les Meisaens pourront nous aider, l’enquête sera avant tout menée par les nexusiens. Si ton Roi outrepasse ses pouvoirs et se mt à blesser des personnes, je devrais l’enfermer. Je ne suis même pas sûr qu’il puisse se revendiquer d’une quelconque immunité diplomatique, dans la mesure où il ne s’agit pas vraiment d’une visite diplomatique. »

Il réfléchissait silencieusement.

« Avaient-ils des ennemis quelconques à Meisa ? As-tu une piste quelconque ? »

Il allait devoir envoyer ses propres agents, et, tout en posant ses questions, Ronald avait déjà commencé à attraper un encrier, ainsi qu’un papier, couchant quelques instructions. Il allait falloir agir rapidement, pour éviter qu’un mouvement de panique ne s’installe, et pour rapidement obtenir des pistes sur ces meurtres.
DC d’Alice Korvander.

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Serenos I Aeslingr

Humain(e)

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    Description
    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".

Re : Un temps pour guérir [Partie 3] [PV]

Réponse 14 samedi 14 juin 2014, 04:55:27

[Ahem... Pardon pour l'attente, beaucoup de choses à étudier et beaucoup de taff...]

La rencontre avec la Dame était terminée, et Serenos arpentait maintenant les rues vides de Nexus. Il avait en ville quelques amis qu’il désirait voir, avait-il dit à Jamiël avant de la quitter. C’est donc sans escorte et sans savoir ce qui se tramait au palais que le Roi avait entamé sa petite marche nocturne, sous un ciel tout noir duquel tombait une abondante pluie, probablement en raison de la saison qui approchait, et une excellente nouvelle pour les paysans et seigneurs des environs, qui pouvaient ainsi espérer une bonne récolte dans les prochaines semaines. Seul sous la pluie, le Roi traversa le quartier noble ainsi que le quartier marchand sans encombre, ne croisant qu’une famille de la petite bourgeoisie s’empresser de traverser la rue pour gagner leur logis, probablement après une visite tardive. Le Roi profitait de ces moments où il n’avait personne à surveiller, ou personne qui justement le surveillait lui-même, que ce soit à mauvais escient ou pour sa protection. S’il pouvait ronchonner à un détail, c’était la température et l’humidité. En traversant la ville, le monarque évalua l’état des choses présentes, essayant de se montrer le moins subjectif possible dans ses observations et en prenant compte des paroles de Jamiel. En effet, la vie des pauvres gens en Nexus n’avait jamais été plus simple, que ce soit du temps de Liam ou de ses prédécesseurs, ou maintenant d’Elena. La jeune Reine était prometteuse sur ce point, car plus empathique que ses ancêtres et tout aussi innovatrice et bienveillante que sa mère, si elle venait à prendre Nexus en main comme le voudrait son lignage, il y avait encore de l’espoir de voir de l’amélioration des conditions de ceux que la vie avait moins gâtées, quoi qu’il se demandait si sa vie de jeune princesse avait eu une incidence sur ses réelles motivations. Un Roi pouvait effectivement se montrer plus souple et prôner la défense des faibles pour obtenir du support chez les petites gens sans jamais avoir à réellement lever le petit doigt, mais les rumeurs au sujet d’Elena vantaient son grand cœur, ce qui lui laissait encore espérer que les choses iraient en s’améliorant.

Le premier arrêt du Roi se solda à une déception; en frappant à la porte d’une demeure du quartier marchand, il n’obtint aucune réponse, peu importe la force qu’il mettait dans ses coups contre le portail de bois. Excédé par le tambourinement chez son voisin, un bonhomme ouvrit la porte de chez lui et, après quelques railleries en rapport à l’impolitesse du Roi, l’informa que le citoyen que l’homme cherchait à contacter était parti depuis quelques jours visiter un ami malade quelques lieues hors de la cité. S’excusant de son dérangement, le Roi s’inclina poliment devant l’inconnu et quitta la petite rue pour prendre la route menant aux quartiers moins fortunés. Une fois dans les bas-fonds, le Roi sentit ses bottes se remplir d’un liquide froid; il avait marché dans une flaque. En maudissant les dieux de la pluie, quels qu’ils étaient, le Roi poursuivit ses déplacements en remuant vivement les pieds pour en chasser l’eau glaciale. Après quelques minutes, le Roi frappa à une porte, puis une autre, et encore une dernière, sans jamais avoir de réponse. Au bout de la cinquième fois, le Roi constata l’étrangeté de la situation, et plutôt que de perdre son temps à chercher d’autres « amis » dans la ville, le Roi estima qu’il était temps de laisser tomber la politesse et d’une main, il manipula le mécanisme de la serrure pour la déverrouiller et entra dans la maison comme s’il s’agissait de la sienne; sans s’annoncer. Ce qu’il trouva dans cette demeure le laissa bouche bée; la demeure avait été mise à sac; la table à manger avait été renversée, comme la bibliothèque. Ce fut avec horreur que le Roi remarqua sous cette dernière la présence d’un corps, déjà rongé par la décomposition, en véritable festin pour asticots. L’odeur du corps était cependant masquée par une puissante odeur d’encens. Écoeuré, le Roi leva immédiatement une manche près de son nez et se pencha pour inspecter le cadavre. Un bout de papier dépassait entre ses doigts, et lorsqu’il l’en tira pour l’identifier, dépliant soigneusement l’objet pour éviter de l’endommager, il révéla une marque que le Roi reconnaissait; c’était le sceau d’une famille de la noblesse. Mais cette famille était éteinte depuis longtemps! Le Roi lui-même avait participé à la chasse aux mages noirs dont ces gens avaient fait l’objet, et il avait exterminé chaque membre après avoir scrupuleusement inspecté les preuves et les souvenirs de ceux-ci. Il reconnut également une petite marque en dessous.

« Valar Morghulis… lut-il à haute voix.
-Aye. Tout homme doit mourir.

Surpris, le Roi se retourna, et n’eut le temps que d’apercevoir un homme encapuchonné d’une tenue rouge sang, avant que le bras de celui-ci se déplace à une vitesse surhumaine, et d’une masse frappa le monarque de Meisa à la tête. Une douleur fulgurante traversa le crâne du Roi, puis ce fut le noir complet.

***

Même si Alessa n’était pas aussi aisément amourachée, même elle n’arrivait pas à se débarrasser des sentiments développés par son admiration du paladin et les récits de ses faits d’armes après leur rencontre, et du coup, elle avait plus de dix longues années de questions à lui poser, sans jamais avoir pu le faire, et cette fois-ci, alors qu’elle l’avait enfin sous la main, elle ne pouvait même pas lui parler de la vénération qu’elle lui adressait parce qu’elle avait un travail à faire. Elle le regarda, l’écoutant du mieux qu’elle pouvait, et elle nota qu’il avait également l’habitude de mettre Serenos au même rang que les autres débiles dotés de pouvoirs magiques. C’était une erreur que beaucoup avaient payé de leur vie pour comprendre; Serenos n’était pas qu’un puissant magicien, c’était également une personne dotée d’un intellect très élevée qui avait dans le corps plusieurs siècles d’expériences aussi désagréables voire plus les unes que les autres. Avec douceur, elle leva la main et la posa contre le cœur de l’homme pour l’arrêter sur sa lancée au sujet de Serenos; ils ne seraient jamais d’accord sur ce point, il ne valait mieux pas trop en parler s’ils devaient collaborer, mais elle resta ouverte à ses paroles, tant qu’elles ne concernaient pas son Roi, retirant bien vite sa main en remerciant les Dieux de Serenos pour ne pas lui avoir donné la capacité physique de rougir, parce qu’en ce moment, elle était si embarrassée par ce contact qu’elle se sentait dans la peau d’Aïsa lors de ses premiers printemps, mais après tout, son faible pour le paladin datait bien de ses premiers printemps elle-même, et après autant de temps, ses fantasmes avaient fleuris, également.

Elle secoua rapidement la tête, avant de regarder l’homme, s’armant de son masque de matriarche, consciente malgré tout de son devoir.

« Non. Personne en Meisa ne chercherait à faire du mal à un officier, car la loi martiale défend ceux-ci de s’en prendre aux civils et aux civils de s’en prendre à eux. Et nos lois sont  extrêmement punitives contre l’assassinat. En Nexus… il y a quelques familles de la noblesse, mais je doute qu’ils tenteraient quoi que ce soit, d’où mon dilemme; soit ils n’ont réellement rien fait, soit ils savent que nous nous méfions d’eux, et qu’ils seraient évincés de la liste si un assaut très audacieux était fait, et du coup, ils ont engagé quelques coupes-gorges. Mais ce genre de complots dépassent mes fonctions; pour moi, mettre un noble de Nexus aux arrêts me mettraient les fers aux poignets aussi rapidement que vous dégainez votre arme, sir Langley. Nous… Argh! »

La jeune femme s’effondra immédiatement sur les genoux en s’agrippant la tête de ses mains, tremblant violement sous un assaut invisible aux yeux du paladin. Elle resta ainsi un moment jusqu’à ce que la vague de douleur s’estompe. Pantelante, la Meisaenne se remit debout sur ses jambes, tremblante.

« Le lien… le lien a été coupé. Mon Roi… Serenos a disparu… il est en danger… »

Qui que soit ceux qui avaient commis ces actes, il était sûr qu’ils agissaient très vite, sans laisser le temps aux autorités de s’organiser et prendre des mesures d’opposition. Elle leva alors les yeux vers Langley, la gorge serrée par l’horreur.

« Langley, il faut le retrouver… Vous n’avez pas idée de ce que feront les Meisaens si le Roi a été enlevé en territoire Nexusien…! »

Même en dehors de Meisa, il était reconnu que les citoyens de ce royaume vénéraient leur Roi comme certains vénéraient leurs dieux ou leur chef spirituel. La disparition du Roi causeraient une panique presque immédiate dès l’instant où elle serait révélée, et puisque de nombreux né-meisaens vivaient en Nexus, il ne fallait pas négliger le nombre important de personnes qui risquaient d’entrer dans une chasse à l’homme immorale pour retrouver leur dirigeant, et cela risquait d’enflammer à jamais les poudres entre Meisa et Nexus, au-delà du réparable, ne laissant qu’une seule option aux yeux du Conseil Meisaen et Nexusien; une nouvelle guerre, aussi violente que celle qui enflammait présentement les frontières Nexo-Ashnardiennes.


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