Le carrosse et les soldats avaient été légèrement ralentis par la foule dense qui se trouvait dans la partie basse de Sylvandell. Magikya n'avait pas vu le temps passer dans cette partie de la ville, elle observait l'architecture et la population de ses yeux aguerries et éprouvait un grand sentiment d'infériorité face a toute cette structure et la densité de la population.
Elle put ensuite voir l'étendue de cette partie basse depuis les montes-charges sur lesquelles elle, sa troupe et le carrosse se trouvaient, en direction de la aprtie haute de la ville. Lorsqu'ils arrivèrent ainsi à cette partie de la ville, là où, en plus, elle pouvait discerner le château royale, s'était même un sentiment de faiblesse qui naissait en elle.
Venue pour forger une alliance avec ce royaume, d'égale à égale avec la princesse, elle avait surtout l'impression de sortir de sa campagne et de découvrir une toute autre réalité. Elle savait pourtant que c'était un royaume puissant, ayant une histoire incroyable, forgée dans l'alliance avec les dragons, mais toutes ses lectures et l'écoute de voyageurs ne l'avait pas préparée à une telle puissance qu'elle avait l'impression de sentir dans toute la ville. C'était un royaume forgé et légitimé dans les années, qui avait connu bien des crises et s'en était toujours relevé, elle se sentait bien naïve avec son royaume d'à peine 2 000 habitants et dix fois moins de soldats et qui n'avait connu que deux printemps et déjà de nombreuses épreuves. Actuellement, le royaume était ainsi partagé quant à la légitimité ou non de l'esclavage comme commerce, même si Magikya y était peu favorable, elle savait que s'y fermer venait à tourner le dos à une véritable mine d'or, d'échanges avec d'autres royaumes et d'alliances. Cette première alliance était ainsi le moyen de s'assurer une place de survie dans ces contrées, et également une forme de protection, et pour son peuple, elle devait assurer le bon déroulement de ces négociations, quitte à paraître ridicule devant la cour, mais cela lui semblait bien difficile. Encore plus maintenant que le carrosse était arrivé en face du château royal, sur cet immense pont de pierre.
Magikya lâcha ainsi le rideau pour mieux se concentrer et paraître moins touriste à regarder tout autour d'elle. Elle se concentra sur sa respiration, elle était beaucoup trop émotive pour la situation, sa poitrine se soulevait trop vite à son goût. Elle se mit ainsi à réciter mentalement des rituels magiques, même si c'était inutile puisqu'elle s'était retrouvée dénuée de tout pouvoir magique, afin de penser à autre chose.
Trop rapidement à son goût, le carrosse s'arrêta et l'un de ses soldats, habillé d'une armure qu'ils ne portaient pas à l'habitude, plus noble, couleur argent avec un casque et une cape couleur or, vint lui ouvrir. Elle en sortit et se retrouva face à la tour, le château royale. Elle essaya de ne pas laisser paraître son admiration et de garder un visage noble. Pour l'occasion, elle s'était ainsi vêtue différemment, avec une
robe qui faisait moins magicienne selon elle, plus noble, qui découvrait moins ses seins tout en affichant néanmoins son corps, comme ses jambes, complètement nues, et sans bâton cette fois, il lui aurait sembler hautain voir peu réaliste d'en avoir un sans pouvoir effectué de magie. Elle avait ainsi quelques tatouages, temporaires, peint sur le corps, bleu, un sur la cuisse et un autre au-dessus de la poitrine. Elle tenait à mettre son corps en avant, comme à l'habitude. Dans ses contrées, qui lui donnaient l'effet d'être retardées face à cette ville, les paysans la voyaient presque comme une déesse habillée ainsi, et, ne se considérant pas comme son égal, ne voyait même pas en elle un corps désirable mais qui inspirait le respect.
Elle s'avance vers la porte avec trois de ses soldats, elle n'avait pas de diplomate, elle connaissait bien le royaume et considérait qu'elle pouvait s'en sortir ainsi. Le troisième garde portait un petit coffre, à l'intérieur se trouvait un cadeau pour la famille royale, une petite dague d'une grande valeur, le manche avait été fabriqué dans la dent d'un des plus vieux dragons ayant vécus sur Terra et quelques glyphes y avaient été sculptés puis de l'or fin y avait été versé, le tout en faisait une belle merveille. Elle connaissait le lien profond qui existait entre la famille Korvander et les dragons et pensait que c'était un cadeau qui pourrait leur faire plaisir et, peut-être, les mettre dans de bonnes dispositions pour une alliance.
Elle et sa troupe s'avancèrent ainsi vers l'entrée, ouverte, du château.