Bac à sable > One Shot

Première chevauchée [PV le valinichoneur, biatch.]

(1/2) > >>

Mélisandre Cairn:
Avant qu'on me le demande, le OS est voulu.
Enjoy.


Touche pas à mon titre, 'culé.

Quartier marchand d'Ashnard.

Mélisandre flatta l'encolure de sa monture. Elle avait investi la quasi-totalité de son or dans l'achat de la jument grise. Elle pensait avoir fait une bonne affaire, malgré le soulagement manifeste du marchand de se voire débarrasser d'une bourrique pareille. L'animal était jeune et fringuant, et présentait une belle allure, ce qui avait charmé l'œil de l'Indocile. L'homme le lui avait cédé avec l'empressement d'un vendeur sur le point de s'enlever une épine du pied. A juste titre, peut-être, car la fougue de la pouliche semblait à la mesure de son impétuosité, imprévisible et débordante.
La démone noua la bride à une barrière, puis approcha de son flanc gauche. La grise tira sur la longe, ramassée sur son arrière-main, l'œil blanc. Ses naseaux expirèrent un air chaud et vrombissant. La jeune femme fit lentement glisser ses doigts de l'épaule musculeuse jusqu'au passage de sangle, murmurant des paroles réconfortantes, d'une voix douce :

" Là, ma toute belle... Shhh... làààà. "

Elle défit la boucle de la selle pour la lui retirer, à gestes précautionneux, la reléguant au sol poussiéreux.

" On a pas besoin de ça, pas vrai ? " glissa la diablesse en abandonnant une caresse sur le ventre de l'animal.

Elle prit appui sur elle pour se déchausser, ôtant ses bottines une par une, avant de se mettre à sautiller pieds nus dans la poussière. Les semelles de ses chaussures, épaisses et renforcées, l'aurait empêchée d'avoir le contact léger et subtil qu'elle désirait avoir contre ses flancs. Brusquer la jument l'aurait probablement rendue plus rétive encore. Elle ne dépassait pas les 1m65 au garrot. Mais les petits modèles étaient souvent les plus volontaires et les plus robustes.
Mélisandre entonna une mélodie à voix basse, sifflotant l'air lorsque les paroles, qui remontaient à un temps lointain, lui échappaient. Elle détacha le coursier, agrippa sa crinière de la main gauche, et d'une poussée souple et aérienne, grimpa sur son dos.

" Oooooh ! "

La grise releva brusquement la tête, les oreilles plaquées en arrière. Elle recula, récalcitrante, bousculant plusieurs badauds qui abreuvèrent le couple d'invectives. Juchée sur son dos, l'Indocile dessina un sourire bravache, prête à relever le défi. Elle raccourcit les rênes jusqu'à sentir le contact de sa bouche, qu'elle devinait sensible, au bout de ses doigts, puis ferma les jambes. Plutôt que de tenter d'apaiser la jument, elle l'agaça en pressant ses talons contre elle, lui intimant d'aller de l'avant. Ce qu'elle fit, d'un bond irascible, en secouant furieusement la tête pour se débarrasser de l'emprise de sa cavalière. Laquelle émit un éclat de rire amusé, tout en reportant son poids en arrière et en relâchant la pression de ses jambes, tirant sur ses doigts par paliers pour l'inciter à reculer, cette fois. La grise ronfla, irritée, puis arqua l'encolure en esquissant trois pas en arrière, précipités. La diablesse dégagea son visage en soufflant sur les mèches survoltées de sa chevelure, ébouriffée.

" On est deux à être têtues, tu sais. "

Elle la gratifia d'une caresse. Elle sentait pulser le cœur de sa monture, et rouler ses muscles, nerveux, sous sa peau. D'une demande du bassin, Mélisandre la mit au pas. Un pas actif, et fébrile. Il lui faudrait rester attentive pour anticiper ses réactions et ne pas risquer la chute. Elle la guida à travers le quartier, en guise de période d'adaptation, pour leur laisser le temps de s'accoutumer l'une à l'autre. Et tandis que les deux donzelles déambulaient en aimantant les regards, la démone s'évada dans ses réflexions.
L'argent n'avait jamais été une de ses priorités, mais elle venait à en manquer, à présent. Il lui fallait repenser ses plans. Voilà un peu plus d'un jour qu'elle avait échappé à la vigilance de Stephen. En un jour, elle avait eu le temps de s'introduire chez des particuliers des quartiers les plus favorisés. Elle avait trouvé des vêtements, de quoi se laver, dormir, et se procurer quelques indispensables. De l'or -mais pas en quantité mirobolante. Une dague, de bonne facture. Et surtout, des informations glanées dans les tavernes du coin. La démone s'était enlisée dans une situation délicate. Elle ignorait de combien de temps elle disposait encore. Ce qu'elle savait, c'est qu'elle devait faire quelque chose pour s'extraire de cette précarité. Pour cela, elle avait décidé de passer par quelqu'un. Quelqu'un en particulier.

" Woh-.. ! "

La grise s'était figée au milieu d'un passage, d'humeur frondeuse, encore. Elle piaffa, puis leva ses antérieurs en hennissant. Surprise, la jeune femme n'eut pas le temps de réagir à temps. La pouliche réalisa un demi-tour fulgurant en laissant sa cavalière sur place. Assise dans la poussière, Mélisandre assista à l'embardée de son ex-monture dans la ruelle, parfaitement hors de contrôle.

" Garce, " maugréa-t-elle, en affichant une moue renfrognée.

C'est alors qu'un grand étalon baie ficha ses sabots devant elle, la couvrant de son ombre démesurée. L'éconduite leva son regard sombre vers le cavalier, dont elle ne distingua d'abord pas le visage. Elle s'empressa de se redresser, pieds nus, en ruminant sa honte, puis s'épousseta avec mauvaise humeur.

" Je sais monter à cheval, mais votre bestiole a effrayé la mienne, " se justifia-t-elle, tout en massant son fessier endolori, grincheuse.

Kyle Macross:
[Le OS est volontaire. Les pnj qui apparaîtront dans mes posts seront possiblement amenés à devenir un compte légion, alors merci de ne pas me taper les images. Ou mourrez, tas d'enfoirés montés sur roulements à billes.

Et je change ton titre si je veux, biatch.]



Le cavalier, en vérité, n'était pas seul. Ils étaient trois sur leurs montures -de fiers et puissants étalons taillés pour la guerre- qui avançaient tranquillement à travers la cité après avoir laissé quelques un de leurs compagnons dans un autre quartier d'Ashnard pour y régler quelques affaires ayant trait avec les esclaves qu'ils étaient parvenus à capturer au cours des dernières semaines. De belles pièces qui feraient le bonheur des marchands peu scrupuleux et des acheteurs toujours prêts à dépenser des sommes folles pour l'acquisition de putains à dresser, dont la qualité avait fait depuis un temps maintenant la réputation des personnes juchées sur leurs montures. En Ashnard, on les reconnaissait à leur emblème aussi simple que parlant : le serpent blanc persiflant. On le voyait dessiné sur des cuisses de leurs chevaux, comme il apparaissait sur leurs vêtements. Toute personne qui avait un pied dans le domaine de l'esclavage -du produit en étalage au marchand qui le vendait- avait connaissance de l'identité du serpent blanc et savait lui donner un nom qui résonnait parfois comme une sinistre menace, à l'image de l'éclat d'une dague dans la nuit. Tous savaient nommer le Yamata no Orochi et aucun ne voulait avoir de compte à rendre au serpent blanc.

Le Yamata no Orochi était un groupe de mercenaires sans scrupules connu pour ses méthodes odieuses et ses actions éclair aussi violentes que fructueuses. C'était à l'origine un groupe de guerriers rescapés d'une bataille aussi injuste que meutrière, qui s'étaient rassemblés sous la bannière d'un seul et même homme qui avait sû les fédérer en une bande solide et implacable qui trempait dans tout ce que l'Empire et ses alliés faisaient d'immoral. Toutefois, la facette la plus connue de l'Orochi restait la traite d'esclaves dont le marché constituait la source de revenus principale du groupe et le fer de lance de sa réputation.

Lorsque les trois étalons s'étaient avancés dans la rue sale, la petite jument qui leur faisait face de l'autre côté du passage avait semblé s'emballer avant d'éjecter sa cavalière. Amusés par le spectacle, les trois Orochis s'étaient arrêtés et avaient regardé la scène avec intêret avant de se décider à reprendre leur chemin. Les sabots du cheval de tête s'étaient posés devant l'Indocile dans un claquement sec alors que son cavalier s'était arrêté pour la regarder, rabattant sa capuche afin de libérer son visage aux yeux sanguins et l'épais catogan qui ornait son crâne, semblant un instant durant doué de vie. L'être (l'aura funeste et oppressante qu'il semblait naturellement dégager n'aurait jamais sû le constituer en tant que simple mortel et cela était certain) déposa son regard flamboyant sur la démone, esquissant un sourire prédateur tandis qu'elle lui adressait la parole.

- Je sais monter à cheval, mais votre bestiole a effrayé la mienne.
- Tu sais monter, femelle. Pas tenir. J'espère que tu sais mieux t'y prendre avec une queue dans les entrailles.

Un second cavalier approcha, se révélant être une femme en armure dorée. La redoutable walkyrie foudroya l'Indocile du regard avant de dégainer d'un geste vif une épée elfique effilée qui se plaça dans un mouvement fluide sur la gorge de la démone. Il lui aurait suffit d'un geste du poignet pour ouvrir ses chairs, mais en vassal docile, la blonde attendait son ordre. L'injonction ne vint pas, mais le troisième cavalier gronda à la manière d'un animal avant de prendre la parole en saisissant sa lance.

- Il n'est pas nécessaire de tuer une putain désarmée, Tihanna.
- Cette pute a manqué de respect au Maître, Shie'Ra. Elle doit apprendre sa place.
- Assez, vous deux. Sa voix grave n'avait pas changé d'une octave, mais un sifflement reptilien menaçant s'était couplé à ses mots. Nous n'avons pas de temps à perdre avec elle aujourd'hui. Reposez vos armes, vipères.

Elles obtempérèrent sans mot dire, alors que celui que la blonde avait nommé maître se penchait vers l'Indocile pour lui caresser la joue, sa main glissant sur le côté de sa tête avant que ses doigts ne se perdent dans sa crinière pour s'y refermer d'une poigne de fer. L'homme l'attira à lui en la maintenant ainsi, les rênes de son canasson tenues de l'autre main.

- Apprends à tenir ta langue ou à la mettre sur une verge, c'est le seul usage que tu devrais avoir à en faire. Il la regarda de haut en bas, comme pour la juger. Hm. J'espère que nos routes se croiseront vite, tu dois valoir ton pesant d'or.

Sa main la fit repartir en arrière tandis qu'il la lâchait, son regard se désintéressant purement et simplement d'elle. D'un coup de talon sec, l'homme aux yeux rouges ordonna à sa monture d'avancer et les cavalières lui emboîtèrent le pas. Seule la blonde resta une seconde supplémentaire à hauteur de l'Indocile, pour lui cracher à la face avant de prononcer un juron elfique. Finalement, dans un regard de dédain prononcé, la dénommée Tihanna partit rejoindre ses pairs qui évoluaient au pas dans ce qui restait à traverser du boyau de l'allée.

Mélisandre Cairn:
Mélisandre balaya la poussière de son gilet d'un revers de main, puis attarda son regard sur la marque blanche peinte au niveau du jarret de l'étalon. Elle suspendit aussitôt son geste, reconnaissant le serpent blanc qui s'y contorsionnait. La remarque du cavalier retentit alors comme la douce rançon de la fatalité à ses oreilles. Allons bons, je ne pouvais pas tomber sur quelque d'autre. La jeune femme croisa les pupilles purpurines de l'homme tout en se composant un masque lisse, surmonté d'un fin sourcil arqué sur son indolence. Elle le dévisagea longuement, sans trahir ses émotions, d'un regard pénétrant, métissé de curiosité. Ce mâle là n'était pas ordinaire. L'ombre espiègle d'un sourire plana à son tour sur son visage, rapidement effacé par le fil de la lame qui se lova sous sa gorge, cependant.

La féline dévia son attention sur la dénommée Tihanna. Une réplique cinglante lui brûla les lèvres, mais elle se ravisa. Le Yamata no Orochi faisait partie de ces institutions qui n'admettaient pas les répliques cinglantes. Peut-être que si le déroulement de sa vie ne lui avait pas semblé si incertain à cet instant critique, elle aurait délié sa langue. Mais elle avait mieux à faire que mourir. Le souvenir de Stephen, la saillissant telle une petite chienne devant Leterfroy et ses sbires la conforta dans cette conviction. Alors, la diablesse se contenta d'apposer l'arrondi de son index sur le tranchant de la lame et de le faire courir doucement dessus, comme s'il ne s'agissait ni plus ni moins que d'un jeu -patiente. Elle lancerait bientôt les dés, à son tour. La peur n'existait pas. Ni sur son minois, ni dans ses veines, ni dans son attitude, nonchalante. L'ordre de l'alpha survint enfin, et elle fut libérée de la menace de l'épée. L'effrontée articula ostensiblement le mot "vipère" sans le formuler, dardant son regard fauve dans celui de la blonde tandis que celle-ci rengainait. Puis elle porta lentement l'entaille de son doigt à ses lèvres pour en suçoter le sang. Elle n'eut pas le loisir d'en savourer davantage le bouquet métallique et sirupeux toutefois, car le contact glacé d'une main étrangère s'aventura sur son visage.

" Mmh... "

Une main d'abord caressante, qui se fit rapidement prison. L'ombre fugace de la douleur traversa l'expression de sa jolie frimousse. L'Indocile fit un pas vers l'étalon et son cavalier, la tête rejetée en arrière, exposant son air farouche et la balafre qui traversait son visage, à l'image de celle qui barrait celui de l'homme. Un frisson l'électrisa. Elle s'était raidie, et clamait -tout en demeurant mutique- ne me touche pas. Néanmoins les paroles du guerrier lui arrachèrent un sourire furtif, sous-tendu par une pointe de malice. Toujours sans prononcer un mot, elle recula, optant pour la retraite -et puis, sa poigne, refermée sur sa tignasse, l'y incita grandement.
Tihanna survint à sa hauteur, et les deux jeunes femmes se toisèrent. Vipère. Mélisandre se mordit férocement la lèvre pour se contraindre au silence, toujours, puis essuya d'un revers de main le crachat dont elle la gratifia, tranquillement. Après quoi elle observa le trio s'éloigner, une main posée contre sa hanche, soulignant sa taille. Un soupir s'exhala. 

" Donc, c'est à mon tour ? "

Question rhétorique. La jeune femme rejoignit sa jument, qui s'était apaisée à l'ombre d'une devanture de tannerie. Elle l'enfourcha, et sans attendre, retourna à son point de départ. Un hongre pommelé somnolait au point d'attache. Il s'ébroua puis hennit à l'approche de la grise, laquelle piaffa. Mélisandre haussa un sourcil en comprenant qu'elle vivait probablement ses premières chaleurs. Sans perdre de temps, elle récupéra la selle et la lui mit, avant de constater que ses chausses avaient disparu. La pieds nus haussa les épaules, puis avisa les sacoches qui lestaient le harnachement du cheval voisin. Sans surprise, il ne s'y trouvait rien de valeur -mais elle récupéra tout de même une longue corde, solidement tressée, et quelques granulés qu'elle offrit à sa monture.

" Aujourd'hui ma belle, on chasse du serpent. "

Et comme à chaque fois qu'elle savait aller au-devant d'ennuis, la sulfureuse démone se mordilla la lèvre, l'œil pétillant. La grisette se mit d'emblée au petit galop quand elle grimpa dessus, et toutes deux remontèrent la piste du gibier. Elles ne tardèrent pas à combler leur retard. Les silhouettes des trois soldats se découpaient à présent devant elles. Dans un souci de discrétion, Mélisandre repassa au pas, et se laissa bercer par le claquement des sabots le long de l'allée marchande, tout en suivant les trois cavaliers. Son œil était attentif. Il ne tarda pas à capter la lourde enseigne d'un forgeron qui se balançait mollement en hauteur, au-dessus des passants. Une épaisse tige d'acier la soutenait, fichée contre le mur lézardé du bâtiment. Le trio venait de la dépasser.

" Allez ! "

L'intrépide pressa son cheval. Elle attacha solidement une extrémité de la corde au pommeau de sa selle, puis jeta l'autre bout par-dessus la plaque métallique, obtenant ainsi un système de poulie rudimentaire. D'un geste prompt, elle retira sa ceinture, rattrapa le second segment de la corde et lança son coursier au galop pour se rapprocher de sa cible. Elle fit tournoyer son lasso improvisé au-dessus de sa tête et ajusta son tir. Il restait encore assez de mou. Le cordage siffla, et le nœud de l'extrémité s'enroula autour du cou de Tihanna. Maintenant, il s'agissait de ne pas lui laisser le temps de réagir. Désormais suffisamment proche de son étalon, la démone cingla méchamment sa croupe à l'aide de sa ceinture -de toute ses forces. La bête poussa un hennissement perçant et s'emballa.

" YAH ! "

De son côté, Mélisandre avait fait volte-face et détalait à toute vitesse dans le sens inverse. Une poignée de secondes suffit pour que la corde se tende brutalement et que la Vipère soit éjectée de sa selle, puis traînée dans la poussière, la gorge garrottée par le lien, lequel s'avérait trop épais pour être tranché d'un coup net. La jument grise et sa cavalière dépassèrent à vive allure l'enseigne du forgeron. Aussitôt, le corps de la femme quitta le sol pour s'élever, suspendu dans le vide, tandis que la corde raclait la tringle en acier qui soutenait l'écriteau de l'artisan.

" Oooo-h.... " souffla l'Indocile à sa pouliche qui s'immobilisa, moite de sueur.

Ses muscles roulaient sous l'effort. Elle luttait, pour maintenir la traction sur la corde, toujours enroulée autour du pommeau de la selle. La Vipère en armure pesait son poids.
La féline tressaillit. L'adrénaline pulsait en elle. Elle dégaina son poignard et l'appliqua contre le nœud de l'arçon, sans trembler, avant de s'adresser aux deux autres, d'une voix forte :

" A cette hauteur, et en prenant en considération la masse de sa cuirasse, votre amie risque fort de se briser les jambes en tombant. Mais, c'est sûrement le dernier de ses soucis, n'est-ce pas ? "

L'effrontée leva subrepticement les yeux vers la pendue, laquelle devait très certainement être en train de suffoquer.

" Voilà comment je conçois les choses : quand j'arrêterai de parler, ce qui va subvenir très bientôt, je détacherai la corde. L'un de vous la réceptionnera, en bas. Quant-à l'autre... "

Mélisandre survola rapidement le mâle de son regard sombre, un petit sourire conquérant étirant sa bouche. 

" Ma langue est là - elle humecta ses lèvres, insidieusement, et votre verge ? "

Sur ce, l'Indocile se débarrassa de son fardeau et dénoua le lien de la corde. Tihanna entama sa chute, et la diablesse se précipita dans un galop nerveux et effréné, prenant le chemin des landes. Elle ne voulait pas risquer de tomber nez à nez avec d'autres serpents. Là-bas, ils seraient tranquilles.
La course dura, mais pas assez longtemps pour venir à bout des ressources de son cheval. Une fois arrivés sur les plaines, Mélisandre tira sur les rênes, tout en s'assurant de rester à une distance raisonnable de son poursuivant. Sa grise se mit décrire de petits cercles, écumante et nerveuse, piétinant le sol aride.

" Je vous propose un marché ! Faisons la course, jusqu'aux bosquets qu'on aperçoit là-bas. Si vous la remportez je me rendrais et vous pourrez disposer de moi comme vous l'entendrez. Au contraire, si j'en sors gagnante, il vous faudra écouter la faveur que j'ai à vous soumettre ! " 

La fuyarde plongea la main dans sa crinière pour en rabattre les mèches frivoles, dans l'attente d'une réponse. Essoufflée, mais loin de s'avouer vaincue.

Kyle Macross:
Pour les trois têtes du serpent blanc, l'incartade était tout à fait négligeable. Un petit intermède dans leur journée, incident dont ils ne parleraient sûrement plus par la suite. L'Indocile et ses piètres talents de cavalière étaient déjà derrière eux et n'importaient plus à leurs esprits déjà occupés. A peine le Maître avait-il pensé que l'étrangère était amusante que déjà ses pensées s'étaient tournées vers le reste de la journée, comme sa monture avait changé de direction pour emprunter les pavés d'une rue plus large et plus marchande que la petite allée dans laquelle leur avancée avait été interrompue. Le Yamata no Orochi n'avait ni à se cacher ni à masquer les traces de son passage, laissant avancer cette redoutable hydre d'un pas tranquille à travers la cité. Voilà que les serpents avançaient paisiblement dans le flot réguliers des passants qui s'écartaient pour les laisser évoluer, prenant parfois le temps de s'arrêter pour demander le prix d'un quelconque artefact exposer ou saluer d'un geste vague une tête connue. En somme agissaient-ils comme tout à fait n'importe qui, à la différence peut-être que le reptile immaculé sur leurs vêtements et montures dissuadait la plupart des petites frappes tapies dans la masse de tenter de leur voler ce qu'ils auraient put estimer être à portée de main.

En ville, les serpents ne cessaient pas d'être prudents. Leurs ennemis étaient nombreux et compétents dans l'art d'ôter la vie, mais ce fief était "à eux". S'attaquer au Yamata no Orochi dans une cité où il comptait nombre d'alliés ou de prétendants à leur bannière aurait été folie, aussi relâchaient ils inconsciemment leur vigilance. Comme la vipère en armure.
Tihanna était une fière elfe et une redoutable combattante, qui n'avait comme amour que celui qu'elle portait à l'acier aussi effilé que bien trempé. Aussi s'était-elle arrêtée un instant au passage de la devanture du forgeron, observant le travail opéré sur une épée bâtarde qui lui avait attiré l'oeil. Son petit caprice presque féminin de lèche-vitrine accompli, elle s'était retrouvée séparée de ses compagnons de quelques mètres et cela avait suffit à la dresser en cible idéale. Le galop derrière elle, la ruée de cette ombre aux formes graciles sur elle, le noeud coulant autour de sa gorge... La vipère n'eut pas le temps de réaliser l'action que déjà elle était arrachée au dos de sa monture sous les exclamations des passants qui attirèrent l'attention du Maître et de la redoutable Shie'Ra. Les cavaliers arrêtèrent leurs chevaux et lorsque la terranide empoigna sa lance dans un grondement, l'homme la stoppa d'un geste.
Ses yeux grenadins passèrent du corps gesticulant de la pendue à celui de sa tortionnaire, ses sourcils se fronçant lorsqu'il en vint à la reconnaître. "Intéressant", pensa t'il sans rien en montrer. Il se contenta d'observer comme un reptile braqué sur sa proie.

- Ses jambes et sa gorge sont le cadet des miens, répondit il simplement.

Tihanna se griffait le cou tandis qu'elle cherchait une prise sur son collier étrangleur, ses jambes remuant au-dessus du sol en un pathétique spectacle qui semblait amuser quelques uns des badauds amassés là. Pour certains, l'Indocile allait rapidement devenir une héroïne de récits de taverne. Pour la plupart des autres, elle ne serait bientôt plus qu'un exemple sanglant. Tous en revanche écoutaient, passant d'un protagoniste à un autre dans l'attente de la suite.
La démone parla, mais les mots qui sifflèrent de la bouche du mâle ne fûrent nullement pour elle.

- Laisse la choir. Si elle est capable de revenir au camp en rampant, fais en sorte qu'elle soit soignée. Sinon, achève la de tes mains et récupère ses armes, son cheval et son armure.

Ainsi, l'Indocile le défiait, lui ? Le Maître s'en amusa, son épais et long catogan semblant un instant serpenter autour des épaules sur lesquelles il reposait. Quand la corde fût tranchée et la chute de l'elfe amorcée, le serpent lança sa monture au triple galop pour donner la chasse à son nouveau gibier. Comme elle, l'homme sorti de la ville pour enfin évoluer sur la plaine qui la bordait, ménageant la course de son étalon pour ne pas l'épuiser outre mesure. Il ne la perdait pas de vue, ses pupilles dardées tant sur le dos de Mélisandre que sur sa nuque dissimulée par la cascade couleur de ténèbres qui caressait l'espace délicat entre ses omoplates. Peut-être que cette superbe garce l'entraînait dans un piège dans lequel il se jetait avec la naïveté du nouveau-né, mais elle paierait cher le prix de sa petite révolte et l'humiliation faite au serpent blanc sur son propre domaine.
Arrivé à quelques mètres de son niveau, le Maître abandonna le galop au profit d'un pas de marche presque tranquille et dénué de menace. Ce que son regard et l'aura malsaine qui émanait de lui n'étaient pas, en revanche. Pourtant affichait-il un air tranquille souligné d'un sourire léger mais présent, pour donner le change. Ou, à sa façon, hypnotiser la petite souris qu'il comptait bien gober.

- Ainsi pense tu être en mesure de me faire écouter tes palabres, femelle ? Un rire cingla l'air. Soit ! Je vais récompenser ton imagination et ton culot en acceptant ton défi.

Les talons frappèrent les flancs de l'animal comme les rênes en fouettèrent l'encolure. L'étalon se mit à hennir et se lança dans la course à la suite de la grise. Les animaux se talonnèrent presque à tour de rôle avant de parvenir à rester au même niveau de longues secondes. Dans la prairie, aux les galops effrénés répondaient les invectives puissantes et nerveux des cavaliers qui cherchaient à remporter la mise. Et quelques mètres avant les bosquets signifiant le but de la cavalcade, l'écart se creusa enfin d'une courte tête. La jument grise piétina la première la végétation modeste alors qu'elle s'arrêtait et que l'étalon de l'homme l'imitait, le mors lui meurtrissant la bouche alors que l'Alpha le forçait à stopper.
Le Maître avait perdu la course, mais n'en semblait pas pas ému pour autant. Ses mains reposaient sur la selle de son cheval qui respirait bruyamment, en vue de la cavalière qui l'avait défié et vaincu.

- Tu monte mieux que notre petit passage dans la ruelle ne le laisser à penser, femme. Tu as gagné, mais il est de notoriété publique que je n'ai qu'une parole très limitée.

La poigne fila en un éclair. Le catogan démesuré de l'homme avait bondit comme un serpent, filant sur la gorge de Mélisandre pour l'enserrer comme dans les anneaux d'un boa capillaires dont les mêches qui constituaient le corps semblaient finalement être des écailles d'un noir charbonneux. Avec force, le curieux attirail vipérin jeta à terre l'indocile sans pour autant la relâcher, semblant même s'allonger pour ne pas gêner le Maître tandis qu'il posait doucement le pied à terre. D'un pas, le serpent avala la distance entre la délicieuse petite rebelle et lui, la faisant se dresser grâce aux anneaux qui la maintenait. Sa queue de cheval se comportait ainsi comme un membre supplémentaire qui lui permettait de garder les mains libres.
Idéal pour lancer son poing dans l'estomac de l'Indocile avec une violence suffisante pour faire plier n'importe quel homme. Ses phalanges restèrent dans sa peau, deux doigts s'étirant du poing pour percuter son foie. Tandis que le Maître lui laissait juste ce qu'il fallait de mou pour se crisper et vomir, il laissa entendre sa voix grave.

- Je devrais te briser les deux jambes pour remplacer celles de Tihanna, chienne. La gifle qu'il lui infligea du revers de la main claqua sèchement dans l'air. Je devrais arracher cette langue trop bavarde pour te faire payer ton air de défi envers moi. Mais alors comment lécherais tu ma queue, petite putain ?

Le catogan reptilien s'enroula sur lui-même, entraînant le corps de Mélisandre avec lui et la mettant ainsi dos à son tortionnaire qui abattit une main lourde et obscène sur son cul, ses doigts sévères venant s'enfonçer dans la séparation de ses globes galbés pour chercher à meurtrir son petit anneau de velours malgré le tissu. Finalement, leur chute continua sur les lèvres de son creuset intime qu'il caressa sans douceur ou seulement envie avant de s'en désintéresser. L'étreinte capillaire la ramena face à face avec l'homme, qui saisit l'un de ses seins pour le pétrir sans vergogne et avec assez de force semblait-il pour l'arracher au buste qui le portait. Le Maître tortura un temps la chair mammaire, la pinçant au sang avant de la laisser. L'indocile fut enfin forcée à se mettre à genoux et son visage reposa un instant contre le volume de la queue du Maître, encore prisonnière de son pantalon.
Une nouvelle gifle fusa, sur l'autre joue cette fois. La verge sembla s'agiter l'espace d'une seconde -littéralement, comme douée de vie- avant que la sensation ne cesse. La main du Maître se faufila sur la tête de l'Indocile, ses doigts se refermant sur sa crinière pour lui faire relever le visage. Et tant pis si quelques mèches brunes devaient mourir sous le choc brutal.

- Voilà où se trouve ma queue, petite pute. Je devrais te la faire bouffer à t'en étouffer  dans ta morve mais tu as gagné notre petite course. Je vais donc te laisser l’occasion de parler, de me soumettre ta...faveur.

Il cracha le mot de fin avant que la prise reptilienne ne laisse libre sa prisonnière, le catogan se rétractant pour remonter le long du corps musculeux. Ses anneaux se calèrent sur les épaules du Maître, reprenant leur aspect grossièrement chevelu tandis que la vie contre-nature qui les avaient animés jusque là semblait les avoir abandonnés.

- Je te conseille de bien choisir tes mots, à partir de maintenant. Ton destin pend au bout de ta langue, ma belle petite traînée.

Mélisandre Cairn:
Mélisangre contenait la fougue impétueuse de son cheval entre la tonicité de ses jambes. Elle trépignait, impatiente, les naseaux dilatés et vrombissants. Un nuage de poussière s'épanouissait entre ses petits sabots nerveux tandis qu'elle tournoyait comme une danseuse. Sa frénésie contrastait avec l'attitude paisible et impavide de l'étalon de son poursuivant. Le rire acerbe de ce dernier ne tarda pas à résonner sur les landes, ce à quoi la belle répliqua par un vague sourire, rayonnant d'impertinence.

" Laissez-moi vous montrer ce que je vaux, seigneur serpent ! Je ne vous décevrai pas. "

Les concurrents s'élancèrent d'un même élan furieux sur la plaine. Le roulement effréné de leur galop retentit, puissant et enlevé, martelant le sol. La diablesse n'avait eu qu'à ouvrir les doigts pour laisser bondir sa jument, laquelle avait filé telle une furie grise, se mettant presque aussitôt au niveau de l'étalon baie. Elle s'était ensuite fait quelque peu distancer avant de revenir à la charge, jetant dans la course toute son énergie. La rage de vaincre des cavaliers avait entretenu l'emballement frénétique des montures, jusqu'à ce que le meilleur postulant à la victoire creuse finalement l'écart. Mélisandre avait offert une lutte acharnée au chef des Yamata no Orochi, poussant son coursier au-delà de ses limites pour décrocher la victoire, raflant la gloire de la réussite dans un épais nuage de poussière.

La jeune femme revint à la hauteur de son rival dans un petit trot enlevé, arborant l'arrogance vaniteuse du vainqueur. Son ravissant minois était en parti occulté par l'indiscipline de sa chevelure, mais pas assez pour complètement dissimuler son ravissement. Sa brave petite grise soufflait bruyamment, écumante de sueur, tout en mâchonnant son mors. La démone prit soin de conserver une distance respectable avec le guerrier -simple marge de prudence. Après avoir récompensé son destrier d'une longue caresse sur l'encolure, elle prit la parole :     

" Promesse tenue, homme. Puissiez-vous ne plus me sous-estimer, à présent, " fanfaronna d'abord l'intrépide, avant de brusquement se figer sur sa selle, sourcils froncés, la mine sombre à l'écoute de sa conclusion.

La menace demeura insoupçonnable, jusqu'à ce qu'elle jaillisse brusquement, aussi perfide et véloce qu'un cobra. En un éclair, l'Indocile se retrouva projetée au bas de son cheval, mordant rudement la poussière. Ses doigts se raidirent aussitôt sur l'étreinte suffocante sans parvenir à s'en défaire. Pauvre idiote. Se morigéner s'avérait pourtant aussi vain qu'inutile, désormais. Rapidement, le python noir la remit sur pieds, sans ménagement. La prisonnière cessa alors de se débattre, de crainte de voir l'emprise s'accentuer cruellement sur sa gorge. Elle sentait la chose ramper contre sa peau, rugueuse et hérissée d'écailles, suintante d'hostilité. Les anneaux qu'elle devinait se contracter sous les squames laissaient soupçonner une force phénoménale. Suffisante pour broyer chair et os. Une nouvelle menace se profila, et Mélisandre préféra se focaliser sur cette dernière, consciente du danger que l'alpha incarnait en s'approchant d'elle. Il la dominait de plusieurs têtes. Détail qui ne l'empêcha pas de soutenir son regard pourpre, avec l'austérité propre au dégoût. Avait-elle peur ? L'expression de son visage, ombrageuse et farouche, ne permettait pas d'en juger avec exactitude. Aucun mot ne franchit ses lèvres. L'attente se fit en silence, imbibée d'amertume. Comme prévu, les représailles ne se firent pas prier davantage.

" MM-mphf... ! "

La diablesse s'arqua péniblement en avant, jambes fléchies et flageolantes. Si la poigne impitoyable du boa capillaire ne l'avait pas retenue, même la force de sa volonté n'aurait pu l'empêcher de s'écrouler. Son corps convulsa, éprouvé par le coup. Quelques secondes plus tard, la captive vomissait à ses pieds, livide, luttant pour retrouver son souffle, coupé par l'impact. Les paroles du bourreau bourdonnèrent à ses oreilles, dépourvus de sens. Puis un nouveau coup survint, violent, qui lui fit voir trente-six chandelles. Complètement désorientée, Mélisandre tâtonna près de sa ceinture, comme pour se saisir d'un objet. Sans y parvenir.

Un semblant de lucidité lui revint quand elle sentit le serpent explorer le galbe de ses fesses. Le sentiment de danger se fit plus aigu, plus urgent encore, comme son tortionnaire se trouvait à présent dans son dos, ce qui lui permit de surmonter la douleur sourde pourfendant ses entrailles. Le Yamata lui soutira un grondement furibond en s'aventurant là où il n'était définitivement pas le bienvenu. Un instant, elle cru que le tissu allait se déchirer sous l'insistance abrupte de ses doigts contre sa petite rosace. La démone ferma ensuite les cuisses pour interdire l'accès à son intimité, bouillonnante de colère. Il lui extorqua néanmoins un frisson de répugnance lorsqu'il se retira. Nul répit pour l'Indocile, toutefois. Contrainte de dissimuler son masque grimaçant derrière le rideau ténébreux de sa crinière, Mélisandre se mordit furieusement la lèvre pour ne pas se plaindre, tandis que la douleur transperçait cette fois son sein, si sensible. Ses mains s'interposèrent, en vain, car il la fit mettre à genoux. Ses jambes ployèrent sans donner la moindre illusion de résistance -chose qu'elle avait désespérément tenté de fournir, pourtant. Peut-être l'avait-il flairé, et une autre gifle fondit sur elle, annihilant sa révolte. Le goût du sang se répandit dans sa bouche et réveilla sa nausée. L'Indocile ferma les poings sur les cendres de la plaine Ashnardienne, tremblante. Son regard sombre ignora la saillie de son pantalon, et elle inspira sèchement. Son nez aussi, saignait. Elle humecta sa lèvre fendue, récoltant la saveur insipide de son hémoglobine, comme la rançon de sa défaite, intolérable. Le puissant mâle ne lui laissa pas le loisir de rassembler ses esprits. D'une poigne ferme, il lui fit rejeter la tête en arrière, exposant la ruine sanglante de son visage. La sauvageonne déglutit, le regard opacifié par son animosité, avant d'être enfin délivrée de son emprise. La phrase de son persécuteur ponctua ses efforts pour se redresser. La jeune femme chancela, maladroite, retomba dans la poussière, puis se releva, à nouveau. Ses genoux tremblaient tandis qu'ils supportaient le poids de son corps brutalisé, à l'exemple de ceux d'un faon. Un revers de main sec vint essuyer son minois, lui conférant le début d'une contenance.

" Ce n'était pas... utile, " articula-t-elle, âpre, en décochant un regard sévère vers l'homme.

Sa main droite caressa discrètement la garde de son poignard, glissé sous sa ceinture, comme pour se rassurer. Puis elle renifla, encore, avant de presser le dos de son poignet contre son nez afin d'endiguer l'afflux de sang qui poissait ses narines et sa bouche. Il s'agissait de se concentrer, à présent. Ne pas faire de faux pas.

" Une belle petit traînée, hein... ? Je me flatte de n'avoir qu'une parole, en ce qui me concerne. "

Son regard se durcit, et elle fit une courte pause. Elle savait à présent que le catogan de son interlocuteur jouissait d'une portée conséquente. Un coup d'œil fugitif en arrière, pour s'enquérir de son cheval, confirma ses appréhensions. Peu importe la vélocité dont elle ferait preuve, elle ne pourrait pas l'atteindre avant qu'il ne lui tombe dessus, à fortiori si elle tenait à peine debout. Mais Mélisandre se consola bien vite : de toute manière, il n'était pas question de reculer. Elle se recentra sur ses motivations. Stephen. Le beau diable en avait beaucoup dit sur lui. Trop, peut-être. Et elle en savait suffisamment pour espérer pouvoir retrouver le nid dans lequel il entretenait probablement ses conquêtes, à Nexus. Les deux démons s'étaient rencontrés sur une place marchande d'Ashnard. Une place aux esclaves. La féline ne doutait pas qu'il s'y trouvait dans l'espoir d'y faire des emplettes. Ce qui l'avait tout naturellement amenée à penser qu'il possédait déjà sûrement quelques jolis bibelots du genre, chez lui. L'indocile reprit la parole, forte d'une assurance froide :

" Les ragots circulent vite, à Ashnard. Ils font et défont les réputations. Il sera difficile de faire taire les rumeurs sur ce qui s'est passé. Les Yamata no Orochi, agressés et humiliés sur leur propre territoire ? Mmmh... c'est moche. Vraiment très moche. Je ne suis même pas une guerrière. Je ne suis... qu'une petite pute. Vous l'avez dit vous-même. "

La jeune femme le gratifia d'un sourire fade, les prunelles étincelantes de mépris. Puis la prudence la poussa à baisser un instant les yeux, avant de reprendre :

" Vous pourriez me tuer puis exhiber mon cadavre que l'affront resterait le même. Cependant j'ai une solution. Une solution qui nous sera profitable, à tous les deux. Il y a un homme, à Nexus, un puissant démon, qui me revendique comme son esclave. J'ignore son nom, curieusement -car il se méfie de ce que je pourrais en faire, et il a bien raison. Vous le connaissez sûrement, de visu, et il vous a peut-être déjà approché pour acheter une femelle, humaine, terranide, peu importe... Il se repaît de la chaleur qu'il trouve dans les bras des jolies femmes. Il possède un regard au moins aussi particulier que le vôtre, orangé. C'est un homme séduisant et influent. Un homme dont personne n'ose entacher le nom. Aux Enfers c'est un seigneur, à Nexus un noble de haut rang et à Ashnard un Rougelame craint et respecté. Dernièrement il a séjourné à l'Auberge de la Nuit Rouge. En questionnant le tenancier vous obtiendrez sans doute son nom si vous ne l'avez pas déjà sur la langue. Il se fait suivre d'un jeune oriental, son valet, Silat. Vous voulez faire taire les rumeurs en ville et réaffirmer l'autorité de votre bannière ? Trouvez, non pas ce démon, mais sa demeure nexusienne. Prenez, dans sa maison, ses esclaves, et jouissez-en selon votre bon plaisir. La nouvelle se rependra et on saura alors que le clan des Yamata no Orochi ne tolère pas qu'on lui manque de respect sur son propre territoire. Me punir ne suffira pas à réhabiliter votre autorité parce que je suis insignifiante. Mais lui ne l'est pas. Il convient donc de l'humilier à domicile comme il l'a fait avec vous, à travers moi, puisque je suis sa propriété. Ashnard ne doit pas être une frontière à votre joug. N'est-ce pas ? "

La donzelle affronta le regard de l'alpha. Elle avait adopté une posture plus confiante, et ses jambes la soutenaient avec plus d'aplomb désormais.

" Ma faveur la voilà : ne commettez pas l'erreur de me confondre avec une vulgaire esclave. Je n'en serai jamais une. Votre petite protégée rampait et sifflait comme un serpent mais ne possédait pas le discernement qu'il convenait d'avoir pour espérer échapper à ma rancune. Toutefois ce n'est pas une chose dont je me vanterais si de votre côté vous faîtes ce qu'il convient de faire. "

Mélisandre fit un pas vers le colosse et serra les poings. Il avait tant cherché à la réduire à son rôle de petite femelle frêle qu'il ne s'attendrait certainement pas à la voir le quitter pour retrouver le sien, celui, irréductible, de l'Indocile. Elle avait choisi ses mots. Désormais, il lui revenait d'en estimer la pertinence et de porter son jugement sur la sulfureuse démone, en même temps que son verdict.

Navigation

[0] Index des messages

[#] Page suivante

Utiliser la version classique