L'art de trouver des alliés.

Des semaines que le démon tournait et retournait en ville à la recherche de la perle rare. Des jours à se faire un petit nom, à comprendre ce monde et à s’y familiariser. Des rencontres plus ou moins amusantes, des démons, des anges et des croisements des deux. De la magie aussi, des créatures étranges… ce monde changeait étrangement, et l’Insidieux Bâal devait forcément s’adapter. Aucune chance qu’il ne retrouve sa place de divinité du mal en s’acoquinant avec de simples humains. Il fallait plus, des gens capables de beaucoup. Des gens avec un petit plus… et pourquoi pas des gens déjà versés dans le mal ?

Et pour trouver ce type de personne, pourquoi pas le palais de justice ? On y croise des détenus, et leur susurrer conseils et mensonges à l’oreille pouvait s’avérer utile… du moins il y avait songé. Seulement voila, le hasard l’avait conduit à remarquer quelqu’un d’autre. Une femme en fait. Lui qui s’apprêtait à pousser un sombre crétin à massacrer des avocats… il y renonça bien entendu, et curieux, le monstre insidieux venait de trouver quelqu’un capable de l’aider… et qui pourrait aider par la même occasion.

Discret, Bâal avait profité des ombres des grands buildings pour ne pas la lâcher. Un manège qui dura plusieurs jours, et qui le poussa à s’attarder sur une affaire de meurtre particulièrement sordide. Un tueur soupçonné d’œuvre pour la pègre, avec trois douzaines de corps sur les bras devait passer en jugement, et les chances qu’il s’en sorte sans problème étaient nulles. Personne ne pouvait l’aider et pourtant… cette fille semblait tenter le coup. Coup de folie ? Probable. Quoiqu’il en soit, cette volonté de tout de même tenter le coup dénotait une certaine ambition… et une opiniâtreté qui lui plut d’autant plus. Il épia encore la demoiselle autant que possible, regrouper les infos avant de se montrer.

L’opportunité, il la trouve un soir, l’avoir seule étant rare, mais une ruelle noire sur le chemin de son domicile lui suffit. Un vent léger se leva, et dans l’ombre, la silhouette de l’Insidieux émergea lentement, à une vingtaine de mètres devant elle. Devant elle, à moitié éclairé par le lampadaire tremblotant se tenait Bâal. Très grand, à la carrure relativement massive. Le clignotement de la lumière défaillante laissait parfois entrevoir son visage quasi angélique, pourtant pourvu d’un sourire mauvais. Seules ses pupilles laissaient deviner ce qu’il était à dire vrai.

Il écarta les bras un instant, comme s’il profitait un peu du vent qui s’était engouffré là dans la ruelle, avant de réajuster sa tenue. Un gigantesque manteau de cuir noir, épais tombant derrière ses talons. Une chemise très simple et noire aussi, ouverte sur son torse. Il portait un pantalon tout aussi foncé que le reste de sa tenue.

« Il y a longtemps que je t’observe. »

Se contenta-t-il de lancer en s’approchant d’un pas lent, loin d’être craintif, il cherchait surtout à ne pas avoir l’air agressif.

« Et je dois admettre que je suis un de tes fans… tu relâches sur la ville de véritables fléaux… et j’admets qu’à toi seule tu es une preuve vivante qu’il faut renforcer les lois pour empêcher les avocats de relâcher des monstres… D’ailleurs en parlant de monstre… »

Il écarta doucement les bras.

« Je suis Bâal… ta seule chance de gagner le procès Akira Hikoji. »

Ben oui… quand on fait une arriver comme ça… derrière il faut savoir se vendre.

Akira Hikoji. Coupable, assurément. Mais pourtant, Grâce Ashfield avait accepté de relever le défi. Elle était la seule qui avait eu le courage de se lancer là-dedans, et elle ne le regrettait pas. Si elle réussissait à ne pas faire condamner Akira Hikoji, le procureur lui avait assuré une confortable petite somme, placée et déduite des impôts. En plus d'un certain prestige au sein même du barreau.

Malheureusement, il lui manquait quelques éléments pour avoir un dossier en béton. Et ces éléments, elle ne pouvait pas les obtenir seule, malheureusement. Mais vers qui se tourner ? Elle n'avait pas, parmi ces contacts, de personnes suffisamment puissante pour cela. Elle n'avait pas non plus de personnes dans la police qui pourrait subtiliser des preuves.

Malgré tout, elle persévérait. Elle passait plus de temps qu'elle n'en avait jamais passé au bureau. Un soir, alors qu'elle était la dernière à quitter l'immeuble, elle rencontra la personne qu'il lui fallait.

☠ ☠ ☠

Elle marchait alors, insouciante, en train de réfléchir à des possibles vices de procédure pour faire annuler la condamnation de son client. Elle était distraite, et ne vit pas tout de suite l'homme dans la ruelle. Elle sursauta à peine, néanmoins, quand il prit la parole en premier. S'arrêtant, elle l'observa. Il l'observait depuis longtemps ? Vraiment ? Quelle impudence. Mais elle s'en trouvait flattée.

Et surtout qu'il mentionna être admiratif de son travail. Elle esquissa un sourire amusé, et se passa une main dans les cheveux tout en jetant quelques mots, après qu'il se soit présenté.

“ Je fais ce que je peux, et c'est parfois insuffisant face à la justice. ”

Elle médita un instant le nom qu'il lui avait donné, puis reprit :

“ Bâal, dis-tu... Serais-tu le démon dont parle je ne sais plus quelle religion ? Quoiqu'il en soit, je serais curieuse de savoir ce que tu as qui me permettrais de gagner. Si tu m'observe depuis longtemps, tu dois sûrement savoir que je tente sans succès de trouver un vice de procédure, ou un élément pas tout à fait clair dans le dossier adverse, hm ? ”

Elle n'avait pas peur. Ce serait déplacé. Il l'avait observée, et la connaissait donc au moins superficiellement. Feindre la terreur serait vite lassant en plus. Elle gardait donc son attitude impétueuse et impassible.

“ Par ailleurs... J'imagine que ce ne serait pas gratuit, hm ? Alors, que désirerais-tu en échange ? ”

Une nuit avec elle ? Il n'avait pas besoin de ce prétexte. Il était tout à fait à son goût. Un service du genre effacer et classer un dossier ? Ou bien, s'il était réellement un démon comme elle le pensait, ce serait peut-être un pacte à signer. Dommage, son âme n'était pas à vendre. Et elle était de toute façon suffisamment corrompue pour mériter une place en enfer dès lors qu'elle viendrait à décéder, si l'enfer existait.

Le démon joint ses mains dans ses poches, et s’avança d’elle d’un pas lent, une fois de plus pour ne pas avoir l’air menaçant. Quoiqu’il en soit, elle répondit à ses quelques mots par une phrase qui le fit rire un peu. Effectivement, la Justice a ses forces parfois. Bien qu’à y regarder de plus près, on constate qu’il s’agit d’une sorte de grosse passoire au travers de laquelle seule les plus gros délits peuvent être retenus… et encore il faut de la chance, beaucoup de chance. Il ne pipe mot à ce sujet, et se contente d’un petit mouvement de tête pour signaler son accord sur la question.

Elle médita un temps, quelques secondes pour rebondir sur les paroles qu’il lui avait lancé, après s’être présenté. Le sourire qu’il affiche dans un premier temps, lorsqu’elle mentionne son nom, et la religion, lui arrache un sourire satisfait. Au moins ses tromperies passées ne demeurent pas inconnues à cette époque, et ça, même pour un démon c’est une flatterie à laquelle on ne peut résister.
Il se reconcentre toutefois sur le sujet originel, le procès qu’elle souhaite gagner. Son sourire se fane donc un peu, ne restant qu’au stade d’un fin rictus amusé, bien que le léger froncement de ses sourcils dénote clairement du sérieux de la bête insidieuse.

«  Tu essayes tellement de franchir les mailles du filet de la loi qui tu n’as pas vu plus loin que celle-ci. »

Il esquissa un sourire un peu plus large, et fit quelques pas en travers dans la ruelle.

« La justice et les voies légales ne te permettront pas de gagner. Akira s’est condamné lui-même en agissant comme un idiot. Trop de preuves, trop de témoins, trop de soupçons… et tout me semble être bien fait justement. »

Il se tourna de nouveau vers elle, dardant sur elle ses pupilles, qui, l’espace d’un instant s’animèrent d’une teinte flamboyante orangée.

« Oh effectivement ça ne sera pas gratuit, je suis un démon après tout. »

Il eut un sourire un peu plus large, avant d’aller s’adosser au mur le plus proche. Cette fois, son sourire se fana intégralement, laissant place à une moue des plus sérieuse tandis qu’il énonçait.

« Mais ne t’inquiètes pas, ce n’est pas ton âme que je cherche à avoir. Les seules âmes qui ont une valeur sont celles des Saints. » Il esquissa un petit sourire. Elle n’avait pas parlé d’âme, mais Bâal sonde les pensés des gens… à moins qu’il ne s’agisse là que d’une simple déduction. Il lança un coup d’œil vers ses propres doigts, jouant avec  ses ongles avant de reprendre. « Disons que… j’ai besoin de toi. Je songeai qu’une… collaboration pourrait se faire. » D’une petite pression contre le mur, il s’en éloigna, refaisant les cents pas dans la rue, les mains jointes dans son dos.

« Imagine-moi comme… ton ombre. Je t’aide à percer… tu me permets de te suivre dans ton élévation… comme ton ombre justement. A toi les projecteurs, à toi la réussite, je n’en ai que faire. »

Un démon qui se met trop en avant ne fait jamais de vieux os de toute façon, les chasseurs, les anges et les exorcistes en tout genre… pouark non, mieux vaut rester à l’abris, et grimper le plus haut possible sans qu’on ne vous aperçoive.
Il disparait finalement dans l’ombre, comme happé par celle-ci, et n’apparait que derrière elle, à quelques pas à peine, d’où il souffle une nouvelle tirade d’une voix plus basse.

« Les gens de bien te diront que s’allier à un démon est une folie. Mais je peux t’assurer que le jeu en vaut la chandelle. Je suis un maitre de l’illusion et du mensonge… je lis l’esprit… je possède les plus faibles… et tu as ma parole que je ne te prendrais pas ton âme, et je n’essaierai pas de te tuer… l’accord me semble plutôt correct, non ? L’affaire Akira d’abord… les autres ensuite… qu’en-dis-tu ? »

Grâce Ashfield n'est pas infaillible. Elle le sait pertinemment, mais fait son possible pour masquer ses failles au reste du monde. Toutefois, ce Bâal était bien perspicace. Et lorsqu'il énonça tranquillement l'un des défauts les plus évidents de l'avocate, elle trouva ça évident.

Elle était fascinée par la prestance du démon. Sans cesser de cogiter, elle se plaisait à l'observer évoluer dans l'environnement sombre de la ruelle. Il confirma que ce ne serait pas gratuit. Mais il affirma aussi que son âme à elle ne l'intéressait pas. C'est vrai qu'elle avait beaucoup pêché dans sa vie. Raison pour laquelle elle avait franchi le mur des dimensions à cause de cette saloperie de fée de la Vertu. En tout cas, tant qu'il ne prend pas son âme, elle est prête à tout. Sauf peut-être à être asservie toute sa vie. Faut pas pousser le bouchon trop loin non plus.

“ Une ombre hein ? ”

Elle sourit. En fait, le marché qu'il lui proposait était très intéressant. Surtout pour elle. Elle ne voyait pas bien ce qu'elle pourrait lui apporter, mais elle était prête à le passer son marché.

Elle ne le vit plus tout à coup. Fronçant doucement les sourcils, elle scrute l'ombre pour l'apercevoir, et sursaute légèrement lorsqu'il réapparut derrière elle. Se tournant d'un coup, elle plongea son regard dans le sien. Un sourire étira ses lèvres, alors qu'elle s'approche de lui. Elle semble alors se hisser sur la pointe des pieds comme pour venir embrasser l'homme (ou le démon), mais ses lèvres viennent plutôt frôler l'oreille de ce dernier pour y murmurer :

“ Et.. On le passe comment ce marché ? Un contrat à signer avec son sang ? Un baiser pour sceller l'accord ? Une espèce de rituel ? Un pacte à passer ? ”

Elle retomba sur ses talons, croisant les bras en rapprochant les deux pans de son imperméable.

“ Dans tout les cas, j'accepte. ”

Le démon secoua doucement la tête de haut en bas aux premières mots de la demoiselle. Oui une ombre. Les feux des projecteurs ne sont pas pour lui de toute façon. Il les lui laisse volontiers. Œuvrer derrière, c’est plus ce qu’aime Bâal, bien que jadis il se faisait vénérer comme un Dieu, ayant usurpé ce titre aux yeux des Babylonien, des Phéniciens et des peuplades de ce coin-là de la terre. Il se para d’un sourire léger, qui s’étira lentement à mesure qu’il écoutait ce qu’elle pouvait bien penser.
Elle se tourne finalement, et réduit presque à néant l’écart qui les sépare. Son sourire se fait un peu plus large, et il rit doucement lorsqu’elle le questionne quant à la manière de sceller cet accord. Il écarte doucement les bras, haussant les épaules.

« Non pas un pacte. Méfie-toi toujours des démons qui t’en proposent. »

Il eut le regard pétillant un instant, un peu comme un sale gosse qui repense à l’étendue des dégâts qu’il a pu faire. Les Pactes… un moyen simple de mettre des gens dans de sales draps. Il n’avait pas interêt nuire à la demoiselle après tout, au contraire même.

« Il n’y a pas de véritable manière de sceller un accord. Une poignée de main, une tape sur l’épaule… le moindre geste qui tend à montrer que les deux parties sont d’accord suffit. »

Il releva lentement une main, venant du bout des doigts effleurer la joue de la jeune femme, plantant ses iris dans les siennes. Son sourire revint, comme d’habitude, léger simple, mais largement suffisant. Dur de faire confiance à un démon monstrueux, mais quand le diable a un visage d’ange, un sourire de chérubin et qu’il promet le paradis, alors les gens sont bien plus facile à convaincre. Ses doigts donc, courent un instant sur sa peau, et son index vient même jusqu’à allez tapoter les lèvres de Grâce, et faute de lui lancer une tirade suave et agréable, il parle business :

« Le dossier de la justice est bétonné. Le procureur est un homme droit, je ne pense pas le faire flancher… toutefois j’ai pris la liberté d’en apprendre plus sur les membres du jury… des gens lambda, corruptibles… impressionnables… remplaçables. »

Il eut un sourire mourir mauvais, digne du démon qui se cachait derrière ce visage.

« Je peux m’en prendre à leurs enfants pour les faire chanter, je peux passer quelques pactes, quelques vœux contre un voix à notre avantage lors du vote, ou je peux même me glisser dans l’un d’eux, pourvu qu’il se cache parmis ces gens, une personne à l’esprit faible. »

Il cessa de jouer de son doigt, gardant son visage non loin du sien, il souffla une dernière phrase.

« Ne trouves-tu pas que nous sommes fait pour nous entendre ? »

Un sourire se ficha lentement sur les lèvres de Grâce. Pas un sourire amusé, ni mesquin. Un vrai sourire. Franc. Chaleureux. Ce démon lui plaisait bien. Il avait de la répartie, une belle prestance et un charme indéniable. Et il possédait une intelligence acérée. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle ne recula pas lorsque ses doigts effleuraient sa joue, puis ses lèvres. Elle ne se sentait pas menacée. D'une certaine manière, elle lui faisait déjà confiance.

Elle sourit de concert lorsqu'il mentionna le jury. Oui c'était une bonne idée. Très bonne même.

“ Agréable perspective... ”

Lorsqu'il cessa de jouer de son index contre ses lèvres, Grâce leva la main pour entrelacer ses doigts avec les siens.

“ En effet. C'est comme si c'était prémédité... ”

Elle rit doucement, et se haussa à nouveau sur la pointe de ses pieds pour venir prendre le visage du démon entre ses mains, délaissant celle qu'elle tenait juste avant.

“ Nous avons un accord, mon cher Bâal... ”

Et elle ne fit pas cas de décence, venant poser ses lèvres sur les siennes. Elle prenait les devants, trouvant cette manière de sceller leur entente plutôt agréable.

Le démon paru plus amusé encore en sentant les doigts de la jeune femme se mêler aux siens. Ce simple geste qui lui fit songer à une chose : leur collaboration serait des plus appréciables. Elle semblait avoir confiance, et c’est la clé d’un bon accord, la confiance. Il s’arma d’un sourire un peu plus large, agitant la tête de haut en bas à ses paroles. Prémédité. Le mot le fit rire un peu.

« Je me dis que la chance est probablement de notre côté. »

Leurs doigts s’éloignent finalement les uns les autres, mais ses mains viennent s’arrimer à son visage. Le moment de sceller l’accord. Et quel meilleur moyen qu’un baiser ? Bien moins formel qu’un serrage de pince, et mille fois plus agréable au moins,  qu’une signature en lettres de sang en bas d’un contrat. Du coup, il fit durer le baiser un temps, l’accord était scellé au premier contact de leurs lèvres, mais autant en profiter un peu, et c’est même à contrecœur qu’il finit par rompre le baiser, cassant l’embrassade en reculant à peine le visage et gardant ses lèvres à portée de celle de la jolie Grâce.

«  Nous avons un accord, ma jeune amie. » souffla-t-il à demi-ton.

Son sourire revint petit à petit, léger et piquant à la fois. Il détourna le regard un instant, et bien qu’il n’y tenait pas vraiment, il finit par reculer d’un pas, laissant une dernière fois ses mains l’effleurer avant qu’il ne s’éloigne de quelques pas. Ses mains reviennent se joindre dans son dos, et il se tourne d’un quart, fixant la direction vers laquelle se dirigeait la jeune femme avant qu’il ne l’aborde.

« Je t’accompagne jusqu’à chez toi ? » se proposa-t-il avec un nouveau coup d’œil vers elle, et un sourire en coin. Il décroisa les bras, et les planta dans les poches de son manteau. Il profiterai du trajet pour lui expliquer deux trois choses qu’elle devrait sûrement savoir concernant les démons, et il en apprendra sûrement d’avantage sur elle après tout. Quoiqu’il en soit, il ne resta pas muet longtemps, lançant une nouvelle petite tirade.

« Oh et… je crois qu’il faudra que tu m’invites à entrer chez toi. Je n’ai pas le droit de passer la porte du domicile de quelqu’un sans son accord… le diable n’entre chez les gens que si on l’y invite il parait. »

Son sourire se fit un peu plus large, un peu plus charmeur aussi. Il ne tenait pas à rester bloqué à l’extérieur. Parce que même si les conditions météorologiques n’ont pas, ou peu d’influence sur lui, c’est toujours chiant d’être coincé sur un porche.

« Et si tu as des questions sur les démons, ce petit bout de trajet devrait suffire. » Il écarta doucement son bras, l’invitant à sa s’en saisir pour prendre la route justement, à moins qu’elle ne le souhaite pas, bien entendu.

Il ne résista pas. Il accompagna même le baiser, et Grâce apprécia. C'est qu'il embrassait bien, lui aussi, en plus. Décidément, cet accord était un des plus agréable qu'elle eut passé. Quand il s'écarta, elle laissa un sourire flâner encore sur ses lèvres frémissantes.

“ La chance est en effet plus proche que tu ne le crois... ”

Elle laissa un rire léger s'échapper de sa gorge, et hocha la tête lorsqu'il proposa de la raccompagner.

“ Avec grand plaisir. ”

Elle rit à nouveau quand il précisa qu'elle devait l'inviter pour qu'il entre, et repensa ainsi aux mythes des vampires. Notamment à cette série télévisée qu'elle avait regardé sur le câble l'autre soir. Bunny contre les vampires ? Non, Buffy. Une blondinette chassant les vilains vampires.

Elle glissa son bras sous celui qu'il l'invitait à prendre et initia le départ. Tout en marchant, elle posa en effet quelques questions.

“ Vous êtes nombreux par ici ? Et.. Vous agissez dans le monde entier ? Je veux dire, vous avez des quartiers ou des villes attribuées ? ”

Elle réfléchit un instant, avant de rajouter :

“ Et... Il y a une hiérarchie, je suppose ? Démons mineurs, chanceliers, ce genres de choses ? Y a-t-il différentes "races" ? ”

Curieuse ? Oh oui. Et Bâal pourrait la renseigner lorsqu'ils seraient confortablement installés, parce qu'elle voyait ce petit manoir qu'elle avait acquis récemment. Ses nains pouvaient faire ce qu'ils voulaient dans les sous-sols étendus. Torture, entraînements, etc.. Et elle, elle disposait d'un grand confort.

“ Entres donc, je t'en prie. ”

Elle ignorait s'il existait une formule particulière. Déverrouillant la porte, elle le laissa passer.

Plus proche qu’il ne le croyait ? Les paroles le firent froncer un peu les sourcils, et rester pensif, un instant. Il n’insista pas en cherchant à comprendre s’il y avait un double sens ou non. De toute façon, ils sont associés à présent, les cachoteries de l’uns ou de l’autre finiront tôt ou tard par être découvertes, c’est l’avantage et l’inconvénient à la fois, de se lier avec un démon. Oh bien sûr, Bâal n’est pas près de se lasser d’elle, et donc ses petits secrets seront fort bien gardé durant de longues années, à coup sûr.

«  Le plaisir est partagé, assurément. »

Et il lui offrit son bras afin qu’il prenne la direction de sa demeure. Inutile qu’elle le guide, il connaissait le chemin, il n’avait juste pas pu entrer, mais ça, ce sera probablement vite réglé. Et bien entendu, la marche est propice au dialogue. Le bruit des chaussures sur le sol n’est agréable qu’en fond sonore secondaire, autant causer… et répondre aux interrogations de Grâce qui devait certainement avoir deux trois questions à lui poser.
Et elle ne s’en prive. Pas une question, mais plusieurs. Au moins, elle ne perd pas de temps, encore un bon point pour elle.

« Nombreux ? Oui très. Cette ville est une sorte d’aimant pour beaucoup de créatures je crois. »

Avec un sourire, il nota que le manoir n’était plus très loin. Quelques ruelles, un ou deux croisements, et les voilà engagé sur le chemin menant à l’édifice vers lequel Bâal lança un regard presque admiratif. Le côté bourgeois et un peu effrayant des manoirs… une sorte de rêve pour les démons dans un sens. Ainsi que les fantômes.

« Et oui, il y a des démons qui œuvrent dans le monde entier… dans d’autres mondes aussi d’ailleurs. Mais tous les démons n’agissent pas pareil. La plupart sont des destructeurs, qui usent de leur force pour semer le chaos. Certains sont des solitaires, d’autres agissent en groupe. C’est très variable. »

Et les voila finalement non loin de la porte d’entrée, avec une nouvelle floppée de question de la part de la jeune femme, et une invitation à entrer dont il profite d’emblée, passant la porte avec un sourire un peu plus large. C’est bien plus agréable ainsi. Sans doute aurait-il du lui dire qu’à présent, il pouvait entrer comme dans un moulin ? Oups. Quoiqu’elle n’a rien à craindre de lui, l’accord oblige.

« Il y a des systèmes de hiérarchie oui, des titres aussi. Et oui, il y a différentes races. Des humains particulièrement mauvais peuvent, après leur mort revenir en tant que démon, les anges qui trahissent le ciel tombent parfois jusqu’en enfer et deviennent ce qu’ils ont jurés de combattre. D’autres sont des démons issus simplement du croisement de deux autres démons. Tous n’ont pas les mêmes forces, ni même les mêmes faiblesses… raison pour laquelle les exorcistes doués sont des oiseaux rares… et ils ne font jamais de vieux os. »

Il joint de nouveau les mains dans son dos, laissant la maitresse de maison aller ou bon lui semble.

« Me parleras-tu de toi ? De ce que je ne sais pas encore, j’entends. »

La réponse à ses questions ne tarda pas. C'était bien l'honnêteté, et d'autant plus quand ça rassasiait sa curiosité.

Tout en le laissant passer le seuil de la porte, elle jeta un regard circulaire. Pas de journalistes. Parfait. Il n'était pas rare d'en trouver devant chez elle, attendant un scoop sur une affaire en cours, ou bien pour dénicher ses petits secrets. Elle eut un sourire satisfait et referma la porte pour la verrouiller à nouveau. Un grand fracas, venu de l'étage, lui fit lever les yeux. Et une voix, rocailleuse, grogna :

“ Grâce ? ”
“ C'est moi. Je suis accompagnée. ”

A ces mots, le fracas s'intensifia, et sept nains descendirent l'escalier. Certains arboraient un air agressif, d'autre un sourire joyeux. Et Cole, qui avait parlé, dévisagea Bâal d'un air impassible, mais presque réfrigérant.

“ Cole. Arrête ça. ”

Il leva les yeux vers elle, et la soudaine fraîcheur de la pièce s'évanouit.

“ Mon cher Bâal, voici sept de mes plus chers amis. Ou devrais-je dire, mes sept plus chers amis. Le grognon là-bas, au regard blanc, c'est Cole. A côté, il y a Ham. Puis Stram. Devant Stram, il y a Graham, qui est à côté de Pic et de Gram, et enfin, il y a Pïk. ”

Elle se tourna vers les nains, un sourire aux lèvres.

“ Les gars, voici Bâal. ”

Si Bâal ignorait ses accointances avec les sept nains qui faisaient fureur dans les quartiers de la Toussaint, il était maintenant au courant.

Saluant le démon d'un même ensemble, les sept guerriers s'éparpillèrent ensuite. Cole partit à la cave pour s'entraîner encore à manier la glace. Graham préféra remonter, pour aller admirer sa collections de têtes de monstres empaillées. Il avait une pièce spécialement réservée pour ses têtes. Gram, lui, suivit Cole pour aller affûter les armes, tandis que Pic allait essayer de réparer les défauts des dernières armes forgées sur Terra. Pïk et Stram, eux, partirent dans le garde-manger, pour préparer le dîner de ce soir. Un banquet, plutôt. Et ils allaient réserver une part à Bâal, sans même lui demander son avis. Quant à Ham, il resta avec Grâce et Bâal.

Ham se méfiait de tout le monde, et devait apprendre à les connaître pour baisser le degré de méfiance. Rare étaient ceux à qui sa confiance était accordée.

“ Comme j'ignore ce que tu ne sais pas encore de moi.. Je vais y aller au hasard. Mais on sera mieux au salon pour parler de ça. Un verre ? J'ai un peu de tout en boisson, surtout avec les sept phénomènes qui vivent aussi ici. ”

Tout en parlant, elle fit un signe de tête à Ham qui les suivit au salon, ouvrant le bar. Bâal pouvait apercevoir un grand nombre de bouteilles, plus ou moins pleines, ainsi que des saucissons secs, des gâteaux apéritifs, etc... Il se prit, pour lui, du whisky venant de Terra. Il servit à Grâce un verre du cocktail appelé "Tequila Sunrise". Et il attendit une réponse de Bâal pour le servir. Mais il restait muet lui-même, pour l'instant.

“ Quand j'ai parlé de la chance, tu as tiqué. J'imagine que tu ne sais donc pas que je "maîtrise" la chance. Je peux évaluer le potentiel d'une personne, et le changer à mon gré. Et, en parlant de capacités spéciales, je maîtrise aussi les matières minérales. Changer les gens en pierres, inverses le processus, changer un statue en être vivant, réparer les édifices en pierre, ce genre de choses. ”
“ Oublie pas non plus la nature de tes parents.. ”
“ Ah oui, merci Ham. Mon père est un léprechaun, et ma mère est une gorgone. C'est d'eux que je tire mes pouvoirs. Et je ne viens pas de cette dimension. Ni moi, ni les nains. Tu veux savoir autre chose ? ”

L’arrivée des demies portions fit arquer un sourcil à Bâal qui les regarda s’aligner et le fixer. Des regards plus sympas que d’autres, du sourire à la grimace, il ne loupa pas une bouille et lança un petit coup d’œil vers la jeune femme, comme pour s’assurer qu’il voyait bien la réalité. Sait on jamais. Depuis son arrivée, il avait vu tellement de chose bizarre qu’il ne doutait plus du rien à présent. Il agita toutefois la main en guise de salutation une fois qu’ils furent présentés et après qu’en chœur ils l’eurent salué avant de disparaitre. Marrant ces petites nains songea-t-il.  Sauf celui qui restait auprès d’eux. Un air patibulaire qui aurait fait claquer les genoux de n’importe qui d’humain, taille ou pas. Quoiqu’il en soit, cette étrange compagnie vivant chez la demoiselle laissa à Bâal de meilleur humeur encore qu’il ne l’était en passant les portes. De l’exterieur, elle semblait tellement humaine et normale… il était plus que ravi de découvrir ce petit monde, et de comprendre qu’elle cachait vraiment bien son jeu. D’ailleurs, il ne se priva pas de lui en faire part.

« Et bien, voila une découverte des plus agréables. Mieux encore, j’ai tenté de sonder ton esprit, je t’ai suivi longtemps et je n’ai pas découvert tout ceci… intéressant. Très interessant. »

Il eut un sourire un peu plus large, et emboita le pas de la maitresse de maison et du nain. Il fut rapidement invité à choisir sa boisson, et son dévolu se jette vers la bouteille de whisky. Un vice d’homme Irlandais… Le choix de la boisson est très en accord avec sa question la concernant au passage, très irlandais comme boisson, quand on parle de la fille d’un Léprechaun.
 Et c’est avec un petit rire qu’il découvre qu’effectivement, Grâce à plus d’un tour dans son sac. Des pouvoirs dans un premier temps, mais aussi et surtout une drôle de généalogie.

« Là je dois l’avouer, je suis plus que comblé. Je pensais réellement que j’avais fait affaire avec une simple humaine, et je te voyais déjà monter très haut… mais avec toutes ces… possibilités en plus, je pense qu’on peut se permettre d’être très ambitieux ! »

Et l’ambition est quelque chose que Bâal aime beaucoup.

« Je crois que j’en sais assez. Le reste… disons que je me ferrais une joie de le découvrir avec le temps. »

Et pour que les comptes soient à zéro, il fit quelques pas dans la pièce, et à son tour, il se présenta plus en détail. Il lui devait bien ça. Donnant donnant comme on dit.

« Je t’ai parlé des démons tout l’heure. Moi, je suis différent encore. Je ne viens pas du ciel, et je n’étais pas humain avant. Et je n’ai pas de parents. Je suis né sur cette Terre, crée par les vices et le mal de l’humanité. Une grosse bataille a suffi à faire couler assez de sang pour que je naisse. J’ai la force et la magie commune à tous les autres démons. Mais je suis surtout capable de lire les esprits, posséder les gens, acheter les âmes. Et jusqu’ici, chaque fois que j’ai été ‘tué’ je suis juste retourné en Enfer, d’où j’ai pu revenir sans trop de problèmes. »

Il écarta simplement les bras, manquant d’ajouter un petit « tindin », mais son récit n’étant pas terminé, il cru bon de rajouter une nouvelle petite tirade.

« J'adore corrompre les gens vertueux, pousser les peuples à la guerre, manger les enfants, posséder les adolescents et rejouer le film l'exorcisme. Je déteste les épinards les crucifix, le mauvais rock et arachides. Je peux me rendre invisible dans la moindre parcelle d’obscurité. Je n’ai pas d’autre forme physique que celle-ci. Mais ce serait trop facile. Certains signes me trahissent. Déjà les animaux… ils me voient tel que je suis. J’agis sur les bougies… soit les flammes grandissent, soit elles s’éteignent sans raison…. Sans compter que le feu est attiré par ma personne. Une flamme penchera toujours dans la direction dans laquelle je me trouve quand je suis dans les parages… et la lueur des éclairs permets aussi de montrer qui je suis réellement… voila, vous savez tout de moi. » conclue-t-il enfin en fixant d’abord le nain, puis Grâce.

S'était-elle trop dévoilée face au démon ? Elle ne le pensait pas. Et de toutes façon, ce n'est pas comme si elle en faisait mystère lorsqu'elle était sur Terra. Puis, elle lui faisait confiance, sans comprendre pourquoi. Peut-être sentait-elle que l'accord qu'ils avaient conclu la protégeait en quelque sorte. Ou bien se sentait-elle sur la même longueur d'onde que Bâal.

Elle rit légèrement lorsqu'il mentionna que manger les enfants, il aimait bien ça. Elle connaissait un nain qui l'apprécierait beaucoup. Ham se dérida aussi d'ailleurs, pensant sans doute la même chose. Graham adorait ça lui aussi, les enfants. Découpés en petits morceaux, et cuits en ragoûts. Ham avait aussi servi Bâal, lui jetant un regard appréciateur en constatant qu'il choisissait le whisky également.

“ Et bien, je suis ravie d'avoir fait ta connaissance mon cher Bâal. Je pense que nous allons faire de bons profits tous les deux. D'ailleurs, une question me turlupine depuis tout à l'heure... Tu m'as dit avoir besoin de moi. Mais que pourrais-je donc t'apporter ? Un surcroît de chance ? C'est bien peu par rapport à ce que tu feras pour moi... ”

C'est vrai, elle était sceptique sur ce point. Mais après tout, tant que ça n'avait pas d'incidence réellement agaçantes sur sa vie...

“ Vous avez dit agir sur plusieurs univers. Enfin, que les démons agissaient sur plusieurs univers. Peut-être avez-vous connaissance d'un monde où la vertu est bannie, et nommé "Le Royaume" par beaucoup... Dernièrement, une fée de la Vertu a voulu s'imposer. Elle nous en a banni. Mais nous avons appris qu'elle était morte. Peut-être pourriez-vous avoir parmi vos compatriotes, des connaissances qui puissent ouvrir un portail vers notre dimension... ? ”

Ham posait une question pertinente. Grâce mourrait d'envie d'y retourner. Mais elle savait aussi, à présent, qu'elle ne pourrait pas y résider éternellement. Avoir découvert ce monde-ci, et Terra... Ce n'était pas rien. Néanmoins, y faire un tour de temps en temps, saluer papa/maman/etc... Ce pourrait être sympa. Redevenir Green Grass, héritière légitime du Royaume... Un sourire songeur étira alors ses lèvres en songeant aux nouveautés qu'elle pourrait apporter.

La question de l’utilité de Grâce aux yeux de Bâal revint sur le tapis bien plus vite qu’il ne l’aurait pensé. Au moins, elle ne se laissait pas leurrer par les belles promesses du démon sans essayer de comprendre l’intégralité de la contrepartie. Une autre chose qu’il appréciait. Les humains lambdas passent des accords, acceptent des pactes, dix ans, vingt ans de bonheur avant qu’on ne vienne leur arracher leurs âmes. Et ils n’ont même pas le sentiment d’avoir été floué, c’est dire à quel point Grâce est différence. Le démon étira donc un sourire en coin et ne répondit qu’après avoir planté ses lèvres dans le whisky pour en avaler de petites lampées. On ne se jette pas sur un alcool aussi noble comme un vorace, on le savoure !

« C’est très simple. Je t’ai dis vouloir être ton ombre. Ta réussite ferra ma réussite. Tu graviras les échelons, mais en tant que ton ombre, je le ferais aussi, sans pour autant m’afficher au grand jour. Il y avait une époque ou je pouvais me le permettre. Mais la Terre est un zoo à présent. Plein de héros, d’avatar, d’ange vengeur… je ne tiens pas à dévoiler ma vraie nature trop vite. »

Il esquissa un sourire un peu plus large, en la pointant de l’index.

« Mais toi, tu as du potentiel. Personne ne se doute de ce qu’il se cache derrière ce joli minois. Dans le pire des cas, on dira que tu couches pour réussir. Nous irons haut. Les sphères de la justice d’abord… et tu pourrais voir plus grand par la suite… la politique qui te hissera plus haut encore. »

Le démon était presque rêveur, bien que le rêve pourrait se réaliser justement. Leurs pouvoirs réunis dans un seul but peut faire tellement de chose… Il reporta son attention sur le nain, qui le questionna au sujet d’un autre monde. Le démon fronça un peu les sourcils, songeur, venant tapoter de son index, sa lèvre inférieure.

« Et bien, je n’ai pas visité d’autres mondes que l’Enfer et la Terre. Mais j’imagine qu’il y a des démons partout. Nous sommes des créatures de l’ombre et du mal, partout ou ces deux choses sont présentes, il y aura des démons. Je pourrais essayer d’enquêter pour ça, si ça peut vous aider »

Son regard, il le reporta sur Grâce, songeur. Et bien sûr, il finit par l’interroger en notant parfaitement le regard qu’elle avait lorsque le nain avait mentionné Le Royaume.

« Tu as un interêt à rejoindre ce plan là hum ? Qu’est-ce que ce Royaume t’apporte de plus que la Terre ? »

Juste une ombre ? Grâce ne voyait pas d'inconvénient à cela. En fait, ça l'arrangeait même. Sa réussit dépendrait de la sienne ? Parfait, elle comptait de toute façon devenir super célèbre et performante dans le milieu. Alors si ça pouvait bénéficier à son nouvel allié... Elle n'allait pas s'en plaindre.

Un sourire en coin prit place sur ses lèvres. Elle décida de se poser sur le canapé, de cuir vert sombre, et posa son verre sur la petite table de marbre. Elle fit un signe, invitant le démon à s'asseoir à son tour.

“ Coucher pour réussir... Ce ne fera pas grand mal à ma réputation. ”

La politique ? Elle n'y avait jamais songé à vrai dire. Mais ce pourrait être trèèès intéressant. Elle chassa pour l'instant cette idée de sa tête, reportant son regard sur Bâal. Il parlait des différentes dimensions, proposant de se renseigner. Elle agrandi son sourire.

“ Ce serait vraiment très appréciable, merci. ”

Elle porta un doigt à ses lèvres avant de répondre à la question suivante, son regard accrochant celui d'Ham. Il hocha la tête, malgré son expression hiératique.

“ Si j'ai des intérêts à rejoindre ce plan ? Hm. Oui. Je ne suis pas seulement la fille d'un léprechaun et d'une gorgone en fait. Ils sont également les souverains de ce Royaume dont je t'ai parlé. Par conséquent, j'en suis l'héritière. ”

Ham s'assit sur le fauteuil qui leur faisaient face.

“ Disons que j'aimerais retourner parfois dans mon Royaume, pour le rendre plus prospère. J'ai découvert ici, et sur Terra, des choses qui pourraient révolutionner certaines choses là-bas. ”

Elle prit une autre gorgée de son verre, et couva le démon d'un regard amusé.

“ Surpris ? ”