Terra ... Ou plus précisément, les contrées du Chaos.
Une grande maison se dressait là, au milieu de nulle part si bien qu'on pourrait difficilement croire qu'elle était habitée. Et pourtant, c'était le cas. Une maison de style victorienne qui avait été rénovée au fil du temps. Bien évidement que l'actuelle propriétaire aurait pu ne rien faire et la laisser se délabrer petit à petit. Mais c'était, quand même, un héritage familial. Sans oublier que Yukiko n'était pas seule à vivre là. Nan, la demeure qui était plutôt immense, y'avait pas à dire, pourrait, sans aucune difficulté, accueillir cinq ou six familles de quatre personnes. Enfin, ça, c'était ce qui se voyait en surface, et surtout, dans la bâtisse principale. Parce que y'avait aussi des sous-sols. Glauques ils étaient à une époque et personne n'aurait songé les visiter ou bien y descendre histoire de passer le temps. Mais Yukiko avait tout fait, ou presque, pour gommer la mauvaise image que son père, et ses prédécesseurs avaient fait des sous-sols qui servaient, à présent, d'entrepôt pour stocker les vivres, histoire qu'une espèce de laboratoire où la jeune femme perfectionnait, du mieux qu'elle pouvait, sa magie qui, au départ, était bien bancale. C'était donc à ça que ressemblait, à peu près, la demeure principale. Mais y'avait deux ou trois autres bâtiments, qu'on pouvait considérer comme étant des granges ... Des granges bien luxueuses dans un certain sens. La jeune femme ne pouvait pas laisser ses pauvres loulous chéris avoir froid par temps de neige, ou bien être trempés dans l'eau parce que le toit avait quelques fuites et qu'il laissait passer l'eau quand il pleuvait. Enfin, tout ça pour dire que ... Bien qu'on n'y était pas mal logé, y'avait pas à dire !
Yukiko était dans le salon, assise, ou plutôt, vautrée dans l'un des fauteuils, non loin de la cheminée et du bois qui brûlait dans celle-ci. Il était vrai qu'au lieu de faire un feu, elle aurait pu, à la place, aller chercher une couverture ou bien s'habiller plus chaudement. Mais la jeune femme n'appréciait pas quand elle avait trop de fringues sur elle. Sans compter que ... Et bien, un petit feu dans la cheminée, c'était toujours joli, et puis, ça lui faisait un peu de lumière. Pratique puisqu'elle était en train de lire un livre, non ? Un livre qui, d'ailleurs, ne venait pas de Terra. Non, c'était un livre qui venait de la Terre. Et non, elle ne l'avait pas chapardé. Yukiko, en se baladant sur Terre quelques jours plus tôt était tombée sur ce qu'ils appelaient une médiathèque. Bon, elle n'avait pas été attirée par les médias qui se lisaient avec des machines -genre cassettes audios ou bien dvd- mais mais elle avait été fouinée dans les différents rayons qui proposaient des livres. Et comme elle en avait trouvé quelques uns intéressants, elle avait demandé à pouvoir les emprunter. Bon, elle ne savait pas trop quand elle aurait le temps de finir de bouquiner, mais bon, elle les ramènerait. Enfin, passons.
Yukiko baissa son bouquin pendant quelques secondes. Elle venait d'entendre du bruit dans son dos. Et hop, en deux ou trois mouvements, voilà que de grands bras s'emparaient de ses épaules et que la jeune femme se retrouvait enserrée par ses grandes mains, son dos plaqué contre un torse.
"Yuki ... Il est tard ..."
L'air de dire, tu viens te coucher ?
"Tu lis trop ..."
Encore un sous-entendu, l'air de dire : quand c'est que tu trouves quelque chose pour me rendre mon corps de mes vingt ans ? Parce que, il était vrai qu'Akemi était content d'être revenu vivre auprès de sa soeur. mais il aimerait bien aussi retrouver le physique de ses vingt ans. Pourquoi ? Parce que monsieur, du haut de ses quarante piges, trouvait qu'il n'avait plus son endurance d'antant. Et puis, il trouvait que les lunettes qu'il devait porter faisait baisser son charme. Enfin, ça, c'était du Akemi tout craché. Yukiko se défit de son étreinte et se leva.
"Il faut bien que je m'oxygène l'esprit. Les recherches ne sont pas de tout repos."
L'air de dire, oui, oui, je travaille pour trouver une solution mais rester tout le temps sur le même truc, c'est saoulant. Yukiko posa son bouquin, sans se douter qu'à l'autre bout de la maison on était en train de la dépouiller et de faire les placards pour trouver des choses de valeur. Oui, la bâtisse était grande et elle ne savait pas tout le temps ce qui pouvait s'y passer. Surtout, qu'à cette heure-ci, mis à part son frère et elle, personne d'autre n'était debout. Les terranides dormaient. Yukiko allait s'approcher de l'escalier pour monter à sa chambre car elle entendit un de ses loulous gardiens aboyer et grogner comme c'était pas permis.
"Allons donc ..."
Il avait vu quelque chose. Quoi ? Ca restait donc à découvrir. Poussant un soupir, Yukiko se dirigea vers la porte d'entrée, laissant son frère bouche bée. Lui qui pensait pouvoir aller dormir, enfin, oui et non. C'était rapé. Qui venait donc gâcher sa soirée. Yukiko se retrouva donc sur le palier et vit une silhouette qui courait vers le mur d'enceinte. Enfin, une silhouette un peu bizarre d'ailleurs. Oh non ... On avait osé venir lui chiper des trucs ? Pas cool ... Vraiment pas cool. Et ça devait être quelqu'un de doué du fait qu'il ou elle avait réussi à échapper à la garde. Malgré le fait qu'il faisait plutôt frisquet -du fait de la glace et de la neige qui entouraient tout le domaine-, Yukiko était sortie sans manteau, sans veste, sans rien sur le dos si ce n'était ses fringues actuelles. Le froid, elle ne le craignait pas. Elle en avait l'habitude, elle vivait ici depuis un moment. S'avançant tranquillement -elle n'avait pas envie de s'énerver, pas maintenant-, Yukiko remarqua que la silhouette était sur le mur d'enceinte mais qu'elle n'allait pas tarder à lui fausser compagnie avec quelques babioles.
"Hé ! Vous là-bas, venez donc par ici !"
Le chien n'arrêtait pas d'aboyer. Et avec la présence de la maîtresse des lieux, la silhouette finit par disparaître. Sûrement qu'elle avait sauté de l'autre côté, histoire d'échapper à d'éventuelles réprimandes, ou autre. Dans le temps, quand on volait et qu'on se faisait attraper, et bien, on se faisait couper une main. Mais bon, ces vieux trucs, ça ne se faisait plus, non ?
D'autres loulous noirs -les plus méchants et les plus vicieux de ceux que la jeune femme possédait- vinrent rejoindre le premier et s'approchèrent en grognant du portail ... Ou plutôt, d'une petite entrée à côté du portail qui n'était jamais bloquée, les laissant aller et venir comme ils le souhaitaient. Ils allaient courir après l'intrus ... A moins que Yukiko stoppe tout cela plus rapidement avec un peu de magie. Il était tard pour l'utiliser mais elle ne pouvait pas non plus laisser l'intrus s'enfuir. Non, chaque mauvaise action mérite une punition.
Ainsi donc, le sol, à l'extérieur de l'enceinte devint de plus en plus glissant. Un épais brouillard fit son apparition par la même occasion. Le fuyard aurait du mal à avancer dans cette purée de poix, enfin, surtout, il risquerait de se casser la gueule. Car avec un sol aussi glissant, pas facile de marcher ou bien de courir. Les loulous en seraient un peu gênés, mais pas trop non plus. Ils avaient l'habitude des conditions extrêmes.
"Vous avez le choix. Ou mes gardiens vous attrapent et vous réduisent en charpie sans que vous ayez eu le temps de vous expliquer. Ou vous repassez le mur d'enceinte."
Et dans ce cas là, le fuyard affronterait la maîtresse des lieux qui, en tant normal, n'épargnerait pas un cambrioleur. Mais le voleur avait un bon point de son côté : c'était un terranide, et Yukiko ne ferait pas de mal à un terranide. Mais ça, ni l'une, ni l'une n'était au courant de cet état de fait.