La bataille ne tourna pas spécialement en la faveur du Limier. Perçant sa garde, la femme parvint à s’enfoncer dans son armure, et à le blesser. Clegane sentit la douleur exploser dans son corps, et en fut légèrement déconcentré, permettant à la vagabonde de prendre le dessus, de lui retirer l’une de ses épées, et de le rouer de coups en prime. Le Limier finit par s’écraser sur le sol, tandis que la femme, triomphante, levait ses épées. Elles étaient couvertes de sang, brillant sous le reflet du soleil, alors qu’elle s’apprêtait promptement à décapiter le Limier. Elle lui cracha alors dessus, et ceci acheva d’énerver le Limier.
« J’crois que tu m’as foutrement énervé, foutue gonzesse », éructa-t-il.
Les lames s’abattirent vers lui, et le Limier leva l’une de ses mains, comme pour les stopper. Des formes sombres jaillirent alors de ses doigts, et heurtèrent les lames. Un souffle noir et glacial qui projeta Ciri, l’envoyant rouler sur le sol, tandis que le Limier entreprenait de se redresser. Le sang s’égouttait de sa blessure, coulant le long de son corps, filant sur le sol en de petites gouttes écarlates. Il n’y avait rien de mieux pour l’énerver ! Ça, pour être en colère, le Limier fulminait.
« Tu sais danser de l’épée ça ouais, mais, dans un monde de magie, les types qui savent que danser de l’épée, on les trouve dans un foutu putain de cirque, fillette ! »
Épée dans la main droite, le Limier leva la gauche, et de nouvelles ondes de vent jaillirent de chacun de ses doigts, renversant à nouveau Cirillia. Des rafales acérées de vent, qui lui lacérèrent la peau, tandis que le Limier marchait lentement. Il soufflait lentement, la vision trouble. Cette garce avait frappé fort. Sans l’armure de Sylvandell, cet alliage spécial qui permettait de fusionner les métaux les plus résistants et les écailles de dragons, le coup aurait été fatal.
« Félicite-toi d’une chose, la fille, tu m’as forcé à m’battre sérieusement. »
Il envoya de nouvelles ondes, continuant à repousser la jeune femme. Depuis l’endroit où ils étaient venu, d’autres individus se tenaient là. Des gardes, des archers et des arbalétriers, mais aussi d’autres Commandeurs, ainsi que le Roi en personne. Pour la fillette, c’était la fin de course, mais le Limier ne tenait pas à être ridiculisé par une simple pétasse. Chaque Commandeur avait un pouvoir magique, chaque Commandeur avait subi des modifications génétiques en devenant Commandeur. Mais il était généralement rare qu’on les utilise ; il fallait vraiment rencontrer un adversaire de talent, ce qui était le cas pour cette fille. Après tout, sur Terra, comme le Limier l’avait lui-même expliqué, si on n’avait pas de pouvoir magique, on ne pouvait pas faire grand-chose.
Il envoya une nouvelle onde, plus violente, et les épées de Cirillia s’envolèrent, tandis que la peau de la femme se lacérait par endroit sous les impacts du vent. Clegane s’arrêta alors, soupirant. Utiliser la magie était fatigant pour les nerfs, et il sentit un vertige le saisir. Il se rua vers Ciri’, comme pour chercher à en finir, mais la femme, même désarmée, était aussi dangereuse qu’une espèce de saloperie de serpent, et le frappa. Il répliqua par une gifle monumentale au visage, à l’aide de son gantelet de fer. Cirillia s’écrasa sur le sol, et plusieurs carreaux d’arbalètes frappèrent autour d’elle.
« Belle démonstration ! tonna alors la voix caverneuse du Roi. Mais je crains que vous ne dussiez vous arrêter là. Madame la chasseuse de dragons, ou quel que soit votre foutu putain de nom de merde, en ma qualité de Lord Commandeur, de Juge suprême, et toutes ces putains de conneries, je vous déclare solennellement coupable du plus grand crime qui soit à Sylvandell. »
Tandis que le Roi parlait, plusieurs gardes s’approchèrent de Ciri’, tentant de l’enchaîner, en profitant pour la désarmer. La jeune femme se reçut plusieurs coups supplémentaires, jusqu’à pouvoir être attachée, mais sa hargne et sa résistance interrompirent le Roi dans l’énoncé de la sentence. Tandis que plusieurs apothicaires avançaient vers le dragon blessé, le Roi hésita plusieurs secondes.
« Sire ? finit par demander son page, Pycelle.
- Hum… Finalement, nous allons peut-être ajourner la sentence, avança-t-il sur un ton un peu plus calme.
- Que… Que voulez-vous dire, Sire ? demanda Pycelle, surpris.
- J’ai dit ce que j’avais à dire, alors, tu fermes ton foutu claque-merde à questions, maintenant ! V’là une semaine que ma fille a reçu le sang du Dragon. Il est temps qu’elle en fasse bon usage ! Traînez-moi ce détritus de merde jusqu’au château ! Limier, venez-ici, j’ai des choses à vous dire ! »
Sandor Clegane grommela, et avança, se tenant la côte. Pendant ce temps, on releva Cirillia, solidement attachée par d’énormes chaînes autour du ventre, avec un collier autour du cou.
« Allez, salope, avance ! rugit un soldat en lui donnant un coup de pied dans le cul.
- Tu paieras pour la mort de nos camarades, p’tite pute ! »
Le Roi et le Limier parlèrent entre eux, puis le Limier se retourna, tandis que le Roi restait dans le Sanctuaire, probablement afin d’apaiser les dragons. Le Limier marcha vers Cirillia, et se planta devant elle. Sans rien dire, il la frappa alors violemment au visage.
« Ça, c’est pour m’avoir craché dessus, la fillette. Allez, laissez-là moi.
- Hein ? Mais… Et si elle s’évade ?
- Putain, mais comment tu veux qu’elle se barre, hein ?! Rassure-toi, sucre d’orge, c’est que partie remise avant qu’on t’épluche comme une orange, et qu’on te force à bouffer ta propre peau ![/color] »
Le Limier tira sur la chaîne rapidement, renversant la chasseuse de dragons.
« Allez, remue ton gros cul. T’as d’la veine, le Roi veut tester avec toi quelque chose d’inédit. Allez, remue-toi, on a pas toute la foutue journée ! »
Et le Limier se mit à descendre vers le Château royal, malgré tout suivi par plusieurs soldats.