La prêtresse timide sembla s'illuminer lorsque Charlotte parla de l'eau. La jeune femme accéléra le pas, contente d'avoir pour une fois une compagne de jeu. Ce n'était pas tous les jours que Chacha trouvait quelqu'un d'assez fou pour la supporter elle, ainsi que ses jeux. Resserrant donc un peu plus sa prise sur la main de sa copine du moment, la prêtresse d'Arès accéléra le pas.
- Ouiiii !!! L'eau est par là !!
La pente se faisait, au fur et à mesure, moins raide, et Charlotte put commencer à courir sur le sable brulant. Se battre dans l'eau ? Un concept intéressant auquel elle n'avait jamais pensé ! Etonnant, n'est-ce pas ? Non, pour Charlotte, l'eau servait à prendre un bain, à être éclaboussée partout, et éventuellement, si la piscine était assez profonde, à rester jusqu'au moment où la noyade deviendrait inévitable. Doux moment de flottement, où l'esprit semble vouloir quitter le corps qui se détend, mais où la volonté de vivre finit par pousser le tout hors de l'eau.
Après de longues minutes de marche, une oasis se découpa enfin à l'horizon. Charlotte lâcha la main de Cyanne - il serait plus correct de dire qu'elle cessa de la broyer, et elle se retourna vers sa compagne. Faisant preuve de sa maturité légendaire, la prêtresse désigna le point d'eau, au milieu du désert, et les yeux brillants , elle dit :
- La dernière arrivée là-bas est une poule mouillée !!
Ca n'avait aucun sens, comme souvent quand elle parlait... Et comme la digne folle qu'elle est, Charlotte s'élance vers l'oasis dans un cri strident, les bras levés au ciel... Et comme très souvent, la capacité de concentration de Chacha disparut, et elle en vint presque à oublier sa compagne. Virant ses bottes, puis sa robe dans sa course, et du coup, seulement vêtue d'un débardeur et d'un jupon blancs, la jeune fille arriva enfin sous couvert des rares palmiers, et elle s'arrêta juste devant l'eau. Regardant dans tous les sens, avant d'aviser un arbre plus penché, elle se précipita vers lui, monta dessus, courut sur son tronc, et après un nouveau cri strident qui résonna longtemps, Charlotte plongea, ou plutôt, se laissa tomber, cul en premier, dans un "Plouf" des plus explosifs. C'est une fois qu'elle sortit la tête de l'eau qu'elle reprit conscience qu'elle n'était pas venue ici seule, et elle nagea - enfin, bougea les bras et les jambes de façon vaguement synchronisée - jusqu'à Cyanne...
... Qu'elle éclaboussa d'une gerbe d'eau puissante lancée avec son bras.
- C'est toi le chat !
Et avec son rire enfantin, Charlotte s'éloigna à nouveau.