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Entre les chélicères du Seigneur des Toiles [Swei :3]

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Mori Sakuya

Créature

Entre les chélicères du Seigneur des Toiles [Swei :3]

samedi 15 décembre 2012, 19:15:39

   Depuis l'arrivée de l'hiver, les journées se faisaient de plus en plus courtes et le froid de plus en plus mordant. De plus, l'air était bien sec et frais, et on sait tous ô combien les araignées préfèrent les renfoncements sombres et humides. Sakuya n'a jamais aimé l'hiver de toute façon car le froid agresse son corps humain de façon surprenante ; elle doit donc revêtir des couches et des couches de vêtements pour ne pas grelotter et elle n'aime pas ça, les vêtements. Sous ses formes arachnéennes elle supporte le froid, mais en tant qu'humaine ça n'était pas simple. C'est drôle de se balader avec un corps humain, mais parfois ça a ses inconvénients... Au moins, à défaut de faire humide, il faisait sombre ; il était 19h pétantes et les rues étaient toujours bondées en cette période de fêtes. Pour le moment, elle errait dans les rues, à travers la foule, en quête de ragots croustillants sur ce qui pouvait se passer d'étrange dans la ville. Rien, rien, et trois fois rien. La métis Kumo ne trouvait rien à faire dans cette masse grouillante lui donnant presque faim. Elle était aussi un peu inquiète : c'est la première fois qu'on la laissait partir seule en mission.

   Dans cette foule, Sakuya passait presque inaperçue grâce à son physique manifestement humain : elle portait toujours son uniforme de lycéenne (qui ressemble à ça) avec des jambières noires montant jusqu'à la moitié de ses cuisses avec une épaisse veste en laine noire un peu miteuse mais avec de grandes poches pour dissimuler ses maigres possessions. Dans les pieds, une paire de rangers et c'est tout. Deux nattes de cheveux bruns tombaient sur ses épaules jusqu'à ses hanches. Elle portait son sac d'une épaule de manière nonchalante et elle semblait faire abstraction des personnes l'entourant. Là, son regard se perdait dans le vide : elle était perdue dans ses pensées, pensant tantôt à ce qu'elle avait fait tantôt dans la journée et à ce qu'elle pourrait bien faire dans les jours à suivre. Que pouvait-elle bien faire comme rapport à ses supérieurs ?

   Marchant, marchant encore, la Yokai fini par rejoindre le chemin du retour. Pourtant, quelque chose l'arrêta net comme un mur de briques invisible. Sakuya s'immobilisa et se crispa, tandis que la foule perpétuait son mouvement de masse. Doucement elle leva les yeux pour diriger son regard vers les bois. C'était étrange : elle se sentait mal, presque plus comme une proie que comme une prédatrice. Son hémolymphe ne fit qu'un tour dans ses veines et elle se dirigea vers cette ce qui semblait être un bois. Quelque chose clochait dans le coin et elle ne le remarqua que quand une étrange odeur, pourtant familière, atteint ses narines. Cette odeur ressemblait à celle des Kumos, mais ceux ayant embrassé la voie du Tisserand, la voie de la création.

   La Kumo accéléra le pas et elle était visiblement mal à l'aise. Son esprit protecteur s'agitait sous sa peau et même sa détentrice pouvait le sentir se mouvoir de curiosité. Enfin, elle quitta la ville en elle-même pour s'enfoncer dans le parc vide de toute présence humaine. L'odeur, qui n'était que son seul guide, se faisait plus forte. Sa marche rapide se transforma en course jusqu'aux bois : Sakuya s'arrête net à nouveau à la lisière des bois, comme si un nouveau mur invisible lui avait bloqué le chemin. Son cœur battait la chamade et elle pouvait sentir l'anxiété l'envahir. Subitement, elle n'arriva plus à prendre contact avec l'esprit la surveillant, là encore c'était mauvais signe. Hélas, ses codes de conduite l'empêchait formellement de faire demi-tour et d'agir en lâche. On l'avait assignée à découvrir toutes les anormalités de la ville et elle devait donc agir en conséquence. Sakuya prit une grande inspiration et s'enfonça dans les bois.

   Après presque une demi-heure à galérer entre les arbres à flairer cette charmante odeur de corruption et de destruction (oui oui, ça A une odeur !), la métis tomba face à une vieille bâtisse visiblement abandonnée. Cette bâtisse devait être un magnifique temple shinto, fut une époque. Le cadre est assez inquiétant : les branches des arbres nus s'agitaient lentement avec le vent froid, presque de manière sinistre. Tout semblait... plus lent. Comme les nuages sombres dans le ciel, dissimulant la pleine lune cherchant à percer malgré tout. Toute la vie des lieux semblait s'être échappée, il n'y avait pas le moindre oiseau dans le ciel. Là, tous les sens de prédatrice de Sakuya étaient alertes : il n'y avait absolument plus rien dans les environs, pas même le moindre petit gibier, pas même le moindre petit insecte. Même les arbres semblaient mourir, sous le froid de l'hiver. Pourtant, l'odeur n'avait jamais été aussi forte qu'en cet instant : si quelque chose rodait dans le coin, il était . En revenant sur un détail, le temple n'était pas abandonné. Sinon, pourquoi serait-il couvert d'une fine toile fibreuse toute fraiche ?

   Probablement que quelque chose allait arriver, et pas en bien. La Kumo porta une main dans sa poche et sortit une petite fiole remplie d'un liquide rouge : du sang. Elle bu la totalité du flacon avant de le remettre dans sa poche ; une fois nourrie, ses yeux brillèrent brièvement d'une lueur rougeâtre transcendant avec la pâleur de son teint que la nuit lui conférait. Il lui fallut presque trente secondes pour se décider à pénétrer les lieux, la boule au ventre. Toujours sous forme humaine, elle poussa la porte de bois légèrement entrouverte et couverte d'une fine couche de toile collante. À travers le bois de la porte Sakuya sentit tout de suite une présence dans les lieux : des araignées. Des araignées grouillaient partout ici et elle connaissait parfaitement la sensation que cela donnait. Elle ne pouvait pas se tromper, même si elle n'avait pas l'impression que l'endroit n'était habité que par des araignées...

   Enfin, cette infâme odeur lui monta en plein dans les narines et elle fut prise d'une horrible nausée. Nareau. Voilà qui l'odeur lui rappelait. Nareau des Araignée, le Tisseur. Cela, en soit, aurait pu être pire, car elle n'était pas tombée sur sa génitrice Marawa la Destructrice... Mais quand même, Sakuya savait que la situation allait tourner au vinaigre d'ici peu, d'ici peu comme... quelques secondes ?
"J'aime me repaître de ceux qui voudraient me soumettre."



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Sweïverys

Dieu

Re : Entre les chélicères du Seigneur des Toiles [Swei :3]

Réponse 1 lundi 17 décembre 2012, 18:44:47



"Une bien piètre prédatrice que celle qui vient se perdre dans une toile tissée pour le gibier."

Face à l'intruse, à quelques mètres devant elle et derrière de fins rideaux soyeux à peine soulevés par le vent froid qui passait durant de longs souffles sinistres entre les murs délabrés, un rougeoiement apparut. Léger, éloigné. Mais oppressant et dardé sur elle, toute Sa malignité suintant de ce qu'il convenait d'appeler un regard pesant et impérieux. La voix qui venait de résonner dans le temple laissé à l'abandon provenait indéniablement de la même direction et, même bien qu'elle fut calme, s'avérait empreinte d'une menace sourde qui n'attendait qu'un signal pour se manifester. Il n'en fut pourtant rien et seul le silence brisé parfois par le feulement du zéphyr hivernal combla la scène. La petite araignée n'était certainement pas stupide et savait qu'elle était face à un mal qu'elle ne pourrait jamais espérer vaincre ni même totalement appréhender... Pourtant, elle n'avait pas fuit. Le Seigneur des Toiles ne l'avait repérée que lors de son entrée dans les bois, informé de sa présence non pas grâce à son aura mais par les murmures que Ses filles étaient venues lui rapporter. Et elle l'avait intrigué, Lui qui pensait être le seul toileur de cette cité loin de la sienne, loin de son monde des profondeurs. Alors, Sweïverys l'avait attirée en dispersant dans l'air Sa force et Sa présence. Peut-être l'aurait il ignorée si elle avait tourné les talons, mais à aucun moment cela n'avait été le cas.

Doucement, contre la jambe droite de la Kumo, une araignée se manifesta. Tranquillement, elle grimpa contre le membre de celle qui paraissait être une jeune femme et se permit même de passer sous sa jupe. Son intimité dut accueillir les mouvements légers des pattes qui continuaient leur ascension, remontant de l'aine vers le ventre pour filer entre les rondeurs modestes et fermes de ses seins avant de passer contre son cou pour disparaître dans ses cheveux. Quand elle décida d'arrêter sa course, l'arachnide vint se loger contre le lobe d'une des oreilles de l'inconnue.
"Approche", sembla t'elle lui susurrer très distinctement dans un soupir presque immonde à entendre tant il ne semblait pas naturel. "Approche et présente toi à Lui. Notre Seigneur veut te voir et nulle des nôtres ne peut se permettre de lui désobéir. Tu le sais, n'est ce pas ? Tu le sens... Alors, approche".

Ce n'était nullement une proposition et il était presque certain que la petite araignée sur deux pattes le comprendrait avec aisance. Celui qui lui faisait face depuis les ombres à peine percée par Son oeil rougeoyant n'était pas de ceux à qui on pouvait refuser quelque chose. D'ailleurs, les ténèbres furent brièvement illuminées par Son regard, dont le sanguin devint un instant si fort qu'il révela Sa silhouette drapée de noir et assise dans un trône de soie. Puis la nuit reprit ses droits, replongeant le patient prédateur dans son linceul.
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Mori Sakuya

Créature

Re : Entre les chélicères du Seigneur des Toiles [Swei :3]

Réponse 2 mardi 18 décembre 2012, 18:40:30

   D'instinct, l'araignée sous forme humaine serra les dents. Tout comme de rage comme de frustration et de peur. Tant d'émotions parcourraient ses pensées en cet instant si bien que cela la bloquait : elle ne savait comment réagir face à une telle manifestation. Tout semblait vivant, même la toile, se soulevant avec le vent comme si elle respirait. Sakuya sentait le grouillement en-dessous et au-dessus de celles-ci : des araignées, de toutes sortes. Elle pouvait entendre leurs déplacements, leur présence, mais le bruit que leurs mandibules produisaient en s'entrechoquant semblait presque... accusateur. Du langage d'araignée, mais... déformé.

   Droite comme un i, immobile comme une montagne, la Kumo ne broncha pas en sentant ce doux contact arachnéen sur sa chair humaine. Elle sentait juste qu'elle n'avait pas le contrôle de la situation, tout simplement. Par contre, sa capacité à rester stoïque était exemplaire. Lorsque cette présence à huit pattes atteint son oreille, elle plissa les yeux et dirigea son regard rougeâtre vers où semblait venir la voix. Son visage se déconfit en à peine un quart de seconde.

"Approche et présente toi à Lui. Notre Seigneur veut te voir et nulle des nôtres ne peut se permettre de lui désobéir. Tu le sais, n'est ce pas ? Tu le sens... Alors, approche."

   C'est à ce moment que Sakuya failli commettre l'irréparable. « La seule Reine Araignée à qui j'ai prêté allégeance est Rati l'Insatiable ! J'ai embrassée la voix de la vie et de la Mère d’Émeraude, je sers le Sauvage et non le Tisseur ! » pensa-t-elle, mais de suite elle s'est vue morte d'une façon particulièrement atroce. Un peu de savoir-vivre, bon-sang.

   Se présenter ? Pas de soucis. Sakuya jeta sa tête en arrière et bomba le torse comme pour prendre une grande inspiration : en réalité, sa cage thoracique était en train de se distendre pour que des côtes flottantes supplémentaires puissent pousser, inutile de préciser que ses habits volèrent en éclats. Une boule se forma au niveau du bas de son dos dans un bruit immonde de chair et d'os cassés et de cette boule de chair, qui est devenue l'abdomen, s'extirpèrent une paire de jambes supplémentaires. Cette paire de jambes étaient à l'instar de ce qu'est devenue la première : certes toujours aussi fine, mais anormalement distendue et avec une articulation en plus. Une nouvelle paire de bras s'extirpèrent aussi de son torse, là encore toute aussi fine et au bout de ses doigts on pouvait voir de magnifiques griffes acérées. Son visage était monstrueux et même si elle restait reconnaissable, sa simple vue ferait fuir l'humain lambda : Sakuya possède deux paires de mandibules et deux paires de chélicères, comme toutes les dames blanches. De sa bouche suinte un petit liquide fort agréable qu'est le poison. Son visage s'était allongé pour pouvoir accueillir six nouveaux yeux, légèrement plus petits que les deux yeux principaux. Ses cheveux sont restés les mêmes, on peut toujours deviner une frange mais les deux tresses sont belles et bien visibles. La morphologie de cette bête est abominable, approchant les trois mètres de haut dressée sur ses pattes d'araignées ; la transformation se faisait petit à petit, lentement, avec le doux son de la chair qui se déchire, des os qui se brisent pour se reformer, des organes qui se replacent et enfin celui de l'exosquelette venant se poser délicatement sur sa feu peau pâle. Tous ces sons formaient un concert complètement disharmonique et impie alors que la bête commençait presque à se mouvoir. Un pelage blanc cendré et urticant apparut sur son exosquelette avec quelques poils noirs ressemblant à des épines sur les bras et les jambes.

   Avec sa forme de naissance, son corps d'hybride, elle imita une révérence qui se voulait surjouée.

« Sang-des-Réprouvés, métis Kumo. Je suppose que mon origine et mon rang vous importe peu. »

   Sa voix semblait lointaine mais venait belle et bien de ce qui était sa bouche. Ses paroles furent accompagnés du cliquetis de ses mandibules. Sakuya repris une posture un peu plus normale avant de prendre son courage à deux mains et d'ajouter :

« Je tiens juste à signaler que je ne fais pas partie des vôtres, j'ai abandonné le Tisseur il y a bien longtemps. »

   La Yokai recula un peu afin de se mettre dans une position un peu plus défensive. Elle pouvait sentir les araignées habitant dans son corps s'agiter. La seule arme qu'elle possédait n'était qu'une simple dague lambda, mais vu les rasoirs qui lui servent de griffes, elle n'en avait pas besoin, si bien qu'elle la jeta par terre d'un geste négligé.

« Qui êtes-vous ? Et montrez-vous ! »
"J'aime me repaître de ceux qui voudraient me soumettre."



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Sweïverys

Dieu

Re : Entre les chélicères du Seigneur des Toiles [Swei :3]

Réponse 3 mardi 18 décembre 2012, 19:49:51

L'Oeil aux obsédants reflets sanguin ne cilla à aucun moment. Sinistre phare dans cet océan d'ombres étroitement mêlées, il était braqué sur l'inconnue dont à présent Il n'ignorait plus rien des formes et de l'allure qui, Il allait le découvrir, étaient éphémères. La petite messagère avait bien fait son travail et avait quitté rapidement son perchoir cartilagineux lorsque cette drôle d'arachnide avait entreprit de se révéler sans détour à l'homme qui la menaçait d'un simple regard. Sweïverys ne manqua aucune seconde de la saisissante transformation qui s'accomplissait à Sa seule attention. Il apprécia particulièrement les sons que son corps humanoïde produisit en se brisant, se réajustant, se sublimant à sa façon alors qu'il laissait place à une forme bien plus digne de se tenir devant Lui. Les ponctuations spongieuses et écoeurantes de ses organes internes se redisposant Lui furent un délice auditif et la contemplation de la vie nouvellement incarnée le subjugua un instant. Oui, oh oui... Cette créature était splendide. Magnifique sexuée d'une race qui Lui avait jusque là semblé bien inutile et qui s'était dégagée de cette méprisable enveloppe charnelle pour s'épanouir devant Lui. Elle l'ignorait, mais cette étrangère venait d'offrir au Seigneur des Toiles un présent qu'il n'avait de cesse d'apprécier.
Depuis sa position perdue dans le noir, on put entendre le bruit délicat et légèrement humide de chélicères de frottant l'une contre l'autre en signe de contentement. L'impétuosité de la Kumo, en revanche, le séduisit bien moins. Sweïverys la laissa parler, se promettant de lui apprendre sa place dans l'univers et surtout sur les filins de Sa toile avant qu'elle ne reparte... Si il Lui venait l'idée de la relâcher.


Elle se présenta comme étant Sang-des-Réprouvés après avoir esquissé une parodie de révérence. Elle avait donc assez d'assurance pour oser se jouer ouvertement de lui. Autour d'eux, le temple sembla crisser sous une nuée de bruissements discrets : les araignées massées là, dans les plinthes et la charpente, manifestaient leur outrage. Son audace sembla convoquer alors d'autres créatures, qui dans ce tableau soyeux semblaient déplacées. Des scorpions, d'abord peu nombreux puis rapidement innombrables, qui agitaient leurs pinces et leurs barbillons gorgés de poison. Pourtant, bien que mêlés aux autres araignées, ils semblaient se tenir à distance respectable de la kumo. La belle arachnide leur inspirait certainement une crainte toute légitime, mais leur allégeance à la forme cyclopéenne toujours plongée dans le noir restait la plus forte.
Sang-des-Réprouvés parla, évoquant un Tisseur que Sweïverys savait ne pas être Lui. Il ne cilla pas, mais lorsqu'elle lui ordonna de se montrer, le temple sembla trembler sur ses fondations. Quelque chose grondait sous le sol, comme une bête excédée d'être retenue en cage. A cet évènement, les scorpions disparurent finalement et le concert des rumeurs mandibulaires se tut pour de bon.


"Tes rangs et origines m'importent effectivement peu, Sang-des-Réprouvés. Et pour ton audace sans bornes, je devrais arracher moi-même chacune de tes chélicères." Sa voix sourdait d'une colère contenue. "Mais au moins t'es tu apprêtée pour me faire face loin de cette apparence disgracieuse, aussi ne te défigurerais-je pas. Pas encore."

L'Oeil sembla légèrement prendre de la hauteur. Il venait de se lever pour avancer d'un pas lent et mesuré qui frappait sèchement à chacun de Ses pas, grignotant l'espace qui Le séparait d'elle. Et après d'interminables secondes, le Seigneur arachnéen se dressa face à elle, qui pouvait le détailler à la faveur d'un rayon de lune. Il n'avait que Sa forme humaine, mais elle suffisait, pour l'heure. Certes, cet homme drapé dans ce grand manteau noir devait lever la tête pour la regarder, mais quelque chose en lui était écrasant de domination, de suprématie. La Kumo pouvait mieux voir cet oeil balafré, dont la lueur malsaine s'était faite vaguement plus ténue.

"On me nomme le Seigneur des Toiles, Fils de la Fileuse et maître de Zurr-En-Arrh. Incline toi, Kumo, car tu fais face à Sweïverys."

"INCLINE TOI, CHIENNE INSOLENTE, OU JE JURE SUR LE COEUR DE LLOTH QUE JE TE BRISERAI CHAQUE PATTE DE MES PROPRES MAINS."

La voix tonnante était montée du sous-sol après que le temple eut tremblé une fois encore. Dans un bruit assourdissant, le sol derrière l'araignée avait littéralement explosé sous le coup qu'avait produit un énorme barbillon de Scorpide pour s'extraire de sous le plancher, se dressant sur quelques segments d'une queue qu'on devinait colossale. La pointe recourbée suintait déjà d'un liquide poisseux, s'agitant nerveusement de gauche à droite et coupant toute retraite à l'arachnide.

"Silence, En-Sabah'Nur. Elle peut encore choisir son destin car j'en ai décidé ainsi." Son regard, qui s'était clôt un instant, revint plonger dans celui de Sang-des-Réprouvés. "Ta beauté est pour l'heure la seule chose que j'apprécie chez toi. Alors ne me force pas à laisser Mes enfants se repaître de ta chair avant que je n'ai pu te consommer. Que viens tu faire dans Ma toile, Kumo ?"

Il la toisa. Il attendait qu'elle bouge, qu'elle parle. Qu'elle scelle son destin, qui selon sa réponse, se verrait certainement écourté.
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Mori Sakuya

Créature

Re : Entre les chélicères du Seigneur des Toiles [Swei :3]

Réponse 4 mercredi 19 décembre 2012, 19:09:32

   Pourquoi réagissait-elle ainsi. Pourquoi. Elle savait qu'elle était en train de faire une erreur mais elle tenait tête, coûte que coûte. On lui avait déjà appris l'autorité par la violence et prendre des coups ou subir la torture ne lui faisait plus peur depuis longtemps. Malheureusement pour son hôte, il n'était pas son maître. Malgré l'aura qu'il dégageait et l'influence qu'il possédait sur ses sœurs et frères arachnides, il n'était pas son maître, définitivement. Sakuya observa les alentours, sentant un léger détail différer : il y avait des scorpions. Si si, des scorpions. Son instructeur Kumo lui avait déjà parlé de ces petites bêtes, cousines des araignées. Il lui conta qu'à une époque il existait aussi des métamorphes scorpions mais ils furent rapidement exterminés. Maintenant, il ne doit en rester qu'une poignée et ils se cachent dans les déserts. De ce qu'on lui a raconté, ils font partis des métamorphes les plus agressifs et les plus violents ; si agressifs qu'ils ne peuvent vivre en communauté sans menacer de s'entre-dévorer. Les scorpidés, ainsi nommés, détestent les Kumos de surcroît, ainsi que les Ananasis, les cousins arachnéens orientaux des Kumos.

   Même si elle pouvait sentir le sol trembler sous ses pattes, elle ne bougea pas et elle continua à tenir tête à cette présence. Cette présence se mouvait, enfin, pour s'approcher d'elle, le tout d'une lenteur qui eut le don d'agacer Sang-des-Réprouvés. Enfin elle put l'apercevoir, cet homme mystérieux à l'aura puissante ; si puissante qu'elle était sur le point de mettre un – enfin, deux – genoux à terre. « Il n'est pas ton maître », contentait-elle de se répéter en observant le nommé Sweïverys. Il avait une apparence humaine, à son plus grand étonnement. Enfin, « humaine »... il n'était pas l'humain lambda, il faut le dire. Non, franchement, la régularité de ses traits l'étonnait vraiment : si elle devait faire face à un être humanoïde, elle l'imaginait de base laid et miteux, un peu comme ce que pensent la plupart des humains des araignées. Beau ? Peut-être. À vrai dire, Sakuya n'a pas réellement conscience du concept de beauté. En tout cas, elle était vraiment intriguée par cet œil brillant mais pourtant d'apparence vide.

   Autant être honnête : Sang-des-Réprouvés ne savait pas qui était ce Sweïverys. Un avatar, ou quelque chose du genre, sans doute. Néanmoins son influence sur les arachnides l'inquiétait un peu... pourquoi diable n'avait-elle jamais entendu parler de lui ? Oh si, elle devait le connaître, mais pas sous ce nom, tout simplement.

   D'un coup tout devint tumultueux. Un énorme fracas retentit derrière la Kumo qui se retourna. Je veux dire, qui se retourna : elle ne s'est pas déplacée sur ses pattes, non non non, c'est sa colonne vertébrale qui s'est retournée sur l'abdomen de son corps arachnéen. Les joies de la contorsion extrême lui firent oublier de simples petits mouvements de la vie de tous les jours. Son visage, du moins ce qu'il en était, se décomposa. En tout honnêteté : les scorpions, ça n'est pas mais alors pas du tout son délire. Sakuya se retourna à nouveau vers son « hôte » non sans montré une certaine hostilité. Hostilité moins forte tout de même qu'il y a quelques instants. Cela se voyait qu'elle s'était calmée, bien que cette tournure ne lui plaisait pas. C'est avec amertume que la Yokai répondit :

« Je suis venue car j'ai senti votre présence. »

   Tout en parlant, elle baissait légèrement la tête en signe de reddition. Momentanée ou pas.

« Votre aura est puissante et elle m'a attirée jusqu'ici. Jamais je n'avais ressenti quelque chose de la sorte jusqu'à présent. »

   Elle n’appréciait pas l'idée qu'on puisse la soumettre. Cela s'entendant dans sa voix, tremblante mais pourtant forte. « Je n'ai qu'un seul maître » répétait-elle encore en boucle dans sa tête.
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Sweïverys

Dieu

Re : Entre les chélicères du Seigneur des Toiles [Swei :3]

Réponse 5 samedi 22 décembre 2012, 11:53:06

Elle s'inclinait. Bien sûr, qu'elle s'inclinait. Même si elle n'était pas de Ses enfants, la kumo était face à une entité d'un tout autre niveau qu'elle. Elle se tenait face à un des seigneurs arachnides les plus puissants de l'entre-deux mondes, fils de Lloth et détenteur d'un pouvoir que Sang-des-Réprouvés ne pourrait sûrement jamais qu'imaginer. Le seigneur des toiles n'était pas stupide pour autant, ni même assez prétentieux pour penser qu'Il devait la soumission de la métamorphe à sa seule présence : la manifestation violente et visuelle de Sa fille En-Sabah'Nur encore cachée au sous-sol sous leurs pieds -pattes ?- y avait été pour quelque chose. Tout les arachnides craignaient la fille prodigue du Seigneur des Toiles, pour son gabarit comme pour sa redoutable fidélité confinant au fanatisme.
Et, si cela plaisait à Sweïverys de savoir que sa progéniture possédait une part de sa prestance, l'idée qu'elle soit seule à l'origine du revirement de caractère de la kumo lui déplut fortement. Alors que ses sourcils se froncèrent, Son oeil se mit à luire avec plus de vivacité. L'espace d'un instant, l'air de la pièce sembla s'être changé en une pesante chape dont les échos sourdaient de la colère et de la frustration du maître des lieux. Pourtant, le Fils de la Fileuse sembla ne rien en montrer quand il prit la parole.


- N'as tu donc jamais rencontré tes créateurs ? Il est évident que tu n'es pas de Mes enfants, nous le savons tout les deux. Pourtant, tu aurais ta place au sein de Ma cité, tout comme tu l'aurais dans Ma couche.

Tout en parlant, le Seigneur des toiles avait posé une main sur elle, à l'endroit où ce qui restait de son buste humain se fondait dans la partie déjà plus arachnide du bas de son corps. Si elle avait été sous forme humaine, cela aurait sûrement correspondu à la zone située au-dessus de son bas-ventre. A quelques centimètres près, disons.

- Tu étais plus farouche avant que ma fille n'intervienne, Kumo. Moins docile. Tu n'aime pas cela, n'est-ce pas ? Te sentir inférieure à un être que tu ne comprends ni ne redoute réellement sous la forme qu'il présente face à toi.... Je vais donc te soumettre parfaitement, avec le seul langage que tu comprennes. L'instinct.

Cela commença par Sa bouche, qui s'ouvrit démesurément, jusque déchirer le coin de ses lèvres qui laissèrent passer d'impressionnantes et meurtrières chélicères alors que sa mâchoire se brisait en trois morceaux. Le craquement d'os ne cessa pas tandis que son front semblait s'ouvrir et s'élargir, la peau qui se fendait laissant se dévoiler de nouveaux yeux d'un noir sans âme, un peu à l'instar de ceux des requins. Ses cheveux tombèrent, ne restant sur son crâne que par mèches éparses. Le manteau qui couvrait son corps se déchira tandis que son buste gagnait en volume, deux énormes bosses de chair se manifestant au niveau de ses côtes avant qu'elle ne se déchirent finalement pour laisser apparaître deux puissantes pinces de scorpions au bout de bras à l'aspect humanoïdes mais couverts anarchiquement de poils drus évoquant ceux de la Kumo. La main posée sur la métamorphe gagna en articulations, les ongles humains sautant sous la posée de griffes qui raclèrent un instant son corps sans réellement la blesser. Le bas du corps du Seigneur des Toiles ? Il changea également. Son ventre s'était ouvert pour libérer sur le sol ses organes devenus obsolètes, qui tombèrent sur le plancher dans un écoeurant bruit spongieux. De la plaie béante surgirent deux pattes qui se plantèrent férocement sur le sol, maintenant le buste en équilibre le temps que les jambes humaines ne se dérobent, horriblement déformées et contorsionnées tandis qu'elles devenaient elles aussi de puissantes pattes effilées. Le bassin de Sweïverys s'étendit alors vers l'arrière afin que poussent de nouveaux appuis semblables aux quatre premiers. L'arrière-train du Seigneur arachnide s'était dérobé pour laisser naître une effroyable queue segmentée ornée d'un dard de scorpion aussi épais et long qu'un homme. La queue s'enroula sur elle-même pour s'apparenter à un abdomen d'araignée qui laissait béer le barbillon recourber. La peau qui subsistait par endroits glissait par lambeaux ensanglantés sur l'exosquelette qui avait poussé pour couvrir ce corps plus haut et plus large encore que celui de la Kumo, à mi-chemin entre le scorpion et l'araignée, immondice vomies par les cauchemars produits par les esprits les plus torturés.

Sous cette forme, Sweïverys n'était que menace et brutalité, violence et désespoir. Un esprit humain aurait probablement cédé devant cette créature abjecte mais grandiose, dont le dos de l'une des mains laissait apparaître un oeil jaunâtre qui semblait doué de sa propre volonté, remuant dans son "orbite" comme pour apprécier pleinement la totalité de cette situation, les veines épaisses et palpitantes qui partaient de son globe gonflant abominablement un bras déjà bien déformé par sa nouvelle apparence.


"Es tu plus à même de t'incliner, kumo ? A présent, que dois-je faire de toi ? Je n'ai pas pris cette apparence pour que tu sorte indemne de cette situation."

Sa "voix" n'était qu'un murmure auquel se mêlait un gargouillis organique qui formait des mots, des intonations soulignées par le frottement de ses chélicères meurtrières.
« Modifié: samedi 22 décembre 2012, 11:55:07 par Sentinel Prime »
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Mori Sakuya

Créature

Re : Entre les chélicères du Seigneur des Toiles [Swei :3]

Réponse 6 samedi 22 décembre 2012, 13:22:29

   Bien qu'il était sous forme humaine, Sang-des-Réprouvés se méfiant grandement de ce dit-Seigneur des Toiles. Il s'était approché de manière presque dangereuse de son corps de monstre et pourtant, il n'avait pas vraiment l'air de se soucier de se recevoir un coup de griffe ou de croc. Cependant la peur forçait la Kumo à ne pas agir de suite ; elle n'avouerait jamais que c'est par intimidation qu'elle ne bougeait pas une patte.

   Et si elle avait vu d'horribles choses durant sa courte vie, rien n'égalait l'atrocité et la barbarie du changement de forme de son « hôte ». Elle-même n'était pas l'une des créatures les plus magnifiques que la tellurie ait porté – elle le savait, mais ce spectacle unique la répugnait au plus haut point. Une violente nausée s'éprit d'elle quand elle sentit l'odeur se dégager de cette carcasse impressionnante et changeante : le Chaos. La Kumo tremblait tandis que son visage s'était entièrement décomposé, ses huit yeux écarquillés de terreur. Pour elle, il n'y avait pas d'autre solution : cette créature, face à elle, était issu du Chaos. C'était un hybride de scorpion et d'araignée, c'était une erreur de la nature ! Une créature corrompue, une abomination, voilà ce qu'il était ! Un Bakemono, comme on dit dans le jargon des métamorphes. Malgré ça, sa nature de Kumo faisait qu'elle était fascinée par cette transformation des plus horribles. Sang-des-Réprouvés était comme qui dirait envoûtée par tant d'horreurs et de sauvagerie. C'était une fascination tout à fait morbide et malsaine propre aux créatures comme les Kumos.

   Sang-des-Réprouvés s'affaissa sur ses pattes antérieures, les huit yeux grands ouverts, terrifiée par ce cri horrible. Par réflexe, sa gueule produit un bruit semblable à un feulement, tout en claquant des mandibules. Pourtant, ses poils se hérissèrent sur son exosquelette.

« Je ne voulais pas... Je n'ai rien fait de mal. »

   Grogna-t-elle, tout en baissant la tête par simple soumission. Ses griffes s'agitaient au bout de ses longues pattes antérieures.

« Mais puisque vous ne semblez pas prompt à mettre fin aux hostilités... »

   Sa voix était tremblante et hésitante. La Yokai ne savait pas si elle était en train de faire quelque chose de bien judicieux. En soi, elle ne pouvait pas fuir. Elle ferma ces membres qui lui servaient de main et elle concentra toute la puissance magique qu'elle pouvait. Il lui fallut quelques secondes pour que ses griffes soient couvertes d'une douce lueur dorée et d'un coup ces dites griffes s'enflammèrent. Une petite aura se dégageaient de celles-ci, illuminant ainsi la pièce comme elles le pouvaient. C'était le seul avantage de Sang-des-Réprouvés car elle se savait plus faible que son hôte, elle ne se voilait pas la face, c'était évident.

   De toute façon, la Kumo n'apprenait que par la force, malgré la peur qui la rongeait de l'intérieur.
"J'aime me repaître de ceux qui voudraient me soumettre."



Et ça, c'est ma fiche !


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