Bon. Elle est où l'erreur ? (Lucifer)

Minuit, ou pas loin. L'heure du crime diraient certains. Mais pour moi, c'est plutôt l'heure de commencer un petit rituel d'invocation. Enfin, invocation, c'est vite dit. Plutôt une sorte de sortilège de communication. J'ai une amie qui vit en France, qui pourrait me tuyauter sur une sorte de héros qui va arriver bientôt. Comme ça, j'en aurais l'exclusivité.

Hop, alors. Bougies en cire d'abeille ? Check. Il y en a huit, disposées en cercles. Runes tracées au centre du cercle ? Check. Grimoire d'incantations ? Check aussi. Il est posé près de moi. Je suis assise, en tailleur, sur mon bureau. Je suis à l'agence. Je n'ai pas voulu faire cela à l'appartement. Je sais que Marko est aussi "étrange" que moi, mais quand même. De plus, je ne risquerais pas d'être dérangée par ses insectes ici. Ni par ses tentacules qu'il laissait parfois traîner n'importe où.

Bref. Je bois un coup d'eau avant, et je me lance. Les mots se sont gravés dans mon esprit. Et tandis que je ferme les yeux, mes lèvres laissent échapper les mots sacrés. Je sens l'ambiance se réchauffer, et je sais que le rituel est bientôt achevé. Ouvrant les yeux, je fixe le centre du cercle qui flamboie à présent.

« Apparais.... »

Et normalement, le visage de mon amie va apparaître au centre des flammes, et nous pourrons discuter tranquillement. Un peu comme la poudre de cheminette, dans Harry Potter. Bonne série de bouquins d'ailleurs. Je les ai dévoré, d'un bout à l'autre.

Arrête tu me chatouilles !

D'un coup, la température change, le bruit de fond de la maison close dans laquelle je me trouvais fais place au silence. Y'a comme un bug quelque part. Mais comme j'ai un bandeau sur les yeux, là dans l'immédiat, il m'est difficile de le situer.

2minutes auparavant :

Lise est une experte... je suis attaché sur une chaise, les poings dans le dos, complètement à poil avec un unique petit coussin comme guise de cache-sexe, les yeux bandés et avec deux croix gammées dessinées au rouge à lèvres sur les tétons. Lise est une allemande immigrée au fort accent qui tente tant bien que mal... en ce moment plutôt bien je dois avouer, de payer ses études. Le supplice a déjà commencé, elle me chatouille le corps à l'aide d'une plume. Dieu seul sait où elle finira. La plume. Et Lise aussi d'ailleurs. Je sens les chatouilles partout, elles se propagent... mais comment fait-elle la démone ?!

Présent :

Je suis immobile. Le silence répond à mon exclamation. C'est pas bon. Je renifle bruyamment...

Bon... si il y a quelqu'un, Lise ou quelqu'un d'autre, vous seriez gentils de bien vouloir me détacher les mains et m'enlever le bandeau. La clé des menottes se trouve sous le coussin.

En lieu et place du visage de cette amie que je devais voir, un type vient d'apparaître. Un type assis et attaché sur une chaise. Un type nu avec un coussin sur l'entrejambe, assis et attaché sur une chaise, les mains dans le dos, avec un bandeau sur les yeux. Ouaaaaais. Okay. Bon.

Je relis l'incantation sur le grimoire, pour vérifier que je ne me suis pas trompée. Mais apparemment, tout à l'air en ordre. Je fronce les sourcils en reposant mes yeux sur l'inconnu qui est à poil sur une chaise au milieu du cercle de bougies. Je pince les lèvres en réfléchissant à la connerie que j'ai pu faire. Il demanda soudain à ce qu'on le détache. Je vous laisse imaginer où est la clé tiens...

« Sous le coussin, mmh ? »

Pourquoi est-ce que ce genre de situations me tombe toujours dessus, à moi ? J'expire bruyamment, et je descend du bureau d'un bond en dépliant mes jambes. J'ai reposé le grimoire, et je vais souffler les bougies. J'écarte de mon pied nu quelques herbes qui ferment le cercle, et je m'approche.

Un instant, j'hésite. Puis je soulève le coussin, étant tentée de fermer les yeux. Mais non, je les garde bien ouvert. Si je les ferme, ça veut dire que je devrais chercher la clé à l'aveuglette. Hors de question de tâtonner. Imaginez, il doit être en érection ou un truc du genre ? Vu la situation, il devait être occupé à des choses fort peu catholiques. Brr. Je tente de ne chercher que la clé, sans m'attarder sur les détails de ses attributs. Je trouve facilement la clé, posée juste à la base du sexe. Je m'en saisit du bout des doigts avant de relâcher le coussin.

Maintenant que c'est fait, je m'empresse de le détacher. Mais au moment de tourner la clé dans la serrure des menottes, j'ai un doute.

« Tu n'es pas un sorcier maléfique qui va me tuer dès qu'il aura les mains libres, mmh ? Ou bien un quelconque détraqué en manque d'action ? »

Je pensais attendre sa réponse avant de le détacher, mais mes doigts tournent machinalement la clé dans la serrure, et le déclic des menottes qui s'ouvrent se fait entendre.

« Bon. Voilà. En tout cas, si tu tentes quoi que ce soit contre moi, sache que je ne suis pas une inoffensive apprentie sorcière sans grands pouvoirs. »

En gros, je peux te transformer en cochon, ou bien un truc pas joli.

« En tout cas, désolée. L'invocation n'était pas censé amener un inconnu dans mon bureau. »

Apparemment c'est une nana. Genre jeune. Voix suave... peut être que je suis bien resté au bon endroit finalement ? En tout cas la nana a l'air de bien vouloir me libérer. C'est un bon point. Pour elle.

« Tu n'es pas un sorcier maléfique qui va me tuer dès qu'il aura les mains libres, mmh ? Ou bien un quelconque détraqué en manque d'action ? »

La réponse n'a pas l'air de l'intéresser outre mesure parce qu'elle est déjà en train de me libérer... courageuse la bougresse ! Ensuite elle prend le temps de m'expliquer qu'elle est une sorcière super forte toussa toussa et qu'elle est désolée de m'avoir invoqué. Tout s'explique. Note à moi même : bruler le grimoire pour que ce genre de situation n'arrive plus jamais.
Elle a quand même réussi à passer de la suspicion, aux menaces et aux excuses sans que j'ouvre la bouche et elle me tutoie aussi... bon... vu les circonstances, je peux comprendre. Mais elle a l'air gentille. Et elle ne semble pas savoir à qui elle a à faire. Je vais éclairer sa lanterne mais avant... des fringues.

Je me lève donc... la pudeur n'est pas mon fort. Je me frotte un peu les poignets, c'est que c'était des menottes en fer quand même ! et je commence à parcourir la pièce en fouillant les placards pour trouver quelque chose à me mettre en prenant la parole.

Je ne suis pas un sorcier maléfique... ni un détraqué en manque d'affection... et je n'ai pas peur de tes pouvoirs car je suis... - oh de la dentelle rouge ! - le très puissant...

je fais une pause théâtrale, en profite pour mettre un peu de salive sur mon pouce et mon index et commence à effacer les croix gammées faites au rouge à lèvre sur mes tétons.

Lucifer. LE PORTEUR DE LUMIERE, L'ETOILE DU MATIN, LE GRAND SATAN, LE PRINCE DES TENEBRES, LA GRANDE TROMPE GLUANTE DANS LE BAS DE TON DOS !

*frotte frotte les tétons*

Mais tu peux m'appeler Lulu, vu les circonstances... et si ca te gêne que je sois à poil et toi habillée tu peux soit enlever tes vêtements soit m'en filer.

Je la détaille un peu de haut en bas... elle est plutôt jolie. 'fin baisable quoi. Déterminer cette information en moins de 8 dixièmes de secondes  fait partie de mes qualités premières.

Mais je refuse de porter un truc du même style que toi. J'ai une réputation tout de même !

Oui, je sais, j'avais l'air étrange. Passer des menaces aux excuses... Mais bon, en même temps... Qui pourrait réagir normalement avec un type à poil dans son bureau ? Surtout que je ne l'avais même pas invité. C'était quelqu'un d'autre que je souhaitais voir. Je me demande d'ailleurs quelle erreur j'ai commis. J'ai pourtant bien réciter, mis les bonnes herbes, les bonnes bougies... Je ne comprend décidément pas.

Mes yeux suivent ses mouvements. Il fouille partout, et il n'est pas pudique, c'est le moins qu'on puisse dire. Et la vue des croix gammées tracées au rouge à lèvre sur ses tétons... C'est amusant ça. Serait-ce un partisan nazi, ou un truc du genre ? Je connais des sectes qui font tout pour revoir la dictature allemande de la seconde guerre mondiale.

Et il se présenta.

Lucifer, rien que ça. Je réprimais un rire alors qu'il énumérait ses attributs. Porteur de lumière, étoile du matin... Trompe gluante dans le bas de mon dos ? Là, c'était trop. Je me détournais légèrement, le temps de reprendre mon sérieux. Il demandait des vêtements.

« Bien sûr... Costard ou Jean-chemise ? »



Un costard noir, élégant et sobre, apparu dans ma main droite. Un jean délavé et une chemise blanche firent leur apparition dans ma main gauche. J'imitais un mouvement de balancier, en attendant qu'il choisisse.

« Et qu'est-ce qu'ils ont mes vêtements, ils ne te plaisent pas ? »

C'était pourtant ma combinaison de moto favorite. Oui, je l'avais gardée. De toute façon, je ne comptais pas m'éterniser à papoter avec cette amie de France. Il me fallait juste certains renseignements.

« Bref. Choisis. »

Je lui fourrais les deux tenues dans les bras avant d'aller correctement refermer les tiroirs ouverts par ses soins.

« Si tu es Lucifer... C'est peut-être les ondes que tu dégage en permanences qui ont interféré avec mon sort. Surtout si, comme ça avait l'air, tu étais en pleins.. préliminaires ? »

Je retournais poser mes fesses sur le bord de mon bureau en l'observant à nouveau.

« Je suis Jude. Sinclair. Juste une sorcière-journaliste-détective. »

J'étais en train de tomber sur un trésor de lingerie quand elle fit apparaître des fringues dans ses mains.

« Bien sûr... Costard ou Jean-chemise ? »
« Et qu'est-ce qu'ils ont mes vêtements, ils ne te plaisent pas ? »

C'est con. J'aurais bien aimé continuer mes investigations un peu plus en profondeur. J'avance lentement vers elle. Me pose... regarde à droite, à gauche, au milieu, en haut, en bas, au milieu de nouveau. Le cuir, j'aime. Quand c'est moulant, j'aime. Mais je l'aurais préférée sans ses vêtements. Et puis... ce que je voulais dire c'est que je me sentirais mal avec des vêtements cuirs comme ça. le cuir, ça colle.

Costar.

Je chope les habits rapidement et commence à l' les enfiler. Elle prend la parole en attendant. Visiblement, elle a l'air de s'en fouttre de qui je suis. Merde quoi ! Si il y a des sorcières c'est quand même grâce à moi ! Je suis un peu le papa ici ! Ce qui ferait d'elle ma fille d'une certaine manière... je commence à saliver malgré moi...

« Si tu es Lucifer... C'est peut-être les ondes que tu dégage en permanences qui ont interféré avec mon sort. Surtout si, comme ça avait l'air, tu étais en pleins.. préliminaires ? »

Préliminaires ? Haha. C'est comme ca que t'appelles ca toi ? Quand à ses explications... boaf. J'ai jamais appris la magie moi ! Je suis la magie. En quelque sorte...

J'en sais rien et j'en ai rien à foutre. Tu le fais plus. Ou alors si mais ca sera une soirée à thème. Et le thème ca sera... une sorcière au pays des chibres. Donc soit tu me files ton bouquin que je le détruise, soit tu prends le risque qu'on se revoie. Quand à ton nom et ta triple profession, si tu savais bien faire un boulot, t'aurais ptet pas besoin d'en cumuler trois pour te payer des fringues d'actrice porno SM des années 70. Au fait je voulais te dire que j'adore tes gros...

Je prends le temps de la détailler de partout et laisse ma phrase un peu en suspens...

Objectifs de caméra. Ca te dis de me proposer un interview ? Je dis pas que je serai d'accord hein ! Mais demande toujours !

Lui passer le grimoire ? Il a vu la vierge lui ? Ce n'est pas parce que môssieur Lucifer l'exige que je vais m'exécuter. Ce grimoire a autant une valeur sentimentale qu'une valeur magique énorme. Il est dans ma famille depuis le début. Des générations de sorcières l'ont emplis de leurs sorts, et de leurs anecdotes. Alors non, môssieur le méchant diable n'aura que dalle.

« Je prend le risque que l'on se revois. »

Mon regard le fixe, et en gros, il veut dire "Touche pas à ça p'tit con." J'esquisse cependant un sourire à la suite de sa phrase.

« Qui a dit que je cumulais ? Deux ne sont pas franchement rémunérés... Et c'est une combinaison de moto, bordel. Personne n'arrive jamais à le retenir... »

Je me mordille légèrement la lèvre avant d'embrayer sur la suite.

« D'accord. Une interview ? Je suis sûre que ça ferait fureur sur mon blog. "Interview du Prince des Enfers" Je crois que tu aurais pas mal de fan. »

Un petit rire m'échappe, tandis que le grimoire reprend sa place dans le coffre fort. Et la barrière de sortilèges et de maléfices se remet en place.

« D'ailleurs, pour ton information, Ô Prince Infernal, j'ai utilisé ce rituel un nombre incalculable e fois. Et tu es le seul qui vient me le parasiter. Coïncidence ? »

Tu prends le risque hein ? Tu m'étonnes... Qui ne voudrait pas le prendre ?

« D'accord. Une interview ? Je suis sûre que ça ferait fureur sur mon blog. "Interview du Prince des Enfers" Je crois que tu aurais pas mal de fan. »

Niahaha ! Enfin... ca ressemble plus à un acquiescement qu'à une question mais bon... je m'en contenterai. Pendant qu'elle parlait je surveillais du coin de l'oeil son bouquin qu'elle déplaçait dans un coffre fort. Peut être aurait-elle du s'y enfermer aussi. Et peut-être encore devrais-je la m'y enfermer moi aussi. Partageons les 10 prochaines années en tête à tête dans un 1m carré ! Jamais le mot "intimité" n'a eu autant de sens...  Ses paroles me tirent de ma rêverie.

« D'ailleurs, pour ton information, Ô Prince Infernal, j'ai utilisé ce rituel un nombre incalculable e fois. Et tu es le seul qui vient me le parasiter. Coïncidence ? »

Enfin le respect habituel qui m'est dû parce que je le mérite parce que je suis le plus beau, le plus fort, le plus chaud et le plus diabolique. Ca me fait aussi un peu chaud au coeur parce que d'habitude les gens ont du mal à me prendre au sérieux ! Gonflé de fierté à deux balle, je finis de m'habiller. A la grande déception de ma sorcière bien aimée. Du moins je le pense... le suppose... l'imagine... l'espère ? Je m'envoie mentalement une bonne grosse baffe salvatrice.

Alors d'abord, des fans, j'en ai déjà deux ou trois. D'ailleurs j'en ai jamais autant eu qu'en ce moment. Merci l'exorciste et ses geysers de gerbe. Ensuite... COINCIDENCE ? JE NE CROIS PAS !

Disais-je en levant le doigt vers le haut en ayant un air à la fois pincé, sérieux et inquiet. Tout ça à la fois oui. Je suis un vrai dramaturge. Quand au sens de ce que je viens de dire, j'y ai pas pensé, je me suis dit que ca faisait bien comme phrase. Je laisserai mes fidèles décortiquer chaque mot pour en trouver une signification cohérente. C'était mon boulot pour Dieu à une époque alors y'a pas de raison !

Bon ! c'est parti ! On fait ça où ? Assis ? Couchés ? Debout ? Sur une chaise, dans le lit, contre le mur ? Ou tout ça à la fois ?