L'inconnu avait l'air d'apprécier autant que les autres soudards le spectacle qu'offrait la jeune mercenaire. Il soutenait son regard, ce qui amusait beaucoup Enora, les autres hommes, eux, détournaient le regard, sachant trop bien qu'un seul mot, un seul geste, déplacé aux yeux de la dangereuse danseuse leur vaudrait quelques cuisantes réprimandes. La ESP.er, hypnotiseuse pour un soir se déhanchait tel le diable sur cette table, fixant toujours ce curieux et nouveau personnage. Elle le dévisageait. A sa tenue, sa prestance, son attitude, elle pouvait aisément deviner qu'il avait été ou qu'il était soldat. Redoutablement dangereux, c'était certain. Plutôt bel homme, il fallait l'avouer. Il dégageait force, endurance et courage, il n'était pas de la même chair que ces autres là. Soldat, simple forgeron, paysan, peut-être... Mais aucun ne valait sa force, à lui.
Il détachait, à sa ceinture, une lourde bourse de cuir. Les yeux bleu et vert de la jeune femme se plissèrent, cherchant à deviner ce qu'il faisait. Il la jeta enfin à ses pieds, ce qui eut pour effet d'arrêter la danse. Les autres hommes se retournèrent vers lui.
Les beaux yeux de la mercenaire allèrent de la bourse à l'inconnu. La faisant léviter jusqu'à sa main tendue, elle l'ouvrit avec lenteur, contemplant son contenu, elle leva un sourcil appréciateur. Souriant, elle referma ladite bourse, et, lévitant au-dessus des attablés, elle se laissa tomber avec grâce et douceur sur le sol, marchant vers l'étranger. Arrivant à sa hauteur, elle lui sourit, ne lâchant pas ses yeux. Dangereuse prédatrice, envoûtante séductrice.
_Que veux-tu faire de cet or, soldat... ? Crois-tu qu'il y ait prix à payer pour « ça »... ? dit-elle, désignant la table dans son dos.
Elle sourit encore, rendant la bourse avec force, la collant dans les mains de l'autre. Se penchant à son oreille, elle lui murmura avec une douceur enjolive, :
_Mon brave, je ne sais pas ce que tu attends, mais sache que Dame Cruelle ne reçoit d'or que pour la Mort...
Elle éclata de rire et, courant jusqu'à la table, elle reprit sa danse, clairement provocante cette fois à l'égard de ce soldat, de ce guerrier. Elle se déhanchait, lascive, érotique, elle flottait presque, sans avoir par là même besoin de son pouvoir. Ses hanches semblaient se désaxer à chaque mouvement, ses bras s'envolaient, retombaient avec une grâce à nulle autre pareil, ses jambes s'écartaient, revenaient, son buste se tordait complètement à l'envers, ses mains agrippant ses talons, sa poitrine surplombant le tout, et elle se redressait, plus sauvagement excitante encore. Son bassin glissait presque au sol tandis que sa croupe se cambrait alors qu'elle se relevait. Elle bougeait ses épaules l'une après l'autre, secouant ses seins d'une bourrasque affolante.
Elle souriait, tandis que de délicates perles de sueur apparaissaient sur ces deux monts surplombés par de petits cercles ronds rosés. Elle tournoyait sur elle-même, comme dans un rêve, caressait sa cicatrice qui, quoi que défigurant le dos de la belle, ne la rendait que plus désirable encore.
Faisant volte-face, elle plongea de nouveau son regard dans celui du guerrier tandis que, dans l'attente de sa réponse, elle lui faisait signe, de ses mains, d'approcher un peu de la tablée.