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La Fondation de Sylvandell

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Princesse Alice Korvander

Humain(e)

La Fondation de Sylvandell

lundi 10 mars 2014, 15:47:35


Bonjour à tous !

Après avoir hésité pendant des semaines, je me décide finalement à faire une proposition de One-Shot un peu particulière.

Ce One-Shot serait étroitement lié à l’histoire de mon compte principal, Alice Korvander, dont vous pouvez lire la fiche ici. Pour vous expliquer davantage de quoi ce OS retourne, il faut savoir qu’Alice est la princesse héritière d’un royaume proche d’Ashnard, Sylvandell. Je me tâte depuis longtemps pour développer un peu Sylvandell et son fonctionnement, et j’avais caressé l’idée de faire un complément de script sur ce royaume, avant de rejeter l’idée, ce format ne me paraissant pas adapté pour ce que j’envisageais. Il me paraît plus intéressant de faire un OS là-dessus. En somme, et pour résumer, je propose à un partenaire (au moins, mais un, ce sera déjà pas mal) de faire une quête qui aboutirait à la création de Sylvandell.

Sylvandell est un royaume qui a été formé par Erwan Korvander, et cette fondation constitue une importante légende au sein de Sylvandell, qu’on appelle, tout simplement, la Légende d’Erwan Korvander. Cette fondation a été faite il y a un millier d’années, et j’aimerais donc avoir quelqu’un avec moi qui ait envie de la raconter. Bien que la fin du OS soit plus ou moins inscrite (le RP se terminera par la fondation d’un royaume), il y a suffisamment d’éléments encore flous autour de cette légende pour offrir à chacun les frissons auxquels on peut légitimement prétendre en faisant un RP.




Cette présentation introductive faite, venons-en au cœur du sujet. Je dirigerais donc Erwan Korvander, et vous, vous dirigerez l’un des membres qui l’ont accompagné durant sa longue quête, les amis d’Erwan étant les ancêtres de la Commanderie Noire, un corps d’élite de l’armée sylvandine. Le mieux me semblerait que vous jouiez Inézia, la femme d’Erwan, car elle est censée l’accompagner depuis le début de sa quête, mais, dans l’absolu, vous pouvez aussi jouer quelqu’un d’autre.

Avant de présenter davantage ces deux personnages, le RP étant censé se dérouler mille ans en arrière, voici quelques éléments à prendre en compte, afin de respecter le Contexte :

  • Nexus est un royaume très influent, qui est encore marqué par une forte possession elfique, et qui est en guerre contre Tekhos, l’État tekhan n’ayant alors pas le niveau technologique auquel il prétend actuellement. L’actuel Roi de Nexus s’appelle Sébastian Ivory ;
  • L’Ordre Immaculé commence à s’étendre un peu partout, envoyant des missionnaires pour civiliser certaines contrées sauvages, notamment en s'attaquant aux cultes et aux croyances qu'il estime païens, et refuse de prendre part au conflit entre Nexusiens et Tekhans. Des ordres chevaleresques émergent un peu partout, proposant leur aide aux villageois contre les monstres et les bandits, aidant à la construction d'églises, à l'éducation des masses, et font preuve de leur savoir-faire médicinale, accroissant ainsi la popularité de l'Ordre ;
  • Ashnard est alors une tyrannie éloignée, qui préoccupe fort peu les Nexusiens, et le reste du monde, sauf leurs proches voisins. Elle est en train de s’armer et de s’étendre, mais est encore perçue comme une menace éloignée, secondaire, et sans grande importance. Il circule surtout des rumeurs sur elle, mais l'Empire est en train de se militariser à grands pas.



Dans la mesure où nos personnages voyageront un peu partout, ces quelques éléments pourront trouver leur utilité au cours du RP.

Ceci fait, voici maintenant une présentation (succincte) des deux personnages principaux. Si ce RP vous intéresse, vous pourrez recevoir de plus amples informations sur ces derniers par MP, si vous en avez envie :

  • Erwan Korvander. Erwan vit dans un petit royaume minier et montagnard, Gilead. Ce royaume est divisé entre les habitants de la capitale, qui sont des mineurs, et ceux vivant dans les plaines, comme Erwan. C’est un adolescent, qui n’a jamais connu ses parents, et qui aide son grand-père, un pêcheur, le long du fleuve de Gilead. Amateur de musique, il rêve de dragons, ainsi que de la mystérieuse Inézia, plus âgée que lui, et qui vit dans le village où lui se trouve. Leurs destins sont appelés à se rencontrer de la plus sanglante des manières quand le village est attaqué par des hommes voulant trouver Inézia, alors que, au même moment, Gilead est envahi par un terrible dragon noir qui ravage le royaume ;

  • Inézia. Inézia est une femme assez déterminée, qui manipule éventuellement la magie, et sait probablement se battre, et qui se retrouve dans le village d’Erwan, en étant sous bonne garde. Des hommes veulent la tuer, pour des raisons que je préfère ne pas dévoiler (sauf à la personne intéressée, bien sûr), et elle finira par se retrouver avec Erwan, et, bien plus tard, par porter son enfant.



Bien sûr, vous pouvez jouer un autre personnage qu’Inézia, ou même modifier son apparence, si le cœur vous en dit.

Si ça vous intéresse, n’hésitez pas à vous proposer ^_^ Contrairement à ce que certains seraient susceptibles de croire, et comme c’est un terme à la mode, je ne me revendique pas d’un quelconque courant élitiste, j’accepte de RP avec tout le monde, dès lors que l’idée vous intéresse, que ça vous motive, et que vous aimez bien RP avec moi. Le reste est accessoire. En gros, n'ayez pas peur de venir si ça vous tente, je ne vous mangerais pas :)

Donc, n’hésitez pas, soit à poster à la suite, soit à m’envoyer un MP :D

Almaziane et Emarie

Créature

Re : La Fondation de Sylvandell

Réponse 1 mardi 11 mars 2014, 13:05:22

Chouette, une quête ! Je suis plus que partante pour ce genre d'aventure ! Par contre, désolée, mais le perso d'Inézia ne me conviens pas, ou disons plutôt que que c'est moi qui ne conviens pas. Ce n'est pas le genre de personnage que j'ai pour habitude de prendre, j'ai donc peur de ne pas correspondre à tes attentes...Moi je suis plutôt du genre à faire des personnages secondaires, voir des méchants ou des traîtres, ou sinon des gens aux apparences indécises, chez qui on ne voit pas vraiment de quel bords ils sont, je ne sais pas si je suis très clair ^^' J'aime aussi faire des personnages originaux et/ou à problèmes ou troubles mentaux... Magicien, prêtre, voyants, médium, mercenaire, etc et pleins d'autres...
Mais j'adore cette idée quête et j'aimerai vraiment participer ! Si personnes ne se joint à nous, ce que je doute vu l'idée, je veux bien essayer de prendre Inézia.
« Modifié: mardi 11 mars 2014, 13:16:20 par Almaziane et Emarie »

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : La Fondation de Sylvandell

Réponse 2 mardi 11 mars 2014, 14:09:52

Je vais t'envoyer un MP ^^

La demande reste toujours ouverte, pour d'autres personnes intéressées :)

Zénoriel

Avatar

Re : La Fondation de Sylvandell

Réponse 3 mardi 11 mars 2014, 20:36:20

Il y aurait quel genre de personnage qui serait important dans ce rp? Autres que ceux nommé plus haut bien entendu

Des Âmes en regroupées en un corps, autant de vies enchainées par le sort
Une bataille pour un destin incertain, enchaînée par ce satané malin
Autant d'êtres inconnus si liés, qui à osé prononcer "imparfait"?
Nous sommes toutes ici réunies, Et le Grand Jeu n'est pas fini...





Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : La Fondation de Sylvandell

Réponse 4 mardi 11 mars 2014, 21:04:43

Ben, ce serait des membres qui accompagneraient Erwan et Inézia, donc c'est assez libre de ce point de vue : guerriers, soldats itinérants, etc... Tous les adjuvants classiques qu'on trouve dans les RPG, en somme, que ce soit "Dragon Age", ou les "Final Fantasy". Après, j'en ai parlé par MP avec Almaziane, et elle hésite à prendre Inézia ; elle m'a dit "Oui", mais elle m'a aussi dit que, dans l'absolu, elle préférerait justement jouer un personnage secondaire. Donc, si tu veux jouer Inézia, je pense (mais il faudra qu'elle le confirme) que ça ne la dérangera pas de jouer quelqu'un d'autre.

Zénoriel

Avatar

Re : La Fondation de Sylvandell

Réponse 5 mardi 11 mars 2014, 21:07:59

Ben en fait je préfèrerais jouer un perso plus "tertiaire" on va dire. Genre pas trop important mais avec un minimum de trucs quoi. Au pire, je t'en parlerais par MP quand j'aurais une idée plus concrète

Des Âmes en regroupées en un corps, autant de vies enchainées par le sort
Une bataille pour un destin incertain, enchaînée par ce satané malin
Autant d'êtres inconnus si liés, qui à osé prononcer "imparfait"?
Nous sommes toutes ici réunies, Et le Grand Jeu n'est pas fini...





Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : La Fondation de Sylvandell

Réponse 6 mardi 11 mars 2014, 22:01:34

Personne n'aime Inézia ou quoi ;D ?

Bon, comme je l'ai dit à Almaziane par MP, je vais donc attendre un peu avant de lancer ce RP, si jamais il y aurait quelqu'un d'intéressé pour jouer Inézia ^^

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : La Fondation de Sylvandell

Réponse 7 dimanche 16 mars 2014, 15:43:15

[HRP. - Et c'est parti !

Petites explications :


  • Inézia s'appelle maintenant Hélène, et est jouée par Zénoriel ;
  • Almaziane jouera plusieurs méchants, et jouera... Quand ce sera le bon moment ;D]






Gilead (capitale)

Il fut un temps où Gilead signifiait encore quelque chose, où le « Royaume maudit » était alors autre chose qu’un amoncellement de tours sinistres et de bâtiments désuets tombant peu à peu en morceaux. Bon nombre d’archives historiques, de récits, de mémoires, de cahiers commerciaux et de livrets comptables, attestent toutes des fortunes dont bénéficiait ce royaume. Sa puissance venait des immenses gisements miniers se trouvant dans les profondeurs de ses montagnes, et le royaume pouvait se targuer de bénéficier également d’une importante production agricole, grâce aux champs de fermes s’étalant devant les hautes montagnes où, pointant au milieu des rochers et des monts, Gilead apparaissait, flamboyante. Ancien royaume de nains, disait-on alors, comme pour essayer de justifier le fait que cet important filon n’ait pas été exploité par les anciens peuples. Ses pépites, son argent, son nickel, et, surtout, ses précieuses gemmes magiques, étaient diffusés dans le monde entier, Gilead étant à l’embouchure d’un important fleuve qui filait à travers Terra, et qui s’inscrivait alors dans le cadre d’une importante route commerciale reliant la grande Nexus à Gilead, qui était alors un allié lointain et fiable de Nexus. Car la puissance de Gilead, en effet, ne reposait pas que sur son économie, mais aussi sur son armée. Les mines produisaient des gemmes magiques qui permettaient de confectionner moult enchantements très puissants pour les armes des guerriers. Gilead était administré par une discipline de fer, et ses hommes suivaient de rudes et lourds entraînements. Le royaume disposait, de plus, d’un redoutable corps d’élite, composé d’Hommes-Animaux, ainsi qu’on les nommait : des Champions de Guerre, qui absorbaient la propriété de certains animaux, devenant ainsi aussi résistants que l’ours, ou aussi agiles qu’un singe.

Le jour de la Catastrophe, personne ne s’attendait donc à ce qui allait arriver ce soir, et surtout pas celui dont on contenrait encore le nom mille ans après. Erwan Korvander n’était alors que le fils orphelin de parents morts lors d’une maladie qui avait ravagé les villages. Gilead souffrait depuis toujours d’une forte disparité entre les Citadins, ceux qui vivaient dans la capitale, et les Agricoles, ceux qui résidaient dans les champs. Ainsi, là où la capitale était une succession de hautes tours flamboyantes qui n’auraient pas fait rougir les tours éternelles du Palais d’Ivoire, les villages des Agricoles, eux, étaient de piètres hameaux faiblement gardés, répandus le long du fleuve menant à Gilead. Chaque jour, les enfants s’asseyaient sur les pontons en bois le long de la rive, voyant d’immenses navires marchands, ou des galères militaires, passer rapidement. Ils étaient impressionnés par les immenses rames et les voiles de ces mastodontes, alors qu’eux disposaient des piètres barques des pêcheurs, qu’ils utilisaient pour remonter le fleuve, et ainsi pêcher leur maigre pitance.

Erwan n’avait plus que pour seule famille un grand-père, ancien soldat, qui boitait, depuis une ancienne blessure de guerre, et qui, pour ne rien arranger, commençait à sentir le poids des âges. Oh, il était toujours vigoureux et solide, mais ses mains tremblaient de plus en plus, et Erwan passait ainsi son temps entre ses journées à l’école, à s’instruire, et ses soirées à aider son grand-père à récupérer ses filets de pêche. Erwan n’était pas un grand séducteur, mais il était sûr d’une chose : il aimait cette femme à la chevelure rousse.

Elle n’allait pas à l’école, et, pourtant, elle n’était guère plus grande que lui. Erwan n’avait alors que 17 ans, et portait, lui aussi, une chevelure de feu. Un héritage de ses parents, disait-on. Cette femme vivait dans une belle maison recluse, hors du village, et il pouvait voir son beau jardin quand il allait pêcher, car la maison était près du fleuve.

« Tu penses encore à cette femme, hein ? lui demanda une fois son grand-père.
 - Et bien, je... Euh... Mais comment diable le sais-tu ?
 -  Allons, allons... Crois-tu donc que je l’ignorais ? Je te comprends, cette femme est belle... Mais je m’en méfie. »

On disait que ces gens étaient des négociants étrangers, mais personne ne les voyait jamais, et ils n’avaient pas mis leur fille à l’école. Certes, l’instruction n’était pas obligatoire, mais, tout de même... Ce n’était pas correct, pour un si petit village. Cependant, à chaque fois qu’Erwan avait vu cette femme, et bien... On pouvait le dire, il avait le béguin. Aussi avait-il décidé de prendre son courage à deux mains.

C’est ainsi qu’il se tenait devant la maison de la belle, dont il ignorait jusqu’au nom, en portant dans ses mains ce qui lui semblait être le plus formidable des cadeaux à offrir à une jeune fille : un gros saumon frais qu’il venait de pêcher tantôt.

Il toqua donc à la porte, en espérant qu’on viendrait lui ouvrir.
« Modifié: mercredi 19 mars 2014, 11:56:27 par Princesse Alice Korvander »

Zénoriel

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Re : La Fondation de Sylvandell

Réponse 8 mercredi 19 mars 2014, 12:34:06

"Combien de temps cette paix précaire allait durer ? Combien de temps rester ici sera un bon moyen de sourire jusqu'à la fin ? L'avenir ne peut le dire."

Hélène, créature à la fois mi-ange mi-humaine se trouvait seule, dans une cabane en bois, à ressasser certaines idées philosophique. Elle n'était pas plus intelligente que la normale, ni plus bête, c'est juste que parfois il lui arrivait de réfléchir à des choses moins simple que son mode de vie, perdue dans le vaste océan de ses pensées. Paraissant parfois absente, parfois étourdie, ou parfois idiote tout dépends le genre de personne qui faisait ce genre de réflexions, elle ne refusait pas la compagnie des autres, mais préférait la solitude et le calme des clapotis de l'eau. S'occuper de son petit jardin était également un moyen de se vider la tête, en plus de quelques menus travaux de coutures.

Ce jour là, le temps passait relativement vite pour Hélène. Elle se trouvait assise sur une chaise à écrire une sorte de mémo, un journal intime que personne ne devait lire, et y inscrivait quelques phrases avec ce qu'elle pensait, imaginait, vivait. A un moment, elle laissa un soupir s'échapper de ses poumons, comme un trop plein d'air s'échappant d'un ballon mal gonflé. Ces derniers temps, elle avait du mal à l'expliquer, mais ses pensées allaient toujours dans la même direction, le même baratin qui ne la rassurait pas. Serait-ce la preuve que quelque chose allait se passer ? Que quelque chose ou quelqu'un allait modifier le cours d'eau de sa vie fluviale? C'est à ce moment là qu'elle fut surprise par les bruit à la porte, sursautant comme si on l'avait prise sur un fait grave. Respirant profondément, elle se sentait idiote :

"Tu vas devenir cardiaque à force ma pauvre Hélène..."

Puis elle se leva pour ouvrir. Ouvrant doucement le bois qui la barricadait chez elle, elle vit un homme, jeune, avec un gros poisson dans les bras. Après tout c'était un village de pécheur qui se trouvait à proximité donc se balader avec sa prise du jour était peut-être plus coutume qu'elle le pensait :

- Bonjour ! Excusez-moi j’étais un peu occupée... *elle regarde le poisson* C'est une belle prise que vous avez là

Passant rapidement dans sa chevelure rousse pour dégager une mèche tombante, Hélène regardait ce garçon. Elle portait une robe rouge assez modeste dans un tissu assez souple, cachant juste en partie ses jambes, et avec des manches un peu plus pâles cachant les marques qu’elle portait sur ses bras. Pour le reste, pas de bijoux ou autre fioritures, étant tous dissimulés dans un petit coffre. Elle avait ce regard bienveillant que toute les personnes trop gentilles possèdent, un regard reflétant à merveille ses yeux bleus. Elle avait ses mains unies au niveau de son nombril

Elle attendait la raison de la présence de ce beau jeune homme.

Des Âmes en regroupées en un corps, autant de vies enchainées par le sort
Une bataille pour un destin incertain, enchaînée par ce satané malin
Autant d'êtres inconnus si liés, qui à osé prononcer "imparfait"?
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Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : La Fondation de Sylvandell

Réponse 9 jeudi 20 mars 2014, 02:09:04

Si on lui avait dit que, dans mille ans, Erwan serait décrit comme un guerrier légendaire, quelqu’un qui avait accompli mille exploits, l’homme ne l’aurait pas cru... Personne ne l’aurait cru. Il était Erwan, le fils du pêcheur, quelqu’un qui s’amusait à vérifier ses filets de pêche, et à découper du poisson pour les habitants le Samedi matin, sur la place du marché. Un jeune adolescent qui rêvait des grandes tours de la capitale, qui s’imaginait un jour y vivre avec la femme de sa vie, et qui voyait la maison d’Hélène comme un palace... Il n’avait jamais vu le Palais d’Ivoire de Nexus, et, de toute façon, ne croyait pas ce que les marchands et les aventuriers disaient sur Nexus. Un château si grand qu’il était juché sur toute une falaise, si majestueux que le soleil lui-même se reflétait dessus... Une ville si vaste qu’on ne voyait pas le bout, même en se tenant sur la plus haute falaise... Ah, non, tel lieu ne pouvait pas exister ! Erwan ne pouvait alors pas le croire. Il n’était jamais parti plus loin que la forêt de Marchtown, qui s’étendait à proximité du village, et qui était dangereuse. C’était l’endroit le plus loin où il avait été, et il n’avait guère été très loin. La forêt comprenait des créatures dangereuses, comme des endriagues, et, en croyant voir une sentinelle, il avait fui à brides abattues.

Pour Erwan, le plus grand défi de sa vie était derrière cette porte. Son cœur bondissait dans sa poitrine, alors qu’il se crispait à son saumon. Il clignait lentement des yeux, se sentant dans la peau d’un tout petit garçon venu voir une grande personne. Hélène... Il ne pouvait pas penser à elle sans se sentir gêné. La puberté rendait les gens idiots, et Erwan n’y faisait pas exception. Parfois, il la voyait de loin, en train de pêcher, et était sûr qu’elle l’avait vu, qu’elle le connaissait, et qu’elle devait penser à lui, aussi fermement que lui le faisait. Le soir, il laissait son esprit rêvasser, s’imaginant vivre une idylle parfaite avec Hélène, fonder des enfants, leur amener des poissons pour le soir. Une vie rêvée, les fantasmes d’un adolescent qui ne connaissait rien du monde que les discours des aventuriers ivres de l’auberge, des discours que ses amis, travaillant comme serveurs, lui rapportaient ensuite lors des cours à l’école. Les cours étaient assurés par des missionnaires envoyés par l’Ordre Immaculé, des gens qui encourageaient les jeunes à se concentrer sur leurs devoirs, plutôt que sur les plaisirs bas et faibles. Les habituels sermons des vieux grincheux. Face à cette porte, Erwan n’était plus ce jeune homme débrouilleur avec ses amis, ce jeune homme qui savait y faire, qui rêvait de dragons, et qui s’amusait parfois à chaparder les poules de Joseph le fermier, un rude homme qui poursuivait ces sales garnements en vociférant tous ses diables après qu’ils aient encore tenté de forcer les portes de son poulailler.

La porte finit par s’ouvrir, au bout d’un temps qui lui semblait interminable, si bien qu’il avait envisagé, à plusieurs reprises, de se retirer. Pourquoi lui ouvrirait-elle ? Il n’était qu’un vulgaire pêcheur, et il était convaincu que ses parents devaient être deux pêcheurs morts lors d’une tempête, ou tués par les endriagues de Marchtown. Il n’avait rien d’exceptionnel, et il savait que, pour plaire aux filles, il fallait être un grand guerrier. Il fallait avoir tué des trolls, des gobelins, traqué des loups. Il aurait bien aimé lui amener un scalp d’endriague, mais, tout ce qu’Erwan avait réussi à faire de plus épique, c’était à échapper au gros chien de Joseph, et il n’était pas prêt de renouveler cette expérience. Aussi, lorsque la porte s’ouvrit, il se sentit tout idiot en voyant Hélène débarquer sous son nez.

Elle était là, juste en face de lui, avec ses beaux cheveux rouges, sa silhouette magnifique, ce corps de rêve... Comment ne pas l’aimer ? Comment ne pas la trouver belle ? Un ange, tout simplement ! Oui, elle était façonnée dans la même pierre de sainteté que ces anges décrits par le Père Joshua, de l’école, celui-là même qui décrivait la beauté féminine comme « la pureté physique, une pierre incandescente », la dissociant de cette « vulgarité affichée qui confondait beauté et insolence ». Il la vit remuer des lèvres, mais ne comprit pas ce qu’elle venait de dire. Erwan cligna bêtement des yeux, et baissa la tête vers son saumon, sans même attarder son regard sur la généreuse poitrine d’Hélène. Si on disait que les yeux étaient les fenêtres de l’âme, alors on pouvait clairement dire qu’il n’arrivait pas à détacher son regard de la belle. Ses yeux étaient magnifiques, d’une beauté qui semblait trahir la pureté de son âme. Erwan n’avait encore jamais été amoureux, et il était clair qu’il ressentait le désir fou des adolescents, ce désir irrationnel qui s’imposait à vous quand, pour la première fois, vous découvriez l’amour. C’était l’amour-cliché, tout simplement, l’amour ridicule, ridicule par ses causes, ridicule par ses effets, ridicule par sa proportion. Le plus terrible de tous, et celui qui pouvait vous emmener au-delà des frontières, au-delà du monde, au-delà de tout... Même au-delà de Marchtown.

« Je... Euh... »

Erwan peinait à réunir ses pensées.

*Mais dis quelque chose, crétin ! Elle va finir par nous prendre pour un gros gland !*

Il se racla la gorge, et reprit, en tendant ses deux mains, l’air sérieux et déterminé. Plus tard, il y repenserait avec un certain humour, mais, sur le point, il était extrêmement sérieux.

« Je m’appelle Erwan, noble dame, et je suis venu, en signe de profonde affection, vous offrir ce modeste saumon que j’ai mis plus d’une heure à pêcher ! »

Il parlait assez vite, les joues légèrement rouges, en joignant les jambes, dans une posture relativement martiale.

Zénoriel

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Re : La Fondation de Sylvandell

Réponse 10 vendredi 28 mars 2014, 12:05:36

Hélène était quelqu'un de très patient. A vrai dire, même sans compter que pour savoir pécher des poissons à longueur de temps, il faut savoir prendre son mal en patience, ça allait bien plus loin. Parfois, elle se devait d'attendre, seule et toute la journée que rien d'exceptionnel ne se passe. Des jours où normalement l'ennui et les interdictions seraient légions. Mais pour la rougeoyante, ceci était "le cycle naturel des choses". Et à la vue de ce grand dadais qui apparemment ne savait absolument pas quoi quoi faire et dire devant celle qu'il désirait voir, elle se devait clairement de le laisser prendre son courage à deux mains.

Erwan ne lui était pas totalement inconnu. Même si la demoiselle était recluse dans sa petite baraque en bois, elle apercevait parfois des gens qui vaguait à leurs occupation. Erwan n'y faisait pas exception, étant souvent dans son champ de vision. Du moins plus souvent que la plupart des autres. Il fallait plutôt bien avouer que pour un pêcheur tout ce qu'il y a de plus basique, celui-ci était plutôt charmant et bien entretenus. La plupart des habitants de ce villages étaient surtout des gens âgés, ou en phase de l'être. Au milieu de toutes ces personnes de sagesse qui parfois jurais bien plus qu'un charretier, il y avait bien quelques personnes d'à peu près son age. Mais il était clair que ce n'était pas la population dominante des environs. Et voir quelqu'un de son age venir frapper à sa porte, quel qu’en soit la raison si cette dernière n'est pas agressive, ça lui mettait un petit peu de baume au cœur.

Apparemment, le roux devait avoir oublié sa langue avec ses hameçons. Il avait bien essayé de parler, mais Hélène n'avait entendu que des balbutiements entourés par la gêne. Elle fronça un peu les sourcils, ayant eut peur de mal comprendre ses mots. Aurait-il dit quelque chose qu'elle aurait mal entendu ? Cela aurait été fort dommage. Mais quand le jeune homme repris sa respiration apparemment oubliée et prendre une position... Assez particulière. On aurait dit un militaire apportant la tête de son ennemi juré sur un plateau. Ironique sachant que c'était un saumon qui se trouvait là, et que compte tenu du fait qu'il avait apparemment mis plus d'une heure à le pécher, ça aurait put coller. Cette pensée couplée à ce que venait de dire Erwan la fit rire doucement, tout en portant le dos d'une de ses mains vers sa bouche pour un peu en étouffer le bruit :

- Vous êtes amusant, Erwan. Je ne suis pas plus noble que vous. J'accepte votre "modeste" saumon avec joie

Elle avait un peu exagéré le mot "modeste", trouvant cette proie plutôt massive pour quelque chose qui n'était pas censé l'être, et calmé son rire pour ne pas faire passer ce jeune homme plus ridicule qu'il ne l'était. S'il n'était peut-être pas doué avec les femmes, ça lui donnait au moins un certain coté charmant pour un homme. Portant la main sur son cœur, elle se présenta à son tour :

- Je m’appelle Hélène. Entrez je vous prie !

Et elle recula pour laisser place à Erwan, tendant sa main vers l'intérieur de la maison pour l'inciter à passer cette porte qui apparemment lui faisait obstacle.

La maisonnette en elle-même n'avait rien d'exceptionnel, comportant le nécessaire vital pour une jeune femme seule et presque totalement dépourvu de richesse. Il y avait un lit avec oreiller, un petit bureau avec table de couture improvisée, une armoire plutôt basse sans tiroir, une table avec deux chaises et de quoi stocker puis préparer la nourriture avec ce qu'il fallait pour se laver.  D'ailleurs, elle fit un court sprint pour aller refermer son journal avant que ce petit intrus voie ce qu'il y a écris dedans, ayant oublié ce détail. :

- Je... Posez le poisson par ici. Je m'en occuperais le moment venu

Elle avait désigné la partie servant à vider le poisson.

Des Âmes en regroupées en un corps, autant de vies enchainées par le sort
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Nous sommes toutes ici réunies, Et le Grand Jeu n'est pas fini...





Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : La Fondation de Sylvandell

Réponse 11 samedi 29 mars 2014, 02:19:40

Elle le trouvait amusant ? Vraiment ?! Le rouge monta aux joues d’Erwan, qui se sentit fondre sur place, sans savoir comment réagir. Est-ce qu’elle se moquait ? Est-ce qu’elle le trouvait maladroit ? Mignong ? Attirant ? Pourquoi diable se posait-il toutes ces questions ? Le jeune homme se raccrochait à son saumon comme un naufragé à une bouée. Il avait effectivement eu bien du mal à le pécher, et, pour lui, c’était le plus beau cadeau qu’on puisse offrir à une femme. Il savait que certaines appréciaient aussi les fleurs et les roses, mais, la seule fois où il avait cueillir des fleurs, afin de faire plaisir à une camarade du village, il avait attrapé une fleur pleine de ronces, et s’était juré de ne plus jamais tenter de séduire une femme par ce biais. Les fleurs, c’était un truc de Nexusiens, ça, ça ne servait à rien. Un saumon, c’était, non seulement un joli cadeau, mais aussi un cadeau pratique, et potentiellement intéressant... Avec un peu de chance, Hélène ne savait pas dépecer le saumon, et, alors... Mais Erwan se refusait à y penser, car, à la simple idée de passer la soirée avec la femme, il sentait son cœur remuer dans sa poitrine, bondissant joyeusement, s’agitant à toute allure, comme s’il était sur le point de bondir hors de sa poitrine.

Hélène lui proposa alors d’entrer, et ce mot résonna dans son esprit une bonne quinzaine de fois, comme s’il y avait des échos dans son crâne. Lentement, comme une espèce d’automate conçu par les ingénieurs des cités naines, Erwan s’avança, et pénétra dans l’habitacle. Hélène vivait dans une petite masure agréable, guère plus grande que celle que lui-même partageait avec son grand-père. Erwan y entrait poliment, timidement, regardant autour de lui, et vit alors la femme se ruer vers une sorte de cahier ouvert, et le refermer sèchement, ce qui le troubla légèrement. Avait-il fait quelque chose de mal ? Elle avait sans doute du craindre qu’il ne jette un œil... Erwan était cependant tellement nerveux qu’il restait sur le pas de la porte, n’osant pas rentrer, continuant à tenir son saumon.

« Je... Posez le poisson par ici. Je m'en occuperais le moment venu »

Erwan hocha lentement la tête, et s’avança vers la table. Il le posa en plein milieu, et s’écarta pudiquement. En théorie, il devrait partir, et il en avait suffisamment vu comme ça... Mais l’être humain était fait ainsi. Donnez-lui l’avant-bras, et il voudra tout le bras. Maintenant qu’Erwan était ici, la perspective de partir, de retourner chez son grand-père, et de s’occuper à nouveau des filets de pêche, ne le tentait guère. À la limite, il aurait pu aller voir ses amis, Macky et Brown. Ils savaient qu’Erwan en pinçait pour la belle Hélène, et, s’il leur disait qu’il avait été dans sa masure, il savait qu’ils seraient impressionnés. Tous les garçons qui avaient vu Hélène la trouvaient belle, et les filles la jalousaient, en espérant qu’elle ne viendrait pas se mêler davantage à eux, afin de ne pas amener plus d’hommes à être tentés par celle qu’elles considéraient comme une « sorcière »... Surtout parce qu’elle était plus belle qu’elles, et que sa beauté faisait fantasmer les hommes. Brown rirait sûrement si Erwan leur disait qu’il n’avait pas osé rentrer chez elle...

En réalité, ce qui convainquit Erwan de rester fut ce journal, et ce « je » que la femme prononça. Quand on était amoureux, car Erwan l’était, on avait tendance à voir la réalité de manière atténuée, à interpréter des actes et des gestes de manière à ce qu’ils soient conformes à ce qu’on espérait. Pourquoi avait-elle refermé si précipitamment ce carnet ? Pourquoi se sentait-elle troublée à ce point ? Dans la tête d’Erwan, c’était le signe qu’elle voulait qu’il reste ici ! Il essaya de s’en convaincre, de se persuader que c’était bien le cas. Cette femme était tellement belle... Il était chez elle, dans son antre ! Non, il ne pouvait pas partir comme ça ! Il chercha quelque chose d’intelligent à dire, s’humecta les lèvres, et finit par parler :

« Vous... Vous savez comment le découper ? C’est un beau saumon, vous savez, et... Euh... Enfin... Je peux vous le préparer, si vous voulez... Gratuitement, j’veux dire ! »

Erwan n’était peut-être pas très doué, mais, pour ce qui était de découper du poisson, son grand-père lui avait appris comment faire.

Dehors, le soleil commençait lentement à se coucher, et, d’ici un quart d’heure, l’un des avant-postes fortifiés de Gilead serait intégralement incendiée en cinq minutes. Personne n’aurait le temps de sonner l’alarme, ou d’envoyer des cavaliers à Gilead, et, même si des cavaliers auraient eu le temps de quitter le fort, ils n’auraient jamais été plus vite que l’immense dragon qui avait traversé toute une partie de la planète pour rejoindre le royaume, en remontant le fleuve.

Zénoriel

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Re : La Fondation de Sylvandell

Réponse 12 vendredi 04 avril 2014, 16:10:45

Elle aurait dut refermer son journal avant qu'il n'entre. Pourquoi ? Parce qu'à l'intérieur se trouve des informations aussi intime qu'à garder secrètement . Et qui ne concernent pas forcément que Hélène ou ou ce petit village de pécheur. Ça compte la plupart des choses que la rousse à en tête, les bonnes comme les mauvaises. La demoiselle un peu étourdie qu'elle est a tendance à oublier même certaines choses importantes, et plus tard ce journal aura son importance pour son histoire.

Erwan lui proposa alors une chose qui la fit un peu réfléchir. En somme, ayant tout d'abord emmené ce magnifique poisson plutôt gras jusqu'à sa maisonnée, avec ses bras doucement musclés, il voulait également le préparer à ses frais. La manière de demander une telle chose refit sourire Hélène qui trouvait ce jeune homme de plus en plus amusant. Elle ne se moquait pas, mais appréciait sa façon de converser avec une certaine gêne. Même elle devinait qu'il faisait ça pour gagner du temps, mais en revanche elle n'arrivait pas à deviner pourquoi, ne s'intéressant que peu à de tels détails. Un mince sourire non-désagréable et plein de chaleur humaine apparut sur son image de demoiselle solitaire :

- Je pense suffisamment savoir y faire pour y arriver.

Puis à l'aide d'un mouvement gracieux, la demoiselle pivota pour aller regarder le saumon de plus près. Vu comme ça, la bête empestait autant l'humidité vaguement poisseuse qu'il était imposant. Le genre à ne pas avoir sur son pied. Elle tourna ensuite la tête en regardant Erwan :

- Cela dit... Je ne suis pas contre un peu d'aide. Il m'arrive parfois de me tromper dans ma coupe et de... Enfin... Je suppose que vous voyez de quoi je peux parler.

Elle riait jaune, gênée de faire un tel aveu. Néanmoins, elle préférait très largement ça à devoir à nouveau se tromper en loupant une occasion d'apprendre. Surtout que ce garçon là, avec son air un peu couillon, tenait apparemment rester en sa compagnie. Passant en fasse de cet Erwan typiquement paysan, elle attendait sa réponse

Des Âmes en regroupées en un corps, autant de vies enchainées par le sort
Une bataille pour un destin incertain, enchaînée par ce satané malin
Autant d'êtres inconnus si liés, qui à osé prononcer "imparfait"?
Nous sommes toutes ici réunies, Et le Grand Jeu n'est pas fini...





Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : La Fondation de Sylvandell

Réponse 13 lundi 07 avril 2014, 01:42:33

Il se dégoûtait lui-même de son empotement. Lui proposer de découper du saumon ! Il aurait du être séducteur, être galant, comme il convenait de le faire avec les dames. Lui dire qu’elle était toute en beauté. Lui dire qu’elle avait bien du courage, à vivre ainsi, seule, dans cette cabane, et qu’elle s’en sortait bien. Erwan aurait du la complimenter, faire preuve de cette humilité teintée d’assurance que, souvent, les femmes appréciaient. Malheureusement, face à elle, face à cette belle chevelure rousse, tout son sang-froid s’effondrait, toute sa verve s’écroulait. Il ne devenait plus qu’un électron incapable de réfléchir, avec le cœur qui hurlait dans sa poitrine. C’est alors qu’Hélène indiqua qu’elle pouvait s’en sortir toute seule.

Erwan crut qu’il allait arrêter de respirer, et rougit, en se mordant la lèvre. Une amère pointe de déception lui transperça la poitrine, ce qui, en soi, était proprement ridicule. Ce n’était qu’un poisson ! Certes, une belle bête, qu’il avait eu bien du mal à pêcher, qui s’était tellement démenée qu’elle avait failli faire chavirer sa barque, mais il ne s’agissait que d’un plat. Hélène inspecta la carcasse du saumon. Elle semblait hésiter, puis reporta son attention sur l’homme, qui essaya de ne pas montrer sa confusion... Sans grand succès, estima-t-il.

« Cela dit... Je ne suis pas contre un peu d'aide. Il m'arrive parfois de me tromper dans ma coupe et de... Enfin... Je suppose que vous voyez de quoi je peux parler. »

L’espoir renaît ! Erwan sourit béatement, avant de se dire qu’il devait avoir l’air un peu idiot. Il referma ses lèvres, en voyant Hélène s’approcher... S’approcher encore... Trop près ! Il soupira légèrement en la voyant ainsi, près de lui, si belle, si magnifique, si... Si étincelante ! Comme il avait envie de la prendre, de l’embrasser fougueusement, de lui avouer tout son amour ! Il regardait sa bouche, ses belles lèvres, la profondeur agréable de ses pupilles, les boucles de ses cheveux. Tous les hommes du village s’accordaient à dire que cette femme, cette étrangère, était d’une beauté renversante, d’une beauté qu’on ne trouvait qu’à la lointaine Tekhos, ce grand royaume du nord, où on disait la société matriarcale, avec des femmes à la beauté resplendissante. Erwan n’avait jamais vu une Tekhane, mais il pensait que cette femme devait savoir si cette réputation était avérée ou non... C’était une étrangère, cultivée, aimable... Elle était forcément plus instruite qu’un simple pêcheur, à qui on avait appris les bienfaits de l’hygiène pour la traite du poisson, mais qui ne savait pas lire, simplement compter... Et encore, seulement des calculs très simples. Ce genre d’instruction était réservée à la haute couche de Gilead, pas aux pécores. Les fermiers n’avaient nul besoin de savoir lire, si ce n’est pour perdre du temps à des discussions sans intérêt sur la raison de la vie, la survivance de l’âme, et tous ces débats philosophiques. Ils en essuyaient déjà assez comme ça, de sermons, lors de la messe dominicale, pour qu’on ne daigne pas les embêter chez eux avec ce genre de facéties. Cependant, Erwan, parfois, se disait que les poèmes étaient particulièrement efficaces. Quand on récitait de beaux vers aux femmes, elles rougissaient comme des pastèques, et la chose était dite. Cependant, les poèmes, ça ne se trouvait pas aussi facilement que des poissons, et les comprendre n’était pas chose aisée non plus.

Erwan voulait lui en dire un, lui souffler quelques mots, mais... Mais il n’y avait rien à faire ! Son regard était obnubilé par le langoureux visage de cette femme, par sa redoutable beauté.

« Je... Oui... Oui, oui ! »

Il ânonnait en répétant ce mot, et tourna alors la tête sur le côté.

*Ton souffle, nom d’un saumon géant, reprends ton souffle !*

Il déglutit, puis s’avança alors, d’une démarche raide, vers le saumon.

« Je... Je vais vous le découper, oui... Et puis... Il n’y a pas que les écailles à enlever, il faut aussi retirer les arêtes, et ce genre de choses. Et ça, je sais le faire, parce que, vous voyez, quand on vend les poissons à notre étal, au marché, parfois, les clients nous demandent de le préparer, et on peut le découper sous leurs yeux, si ça les intéresse... Et, comme mon grand-père a les mains qui tremblent, et n’a plus l’assurance de ses vertes années, c’est moi qui me charge de le faire. »

Il parlait rapidement, telle l’eau remontant à la vitesse d’un cheval au galop. Il réalisa qu’il pouvait la fatiguer, et se calma.

« Pardonnez-moi... Il me faudra une bonne heure pour bien le préparer, je... J’espère que ça ne vous dérangera pas... »

Le saumon était plutôt gros, et il fallait enlever les arêtes, tout en évitant de retirer ce qui est comestible, et écarter ce qui ne l’est pas. L’homme se mit donc à travailler, tandis que, dehors, le soleil continuait à se baisser. Au loin, une autre lueur commençait à se former, et, en amont du village, on pouvait voir les flammes se refléter sur les nuages, transformant ces derniers en lueurs rouges écarlates. Le magnifique fleuve de perles était en train de se transformer en un épais rideau de flammes.

Erwan, en travaillant, retrouva peu à peu son calme, et entreprit de lui poser une question, prenant son courage à deux mains :

« Je... Hum... Pardonnez ma curiosité, gente dame, mais... Enfin... Notez que ce n’est pas une question que je me pose personnellement, mais... Enfin, c’est comme... Euh... Ouais, un genre d’impression commun... Oh, on vous aime bien et tout, c’est pas ça la question, mais on se demande... D’où est-ce que vous venez, et pourquoi est-ce que vous avez décidé de venir... Ici... Enfin, j’veux dire... Vous savez écrire, lire, et tout, alors... Qu’est-ce que vous faites auprès de simples gueux comme nous autres ? »


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