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Voyage dans un monde lointain [Angurva]

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Yehaël:
La Tour flamboie de ses lueurs violettes devant toi. Massive, envoûtante, tu la vois à travers tes yeux embrumés. Tu retiens péniblement ton souffle, crachant encore du sang. Des frissons remontent le long de ton corps, te blessant, te rappelant cruellement que tu n’as plus tes ailes. Tu secoues lentement la tête, et, pour occulter la douleur, tes souvenirs te ramènent encore en arrière, à une autre époque... Une époque différente de celle-ci, et relativement proche, quand tu avais encore tes ailes, et que tu t’étais rendue dans un autre monde, traquant Randall Flagg, ce mage qui t’avait trahi il y a plusieurs siècles, et que tu traquais. Tu n’étais pas encore consciente de sa dangerosité. Pas complètement, en tout cas.



Tes investigations t’avaient conduit dans un fort isolé en montagne. Un endroit hostile et dangereux, perdu dans une tempête de neige. Le château-fort était abandonné, vu de l’extérieur, mais il y avait bien de la vie à l’intérieur... Si on pouvait toutefois appeler ça de la vie. Les grandes cours à l’entrée étaient balayées par le vent, et toutes les entrées du château étaient murées. Tu étais passée par une entrée alternative, dans une grotte, affrontant plusieurs manticores et autres animaux dangereux de la montagne. Le froid ne t’effrayait pas, tu y étais habituée. Les grottes te permirent d’entrer dans le château.

C’était une ancienne prison militaire, abandonnée depuis des années, qui appartenait jadis à Ashnard. Officiellement, le château-fort pénitentiaire était abandonné, mais tu découvris rapidement, en avançant le long des cellules, qu’il n’était pas abandonné. Il y avait de nombreux prisonniers, et tous étaient dans un état blafard, hagard. Rabougris et anorexiques, ils ressemblaient à de sinistres cadavres, et certains étaient morts. Les gardes étaient des Draugr peu dangereux, que tu brisas sans difficulté. Tu ne pouvais plus rien pour les prisonniers. Leurs âmes avaient été détruites, et ils n’étaient que des coquilles vides. En t’avançant dans les cellules, tu vis les salles d’expérience, les laboratoires où Flagg s’était livré à ses expérimentations. Un mage était aussi une espèce de scientifique, qui, comme tout scientifique, avait une approche assez empirique des choses, et se livrait à des expériences. Il avait pris des cobayes humains, et tu pouvais percevoir leur douleur, en sentant la fureur t’envahir. Ce monstre les avait torturés. Hommes, femmes, enfants, il avait capturé des familles entières pour se livrer à ces expériences. Dans quel but ? Tu n’en savais rien, mais tu pouvais le deviner. Le contrôle mental. La télékinésie. La métempsycose. Tu vis des notes, des cahiers remplis de pages, d’informations, sur l’évolution des sujets.


--- Citer ---Patient 043, note finale

Les essais sont concluants. La formule a l’air d’être la bonne. Le patient souffre toujours de maux de tête, ce qui, je le crains, ne pourra jamais être ôté. En revanche, il n’est pas rentré dans une frénésie destructrice, et ses barrières mentales se sont suffisamment affaiblies pour me permettre de rentrer dans son esprit, de sentir sa peur, de sentir sa colère. J’ai pu réussir à tuer sa mère avant qu’il ne réagisse, en ne réussissant à se suicider.

Je sens que je suis sur le point de réussir.
--- Fin de citation ---

Serrant les lèvres, tu refermas les pages, continuant tes recherches. Tu vis des bibliothèques avec de nombreux essais et traités parlant de la métempsycose. Cette forme suprême de télékinésie consistait à fusionner les esprits pour prendre possession intégrale du corps d’un autre. Tu en savais assez sur la télékinésie pour savoir que la métempsycose était avant tout théorique, et faisait partie des sortilèges proscrits par la plupart des codes déontologiques des académies magiques. Flagg avait visiblement tenté de s’y essayer, et tu craignais d’être arrivée trop tard. L’Étranger n’était plus là, mais avait forcément laissé des traces, des indices susceptibles de le retrouver.

Tu avais eu du mal à obtenir les informations sur ce château. Tu avais du te renseigner sur Flagg, le poursuivre, pour apprendre qu’il existait bien des rumeurs circulant autour de ce château, qu’on disait hanté par le démon. Dans tes songes, tu avais senti la présence de l’Étranger, ce redoutable mage que tu connais bien, et dont tu as envie de te venger. Il t’a trahi, et tu ne souhaites qu’une chose : lui faire payer la monnaie de sa pièce, et comprendre ce qu’il veut. Tu continues à observer les notes, les livres.

« Je n’y comprends rien... Où est-il passé ? »

Tu secouas la tête, et t’avanças dans un escalier qui descendait. Il était taillé en pierre, et tu rejoignis une salle remplie d’armes, où tu sentais des ondulations magiques. Fronçant les sourcils, tu t’avançais. Quelque chose se cachait ici, se dissimulait parmi les nombreuses armes entreposées ici. Il y avait des armures, des boucliers, des épées, des fléaux... C’était l’armurerie du fort, et, à travers quelques meurtrissures, on entendait le mugissement du vent. L’endroit était plongé dans la pénombre, mais tu percevais les vibrations. Tu étais alors bien loin de te douter de ce qui t’attendrait.

Les vibrations émanaient d’une curieuse épée. Tu t’en rapprochas lentement. Elle était posée au milieu de la pièce, sur une espèce d’autel. Tu t’en approchas lentement, voyant autour de l’épée une espèce de verrou magique, de lien qui restreignait la puissance magique de l’épée. Tu connaissais ce genre de sortilège. Tu cherchas le lien, l’entrave, et, d’un coup, elle fut brisée. Quelle était donc cette mystérieuse épée ?

Angurva:
Tout était noir. Angurva était là, elle flottait nue au milieu de ces ténèbres. Elle était calme et sereine, dans un état proche du sommeil et du rêve. Passive, elle attendait sa libération. Depuis combien de temps était-elle ici? Des jours? Des semaines? Des années? Des siècles peut-être. En tout cas, assez longtemps pour que sa rage et son impatiente lasse place à ce stage de .. sérénité. Elle qui n'avait pas de patience normalement, elle n'avait pas d'autre choix. L'arme vivante maudissait du plus profond de son être ce sale mage arrogant qui l'avait piégé comme un débutante, mais elle ne le montrait pas. Elle s'était déjà suffisamment énervée comme ça contre le vide qui l'entourait. Il fallait attendre une faille, c'était le seul moyen de sortir. Mais comment est-elle arrivée là? Ho c'est très simple: c'est ce qu'on récolte à faire confiance à un mage.

La fille-sabre en avait marre de tous ces magiciens et autres sorciers de pacotilles qui n'arrivaient pas à la rendre plus forte. Pourtant, ça ne semblait pas si compliqué que ça, suffisait juste de faire deux trois tours de passe-passe avec les runes et puis voilà. Bon il y avait cette sécurité qui posait problème. Elle avait été mise au point par Stern Azilius, le forgeron expert en art runique qui avait créé Angurva, et elle semblait incontournable, en tout cas pour tous les prétendus mage qui ont passé des jours à trifouiller le corps de l'arme vivante. Certains avaient pris des notes, d'autres avaient seulement touchés certains endroits intimes. Ces derniers étaient, la plupart du temps, des imposteurs qui voulaient tripoter une jolie fille "consentante" et souvent ils finissaient avec une belle mandale en pleine face ou la tête encastrée dans un mur. Mais bref... La fille-sabre cherchait et cherchait sans jamais trouver le moindre expert en magie assez doué pour contourner le verrou. Du moins jusqu'à ce qu'elle le rencontre lui. Il ne lui avait pas donné son nom, mais il prétendait connaitre tous les secrets de la magie. "Encore un prétentieux" pensait Angurva, mais elle lui laissait une chance de le prouver. C'était un mauvais choix.

L'arme vivante avait l'habitude de faire confiance aux mages sans les connaitre. Elle se pensait assez forte pour les contrer s'ils tentaient quelque chose et puis de manière générale ils étaient trop absorbés par leurs tentatives pour faire exploser la sécurité pour essayer de la doubler. Mais cette fois-ci, Angurva aurait du refuser de suivre cet homme. Il l'entraina loin de toute civilisation, en pleine montagne, isolé de tout. Le froid était très présent, mais la fille-sabre le ressentait à peine. On pouvait entendre des plaintes et des cris, mais elle pensait qu'il s'agissait du vent qui soufflait. Elle était loin de se douter que ce mage pratiquait des expériences interdites sur des prisonniers et puis même si elle l'avait sût, elle aurait fait comme si de rien était tant qu'il lui donnait ce qu'elle voulait. Il l'a conduisit dans une pièce qui était censée être son laboratoire, c'est ce qu'il avait dit du moins. Mais, à peine entrée, l'homme utilisa un sort, ou une malédiction, ou un autre truc magique contre l'arme vivante pour la piéger sous sa forme de sabre. Depuis, plus rien. Anguva n'a aucune idée de ce qu'il a fait avec elle. Surement des expériences plus ou moins acceptables. Peut-être est-ce qu'il l'avait placé dans une vitrine pour agrandir une quelconque collection et se vanter auprès de ses amis, mais s'il n'avait pas l'air d'en avoir des masses.

Depuis quelques semaines maintenant, Angurva attend. Elle attend qu'il la libère, par imprudence ou non, pour pouvoir le revoir... Et pour lui arracher la vie. À partir de maintenant, elle ne fera plus confiance à personne, sauf à ses maîtres bien entendu. Pourtant elle n'avait pas naïve, mais trop prétentieuse, elle se sentait invincible. Ce salaud lui avait prouvé le contraire, comme lui avait prouvé les deux déesses de la folie il y a quelques temps. Mais, tout à coup, elle sentie son entrave s'affaiblir. Enfin! Sans perdre encore plus de temps, elle brisa les ténèbres autour d'elle comme si c'était du verre et le katana allongé sur l'autel laissa place, dans un flash lumineux, à une jolie fille au long cheveux blancs. Elle reprit sa forme humaine, mais son corps était recouvert de lettres magiques noires qui disparaissaient petit à petit, les runes.

L'arme vivante s'assit sur le rebord de l'autel, sa vue était trouble et sa tête tournait. Il lui fallut quelques minutes pour reprendre ses esprits et pour apercevoir l'ange en face d'elle, qui semblait surprise de la voir ce qui était normal. Angurva la fixait sans rien dire en réfléchissant.

- Tu es une amie de l'autre, Ange? Où est-il? Je ne te ferais pas de mal si tu me dis où il se cache...

Yehaël:
Avec l’Étranger, tu savais déjà qu’il fallait t’attendre à toutes les surprises. Tu ne fus pas déçue. Cette épée magique t’intriguait, car elle recélait quelque chose d’anormal, une sorte de force magique que tu n’avais jamais rencontré jusqu’ici. Et tu savais pertinemment que Terra était un monde qui, même après des millénaires, pouvait toujours vous surprendre. La magie irradiait ce monde, et, quand un monde était irradié par la magie, il arrivait toujours des choses surprenantes, même pour une Ange. Même maintenant, alors que tu rampes lamentablement en souffrant atrocement, et que la magie semble avoir quitté ce monde, tu te souviens de la surprise que tu as ressenti en voyant l’épée se transformer en une belle femme. C’était comme dans tous ces contes de fées, sur les crapauds baveux se transformant en beaux princes, ou en belles princesses, quand on les embrassait. Ici, une élégante épée venait de se transformer en une belle femme, une femme qui, soit dit en passant, n’avait pas l’air très heureuse. Déboussolée, son corps était parcouru de glyphes noires qui s’effacèrent progressivement. Sa nudité ne te gênait pas. Toi-même, tu étais faiblement vêtue, portant, outre tes gants et tes bottes, des sous-vêtements, uniquement parce que les standards terrans l’exigeaient. Les anges étaient généralement nus ou presque.

Elle finit par te parler, après avoir repris ses esprits. A cette époque, tu n’étais préoccupée que par l’Étranger, et tu essayais de comprendre le lien de cette femme-épée avec lui, sans chercher plus loin. Tu savais que l’Étranger faisait aussi des recherches sur l’enchantement d’objets, comme tout magicien se respectant. Avait-il créé cette épée ? Avait-il réussi à enfermer l’esprit d’un de ces sujets d’expérience dans une épée ? Fallait-il y voir le lien entre ses recherches sur la métempsycose et sur l’enchantement ? A quel sinistre projet ce malade se livrait dans cette montagne isolée ?

« Tu es une amie de l'autre, Ange ? Où est-il ? Je ne te ferais pas de mal si tu me dis où il se cache... »

L’autre ? Elle ne pouvait que faire référence à Flagg. Tu haussa rapidement les épaules, avant de secouer négativement la tête.

« Ne m’insulte pas, femme. Je traque Randall Flagg depuis des siècles, et ce n’est pas pour lui faire la bise. Il doit répondre de ses nombreux crimes. »

Ces derniers étaient trop nombreux pour pouvoir les citer. L’Étranger avait accompli de nombreux forfaits, tous plus terribles les uns que les autres. Les expériences génético-magiques sur les êtres humains n’en étaient qu’un de plus à rajouter sur sa longue liste. Plus tu rencontrais cet homme, plus tu réalisais à quel point il était monstrueux. Tu savais que certains anges prétendaient qu’il existait chez tout un chacun un fond de bonté, mais toi, tu pensais que ce fond de bonté pouvait s’atténuer au fil du temps chez certains individus, pour n’être plus qu’un léger filet transparent. Si tant est qu’on subordonne la notion d’humanité à certains critères humanistes, alors il n’avait plus rien d’humain.

« Je suis Yehaël, Ange de la Pureté, jugeas-tu alors bon de te présenter. Et toi, femme ? As-tu un nom par lequel je puisse t’appeler ? »

Vu la manière dont la femme-épée s’était présentée à toi, tu pressentais qu’elle n’était pas une création de Flagg, probablement une créature que le magicien avait capturé pour l’étudier. Le rapt n’était qu’un menu crime devant ses autres exploits. Rien qu’à y penser, tu sentais un sentiment de colère t’envahir, susceptible de faire changer la couleur de tes yeux. Il fallait que tu te calmes, et que tu te concentres. Tu ne percevais plus l’aura magique de Flagg, et l’impression, de plus en plus persistante, d’avoir été manipulée par ce dernier, s’emparait de toi. A chaque fois que tu le rattrapais, c’était pour mieux réaliser qu’il t’avait lui-même laissé t’approcher, avant de disparaître. Mais, ici, tu espérais trouver des indices, et au moins comprendre où l’Étranger avait bien pu disparaître.

Et, pour l’heure, ceci impliquait d’en savoir plus sur cette femme.

Angurva:
Alors comme ça le mage qui avait piégé Angurva était un criminel. Ça ne la surprenait même pas, les personnes qui étudiaient la magie avaient souvent tendance à l'aller trop loin. C'est pour cette raison que la magie faisait peur à ceux qui n'y était pas initié et qu'aucun sorcier ne criait sur les toits qu'il savait lancer des sorts. La magie, bien qu'archi présente sur Terra, était assez mal vu par les paysans et autres ignorants. Il faut dire que ce n'était pas rare de voir un mage faire des expériences interdites dans des lieux isolés, comme celui-ci d'ailleurs. Du moins, c'est ce que pensait la fille-sabre. Elle n'avait aucune idée des crimes qu'il avait commis pour être recherché pour un ange, mais il avait commis l'irréparable en la piégeant comme ça selon elle. L'arme vivante n'aimait pas, mais alors pas du tout, qu'on la prennes pour une idiote. Même si sur le coup c'était de sa faute si elle était tombée dans le piège, elle avait été trop sûre d'elle et elle ne refera pas la même erreur.

Encore dans la lune, le katana vivant était en en train de réfléchir à un moyen de retrouver l'autre pour se venger. La vengeance n'était pas spécialement une de ses priorités, mais puisqu'elle avait trouvée une "camarade" pour l'aider à traquer ce Randall et à lui faire payer, elle n'allait pas s'en priver. Angurva regardait l'ange en face d'elle qui se présentait: Yehaël, l'ange de la pureté. Oui bah habillée de cette façon elle ne devait plus être très "pure". Si ça se trouve elle poursuivait l'autre mage car il l'avait souillée. Un sourire un peu moqueur et hautain se dessina sur le visage de la fille-sabre en imaginant ça.

- Je suis Angurva, le ruisseau de l’angoisse. Katana d'ébonite pouvant prendre la forme d'une jeune fille, mais là je ne t'apprends rien, sauf si tu es aveugle, Ange de la pureté.

Un soupire sortie de sa bouche, avant qu'Angurva ne pose ses pieds au sol. Sa tête lui faisait encore un peu mal, mais elle n'avait aucun problème d'équilibre. Ses yeux scrutaient la salle à la recherche de sa robe ou d'un vêtement qu'elle pouvait mettre. Ce n'était pas comme si le froid ou la pudeur lui posait problème, c'est juste qu'elle ne voulait pas attirer l'attention de tous les mâles qu'elle croisait. Des mâles et de certaines femelles aussi. Enfin, même avec sa robe, les regards se tourneront vers elles vu le peu de vêtements que portait l'ange. Et dire que la fille-sabre imaginait les anges plutôt chaste, mais avec ce genre d'accoutrement elle avait déjà dû perdre sa virginité, enfin ce n'était qu'une supposition. Car oui elle comptait l'accompagnée. Elle voulait retrouver le mage pour savoir s'il avait découvert quelque chose... Et aussi pour lui faire manger un ou deux murs.

- Tu sais pas où il est dans ce cas... Tu as fouillée toute la forteresse?

En s'étirant, l'arme vivante se tourna vers l'ange pour attendre sa réponse. Elle en profita aussi pour la regarder un peu mieux. Yehaël était pas mal foutu, bien qu'elle se promène à moitié à poil, mais ça ne dérangeait pas Angurva plus que ça. D'un côté, elle ne savait pas si elle devait lui faire confiance, mais c'était surement son seul moyen pour retrouver celui qui s'appelait Randall.

Yehaël:
Angurva... Une autre des nombreuses personnes qui, dans ta quête contre l’Étranger, t’avait rejoint pour le traquer. Quand tu l’avais vu, tu t’étais fait l’idée d’une personne hautaine, qui, comme tous les êtres inférieurs, avait tendance à juger les autres. Tu savais par nature qu’il était difficile de ne pas émettre de jugements, surtout pour toi. La Pureté... Par définition, être pure implique une notion de jugement, vis-à-vis des êtres impurs. Tu savais que ta tenue choquait, et tu trouvais cela idiot, typiquement humain. Ils jugeaient sur l’apparence, sur des préjugés et des postulats, sans se faire une expérience solide des choses. Ceci était stupide et ridicule, mais tu ne t’en formalisais pas. Si tu avais dit t’énerver à chaque fois qu’un individu t’avait regardé en roulant des yeux quand tu te déplaçais chez les humains, tu serais perpétuellement en colère. Elle était une femme-épée, se présentant avec un titre pompeux, à la manière des humains. Tu avais toujours adoré la manière dont les gens aimaient s’auto-glorifier en s’inventant des titres pour les désigner.

« Tu sais pas où il est dans ce cas... Tu as fouillée toute la forteresse ? » s’enquit-elle.

Tu regardas autour de toi, bras croisés, avant d’hausser les épaules.

« Non. J’ai senti une résonance magique ici, et c’est pour ça que je suis venue. Flagg menait des recherches sur l’enchantement, que ce soit l’enchantement d’objets, ou celui des esprits humains. Il s’est livré à de terribles expériences ici, en cherchant à briser les esprits de gens s’aimant entre eux, afin de les forcer à s’entretuer. »

A l’époque, tu ignorais l’objectif de ces expériences... Et, avec le recul, tu regrettes ton empressement, tu regrettes ton aveuglement. La réponse avait toujours été sous tes yeux, mais tu étais trop empressée pour la voir. Tout ce que tu avais gagné en agissant ainsi, c’était d’avoir du retard, un retard que tu n’avais réussi à rattraper que bien trop tard, alors que les dés étaient déjà joués, et que tu ne pouvais plus t’en sortir. Tu observais silencieusement Angurva, sans savoir si tu pouvais lui faire confiance ou non. Sa rage envers Flagg semblait sincère, mais, pour autant, tu étais l’Ange de la Pureté. Flagg avait du piéger Angurva, la manipulant, comme il savait si bien le faire. N’avait-il pas, après tout, réussi à te manipuler, toi ?

Tu te mis à marcher, et sortis de l’armurerie. Il n’y avait rien qui t’intéressait. Tu avais déjà avec toi suffisamment d’armes magiques et puissantes comme ça. Tu traversas le couloir, qui longeait des meurtrières sur la droite. Dehors, le vent soufflait fort. Il faisait nuit, et la tempête de neige s’abattait férocement sur la région. La tempête vous isolait du monde extérieur, dans un huis clos oppressant... Mais nulle trace du mage. Tu traversas le couloir en pierre, qui menait à une tour isolée, et descendis un escalier en colimaçon, tes ailes frottant contre le rebord. La descente fut longue, sombre, silencieuse, caverneuse. Et, plus tu descendais, plus tu sentais en toi un écho. Le perceviez-vous ? Une autre résonance magique, mais bien plus puissante, bien plus intense, qu’Angurva. Ce n’était pas Flagg, mais assurément un indice. L’escalier semblait interminable, mais tout escalier avait une fin. Il te déposa devant un couloir de pierre, semblable à une espèce de tombeau, et tu t’avançais, sans crainte, tandis qu’une épée se matérialisait comme par enchantement dans le creux d’une de tes mains gantées. Daedaron, l’épée démoniaque, asservie à ta volonté. Vous traversâtes le couloir, qui conduisait dans une sorte de grande pièce concentrique. Une espèce d’arène, où vous seriez dans les gradins, avec, au centre, un gouffre abyssal, et, au milieu du gouffre, une sorte de plate-forme pierreuse avec une espèce de portail émettant des vibrations magiques.

« Un Portail spatio-temporel », glissas-tu.

Du temps de la grande guerre, tu avais reconnu de nombreux Portails de ce genre. Des failles altérant le continuum espace-temps et les espaces dimensionnels, mais nécessaires pour se déplacer plus rapidement. Il était improbable que Flagg ait créé une faille, mais il avait sans doute trouvé celle-là, et s’en était servi. Le mage ne pouvait être que de l’autre côté. Tu observais silencieusement la faille, avant de tourner la tête, tes lèvres s’étirant en un rictus de colère.

« Je savais bien que le château ne serait pas sans surveillance. »

Devant toi, plusieurs démones venaient de se poser, poussant des grognements sinistres.

« Tu as libéré un sujet d’expérience... Le Maître ne serait pas content quand il l’apprendra.
 -  Je me torche le cul du mécontentement de vos maîtres, salopes infernales, répliquas-tu simplement, provoquant quelques irritants gloussements.
 -  Non, le Maître nous punira, répliqua une autre démone.
 -  A moins que nous te plumions... enchaîna une troisième démone.
 -  Les plumes d’un petit ange sont juteuses... Encore plus que la chair des tendres nouveau-nés, et de leurs petits os qui craquent délicieusement... »

Et, vu comme elle le disait, tu savais qu’elles ne plaisantaient pas. Daedaron se mit à luire, et la couleur de tes pupilles vira au rouge.

« Essayez donc, mes chéries, je vous promets une exécution rapide. »

Et elles se ruèrent sur vous.

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