Tenant bien ferment son petit morceau de bois qui lui, au bout, soutenait ses trésors dans un tissu attaché, le petit chaton marchait depuis bientôt deux heures, pieds nus. Sans arrêter, sans même jeter un quelconque regard sur la vie qu’elle laissait derrière elle, Rendel gardant la tête haute; en quoi quitter son rang d’esclave pour devenir libre devait l’attrister? Au contraire, cette pensée devrait illuminer un beau sourire sur son minois, qui, malgré tout, restait assez morne. La sueur glissait sur son front lentement, se coinçant parfois entre une mèche de sa chevelure bleutée, prouvant la fatigue que ses muscles commençaient à avoir. Si jeune et pourtant, elle s’élançait les bras grands ouvert dans une vie encore inconnue pour elle. Un long soupire sorti des petites lèvres rosées du chaton de plus en plus faibles et dont les pas étaient de plus en plus lents. Si elle ne buvait pas quelque chose ou ne se reposait pas, elle allait être bien mal…! Sa gorge se nouait un peu plus chaque fois que la Terranide s’avançait dans une ruelle peu fréquentable et sa bouche s’asséchait, vraiment, elle devait trouver quelque chose à se mettre sous la dent, et en vitesse! Qu’importe ce que c’était, du moment que ça arrêtait le brûlement de sa gorge et la sécheresse de sa langue, tout lui convenait.
« soiiiiiif…. »
Claquant un peu ses dents ensemble, Syrendel désespérait à être dans cette ville. Cette même ville qui… Bizarrement semblait désertique. Les quelques maisons visibles étaient toutes barricadées, soit c’était là les goûts des habitants, soit c’était pour s’enfermer. Et dans les deux cas, les deux pouvaient s’unir pour rendre les alentours des moins fréquentables…! Ou avait-elle atterrie?... Le paysage lui rappelait vaguement un film à la télévision ou plutôt, un documentaire, ah oui, c’était ça! Anciennement une belle ville, elle perdit toute sa beauté et sa joie de vivre d’un coup, attirant sans le vouloir les personnes les moins fréquentables du coin. Peu à peu, la ville commença à devenir le repaire de ses bandits et, finalement, était leur jouet. Plissant un peu les yeux pour tenter de se rappeler du documentaire, Syren afficha un large sourire, se souvenant d’un endroit ou il faisait sombre, un endroit reculé dans la ville ou elle pourrait se reposer un peu et manger sa confiture! Peut être même que, proche de cet endroit, il y aurait de l’eau? Qui sait, qui ne tente rien na rien comme on dit. Sûr d’elle, la petite chatte entama le pas, courrant presque tellement elle se pressait. Les quelques personnes qu’elle pu apercevoir ne lui adressèrent qu’un regard froncé, prouvant leurs mauvaise compagnie…! Sans s’y attardée, elle continua, courrant rapidement en cherchant du regard; le cimetière.
L’endroit tant convoité se fit enfin voir après avoir grimpé une petite butte de terre qui, en fait, était assez grande pour cacher le soleil aux tombes. Excitée de pouvoir enfin se reposer en paix et surtout d’arrêter de marcher, la Terranide s’élança à toute vitesse, sautant la clôture qui la séparait précédemment du rien aux morts mais, visiblement, cette constatation la laissait de glace; ils étaient morts, alors pas dangereux! S’arrêtant enfin, Sysy détailla l’endroit de son regard plissé, car oui, il le fallait bien, aucun rayon du soleil n’osait s’aventurer ici, alors voir sans lumière… Quoi que, ses yeux étaient plus développés que ceux des humains, mais, malgré tout, il faisait noir. S’approchant d’une tombe qu’elle jugeait parfaite pour s’asseoir, Syrendel déposa ses fesses dessus et vint joindre ses mains derrière sa tête, bien confortable.
« Un p’tit dodo et hop’, on reprend! »
Suite à ses paroles dites à voix haute mais pourtant bien pour elle, le petit chaton vint clore les paupières et tasser son balluchon du pied, sombrant dans le sommeil peu à peu.