Arr’Kesh en avait assez de son propriétaire. Il ne s’agissait pas vraiment d’un choix personnel en la matière, ventripotent, écoeurant, ce marchand d’esclave était déjà corrompu jusqu’à la moelle. Il ne l’avait gardé que pour lui permettre d’approcher davantage de gens qui ne seraient pas toujours aussi sombres que l’esclavagiste. Il avait préféré se retirer dans le médaillon, et avait commencé à lui donner envie d’oublier le médaillon, et pendant une représentation d’un cirque, un cirque assez macabre et assez sombre tout à fait plaisant, il en avait profité pour détacher la chaine. Magiquement allégé avec les restes de pouvoir du démon privé d’hôte, il tomba en silence sur le sol et le démon s’évapora et se fit oublier un temps, il ne voulait pas retourner entre ses griffes… non, il devait trouver quelqu’un qui ait plus de désirs à satisfaire et d’âme à corrompre. Il resta inactif jusqu’à ce que, lassé, le marchand s’en aille, il se mit alors à doucement luire et en même temps, un léger murmure dans l’esprit des gens alentour, quelques mots tout simples. « Viens à moi, vois comme je suis beau et porte moi ! »
Personne. Ou du moins, personne ne vint le voir, personne ne vint à lui pour l’essayer, non. Avait-il perdu trop de pouvoir en faussant compagnie au marchand ? Sans doute, en effet. Il ne s’agissait pas d’une mince affaire sans risque que de rompre un contrat… même si le contrat était tacite… piégé dans la pierre, il hurlait mais personne ne l’entendait, personne ne l’entendit pendant un moment, jusqu’à ce qu’il sente de la peau ou du moins un épiderme quelconque. Il eut peur un court instant que le marchand de l’ai retrouvé, mais en fait non, il s’agissait d’une jeune femme qui venait de le ramasser. Une jeune femme plutôt étrange, qui marchait à l’aide de béquilles, comme si elle avait les jambes liées entre elles. Quoiqu’en sentant cela de plus près, il eut l’impression qu’elle avait vraiment les jambes liées entre elles. Il sentit un regain de puissance parcourir les veinures de la pierre alors qu’elle la passait autour de son cou, laissant le médaillon glisser sur sa gore. Au contact de sa peau, il avait retrouvé sa puissance et il sentait son cœur empli d’envies et de désirs aussi divers que variés, il ne les connaissait pas mais le sentait là, présents…
Très discrètement, de légers volutes de fumée se mirent à sortir du médaillon, et sous sa forme brumeuse il l’observa retourner dans sa loge, et il attendit que sa visiteuse soit partie pour finalement daigner apparaitre aux yeux de la jeune femme. Il se matérialisa, prenant une forme humaine, ni griffes, ni crocs, juste une chevelure de feu qui cascadait dans son dos irradiant légèrement les alentours, émettant une douce lueur.
« Bonjour jeune dame. »
Il avait la voix douce et chaleureuse. Il s’approcha et s’inclina profondément devant elle, allant même jusqu’à poser un genou à terre. Une position de soumission qui ne révélait que le jeu qu’il menait par nature. Il courba l’échine très lentement, d’une manière exagérée, peut être, mais qui passait pour très respectueuse, il ne s’agissait pas de vexer la vict… euh, la maitresse qu’il avait trouvé.
« Parce que tu me portes tu me libères, commande et j’obéirai, demande et j’exaucerai. Tes vœux les plus chers seront réalité, tes envies seront des ordres, que ta volonté soit faite est ma ligne de conduite. »
Le reste, elle n’avait pas à l’apprendre tout de suite. Elle l’apprendrait en temps utile, tout simplement.