En l'écoutant, elle machait de plus en plus vite son chewing-gum, comme agacée ou agitée. Son ton, sa manière de faire... Certes c'était très beau, mais pour elle c'était le genre de type qui ne fallait pas trop s'approcher: un camé. Maigre, bizarre, qui se semble une victime... Ce type avait sûrement une addiction bizarre, ou alors c'était un clodo qui a trop lu de livres.
Si elle s'était écouté en temps normal, Khaléo se serait juste pris une baffe et n'aurait pu qu'admirer une dernière fois les fesses de la demoiselle quand elle partirait. Pourtant, Stéphanie n'en fis rien: elle continuait de l'écouter, de le regarder de haut en bas. En fait, c'était son physique qui la captivait: autant il semblait maigre, et pourtant incroyablement souple et athlétique, un mélange bizarre qui donnait l'impression qu'il ne venait pas de ce monde. Remontant sans gêne son soutien-gorge et son manteau juste devant lui, elle croisa les bras sous sa poitrine, faisant une petite bulle de chewing-gum qui éclata vite sans faire de tache.
" Donc, monsieur sans-nom, à part me reluquer les jumeaux, tu dis être paumé et sans maison ? Mais d'où tu sors, sérieux ? "
"- De là, d'ici, d'ailleurs, d'un peu partout... Pour vous dire la vérité aussi platement qu'elle me vient à l'esprit... j'ai traversé un maelstrom déformant les reflets du décor et, je suis tombé ici y a environ un mois... et depuis, je n'ai pas encore trouvé un moyen de repartir..."
Observant le degré d'agacement et de nervosité de cette créature, il finit par comprendre qu'il finissait par l'énerver avec ses tentatives et manières vieillottes de faire "connaissance", n'appréciant apparemment, alors pas du tout la moindre forme de politesse ou galanterie, il ne savait plus sur quel pied "danser" tout était si différent, la manière de "causer", de se tenir, alors il relacha un peu la propre tention qu'il mettait à se tenir droit, raide comme un piquet, pour être un peu plus avachi, comme la plupart des gens ici.
" Non, j'en connais pas. Vu que t'as l'air d'être vraiment un clodo, je veux bien te prêter mon canapé, mais tu va passer par la douche d'abord: tu pues jusqu'ici. Et tu va me changer les loques que t'as sur le dos, aussi, je déteste ça. "
"-Clodo... J'avais quand même un endroit où vivre avant de tomber ici, certes c'était peut être pas le grand luxe, c'était une..."
Etait ce une bonne idée de dire que, sa précédente demeurre n'était qu'une tanière, installée dans une vieille mine abandonnée ? Elle allait le prendre pour illuminé, rien de tout ça n'était plausible dans ce monde et, il ne s'attendait pas à ce qu'elle le croit.
"-Oh, et puis merde... j'suis un clodo... et j'accepterai volontier vot' canapé... quand à mes vêtements je... on verra bien..."
Il espérait pouvoir se déshabiller dans un coin tranquille, se changer, ou laver ses propres vêtements dans ta "salle de bain", les frottant à l'ancienne en foutant probablement de l'eau partout...
" Allez, bouges ton cul ou je te laisse là. "
"-C'est, glurps..." -un peu étranglé par le tirage de col, il est bien forcé de la suivre, ses pieds ont du mal à toucher terre mais, finalement, trouvent leur rythme sur la cadence imposée des jambes de Stéphanie. "- Gentil... de votre... part..." voix un peu étranglée par son col.
Une fois entré il laissa son regard trainer un peu partout, toujours sa foutue capuche relevée sur sa tête, évidemment, beaucoup de couleurs, des peluches, c'est... c'est enfantin et mignon, la première question qui lui vient évidemment face à un décor aussi fourni en couleurs "gaies" c'est :
"- L'ambiance est chaleureuse, douce et presque familliale chez vous..." attrapant plusieurs des peluches entre ses mains...
"-Tiens, vous... ahem... vous avez des enfants ?"
Pas le temps de faire joujou avec les peluches, ni de recevoir de réponse à ses questions, qu'il était "poussé" comme un vulgaire loqueteux dans la salle de bain, ce geste un peu rapide le laissa sans voix, ayant vraiment l'impression d'être considéré comme la dernière des mouches à merde collée sur le cul d'un ange, mais bon, après tout elle avait raison, il était temps de se reprendre en main, de soigner sa dignité et surtout les odeurs qu'il dégageait.
"-Tiens mais... Vous n'avez pas d'os de sèche pour éviter les... chicos pourris ?"
Cherchant partout du regard dans la salle de bain, complétement... agare... ayant l'air dans un autre monde.
" Déshabille-toi et donne moi tout tes vêtements a travers la porte, je veux même plus voir ces fringues ignobles dans ma maison ! "
"-Le pantalon, comme vous voulez, mais la veste, je dois la garder, elle appartient... à mon grand père... Je ne veux pas qu'on la jette..."
" Et que je ne voie pas sortir de là tant que t'empestes pas le savon ! "
"-Oh là là, mais, p'tain ça va deux secondes, hein, t'es pas ma mère..."
Oulà, ça y est, il déteignait déjà un peu sur le comportement qu'elle lui affichait tout à l'heure, puis ça lui semblait très naturel finalement de parler de cette manière.
Il s'éxécuta alors, retirant ses vêtements, sa veste fut difficilement cédée, ses yeux paniqués se posaient sur elle comme si c'était sa dernière possession valable dans cet univers, la vérité c'est, que comme un vampire, cette veste représentait beaucoup de choses pour lui, à l'intérieur il y avait même la montres gousset de marianne, qui comportait le visage estompé de sa femme et sa fille morte sur le fond du couvercle, le cadran brisé sur la date exacte de leur mort, il y tenait, et s'il possédait encore un tel objet de valeur sur lui, ça prouvait bien qu'il n'était pas un "drogué" prêt à revendre tout et n'importe quoi pour s'offrir une dose au moins, puisque la montre était plaquée de vrai-or.
"-Pas d'os de sèche mais... des brosses... et du... dent... denta... dentalux ? ouais, bon... j'crois que c'est ça... alors..."
hop, voilà t'y pas qu'il te sort la moitié du tube de dentifrice dans le creux de sa main et, qu'il enfournes le tout dans sa bouche, mangeant la moitié du dentifrice et, lorsqu'il souffle, des bulles de "dentifrice" s'en échappent, au moins il aura compris que la brosse sert à frotter ses dents, c'est le principal...
Viendra le temps de se débarrasser de ses vieux bandages croutés et ensanglantés, qu'il déroules petit à petit, d'un peu partout, il les flanque dans la poubelle, mais sous les bandages, de nombreux hématomes sont encore visibles, les blessures de ces dernières semaines avaient eu bien du mal à guérir, deux ou trois "plantages" de couteau aussi, il se regardait dans le mirroir, voyant ses côtes, et la maigreur de son cou, il se fit peur lui même...
"-Il me faut un bout de viande d'urgence... histoire de remplir un peu... ces formes..." et ça allait vite lorsqu'il avalait un peu de viande, sa tigranthropie latente assimilait presqu'instantanément le sang et la chair pour la transformer en matière cellulaire, mais, déjà, en buvant de l'eau au robinet comme s'il n'avait plus bu depuis des jours, en se relevant, il observa quelques nettes "améliorations" quelques creux un peu moins vides.
une écharde, dans son pied, aaaah, enfin il pouvait la retirer, ses godasses étaient inadaptées pour ses gros orteils, une de ses griffes était incarnée dans la chair de son propre orteil, quel ne fut pas son soulagement de pouvoir enfin, ne serait ce qu'étendre ses doigts de pieds, les ouvrir, jouer avec.
"-Par contre ici c'est assez aseptisé comme ambiance..."
Il s'assit sur la machine à lessiver, balançant ses jambes dans le vide, jusqu'a ce que le programme différé ne se mette en route, sautillant sur les soubressauts cadencés de la machine, il sursauta et appuya sur tous les boutons pour l'arrêter.
"-J'espère que je n'ai pas déglingué quelque chose..." -se frottant derrière la tête-
Bon, il était temps pour notre "bâtard" métissé, d'enfin entrer dans la douche, lissant sa crinière hirsute vers l'arrière, tombant sur un dos musclé, encore athlétique malgré sa maigreur, rendant saillant la plupart de ses muscles, l'anatomie longue, parfois plus massive, de certaines parties de son corps semblaient harmonieuses, quelques traits asiatiques, légers, fin au niveau de la taille et des hanches, jambes longues et galbées, fesses hautes et rebondies, choses, légués de sa mère, d'autres, de son père, comme ses épaules rondes, des muscles dorsauts hauts larges et épais, la fin de ses avant bras, et mains, pouvant être qualifiés d'énormes, discordantes, presque, avec le reste de son corps, un mix bien étrange, pour que le tout soit qui plus est, subtilement lissé par une félinité sous jacente, et malgré l'apparente fermeté la musculature dont il dispose, elle n'est pas dure, mais bel et bien souple, c'est surtout du à une densité de fibres musculaires plus dense, chaque fibre étant plus nombreuse et auss, plus fine que celles d'un humain, donnant une sacrée souplesse, et tendresse à ses muscles.
Première occasion de se laver depuis un mois, autant dire qu'il en profitera longuement, se collant contre le carrelage en regardant vers le pommeau de la douche, laissant le liquide s'écouler sur son front, son visage, en récoltant dans sa bouche pour le laisser, à nouveau couler quand il la referme, ça lui arrive d'en avaler, ayant encore soif, le temps passe, et la salle de bain est peu à peu envahie d'une buée épaisse, se transformant en... un véritable sauna, appréciant particulièrement l'eau bien chaude, nul doute qu'il sera sans doute rappellé à l'ordre quand à son utilisation abusive de son temps de douche et de l'eau, mais pour l'instant il est à milles lieues de s'en soucier.